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Art - Page 38

  • Retour sur l'exposition consacrée aux frères Van Eyck à Gand

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    De Céline Vicq sur le site de l'Homme Nouveau :

    Jan Van Eyck : Une Révolution optique

    Jan Van Eyck : Une Révolution optique
    Jan (Maaseik?, vers 1390 -Bruges, 1441) et Hubert van Eyck (Maaseik, vers 1366/1370 -Gand, 1426), L’Adoration de l’Agneau mystique, 1432. Cathédrale Saint-Bavon, Gand © www.lukasweb.be -Art in Flanders vzw

    À l’heure où cet article est rédigé, nous ne savons pas si cette exposition grandiose et inédite, sera prolongée ou pas. Quoiqu’il en soit, elle donne l’occasion d’évoquer l’œuvre génial de Van Eyck (v. 1390- 1441) et son extraordinaire Adoration de l’Agneau mystique (1432), en pleine restauration depuis 2012.

    C’est en effet au Musée des Beaux-Arts de Gand, en Belgique, que ce splendide retable est nettoyé par étapes successives. Les restaurateurs ont retiré des vernis jaunis et supprimé des parties surpeintes. Il est habituellement conservé dans une chapelle de la cathédrale Saint-Bavon de cette même ville.

    L’exposition s’est organisée autour des huit panneaux de la partie fermée du polyptyque, peints par les frères Van Eyck. Selon la tradition, ce fut Hubert, l’aîné, qui reçut la commande mais c’est Jan qui la réalise après sa mort. Ils sont présentés comme des tableaux autonomes, ce qui n’est pas leur fonction et leur font un peu perdre leur sens puisqu’ils sont ensemble un véritable traité théologique, mais le visiteur les voit de près. On peut admirer la finesse du travail, du dessin, du détail et de l’utilisation de la peinture à l’huile, avec ses subtils glacis participant au rendu de la lumière et de l’ombre. Jamais avant Van Eyck, une telle précision n’avait été atteinte.

    Treize de ses œuvres sont montrées sur la vingtaine connue, confrontées aux artistes de son temps (Fra Angelico, Benozzo Gozzoli…). Il y a les portraits en pied d’Adam et Ève après la désobéissance, une feuille cache leur sexe. Ce sont les premiers nus connus d’une telle taille, d’un réalisme saisissant – les veines apparaissent sur les mains d’Adam (avant celles du David de Michel-Ange). Avec eux, le mal est entré dans le monde. Le meurtre d’Abel par son frère Caïn, au-dessus de la tête d’Ève, l’illustre…

    Habituellement ces représentations d’Adam et Ève sont placées aux extrémités du registre supérieur du polyptyque. Leur situation, selon le Père Peter Schmidt, spécialiste du retable, indique qu’ils ont été rachetés. Le Roi des rois est lui-même, au centre de la composition. À sa droite, la Vierge Marie, couronnée et portant un vêtement d’un bleu splendide, baisse humblement les yeux, à sa gauche saint Jean-Baptiste le précurseur indique de son doigt le Seigneur. De splendides anges musiciens, de part et d’autre, embellissent la composition. Sur le registre inférieur c’est l’Adoration de l’Agneau mystique qui est figuré dans un langage d’une richesse extraordinaire tant sur le plan plastique que théologique. Ceci montre la grande érudition de Van Eyck et son extraordinaire inspiration visionnaire, même s’il était probablement conseillé par les ecclésiastiques de son temps.

    Revenons à l’exposition, où il est donné à contempler d’autres magnifiques peintures dont La Sainte Barbe de Nicomédie. Cette huile sur panneau qui peut sembler inachevée, divisent les spécialistes. Certains la voient comme un tableau fini à cause de la précision des détails. Peu importe, une fois de plus, elle montre le génie du maître, son sens inouï de la composition, son observation de l’architecture dans le moindre détail. C’est une œuvre signée et datée de 1437.

    Ailleurs sont donnés à voir des très beaux portraits dont ceux des donateurs du polyptyque Jodocus Vydt et son épouse Élisabeth Borluut, d’un grand réalisme. Les rides, les verrues et autres signes du vieillissement sont fidèlement rendus…

    Un regard nouveau, personnel et original sur le monde, une dextérité inouïe dans le dessin et l’utilisation de la peinture à l’huile, une érudition époustouflante caractérisent ce peintre de génie. Une exposition passionnante !

    Musée des Beaux-Arts de Gand, Fernand Scribedreef 1, 9000 Gent (Belgique)
    +32 (0)9/323 67 00 – museum.msk@gent.be

    Cathédrale Saint-Bavon, Sint-Baafsplein, 9000 Gent, Belgique. +32 9 269 20 45.

    Une belle émission réalisée par Kto présentant le retable de l’Adoration de l’Agneau mystique est visible en ligne.

  • "La civilisation bâtie par nos pères dans la foi a été un facteur de progrès inégalé"

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    Des propos recueillis par Aymeric Pourbaix sur le site de France Catholique :

    L’Église, des barbares à l’incendie de Notre-Dame

    «  L’âge des bâtisseurs est de retour »

    24 avril 2020

    La Sainte Chapelle, fleuron de la civilisation médiévale. Construite par Saint Louis à partir de 1241 pour abriter les reliques de la Passion du Christ. CC by : gnosne

    L’incendie de Notre-Dame, il y a un an, a provoqué de nombreuses réflexions sur le thème de «  comment rebâtir  » ? Docteur en philosophie, prêtre du diocèse de Washington (États-Unis), ayant vécu à Rome et francophile, l’abbé William Slattery livre une contribution originale sur le rôle des catholiques dans la construction de la civilisation occidentale. Synthèse passionnante d’érudition, sa vision de l’histoire de l’Église s’oppose résolument à la vision matérialiste ou fataliste : elle est pleine d’espérance.

    Dans votre livre-enquête, Comment les catholiques ont bâti la civilisation (éd. Mame), pourquoi focaliser votre regard sur le rôle des prêtres ?

    Abbé William J. Slattery : Dans l’histoire du premier millénaire, on constate qu’après la chute de l’Empire romain, ce sont les moines, puis les milliers de prêtres dans les paroisses, qui seront acteurs de la reconstruction de la civilisation, au milieu des barbares. Certes ils ne sont pas les seuls – il y eut de saints monarques comme Saint Louis, de saintes femmes comme Claire d’Assise, etc. Mais comme l’a dit le pape Pie XI, «  tous les bienfaits que la civilisation chrétienne a portés dans le monde sont dus, du moins à leur origine, à la parole et à l’action du sacerdoce catholique  ». Certes il y eut des héritiers indignes, pour parler comme saint Léon le Grand. Mais qui a fait autant pour l’humanité, et par amour, que des prêtres comme saint Vincent de Paul et Jean-Baptiste de La Salle ? Il s’agit de la plus longue chaîne d’abnégation que le monde ait jamais connue !

    L’objectif n’est pas de demeurer dans la nostalgie du passé, mais d’avancer vers l’avenir tels des héritiers qui n’ont pas à rougir, parce que la civilisation bâtie par nos pères dans la foi a été un facteur de progrès inégalé. Et qu’ils ont permis, selon le mot de Chesterton, de transformer une «  épave  » – l’Empire romain – en «  sous-marin  », capable de remonter à la surface après le naufrage.

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  • Benoit Dumon: motet pour un temps de confinement

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    Pour parodier la pandémie du coronavirus, un jeune chanteur de talent interprète un motet de son cru, écrit dans un latin un peu fâché avec la grammaire mais dont l'enregistrement des voix respecte les règles du confinement. Très réussi:

    Ref. Pour les amateurs de latin niveau CM2

    JPSC

  • L’adoration de l’Agneau Mystique : un retable d'une richesse inouïe

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    De KTO :

    L’adoration de l’Agneau Mystique

    13/04/2020

    "L’Adoration de l’Agneau mystique", chef-d’oeuvre de la peinture primitive flamande est l’une des oeuvres d’art majeures des frères VAN EYCK. Installé en 1432 en la Cathédrale Saint-Bavon, à Gand, en Belgique, ce retable des deux peintres flamands était situé derrière l’autel de l’église. Il n’était ouvert que les jours de fêtes chrétiennes, ne laissant apparaître la richesse de ses illustrations peintes que ponctuellement dans l’année. Un véritable trésor qu’il était rare de pouvoir contempler. Ce documentaire explore ce retable d’une richesse inouïe. A travers cette oeuvre majeure de notre univers culturel, il nous fait parcourir une époque particulièrement tournée vers les représentations religieuses, quand les « mécènes » passaient commande d’oeuvres édifiantes que l’on trouvait dans les églises et les cathédrales. Ce retable nous parle de l’Ancien Testament, et du Nouveau., en son centre, le Christ métaphoriquement représenté comme un agneau. Le retable est une « image » de la Bible.

  • Stéphane Bern : « Notre-Dame de Paris est d’abord un lieu de culte »

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    Animateur de radio et de télévision, notamment des émissions «Secrets dHistoire» et «Le village préféré des Français», Stéphane Bern a créé, en 2017, une mission qui porte son nom pour aider le patrimoine en péril, en partenariat avec le ministère de la Culture, la Fondation pour le patrimoine et la Française des Jeux.

    La mission Stéphane Bern en chiffres:

    • Les acteurs publics ou privés peuvent bénéficier de l’aide de la mission pour sauvegarder les monuments historiques.
      • 3
      500 sites signaléset 390 projets sélectionnés en deux ans.
      • 25 millions d’euros
      : c’est ce qu’ont rapporté les jeux Mission Patrimoine. S’y ajoutent 10 millions d’euros de dons, mécénats et parrainages.

    Le verbe haut et libre, le célèbre animateur est l’un des plus fervents défenseurs de notre patrimoine religieux. À commencer par Notre-Dame de Paris dont nous célébrons le premier anniversaire de l’incendie.

    A cette occasion Bertrand Duguet et Hugues Lefevre l’ont interviewé pour le magazine « Famille Chrétienne » :

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    « Qu’avez-vous ressenti le 15 avril 2019, soir de l’incendie de Notre-Dame, dont nous célébrons cette semaine le premier anniversaire ?

    Face à ce terrible spectacle, vous ne savez pas pourquoi, les larmes jaillissent. J’ai toujours du mal à en parler sans éprouver une forte émotion. Voir la flèche tomber a été une vision intolérable. Cette image me hantera toute ma vie. J’aurais aimé ne jamais avoir à vivre ce drame.

    Pourquoi cet événement a-t-il suscité autant d’émotion ?

    D’abord parce que Notre-Dame est le livre d’Histoire de la France depuis huit cent cinquante ans. La cathédrale a rassemblé régulièrement les Français. Citons par exemple le sacre de Napoléon, le baptême de Napoléon III, la Libération de Paris, les obsèques du général de Gaulle.

    Le deuxième point qui m’a frappé est la stupéfaction et l’incrédulité que nous tous, Français, avons ressenties. En réalité, c’est parce que ce monument n’était pas destiné à partir avant nous. Nous ne sommes que de simples mortels qui passons. Notre-Dame était supposée être éternelle. Nous avons mesuré sa fragilité. Ce n’est pas dans l’ordre naturel des choses. L’ordre naturel, c’est que Notre-Dame reste et que nous, nous passions.

    Enfin, ma troisième réflexion est que la cathédrale avait résisté aux révolutions, aux pillages, aux ravages... Mais elle n’a pas résisté à l’arrogance de la modernité. Elle n’a pas résisté à ces « On sait mieux faire que tout le monde et que les anciens ». Elle n’a pas résisté malgré nos moyens techniques ultramodernes. Elle n’a pas résisté à ce cumul d’incompétence et d’inconséquence.

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  • La prière d'Andrea Bocelli dans la cathédrale de Milan

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    Du site du SoirMag.be :

    L’émouvante prestation d’Andrea Bocelli, seul dans la cathédrale de Milan (vidéo)

    Le moment était unique et émouvant. Ce dimanche 12 avril, Andrea Bocelli a chanté, seul dans la cathédrale de Milan déserte, seulement accompagné d’un organiste. Pour le ténor italien, il s’agissait plus d’une « prière » que d’un concert, à l’occasion du dimanche de Pâques. Sa prestation d’une demi-heure a été diffusée en direct sur Youtube. Et en ce lundi de Pâques, la vidéo a déjà été visionnée près de 24 millions de fois, rapporte BFM TV.

    « Prier, dans la maison de Dieu et le jour de la principale célébration chrétienne, pour que nous puissions surmonter le plus tôt possible cette période dramatique et repartir avec une conscience nouvelle pour arriver à une nouvelle façon de s'occuper de son prochain et de la planète », avait déclaré le chanteur pour expliquer son projet.

    En hommage aux victimes du coronavirus et à l’occasion de Pâques, Andrea Bocelli a ainsi entonné plusieurs airs de circonstance tels que le « Santa Maria » de Pietro Mascagni, l’« Ave Maria » de Charles Gounod ou encore le cantique chrétien « Amazing Grace ». Il a conclu sa « prière » à l’extérieur de la cathédrale de Milan. Un appel aux dons avait été lancé également, parallèlement à la diffusion du concert. Plus de 220 000 euros ont été récoltés par l’association du ténor, pour les hôpitaux italiens.

  • Nous savons que le Christ est vraiment ressuscité !

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    Goûtons, encore et encore, à la joie pascale durant ces jours de l'octave. Cette belle séquence grégorienne (XIe siècle) nous y aidera :

    Victimæ paschali laudes
    immolent Christiani.

    Agnus redemit oves:
    Christus innocens Patri
    reconciliavit peccatores.

    Mors et vita duello
    conflixere mirando:
    dux vitae mortuus,
    regnat vivus.

    Dic nobis Maria,
    quid vidisti in via?

    Sepulcrum Christi viventis,
    et gloriam vidi resurgentis:

    Angelicos testes,
    sudarium, et vestes.

    Surrexit Christus spes mea:
    praecedet suos in Galilaeam.

    Scimus Christum surrexisse
    a mortuis vere:
    tu nobis, victor Rex, miserere.
    Amen. Alleluia!

    À la Victime pascale, les chrétiens offrent un sacrifice de louanges.

    L'Agneau a racheté les brebis ;

    le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec le Père.

    La mort et la vie se sont affrontées en un duel admirable

    le guide de la vie, bien que mort, règne vivant.

    Dis-nous, Marie, ce que tu as vu en chemin.

    J'ai vu le tombeau du Christ vivant et la gloire de sa résurrection,

    Les anges témoins, le suaire et les vêtements.

    Christ, notre espérance, est ressuscité, il précèdera les siens en Galilée.

    Nous savons que le Christ est vraiment ressuscité des morts.

    Toi, Roi vainqueur, aie pitié de nous.

    Ainsi soit-il, Alleluia!

  • La Passion selon Charles Péguy

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    Samir et le Théâtre en Partance ont passé des heures à enregistrer, préparer, mettre en scène ce texte que vous écoutez. Si vous le voulez bien vous pouvez les soutenir en donnant ce qui vous semble juste ici: https://www.leetchi.com/c/soutenir-la... ou si vous le préférez via paypal https://www.paypal.me/theatreenpartance Le cadeau qu'il nous font n'a pas de prix, ayons la simplicité de soutenir le travail de ceux qui donnent tant. La vidéo restera en ligne jusqu'à la Veillée pascale. P. David Lerouge

  • Ave Regina caelorum

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    Ave Regina est une prière catholique dédiée à la Vierge Marie, de Ave, « Salut », et Regina, « reine ». L'Ave Maria est beaucoup plus courant. C'est une des quatre antiennes mariales chantées dans l'office divin pendant toute l'année. Clément VI, pape de 1342 à 1352, l'y a ajoutée, en pensant à saint Éphrem et à Saint Jérôme. Elle est surtout priée de la fête de la présentation de Jésus le , jusqu'avant le jeudi saint. On lui donne une importance spéciale pendant le septuagésime, le carême et le temps de la passion. Son titre s'écrit parfois Ave Regina Cœlorum ou Ave Regina Cælorum en latin, ce qui signifie Salut, Reine des Cieux en français.

    Ses origines sont mystérieuses et son auteur est inconnu. On pense qu'elle remonte probablement au xiie siècle et certains disent que Bernard de Clairvaux ou Herman de Reichenau auraient pu la composer. Plus anciennement, c'était ce que l'on appelait une antienne de procession. Elle est mentionnée dans le Psautier de Saint-Alban. Le vers Dignare me laudare est particulièrement ancien. On l'a comparée à l'Akathistos, un hymne oriental. (source)

    Ave, Regina Caelórum
    Ave, Dómina angelórum,
    Salve, radix, salve, porta
    Ex qua mundo lux est orta.

    Gaude, Virgo gloriósa,
    Super omnes speciósa ;
    Vale, o valde decóra
    Et pro nobis Christum exóra.

    Salut, Reine des cieux !
    Salut, Reine des Anges !
    Salut, tige féconde !
    Salut, porte du Ciel !
    Par toi la lumière s’est levée sur le monde.

    Réjouis-toi, Vierge glorieuse,
    Belle entre toutes les femmes !
    Salut, splendeur radieuse,
    Implore le Christ pour nous.

  • Il y a cinq cents ans : la mort de Raphaël

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    De Paolo Ondarza sur Vatican News :

    Les sompteuses Chambres de Raphaël aux Musées du Vatican.

    Il y a 500 ans mourait Raphaël, peintre universel

    Il y a cinq cents ans, le 6 avril 1520, Raphaël, le grand peintre des Chambres (Aux Musées du Vatican) et de la Transfiguration, s'éteignait à l'âge de 37 ans. Son art, profondément chrétien, est aussi une parole de réconfort en ces jours d'épreuve.

    Un artiste universel dont la peinture continue de parler aux hommes et aux femmes de tous les temps. C'est ainsi qu'est défini Raphaël, cinq cents ans après sa mort, par Marzia Faietti, la commissaire de la grande exposition monographique qui est consacrée à l'artiste aux Ecuries du Quirinal de Rome jusqu'au 2 juin. Malgré la fermeture temporaire de l'exposition en raison de l'épidémie de Covid-19, des visites virtuelles ont été mises en place pour permettre aux visiteurs d'apprécier de chez eux les plus de cent œuvres du Maestro, rassemblées pour la première fois dans le cadre de l'exposition romaine.

    Un art proche du monde contemporain

    Ces chefs-d'œuvre visibles sur internet - explique Marzia Faietti - «accompagnent notre séjour forcé à la maison». L'art de Raphaël est en fait «plus proche du monde contemporain que nous le pensons, poursuit-elle. Ce cinquième centenaire tombe en plein dans l'urgence sanitaire qui a frappé le monde entier. Raphaël est un artiste de la paix et du dialogue : ces valeurs sont plus que jamais d'actualité dans un moment historique où la solidarité est un besoin essentiel». La commissaire espère qu'une fois la quarantaine terminée, le grand public pourra profiter pleinement de la «beauté poignante» des nombreux chefs-d'œuvre exposés.

    Le regard qui émeut

    Marzia Faietti nous conduit idéalement dans les salles des Ecuries, invitant chacun à se laisser interroger par le regard «intelligent et transparent» du portrait de Baldassarre Castiglione, qui, venant du Louvre, rencontre immédiatement notre regard au premier étage de l'exposition. «C'est un spectacle émouvant. Baldassarre était humaniste, diplomate, mais il était avant tout un ami de Raphaël. Il a partagé avec lui des idées et des visions de la vie. Cette œuvre, ajoute Faietti, transmet la beauté de la valeur de l'amitié».

    L'extase peinte

    Toujours au premier étage, on ne peut que s'arrêter en admiration devant l'intensité du Portrait de Léon X entre les cardinaux Giulio de' Medici et Luigi de' Rossi de la Galerie des Offices, un musée qui a contribué de manière décisive à la réalisation de l'exposition avec 50 prêts. L'exposition se poursuit par un arrêt obligatoire devant l'Extase de Sainte Cécile, aujourd'hui conservée à la Pinacothèque Nationale de Bologne et réalisée à l'origine pour l'église de San Giovanni in Monte in Bologna. «L'œuvre se trouvait devant le retable de Pérugin peint pour la même église quelques années auparavant. La comparaison entre les langues est significative" à la fois parce qu'elle met Raphaël en dialogue avec son maître et parce qu'elle met en évidence "le saut révolutionnaire" fait par l'étudiant» souligne Marzia Faietti qui précise que Raphaël  Raffaello s'efforce de décrire une extase réussit comme jamais auparavant.

    La visite se poursuit à l'étage supérieur des Ecuries avec les peintures dédiées aux merveilleuses figures féminines : la Fornarina, la Velata et les Madones ; parmi elles, la Madone d'Alba venue de Washington qui se distingue par «une réinterprétation des schémas de Leonard de Vinci» et «la très affectueuse Madone Tempi» arrivée de la Pinacothèque de Munich. Enfin, le rappel mutuel entre l'autoportrait de jeunesse de Florence et l'autoportrait avec ami l'œuvre de la maturité de Raphaël.

    Sommet de l'art chrétien

    L'historien de l'art Rodolfo Papa, président de l'Accademie urbaine des Arts à Rome, s'attarde également sur l'universalité de la langue de Raphaël : «Raphaël est le point culminant de toute la culture artistique occidentale et chrétienne : il est l'aboutissement d'une tradition qui a conduit au développement d'un art propre au christianisme». Selon Rodoflo Papa, Raphaël reste «un modèle encore valable aujourd'hui» pour les inventions artistiques, ainsi que pour sa grande capacité de dessin. Parmi les nombreuses œuvres de la production d'Urbino, on ne peut oublier les célèbres tapisseries, extraordinairement exposées à la Chapelle Sixtine du 17 au 23 février dernier. "Celle qui représente la conversion de Paul - se souvient le professeur Papa - a influencé les fresques de la Chapelle Paoline de Michel-Ange et, à travers elles, le chef-d'œuvre homonyme Odescalchi du Caravage"». La grandeur de Raphaël réside ainsi dans sa capacité à contenir l'ancien, qui l'a précédé, et à inventer un art qui deviendra un modèle pour les siècles suivants.

    L'obscurité et la lumière de la Transfiguration

    L'art est une consolation. En ces temps marqués par l'épidémie de coronavirus, Rodolfo Papa se souvient de ce qu'il appelle le «plus grand chef-d'œuvre» de Raphaël, la Transfiguration qui est exposée aux Musées du Vatican. C'est l'œuvre que le Maître a peinte pendant les derniers jours de sa vie et qu'il voulait dans la chambre à coucher d'où il a rendu son dernier souffle. «C'est une peinture consolatrice parce qu'elle montre le chemin : dans le moment de besoin, de difficulté, de tribulation, d'obscurité», l'espoir est tourné vers la lumière de la Transfiguration du Christ. La peinture de Raphaël offre également une référence à la politique. «Face à la crise profonde d'une culture néo-libérale centrée sur le marché» et qui favorise la culture du rejet des plus faibles et des plus vulnérables, les fresques de la salle de la Signature au Vatican - explique encore Rodolfo Papa - nous rappellent sur quoi doit se fonder le bien commun : le droit, la philosophie, la théologie, la poésie et la peinture, fondements architecturaux sur lesquels doit se construire la polis selon la vision chrétienne, dans un savoir unique». 

  • L'Agneau mystique des Van Eyck : une douce lumière

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    Du Père Max Huot de Longchamp sur France Catholique :

    L’Agneau mystique de Van Eyck

    Lumière venue du Nord

    mercredi 1er avril 2020

    © Saint-Bavo’s Cathedral, www.artinflanders.be, photo KIK-IRPA

    Le tableau de Van Eyck est baigné de la spiritualité de son époque, notamment de L’Imitation de Jésus-Christ.

    La douce lumière des Pays-Bas baigne la vision de L’Agneau mystique des frères Van Eyck, lumière naturelle tamisée par les brumes du Nord, et lumière surnaturelle émanée de L’Imitation de Jésus-Christ, très certainement due à leur voisin et contemporain, Thomas a Kempis.

    « Devotio moderna »

    Nous sommes à cet automne du Moyen Âge célébré par Huizinga, au moment où s’éteignent les derniers feux de la chrétienté, et où s’éveille ce qu’il est convenu d’appeler la devotio moderna – courant de spiritualité et de réforme intérieure, toute d’intériorité et de recueillement. Là où l’iconographie médiévale était dominée par le Christ Pantocrator dans une vision de gloire du mystère chrétien, l’Imitation nous dit que « toute la gloire et la beauté de Jésus sont à l’intérieur, et c’est là qu’il vient fréquemment visiter son ami, qu’il s’entretient doucement avec lui et le console gracieusement, avec une abondance de paix et une familiarité vraiment incroyable  » (Imitation, II, 7).

    Peste et guerre

    Et tandis qu’au-dehors la guerre de Cent Ans et la grande peste dévastent l’Europe, le centre de gravité de la vie chrétienne, en même temps qu’il s’intériorise, se déplace de la terre vers le Ciel. « La paix viendra au jour déterminé, que le Seigneur connaît ; alors il n’y aura plus le jour et la nuit, mais la lumière perpétuelle, la clarté sans fin, la paix solide et le repos assuré. Tu ne diras plus : "Qui me libérera de ce corps de mort ?" (Ro 7, 24), et tu ne t’exclameras plus : "Malheur à moi, car mon exil se prolonge !" (Ps 119, 5) car la mort sera détruite et le salut sera complet, l’angoisse aura disparu, il n’y aura que joie et bonheur, en douce et gracieuse compagnie » (III, 47).

    Vision de paix

    Le triptyque de L’Agneau mystique anticipe cette vision de paix, vision tout intérieure, car « le Royaume de Dieu est au-dedans de vous, dit le Seigneur » (II, 1).

    On comprend alors la place d’Adam et Ève sur les volets extérieurs du retable ; les deux inscriptions latines placées sous leurs pieds l’explicitent : «  Adam nous précipite dans la mort  » et «  Ève fut la cause de la mort  ».

    Du péché d’Adam à l’Apocalypse, toute l’histoire du salut porte l’humanité et la création tout entière vers l’Agneau immolé, dont le sang jaillissant vient jusqu’à nous par le calice de l’eucharistie : «  Nous te rendons grâce, Créateur et Rédempteur des hommes, toi qui pour manifester ta charité au monde entier as préparé un repas magnifique, au cours duquel tu nous offres à manger non pas la figure d’un agneau, mais ton corps et ton sang très saints ! Tu y réjouis tous les fidèles par un festin sacré, et tu les enivres du calice du salut, et ils y trouvent toutes les délices du paradis. Et les anges s’y rassasient avec nous, quoique leur félicité y soit plus douce que la nôtre  » (IV, 11).

    Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à L’Agneau mystique de Van Eyck, icône du Jeudi saint, dans le magazine.

    L’exposition Van Eyck, au musée de Gand, qui devait se tenir jusqu’au 30 avril, est restée ouverte un mois et demi ; elle a eu un peu plus de chance que la grande exposition Raphaël, au Quirinal à Rome, qui a fermé trois jours après son ouverture. En ce temps de confinement chez soi, un site permet de regarder à la loupe, en macrophotographie, les œuvres de Van Eyck, dont L’Agneau mystique : http://closertovaneyck.kikirpa.be

     

    et aussi, de Mélina de Courcy :

    « Avec Van Eyck, le spirituel est dans la matière »

    Les douze panneaux peints du retable de l’Agneau Mystique de Gand, lorsqu’il est fermé, illustrent la scène de l'Annonciation. C’est la scène primordiale où tout bascule. L’espace clos de la chambre est élargi aux dimensions de l’univers. Marie, l’Ange Gabriel, juifs, païens, donateurs, disciples, tous attendent, groupés autour de deux petits panneaux centraux presque vides. Celui de gauche ouvre sur l’extérieur, le droit est envahi par le silence d’une nature morte. Une aiguière, un bassin luisent doucement, surmontés d’un trèfle de lumière sous un pinacle, tel un tabernacle.

    agneau mystique

    Plus étrange encore, un linge blanc constitue la partie la plus claire du tableau. Le tissu rêche devient linceul. Ce point mort bat comme un cœur, autour duquel les personnages semblent danser une ronde. Le peintre le place au centre, comme si l’objet le plus quotidien symbolisait une présence. L’ordinaire devient extraordinaire. Autant d’indices où l’esprit épouse la matière, qu’il transcende.

    Dans la réalité, il y a le symbole, qui donne à voir au-delà des apparences, et de tout confinement. Van Eyck interroge ainsi la banalité supposée, la richesse cachée, la profondeur insoupçonnée du sens de notre existence quotidienne. Le spirituel est dans la matière. Il demeure partout où l’on veut bien le voir.

    Mélina de Courcy, intervenante au Collège des Bernardins

  • "Stella coeli extirpavit" : une prière à la Vierge Marie en temps d'épidémie

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    Du site Liturgia (Schola Sainte Cécile) :

    Stella cœli extirpavit – Prière en temps d’épidémie à la Vierge Marie

    Prière en temps d'épidémie : prose Stella cæli extirpavit à la Vierge Marie

    Voici le texte latin de cette prière en temps d’épidémie avec une traduction française, suivie de son verset et de son oraison :

    Stélla cœli extirpávit,
    Quæ lactávit Dóminum,
    L’Etoile du Ciel, qui allaita le Seigneur, a extirpé la peste de la mort, qu’avaient planté les premiers parents de l’homme.
    Mórtis péstem, quam plantávit
    Prímus párens hóminum.
    Ipsa stélla nunc dignétur
    Sídera compéscere,
    Puisse cette même Etoile brillante daigner maintenant éteindre cette constellation dont les combats ont tué le peuple blessé par une mort amère.
    Quórum bélla plébem cædunt
    Díræ mórtis úlcere.
    Piíssima Stélla máris,
    A péste succúre nóbis.
    O très pieuse Etoile de la mer, protège-nous de la peste.
    Audi nos, Dómina, nam fílius tuus
    Níhil négans, te honórat,
    Ecoute-nous, ô Dame, car ton Fils t’honore en ne te refusant rien.
    Sálva nos, Jésu,
    Pro quíbus Vírgo María te órat.
    Sauve-nous, Jésus, nous pour qui la Vierge Marie te prie.
    ℣. Ora pro nobis, piíssima Dei Génitrix.
    ℟. Quæ contrivísti caput serpéntis, auxiliáre nobis.
    ℣. Prie pour nous, très pieuse Mère de Dieu.
    ℞. Toi qui a écrasé la tête du serpent, secours-nous.
    Orémus. Prions.
    Deus misericórdiæ, Deus pietátis, Deus indulgéntiæ, qui misértus es super afflictiónem populi tui, et dixísti Angelo percutiénti pópulum tuum : Cóntine manum tuam, ob amórem illíus Stellæ gloriósæ, cujus úbera pretiósa contra venénum nostrórum delictórum dúlciter suxísti ; præsta auxilium gratiæ tuæ, ut intercedente Beata Virgine Maria Matre tua et Beato Bartholomæo apostolo tuo dilecto, ab omni peste & improvísa morte secúre liberémur, et a totíus perditiónis incúrsu misericórditer salvémur. Per te Jesu Christe, Rex glóriæ, qui cum Patre & Spíritu Sancto vivis et regnas, Deus in sæcula sæculorum. Dieu de miséricorde, Dieu d’amour, Dieu de pardon, qui fut ému de compassion pour l’affliction de ton peuple, et qui dit à l’Ange dévastateur de ton peuple : « Retiens ta main » ; pour l’amour de cette Etoile glorieuse, dont le sein précieux t’a allaité avec douceur contre le venin de nos péchés, accorde-nous le secours de ta grâce, afin qu’à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie ta Mère, et du Bienheureux Barthélémy ton Apôtre bien-aimé, nous soyons délivrés en toute sûreté de toute peste et de la mort imprévue, et que nous soyons miséricordieusement sauvés de l’assaut de toute perdition. Par toi, Jésus-Christ, Roi de gloire, qui avec le Père et l’Esprit Saint vis et règnes, Dieu pour les siècles des siècles.
    ℟. Amen.  

    Les vers de cette prière en temps d’épidémie sont tirés d’une homélie sur la Nativité de saint Pierre Damascène, évêque de Damas au VIIIème siècle. Selon la tradition, ce texte fut offert sur un carton par saint Barthélémy apparaissant aux Clarisses de Coimbra au Portugal, alors que la ville était ravagée par la peste en 1317, afin qu’elles le récitent : le couvent fut épargné. Ce monastère avait été re-fondé en 1314 par la reine Isabelle d’Aragon (1271 † 1336), épouse de Denis Ier, roi du Portugal, elle y prit le voile et y mourut : elle est plus connue comme sainte Elisabeth du Portugal, vénérée sous son nom de religion depuis sa canonisation par le pape Urbain VIII en 1625.

    Cette prière se présente comme une prose ou séquence, à deux chœurs alternant versets par versets et se rejoignant pour chanter le verset final (qui est sans doute un trope ). La mélodie ci-dessus est donnée en rythme d’après le Cantuale Romano-Seraphicum, no. 122, p. 136-137 de 1951. On pourra la comparer à cette intéressante version interpolée publiée par Hermannus Mott à Cologne en 1660 : Musices choralis Medulla sive totius cantus gregoriani succincta ac fundamentalis traditio, pp. 60-65)

    De Coimbra, la prose se répandit largement dans tout l’Occident (par exemple, les chanoines de la collégiale Sainte-Croix de Poligny décident en 1575 de chanter perpétuellement cette prière en temps d’épidémie tous les jours avant la grand’messeles Ursulines de Nimes la chantent tous les jours après la messe lors de la peste de 1640). On la chantait en général avec son verset et son oraison, suivis des antiennes, versets et oraisons de saint Roch et de saint Sébastien, les deux principaux saints intercesseurs en temps de contagion (voyez par exemple ce bréviaire à l’usage des confrères de la célèbre confrérie des Pénitents blancs de Saint-Laurent-lès-Grenoble, édition de 1781).

    Une version grégorienne :

     
    Une belle version polyphonique, tirée des archives des Reductions jésuites du Paraguay :