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  • Le ré-ensauvagement est-il une bonne idée ?

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    De Jacques Lucchesi sur La Sélection du jour :

    Le ré-ensauvagement : une fausse bonne idée

    Jusqu'où doit-on aller pour préserver la nature ? La question mérite d'être posée en cette époque qui remet en question la place de l'humain dans la hiérarchie naturelle et dénonce les ravages qu'il exerce sur la biodiversité. Le discours écologique imprègne à ce point les esprits que beaucoup s'alarment de la disparition d'espèces animales – principalement des oiseaux et des insectes – dont ils ne connaissent même pas les noms. Qu'importe ! Puisque les médias se font à l'unisson l'écho de mystérieux experts qui annoncent – comme d'autres l'apocalypse – une sixième extinction de masse, celle-ci étant selon eux entièrement imputable à l'action humaine. La bonne nouvelle, c'est qu'il y en a eu cinq avant et que la vie n'en continue pas moins de proliférer sur la Terre.

    C'est ainsi que sont nés, aux USA, dans la seconde moitié du XXeme siècle, les concepts de wilderness puis de rewilding qu'on traduit en français par ré- ensauvagement. Pour ces apôtres de la biodiversité, il faut relancer, partout où c'est possible, le processus de la vie sauvage, quitte à bouleverser des équilibres naturels et sociaux depuis longtemps établis. Et de toujours citer l'exemple du parc Yellowstone (dans le Wyoming) où des loups ont été massivement réintroduits en 1995, pour réduire la population des herbivores, ce qui a permis à la flore de se régénérer en quelques années. Si les wapitis pouvaient parler, je doute fort qu'ils apprécieraient ce ré-ensauvagement entièrement dirigé par la main de l'homme, négation même du projet de laisser agir la nature qui en est à l'origine.

    Le problème est encore plus aigu quand ces initiatives, depuis exportées dans 27 pays européens, mettent les êtres humains en présence d'animaux potentiellement très dangereux.

    L'ours brun est de ceux-là. On connaît sa capacité à s'aventurer dans des zones d'habitation pour chercher de la nourriture. Et on ne sera pas étonné d'apprendre que ses agressions, souvent mortelles, sont en hausse dans le monde (664 entre 2000 et 2015). La dernière en date, le 5 avril dans le Trentin, a été mortelle pour un jeune joggeur de 26 ans. En Italie elle a relancé – avec quelle passion ! – le débat sur la réintroduction de ces plantigrades dans des régions montagneuses. La France n'est pas moins concernée, avec quelques 76 ours slovènes qui se baladent dans les forêts pyrénéennes, au grand dam des randonneurs et des chasseurs. Il n'y a qu'Alain Reynes, président de l'association Le pays de l'ours ADET, pour penser que leur nombre en augmentation est une bonne nouvelle.

    Quant au loup, dédouané de sa mauvaise réputation par ses modernes avocats, il prolifère lui aussi dans des régions où il avait depuis longtemps disparu – comme dans le Calvados. En 2022, un millier d'individus étaient répartis sur l'ensemble de l'Hexagone. Et si le loup ne croque plus les petits enfants égarés, il continue allègrement d'attaquer des troupeaux d'ovins partout où ceux-ci vont paître. Espèce désormais protégée – tout comme l'ours – il peut néanmoins être chassé et abattu selon un quota annuel fixé par l'Office Français de la Biodiversité (174 en 2022). Evidemment les agriculteurs, qui voient régulièrement leurs troupeaux décimés, ne s'en privent pas. Ce qui ne manque pas de susciter la colère de tous les défenseurs de la vie sauvage – pour la plupart des citadins qui n'en connaissent rien. À Marseille, en février dernier, c'est une meute de 7 charmants canis-lupus qui a pris ses quartiers dans le parc des Calanques de Luminy. Sans qu'on ait demandé leur avis aux nombreux promeneurs qui arpentent ces sentes toute l'année. Mais puisque de belles âmes ont décrété que le loup n'était pas dangereux pour l'homme...

    Bisons, cougars, lynx ou castors : on pourrait multiplier les exemples d'espèces animales réintroduites dans des territoires nouvellement ensauvagés où leur proximité menace, peu ou prou, les activités humaines (cf. mon livre : Ces animaux qui nous rendent bêtes, éditions de Paris, 2021). Et c'est sans même parler des zoonoses que des animaux sauvages peuvent toujours transmettre à l'homme. La redynamisation de nos contemporains implique-t-elle ce naïf romantisme naturaliste ? N'est-ce pas oublier un peu vite le combat que nos ancêtres ont dû livrer, pendant des millénaires, pour tenir la nature à distance avant de la contrôler et de parvenir à l'état de civilisation ? Le seul dans lequel l'être humain puisse développer toutes ses facultés naturelles.

    Pour aller plus loin :

    Ré-ensauvagement d'animaux sauvages : principe et limites

    >>> Lire sur : Ouest France

  • Concert « Bach inspiration V » le dimanche 18 juin prochain à 17h00 à l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132 à Liège).

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  • Pourquoi le pape François n'est jamais rentré chez lui

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Pourquoi le pape François n'est jamais rentré chez lui

    16 mai 2023

    Avant que le cardinal Jorge Bergoglio n'embarque sur un vol de Buenos Aires à Rome en février 2013, il a dit au recteur de sa cathédrale : "Nos vemos a la vuelta" - "au plaisir de se revoir". "Nos vemos a la vuelta" est une façon particulièrement argentine de dire "à bientôt" - pas tout à fait "au revoir". Cela semblait être le bon adieu alors que Bergoglio se rendait à un conclave papal, avec l'espoir qu'il reviendrait quelques semaines plus tard à son travail d'archevêque de Buenos Aires.

    Le collège des cardinaux a eu d'autres projets et a élu Bergoglio évêque de Rome. Cela fait donc plus de dix ans que le pape François n'est pas retourné dans son pays natal, l'Argentine. Mais alors que le pape a, pendant des années, tergiversé à l'idée de retourner dans son pays d'origine, il a commencé à évoquer cette perspective. Lors d'entretiens accordés ce printemps aux médias argentins pour commémorer les dix ans de son pontificat, le pape François s'est montré intéressé par un retour dans son pays natal en 2024, soit 11 ans après avoir fait ses valises pour un rapide voyage à Rome.

    Mais ce n'est pas un hasard si François annonce une visite pour 2024. Depuis des décennies, le pontife entretient des relations compliquées avec la classe politique de son pays, et la perspective d'une visite papale a toujours été susceptible d'être politisée en Argentine, d'une manière que François préférerait probablement éviter. Mais 2024 pourrait bien ouvrir une fenêtre permettant au pape de revenir.

    Pourtant, la décision est loin d'être certaine. Même s'il a manifesté son intérêt pour un voyage en 2024, aucun plan concret n'a été mis en place. "Il n'y a eu aucun contact avec la conférence épiscopale au sujet de la visite", a déclaré un porte-parole de la conférence épiscopale argentine à The Pillar. "Il a seulement exprimé un profond désir de venir en Argentine en 2024, mais il n'y a rien de prévu à notre connaissance", a déclaré le porte-parole.

    Alors, qu'y a-t-il de si spécial à propos de 2024, et pourquoi le pape François n'est-il pas déjà revenu en Argentine ? Lorsque la réponse concerne la politique argentine, il y a toujours beaucoup de choses à déballer.

    Péronisme, kirchnerisme et dictatures

    Au cours des 80 dernières années, la politique argentine a été dominée par trois courants : Le péronisme, les différentes dictatures militaires et, plus récemment, le kirchnérisme, un mouvement populiste de gauche aux racines péronistes. 

    Le péronisme argentin est né avec la présidence de Juan Domingo Perón en 1946, un général argentin qui a tenté d'établir une troisième voie entre le marxisme et le capitalisme par le biais d'un mouvement nationaliste et populiste. "Le péronisme est un parti de masse. C'est un parti qui est né sous la protection du général Perón, avec une idéologie de droite au départ. Mais en bon parti de masse, ses idées ont pu s'adapter. C'est ainsi que le péronisme de gauche et le péronisme de droite ont fini par émerger", explique Emilio Pintos, professeur de doctrine sociale catholique à l'Université catholique argentine.

    "Les trois idées clés du péronisme sont la justice sociale, la souveraineté politique et l'indépendance économique. C'est un mouvement nationaliste qui a proposé, pendant la guerre froide, une troisième voie entre le marxisme soviétique et le capitalisme", ajoute Roberto Bosca, avocat et chroniqueur sur les questions religieuses dans plusieurs médias argentins. 

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  • Après la rencontre entre Zelensky et le pape : la diplomatie vaticane mise en pièces

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction de Diakonos.be) :

    Diplomatie vaticane en miettes après la rencontre entre Zelensky et le Pape

    De tous les leaders rencontrés par Volodymir Zelensky à Washington et dans les capitales d’Europe, c’est certainement le Pape François qui a les positions les plus éloignées, voire divergentes par rapport aux siennes.

    Le samedi 13 mai après-midi, dans un communiqué inhabituel publié peu après la fin de l’entretien entre eux deux à Rome, le Pape François a tenu à souligner qu’il n’y avait qu’un seul point sur lequel ils étaient tombés d’accord : les « efforts humanitaires » pour les victimes de la guerre, en particulier – comme a ensuite précisé Zelensky dans son communiqué – pour la libération des prisonniers et le rapatriement des enfants ukrainiens déportés en Russie.

    En effet, le Pape avait déjà annoncé sa coopération pour la libération des prisonniers en septembre dernier, lors de la rencontre au Kazakhstan des jésuites de cette région. Il avait révélé qu’un « chef militaire qui s’occupe de l’échange des prisonniers » était venu le rencontrer au Vatican « en compagnie d’un conseiller pour les questions religieuses » de Zelensky, et que lui, François, avait immédiatement appelé « l’ambassadeur russe pour voir si on pouvait faire quelque chose ». Ce qui a été le cas avec l’échange le 22 septembre de plus de 200 combattants et de plusieurs autres par la suite. Et à présent avec l’engagement du Pape à faire ce qui était possible également pour les enfants.

    Mais c’est en revanche le Président ukrainien qui aura mis en évidence le principal point de divergence entre eux deux après leur entretien du 13 mai : « Avec tout le respect pour le Pape, nous n’avons pas besoin de médiateurs », a-t-il dit. « Étant donné que la guerre se déroule sur le territoire de l’Ukraine, le plan de paix ne peut qu’être ukrainien », en référence au plan en dix points diffusé par Zelensky en février dernier.

    La « médiation » vaticane entre Moscou et Kiev rejetée par Zelensky est celle qui a été à plusieurs reprises attribuée à la volonté du Pape, la dernière fois après les déclarations de François lui-même à bord du vol de retour de son voyage à Budapest le 30 avril, quand il avait annoncé qu’une « mission était en cours » pour la paix en Ukraine « mais qu’elle n’était pas encore publique » et que « quand elle sera publique, j’en parlerai ».

    Après cette annonce sibylline, le professeur Stefano Zamagni, qui était jusqu’au 31 mars le président de l’Académie pontificale pour les sciences sociales et promoteur en octobre dernier d’un plan de paix en sept points – immédiatement très critiqué pour son déséquilibre en faveur de la Russie – avait relancé son plan en insistant sur le fait qu’il était plus actuel que jamais et qu’il l’avait en son temps confié aux bons soins de la Secrétairerie d’État. Sans cependant aucune confirmation de la part de cette dernière.

    À Moscou comme à Kiev, personne ne semble être au courant de l’initiative annoncée par le Pape, alors que le Secrétaire d’État Pietro Parolin a en revanche confirmé que quelque chose était en train d’avancer. Mais il ne s’agirait pas de « médiation » mais de « mission », du mot latin « missio », qui signifie envoi. Le Pape François aurait en fait l’intention d’envoyer à Moscou et à Kiev deux cardinaux, chacun avec un appel écrit du Pape pour un cessez-le-feu, exactement comme Jean-Paul II avait envoyé les cardinaux Pio Laghi et Roger Etchegaray à Washington et à Bagdad en 2003, avec la demande écrite du Pape d’arrêter le conflit imminent en Irak.  Sans trouver d’oreille attentive, comme on s’en rappelle.

    Parmi les différents cadeaux échangés à l’occasion de la rencontre du 13 mai, le Pape François a offert à Zelensky un livre contenant un recueil de ses interventions sur la paix en Ukraine. Dans l’une d’entre elles, le Pape prononce des paroles claires en faveur de la lutte armée des Ukrainiens contre les Russes. Il s’agit de la « Lettre du Saint-Père aux peuple ukrainien » publiée le 24 novembre 2022, dans laquelle le Pape écrit à un certain moment : « Je pense à vous, jeunes, qui, pour défendre courageusement votre patrie, avez dû prendre les armes au lieu de réaliser des rêves que vous aviez cultivés pour l’avenir ».

    Et plus loin : « Je suis impressionné par votre bonne ardeur. Malgré l’immense tragédie qu’il subit, le peuple ukrainien ne s’est jamais découragé et n’a jamais cédé à l’apitoiement. Le monde a reconnu un peuple audacieux et fort, un peuple qui souffre et prie, pleure et lutte, résiste et espère : un peuple noble et martyr. Je continue à vous être proche”. »

    Cette lettre était le fruit, notamment par son style de rédaction, de la rencontre survenue à Rome le 7 novembre entre le Pape François et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique ukrainienne Sviatoslav Shevchuk, fortement solidaire avec la guerre patriotique combattue notamment par ses fidèles. Sa publication avait d’ailleurs marqué un tournant dans les prises de position du pape, qui n’avait jamais déclaré jusque-là approuver sans réserve la défense par les armes de l’Ukraine contre l’agression russe.

    Mais cette première intervention du Pape pour soutenir la guerre de résistance ukrainienne aura également été la dernière. Refroidissant encore un peu plus les relations entre Kiev et le Vatican sans obtenir pour autant la moindre amélioration des rapports avec Moscou.

    Depuis le début de la guerre, en effet, le Pape François n’a pas encore réussi à établir un contact direct avec Vladimir Poutine. Le 6 novembre dernier, pendant le vol de retour de son voyage au Bahreïn, le Pape a déclaré avoir demandé dès les premiers jours, via l’ambassadeur russe près le Saint-Siège, de pouvoir se rendre à Moscou pour rencontrer Poutine. Ce qui lui valut une fin de non-recevoir de la part du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui lui a répondu que « pour le moment, ce n’était pas nécessaire ». La demande et la réponse qui s’en suivit se firent par courrier et depuis lors Poutine a continué à demeurer inaccessible. Une dernière lettre de François à Poutine aurait été remise le 11 mai dernier encore une fois à l’ambassadeur russe Alexander Avdeev, reçu par le Pape en visite au terme de sa mission. On ignore avec quel résultat, pendant que l’on attend la nomination de son successeur.

    Et pourtant, les prises de position très compréhensives des « raisons » du Kremlin n’ont pas manqué dans le chef de François, en particulier ces « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » plusieurs fois pointés du doigt par le Pape comme étant la cause qui aurait déclenché l’agression contre l’Ukraine, « sans comprendre que les russes sont impériaux et craignent l’insécurité à leurs frontières ».

    Cette affirmation du Pape François, comme d’autres, ont contribué à faire émerger la thèse selon laquelle le Pape actuel marque un réalignement géopolitique de l’Église de Rome, non plus avec l’Occident solidaire avec Kiev, mais avec le reste du monde, avec l’Amérique latine, avec l’Afrique, avec l’Asie, avec des États tous très réticents à s’opposer à la Russie.

    C’est notamment la thèse du célèbre vaticaniste américain John L. Allen qui a fait remarquer dans la revue « The Atlantic » que, sur la guerre en Ukraine, le Pape se trouvait dans les faits plus proche des positions de l’Inde et de la Chine que des positions européennes et atlantistes.

    Avec pour conséquence de se retrouver très à la marge et désormais privé de toute capacité à influer sur les décisions de New Dehli et encore moins de Pékin, une superpuissance qui, de plus, ne craint pas d’opprimer les catholiques et d’humilier la papauté, encore dernièrement avec la nomination unilatérale à la tête du diocèse de Shanghai d’un évêque issu de l’appareil du régime de Xi Jinping.

    Mais certains tirent une autre thèse concernant l’Ukraine des libres faits et gestes du Pape François.

    Dans la revue « Il Regno », un autre vaticaniste renommé, Luigi Accattoli, après avoir énuméré quelques-unes des plus téméraires sorties de François, des « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » à « l’enfant de chœur de Poutine » en parlant de Cyrille, le patriarche de Moscou, loin de les critiquer, y voit le signal d’une bienfaisante « sortie de la tradition étatique et diplomatique » du Vatican, faisant partie intégrante du plus général « projet d’Église en sortie que François a érigé en devise de son pontificat ».

    Selon Accattoli, « les premiers pas ne peuvent se faire qu’à tâtons », mais « c’est quand même un bien que l’entreprise soit tentée. Ce sera l’œuvre de plusieurs pontificats ».

    Une thèse hardie s’il en est. Quoi qu’il en soit, pendant ce temps, cette diplomatie vaticane tant vantée vole en éclats notamment à cause de François et ce ne sera certainement pas la Chine, qui est ces derniers jours très active sur le front russe et européen avec son envoyé spécial Li Hui, qui pourra lui servir de nouveau modèle à suivre.

    Lire également : le Pape médiateur, une opération ratée et mal gérée

  • L'Europe, terre d'élection des Frères musulmans

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    Du site de la Nef :

    Entrisme de l’islam en Europe : entretien avec Florence Bergeaud-Blackler

    Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, chargée de recherche CNRS (HDR) au groupe Sociétés, Religions, Laïcités à l’École pratique des hautes études (EPHE) vient de publier un livre passionnant appelé à devenir une référence, Le frérisme et ses réseaux, L’enquête (1).

    La Nef – Pourriez-vous nous définir le « frérisme » et nous expliquer son rapport avec l’islamisme ?

    Florence Bergeaud-Blackler – J’appelle frérisme une forme d’islam politico-religieux qui s’est développée dans les sociétés démocratiques sécularisées à partir des années 1960. Je le distingue de l’« islamisme » par ses moyens et son objectif. En résumé, le frérisme veut instaurer la société islamique mondiale et mondialisée en contournant le politique et en utilisant l’économie mondialisée, la culture, la soft law et le soft power, alors que les partis islamistes des pays musulmans veulent conquérir le pouvoir politique des États par les urnes ou la révolution.

    Pourquoi les Frères musulmans ont-ils choisi l’Europe comme terre d’élection ? Comment la considèrent-ils ?

    L’Union européenne est forte économiquement et culturellement, elle est faible politiquement, le frérisme est donc adapté à son milieu. Remontons un peu le temps.

    Les Frères sont des théocrates plus que des théologiens, ils sont pragmatiques et opportunistes. Quand ils se sont implantés en Europe – mais également aux États-Unis ou en Australie et Nouvelle-Zélande –, à partir des années 1960, ils possédaient le statut provisoire d’« étudiant » ou de « réfugié », et n’étaient pas destinés à vivre sur les terres de mécréance (dar el kufr), considérées comme territoires de guerre (dar el harb). Ils préparaient leur retour dans les pays d’origine du Moyen-Orient, du Maghreb ou du continent indien. Le temps passant, nombre d’entre eux ont réalisé qu’ils jouissaient d’une grande liberté d’expression et de croyance alors qu’ils risquaient la prison ou la mort là d’où ils venaient. Plutôt que de faire la hijra comme l’islam le recommande et revenir vivre en pays musulmans, ils se sont trouvé une nouvelle mission qui les mettait en conformité avec les textes : faire de leur lieu de vie une terre d’islam.
    On a là tout l’esprit du frérisme : adapter l’environnement à l’islam plutôt qu’adapter l’islam à l’environnement. Ils ont déclaré l’Europe terre de contrat (dar el ahd) et ont déployé leurs activités à partir de plusieurs centres islamiques notamment en Suisse, Allemagne, France et au Royaume-Uni. Ils ont ouvert des associations « culturelles islamiques » plutôt que « cultuelles » et se sont ainsi fondus dans le paysage associatif. Il suffisait de faire passer une pratique rituelle comme culturelle pour que peu à peu se déploie une norme islamique intégraliste. C’est par cette culture islamique mondialisée qui aujourd’hui se déploie sous le nom d’économie halal qu’ils ont progressivement conquis les sociétés consuméristes européennes. Se pensant comme les nouveaux ambassadeurs de l’islam en Europe, ils ont peu à peu pénétré les universités, les entreprises, les administrations et les institutions européennes.

    (1) Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, préface de Gilles Kepel, Odile Jacob, 2023, 400 pages, 24,90 €.

    lire la suite sur le site de La Nef

  • Peut-on assimiler un animal de compagnie à un enfant ? L'agacement du pape

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    D'Eugenio Capozzi sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Enfants et animaux, pourquoi le monde ne comprend pas le Pape

    16-05-2023

    Les médias ont fait grand cas de l'anecdote racontée par le Pape François condamnant l'assimilation des enfants aux animaux domestiques. C'est le symptôme d'une culture triste, égoïste et non plus générative, dans laquelle l'Eglise apparaît comme un corps étranger.

    En marge du discours du pape François aux États généraux de la naissance, il y a quelques jours, une grande clameur médiatique et polémique s'est élevée autour de l'épisode, raconté par lui, du reproche adressé à la fidèle qui lui demandait de bénir son chien en l'appelant "mon bébé". L'importance obtenue par ce passage du discours du pontife, relatif à un raisonnement beaucoup plus large sur la nécessité de revenir à une culture qui promeut la vie et la famille comme des aspects naturels de la société, est cependant très symptomatique, car il a manifestement touché une corde sensible dans notre culture répandue, comme pratiquement chaque fois que l'on se réfère aux relations entre les êtres humains et les animaux, sans adhérer parfaitement à la rhétorique "politiquement correcte" imprégnée de sentimentalisme à l'égard de ces derniers.

    La phrase du pape a suscité d'innombrables critiques et commentaires furieux dans les médias et sur les réseaux sociaux, parce qu'elle exprime un mépris pour les "animaux de compagnie", qu'elle considère comme sans valeur et non dignes d'être bénis. Or, comme il est évident pour quiconque a écouté ou lu le discours, François n'a absolument rien voulu dire de tel.

    D'autre part, il n'aurait jamais pu le faire, car l'Église, dans son histoire millénaire, a une longue et incontestable tradition d'amour des animaux, de leur association non pas fortuite mais constante avec le divin, et en particulier avec la figure du Christ, et, plus spécifiquement, de bénédictions d'animaux, liées à des aspects de son culte et de la vénération de nombreux saints. Il aurait été absurde et contradictoire de la part d'un pontife de prétendre que les animaux ne sont pas dignes d'être bénis. Et en fait, le pape Bergoglio n'a manifestement pas dit cela.

    Au contraire, son amère réprimande du croyant en question lui a servi à souligner combien il est faux et inadmissible, d'un point de vue chrétien, d'assimiler un animal de compagnie à un enfant, d'annuler toute différence de nature et de valeur entre la créature animale dont on est responsable et à laquelle on peut certainement être lié par une profonde affection, et un enfant ; et même la tendance de plus en plus marquée dans nos sociétés à renoncer à la maternité et à la paternité tout court, en les remplaçant par la cohabitation avec des animaux domestiques, en se berçant d'illusions et en prétendant qu'il s'agit de la même chose, et qu'une ou deux personnes avec des chiens et/ou des chats peuvent être considérées comme une "famille".

    Un substitut qui, selon le pontife, représente un symptôme et une composante importante de la "tristesse", du dépérissement, de l'égoïsme inextricablement liés à des sociétés qui ne sont plus génératives. Une tristesse à laquelle il est urgent d'opposer une espérance qui ne soit pas abstraite, mais fondée sur des "choix concrets", dont celui de fonder des familles solides et fécondes, capables de faire regarder l'avenir avec joie.

    L'alarme sur la perception déformée de l'amour et de la famille véhiculée par la substitution psychologique d'animaux aux enfants n'est pas un motif nouveau dans les interventions publiques du pape François. En janvier 2022, il avait notamment souligné avec inquiétude que beaucoup préféraient avoir des chiens et des chats plutôt que des enfants, alors que les deux types de liens ne sont pas comparables, car "avoir des enfants est une plénitude dans la vie d'une personne". En août de la même année, il avait défini cette préférence comme la recherche d'une affection "sans problèmes".

    Chaque fois que le pontife réitère cette idée, il provoque régulièrement le scandale. Mais ce sont précisément les réactions négatives, et leur origine, qui montrent clairement comment, sous la forme brute et sans prétention qu'il tend à utiliser dans ses discours, Bergoglio saisit un noyau central de la culture de la "tristesse", c'est-à-dire essentiellement la tendance à l'autodestruction et à la décadence qu'il a identifiée dans les sociétés occidentales.

    Il s'agit d'un anti-humanisme radical désormais fermement ancré dans la vision du monde non plus seulement des élites, mais d'une partie substantielle des masses dans les sociétés d'abondance, de consommation, de "droits" et de liberté apparemment illimitée.

    Un anti-humanisme qui se présente comme une hydre à deux têtes. D'une part, une déclinaison fanatique de l'environnementalisme, combinée à la dégénérescence du féminisme et de l'idéologie de la protection des minorités sexuelles, qui condamne ouvertement la génération d'enfants dans des familles "traditionnelles" (ou plutôt authentiques), ou la génération d'enfants tout court, comme un choix dangereux pour l'équilibre de l'"écosystème" ou fonctionnel pour maintenir les femmes dans une position subalterne. D'autre part, l'animalisme, en tant qu'idéologie qui présuppose l'assimilation des animaux aux êtres humains et, inversement, la réduction des êtres humains à de simples animaux ; la négation radicale de l'anthropocentrisme, inséparable au contraire de l'humanisme occidental ; l'attribution aux animaux de "droits" fantômes ; la stigmatisation de l'alimentation à base de viande et de l'utilisation des animaux eux-mêmes.

    Les classes dirigeantes de l'Occident sécularisé et déchristianisé, et les masses involontaires qui les suivent, adoptent largement comme religions de substitution, d'une part, celle de l'"écosystème", du climat, d'un univers déshumanisé ; d'autre part, la vénération panthéiste, idolâtre et indistincte des formes de vie non humaines, avec leur élévation indue au rang de "personnes". L'Église catholique qui, par son chef, préserve "obstinément" l'anthropocentrisme sous-jacent au message du Christ ainsi que la rationalité héritée de millénaires d'histoire européenne, apparaît comme un corps étranger dans "l'hiver" d'une civilisation aliénée et tristement repliée sur elle-même, quand elle ne cherche pas activement à s'autodétruire. Comme l'"étranger" dont Thomas Eliot parlait de manière prophétique il y a 90 ans, dans les chœurs de "The Rock".

  • Le diocèse de Liège vient en aide au diocèse de Nyundo après les terribles inondations

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    Collecte spéciale Ascension: soutien au diocèse de Nyundo

    Les terribles inondations qui ont frappé le Rwanda et l’est du Congo le 4 mai 2023 ont entrainé la mort de 130 personnes au Rwanda et provoqué de nombreux dégâts dans la région. Le diocèse de Liège a reçu un appel au secours de Mgr Anaclet Mwumvaneza, évêque de Nyundo, diocèse avec lequel celui de Liège est jumelé. En effet, le 21 novembre 1952, Mgr Kerkhofs avait promis son soutien au premier évêque de Nyundo, Mgr Aloys Bigirumwami (1904-1986).

    Depuis lors, la collaboration entre les diocèses a continué. Les inondations du 4 mai ont détruit le Centre pastoral du diocèse, le Petit Séminaire (où a travaillé autrefois le chanoine Ernotte), l’école des filles, l’école primaire et de nombreuses maisons. Ces inondations nous rappellent douloureusement celles que nous avons vécues en 2021 et l’élan de solidarité qu’elles ont suscité. C’est pourquoi, pour aider notre Église-sœur du Rwanda à se relever de la situation désastreuse qu’elle endure, la collecte de la fête de l’Ascension sera destinée en particulier aux victimes des inondations de Nyundo. Nos liens fraternels nous poussent en effet à ne pas abandonner dans l’épreuve le diocèse que nous soutenons depuis sa fondation. Je vous remercie d’avance pour votre générosité.

    Les collectes seront versées au compte de l’ASBL Evêché de Liège: BE93 3631 4768 5267

    Les dons bénéficiant d’une déductibilité fiscale peuvent être versés à l’ASBL Caritas Secours, au compte : BE04 2400 8007 6231

    + Jean-Pierre Delville, Évêque de Liège

  • Une splendide édition de la procession de Hanswijk pour son 750ème anniversaire

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    750ste editie Hanswijkprocessie, Mechelen, 14 mei 2023 © Dienst Communicatie aartsbisdom Mechelen-Brussel

    750ste editie Hanswijkprocessie, Mechelen, 14 mei 2023 © Dienst Communicatie aartsbisdom Mechelen-Brussel

    De Geert de Kerpel sur kerknet :

    La 750e procession de Hanswijk s'est révélée une édition splendide

    15 MAI 2023

    Après des mois de préparation intense et avec la bénédiction des dieux de la météo, Notre-Dame de Hanswijk a de nouveau été portée dans les rues de Malines le 14 mai.

    À l'origine de la procession de la Hanswijk de Malines se trouvent les fléaux de la peste et d'autres maux qui ont également touché Malines au 13e siècle. Hanswijk se trouvait alors encore en dehors des murs de la ville et ses habitants ne savaient plus où donner de la tête. Avec leur statue de Marie, qu'ils vénéraient depuis 988, ils frappèrent à la porte de la ville, mais celle-ci resta fermée. Plus tard, la porte de Bruxelles fut ouverte et, selon la tradition, les maux cessèrent peu après. En remerciement, les habitants de Hanswijk transportent depuis lors chaque année leur statue de Marie à travers la ville lors d'une procession historique et religieuse.

    Une merveilleuse édition

    Après des mois de préparation intense, la statue de Notre-Dame de Hanswijk a traversé le centre de Malines dimanche dernier, le 14 mai 2023, pour la 750e fois. Cette année, les dieux de la météo ont été particulièrement cléments à l'égard de la procession. Après des semaines de pluie intense, le jour J, le ciel s'est dégagé et c'est sous un soleil radieux que la procession s'est élancée. Les 1 100 participants et les nombreux spectateurs le long du parcours ont pu profiter d'une édition splendide aux composantes à la fois historiques et religieuses. Le moment de prière final dans la basilique de Hanswijk était également très attrayant. Il était présidé par le cardinal Jozef De Kesel. Le nonce apostolique, Mgr Franco Coppola, et la plupart des évêques de notre pays ont également participé à cette édition festive.

    Dans la crypte de la belle basilique de Hanswijk, vous pouvez encore visiter l'exposition Door de stad gedragen over 750 jaar Hanswijkprocessie jusqu'au 11 juin. 

    Jetez également un coup d'œil au reportage de la télévision régionale RTV

  • Regard évangélique sur le relativisme de François

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    De Francis-George Sarpédon sur "Christianisme aujourd'hui" (magazine chrétien évangélique suisse) :

    Le pape François contesté au Vatican pour son relativisme

    © Youtube
    Évangéliques et catholiques se sont souvent regardés en chiens de faïence. Précurseur de l’ouverture, le pape tente des rapprochements. Au détriment de la foi elle-même?

    Lors de sa visite en Allemagne en 2011, Benoît XVI avait reproché aux luthériens de n’être «pas assez fidèles à la pensée originale de Martin Luther, en mettant de côté la question du péché et en ayant oublié son inquiétude envers le salut», selon le journaliste de La Vie, Jean Mercier. François se montre bienveillant envers les protestants traditionnels et évangéliques. Il a notamment visité une congrégation pentecôtiste «à titre privé» en juillet 2014. Et pourtant…

    Son refus d’évangéliser

    Les évangéliques ont longtemps affiché une distance, parfois hautaine, par rapport au catholicisme, souvent sans le connaître. Toutefois, on assiste aujourd’hui à un changement sans qu’ils connaissent la théologie de François. Ses gestes envers les évangéliques et autres protestants s’accompagnent pourtant de vues parfois radicalement différentes des leurs sur des points où ils sont censés s’accorder, comme le salut en Christ.

    En janvier 2016 déjà le Vatican avait présenté une vidéo avec le pape et quatre religieux – un catholique, une bouddhiste, un musulman et un juif – assurant tous croire en l’amour et être «tous enfants de Dieu», chacun montrant un symbole religieux, une poupée représentant Jésus nourrisson pour le prêtre. Ce premier message vidéo du pape quant à ses intentions de prière mensuelles appelait les croyants à collaborer, sans inciter à témoigner de la foi chrétienne.

    La polémique des statuettes de la déesse-Terre

    Dans cette veine, s’est tenue en 2019 une cérémonie en présence du pape autour de cinq statuettes de la déesse-terre andine Pachamama déposées dans les jardins du Vatican, avant le Synode sur l’Amazonie. Les représentations ont ensuite été placées devant l’autel principal à Saint-Pierre et «transportées en procession dans la salle du Synode». Des catholiques ont dénoncé «un acte d’adoration idolâtre de la déesse païenne», ce qu’a nié François par la voix de Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la Communication. Selon ce dernier, «ces statuettes représentent la vie, la fertilité, la terre-mère». Pas de quoi les rassurer.

    Cette approche diffère radicalement de celle de Benoît XVI, violemment critiqué en 2007. Il avait – maladroitement, mais avec un souci évangélique – déclaré que les Amérindiens, «sans le savoir, cherchaient [le Christ] dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le sauveur auquel ils aspiraient silencieusement.» Divers prélats ont critiqué les positions exprimées par le Synode. L’évêque Athanasius Schneider accusait même l’exhortation «Amazonie bien-aimée» du pape de soutenir implicitement «une spiritualité panthéiste et païenne», ajoutant que cet angle affaiblissait le mandat d’évangélisation de l’Eglise.

    Alors que Benoît XVI gardait une certaine distance non complaisante par rapport aux évangéliques, ses positions en matière de christologie et d’évangélisation étaient plus proches des leurs que ne le sont celles de François. Au-delà des apparences. Jusque sur les sujets sociétaux, le pape innove, nommant même l’activiste pro-avortement Maria Mazzucato à l’Académie pontificale pour la vie en 2022. Si François a nommé des cardinaux conservateurs, ils avaient dépassé l’âge limite pour voter (80 ans). En revanche, il multiplie les nominations de cardinaux électeurs sur sa ligne afin de pérenniser voire accentuer les mutations théologiques, «pas très catholiques».

  • La famille, antidote à la pauvreté et à l'hiver démographique (pape François)

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    De Vatican News (Alessandro Di Bussolo) :

    François: la famille, antidote à la pauvreté et à l'hiver démographique

    À l'occasion de la Journée internationale de la famille, instituée par l'ONU, le Pape demande dans un tweet sur son compte @Pontifex_fr de promouvoir dans tous les pays des politiques sociales, économiques et culturelles «favorables à la famille» et à «l'accueil de la vie».

    «La #famille est le principal antidote à la pauvreté, matérielle et spirituelle, ainsi qu’au problème de l'hiver démographique», écrit le Pape François dans un tweet publié ce lundi sur le compte @Pontifex_fr, à l'occasion de la Journée internationale de la Famille 2023, instituée par les Nations unies en 1989 et célébrée pour la première fois en 1993, à la veille de l'Année internationale de la famille 1994. «Des politiques sociales, économiques et culturelles favorables à la famille et à la vie doivent être promues dans tous les pays», poursuit le Pape.

    France et Italie des natalités en berne

    Le thème choisi par l'ONU pour cette Journée 2023 est en effet «Tendances démographiques et familles». Comme l'a fait remarquer François lui-même, vendredi 12 mai au matin, lors de la troisième édition des États généraux de la natalité organisée par le Forum des associations familiales en Italie, la péninsule compte «seulement 393 000» nouvelles naissances en 2022. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis l'unification de l'Italie, pour la première fois en dessous de 400 000 naissances en une année.

    La France a, quant à elle, connu sa natalité la plus basse depuis 1946. En 2022, le pays a comptabilisé 743 000 naissances, 19 000 de moins qu’en 2021.

    Les naissances, indicateur de l'espoir d'un peuple

    À cette occasion, le Souverain pontife avait exprimé sa préoccupation face au déclin démographique de l'Europe, car «la naissance d'enfants est le principal indicateur de l'espérance d'un peuple». Le Pape François a exprimé la même préoccupation à l'égard de la culture actuelle, «ennemie» de la famille, qu'il a exhorté à contrer en mettant au monde de nouvelles vies. Il a également expliqué qu'il fallait surmonter ces «conditions presque insurmontables pour les femmes», «les plus abîmées» et «esclaves de ce travail sélectif». Pour ce faire, «des politiques clairvoyantes sont nécessaires» qui prépareront un terrain fertile «pour faire fleurir un nouveau printemps et laisser derrière soi cet hiver démographique». Il a recommandé de ne jamais opposer «natalité et accueil».

  • Charles III "défenseur de la foi", oui, mais laquelle ?

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    De Pierre Banister sur La Sélection du Jour :

    Le roi Charles III : défenseur de quelle foi ?

    Dans les mois qui ont précédé le couronnement du roi Charles III le 6 mai, la question de son attitude à l'égard de l'un des titres les plus paradoxaux du monarque britannique, « défenseur de la foi », a fait l'objet de nombreuses discussions. Ironiquement, cette appellation, historiquement associée à celle du gouverneur de l'Église d'Angleterre fondée par le roi Henri VIII en opposition à Rome, est en fait d'origine catholique, accordée à ce même roi par le pape Léon X en 1521 en reconnaissance de l'opposition du jeune Henri aux thèses de Luther promulguées en 1517. Le titre est resté malgré la rupture avec la Papauté en 1536, mais accompagné plus tard d’un serment farouchement anticatholique récité par les monarques britanniques entre 1701 et 1910, jurant de défendre la religion protestante réformée et qualifiant les pratiques du catholicisme de « superstitieuses et idolâtres ».

    Lors d'un entretien controversé en 1994, Charles, alors prince de Galles, avait suscité beaucoup de commentaires en exprimant sa préférence pour une modification de la formulation « défenseur de la foi » en faveur de l'expression plus large « défenseur de foi(s) ». En 2015, s'adressant à la BBC, le futur monarque a précisé qu'il souhaitait être « perçu comme un protecteur des croyances », respectant « l'inclusion de la foi des autres et leur liberté de culte dans ce pays ». Dans une certaine mesure, on pourrait lire ces propos comme une simple reconnaissance de l'évolution de la démographie religieuse dans le Royaume-Uni contemporain, pays de plus en plus laïc et pluraliste. Des chiffres récents indiquent que le pourcentage de Britanniques se décrivant comme « chrétiens » a fortement diminué en dix ans (de 59,3% en 2011 à 46,2% en 2021), les personnes « sans religion » passant de 25,2% à 37,2%. Dans le même temps, les religions non-chrétiennes sont devenues de plus en plus visibles dans la vie publique : le Premier ministre actuel Rishi Sunak (qui a lu un passage de la Bible lors de la cérémonie de couronnement) est hindou pratiquant, tandis que le nouveau Premier ministre écossais, Humza Yousaf, est musulman. 29,9% de la population de la deuxième ville d'Angleterre, Birmingham, est islamique, et il n'est pas rare au R.-U. de voir des églises désaffectées transformées en mosquées.

    Toutefois, un examen plus approfondi semble indiquer que le souhait exprimé par Charles d'être un « protecteur des croyances » serait plus qu'un constat de la nature post-chrétienne de la société britannique. Bien qu'il ait affirmé son appartenance à l'église anglicane, il est clair que ses propres intérêts spirituels sont assez éclectiques. On a par exemple noté son penchant pour l'Orthodoxie : son père, le prince Philip, avait été baptisé grec orthodoxe, et sa grand-mère, la princesse Alice de Battenberg, est devenue religieuse orthodoxe (avec quelques accents fort ésotériques). Très critique à l'égard du sécularisme moderne, Charles s'intéresse vivement aux religions non-chrétiennes, non seulement au niveau sociologique mais aussi en raison de son engagement en faveur de la philosophie pérenne d'auteurs tels que René Guenon (1886-1951), selon laquelle toutes les religions seraient les expressions diverses d'une vérité primordiale. Charles est notamment perçu comme islamophile (avec une prédilection pour le mysticisme soufi), convaincu que l'islam a conservé une vision holistique de la relation entre l'humanité et la nature que le christianisme aurait largement perdue. Le lien est évident ici avec l'environnementalisme de Charles, qui remonte à l'influence personnelle de l'écrivain sud-africain Laurens van der Post, disciple mystique de Carl Jung, sur le jeune prince.

    Si le roi Charles s'en est finalement tenu à la formule traditionnelle de « défenseur de la foi » lors de son couronnement, sa vision très large de la spiritualité, en tension évidente avec le christianisme historique de sa mère, la Reine Élisabeth II, soulève une série de questions intrigantes. Dans quelle mesure le roi Charles, en tant que monarque, continuera-t-il à poursuivre ses propres intérêts philosophiques et son activisme environnemental, et avec quel impact sur la vie publique britannique ? Voyant l’inclusivité de la cérémonie anglicane de couronnement non seulement par rapport à d’autres confessions chrétiennes mais aussi d’autres religions, il sera intéressant de voir si le roi Charles (et l’Église d'Angleterre dont il reste techniquement le gouverneur) s’orientera désormais vers le dialogue interreligieux à partir d'un point de vue expressément chrétien, ou plutôt vers une vision syncrétiste. Et peut-être plus inquiétant encore pour certains, il y a la question d'un rapport éventuel entre le programme globaliste du Forum économique mondial et l'éco-spiritualité œcuménique de Charles, qui a proclamé la nécessité d'une « Grande Réinitialisation » en 2020 à côté de Klaus Schwab, président du Forum de Davos. Seul l'avenir nous dira si le « défenseur de la foi » britannique deviendra de facto l'apôtre d'un gouvernement mondial unique, avec la philosophie pérenne fusionnée avec l'écologie comme religion mondiale.

    Pour aller plus loin :

    Charles III et le rapport de la monarchie britannique au pluralisme religieux

    >>> Lire l'article sur : Observatoire international du religieux

  • Saint Simon Stock et le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel

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    mignard-n-saint-simon-stock-232x300.jpgSaint Simon Stock est fêté aujourd'hui. Catholique.org propose la notice biographique qui suit (et qui est empruntée à Mgr Paul Guérin, édition 1863, p. 229-233 -- Bollandistes, Paris, éd. 1874, tome V, p. 582, ...avec les inconvénients d'un style hagiographique assez daté.)

    Anglais d’origine, saint Simon Stock naquit d’une très illustre famille du Kent dont son père était gouverneur. Lorsqu’elle le portait, sa mère le consacra à la Sainte Vierge. On le voyait souvent tressaillir entre les bras de sa mère lorqu’elle prononçait le doux nom de Marie. Pour apaiser ses cris et ses pleurs, il suffisait de lui présenter une image de la Vierge Marie. Il n’avait pas encore un an qu’on l’entendit plusieurs fois articuler distinctement la salutation angélique. Cette dévotion précoce ne peut provenir que d’un mouvement extraordinaire de l’Esprit-Saint.

    A douze ans, Simon se retira au désert dans le creux d’un arbre, d’où lui vint le surnom de Stock qui signifie "tronc", en langue anglaise. Sa nourriture consistait en herbes crues, quelques racines et pommes sauvages, un peu d’eau claire lui servait de breuvage.

    Lire la suite