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Belgique - Page 171

  • 15 millions d'euros pour le dépistage prénatal non invasif de la trisomie 21

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    Empêcher les enfants trisomiques de venir au monde, une priorité du gouvernement belge :

    LA BELGIQUE DÉBLOQUE 15 MILLIONS D’EUROS POUR LE DÉPISTAGE PRÉNATAL NON INVASIF DE LA TRISOMIE 21

      

    La Belgique remboursera presque intégralement le dépistage prénatal non invasif de la trisomie 21 (DPNI) à partir du 1er juillet. Les femmes enceintes devront compléter à hauteur de 8,68€ maximum, alors que le test coûte 290€ depuis décembre dernier (cf. Belgique : le prix du DPNI revu à la baisse). La ministre de la santé publique Maggie de Block a prévu un budget de 15 millions d’euros pour cette mesure, « qui rendra possible le remboursement de 100 000 tests par an ».  La mesure doit encore être confirmée par le Comité de l’assurance soins de santé ce lundi.

    Note Gènéthique :

  • La nouvelle formule du « Notre Père » entre en vigueur pour les Belges francophones à la Pentecôte, ce dimanche 4 juin prochain

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    Dans notre enfance pré-conciliaire on priait : « ne nous laissez pas succomber à la tentation » . Après Vatican II, pour faire plaisir entre autres aux protestants, on introduisit, en 1966, un contresens théologique en traduisant le grec de référence « καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν » par « ne nous soumets pas à la tentation » (il eût été possible de dire encore : "ne nous soumets pas à l’épreuve", le substantif peirasmos ayant aussi ce sens).

    Plus de cinquante ans après « le » concile, l’épiscopat belge fait enfin prévaloir la raison et la science linguistique sur un œcuménisme mal placé.  Vous direz désormais, comme nous l’avons appris du Sauveur : « ne nous laisse pas entrer en tentation » et, pour vous le faire savoir, le Curé-Doyen de la Ville de Liège vient de faire diffuser cette nouvelle version dans toutes les églises de la Cité Ardente, au verso d’une illustration représentant Jésus en prière.

    Monseigneur Léonard nous avait déjà expliqué, voici près de vingt ans, pourquoi la version de 1966 était insatisfaisante. Il n’est jamais trop tard pour le reconnaître :

    "Sur la question, dans son livre « Que Ton Règne vienne », (Editions de l’Emmanuel, 1998) Monseigneur Léonard, conserve le sens de « tentation » mais explique, un peu longuement, que la formule grammaticale grecque provient d’un hébraïsme mal traduit : «  il s’agit, écrit-il, de bien comprendre l’usage de la négation devant un verbe dont le substantif hébreu est conjugué à la forme causative, celle qui permet de passer de l’idée de « dormir », par exemple, à celle de « faire dormir ». En français, nous avons besoin de deux mots pour le dire. En hébreu, il suffit d’utiliser la forme causative ou factitive du verbe. C’est elle qui permet, dans notre texte, de passer de l’idée de « entrer dans la tentation » à celle de « faire entrer dans la tentation ». Que se passe-t-il si l’on met une négation devant la forme causative de la sixième demande ? Faut-il comprendre « ne nous fait pas entrer dans la tentation » ou bien « fais que nous n’entrions pas dans la tentation » ? Tel est exactement le problème. Pour un Sémite, la réponse est évidente d’après le contexte. La demande signifie : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation ». Exactement comme pour nous en français, si je dis : « je n’écris pas ce livre pour m’amuser », chacun comprend que j’écris effectivement ce livre (la preuve !), en dépit de la négation qui semble affecter  le verbe, mais que ce n’est pas pour m’amuser. Malgré les apparences, la négation ne porte pas sur « écrire », mais sur « pour » . Mais, dans son incommensurable bêtise, un ordinateur aurait pu comprendre que, pour pouvoir m’amuser, je n’écrivais pas ce livre… Qu’a fait ici le premier traducteur grec du « Notre Père » sémitique ? Le grec n’ayant pas de forme causative et ne connaissant pas davantage la tournure française « faire entrer », il a pris un autre verbe qu’ « entrer » , un verbe exprimant d’un seul mot, comme en hébreu, l’idée de « faire entrer », à savoir le verbe grec « introduire » et il a mis une négation devant ! Pour les lecteurs grecs connaissant encore les tournures sémitiques, l’interprétation correcte allait de soi. Mais, par la suite, l’expression allait forcément être mal comprise et prêter à scandale. Le problème est résolu si, instruit de ces petites ambigüités linguistiques, on traduit : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation » ou « garde-nous de consentir à la tentation ». De ce point de vue, l’ancienne traduction française du « Notre Père » était moins heurtante que l’actuelle (sans être parfaite), puisqu’elle nous faisait dire : « Et ne nous laissez pas succomber à la tentation ». La même  difficulté existant dans de nombreuses langues européennes, plusieurs conférences épiscopales ont entrepris de modifier la traduction du « Notre Père » en tenant compte du problème posé par la version actuelle. Espérons que les conférences épiscopales francophones feront un jour de même.

    Si nous traduisons correctement la sixième demande (« Garde nous de consentir à la tentation » !) alors tout s’éclaire. Dans la cinquième demande, nous avons prié le Père de nous remettre nos dettes passées. Dans la septième, nous allons lui demander de nous protéger, à l’avenir, du Tentateur. Dans la sixième, nous lui demandons logiquement, pour le présent, de nous préserver du péché en nous gardant de succomber à la tentation. »

    JPSC

  • Les évêques de Belgique commentent à leur tour l’exhortation pontificale « Amoris Laetitia »

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    Dans une Lettre pastorale (à lire intégralement ici )  adressée, hier 24 mai, «  aux prêtres, diacres et animateurs pastoraux » , les évêques de Belgique commentent à leur tour l’exhortation apostolique « Amoris Laetitia » publiée  par le pape François le 19 mars 2016.

    Du commentaire des évêques, nous extrayons ce passage consacré au point le plus « sensible » de l’exhortation pontificale :

    « [...] Nous voulons ici répondre plus longuement à une question particulière, plus précisément à la question et au désir de personnes divorcées remariées de pouvoir recevoir la communion durant l’eucharistie. Dès les temps apostoliques, recevoir l’eucharistie a été perçu comme quelque chose de très sérieux. C’est ainsi que Paul fait remarquer dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe : « Celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun s’éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire à cette coupe. » (1 Cor 11,27-28) Qu’est-ce que cela signifie pour des personnes divorcées remariées ? Au chapitre huit d’Amoris Laetitia, le pape François traite explicitement de cette question. L’indissolubilité du mariage appartient au trésor fondamental et irrévocable de la foi de l’Eglise. Dans Amoris Laetita, le pape François ne laisse planer aucun doute sur ce sujet. Mais pas plus sur le fait que toutes les situations devraient être abordées de la même manière. « Il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations ; il est également nécessaire d’être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition. » (AL 296) Les divorcés remariés continuent à faire partie de l’Eglise : « Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Evangile ! » (AL 297) Dieu ne leur retire pas son amour. Ils restent appelés à aimer Dieu de tout leur cœur et à aimer leur prochain comme eux-mêmes. Ils restent envoyés pour témoigner de l’évangile et prendre à cœur leur rôle dans la communauté d’Eglise. « Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et mûrir comme membres vivants de l’Eglise, la sentant comme une mère qui les accueille toujours, qui s’occupe d’eux avec beaucoup d’affection et qui les encourage sur le chemin de la vie et de l’Evangile. » (AL 299) Le ‘discernement’ est le concept central dans l’approche de cette problématique par le pape François. « L’Eglise a une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes. Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘irrégulière’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. » (AL 301) Amoris Laetitia ne formule aucune directive générale, mais demande le discernement nécessaire. Il arrive que quelqu’un qui n’a commis aucune faute soit abandonné par son conjoint. Mais il arrive aussi lors d’un divorce qu’une lourde faute ait été commise. Il reste également vrai que, quelles que soient les circonstances qui ont conduit au divorce, le nouveau mariage civil est en opposition à la promesse du premier mariage chrétien. Pourtant, le pape écrit : « Si l’on tient compte de l’innombrable diversité des situations concrètes, on peut comprendre qu’on ne devait pas attendre du synode ou de cette exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas. Il faut seulement un nouvel encouragement au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers .» (AL 300) On ne peut donc pas décréter que tous les divorcés remariés peuvent être admis à la communion. On ne peut pas non plus décréter qu’ils en sont tous exclus. Le cheminement de chaque personne demande le discernement nécessaire en vue d’une décision pastorale prise en conscience. Toute notre pastorale doit être orientée vers l’accompagnement, le discernement et l’intégration. Ce sont les trois concepts de base qui sont comme un refrain dont le pape François nous imprègne le cœur. La ligne directrice est celle d’un discernement (‘discretio’) personnel et de la communauté. Le pape appelle les divorcés remariés à « un examen de conscience, grâce à des moments de réflexion et de repentir. » (AL 300) Dans cette démarche de discernement, ils doivent pouvoir compter sur une aide et un accompagnement pastoral, plus précisément sur un dialogue avec un prêtre, un diacre ou un autre agent pastoral. Nous aussi, comme évêques, nous voulons être prêts à aider. Amoris Laetitia ouvre bien clairement une porte aux divorcés remariés pour qu’ils puissent recevoir « l’aide des sacrements » (cf. 5 AL 305, note 351). Mais cette décision, ils ne peuvent – pas plus que les autres croyants – la prendre à la légère. Le pape avance quelques critères : « Les divorcés remariés devraient se demander comment ils se sont comportés envers leurs enfants quand l’union conjugale est entrée en crise ; s’il y a eu des tentatives de réconciliation ; quelle est la situation du partenaire abandonné ; quelle conséquence a la nouvelle relation sur le reste de la famille et sur la communauté des fidèles ; quel exemple elle offre aux jeunes qui doivent se préparer au mariage. Une réflexion sincère peut renforcer la confiance en la miséricorde de Dieu, qui n’est refusée à personne. » (AL 300) Dans une telle démarche de discernement, juger en conscience est important de la part des personnes impliquées, tout comme des responsables pastoraux. Il est frappant de voir quel poids le pape François reconnait à la décision prise en pleine conscience par les croyants. A ce propos, il indique qu’(e comme évêques) « Il nous coûte de laisser de la place à la conscience des fidèles qui souvent répondent de leur mieux à l’Evangile avec leurs limites et peuvent exercer leur propre discernement dans des situations où tous les schémas sont battus en brèche. Nous sommes appelés à former les consciences, mais non à prétendre nous substituer à elles. » (AL 37) Une démarche de discernement ne conduit pas à un oui ou un non automatique à pouvoir communier. Il peut arriver que quelqu’un décide de ne pas recevoir l’Eucharistie. Nous avons le plus grand respect pour une telle décision. Il se peut aussi que quelqu’un décide en conscience de bien recevoir l’Eucharistie. Cette décision mérite aussi le respect. Entre le laxisme et le rigorisme, le pape François choisit la voie du discernement personnel et d’une décision prise soigneusement et en conscience. Comme évêques de notre pays, nous voulons exprimer notre grande appréciation et notre reconnaissance pour Amoris Laetitia et pour le chemin que nous indique le pape François. Dans Evangelii Gaudium, il nous pressait déjà : « sans diminuer la valeur de l’idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes possibles de croissance des personnes qui se construisent jour après jour. » (EG 44) En se référant à ce texte, il écrit maintenant : « Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus Christ veut une Eglise attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité : une Mère qui, en même temps qu’elle exprime clairement son enseignement objectif, ‘ne renonce pas au bien possible, même si elle court le risque de se salir avec la boue de la route’. » (AL 308) Chers amis, C’est sur ces mots du pape François que nous voulons conclure notre lettre [...] ».

    Tenir les deux bouts de la chaîne n'est pas facile.

    Nous connaissons tous de nombreuses personnes en situation matrimoniale objectivement irrégulière qui communient au Corps du Seigneur en toute bonne conscience anesthésiée par une pastorale qui court aujourd’hui les rues : celle  d’une miséricorde de Dieu éludant la question de sa justice.  Molina n’est pas la réponse adéquate à Jansénius et le primat du jugement de la conscience personnelle n’est pas le fondement légitime de celui-ci. Dans les « Pastoralia » de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles Mgr Léonard écrivait en juin 2012 :

    « Dire que j’agis bien quand j’agis conformément à ma perception du bien ou, en d’autres termes, reconnaître que la raison pratique ne m’oblige qu’à travers le prisme de ma conscience personnelle pourrait sembler conduire au subjectivisme et nous conduire aux impasses d’une pure morale de la sincérité. Il n’en est rien. Ma conscience est, certes, la norme subjective ultime de ma vie morale, mais à la condition expresse que je cherche honnêtement à rejoindre les exigences objectives de la loi naturelle. Agir autrement reviendrait à considérer que le sujet est l’auteur même de la valeur morale. Or ma conscience est bien le juge qui apprécie en dernière instance la valeur, mais elle n’est pas pour autant son fondement ! Un peu comme en droit un juge apprécie, en dernière analyse, le comportement d’un prévenu, mais sans être la source du code qui inspire son jugement.

    Pour être dans la vérité (et pas seulement dans la sincérité) et faire effectivement le bien, je dois donc éclairer ma conscience et l’éduquer afin que mon jugement personnel se rapproche autant que possible du jugement idéal de la raison droite, se soumette ainsi à la loi morale et, de la sorte, se conforme à la volonté de Dieu. Comme chrétiens, nous aurons donc à nous laisser éclairer non seulement par notre réflexion, mais encore par l’enseignement de Jésus, du Nouveau Testament et de l’Église. À cette condition seulement, je puis dire que j’agis bien si je me décide à l’action selon ma conscience. »

    Appliquant les préceptes de ce commentaire à la banalisation contemporaine du remariage et du concubinage dans notre pays, Mgr Léonard déclarait conséquemment, dans une conférence donnée le 28 janvier 2015 à l’Université de Liège (extrait):  

    « [...] J’ai déjà parlé un instant du soutien à apporter aux couples et aux personnes qui se retrouvent seules dans la vie. Je voudrais dire un mot  -cela reviendra peut-être dans les questions tout à l’heure- sur le fait que je suis partisan d’une pastorale très chaleureuse et proactive à l’égard des personnes qui se sont remariées civilement après un divorce civil ou qui vivent en concubinage. L’Eglise doit chercher le contact avec ces personnes, comprendre ce qui s’est passé dans leur vie et les aider à assumer leur situation, en conjoignant, comme le fait un psaume, amour et vérité.

    Autrement dit, je décourage les pastorales qui font comme si cette nouvelle union civile ou ce concubinage étaient ou pouvaient être un mariage sacramentel : non. Et il ne faut pas faire des choses qui y ressemblent car c’est autre chose. Oui, il y a, bien sûr, des éléments positifs qui se vivent mais ce ne sont pas des situations qu’il faut demander au Seigneur de bénir sacramentellement.

    Il n’y a que deux manières de répondre à ce que le Seigneur attend lorsqu’on se trouve dans une situation qui ne correspond pas à ce qu’il demande. Quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvions, pécheurs que nous sommes, il y a toujours un chemin de salut, mais il n’y a que deux manières tout à fait acceptables, comme chrétiens, de vivre cette situation :

    D’abord, c’est de se dire : au fond, l’homme ou la femme avec qui je vis n’est pas mon conjoint dans le Seigneur puisque mon conjoint, avec lequel je suis marié sacramentellement, est toujours là. Je ne peux pas en avoir deux. Cette seconde union ne peut pas être un signe sacramentel de l’alliance nouvelle et éternelle.

    Alors, première solution possible : j’en tire les conséquences. Je suis un chrétien à part entière, je participe à l’Eucharistie mais au moment d’exprimer sacramentellement, publiquement, objectivement, l’alliance nouvelle et éternelle, librement je m’abstiens de poser le geste sacramentel, parce que celui-ci est un geste objectif que contredit publiquement ma situation objective d’alliance rompue. Et je connais des gens qui font cela en sachant pourquoi, qui le font par amour et qui, dans cette abstention même, communient à la personne du Seigneur avec une intensité qui souvent m’émeut. En voyant cela, je me dis qu’ils communient au Seigneur peut-être plus profondément que moi quand il m’arrive (le plus rarement possible) d’être distrait en communiant et de me rendre compte que j’ai communié au Corps du Seigneur en pensant à ce qui allait suivre dans l’heure prochaine. Eh bien, cela, c’est une conclusion qu’on peut tirer : si elle est tirée avec amour, en ayant compris la profondeur de ce geste d’abstention, elle porte du fruit. J’en ai fait l’expérience chez toutes les personnes qui vivent cela.

    Il existe une autre voie possible, plus exceptionnelle et qui n’est pas recommandable sans une grande préparation, mais je la cite parce que cela existe et je connais des couples qui ont en effet tiré cette conclusion : après une conversion, ils se sont dit voilà, je vis avec une personne qui n’est pas mon conjoint dans le Seigneur. Je vais continuer de vivre avec cette personne, car on ne peut pas se séparer, il y a les enfants etc., mais je vais vivre avec mon conjoint une amitié qui s’exprime autrement que si c’était ma femme ou mon mari, qui trouve une autre forme d’expression, une tendresse qui n’est pas typiquement conjugale. Mais pour cela, il faut être bien préparé, bien motivé.

    Être dans d’autres situations qui ne sont pas telles que le Seigneur et l’Eglise le demandent cela ne veut pas dire que l’on est abandonné. Quand je reçois des personnes que ne peuvent vivre aucune des deux choses  que j’ai évoquées, je vis avec ces personnes avec respect, car je suis aussi un pécheur et je vis avec elles un chemin de conversion, d’espérance et de supplication adressée à la miséricorde de Dieu dans ma vie. Cela peut aussi se vivre positivement ».

    Paraphrasons l’archevêque émérite pour conclure: toujours, il faut l’amour et la vérité. L’amour sans la vérité flatte les gens mais cela ne les construit pas et la vérité sans l’amour les détruit, les écrase et ce n’est pas bon non plus. Tout l’art dans la formation des consciences, c’est de conjuguer les deux : le cœur et la vérité, avec cela je pense qu’on peut aller loin.

    JPSC 

  • Les évêques belges réagissent (enfin !) au texte d'orientation des Frères de la Charité concernant l'euthanasie de patients psychiatriques

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    Euthanasie et souffrance psychique – Déclaration des évêques de Belgique

    Le débat sociétal sur la question de l’euthanasie pour des patients psychiatriques qui ne sont pas en phase terminale est ouvert depuis longtemps. Les Frères de la Charité en Belgique ont récemment publié à ce propos un texte d’orientation, qui a suscité des réactions en sens divers. Mais cela faisait longtemps que ce thème particulièrement sensible faisait l’objet de discussions dans les médias, des revues spécialisées et des rapports.

    Nous voudrions réaffirmer ici notre profonde estime pour l’expertise et les soins attentifs de tant de personnes qui assurent la prise en charge de patients atteints de maux psychiatriques graves et de longue durée. Nous nous rendons compte combien l’accompagnement des personnes qui se trouvent dans ces situations désespérées peut être difficile et délicat. Pourtant, nous voulons en tant qu’évêques répéter ce que nous avons déjà dit à propos de l’euthanasie. De même, nous ne pouvons pas être d’accord que celle-ci soit pratiquée sur des patients psychiatriques qui ne sont pas en phase terminale. Nous partageons ce point de vue avec des citoyens par-delà les traditionnelles frontières idéologiques. Notre point de vue ne signifie nullement que nous voudrions délaisser la personne en souffrance. Nous sommes conscients que la souffrance psychique peut être immense et qu’une personne peut ainsi se retrouver totalement désespérée et sans aucune perspective. Mais c’est précisément dans cette situation qu’il faut lui rester proche et ne pas l’abandonner. Cela implique de pouvoir lui proposer des soins palliatifs qui soient appropriés aux personnes souffrant de troubles psychiques qui résistent à toute thérapie.

    Il n’y a pas que les chrétiens ou les responsables d’Eglise qui se posent des questions à propos de l’euthanasie. Elles font l’objet d’un débat de société. Il s’agit de questions fondamentales: qu’est-ce qui nous rend humain? qu’est-ce qui constitue une société humaine? qu’est-ce qui sert vraiment le progrès? Il y a de fait une limite et un interdit qui sont d’application depuis si longtemps, depuis les origines du vivre ensemble des hommes. Si nous y touchons, nous portons atteinte aux fondements mêmes de notre civilisation. C’est la raison pour laquelle nous en appelons à une grande retenue et à la poursuite du dialogue sur ces questions.

    Les évêques de Belgique

    Le discours de ces signataires d'une carte blanche publiée le 8 décembre 2015 paraissait plus clair : http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-mort-comme-therapie-la-difficulte-de-l-euthanasie-pour-seul-motif-de-souffrance-psychique-5666ec92357004acd0fe76a6

  • Non à l'euthanasie au sein des institutions des "Frères de la charité"; signons la pétition

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    Non à l'euthanasie au sein des institutions des "Frères de la charité"

     

    Le 24 avril 2017, les institutions psychiatriques des Frères de la Charité ont décidé d’autoriser l'euthanasie au sein de ses établissements. Cette décision est à l’opposé de la politique qui prévalait jusqu’à présent ; à l’opposé aussi de ce qu’enseigne l’Eglise catholique.

    C’est que les institutions psychiatriques des Frères de la Charité ont décidé de suivre la loi belge plutôt que l’Evangile. Or la loi belge permet l'euthanasie…

    Cette volte-face a immédiatement été dénoncée à Rome, par le supérieur général  de l’ordre, René Stockman. Mais, tandis qu'il déclarait son opposition véhémente à cette décision inique, le provincial belge des Frères de la Charité, responsable des institutions psychiatriques des Frères, a choisi de ne pas tenir compte de l'intervention de Stockman. En Belgique, l’obéissance, c’est comme la vérité, ce n’est guère dans l’air du temps.

    Au total, treize personnes siègent au conseil d'administration de l'association qui gère les établissements psychiatriques, dont trois frères de l'Ordre. Or l'art. 2. §1 des lois provinciales déclare ceci :

    "Le but de l'organisation est de fournir des conseils aux personnes en ce qui concerne leur développement humain, indépendamment de leur origine, de leur genre, de leur conviction ou de leur situation financière. Nous travaillons dans un esprit évangélique qui était celui de Pierre Joseph Triest, le fondateur de la congrégation des Frères de la Charité ".

    En outre, l'article 4. §4 des membres du conseil d'administration dit:

    "Les membres du Conseil contribuent à l’œuvre de l’ordre selon l’inspiration chrétienne de la mission générale des Frères de la Charité".

    Et qu'est-ce que dit cette déclaration de mission ?

    «En tant que membres et employés des Frères de la Charité, nous voulons approcher les personnes à travers une attitude de fidélité et d’amour. Nous trouvons notre inspiration dans les valeurs de l'Évangile et agissons à l'imitation de Jésus, notre Sauveur. Dans cette société, nous voulons créer des balises d'espoir et être les témoins de l'amour de Dieu. De cette façon, nous voulons améliorer la qualité de vie et contribuer à une société plus humaine où les pauvres et les plus fragiles puissent trouver leur place".

    Il est vraiment inadmissible de voir le Provincial des Frères de la Charité contredire maintenant ses propres valeurs, en décidant d'injecter des substances létales à certains de ses patients «faibles» plutôt que de leur procurer de la tendresse.

    Que le Conseil des Frères de la Charité ait pu prendre la décision de transformer leurs institutions en centres d’euthanasie au nom de l’Evangile est absolument invraisemblable.

    Le supérieur de l'Ordre à Rome et le Vatican ont indiqué leur intention de lutter contre cette décision.

    Cette pétition est adressée au conseil d'administration de la Province des frères de la charité afin qu’il suive l’Evangile et respecte la décision du Supérieur général de l’Ordre.

    A l'attention du conseil d'administration de la Province des frères de la charité

    Cette pétition est adressée au conseil d'administration de la Province des frères de la charité afin qu’il suive l’Evangile et respecte la décision du Supérieur général de l’Ordre.

    Nous sommes extrêmement inquiets quant à votre décision d'autoriser l'euthanasie dans les établissements psychiatriques qui vous ont été confiés. Et cette inquiétude, ne pourra disparaitre qu’à la seule condition que vous reveniez à l’Evangile et écoutiez ce que le Supérieur général de votre ordre vous demande.

    Par votre mission, vous êtes chargé au sein de votre communauté de  témoigner de l'amour de Dieu, et d’améliorer la qualité de vie des personnes en contribuant à la construction d’une société plus humaine où les pauvres et les plus fragiles trouvent leur place.

    Par conséquent, nous vous encourageons à revoir votre décision et à revenir à votre mission première.

    Bien respectueusement,

    SIGNER la PETITION

  • Belgique : appel urgent pour financer les soins palliatifs

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Belgique : appel urgent pour financer les soins palliatifs

    Alors que la Ministre des affaires sociales et de la santé publique, Maggie De Block, prépare un nouveau plan de financement hospitalier, les trois fédérations des soins palliatifs (bruxelloise, wallonne et flamande) demandent à ce qu’elle se positionne en faveur des soins palliatifs par la réaffectation des moyens du secteur curatif vers le secteur palliatif.

    Cela permettrait une véritable mise en application de la loi sur les soins palliatifs de 2016 qui bannit le prescrit légal de trois mois d’espérance de vie pour l’instauration des soins palliatifs et prône une introduction plus précoce et progressive en fonction des besoins du patient.

    En effet, d’après une enquête PICT de 2015, 16% des patients atteints de cancer en Belgique reçoivent une chimiothérapie au cours de leur dernier mois de la vie, alors que ces soins sont à ce stade souvent inutiles et très coûteux. En Belgique, plus qu’ailleurs en Europe, un grand nombre de personnes décèdent à l’hôpital, bien qu’elles préfèreraient généralement vivre leurs derniers instants chez elles.

    Alors que les soins palliatifs ont prouvé leur valeur et que les équipes soignantes croulent sous la charge de travail, il est grands temps d’investir dans les soins palliatifs, affirment les Fédérations.

     Source :  communiqué de presse des Fédérations des Soins Palliatifs

    Voir aussi Dossier de l'IEBStructure et évolution des soins palliatifs en Belgique

  • Reconnaître la primauté de l'Etat de droit ou obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ?

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    Les représentants des 6 cultes reconnus dans notre pays et ceux de la laïcité ont signé (voir ICI) une déclaration dans laquelle il s'agit notamment de reconnaître la "primauté de l'Etat de droit sur la loi religieuse". Voici un texte de Benoît XVI qui contredit radicalement cette Déclaration:
     
    "Saint Pierre se trouve devant l’institution religieuse suprême (le Sanhédrin), à laquelle on devrait normalement obéir, mais Dieu se trouve au-dessus de cette institution et Dieu lui a donné un autre « règlement »: il doit obéir à Dieu. L’obéissance à Dieu est la liberté, l’obéissance à Dieu lui donne la liberté de s’opposer à l’institution. Et les exégètes attirent ici notre attention sur le fait que la réponse de saint Pierre au Sanhédrin est presque ad verbum identique à la réponse de Socrate au juge du tribunal d’Athènes. Le tribunal lui offre la liberté, la libération, à condition cependant qu’il ne continue pas à rechercher Dieu. Mais rechercher Dieu, la recherche de Dieu est pour lui un mandat supérieur, il vient de Dieu lui-même. Et une liberté achetée en renonçant au chemin vers Dieu ne serait plus une liberté. Il doit donc obéir non pas à ces juges – il ne doit pas acheter sa vie en se perdant lui-même – mais il doit obéir à Dieu. L’obéissance à Dieu a la primauté.

    Il est important de souligner ici qu’il s’agit d’obéissance et que c’est précisément l’obéissance qui donne la liberté. L’époque moderne a parlé de la libération de l’homme, de sa pleine autonomie, et donc également de sa libération de l’obéissance à Dieu. L’obéissance ne devrait plus exister, l’homme est libre, il est autonome: rien d’autre. Mais cette autonomie est un mensonge: c’est un mensonge ontologique, car l’homme n’existe pas par lui-même et pour lui-même, et c’est également un mensonge politique et pratique, car la collaboration, le partage de la liberté est nécessaire. Et si Dieu n’existe pas, si Dieu n’est pas une instance accessible à l’homme, il ne reste comme instance suprême que le consensus de la majorité. En conséquence, le consensus de la majorité devient le dernier mot auquel nous devons obéir. Et ce consensus – nous le savons depuis l’histoire du siècle dernier – peut également être un « consensus du mal ».

    Nous voyons ainsi que la soi-disant autonomie ne libère pas véritablement l’homme. L’obéissance à Dieu est la liberté, car elle est la vérité, elle est l’instance qui nous place face à toutes les instances humaines. Dans l’histoire de l’humanité, ces paroles de Pierre et de Socrate sont le véritable phare de la libération de l’homme, qui sait voir Dieu et, au nom de Dieu, peut et doit obéir non pas tant aux hommes, mais à Lui, et se libérer ainsi du positivisme de l’obéissance humaine. Les dictatures ont toujours été contre cette obéissance à Dieu. La dictature nazie, comme la dictature marxiste, ne peuvent pas accepter un Dieu qui soit au-dessus du pouvoir idéologique; et la liberté des martyrs, qui reconnaissent Dieu, précisément dans l’obéissance au pouvoir divin, est toujours l’acte de libération à travers lequel nous parvient la liberté du Christ.

    Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous ne vivons pas sous une dictature, mais il existe des formes subtiles de dictatures: un conformisme qui devient obligatoire, penser comme tout le monde, agir comme tout le monde, et les agressions subtiles contre l’Eglise, ainsi que celles plus ouvertes, démontrent que ce conformisme peut réellement être une véritable dictature. Pour nous vaut cette règle: on doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Dieu n’est pas un prétexte pour la propre volonté, mais c’est réellement Lui qui nous appelle et nous invite, si cela était nécessaire, également au martyre. C’est pourquoi, confrontés à cette parole qui commence une nouvelle histoire de liberté dans le monde, nous prions surtout de connaître Dieu, de connaître humblement et vraiment Dieu et, en connaissant Dieu, d’apprendre la véritable obéissance qui est le fondement de la liberté humaine.

    Saint Pierre dit que Dieu a élevé le Christ à sa droite comme chef et sauveur (cf. Ac 5,31). Chef est la traduction du terme grec archegos, qui implique une vision beaucoup plus dynamique: archegos est celui qui montre la route, qui précède, c’est un mouvement, un mouvement vers le haut. Dieu l’a élevé à sa droite – parler du Christ comme archegos veut donc dire que le Christ marche devant nous, nous précède et nous montre la route. Et être en communion avec le Christ signifie être en chemin, monter avec le Christ, suivre le Christ, c’est cette montée vers le haut, suivre l’archegos, celui qui est déjà passé, qui nous précède et qui nous montre la voie.

    Il est ici bien évidemment important que l’on nous dise où arrive le Christ et où nous devons arriver nous aussi: hyposen – en haut – monter à la droite du Père. La « sequela » du Christ n’est pas seulement l’imitation de ses vertus, n’est pas seulement le fait de vivre dans ce monde, pour autant que cela nous soit possible, semblables au Christ, selon sa parole ; mais c’est un chemin qui a un objectif. Et l’objectif est la droite du Père. Il y a ce chemin de Jésus, cette « sequela » de Jésus qui termine à la droite du Père. C’est à l’horizon de cette « sequela » qu’appartient tout le chemin de Jésus, également arriver à la droite du Père.

    En ce sens, l’objectif de ce chemin est la vie éternelle à la droite du Père en communion avec le Christ. Aujourd’hui, nous avons souvent un peu peur de parler de la vie éternelle. Nous parlons des choses qui sont utiles pour le monde, nous montrons que le christianisme aide également à améliorer le monde, mais nous n’osons pas dire que son objectif est la vie éternelle et que de cet objectif proviennent ensuite les critères de la vie. Nous devons comprendre à nouveau que le christianisme demeure un « fragment » si nous ne pensons pas à cet objectif, qui est de suivre l’archegos à la hauteur de Dieu, à la gloire du Fils qui nous rend fils dans le Fils et nous devons à nouveau reconnaître que ce n’est que dans la grande perspective de la vie éternelle que le christianisme révèle tout son sens. Nous devons avoir le courage, la joie, la grande espérance que la vie éternelle existe, qu’elle est la vraie vie et que de cette vraie vie provient la lumière qui illumine également ce monde."
     
    Extrait d’une homélie prononcée devant la Commission biblique pontificale, dans la chapelle Pauline (15 avril 2010)
  • Fusion UCL - Saint-Louis : l'analyse décapante du Professeur Guillaume de Stexhe

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    Universités, universitaires : réalités, défis et conneries

    Hier, j’ai donné à Saint Louis mon dernier cours de l’année – merci aux students de ce merveilleux auditoire pour leur bienveillance et leur intérêt ! Ce sera peut être aussi le dernier cours de ma carrière – même si je reste impliqué dans les projets pour penser à l’université le religieux et les convictions ultimes, et dans les efforts pour en faire, à Bruxelles, une dimension d’échange plutôt que d’étrangèreté, de réflexion plus que d’identité, de créativité plus que de tradition.

    J'ai découvert Saint Louis grâce à Jean Ladrière, lorsque je cherchais du travail en 1981. Ardennais passé par Namur, Leuven et Paris d'où j'arrivais en stop parce que j' étais fauché, j'ai dû chercher dans le quartier de la gare du nord (si vous voyez ce que je veux dire) pour trouver Saint Louis, qui comptait alors environ 800 étudiants: le budget de la recherche tournait, si je me rappelle bien, autour de 50.000 € (en euros constants). On compte maintenant environ 4.000 étudiants, et le financement de la recherche avoisine 3 millions et demi d’euros, provenant presqu’entièrement de contrats extérieurs.

    Changement d’échelle et de configuration, donc; mais tout autant mutation socio-culturelle. Début des années 80, le public étudiant (et enseignant) provenait en grande majorité des bons collèges cathos bruxellois, avec la monoculture correspondante et une trajectoire automatique vers l’UCL (et retour). Aujourd’hui, le public étudiant est extraordinairement représentatif des diversités bruxelloises. Il reste une proportion significative de BBB ( bourgeoisie bruxelloise- BW), mais rejointe par des proportions tout aussi significatives d’étudiant-e-s issu-e-s des migrations et expatriations, en particulier du Maghreb et d’Afrique noire : entre Schaerbeek , Molenbeek, Schuman et Matongé, le rôle d’université de proximité dans la capitale de l'Europe a (heureusement) surpassé celui de pépinière clanique. Même si les statistiques « ethniques » sont interdites, on a de bonnes raisons de penser que Saint-Louis a le public étudiant culturellement le plus diversifié des universités belges, comme la plus forte proportion d’étudiants boursiers de la fédération Wallonie-Bruxelles. La culture catho y est devenue quasiment imperceptible au fil de la rapide dé-religiosation de la « vieille Europe » ( si bien que chez nous une prestigieuse tradition de travail théologique s’est presque éteinte). Un robuste et joyeux pluralisme culturel et convictionnel colore nos auditoires et la cafetaria du personnel, et la chapelle sert désormais bien plus à la prière des étudiant-e-s musulmanes qu’à celle des chrétiens. Pour autant, pas plus qu’ailleurs on ne peut parler d’une démocratisation de l’université, puisque les taux de réussite restent dramatiquement tributaires de l’origine sociale.

    Le volume du personnel a explosé plus encore que celui des étudiants, à cause du développement de la recherche et des multiples services que demande la complexification du contexte universitaire. En temps pleins: 72 académiques, 66 assistants, 47 chercheurs, 75 administratifs. De la même façon que les étudiants poursuivent désormais leurs études à l’ULB aussi facilement qu’à l’UCL, chercheurs et enseignants circulent d’une institution à l’autre – ce qui fait de Saint Louis un milieu de travail bien plus pluraliste que celui de ses grandes sœurs. Et les collaborations avec l’ULB se sont multipliées : par exemple, en faculté de lettres, nos étudiants suivent deux cours à l’ULB, et ceux de l’ULB deux cours chez nous.

    C’est sur cette toile de fond qu’il faut interpréter les mouvements en cours. Ce soir, l’AG élue de notre ASBL (car Saint Louis est une ASBL totalement autonome et indépendante) va peut-être (le suspense est réel) décider ou non de fusionner avec l’UCL. Comme on le sait, un précédent processus de fusion, alors fortement poussé par les pouvoirs publics, a échoué in extremis il y a quelques années. Aujourd’hui, pourquoi remettre le couvert ? Je me décide à en parler parce qu’après la décision de ce soir on va voir enfler la masse des commentaires construits sur une ignorance à peu près complète des réalités et des enjeux, et sur une vision de fossiles qui réduit tout à des rivalités idéologiques ou institutionnelles.

    Ce qui a poussé l’équipe rectorale en place à engager une négociation en vue d’une fusion, et qui a poussé deux tiers du personnel à accepter cette perspective, presque toujours en hésitant beaucoup, n’a rien à voir une stratégie de renforcement du pilier catho ; c’est uniquement le changement des paramètres de la vie universitaire, redoublé par le changement de taille de notre université. A ma façon, je soulignerais trois aspects de ce changement de paramètres.

    D’abord, l’internationalisation extrêmement rapide du monde universitaire : enseignants, étudiants, chercheurs, projets et crédits circulent désormais d’un bout à l’autre de l’Europe et du monde. Comment faire pour les attirer ou les retenir si l’on n’apparaît même pas dans les classements internationaux ? Deux exemples : la valeur d’un doctorat, ou d’une recherche sont d’abord, dans les commissions de nomination, liés à la réputation de l’université où ils ont été poursuivis. Comment attirer de jeunes chercheurs brillants en sachant que, quels que soit leur valeur réelle, le diplôme d’une petite institution inconnue les handicapera ? Autre exemple : à Bruxelles, comment une faculté d’interprétariat (l’ex-Marie Haps, intégrée à St Louis) peut-elle se passer de collaborations avec la Chine pour l’échange d’étudiants ? Mais le gouvernement chinois ne connaît et ne reconnaît pas notre micro-université. Alors, la faculté d’interprétariat étouffe…

    Second élément : la complexification des fonctions d’administration, de gestion, de soutien à la recherche et à l’enseignement. Un ensemble infini d’exigences règlementaires et de dispositifs institutionnels obligent à disposer de compétences nombreuses et pointues pour assurer les tâches qui permettent à l’université de tourner. Une petite institution n’a pas la taille nécessaire pour s’assurer ces compétences. Alors on surcharge tout le monde, et on ne trouve plus de suicidaires pour assumer ces tâches surhumaines que sont les fonctions principales.

    Troisième élément : l’évolution du paysage de l’enseignement supérieur. On voit bien que tout bouge, que tout s’organise désormais à l’échelle du grand réseau unique de l’enseignement supérieur (chapeauté par l’Ares). Il est probable que le supérieur non universitaire et l’universitaire vont s’intégrer de plus en plus. Dans ce contexte, à Bruxelles, qui voudrait se lier à Saint Louis ? Ce sera soit à l’ULB, soit à l’UCL. Et St Louis resterait isolé, sans le jeu des passerelles, programmes partagés, etc, qui le garderaient dans le jeu.

    Voilà trois mutations – internationalisations, complexification, réorganisation d’ensemble – qui peuvent justifier, pour une petite unif en pleine santé, de se lier à une autre qui a plus de renom, de moyens, d’atouts. Mais cela ne construit pas une évidence. Le prix à payer serait lourd : perte d’autonomie dans les choix stratégiques et les nominations, alourdissement par l’intégration à de grandes administrations, désinvestissement de certains qui préféreraient le siège central au campus satellite… Il y a beaucoup de bonnes raisons de préférer le statu quo.

    Et une dernière, capitale : éviter de ressusciter la vieille logique clanique des « piliers ». Soyons plats: s'unir à l'ULB serait suicidaire, parce que nous sommes directement concurrents: nous faisons les mêmes choses sur le même terrain: en nous intégrant, quel intérêt aurait l'ULB à ce que nous nous développions ? Et, il faut le reconnaître, il reste un vigoureux mépris anti-calottins du côté du Sollbosch. Mais si Saint Louis se lie à l’UCL, nos liens multiples avec l’ULB, notre précieux pluralisme interne vont en souffrir, au moins pour un temps. Et cela ne concerne pas que nous, mais l’ambiance sociale globale. En ce sens, il est dommage que n’ait pu se construire un projet praticable et efficace autre que de fusion avec l’UCL : le plan d’adossement proposé par l’ULB n’a paru à personne à St Louis (pas même aux nombreux anciens de l’ULB travaillant à St Louis) rencontrer les raisons qui justifieraient un changement de statut.

    Mais j’ai du mal à comprendre, sauf si on réagit avec son cerveau reptilien et sa moëlle épinière plutôt qu’avec son préfrontal, pourquoi l’éventuelle fusion de Saint Louis avec l’UCL suscite, de la part de certains à l’ULB, une rage vengeresse. Sans le comprendre, je constate que certains se situent d’abord et avant tout dans un jeu d’identités rivales, d’identités fossiles au surplus, et qui prime pour eux sur toute autre réalité. Comme si nous ne faisions pas tous le même métier, et de la même façon, et avec les mêmes idéaux ! Je vois aussi qu’au nom d’un refus du jeu des piliers, certains luttent simplement contre tout renforcement de ce qu’ils considèrent comme un pilier rival du leur – en employant toutes les menaces possibles : rupture de toutes les collaborations, etc. Et je peux comprendre, enfin – oui, le cerveau reptilien …- que la pluralité des institutions soit vécue par certains comme un concours de taille de zizis et une concurrence commerciale : le monopole ou la mort !

    Mais, si on peut constater et comprendre, on ne peut accepter que des universitaires se désintéressent à ce point des missions de l’université pour cultiver des fantasmes identitaires et des prés carrés commerciaux. Parce qu’enfin : en quoi une fusion St Louis/UCL nuirait-elle à l’ULB ? St Louis continuerait à faire demain, dans l’enseignement, ce qu’il fait aujourd’hui, ni plus, ni moins (j’espère !), simplement peut-être un peu mieux, plus aisément. En quoi y aurait-il là aggravation de concurrence ? Je pose cette question que certains trouveront stupide – parce que j’attends une réponse sérieuse, autre que le primaire : « si l’adversaire gagne quelque chose, alors forcément j’y perds ». Et surtout, surtout, comment des universitaires bruxellois peuvent-ils redouter qu’une petite université bruxelloise de proximité assure mieux demain qu’aujourdhui sa tâche d’université de proximité ? Y aurait-il trop d’étudiants universitaires parmi les jeunes bruxellois d’aujourd’hui ? L’offre, les moyens, les dispositifs créatifs de formation à Bruxelles seraient-ils en surplus ? Y a-t-il trop de jeunes bruxellois qui accèdent à l’université ? Y a-t-il trop de programmes de formation continue, trop de travaux de recherche sur les problématiques régionales, trop de liens entre l’universitaire, le non universitaire et les mouvements associatifs ? Ces questions-là, oui, elles sont honorables. Les concours de taille de zizi institutionnel, les marquages de territoire de chasse, les guerres d’identité, ne le sont pas.

    Si (on le saura dans deux heures) Saint Louis décide de s’unir à l’UCL, il faudra essayer de déjouer les pièges que perçoivent bien les opposants à cette perspective. C’est un pari risqué. Et il faudra, sans attendre que l’orage commandé d’en haut se soit calmé, nourrir et renforcer les innombrables liens d’amitié, de collaboration, d’idéal, qui font des acteurs de Saint Louis et de l’ULB des partenaires au service de ce qui compte bien plus que leurs petits intérêts.

  • Banneux, 9-11 juin : Retraite spirituelle avec les Frères de Saint-Jean

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  • Aider le pèlerinage du diocèse de Liège à Lourdes

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    Un appel du chanoine Eric de Beukelaer que nous relayons bien volontiers :

    Aider à Lourdes cet été, pourquoi pas ?
    Le pèlerinage du diocèse de Liège à Lourdes, qui se déroule du 17 au 23 août 2017, souhaite renforcer son équipe d’hospitaliers/ières pour accompagner, soigner et seconder les pèlerins moins valides, que ceux-ci résident en accueil hospitalier ou à l’hôtel.
    Agés de 18 ans au moins et encadrés par des professionnels de la santé, ces bénévoles (eux-mêmes professionnels ou non) s’engagent à vivre la semaine au service des moins valides en accomplissant toutes les tâches quotidiennes (du lever au coucher), en ce compris divers moments de détente.
    Il s’agit d’une expérience humaine unique qui permet également aux hospitaliers/ières de se retrouver de manière conviviale en-dehors de la mission qu’ils ont à assurer.

    Infos et prix : Bernadette Charlier, 04 367 72 39,

     bernacharlier@skynet.be
    www.liegealourdes.be

     

    JPSC

  • Bruxelles (Saint-Gilles), 13 mai : procession pour le 100e anniversaire des apparitions de Fatima

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    « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! »

    REJOIGNONS *, NOMBREUX,

    LA PROCESSION DE NOTRE DAME DE FATIMA

    organisée par la communauté portugaise de Saint-Gilles

    et présidée par le cardinal De Kesel

    CE SAMEDI 13 MAI 2017 - CENTENAIRE DES APPARITIONS-

    RV à 21h dans l’église du parvis de Saint Gilles

    (prêtres, avec aube et étole blanche à 20h40 dans la sacristie)

    Départ à 21h20 de l’église. Clôture de la procession à 22h30 dans le jardin

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    Merci à la communauté portugaise de Saint Gilles pour cette initiative !

    *Avec les fanions de nos paroisses, communautés, groupes de prières ?

  • Belgique : les ministres du culte et la loi

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    Une chose est d’observer les dispositions impératives d’une loi, une autre d’en contester le bien fondé. La liberté d’opinion s’applique à tous les citoyens. Néanmoins les titulaires d’une fonction publique, assermentés ou non, ont à cet égard une obligation de réserve.

    Les ministres des cultes reconnus et salariés par les pouvoirs publics doivent-ils y être assimilés ? Ils l’étaient pratiquement sous l’Ancien Régime qui confond l’Eglise et l’Etat. Le "joséphisme" tatillon du XVIIIe siècle avait laissé de mauvais souvenirs aux constituants belges et le libéralisme ambiant fit le reste : ils instituèrent le régime de l’Eglise libre dans l’Etat libre.

    Néanmoins, les habitudes séculaires ont laissé des traces. Ainsi, après avoir aboli la reconnaissance civile du mariage religieux, le constituant précise :  « le mariage civil devra toujours précéder la bénédiction nuptiale, sauf les exceptions à établir par la loi, s’il y a lieu » et pour que nul n’en ignore l’article 267 du code pénal  sanctionne : « sera puni d’une amende de [cinquante à cinq cents euros] tout ministre du culte qui procédera à la bénédiction nuptiale avant la célébration du mariage civil » et, en cas de récidive « il pourra, en outre, être condamné à un emprisonnement de 8 jours à trois mois ».

    Par ailleurs, sans qu’elle établisse un lien statutaire ou contractuel entre le ministre d’un culte reconnu et la puissance publique, la loi pénale belge dispose, dans son article 268 : « seront punis d'un emprisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de [vingt-six euros à cinq cents euros] les ministres d'un culte qui, dans l'exercice de leur ministère, par des discours prononcés en assemblée publique, auront directement attaqué le gouvernement, une loi, un arrêté royal ou tout autre acte de l'autorité publique ».

    Ces vieilles dispositions pénales, jamais abrogées, éclairent peut-être le sens de l’obligation faite au clergé de « respecter les lois », que le récent décret wallon veut formaliser par une déclaration sur l’honneur.

    A libéralisme, libéralisme et demi…

    JPSC