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Economie - Page 13

  • Le retour du cardinal Pell à Rome après la mise en disgrâce du cardinal Becciu

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    De Courtney Mares sur Catholic News Agency :

    Le cardinal Pell rentrera à Rome cette semaine

    Sep 27, 2020

    Le cardinal George Pell devrait rentrer à Rome mardi pour sa première visite au Vatican depuis 2017, date à laquelle il a pris un congé de son rôle de préfet du Secrétariat à l'économie du Vatican pour se rendre en Australie.

    Le cardinal devrait s'envoler le 29 septembre, ont confirmé dimanche des sources proches de Pell à l'agence CNA, suite à un premier reportage du journaliste australien Andrew Bolt dans le journal Herald Sun.

    Pell vit dans son ancien archidiocèse de Sydney depuis son acquittement par la Haute Cour d'Australie en avril dernier pour abus sexuels.

    En 2014, le cardinal a été nommé par le pape François pour prendre en charge le Secrétariat à l'économie nouvellement créé et pour diriger les efforts de réforme des affaires financières du Vatican. Après que des accusations d'abus sexuels ont été portées par la police de Victoria, Pell a pris un congé temporaire de son poste en 2017 afin de retourner en Australie et de prouver son innocence.

    Pell a dû faire face aux allégations d'un seul accusateur liées à son époque en tant qu'évêque de Melbourne. Il a passé 13 mois en isolement cellulaire après avoir été initialement condamné et s'être vu infliger une peine de six ans de prison, avant d'être innocenté en appel devant la Haute Cour.

    Le mandat de M. Pell à la tête du secrétariat financier du Vatican a expiré pendant son incarcération, le pape François ayant nommé le père Juan Antonio Guerrero Alves, SJ, pour lui succéder en 2019.

    La nouvelle du retour de Pell à Rome arrive quelques jours après la démission dramatique du cardinal Angelo Becciu, à qui le pape François a demandé de démissionner de son poste de préfet de la Congrégation des Causes des Saints et des droits accordés aux membres du Collège des cardinaux le 24 septembre, après qu'il ait été lié à une enquête en cours sur des irrégularités financières au Vatican.

    M. Becciu avait auparavant travaillé comme fonctionnaire numéro deux à la Secrétairerie d'État du Vatican, où, selon un rapport antérieur de la CNA, il s'est heurté à plusieurs reprises à M. Pell au sujet de la réforme des finances du Vatican.

    Pell, qui n'avait pas parlé publiquement de son ancien rôle au Vatican depuis sa disculpation, a réagi avec gratitude à la nouvelle de la démission de Becciu.

    "Le Saint-Père a été élu pour assainir les finances du Vatican. Il joue un long jeu et doit être remercié et félicité pour les récents développements", a écrit M. Pell dans une déclaration envoyée à l'ANC le 25 septembre.

    "J'espère que le nettoyage des écuries se poursuivra tant au Vatican qu'à Victoria", a déclaré M. Pell.

    CNA a rapporté qu'en 2015, Becciu semblait avoir tenté de déguiser les prêts sur les bilans du Vatican en les annulant par rapport à la valeur de la propriété achetée dans le quartier londonien de Chelsea, une manœuvre comptable interdite par les nouvelles politiques financières approuvées par le pape François en 2014.

    La prétendue tentative de dissimuler les prêts hors livres a été détectée par la Préfecture de l'économie, alors dirigée par Pell. De hauts fonctionnaires de la préfecture de l'économie ont déclaré à la CNA que lorsque Pell a commencé à exiger des détails sur les prêts, en particulier ceux impliquant la banque suisse BSI, l'archevêque Becciu a appelé le cardinal à la Secrétairerie d'État pour un "blâme".

    En 2016, Becciu a contribué à mettre un terme aux réformes initiées par Pell. Bien que le pape François ait donné à la préfecture de l'économie nouvellement créée une autorité de contrôle autonome sur les finances du Vatican, Becciu est intervenu lorsque le secrétariat financier de Pell a prévu un audit externe de tous les départements du Vatican, qui devait être mené par la firme PriceWaterhouseCooper.

    Unilatéralement, et sans la permission du pape François, Becciu a annulé l'audit et a annoncé dans une lettre à tous les départements du Vatican qu'il n'aurait pas lieu.

    Lorsque Pell a contesté en interne l'annulation de l'audit, Becciu a persuadé le pape François de donner son approbation ex post facto à sa décision, ont déclaré des sources au sein de la préfecture à la CNA. L'audit n'a jamais eu lieu.

    Becciu a tenu une conférence de presse à Rome le 25 septembre, au cours de laquelle il a protesté contre son innocence en matière de malversations financières.

  • Becciu : retour sur une démission foudroyante

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    La foudroyante démission du cardinal Becciu

    Coup de tonnerre au Vatican. La foudre est tombée par ce communiqué laconique du Saint-Siège en fin d’après-midi, le 24 septembre : « Le Saint Père a accepté la renonciation de sa charge de préfet de la Congrégation des causes des saints et de ses droits liés au cardinalat présentée par son éminence le cardinal Giovanni Angelo Becciu. » La démission surprise d’un des principaux cardinaux de la Curie (collaborateurs directs du pape) n’a en effet rien d’anodin. Le cardinal Becciu n’est âgé que de 72 ans (l’âge de la retraite canonique est de 75 ans) et semble en parfaite santé. Or, non seulement le pape François a accepté sa démission au terme d’une entrevue qu’on dit orageuse, mais il l’a assortie d’une renonciation « aux droits liés au cardinalat ». Autrement dit, s’il reste formellement cardinal, Giovanni Angelo Becciu perd son rôle de conseiller du souverain pontife (notamment lors d’un consistoire) mais aussi la possibilité d'élire un nouveau pape lors d'un conclave (un cardinal reste électeur jusqu’à 80 ans).

    Avant d’être créé cardinal il y a deux ans par le pape François et nommé préfet de la Congrégation des causes des saints (le dicastère chargé d’enquêter sur les béatifications et canonisations), Giovanni Angelo Becciu avait été durant sept ans (de 2011 à 2018) substitut de la Secrétairerie d'État du Saint-Siège. Un poste clé de l’administration du Vatican, dont la fonction est grosso modo un mixte entre celle d’un secrétaire général de l’Elysée et celle d’un ministre de l’Intérieur. Le substitut du Saint-Siège est l’homme de confiance du pape, avec lequel il est en contact constant. Ce fut le cas pour Mgr Becciu auprès de Benoît XVI, qui l’avait nommé à ce poste, puis auprès du pape François, jusqu’à son élévation à la dignité de cardinal à l’été 2018.

    Mais un an après avoir reçu la barrette, le cardinal Becciu était sur la sellette. Son nom revenait dans une enquête diligentée par la justice vaticane sur l’achat d’un immeuble dans le très sélect quartier de Chelsea, à Londres. La procédure de cet achat assorti de montages financiers complexes, pour ne pas dire opaques, avait été lancée en 2014 par Mgr Becciu, alors substitut de la Secrétairerie d'État, au motif, a-t-il expliqué aux enquêteurs, qu’il fallait « faire travailler l'argent des fonds de la secrétairerie d'État ». Cette enquête interne avait déjà mis en cause cinq employés de la Secrétairerie d’État et conduit, en juin dernier, à l’arrestation d’un homme d'affaires italien, remis depuis en liberté provisoire. Mais d’autres révélations ont sans doute décidé le pape à « accepter la démission » du cardinal Becciu. Notamment celles que rapporte l’hebdomadaire italien L’Espresso à paraître dimanche prochain, selon lesquelles le cardinal, originaire de Sardaigne, a favorisé en la dotant de centaines de milliers d’euros issus de dons récoltés par l’épiscopat italien et le Saint-Siège, une coopérative s’occupant d’insertion sociale en Sardaigne gérée par l’un de ses frères. Deux autres frères du cardinal auraient bénéficié de « dons » ciblés, réinvestis par la famille dans des activités financières peu claires qui auraient coûté « 450 millions d'Euros » au Saint-Siège selon L’Espresso. Le cardinal Becciu se défend de tout « détournement de fonds » en justifiant les dons faits aux entreprises dirigées par deux de ses frères et en niant les accusations rapportées par L’Espresso concernant le troisième frère, un brasseur de bière.

    Pour les vaticanistes, le signe est clair : après s’être attaqué aux questions de mœurs et notamment à la pédophilie dans l’Eglise, le pape François a lancé une nouvelle bataille contre la corruption financière au Vatican (la nouvelle loi anti-corruption est entrée en vigueur le 15 juillet 2020). L’avenir dira si l’éviction du cardinal Becciu amènera le pape à réviser certaines mesures prises sous son inspiration, par exemple à l’encontre de l'Ordre de Malte, en 2017. Quoi qu’il en soit de ce dossier, un autre cardinal a livré depuis l’Australie son sentiment sur la chute du cardinal Becciu : « Le Saint-Père a été élu pour nettoyer les finances du Vatican. Il joue sur le long terme et doit être remercié et félicité pour ces récents développements. J'espère que le ménage des écuries continuera ». Le signataire de ces lignes est le cardinal George Pell, ancien secrétaire à l'Economie du Saint-Siège. Appelé à Rome par le pape François précisément pour « faire le ménage » dans les finances de l’Eglise, le cardinal Pell s’était heurté à la Secrétairerie d'État, autrement dit au substitut Becciu, avant d’être soudainement accusé de pédophilie dans son pays où il s’était rendu en 2018 pour en répondre devant la justice. Condamné à six ans de prison et incarcéré en février 2019 à l’issue d’un procès considéré comme inique par de nombreux juristes dans le monde, le cardinal Pell avait finalement été relaxé et libéré en avril 2020 par la Haute Cour de Justice d’Australie, la plus haute juridiction du pays (cf LSDJ n°930).

    Philippe Oswald

  • Malversations financières au Vatican : le cardinal Becciu jette l'éponge

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    De Catholic News Agency :

    Le cardinal Angelo Becciu démissionne de son poste et des "droits" des cardinaux

    24 sept. 2020

    Le cardinal Angelo Becciu, qui était jusqu'à aujourd'hui préfet de la Congrégation pour les causes des saints du Vatican, a démissionné de cette fonction, et dans un geste extrêmement rare, des droits accordés aux membres du Collège des cardinaux.

    Le cardinal était auparavant le numéro deux de la Secrétairerie d'État du Vatican, et a été impliqué dans une enquête en cours sur des malversations financières au sein du secrétariat.

    Une déclaration du bureau de presse du Saint-Siège a été faite jeudi : "Aujourd'hui, jeudi 24 septembre, le Saint-Père a accepté la démission de la fonction de Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints et des droits connexes du Cardinalat, présentée par Son Eminence le Cardinal Giovanni Angelo Becciu".

    Becciu reste techniquement un cardinal, et l'annonce du Vatican n'a pas précisé en vertu de quels droits Becciu a démissionné. En 2015, le pape François a accepté une renonciation similaire du cardinal écossais Keith O'Brien, qui en 2013 a reconnu avoir commis des fautes sexuelles en série. O'Brien n'a pas assisté par la suite à des événements ecclésiastiques publics et n'a pas pu participer à un futur conclave papal. Le bureau de presse du Vatican n'a pas pu être joint pour un commentaire jeudi soir.

    Le cardinal lui-même n'a pas encore répondu à une demande de commentaires de la CNA.

    Ce renoncement est inattendu, et ne semble pas avoir été planifié depuis longtemps. Becciu avait été programmé pour présider la béatification du Vénérable Carlo Acutis, qui aura lieu à Assise le 10 octobre.

    Becciu a été "sostituto", ou fonctionnaire de second rang à la Secrétairerie d'État, de 2011 à 2018, lorsque le pape François l'a nommé cardinal et l'a transféré à la Congrégation pour les causes des saints. Durant son mandat, il a été lié à plusieurs scandales financiers, dont le plus récent est l'investissement de centaines de millions d'euros du Secrétariat d'État avec l'homme d'affaires italien Rafaelle Mincione et l'achat controversé d'un immeuble à Londres.

    L'ANC a déjà signalé qu'une partie substantielle des 200 millions de dollars utilisés pour financer l'achat par le Secrétariat d'État d'un complexe de luxe au 60 Sloane Avenue provenait de crédits accordés par la BSI, une banque suisse ayant une longue expérience dans la violation des garanties contre le blanchiment d'argent et la fraude dans ses transactions avec les fonds souverains.

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  • Plus politique que chrétienne, la gestion du Vatican crée tensions et insécurité

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register (NCR) :

    La culture de gestion du Vatican crée des tensions et de l'insécurité

    Les employés passés et présents affirment que la culture reflète davantage une entité politique que chrétienne.

    16 septembre 2020

    "Je n'avais aucun droit", a déclaré Eugenio Hasler, un ancien fonctionnaire laïc qui a travaillé aux plus hauts niveaux du gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican, le principal bureau administratif du Vatican.

    Un fonctionnaire respecté, licencié en 2017 sans raison formelle après une décennie de service, Hasler aurait été licencié parce qu'il aurait attiré l'attention sur la corruption présumée de son supérieur. Il a été convoqué à la résidence du Pape à Santa Marta où le Saint-Père lui a posé plusieurs questions avant de le licencier et d'attribuer au supérieur de Hasler une responsabilité accrue le lendemain.

    "Dans une monarchie absolue, malheureusement, que peut-on faire ?" a déclaré Hasler au NCR.

    D'autres ont reçu un traitement aussi brutal, notamment l'ancien médecin papal, Patrizio Polisca, que le pape François a renvoyé soudainement et sans raison en 2015, ainsi que trois fonctionnaires de la Congrégation pour la doctrine de la foi, renvoyés pour des raisons non précisées en 2017. Peu après, le pape a décidé de ne pas renouveler le mandat de cinq ans de l'ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Gerhard Müller, également sans motif précis. Le cardinal Müller a qualifié ces deux cas d'"inacceptables".

    Une telle tendance s'étend également aux supérieurs d'autres départements du Vatican.

    En juillet, le NCR a fait état de la manière dont une culture générale de mauvaise gestion au Vatican contribue à favoriser la corruption, en particulier dans le contexte des finances, ce qui a conduit à des affaires très médiatisées telles qu'un accord immobilier mal géré à Londres, récemment rendu public.

    Pour cet article et celui-ci, plus d'une douzaine de fonctionnaires du Vatican, actuels et anciens, ont été interrogés avant et pendant la pandémie COVID-19. Presque tous ont parlé de l'absence d'"État de droit" et de responsabilité de certains hauts fonctionnaires de la Curie romaine. La plupart des sources ont parlé sous couvert d'anonymat par crainte de représailles.

    "Le comportement n'est ni catholique ni chrétien - ni même simplement humain", a déclaré l'une d'entre elles au NCR dans un café près du Vatican. Le fonctionnaire a déclaré qu'il connaissait des personnes qui avaient été "licenciées avec très peu de préavis ou de raisons, on leur dit juste de rentrer chez elles dans les semaines qui suivent, le meilleur scénario étant quelques mois, alors qu'elles auraient pu travailler ici pendant huit à dix ans".

    Selon lui et d'autres membres du personnel, la culture de la direction ressemble à celle d'un tribunal où ceux qui ont les oreilles du pouvoir ont de l'influence. D'autres sont allés plus loin, la décrivant comme plus proche d'un environnement mafieux que de l'Eglise. Certains cadres moyens et inférieurs ont déclaré qu'ils se sentaient vulnérables aux caprices de supérieurs sans scrupules et sans comptes à rendre, et incapables de s'exprimer par crainte de représailles, y compris un probable licenciement.

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  • Vouloir diminuer les émissions de gaz à effet de serre en réduisant à marche forcée la part du nucléaire dans notre production d’électricité : est-ce bien sérieux ?

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    Ce débat concerne l'Hexagone mais on n'aura nulle peine à le transposer dans le contexte de notre pays. De Canal Académie :

    Après Fessenheim : l’urgence d’une politique énergétique rationnelle et réaliste

    Entretien avec Marc Fontecave, président du Comité de prospective en énergie de l’Académie des sciences

    Le 7 juillet dernier, l’Académie des sciences a publié un avis portant sur la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim intervenue quelques jours auparavant. Dans ce texte concis, les auteurs, membres du Comité de prospective en énergie de l’Académie des sciences, dénoncent “un contre-sens” car “il y a une véritable contradiction à vouloir diminuer les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant à marche forcée la part du nucléaire dans notre production d’électricité”. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Marc Fontecave, chercheur en chimie bioinorganique, professeur au Collège de France et président du Comité de prospective en énergie expose les réalités scientifiques, technologiques, géographiques et économiques sans la connaissance desquelles on ne saurait élaborer une politique énergétique ambitieuse et réaliste. Son souhait ? Réintroduire de la rationalité dans des débats trop souvent prisonniers de considérations idéologiques.

  • La philosophie d’Emmanuel Macron

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    L’inqualifiable loi bioéthique, votée en catimini cet été par l’Assemblée nationale française ( 101 députés seulement sur 557 ont voté le projet de loi bioéthique en 2e lecture, par 60 voix pour, 37 contre et 4 abstentions) oblige à s’interroger sur la philosophie profonde du pouvoir actuel et de son principal responsable, Emmanuel Macron. Un billet de Gérard Leclerc publié sur le site web de « France Catholique » :

    "Même si le président n’apparaît pas directement dans cette affaire gravissime, sa responsabilité n’en est pas moins directement engagée, et c’est bien lui qui a pensé et mûri les lignes directrices d’un programme qui s’impose aujourd’hui en termes législatifs. Ce programme va bien au-delà des options classiques de la politique, il comporte des dimensions que l’on peut appeler métapolitiques, pour ne pas dire métaphysiques. Lorsqu’on évoque des changements de civilisation, on désigne forcément des options qui mettent en jeu notre conception de l’homme, sa nature, sa destinée. Et de ce point de vue, l’on est obligé de constater aujourd’hui des bouleversements qui portent atteinte aux principes même de notre tradition telle qu’elle s’est formée depuis les lois non-écrites d’Antigone, les commandements bibliques et la charte des béatitudes évangéliques.

    On est en droit d’interpeller Emmanuel Macron à ce propos. Quels sont ses choix philosophiques, en fonction de quelle doctrine se détermine-t-il pour formuler ses réformes aux enjeux anthropologiques évidents, celles que l’on appelle « sociétales » ? On ne saurait, sur un tel sujet, en rester à des intuitions partielles ou des impressions lacunaires. La pensée du président de la République, qui se veut absolument novateur par rapport à ses prédécesseurs et aux systèmes idéologiques en cours, se doit d’être analysé avec rigueur. C’est pourquoi on sait gré au professeur Frédéric Rouvillois d’avoir entrepris ce travail indispensable, avec le mérite d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire de mettre en évidence ce qu’on pourrait appeler un credo personnel. L’auteur défend une thèse, celle de l’étroite connivence de l’intéressé avec le saint-simonisme, cette idéologie du XIXe siècle, qui a tant marqué les esprits et s’offre comme un système complet d’interprétation du monde, avec y compris ses aspects religieux. Saint-Simon se voulait inventeur d’un nouveau christianisme.

    Sans doute peut-on se demander si notre président adopte des conclusions aussi extrêmes. Mais Frédéric Rouvillois nous oblige à envisager très sérieusement la question avec sa lecture acérée du fameux discours des Bernardins. Les catholiques eux-mêmes n’ont-il pas été bercés par ce discours, d’ailleurs admirablement écrit par une plume experte, par tout ce qu’il comportait de bienveillance et d’éloge à l’égard de leur foi. Mais justement, notre auteur se charge de démontrer combien l’orateur enfermait ses auditeurs dans un piège redoutable. Ce christianisme dont il faisait l’éloge n’était-il pas, sous des aspects essentiels, dépassé par l’évolution générale ? Macron rejoignait ainsi le saint-simonisme dans sa prétention à assumer un devenir auquel toutes les religions du passé ne sauraient prétendre. Dans son essai intitulé Révolution, et qui formule ses convictions dans la bataille électorale, il est radical dans l’énoncé de sa certitude : « Dans les temps qui sont les nôtres, il est nécessaire de placer l’amour de nos projets communs, la République et le respect des autres, la morale des droits, au-dessus de nos croyances quelles qu’elles soient. » Autrement dit, même le christianisme ne saurait apporter de lumière et de solutions décisives aux questions actuelles de civilisation. C’est pourquoi, assène Macron dans son discours des Bernardins, « la voie de l’Église ne peut être injonctive (…). Elle ne peut dès lors être que questionnement. »

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  • Une nouvelle encyclique sociale paraîtra bientôt

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    De Philippe Keulemans sur Kerknet.be :

    Le pape François publie bientôt une encyclique sociale

    28 AOÛT 2020

    Le pape François publiera rapidement une encyclique socio-économique pour l'ère post-coronavirus, dans laquelle la fraternité est centrale.

    Une nouvelle encyclique du pape François est en cours de finalisation; il a déjà publié, entre autres, l'encyclique "verte" 'Laudato Si' (2015) et 'Lumen fidei' (2013). Sa troisième encyclique sera une encyclique sociale, dans laquelle la fraternité humaine occupe une place centrale. La nouvelle a été divulguée par Domenico Pompili, l'évêque de Rieti. A Assise, lors de la présentation des célébrations de l'anniversaire des franciscains, mercredi dernier, il a accidentellement mentionné la chose et a déjà dit quelque chose sur le contenu.

    Selon l'évêque Pompili, dans sa troisième encyclique, le pape parlera des changements sociaux et économiques nécessaires après la crise de la conid-19. Ceux-ci devraient contribuer au multilatéralisme et à la solidarité internationale avec les personnes défavorisées, et promouvoir un tournant écologique. De nombreuses déclarations récentes du Pape vont dans ce sens.

    Avec cette publication, le pape François se place une fois de plus dans la lignée des papes Jean XXIII et Paul VI, qui ont écrit des encycliques destinées non seulement aux catholiques, mais aussi à tous les hommes de bonne volonté.

    Une date de publication possible pour la nouvelle encyclique pourrait être le 4 octobre, jour de la fête de saint François d'Assise. La tradition catholique l'associe au souci de la création, au souci des pauvres et à l'engagement interreligieux pour la paix. 'Laudato Si'', la deuxième encyclique du Pape François, publiée en 2015, fait référence dans son titre à une prière de Saint François d'Assise et se concentre également sur les questions sociales et écologiques. La première encyclique, 'Lumen fidei', a été en grande partie écrite par son prédécesseur Benoît XVI.

    Source : Cattolica.it/KNA

  • Le télétravail : un gain psychologique et un gain d'autonomie

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    Un entretien d'Elisabeth Caillemer avec Julia de Funès sur le site de Famille Chrétienne :

    Julia de Funès : « Le télétravail est un gain psychologique, un gain d’autonomie »

    26/08/2020
    Julia de Funès

    Julia de Funès est philosophe, spécialisée dans le monde de l'entreprise

     ©Hannah ASSOULINE/Opale via Leemage

    À l’heure où le gouvernement encourage le recours au télétravail, la philosophe nous en livre une analyse pertinente et démontre qu’il contribue à notre efficacité sans déshumaniser les liens sociaux.

    Pendant le confinement, le télétravail semble avoir gagné ses lettres de noblesse. Est-ce la fin d’une certaine culture de l’entreprise ?

    Une grande majorité, environ 70 % des salariés, plébiscite le télétravail, et il est aisé de comprendre pourquoi. C’est une levée de contraintes spatio-temporelles bien sûr, mais c’est aussi et surtout un gain psychologique, un gain d’autonomie. On se sent plus libre. Nous ne sommes plus, sinon moins, en représentation permanente, en visibilité constante. De ce mode de fonctionnement émerge un nouveau rapport au travail, un nouveau sens du travail. En « domestiquant » le travail, en le mêlant aux activités du foyer, il devient une activité parmi d’autres (les devoirs des enfants, le ménage de la mai-son, etc.). Il n’est plus l’unique activité de la jour-née quand bien même il reste l’activité principale. De sorte que la vie n’est pas ce qui reste une fois qu’on a fini de travailler. Le travail se mêle à la vie. La vie reprend le dessus sur cette activité qui avait tendance à tout emporter.

    Or, là est le vrai sens du travail, me semble-t-il : un moyen au service de la vie et pas l’inverse. C’est une chose de faire du travail une source d’accomplissement, c’en est une autre d’en faire l’accomplissement suprême. C’est une chose d’en faire une activité essentielle, c’en est une autre d’en faire une finalité en soi. Le travail est un moyen, voilà sa finalité, voilà son sens.

    Julia de Funès

    Née en 1979, elle est docteur en philosophie et titulaire d’un DESS en management des ressources humaines. Après avoir été chasseur de têtes, elle est devenue philosophe de l’entreprise et conférencière. Elle est la petite-fille de l’acteur Louis de Funès.

    Ses publications : Ce qui changerait tout sans rien changer (L'Observatoire, 2020) ; Développement (im)personnel (L'Observatoire, 2019) ; La Comédie (in)humaine (avec Nicolas Bouzou, L'Observatoire, 2018) ; Socrate au pays des process (Flammarion, 2017).

    Deux tiers des salariés se déclarent aussi, voire plus, efficaces lorsqu’ils télétravaillent. Comment l’expliquez-vous ?

    L’absence de perte de temps dans les transports a contribué à nous rendre plus efficaces. Mais je pense surtout que nous avons été libérés d’une part de théâtralité, de comédie humaine inhérente à toute vie sociale. Les bureaux sont ouverts depuis des années : open space, « flex office », il n’y a plus de murs ou peu, tout est transparent. Autrement dit, nous voilà visibles en permanence. Or, il suffit de se savoir visibles pour agir comme si nous étions vus. De sorte que notre esprit est nécessairement accaparé par l’image que l’on veut bien projeter de soi-même. Cette part de représentation occupe une partie de l’esprit moins concentré sur son travail. Vous connaissez comme moi des individus qui font signe qu’ils travaillent et qui, du même coup, ne travaillent pas, plus préoccupés qu’ils sont à jouer le jeu de celui ou celle qui travaille.

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  • Biden, un modéré; vraiment?

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    De Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    ÉLECTIONS US

    Biden vise la présidence, déguisé en modéré

    20-08-2020

    La Convention nationale démocrate se termine aujourd'hui avec la désignation officielle de Joe Biden. On le présente comme un modéré capable de ramener l'Amérique à la "normalité" et de mettre fin à la polarisation. Mais est-il vraiment un modéré ? Non, selon les commentateurs de gauche eux-mêmes. Son programme est le plus extrême depuis l'époque de Roosevelt.

    Les démocrates concluent aujourd'hui leur kermesse, la Convention nationale démocrate, avec la nomination officielle de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Ils se préparent à gagner, selon les sondages qui leur sont favorables, non seulement pour la Maison Blanche, mais aussi pour le Congrès. Ainsi, après quatre ans de combat contre Trump, ils lancent un message aussi unificateur que possible. Trump est pointé du doigt comme étant responsable de la polarisation de la société américaine. Biden est désigné comme l'homme de la réconciliation.

    Le ton des discours, les invités bipartites et la symbolique utilisée pendant la Convention sont tous orientés vers cet objectif : le raccommodage du peuple américain. La rhétorique de Black Lives Matter a disparu, bien que les troubles continuent. Le drapeau américain orne les vidéos, bien qu'il soit risqué de le brandir lors des violentes manifestations Antifa. Dans la propagande des démocrates, Ronald Reagan est également très présent, avec sa campagne historique de 1984, "Morning America". Des républicains de longue date ont participé en tant qu'orateurs, virtuels. Parmi eux, outre Cindy McCain, la dernière femme de John McCain (candidat à la présidence en 2008), également John Kasich, ancien gouverneur de l'Ohio, l'un des États en lice, battu par Trump dans les primaires de 2016. Kasich, qui est un pro-vie convaincu, n'était pas apprécié pour cette raison par les Dems de gauche. En particulier, Alexandria Ocasio Cortez a exprimé plus d'une réserve : "Nous pouvons construire des ponts et ne pas perdre de vue nos valeurs. Il est important de rappeler que Kasich est un extrémiste anti-avortement". Biden et son vice-président, Kamala Harris, font de l'avortement un des piliers de leur politique, et Cortez peut dormir sur ses deux oreilles.

    Mais cet épisode montre à quel point toute la campagne est basée sur un grand malentendu. Le Parti de l'Ane se présente comme une formation qui, en Italie, serait appelée "parti-nation", capable de réunir des consensus tant à droite qu'à gauche. Mais son véritable programme s'est radicalement déplacé vers la gauche, également pour réconcilier les hommes de Bernie Sanders, les vaincus (la tête haute) des primaires, mais toujours influents. Sans oublier que même le "clan" Clinton, avec Hillary, est allé jusqu'à l'extrême des positions libérales. Et que l'ancien président Obama, avec ses nombreuses apparitions publiques, exerce une influence croissante sur son ancien adjoint Biden et pourrait être le véritable président en coulisses, avec son intention de mener à bien la révolution verte, sanitaire et sociale.

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  • La famille est le principal moteur de l’économie

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    D' sur zenit.org :

    La famille est le principal moteur de l’économie, affirme Gabriella Gambino

    Préparation de la rencontre de novembre 2020 à Assise

    La famille est « le principal moteur capable de générer de la stabilité, de la sécurité, des attitudes vertueuses, solidaires et gratuites » pour alimenter le système économique, assure la sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, Gabriella Gambino

    Dans une intervention vidéo adressée aux participants à la formation en ligne préparant la rencontre « L’économie de François » prévue du 19 au 21 novembre 2020 à Assise, elle cite le philosophe Søren Kierkegaard – “La porte du bonheur s’ouvre toujours vers l’extérieur. Celui qui tente de la forcer en sens inverse finit par la fermer toujours plus”.

    La famille, explique la numéro 3 du Dicastère, « est en mesure de générer des attitudes vertueuses au sein du marché, comme le partage et la solidarité entre les générations ». En revanche une économie capitaliste qui mise sur « la maximisation des profits » ne conduit « ni au bonheur des individus ni au bien commun » et ne garantit pas « le développement humain intégral et l’inclusion sociale », en laissant de côté « les pauvres, les marginalisés ».

    La famille, a-t-elle insisté, « n’est pas un poids ni un coût, mais le principal moteur capable de générer stabilité, sécurité, attitudes vertueuses, solidaires et gratuites, qui peuvent alimenter vertueusement le système économique ».

    Gabriella Gambino a suggéré cinq directions à travailler : abandonner la conception individualiste de la personne ; reconnaître la priorité sociale de la famille, comme fondement du bien commun ; promouvoir des conditions de travail qui protègent la vie familiale ; promouvoir une croissance économique qui ne soit pas aux dépends des besoins fondamentaux de la personne en termes relationnels et familiaux ; et promouvoir un renouveau des modèles économiques basés aussi sur notre générosité personnelle à l’égard des plus nécessiteux.

    En conclusion, elle a souhaité un marché qui soit « un espace de rencontre entre les personnes, gouverné par la confiance et la transparence », fondé sur les principes « du partage, de la solidarité et de la communion ». « Le marché ne peut pas être gouverné par une “main invisible”, où l’autre est un inconnu anonyme sans visage, mais ce doit être une maison commune où tout le monde puisse habiter sans être exclu ni rester derrière, où chacun ait un nom et puisse faire entendre sa voix », a-t-elle affirmé.

    Initialement prévue en mars 2020, la rencontre sur « l’Economie de François » entre le pape François et quelque 2 000 jeunes de 115 pays a été reportée au 21 novembre 2020, pour éviter les risques de contagion par le coronavirus.

  • "Le plan de relance ne prépare pas l'avenir de l'Europe"

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    De François-Xavier Bellamy sur le site du Journal du Dimanche :

    TRIBUNE. François-Xavier Bellamy : "Le plan de relance ne prépare pas l'avenir de l'Europe"

     

    Le professeur de philosophie et député LR au Parlement européen, François-Xavier Bellamy, juge que la décision des 27 de l'UE de "créer le premier emprunt commun" pour faire face à la crise économique revient à "se tromper de problème".

    François-Xavier Bellamy, ex-tête de liste LR aux européennes, critique le plan de relance conclu entre les 27.

    François-Xavier Bellamy, ex-tête de liste LR aux européennes, critique le plan de relance conclu entre les 27. (Sipa)

    "Au terme d'une longue négociation sur le plan de relance européen, les Vingt-Sept ont accepté de créer le premier emprunt commun en réponse à la crise. Un problème, une dette : la France aura donc réussi à exporter à Bruxelles ses pires réflexes ; et l'Europe est sans doute aujourd'hui le seul endroit où l'on considère comme une victoire politique le fait d'encombrer l'avenir d'un emprunt supplémentaire. Bien sûr, toute crise suppose de dépenser, et toute relance d'investir, mais les États européens ont déjà, grâce à la politique de la BCE, un accès facile aux marchés avec des taux historiquement bas.

    Conduire la Commission européenne à emprunter à leur place, malgré une base légale très faible et des perspectives incertaines (comme l'a récemment montré le Brexit), c'est se tromper de problème. En réalité, cet emprunt commun n'est pas tant une réponse à la crise économique qui vient qu'une manière d'utiliser cette crise pour faire avancer un agenda politique : cette nouvelle solidarité budgétaire signe le retour à la vieille illusion d'une "Europe toujours plus intégrée". Elle offre une résurrection inattendue aux tenants du fédéralisme européen, auxquels les citoyens ont dit non depuis longtemps, mais qui s'offrent l'éphémère ivresse du "moment hamiltonien".

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  • L'esclavage : une réalité bien présente dans le monde d'aujourd'hui

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    De Smart Reading Press :

    ESCLAVAGE : QUITTER SON RÉTROVISEUR

    De nombreux faits attestant l’existence actuelle de l’esclavage sous différentes formes sont recensés sur le site Global Slavery Index, spécialisé dans la dénonciation de cette pratique à travers le monde. Tenons-nous-en aux plus significatifs, en commençant par l’Afrique.

    Selon ce site, environ 9,2 millions de personnes (hommes, femmes et enfants) sont actuellement réduites en esclavage en Afrique, contraintes au travail forcé, aux relations sexuelles forcées et au mariage forcé.

    En mars 2019, le Time Magazine rapportait que «selon l’Organisation internationale du travail (OIT) de l’ONU, les personnes actuellement réduites en esclavage sont près de trois fois plus nombreuses que celles qui ont été capturées et vendues pendant les 350 ans qu’a duré la traite transatlantique. Selon l’OIT, 25 millions de personnes sont en servitude pour dettes et 15 millions ont subi un mariage forcé.

    Esclaves en prison

    En 2017, des images d’esclaves vendus aux enchères en Libye ont circulé sur les réseaux sociaux : on y voyait des passeurs mettant à prix des migrants et les proposant comme esclaves. Dans une propriété à l’extérieur de Tripoli, un reporter de CNN a vu une douzaine d’hommes passer sous le marteau en quelques minutes. En 2019, le Time Magazine donnait le témoignage d’un migrant africain capturé et vendu comme esclave alors qu’il se rendait en Europe : «Arrivé à la frontière sud de la Libye, [il] a rencontré un chauffeur de taxi très sympathique qui lui a proposé de le conduire gratuitement à Tripoli, la capitale. Sur le chemin, il a été vendu à un “Libyen blanc” ou à un Arabe, pour 200 dollars (180 euros). Il a été forcé de rembourser sa “dette” sur un chantier de construction, un schéma qui s’est répété chaque fois qu’il a été vendu et revendu.»

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