Un responsable de mon « unité pastorale » (c’est comme cela qu’on nomme une nouvelle superstructure chapeautant aujourd’hui les paroisses) cherche à comprendre pourquoi certains fidèles et, ajoute-t-il , des prêtres sont ainsi attachés à la célébration des sacrements selon l’ancienne liturgie. Pour répondre (en partie du moins) à sa question, je ne puis mieux faire que reproduire cette citation de Joseph Ratzinger que publie le site « Pro Liturgia » :
« (...) Il y a différentes raisons qui peuvent avoir conduit beaucoup de personnes à chercher un refuge dans l’ancienne liturgie. Une première, importante, me semble être que dans l’ancienne liturgie ils trouvent conservée la dignité du sacré. A la suite du Concile, beaucoup ont conçu - presque comme un programme - la « désacralisation », en expliquant que le Nouveau Testament avait aboli le culte du temple : le rideau du temple déchiré au moment de la mort du Christ signifierait, d'après eux, la fin du sacré. La mort de Jésus, hors des murs de la ville, c’est-à-dire dans le domaine public, est dorénavant le culte véritable. Le culte, s’il existe, se réalise dans la non-sacralité de la vie ordinaire, dans l’amour vécu. Portés par ces raisonnements, les ornements liturgiques ont été écartés, les églises ont été dépouillées à l’extrême de la splendeur qui rappelle le sacré. Et la liturgie a été réduite, autant que possible, au langage et aux gestes de la vie ordinaire, par des salutations et des signes d’amitié et des choses semblables. Cependant, avec ces théories et la praxis qui s’en suit, on méconnaissait complètement l’union entre l’Ancien et le Nouveau Testament : on avait oublié que ce monde n’est pas encore le Royaume de Dieu et que le « Saint de Dieu » (Jn 6, 69) continue d’être en contradiction avec le monde ; que nous avons besoin de la purification pour nous approcher de Lui ; que ce qui est profane, même après la mort et la résurrection du Christ, n’est pas devenu saint. Le Ressuscité est apparu seulement à ceux qui ont laissé leur cœur s’ouvrir à Lui. Lui qui est Saint, Il ne s'est pas manifesté à tout le monde. Ainsi s’est ouvert un nouvel espace pour le culte, auquel nous sommes maintenant rattachés ; c’est le culte qui consiste à s’approcher de la communauté du Ressuscité, aux pieds duquel se sont prosternées les saintes femmes pour l’adorer (Mt 28, 9). Je ne veux pas maintenant développer davantage ce point, mais seulement en tirer une conclusion : nous devons conserver la dimension du sacré dans la liturgie. La liturgie n'est pas une festivité, ce n'est pas une réunion agréable. Cela n'a vraiment aucune importance que le curé réussisse à développer des idées attirantes ou des élucubrations imaginaires.
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