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  • Les missionnaires tués en 2022

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    VATICAN - Les missionnaires tués en 2022

    30 décembre 2022

    Dossier réalisé par Stefano Lodigiani

    Cité du Vatican (Agence Fides) - Selon les données recueillies par l'Agence Fides, 18 missionnaires ont été tués dans le monde en 2022 : 12 prêtres, 1 religieux, 3 religieuses, 1 séminariste et 1 laïc. Quant à la répartition continentale, le nombre le plus élevé a été enregistré en Afrique, où 9 missionnaires ont été tués (7 prêtres, 2 religieux), suivie par l'Amérique Latine, avec 8 missionnaires tués (4 prêtres, 1 religieux, 1 religieuse, 1 séminariste,1 laïc) puis l'Asie, où 1 prêtre a été tué. Ces dernières années, l'Afrique et l'Amérique se sont relayées en tête de cette liste tragique. De 2011 à 2021, l'Amérique pendant 8 ans et l'Afrique pendant 3 ans (2018, 2019, 2021). De 2001 à 2021, le nombre total de missionnaires tués est de 526.

    Depuis quelque temps, la liste annuelle publiée par Fides ne concerne pas seulement les missionnaires ad gentes au sens strict du terme, mais tente de recenser tous les chrétiens catholiques engagés d'une manière ou d'une autre dans une activité pastorale et qui sont morts de manière violente, non expressément « en haine de la foi ». C'est pourquoi nous préférons ne pas utiliser le terme « martyrs », sauf dans son sens étymologique de « témoins », afin de ne pas entrer dans le jugement que l'Eglise peut éventuellement porter sur certains d'entre eux. De même, nous utilisons le terme "missionnaire" pour tous les baptisés, conscients que « en vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire. Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Eglise et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation » (EG 120).

    Les quelques rapports sur la vie et les circonstances qui ont conduit à la mort violente de ces 18 missionnaires nous offrent des images de la vie quotidienne, bien que dans des contextes particulièrement difficiles, marqués par la violence, la misère, le manque de justice et de respect pour la vie humaine. Les autres personnes qui les accompagnaient ont souvent partagé le même sort que les missionnaires. Des prêtres ont été tués alors qu'ils étaient en route pour célébrer la Messe avec la communauté qu'ils dirigeaient, pour rompre ce pain et consacrer ce vin qui serait la nourriture et la vie de tant de fidèles. Une religieuse médecin tuée alors qu'elle était en service au centre de santé du diocèse, prête à sauver la vie des autres, et qui sait combien elle en avait déjà sauvé par le passé. Une missionnaire tuée lors d'un assaut sur la mission : au lieu de penser à sauver sa propre vie, elle s'est préoccupée d'aller vérifier que celle des filles logées dans le dortoir était en sécurité. Un autre laïc, un agent pastoral, a été tué alors qu'il se rendait à l'église pour diriger une liturgie de la parole pour les fidèles de cette région, qui n'avaient pas de prêtre résident.
    Témoins et missionnaires de la vie, avec leur vie, qu'ils ont offerte jusqu'au bout, totalement, librement, par gratitude. Comme l'a écrit le Pape François dans son message pour la Journée Mondiale des Missions 2022, “ il est demandé aux disciples de vivre leur vie personnelle dans la clé de la mission : ils sont envoyés par Jésus dans le monde non seulement pour faire la mission, mais aussi et surtout pour vivre la mission qui leur a été confiée ; non seulement pour rendre témoignage, mais aussi et surtout pour être des témoins du Christ. L'essence de la mission est de rendre témoignage au Christ, c'est-à-dire à sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection par amour du Père et de l'humanité".
    (Agence Fides 30/12/2022)

    Lire également : En mémoire reconnaissante des missionnaires assassinés. Des témoins, pas des "témoignages"

  • Affaire Rupnik : un silence intolérable; une enquête immédiate s'impose

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Affaire Rupnik, silence intolérable. Enquête immédiate

    31-12-2022

    Silence de la part du Saint-Siège, silence du Centre Aletti, silence du top management de la Compagnie de Jésus : il s'agit d'une stratégie claire pour laisser passer la tempête et ensuite la régler tranquillement. Mais le scandale est trop grand et il y a tellement de personnes qui ont été complices de cette situation qu'une visite apostolique immédiate est nécessaire pour mettre en évidence la responsabilité de chacun des acteurs impliqués. Les conclusions du célèbre canoniste, le Père Gerald Murray, et les nouvelles révélations d'une autre ancienne religieuse.

    Toujours le silence sur l'affaire Rupnik de la part de ceux qui devraient expliquer beaucoup de choses non pas par désir de vengeance, mais par amour de cette justice qui est surpassée, non abolie, par la miséricorde. Silence du Centre Aletti, qui continue en effet à faire figurer les homélies du Père Marko Rupnik à la une de ses journaux. Silence de la part du Saint-Siège, qui semble vouloir laisser passer la tempête et la résoudre tranquillement. Silence également de la part de la direction de la Compagnie de Jésus, qui a dit quelque chose de plus, mais omet de donner des explications sur certains points fondamentaux de l'affaire, détails qui mettraient très probablement en évidence des responsabilités au plus haut niveau.

    Dans sa récente interview avec Diane Montagne, le célèbre canoniste américain, le père Gerald Murray, a en effet attiré l'attention sur certains points critiques qui ressortent de la reconstruction chronologique proposée par les Jésuites, la seule officielle à ce jour. Le Père Murray note tout d'abord que la déclaration d'excommunication de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), pour l'absolution du complice du péché contre le sixième commandement, montre que Rupnik ne s'est pas retiré de la contumace. S'il l'avait fait, "aucune déclaration de la peine d'excommunication n'aurait été nécessaire, puisqu'il était repentant, et la peine aurait été remise conformément au canon 1358". La révocation presque immédiate de l'excommunication laisse des questions ouvertes quant à la manière dont Rupnik s'est "retiré de la contumace" et "quelle réparation il a promis de faire pour le scandale et les dommages qu'il a causés" ; et qui a effectivement remis l'excommunication.

    Un autre point sensible est la décision de la CDF de ne pas renoncer à la prescription des délits canoniques de Rupnik commis au début des années 1990, surtout à la lumière du fait que "la CDF était au courant de sa précédente condamnation canonique. La cause de la justice aurait été servie en poursuivant en 2021 ces graves accusations qui, compte tenu du casier judiciaire canonique du père Rupnik, bénéficiaient d'une forte présomption de véracité. Un procès canonique aurait peut-être aussi encouragé d'autres personnes qui auraient pu être l'objet des déprédations du père Rupnik à se manifester". La CDF n'avait pas seulement le pouvoir de renoncer à la prescription, mais elle a encore le pouvoir de "relancer le procès intenté par les religieuses slovènes contre le père Rupnik". Étant donné ce que nous savons maintenant de sa turpitude morale, cela devrait se faire immédiatement", insiste le père Murray.

    Un aspect peu clair concerne également les mois qui se sont écoulés entre l'établissement de la vérité de l'accusation contre le complice de Rupnik et la déclaration d'excommunication latae sententiae par la CDF. "Quel intérêt possible de la justice a été servi par ce retard ? [Rupnik] a été reconnu coupable du double crime canonique d'avoir eu des relations sexuelles avec une religieuse et de lui avoir donné l'absolution ; pourtant, il a été laissé libre pendant tout ce temps de commettre les mêmes crimes.

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  • Quels sont les protocoles en cas de décès d'un pape émérite ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur The Catholic World Report :

    La grave maladie de Benoît XVI soulève des questions sur les protocoles d'un pape émérite

    29 décembre 2022

    L'anticipation de la mort du pape émérite Benoît XVI soulève d'importantes questions cérémonielles auxquelles il n'est pas possible, à l'heure actuelle, de répondre complètement.

    La fin de la vie d'un pape régnant est observée par une série de rites très bien chronométrés et bien compris : de la certification de la mort du pape et de la rupture de l'anneau du pêcheur à l'exposition publique du corps du pape et à la célébration des funérailles elle-même.

    Mais quels sont les protocoles en cas de décès d'un pape émérite ?

    La question reste ouverte en raison de la nature sans précédent de la retraite de Benoît XVI.

    Il a été le premier pape à renoncer à la papauté en près de 600 ans, bien sûr, mais il a également vécu plus longtemps à la retraite que n'importe quel autre pape dans l'histoire. Benoît XVI est également le premier à prendre le titre de pape émérite.

    Ce qui est clair, c'est qu'en se retirant comme il l'a fait en 2013, les fonctions de Benoît XVI ont cessé et il est revenu à l'état dans lequel il se trouvait avant d'être élu pape.

    Dans un sens réel, sa papauté est donc "morte" avec sa démission. Pour poursuivre l'analogie, bien qu'ils se produisent normalement en même temps, la mort d'un pontife est distincte de la mort de l'homme lui-même. Cette idée se manifestait autrefois de manière spectaculaire dans l'ancienne coutume selon laquelle le camerlingue frappait trois fois le corps du pape défunt avec un marteau, l'appelant ainsi, non pas par son nom de pape, mais par son nom de baptême.

    La dernière fois que ce rituel a été appliqué, c'était à la mort de Jean XXIII. Par deux fois, le camerlingue, après avoir frappé le marteau, a dit : "Angele, mortuus est ?" ("Angelo, es-tu mort ?") La troisième fois, il y a eu une confirmation finale : "Vere Angele mortuus est", ce qui signifie : "Vraiment, Angelo est mort".

    En effet, certains des rituels associés à la mort effective d'un pape ont déjà eu lieu dans le cas de Benoît XVI. À la fin du pontificat de Benoît XVI, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'État et alors camerlingue de la Sainte Église romaine, a fermé l'appartement papal et brisé la bague du pêcheur que Benoît XVI a portée pendant près de huit ans en tant que successeur de Pierre.

    Que se passera-t-il donc à la mort de Benoît XVI ?

    Monseigneur Stefano Sanchirico, fonctionnaire de l'Archive apostolique du Vatican et expert en cérémonial pontifical, a présenté à CNA une série de possibilités tout en soulignant que ce qui se passera en fin de compte dépendra de divers facteurs - dont les souhaits de Benoît XVI concernant ses funérailles ne sont pas les moindres.

    "Il est clair que le pape François prendra la décision finale", a souligné le prélat. Toutefois, a-t-il ajouté, en se basant sur "la tradition du cérémonial romain et en considérant certaines analogies avec des fonctions similaires, nous pouvons faire une estimation éclairée de la façon dont les choses seront traitées."

    Tout d'abord, a expliqué Mgr Sanchirico, la fonction de pape émérite "pourrait être considérée dans la tradition de la prélature romaine."

    Dans les différents collèges de la prélature, "une fois que l'on renonçait à l'exercice de l'autorité du collège, comme l'autorité judiciaire et administrative, l'agrégation et les privilèges étaient préservés, même si la juridiction n'était plus exercée", a-t-il dit.

    Il en va de même pour le pape émérite, qui "n'exerce plus l'autorité, mais conserve l'agrégation et les privilèges", et donc aussi la soutane blanche, a-t-il précisé.

    Bien qu'il n'existe pas de structure cérémoniale fixe pour les funérailles d'un pape émérite, Mgr. Sanchirico pense que l'événement sera "très probablement célébré avec les caractéristiques réservées au pape régnant : le cercueil, l'insertion dans le cercueil de l'acte indiquant les actes officiels de la papauté, les pièces de monnaie pour sa papauté, et les médailles du pontificat".

    De même, a-t-il précisé, "le pape sera enterré comme un pape, c'est-à-dire dans les grottes du Vatican, et l'endroit où se trouvait la tombe de Jean-Paul II aurait déjà été indiqué, avant qu'il ne soit canonisé et que sa sépulture ne soit déplacée dans la basilique."

    Ce qui manquera, a-t-il souligné, ce sont "les éléments liés au transfert du pouvoir papal, et donc liés au début de la vacance du siège."

    Notamment, la Secrétairerie d'État ne renoncera pas à sa charge, comme cela se produit lorsqu'un pape régnant meurt. Pour cette raison, a expliqué Mgr. Sanchirico, on peut s'attendre à ce que ce soit la Secrétairerie d'État qui annonce la mort du pape émérite, en utilisant probablement le Bureau de presse du Saint-Siège, qui est le moyen de communication officiel.

    De même, les condoléances "doivent être adressées au pape régnant par l'intermédiaire de la Secrétairerie d'État", a précisé le prélat.

    Pourquoi les condoléances ne devraient-elles pas être adressées directement au pape ?

    "Cet aspect public, explique Mgr Sanchirico, résulte du fait que la Secrétairerie d'État est aujourd'hui conçue à tort comme un secrétariat pontifical, mais on oublie qu'elle a absorbé en 1973 les fonctions de la Chancellerie apostolique, un organisme délégué depuis des siècles à la correspondance publique des dicastères du Saint-Siège, comme les bulles de nomination des évêques."

    D'autres détails cérémoniels, comme les dispositions prises pour les chefs d'État qui souhaitent assister aux funérailles, restent une question ouverte, a reconnu Monseigneur.

    Et qu'en est-il des "novendiali", c'est-à-dire des neuf jours de deuil qui suivent la mort d'un pape ?

    Les novendiali consistent en une série de messes solennelles pour le repos de l'âme du pape, à commencer par la messe des funérailles du pape, qui précèdent les congrégations générales, ou réunions pré-conclaves.

    Que les novendiali soient observés ou non dans le cas de Benoît XVI, ses funérailles auront lieu quelques jours après sa mort. Comme pour les autres détails cérémoniels entourant la mort d'un pape émérite, nous devrons attendre de voir ce qui se passe.

    Andrea Gagliarducci est analyste du Vatican pour Catholic News Agency.

  • Saint Sylvestre, un pape du 4e siècle

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    34065a38.jpgSource : missel.free.fr

    Sylvestre, fils du prêtre Rufin, était un romain, mais ses origines sont obscurcies par toutes sortes de légendes. Sa mère, Justa, confia son éducation au prêtre Cyrinus. Il n’est pas douteux qu’il s’est bien conduit pendant la persécution de Dioclétien (284-305), ce qui lui a valu le titre de « très glorieux. » Il pratiqua l'hospitalité avec le plus grand courage en hébergeant un chrétien d’Antioche, Timothée, qui après avoir fait beaucoup de conversions fut décapité sur l'ordre du préfet de la ville, Tarquinius ; Sylvestre emporta le corps du martyre et, avec le pape Miltiade, il l'ensevelit près du tombeau de saint Paul, dans le jardin d'une pieuse dame, Théona. Tarquinius fit alors arrêter Sylvestre, le somma de livrer les biens de Timothée et d'apostasier. Sylvestre refusa et fut envoyé en prison d’où il fut libéré après que Tarquinius se fut étranglé avec une arête de poisson. Le pape Miltiade l'ordonna prêtre.

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  • C'est avec l'espérance que l'euthanasie se combat

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    De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    C'est avec l'espérance que l'euthanasie se combat. La Belgique le confirme

    30-12-2022

    Le dernier rapport sur l'euthanasie en Belgique montre que pas moins de 5 145 personnes ont été euthanasiées en 2020-21. Ce n'est pas tant la souffrance physique que la souffrance psychologique qui détermine la demande d'y mettre fin. Cela confirme l'importance de remèdes tels que l'affection, la proximité et surtout la lumière et le sens que seule la foi peut donner. Une leçon pour l'Italie également.

    En Italie, il existe une loi, la 219/17, qui permet à tous d'avoir accès à l'euthanasie : les adultes capables de comprendre et ceux qui n'en sont pas capables, ainsi que les mineurs. Pour savoir quels fruits cette loi portera à l'avenir dans notre pays, il suffit d'aller voir ce qui se passe dans les pays où les lois sur l'euthanasie sont en vigueur depuis plus longtemps. Par exemple en Belgique.

    La Commission fédérale pour le contrôle et l'évaluation de l'euthanasie a récemment transmis au Parlement belge son dixième rapport sur l'accès à cette pratique. Au cours de la période de deux ans 2020-2021, pas moins de 5 145 personnes ont été tuées par euthanasie. Entre 2020 et 2021, on observe une augmentation de plus de 10 %. La tendance a toujours été à la hausse : de 584 décès en 2003-2004, la première période de deux ans de la loi, aux 5 145 actuels.

    Les malades du cancer sont en pole position : en effet, 3 262 malades du cancer ont choisi de mettre fin à leur vie avec la bénédiction de l'État. Ils sont suivis par 900 patients qui souffraient de maladies multiples, souvent des maladies de la vieillesse. 402 patients présentaient des troubles du système nerveux. 94 personnes ont été tuées pour des problèmes psychiatriques : 49 souffraient de troubles cognitifs tels que la démence, y compris la maladie d'Alzheimer ; 45 souffraient de dépression, de troubles de la personnalité, de stress post-traumatique, de schizophrénie ou d'autisme. Ces dernières données prouvent que le slogan qualifiant l'euthanasie d'expression suprême de la liberté d'une personne est très faux, puisque les personnes incapables d'exprimer un consentement valable sont souvent tuées.

    En outre, 741 personnes (14 % du total) ont choisi l'euthanasie alors que la mort n'était pas du tout imminente. Seuls 0,6% ont demandé à mourir par demande anticipée : un instrument qui s'est donc avéré être un flop. Quatre-vingt pour cent des personnes ont choisi de mourir soit parce qu'elles souffraient dans leur corps ou dans leur psychisme. La plupart des patients tués avaient entre 70 et 90 ans. Aucun mineur n'a eu accès à cette pratique.

    Selon le rapport, ce n'est pas tant la souffrance physique qui détermine le choix de l'euthanasie, mais la souffrance psychologique qui a évidemment sa genèse dans la pathologie. Si l'on considère ensuite la deuxième catégorie de patients qui ont le plus recours à l'euthanasie - les patients âgés souffrant de maladies multiples liées à la vieillesse - on se rend compte que ce ne sont pas tant les maladies elles-mêmes qui poussent vers la solution finale, mais, une fois encore, un état général de dépression.

    Ainsi le rapport : "En ce qui concerne la gravité de la souffrance psychique, les maladies liées à l'âge, typiquement multi-pathologiques, entraînent de plus en plus souvent des diminutions physiques, psychiques, cognitives, psychosociales et existentielles chez ces patients âgés. Tout cela entraîne une souffrance psychique considérable, qui se manifeste fréquemment par une lassitude de la vie. Beaucoup d'entre eux ont des pensées suicidaires parce qu'ils ne voient pas d'avenir qui rende leur vie digne d'être vécue et parce que la mort leur apparaît comme une bénédiction. [...] Plus de la moitié des patients ont du mal à gérer leur dépendance à l'égard des autres, un état qui va souvent de pair avec une perte d'autonomie qui leur fait perdre le contrôle des dernières années de leur vie. Plus de 40 % d'entre eux craignent de subir un préjudice physique à l'avenir, si leur état se détériore. La conscience du caractère désespéré de leur situation et l'inefficacité des thérapies et des soins palliatifs à contrôler leurs symptômes renforcent le sentiment que vivre n'a pas de sens".

    Le rapport confirme donc un fait bien connu : le problème sous-jacent au choix d'en finir est psychologique et non physiologique. La douleur à traiter n'est pas d'abord celle des sens, la douleur organique qui a déjà trouvé sa solution dans les soins palliatifs, mais celle de l'âme. Les vrais médicaments sont donc l'affection, la proximité, le partage de la douleur et surtout l'espérance qui découvre dans la souffrance un sens transcendant et éclaire la vie après la mort. Mais pour avoir ce genre d'espérance, il faut avoir la foi. Une fois cette dernière éteinte, tout plonge dans l'obscurité, tout semble dénué de sens, tellement dénué de sens que l'euthanasie semble la seule voie raisonnable car elle élimine le fardeau d'une existence qui n'a plus de but, en éliminant ceux qui vivent cette existence. L'euthanasie s'avère alors être non pas un remède, mais l'étape finale d'un parcours sans espoir, l'aboutissement nécessaire d'une perspective de vie nihiliste.

  • Une béatification qui rassemble des époux et leurs enfants, ainsi qu'un enfant à naître

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    De François-Marie Léthel ocd, consulteur du Dicastère pour les Causes des Saints sur Vatican News :

    La reconnaissance du martyre des époux Jozef et Wiktoria Ulma et de leurs 7 enfants

    Le 17 décembre dernier, le Saint-Père a donné son accord pour la béatification de la famille Ulma, des catholiques polonais massacrés par les nazis pour avoir abrité des juifs. Le père François-Marie Léthel, consulteur du Dicastère pour les Causes des Saints, revient sur l'importance et la nouveauté de cette béatification, qui rassemble des époux et leurs enfants, ainsi qu'un enfant à naître.

    Le 17 décembre 2022, notre Pape François a approuvé le décret concernant le martyre des époux Jozef e Wiktoria Ulma et de leurs 7 enfants tués par les nazis le 24 mars 1944 à Markowa en Pologne. Six enfants avaient entre 8 et 2 ans et le septième était encore dans le sein maternel.

    C'est là un événement nouveau et d'une très grande importance pour l'Église et pour le monde entier, dans la lumière de Noël qui est aussi celle des premiers martyrs: Saint Etienne et les Saints Innocents. Le décret sur le martyre suffit pour procéder à la béatification qui aura lieu en Pologne dans les prochains mois. Il convient de présenter brièvement les caractéristiques les plus originales de cette béatification.

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  • Benoît XVI est lucide

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    De Marco Mancini sur acistampa :

    Saint-Siège, Benoît XVI est "lucide quand il s'éveille". Situation sérieuse mais stable".

    C'est ce qu'a annoncé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, en faisant le point sur l'état de santé de Benoît XVI

    29 décembre 2022

    "Le pape émérite a pu bien se reposer la nuit dernière, il est absolument lucide et alerte et aujourd'hui, bien que son état reste grave, la situation est pour le moment stable. Le pape François renouvelle son invitation à prier pour lui et à l'accompagner en ces heures difficiles". C'est ce qu'a annoncé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, en faisant le point sur l'état de santé de Benoît XVI.

    En ces heures, les adhésions à l'appel du pape François à prier pour son prédécesseur se multiplient. Hier, le Pontife lui-même avait rendu visite à Benoît XVI au monastère Mater Ecclesiae.

  • Prière à la Sainte Famille (pape François)

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    sagrada-familia.jpgLors de la messe du pèlerinage des familles, le 27 octobre 2013, le pape a récité une prière dont voici la traduction (zenit.org) :

     

    Prière à la Sainte Famille

     

    Jésus, Marie et Joseph,
    vers vous, Sainte Famille de Nazareth,
    aujourd'hui nous tournons le regard
    avec admiration et confiance;
    en vous nous contemplons
    la beauté de la communion dans l'amour véritable;
    à vous nous confions toutes nos familles,
    afin que se renouvellent en elles les merveilles de la grâce.
    Sainte Famille de Nazareth,
    école séduisante du saint Évangile:
    apprends-nous à imiter tes vertus
    avec une sage discipline spirituelle,
    donne-nous un regard limpide
    qui sache reconnaître l'oeuvre de la Providence 
    dans les réalités quotidiennes de la vie.

    Sainte Famille de Nazareth,
    gardienne fidèle du mystère du salut:
    fais renaître en nous l'estime du silence,
    rends nos familles cénacles de prière,
    et transforme-les en de petites églises domestiques,
    renouvelle le désir de la sainteté,
    soutiens la noble peine du travail, de l'éducation,
    de l'écoute, de la compréhension réciproque et du pardon.

    Sainte Famille de Nazareth,
    réveille dans notre société la conscience
    du caractère sacré et inviolable de la famille,
    bien inestimable et irremplaçable.
    Que chaque famille soit une demeure accueillante de bonté et de paix 
    pour les enfants et pour les personnes âgées
    pour qui est malade et seul,
    pour qui est pauvre et dans le besoin.
    Jésus, Marie et Joseph,
    nous vous prions avec confiance, nous nous remettons à vous avec joie.

  • La famille, cellule de base de la société (homélie pour le dimanche de la Sainte famille)

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    La famille, cellule de base de la société

    homélie de l'abbé Christophe Cossement pour la fête de la Sainte Famille (archive 2013):

    Dans l’exhortation apostolique du pape François, Evangelium gaudium, on lit que la famille est importante pour l’Église car « il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants ».

    En cette fête de la Sainte Famille nous voulons fêter toutes les familles, avec une tendresse particulière pour celles qui vivent des épreuves, en les regardant comme les cellules fondamentales nécessaires à la société. Il y a une forme de famille qui a été avalisée par le parlement mais à laquelle les Églises s’opposent, c’est la famille fondée sur le mariage homosexuel. Cette opposition ne vient pas d’une attitude rigide tournée vers le passé, mais de cette constatation toute simple  : pour donner la vie à un enfant il faut d’une façon ou d’une autre toujours un homme et une femme. La stérilité de la relation homosexuelle n’est pas une maladie, elle est dans l’ordre des choses, elle est normale, et il ne faut pas nier la réalité en imaginant des stratagèmes pour imiter la famille fondée sur l’union de l’homme et de la femme. Ce qui ne veut pas dire que nous les chrétiens devons approuver le fait qu’une société rendrait difficile la vie des personnes homosexuelles. Au contraire, c’est aussi avec amitié que nous devons entourer les familles qui existent déjà, quelles que soient leurs blessures.

    La famille est le lieu où l’on apprend « à appartenir aux autres ». Ce point me semble fondamental dans la société d’aujourd’hui toujours tentée par plus d’individualisme et donc de repli sur soi. Cette appartenance mutuelle se réalise en vivant dans le don de soi aux autres. La maman, le papa se donnent pour leur enfant, et qui pourra rendre à ses parents tout ce qu’ils lui ont donné, à commencer par le précieux don de la vie — qui n’appartient à personne ? À leur tour les enfants sont invités à se donner eux-mêmes dans la famille, par toutes sortes de services rendus gratuitement. Heureuses les familles où l’on entretient cette dimension du don gratuit en résistant à la marchandisation des tâches ! C’est le seul moyen de préparer l’avenir que d’apprendre aux jeunes à vivre comme des êtres capables de se donner eux-mêmes et de le faire dans la fidélité, durablement, au-delà de ce qui peut rapporter quelque chose.

    Ce que vit la Sainte Famille dans l’évangile de ce jour (Mt 2,13) nous fait accueillir dans cette célébration la situation de tant de familles qui vivent dans des camps de réfugiés, au Sud-Soudan, en Centrafrique, au Liban et dans les pays voisins de la Syrie, à l’est du Congo, aux Philippines, et encore maintenant en Haïti ou en Inde. Et la situation de ces familles chrétiennes qui vivent dans la menace perpétuelle d’un attentat. Nous pensons aussi à toutes les familles éprouvées parce qu’un des membres est gravement malade ou disparu trop tôt, et à toutes les familles blessées parce qu’on ne sait pas s’y aimer ou parce qu’il y a de la méchanceté, de la perversité ou de l’esprit de vengeance. Tant de famille que Dieu nous invite à porter dans notre cœur, pour que par la rencontre entre ces situations et l’Esprit Saint dans notre cœur puisse naître l’ébauche d’un monde nouveau, d’un geste, d’une prière qui commence à changer le monde.

    Comment surmonter tout ce qui blesse les personnes et les familles ? Le pape propose dans sa lettre de tisser à nouveau des liens, d’intensifier la proximité avec ceux qui nous entourent et qui nous sont présentés par le Seigneur. C’est le sens des lectures que nous avons entendues  : honorer son père, glorifier sa mère (Si 3), non pas qu’ils soient irréprochables mais parce que ce qui est digne de l’homme, ce qui le fait grandir et qui peut guérir même les péchés c’est l’amour, c’est la main tendue, c’est le cœur ouvert, c’est la présence affectueuse — et ils sont rares les cas où il faut se protéger en coupant les ponts, cela doit rester l’exception des exceptions. Intensifier les liens, nous devons le faire aussi avec ceux qui sont dans notre quartier, avec ceux qui arrivent de loin et qui sont éprouvés par une vie difficile — ceux que l’on appelle les sans-papiers. C’est à une nouvelle communion de la famille humaine que nous sommes appelés.

    Que le Seigneur nous aide à construire le monde de demain, par notre vigilance au service du renouveau des familles, cellules de base de la société !

  • Beaucoup de chrétiens n'ont pas pu célébrer Noël

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    D'Anna Bono sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Noël refusé aux chrétiens persécutés

    29-12-2022

    Il y a beaucoup de chrétiens qui n'ont pas pu célébrer Noël. Elle est difficile ou impossible dans des pays comme la Mauritanie, les Comores, l'Afghanistan, le Brunei et la Corée du Nord. Dans d'autres pays, comme le Nigeria, le problème est la sécurité. Et au Sahel, les djihadistes. Au Pakistan, une chrétienne accusée de blasphème passe Noël dans une petite cellule, trois autres personnes sont de nouveau libres. 

    Cette année encore, de nombreux chrétiens n'ont pas pu célébrer Noël. Il est difficile ou impossible de le faire, sauf en secret car interdit, dans certains pays où les fidèles sont une petite minorité : la Mauritanie, par exemple, les îles Comores, l'Afghanistan, Brunei, la Corée du Nord. D'autres communautés, en revanche, ont pu se réunir pour prier, mais comme chaque année en état d'alerte, adoptant des mesures de sécurité, par crainte d'attentats, un risque qui augmente toujours à Noël et à Pâques, surtout dans des pays comme le Nigeria, le Pakistan, l'Indonésie.

    Particulièrement douloureuse, en outre, est la situation des nombreux chrétiens contraints de passer Noël seuls, en captivité, parmi des étrangers par leur origine et souvent aussi par leur foi. C'est le cas de plusieurs religieux enlevés en Afrique. Rien qu'au Nigeria, trois personnes viennent d'être enlevées en six jours. Le premier était le père Christopher Ogide, curé de la paroisse Mary of the Assumption dans le diocèse d'Umuahia, dans l'État méridional d'Abia. Le 17 décembre, il a été enlevé à l'entrée de la maison paroissiale, alors qu'il allait faire le plein dans une station-service voisine. Le 20 décembre, c'était le tour du père Sylvester Okechukwu, du diocèse de Kafanchan, dans l'État de Kaduna (nord-ouest), qui a été enlevé tard dans la soirée et emmené du presbytère de la paroisse dans la zone de gouvernement local de Lere, où il se trouvait à ce moment-là. Enfin, le père Mark Ojotu, aumônier de l'hôpital Sainte-Marie à Okpoga, a été enlevé dans l'après-midi du 22 décembre dans l'État de Benue, au nord-est du pays. L'enlèvement a eu lieu vers le soir alors que le père Ojotu conduisait sur la route Okpoga-Ojapo. Dans les trois cas, il s'agirait d'enlèvements à des fins d'extorsion, un crime qui, presque partout au Nigeria, est devenu un fléau social et que le gouvernement central et les gouvernements des États qui composent la fédération ne se soucient pas assez de contrer. 

    Deux autres religieux ont passé Noël en captivité en Afrique. L'un d'entre eux est le prêtre Fidei Donum Joel Tougbaré, qui a été enlevé dans son pays, le Burkina Faso, le 17 mars 2018. Il avait entrepris de rentrer chez lui, dans sa paroisse, après avoir célébré la messe dominicale dans un village, mais n'est jamais arrivé à destination. Le missionnaire allemand des Pères Blancs, Hans-Joachim Lohere, qui a été enlevé au Mali le 20 novembre, est également aux mains de ses ravisseurs. Il était censé célébrer la messe dominicale dans une église près de la capitale Bamako, mais on l'a attendu en vain. Ce n'est que dans la soirée que ses confrères ont remarqué son absence et ont alerté la police. Contrairement au Nigeria et à d'autres pays du continent, où les fréquents enlèvements de religieux sont l'œuvre de criminels de droit commun sans être nécessairement motivés par la haine religieuse, il est possible, et même presque certain, que ce sont des djihadistes qui ont enlevé les deux religieux, car le Burkina Faso et le Mali font partie des pays africains qui vivent le plus sous la menace de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à Isis. Le père Pier Luigi Maccalli, le missionnaire libéré en 2020 après avoir été prisonnier des djihadistes pendant plus de deux ans, a évoqué à la veille de Noël les deux religieux et le vide au cœur que leur absence produit dans leurs communautés respectives. Avec eux, le père Maccalli a rappelé huit autres personnes qui sont toujours prisonnières de groupes djihadistes actifs au Sahel.

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  • Benoit XVI : ma vie, mes priorités

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Benoit XVI : ma vie, mes priorités

    (S.M.) En ces heures inquiétantes pour la vie terrestre du pape émérite Benoît, nous vous proposons ci-dessous deux de ses écrits autographes et autobiographiques décisifs pour le comprendre jusqu’au bout.

    Le premier est extrait de la lettre qu’il a envoyée aux évêques de l’Église catholique le 10 mars 2009, dans laquelle il présente les « priorités » de son pontificat.

    Le second est tiré de la lettre encyclique « Spe salvi » du 30 novembre 2007, qu’il a entièrement rédigée lui-même, et dévoile l’espérance qui l’a toujours animé, même dans les heures les plus difficiles pour l’Église, lui qui s’est trouvé appelé à la gouverner plutôt que de se consacrer entièrement à une vie d’étude, tout comme cela s’était passé pour le théologien et évêque Augustin, le docteur de l’Église qu’il préfère entre tous.

    *

    « La priorité qui dépasse toutes les autres »

    Je pense avoir souligné les priorités de mon Pontificat dans les discours que j’ai prononcés à son début. Ce que j’ai dit alors demeure de façon inaltérée ma ligne directive. La première priorité pour le Successeur de Pierre a été fixée sans équivoque par le Seigneur au Cénacle: « Toi… affermis tes frères » (Lc 22, 32). Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (I P 3, 15).

    À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein.

    *

    « Une vie totalement nouvelle »

    La vraie, la grande espérance de l’homme, qui résiste malgré toutes les désillusions, ce ne peut être que Dieu – le Dieu qui nous a aimés et qui nous aime toujours « jusqu’au bout », « jusqu’à ce que tout soit accompli » (cf. Jn 13, 1 et 19, 30). Celui qui est touché par l’amour commence à comprendre ce qui serait précisément « vie ». Il commence à comprendre ce que veut dire la parole d’espérance que nous avons rencontrée dans le rite du Baptême: de la foi j’attends la « vie éternelle » – la vie véritable qui, totalement et sans menaces, est, dans toute sa plénitude, simplement la vie.

    Jésus, qui a dit de lui-même être venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en plénitude, en abondance (cf. Jn 10, 10), nous a aussi expliqué ce que signifie « la vie »: « La vie éternelle, c’est de te connaître, toi le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17, 3). La vie dans le sens véritable, on ne l’a pas en soi, de soi tout seul et pas même seulement par soi: elle est une relation. Et la vie dans sa totalité est relation avec Celui qui est la source de la vie. Si nous sommes en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est Lui-même la Vie et l’Amour, alors nous sommes dans la vie. Alors nous « vivons ».

    Mais maintenant se pose la question: de cette façon ne sommes-nous pas retombés de nouveau dans l’individualisme du salut, dans l’espérance pour moi seulement pour moi, qui n’est justement pas une véritable espérance, parce qu’elle oublie et néglige les autres? Non. La relation avec Dieu s’établit par la communion avec Jésus – seuls et avec nos seules possibilités nous n’y arrivons pas. La relation avec Jésus, toutefois, est une relation avec Celui qui s’est donné lui-même en rançon pour nous tous (cf. 1 Tm 2, 6). Le fait d’être en communion avec Jésus Christ nous implique dans son être « pour tous », il en fait notre façon d’être. Il nous engage pour les autres, mais c’est seulement dans la communion avec Lui qu’il nous devient possible d’être vraiment pour les autres, pour l’ensemble. […]

    Nous pouvons observer de façon frappante la même relation entre amour de Dieu et responsabilité envers les hommes dans la vie de saint Augustin. Après sa conversion à la foi chrétienne, avec quelques amis aux idées semblables, il voulait mener une vie qui fût totalement consacrée à la parole de Dieu et aux choses éternelles. Il voulait réaliser par des valeurs chrétiennes l’idéal de la vie contemplative exprimé dans la grande philosophie grecque, choisissant de cette façon « la meilleure part » (cf. Lc 10, 42). Mais les choses en allèrent autrement.

    Alors qu’il participait à la messe dominicale dans la ville portuaire d’Hippone, il fut appelé hors de la foule par l’Évêque et contraint de se laisser ordonner pour l’exercice du ministère sacerdotal dans cette ville. Jetant un regard rétrospectif sur ce moment, il écrit dans ses Confessions: « Atterré par mes péchés et la masse pesante de ma misère, j’avais, en mon cœur, agité et ourdi le projet de fuir dans la solitude: mais tu m’en as empêché, et tu m’as fortifié par ces paroles: “Le Christ est mort pour tous afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux” (2 Co 5, 15) ». Le Christ est mort pour tous. Vivre pour Lui signifie se laisser associer à son « être pour ».

    Pour Augustin, cela signifiait une vie totalement nouvelle. Une fois, il décrivit ainsi son quotidien: « Corriger les indisciplinés, conforter les pusillanimes, soutenir les faibles, réfuter les opposants, se garder des mauvais, instruire les ignorants, stimuler les négligents, freiner les querelleurs, modérer les ambitieux, encourager les découragés, pacifier les adversaires, aider les personnes dans le besoin, libérer les opprimés, montrer son approbation aux bons, tolérer les mauvais et [hélas] aimer tout le monde ». « C’est l’Évangile qui m’effraie » [23] – cette crainte salutaire qui nous empêche de vivre pour nous-mêmes et qui nous pousse à transmettre notre commune espérance.

    De fait, c’était bien l’intention d’Augustin: dans la situation difficile de l’empire romain, qui menaçait aussi l’Afrique romaine et qui, à la fin de la vie d’Augustin, la détruisit tout à fait, transmettre une espérance – l’espérance qui lui venait de la foi et qui, en totale contradiction avec son tempérament introverti, le rendit capable de participer de façon résolue et avec toutes ses forces à l’édification de la cité. Dans le même chapitre des Confessions, où nous venons de voir le motif décisif de son engagement « pour tous », il écrit: Le Christ « intercède pour nous, sans lui c’est le désespoir. Elles sont nombreuses, ces langueurs, et si fortes! Nombreuses et fortes, mais ton remède est plus grand. En croyant que ton Verbe était beaucoup trop loin de s’unir à l’homme, nous aurions bien pu désespérer de nous, s’il ne s’était fait chair, habitant parmi nous ». En raison de son espérance, Augustin s’est dépensé pour les gens simples et pour sa ville – il a renoncé à sa noblesse spirituelle et il a prêché et agi de façon simple pour les gens simples.

    *

    (Sur la photo ci-dessus, datée du 1er décembre 2022, le pape Benoît avec à ses côtés le célèbre juriste juif Joseph Weiler, auquel venait d’être conféré le jour même le prix Joseph Ratzinger).

  • "Totum amoris est" : la lettre apostolique du pape François pour le 4ème centenaire de la mort de saint François de Sales

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    LETTRE APOSTOLIQUE

    TOTUM AMORIS EST

    DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

    POUR LE 4ème CENTENAIRE DE LA MORT
    DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

    source

    « Tout est à l’amour ». [1] Dans ses paroles nous pouvons recueillir l’héritage spirituel laissé par saint François de Sales qui est mort à Lyon le 28 décembre 1622. Prince-évêque « en exil » de Genève depuis une vingtaine d’années, il avait un peu plus de cinquante ans. Il était arrivé à Lyon après sa dernière mission diplomatique, le Duc de Savoie lui ayant demandé d’accompagner le Cardinal Maurice de Savoie en Avignon. Ensemble, ils avaient rendu hommage au jeune Roi Louis XIII, sur son chemin de retour vers Paris par la vallée du Rhône après une campagne militaire victorieuse dans le Sud de la France. Fatigué et en mauvaise santé, François s’était mis en route par pur esprit de service. « S’il n’était pas très utile à leur service que je fasse ce voyage, j’aurais certainement beaucoup de bonnes et solides raisons pour m’en dispenser ; mais s’il s’agit de leur service, mort ou vivant, je ne me retirerai pas, mais j’irai ou je me ferai traîner ». [2] C’était son tempérament. À Lyon, il logea au monastère des Visitandines, dans la maison du jardinier afin de ne pas trop déranger et pour être en même temps plus libre de rencontrer ceux qui le désiraient.

    Désormais peu impressionné par les « faibles grandeurs de la cour » [3], il avait passé ses derniers jours à exercer son ministère de pasteur dans une succession de rendez-vous : confessions, conversations, conférences, prédications ainsi que les incontournables ultimes lettres d’amitié spirituelle. La raison profonde de ce style de vie remplie de Dieu lui était devenue de plus en plus claire au fil du temps, et il l’avait formulée de manière simple et précise dans son célèbre Traité de l’amour de Dieu : « Sitôt que l’homme pense un peu attentivement à la Divinité, il sent une certaine douce émotion du cœur, qui témoigne que Dieu est Dieu du cœur humain ». [4] Voilà la synthèse de sa pensée. L’expérience de Dieu est une évidence pour le cœur humain. Il ne s’agit pas d’une construction mentale mais d’une reconnaissance, pleine d’émerveillement et de gratitude, qui fait suite à la manifestation de Dieu. C’est dans le cœur et par le cœur que s’accomplit ce processus d’unification subtil et intense en vertu duquel l’homme reconnaît Dieu et, en même temps, se reconnaît lui-même, reconnaît son origine, sa profondeur et son accomplissement dans l’appel à l’amour. Il découvre que la foi n’est pas un mouvement aveugle, mais avant tout une attitude du cœur. Par elle, l’homme s’en remet à une vérité qui apparaît à sa conscience comme une “douce émotion”, capable de susciter en retour un bon vouloir auquel nul ne saurait renoncer pour toute réalité créée, comme il aimait à le dire.

    A cette lumière, on comprend que, pour saint François de Sales, il n’y avait pas de meilleur lieu pour trouver Dieu, et pour aider à le chercher, que le cœur de chaque homme et de chaque femme de son temps. Il l’avait appris en s’observant lui-même attentivement dès son plus jeune âge, et en scrutant le cœur humain.

    Lors de sa dernière rencontre de ces jours-là, à Lyon avec ses Visitandines, dans le climat intime d’un quotidien habité par Dieu, il leur avait laissé cette expression par laquelle il aurait voulu que sa mémoire soit plus tard fixée en elles : « J’ai tout résumé dans ces deux mots quand je vous ai dit de ne rien refuser ni désirer ; je n’ai plus rien à vous dire ». [5] Il ne s’agissait cependant pas d’un exercice de pur volontarisme, « une volonté sans humilité », [6] de cette tentation subtile sur le chemin de la sainteté qui confond celle-ci avec la justification par ses propres forces, avec l’adoration de la volonté humaine et de sa propre capacité, « qui aboutit à une autosatisfaction égocentrique et élitiste dépourvue de véritable amour ». [7] Il ne s’agissait pas non plus d’un pur quiétisme, d’un abandon passif et sans affects à une doctrine sans chair et sans histoire. [8] Cette formule naissait plutôt de la contemplation de la vie même du Fils incarné. Le 26 décembre le Saint s’adressait ainsi aux Sœurs au cœur du mystère de Noël : « Voyez-vous l’Enfant Jésus dans la crèche ? Il reçoit tous les ravages du temps, le froid et tout ce que le Père permet qu’il lui arrive. Il ne refuse pas les petites consolations que sa mère lui donne, et il n’est pas écrit qu’il tende jamais les mains pour avoir le sein de sa Mère, mais il laisse tout à ses soins et à sa prévoyance ; ainsi nous ne devons rien désirer ni refuser, supportant tout ce que Dieu nous envoie, le froid et les ravages du temps ». [9] Son attention à reconnaître comme indispensable le soin de tout ce qui est humain est émouvante. À l’école de l’Incarnation, il avait appris à lire l’histoire et à l’habiter avec confiance.

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