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Economie - Page 12

  • Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) : un nouveau rapport de l'ECLJ prouve des atteintes à l’indépendance de nombreux experts de cette institution

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

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    Après avoir mis en lumière les conflits d’intérêts entre certaines ONG et des juges de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), l’ECLJ a poursuivi ce travail d’enquête auprès d’une autre institution internationale basée à Genève : le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

    L’ECLJ est fier de publier aujourd’hui un nouveau rapport prouvant des atteintes à l’indépendance de nombreux experts de cette institution.

    Dans son précédent rapport, l’ECLJ avait démontré l’existence de conflits d’intérêts touchant des juges de la CEDH. L’exactitude de ce premier rapport a depuis été reconnue par les ambassadeurs du Conseil de l’Europe[i]. Cette fois, l’ECLJ s’est attelé à étudier méticuleusement pendant plusieurs mois les déclarations publiques de financement des experts de l’ONU. Nous avons ensuite tenu à les interviewer pour avoir leur avis sur ces questions. L’ECLJ a pu réaliser plus de 25 entretiens avec ces experts des Procédures spéciales de l’ONU. Ce qui en ressort est édifiant.

    La principale conclusion de ce rapport est que des fondations privées financent directement des experts de l’ONU pour que ceux-ci rédigent des rapports allant dans le sens voulu par ces fondations privées. Ces rapports sont ensuite promus comme des recommandations indépendantes émanant de l’ONU, et repris par des gouvernements et des juridictions internationales pour soutenir ou justifier leurs décisions. Ceci est en contraction flagrante avec le code de conduite des experts et les résolutions du Conseil des droits de l’homme. Les experts devraient être indépendants, non seulement vis-à-vis des États mais aussi vis-à-vis des fondations privées qui veulent aligner l’agenda des experts sur le leur.

    Un exemple parmi d’autres tiré de notre rapport : Juan Méndez, Rapporteur spécial sur la torture entre 2010 et 2016 a été en même temps membre du conseil d’administration de l’Open Society Justice Initiative[ii]. L’Open Society Foundations lui a fourni un financement sur deux ans de 200 000 USD pour financer son centre de recherche l’Anti-Torture Initiative qui l’assiste dans la rédaction de ses rapports[iii]. En 2015, Monsieur Méndez a reçu 90 000 USD de la Fondation Ford, pour organiser une consultation d’experts sur le thème du genre et de la torture[iv], puis pour engager un assistant de recherche en vue de la rédaction d’un rapport sur le genre et la torture et pour en faire la promotion[v]. Le rapport officiel de l’expert sur le genre et la torture fut publié par l’ONU le 5 janvier 2016 et promeut l’avortement dans les mêmes termes que les fondations qui l’ont financé[vi]. À aucun moment le Rapporteur ne fait référence à la générosité de la Fondation Ford ou de l’Open Society Foundations.

    On observe à nouveau que l’Open Society et ses fondations affiliées figurent parmi les plus généreux pourvoyeurs de fonds auprès des experts du Conseil des droits de l’homme, aux côtés de la Fondation Ford.

    Il ressort également de notre enquête que la situation des experts varie grandement. Certains ne sont pas financés, d’autres résistent aux propositions ou démissionnent et sont donc très heureux que le travail d’enquête de l’ECLJ voit le jour. D’autres encore semblent accepter les financements privés sans réellement comprendre en quoi cela serait problématique et d’autres enfin acceptent avec plaisir les centaines de milliers de dollars pour promouvoir des causes qu’ils partagent avec les fondations, quand bien même ces combats idéologiques iraient au-delà de leur mandat.

    Dans son rapport, l’ECLJ s’attache à expliquer les causes de cette faille dans la protection de l’indépendance des experts ; pourquoi des fondations privées investissent massivement dans les Procédures spéciales de l’ONU ; pourquoi ce sont bien souvent les mêmes qui agissent auprès de la CEDH et quelles solutions seraient envisageables pour éviter cette « capture » des experts onusiens.

    L’ECLJ se réjouit que Valeurs Actuelles ait consacré cette semaine sa couverture et un dossier de 12 pages à cet important travail d’enquête. Les données et conclusions de ce rapport se fondent en effet sur les déclarations officielles disponibles librement sur le site internet du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, sur les sites internet des fondations finançant les experts et sur les affirmations directes de certains de ces experts des Procédures spéciales.

    Avec ce deuxième grand rapport pour favoriser l’indépendance réelle des institutions internationales, nous vous encourageons à participer à notre engagement en lisant ce rapport et en le partageant le plus largement possible.

    Télécharger le rapport sur le financement des experts de l'ONU

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    [i] Grégor Puppinck, « Le Conseil de l’Europe admet la véracité du rapport sur les ONG et les juges de la CEDH », Valeurs Actuelles, 16 avril 2021.
    [ii] OSF, Torture: It Can Happen Anywhere, February 13, 2014, https://www.opensocietyfoundations.org/voices/torture-it-can-happen-anywhere
    [iii] ONU, A/HRC/31/39 Annexe X - p.51.
    [iv] Ibid.
    [v] Ibid.
    [vi] ONU, « Perspectives de genre sur l’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants », A/HRC/31/57.

  • Vatican : début du procès concernant des opérations illicites réalisées avec des fonds de la Secrétairerie d'État

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    De Vatican News :

    Les magistrats du Vatican lors de la première audience du procès, mardi 27 juillet 2021.

    Procès de l'immeuble de Londres: Une première audience de sept heures. Reprise le 5 octobre

    Le procès pour l'utilisation de fonds de la Secrétairerie d'État a débuté ce lundi dans la salle d'audience aménagée dans les Musées du Vatican. Les avocats de la défense des dix accusés ont présenté leurs requêtes préliminaires.

    Une grande salle aménagée dans les Musées du Vatican a accueilli mardi 27 juillet la première audience du procès au Vatican pour des opérations illicites réalisées avec des fonds de la Secrétairerie d'État, à commencer par la vente de l'immeuble de Sloane Avenue à Londres. L'audience, présidée par Giuseppe Pignatone, a duré sept heures, en présence d'une trentaine d'avocats, de journalistes, de gendarmes, et de seulement deux des dix accusés: Monseigneur Mauro Carlino, présent dans la salle d'audience tôt le matin, et le cardinal Giovanni Angelo Becciù, ancien Substitut de la Secrétairie d'État, accusé de détournement de fonds, d'abus de pouvoir également de subornation.

    Le cardinal, dont les prérogatives du cardinalat ont été révoquées par le pape en septembre 2020, a assisté à toute l'audience, assis au dernier des trois guichets. A la fin de l'audience, il a rappelé qu'il avait toujours été «obéissant au Pape qui a voulu que j’aille au procès», se disant «serein» : «Je suis confiant que les juges seront capables de voir les faits et mon grand espoir est qu'ils reconnaissent mon innocence». Il a également annoncé qu'il avait chargé ses avocats de poursuivre Monseigneur Alberto Perlasca et Francesca Immacolata Chaouqui pour diffamation. 

    Les avocats de Cecilia Marogna et Gianluigi Torzi demandent un ajournement

    Le premier avocat à prendre la parole a été Fiorino Ruggio, qui défendait Cecilia Marogna, la manager de Cagliari, absente à l'audience. L'avocat a présenté une demande de report et de séparation de l'affaire au motif que le DIS (Le département d’information pour la sécurité, qui dépend de la présidence du Conseil en Italie, ndlr) avait ordonné une enquête et donc l'audition de Cecilia Marogna sur la base d'une plainte qu'elle avait déposée pour être libérée du secret. Ambra Giovene, l'avocat de Gianluigi Torzi, a demandé un report en raison de l'«empêchement légitime» de son client à assister à l'audience. Gianluigi Torzi est en effet en liberté surveillée, sous bracelet électronique depuis le 28 avril 2021 : «Il ne peut pas se déplacer de Londres», a déclaré son défenseur. 

    L'avocat d'Enrico Crasso

    Carlo Panella, l'avocat qui défend Enrico Crasso et ses sociétés, a pris plus d'une heure pour présenter un certain nombre d'exceptions et d'objections, dont la première concernait le fait que l'APSA et l'IOR s'étaient joints à la procédure en tant que parties civiles, ce qui, selon Carlo Panella, est «inadmissible» dans la mesure où ils avaient présenté «une formule générique» d'indemnisation sans expliquer leurs raisons. «Il n'y a aucune preuve d'une quelconque relation directe ou indirecte d'Enrico Crasso et de ses entreprises avec l'APSA et l'IOR», a-t-il ajouté. Il a ensuite souligné le risque éventuel que, en créant trois parties exprimant le même État, chacune ayant une demande d'indemnisation, «l'indemnisation pourrait être triplée». L'avocat s'est ensuite plaint de l'absence de «nombreux actes» et aussi du fait que les accusés n'ont pas eu la garantie de disposer du temps nécessaire pour préparer leur défense. Par conséquent, a-t-il dit, il n'y avait «aucun respect des principes de procédure régulière dont le Vatican veut s'inspirer».

    Contestations sur les rescrits du Pape

    L'avocat Carlo Panella conteste également le fait que, en vertu d'un rescrit du 2 juillet 2019 du Pape François, le bureau du Promoteur de Justice a été autorisé à effectuer tout type de mesure même de nature conservatoire. Selon l'avocat, un rescrit est un «acte administratif» et «le doute porte sur la question de savoir si un acte administratif peut déroger à la législation en vigueur». Trois autres rescrits du Pape ont introduit des procédures pénales «uniquement pour ces procédures», ce qui, selon l'avocat d'Enrico Crasso, ferait du Vatican «un tribunal spécial». Tous les autres avocats se sont associés aux demandes de Maître Panella et tous ont demandé que le décret de mise en accusation soit déclaré nul et non avenu.

    Mgr Alberto Perlasca et le procès

    L'avocat Salvino Mondello a déclaré que son client Mgr Carlino avait été accusé de «crimes complètement différents de ceux énumérés dans l'acte d'accusation». L'avocat du cardinal Becciu, Fabio Viglione, a quant à lui souligné l'absence d'enregistrements des interrogatoires de Mgr Alberto Perlasca dans les actes. Selon les avocats du cardinal, les cinq interrogatoires de Mgr Perlasca seraient «nuls et non avenus», ainsi que «le résultat d'une violation procédurale évidente des droits de garantie». Le premier interrogatoire du 31 août 2020, à laquelle Mgr Carlino a comparu volontairement sans avocat, serait invalide.

    L'avocat Giandomenico Caiazza, qui défend le courtier Raffaele Mincione, a souligné que dans les actes «presque par hasard» nous avons appris l'existence d'un mandat d'arrêt émis le 19 juin 2020 contre le courtier. Le dossier était intitulé "Mandat d'arrêt pour l’accusé Torzi". «Cela fait penser à un accident... Ce mandat d'arrêt n'a jamais été exécuté, mais il a été émis avec la même logique que celui de Gianluigi Torzi», à savoir que si Raffaele Mincione s'était présenté pour être interrogé, il aurait été arrêté.

    Severino : «Le Pape est le législateur».

    Paola Severino, avocate de la partie civile de la Secrétairerie d'État, a répondu aux demandes des avocats en réitérant la légitimité de l'incorporation de l'APSA en tant que partie civile en vertu du Motu Proprio du Pape du 26 décembre 2020, qui a transféré les fonds et les investissements de la Secrétairerie d'État à l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique. L'avocat a également souligné à plusieurs reprises que «le Pape est le législateur».

    Les explications du promoteur de la Justice et du promoteur adjoint

    Pour sa part, le promoteur de Justice du Vatican Gian Piero Milano est immédiatement revenu sur la question du rescrit papal qui, a-t-il expliqué, est un acte exprimant «le pouvoir suprême» du Pape. La réponse du promoteur adjoint, Alessandro Diddi, a été plus étendue, admettant que «si nous avons fait des erreurs, nous sommes prêts à les corriger». Il a toutefois répondu, point par point, à toutes les contestations de la défense ; il a surtout expliqué que le mandat d'arrêt contre Raffale Mincione a été décidé parce qu'en ces jours de juin 2020, à un stade «crucial» de l'enquête, il y a eu «une tentative de tromperie» de la part de Gianluigi Torzi et Raffaele Mincione: «Nous avons estimé que nous devions intervenir avec des mises aux arrêts».

    Le promoteur adjoint a également expliqué que tout le matériel informatique saisi est actuellement conservé dans un coffre-fort dans le bureau du Promoteur de Justice et que si certains actes n'ont pas été produits c'est parce que les lois en vigueur établissent qu'il est seulement possible de déposer des actes de procédure et non des actes saisis. Il a toutefois réitéré sa volonté, sous réserve de l'autorisation de la Cour, de reproduire toute documentation demandée. Enfin, il s'est dit fier du fait qu'«en un an et demi d'enquête, aucune fuite d'information n'a eu lieu».

    La décision du tribunal

    Enfin, le président du tribunal Giuseppe Pignatone a joint la position de l'ancien président de l'AIF, René Bruelhart, au procès principal. Il a ensuite levé le mandat d'arrêt du Vatican contre Raffaele Mincione et a réservé sa position sur toutes les exceptions et demandes des avocats. Il a enfin décidé que toutes les personnes absentes lors de cette première audience, à l'exception du courtier Gianluigi Torzi, du cardinal Angelo Becciu et de l'ancien secrétaire Mauro Carlino, devaient être jugées par contumace.

    La salle des audiences aménagée dans les Musées du Vatican
    La salle des audiences aménagée dans les Musées du Vatican
  • L'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique publie son premier rapport

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    De Salvatore Cernuzio sur Vatican News :

    Publication du premier rapport de l’APSA: les défis en période de pandémie

    Le document illustre en détail les activités de l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique. Diminution des bénéfices et des contributions à la Curie, placements financiers pour plus d'un milliard. Pour son président, Mgr Galantino l’APSA est venue en aide à ceux qui ont des difficultés à payer leurs échéances. «Les revenus ont diminué, mais pour nous le résultat est positif car il a fait ressortir la volonté de se comporter "comme une Église"», souligne-t-il.

    En 2020, les bénéfices étaient inférieurs à 51 millions. Les placements financiers se sont élevés à 1 778 milliards. La contribution pour les besoins de la Curie romaine a été réduite de moitié, passant de 41 à 20 millions: un résultat positif, toutefois, compte tenu des graves conséquences de la pandémie. Pour la première fois depuis sa création en 1967 donc, l'APSA publie son budget. Le document se réfère à l'année 2020 et la décision de le publier, explique le président Mgr Nunzio Galantino, découle de «l'espoir» de faire croître la confiance dans l'œuvre de l'Église, ainsi que du désir de transformer le dicastère établi par Paul VI d'une «structure qui offre principalement des services à la demande» à une «réalité proactive» dans la manière d'administrer le patrimoine qui lui est confié. 

    La vraie valeur des actifs du Saint-Siège

    En réalité, ce n'est pas la première fois que l'APSA établit son propre bilan et le présente aux organes de contrôle pour approbation: «cela s'est déjà produit dans le passé», explique Mgr Galantino dans une interview accordée aux médias du Vatican. En revanche, c'est la première fois qu'il est rendu public et «c'est certainement un pas en avant en termes de transparence».

    Il convient de rappeler que le Pape François, par un Motu proprio daté du 28 décembre 2020, a transféré les fonds et les propriétés de la Secrétairerie d'État à l'APSA. Le chef de cette institution souligne que ce processus n'est pas seulement «un transfert de matériel et de compétences», mais «une nouvelle culture, pas seulement administrative, qui doit progressivement nous appartenir».

    Le rapport décrit en détail comment l'APSA a travaillé pendant les mois marqués par la crise sanitaire. Il fournit également des informations utiles pour réfuter les faux récits sur la taille et la valeur des actifs du Saint-Siège. Il explique, par exemple, que c'est grâce à la location de propriétés prestigieuses à Paris et à Londres qu'il a été possible d'accorder un prêt gratuit à l'Aumônerie apostolique pour un bâtiment historique tel que le Palazzo Migliori, qui abrite les sans-abri accueillis par Sant'Egidio.

    Le document mentionne également l'achat d'une propriété près de l'Arc de Triomphe à Paris: le vendeur, grâce à la médiation de la société vaticane Sopridex, a affecté une partie du produit de la vente à la construction d'une église dans un quartier pauvre de Paris. «La propriété a été achetée le 22 décembre 2017 pour augmenter les revenus du Saint-Siège et fournir simultanément des ressources à investir dans la construction d'une église dans une banlieue et dans la formation des jeunes», explique en détail Mgr Galantino. Prix du bien: 13,47 millions d'euros, avec un rendement brut de la valeur de 2,87%.

    Gestion prudente

    Le document clarifie également les trois domaines dans lesquels l'APSA opère. Le premier est l'immobilier, avec la gestion de 4 051 unités en Italie (92% à Rome et dans sa province). Ensuite, il y a les actifs mobiliers: investissements en titres internationaux, conseil, solutions financières, accès aux marchés de capitaux pour la Curie et les autres organes du Vatican. Le troisième domaine est identifié comme “autres activités”, les services - le plus souvent gratuits - fournis par les bureaux d'achat, de comptabilité, de recouvrement et de paiement et par “Peregrinatio Ad Petri Sedem”, qui s'occupe de la billetterie et de l'organisation logistique des voyages pour le Saint-Siège.

    Le rapport met largement l'accent sur les conséquences socio-économiques de la pandémie, qui ont eu des «répercussions négatives» sur les résultats de gestion. «Les activités que tous les membres de l'APSA mettent en place vont au-delà des graves conséquences de la crise pandémique, explique M. Galantino. Nos énergies sont orientées vers une administration crédible, fiable et efficace, nous faisant guider par des processus de rationalisation, de transparence et de professionnalisme également demandés par le Pape François». 

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  • Quand triomphe "l'esprit bourgeois"

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    De Bernard Dumont sur le site de la Revue Catholica :

    Numéro 152 : Le triomphe de l’esprit bourgeois

    11 Juil 2021

    Pour l’Encyclopaedia Universalis, la modernité « n’est ni un concept sociologique, ni un concept politique, ni proprement un concept historique. C’est un mode de civilisation caractéristique, qui s’oppose au mode de la tradition, c’est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles »[1]. C’est pourquoi la modernité fait l’objet d’expressions multiples, éventuellement contraires (par exemple, l’omnipotence de l’État et l’anarchisme, austérité socialiste et société de consommation, nationalisme et internationalisme) mais fondamentalement associées entre elles par cette négation initiale. Et cette conception n’est pas une abstraction avançant toute seule dans le temps. Elle est portée historiquement par une avant-garde d’intellectuels, de groupes d’influence, de grands chevaliers d’industrie, de managers, de politiciens exerçant une fonction motrice, avec l’acquiescement progressif des masses qu’elle réussit à faire entrer dans son jeu.

    Si l’on pense spontanément au rôle joué par les philosophes des Lumières, on ne peut oublier la classe sociale dans laquelle Marx a vu l’activateur de l’évolution historique conduisant, par contradictions ultérieures, à l’émancipation totale de l’humanité, en l’espèce, la bourgeoisie, au sens économique du terme. Dans une première partie (« Bourgeois et prolétaires »), le Manifeste communiste (1847), suivant sa logique matérialiste, présente la catégorie sociale des marchands et l’ascension de sa puissance liée à la maîtrise des affaires et, plus encore, de la technique. Il décrit sa progressive appropriation du pouvoir politique, dans des termes qui aujourd’hui ne manquent pas de sel : « Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière. » Mais c’est surtout le long éloge de cette classe qui retient l’attention : « La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. » « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux. » Elle a secoué la « rouille » de l’économie traditionnelle, elle a créé des « merveilles » plus splendides que les Pyramides, et finalement dominé la planète entière. « Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. » Marx annonce la disparition des cultures nationales, et ce que l’on n’appelait pas encore la mondialisation, dans la pure logique de ce triomphe de la matière[2].

    Et pourtant, selon le Manifeste, « les conditions bourgeoises de production et d’échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne […] ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées ». Après avoir joué son rôle destructeur de la société traditionnelle, la bourgeoisie est donc censée entrer en crise fatale, au profit de la révolution prolétarienne qu’elle. aura suscitée. Obnubilé par sa conception millénariste (quoique matérialiste) de la révolution – sa prophétie du « royaume de la liberté » – Marx n’a pas entrevu la possibilité que celle-ci « s’ossifie » un jour comme la société traditionnelle dont il proclamait la déchéance.

    Avant de poursuivre, remarquons que dans la conception de Marx, c’est l’activité technique des acteurs économiques et son évolution qui sont mises en évidence, mais l’esprit qui les inspire est exclu de. la considération, puisqu’il est censé n’être que l’image inversée de leur conduite matérielle[3]. Or la bourgeoisie, avant même la possession des richesses matérielles et leur désir, par une manière de concevoir la vie, un état d’esprit commun à tous ceux qui se pensent et se comportent comme l’avant-garde de la modernité, laquelle aspire, comme on l’a dit, à rompre avec tout ce qui peut évoquer la tradition. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est plus judicieux de parler d’esprit bourgeois, ou encore de bourgeoisisme, disposition qui peut se rencontrer non seulement chez les éléments moteurs du système économique moderne et ses très riches bénéficiaires, mais aussi dans des couches nettement moins à l’aise de la société, mais partageant en fait les mêmes désirs ; et de même, aussi bien dans les partis de la droite conservatrice qu’au sein du socialisme révolutionnaire. Par ailleurs, et pour cette même raison, il faudrait se garder de confondre bourgeoisie et classes moyennes, justement parce que celles-ci sont loin d’avoir toujours partagé l’ensemble des aspirations « bourgeoisistes », même si une lente érosion a tendu toujours plus à les voir s’aligner sur les « nouvelles valeurs » en matière d’hyper-consommation, de situations familiales « libérées », d’athéisme pratique.

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  • La meilleure bière du monde est fabriquée par des trappistes belges

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    De Michel Janva sur le Salon Beige :

    Les mythiques bières de l’abbaye de Westvleteren

    • être brassée au sein d’une abbaye de l’ordre cistercien de la stricte observance,
    • par les moines ou au moins sous leur supervision,
    • et enfin, les bénéfices doivent être utilisés pour le monastère et le surplus donné à des œuvres caritatives ou sociales

    Tout est en ordre à Westvleteren !

    Les moines de Westvleteren, dans la brasserie de leur monastère – ©Abbaye de Westvleteren

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  • L'omniprésence du sexe et la grande misère du désir

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    De Nicolas Kinosky sur le site de La Nef :

    Fric, sexe et fun

    La misère du désir, son empire et son marché

    Le sexe est partout, dans la publicité, à la télévision, sur un internet. Il est devenu un bien consommable et louable. Parallèlement, les individus sont de plus en plus frustrés ; à la misère du salariat se joint celle du désir, cible de l’extension du marché. Tentons de Comprendre l’articulation entre misère du désir et capitalisme ; sexualité et consommation cool.

    Pour comprendre la relation entre le désir et le marché, établissons déjà que le marché va là où il peut aller et que rien ne l’arrête. Non pas que le capitalisme soit immoral, il est amoral. Ensuite, comprenons qu’il a besoin, ce même capitalisme, d’hommes sans structures, sans nation, sans Dieu, interchangeables et dominés par leur désir de consommation justifié par le travail qu’ils exercent. Devenus des atomes, ils sont aliénables par tous les moyens, de toutes les manières et à toutes les modes. De nos jours, cela était vrai antecovidium mais se vérifie mille foi intercovidium, l’individu est en crise : crise du salariat, crise de l’identité, crise de la virilité et misère du désir. La crise de la virilité souffre d’un paradoxe : la pression mise sur l’homme et la déconstruction des stéréotypes masculins en vue de faire des êtres sans identité, sans genre, sans sexe, indéterminés. Mais intéressons-nous précisément à la dernière des crises énoncées, celle du désir. Nous vivons dans des sociétés liquides faites d’individus consommateurs et salariés ; pourtant ces sociétés garantissent, en même temps, la pleine jouissance et le parfait épanouissement des individus, PMA/GPA d’un côté, mais confinements, tests, vaccins et pass sanitaire, de l’autre. L’homme est libre en tant qu’individu mais piqué, masqué, sous-couverture. Tout est permis mais rien n’est possible, disait Michel Clouscard, cela même est l’articulation du capitalisme.

    Lire la suite sur le site de La Nef

  • La Fondation Gates prévoit de consacrer 2,1 milliards de dollars aux contraceptifs et à l'égalité des sexes

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    De la Catholic News Agency :

    La Fondation Gates prévoit de consacrer 2,1 milliards de dollars aux contraceptifs et à l'égalité des sexes

    Washington, D.C. Salle de presse, 3 juil. 2021

    La Fondation Bill et Melinda Gates commencera à faire pression en faveur d'un accès accru aux contraceptifs au cours des cinq prochaines années, dans le cadre de son nouveau projet de 2,1 milliards de dollars visant à promouvoir l'"égalité des sexes".

    "Nous savons que lorsque les femmes contrôlent leur corps et leur avenir, elles déclenchent un cycle d'autonomisation qui se répercute sur les générations à venir", a écrit Melinda Gates dans un message publié sur le site web de la fondation.

    Au cours des cinq prochaines années, la fondation dépensera en moyenne environ 420 millions de dollars par an. Le financement vise également à promouvoir "l'autonomisation économique des femmes, à renforcer la santé et le planning familial des femmes et des filles, et à soutenir le leadership des femmes."

    "Nous réaffirmons également notre engagement de 20 ans en faveur du planning familial en soutenant nos partenaires pour développer des technologies contraceptives nouvelles et améliorées et répondre aux besoins des femmes et des filles en matière de soins de haute qualité", a écrit Gates.

    Selon le Wall Street Journal, la Fondation Gates vise à aider les femmes à obtenir davantage de possibilités de travail rémunéré, à rendre les contraceptifs plus disponibles et à améliorer les services financiers et l'accès aux services de garde d'enfants.

    La fondation vise à "élever les femmes" à des postes de direction grâce à des "services de planification familiale", selon le WSJ. Le WSJ a indiqué que la fondation a dépensé 296 millions de dollars pour des initiatives de planification familiale en 2018. 

    Gates a promis 1 milliard de dollars en 2019 pour "l'égalité des sexes".

    Avec son mari, Gates a formé la Fondation Bill et Melinda Gates, l'une des plus grandes fondations philanthropiques au monde. Depuis sa création en 1997, l'organisation a toujours défendu et donné de l'argent pour l'avortement et les contraceptifs.

  • La chute de la natalité et celle à venir de la population mondiale représenteront le phénomène majeur du XXIe siècle

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    « La planète va se vider de sa population, changeons nos idées reçues »

    Pour Darrell Bricker et John Ibbitson, la chute de la natalité et celle à venir de la population mondiale représenteront le phénomène majeur du XXIe siècle. L’enjeu majeur du XXIe siècle ne sera pas la surpopulation, mais le déclin de l’humanité. Dans le passionnant Planète vide (publié aux Arènes), les Canadiens John Ibbitson, grand journaliste au Globe and Mail (quotidien de tendance libérale et progressiste), et Darrell Bricker, PDG d’Ipsos Public Affairs, montrent que la natalité est déjà en chute libre sur presque tous les continents, et que cela aura des conséquences vertigineuses sur les plans géopolitique, économique ou de l’immigration. Depuis la parution de leur livre en 2019, les données ou l’épidémie du Covid-19 n’ont fait que confirmer cette thèse qui bouleverse toutes nos idées reçues. Extraits d’un entretien de ces deux auteurs paru dans L’Express.

    — Dans un monde moderne et technologique, n’avons-nous pas tendance à sous-estimer l’importance de la démographie ?

    Darrell Bricker — Comme l’a dit Auguste Comte, « la démographie, c’est le destin ». Plus jeune dans ma carrière, en tant que sondeur, j’ai sous-estimé son influence, en pensant que le plus important était les comportements et les opinions des personnes. Mais si vous changez la structure de la population, cela bouleverse tout. J’ai ainsi compris que Comte était en avance sur son temps. Un grand nombre d’événements historiques peuvent s’expliquer à travers la démographie. Pourquoi les pays font-ils la guerre ? Eh bien, il y a une forte corrélation entre le bellicisme d’une nation et le fait d’avoir une population jeune, à l’image de la France de Napoléon. [Voir Gunnar Heinsohn : jeunesse de la population et index de belligérance] Pourquoi y a-t-il aujourd’hui moins de conflits sur la planète ? Parce que nous n’avons plus autant de jeunes hommes pour combattre…

    — Vous rappelez par exemple que le conflit israélo-palestinien est aussi une bataille démographique, les deux populations ayant des taux de fécondité identiques et élevés de 3,1…

    D.B. — En plus, le taux naturel fait qu’il y a en moyenne près de 105 garçons qui naissent pour 100 filles. Quand une population a une moyenne d’âge peu élevée, cela renforce la frustration des jeunes hommes, comme on peut le voir en Palestine. Ce n’est bien sûr pas le seul facteur, mais c’est une des explications.

    Quant à Israël, il a le taux de fécondité le plus élevé des pays du monde développé, le double de la majorité des nations occidentales. C’est même le seul pays à ma connaissance qui a réussi à remonter ses taux de fécondité, passant de 2,70 enfants par femme au début des années 1990 à plus de 3 aujourd’hui. [Note du carnet : la fécondité en Algérie est passée de  2,4 enfants par femme en 2000 à 3,1 enfants par femme en 2015. Cela s’explique généralement par la réislamisation de la société alors que les conditions économiques ne sont, paradoxalement, pas améliorées pour former des ménages et accueillir plus d’enfants.] 

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  • Fin de l’enquête sur l’immeuble de Londres : dix personnes seront jugées au Vatican dont le cardinal Becciu

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    De Vatican News :

    Fin de l’enquête sur l’immeuble de Londres, dix personnes seront jugées au Vatican

    Un procès aura lieu à l’encontre de Mgr Carlino, Enrico Crasso, Tommaso Di Ruzza, Cecilia Marogna, Raffaele Mincione, Nicola Squillace, Fabrizio Tirabassi, Gianluigi Torzi, René Brülhart et le cardinal Angelo Becciu.

    3 juillet 2021

    L'enquête, longue et complexe, a été menée par le Promoteur de Justice Gian Piero Milano et les magistrats Alessandro Diddi et Gianluca Perrone. Une enquête qui s'est déroulée grâce aux investigations de la gendarmerie vaticane dirigée par le commandant Gianluca Gauzzi Broccoletti et qui a conduit à l'examen d'une grande quantité de documents, d'appareils électroniques saisis chez les suspects, ainsi qu'à la confrontation de témoins.

    Le président du Tribunal de la Cité du Vatican, Giuseppe Pignatone, a ordonné l’inculpation de dix personnes, suite à la demande présentée par le Bureau du Promoteur de Justice, rapporte un communiqué du Bureau de presse du Saint-Siège ce samedi 3 juillet. L’acte d’accusation, déposé ces derniers jours, conclut la première phase de l'enquête : les documents recueillis jusqu'à présent seront examinés par la Cour lors de l'audience publique qui opposera l'accusation à la défense. La première audience est prévue pour le 27 juillet.

    Les personnes suivantes seront jugées : René Brülhart (ancien président de l’AIF, Autorité d’Information Financière) à qui l'accusation reproche le délit d'abus de pouvoir ; Mgr Mauro Carlino (ancien secrétaire du Substitut de la Secrétairerie d'État) accusé d'extorsion et d'abus de pouvoir ; Enrico Crasso (l’intermédiaire gestionnaire pendant des décennies des investissements de la Secrétairerie d'État), accusé des délits de détournement de fonds, corruption, extorsion, blanchiment d'argent et auto-blanchiment, fraude, abus de pouvoir, faux en écriture publique commis par un particulier et faux écriture privé ; Tommaso Di Ruzza (ancien directeur de l’AIF) accusé de détournement de fonds, d'abus de pouvoir et de violation du secret professionnel.

    Egalement sur les bancs de la justice : Cecilia Marogna (qui a reçu des sommes considérables de la Secrétairerie d'État pour mener des activités de renseignement) accusée de détournement de fonds ; Raffaele Mincione (l’intermédiaire qui a fait souscrire à la Secrétairerie d'État d'importantes parts du fonds possesseur de l'immeuble londonien du 60 Sloane Avenue, utilisant l'argent reçu pour ses investissements spéculatifs), accusé de détournement de fonds, fraude, abus de pouvoir, détournement de fonds et auto-blanchiment ; Nicola Squillace (avocat impliqué dans les négociations) accusé de fraude, détournement de fonds, blanchiment d'argent et auto-blanchiment ; Fabrizio Tirabassi (un assistant, employé du Bureau administratif de la Secrétairerie d'État qui a joué un rôle de premier plan dans l'affaire) accusé de corruption, extorsion, détournement de fonds, fraude et abus de pouvoir ; Gianluigi Torzi (l’intermédiaire appelé pour aider le Saint-Siège à sortir du fonds de Raffaele Mincione qui se fait octroyer jusqu'à 15 millions pour rendre l’immeuble à ses propriétaires légitimes) accusé d'extorsion, détournement de fonds, fraude, blanchiment d'argent et auto-blanchiment.

    La demande de citation à comparaître a également été présentée à l'encontre des sociétés suivantes : HP Finance LLC, d’Enrico Crasso, accusée de fraude ; Logsic Humanitarne Dejavnosti, D.O.O., de Cecilia Marogna, accusée de détournement de fonds ; Prestige Family Office SA, d’Enrico Crasso, accusée de fraude ; Sogenel Capital Investment, désignée par Enrico Crasso, accusée de fraude. Certains délits sont également considérés comme ayant été commis en « complicité ».

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  • Un nouveau site consacré à la Doctrine sociale de l'Eglise : une somme incontournable libre d'accès

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    Alors que nous fêtons le 130ème anniversaire de la publication de Rerum Novarum, voilà qu'un nouveau site consacré à la Doctrine sociale de l'Eglise fait son apparition sur la toile : la consécration d'un travail magistral qui a coûté à son auteur de nombreuses années de labeur acharné. Chacun pourra consulter cette véritable somme et en télécharger les passages qui l'intéresseront. Merci à Claude Callens de mettre à notre portée l'enseignement social de l'Eglise sous une forme accessible. Saluons aussi le travail de l'informaticien expérimenté qui a converti les nombreux chapitres de cette somme en un site clair et commode d'utilisation.  
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    L'avertissement de l'auteur, Claude Callens :

    Ce travail n’est impressionnant que par son volume. En effet, pour le mener à bien il aurait fallu quelque génie ou, plus pratiquement, une équipe de spécialistes, théologiens, philosophes, moralistes, historiens, économistes, sociologues, politologues, polémologues, tous, en plus, versés en doctrine sociale chrétienne et en collaboration étroite et durable. ! Autant dire, dans ces conditions, que le projet était irréalisable.

    Je m’y suis attelé pendant vingt ans sans avoir strictement aucune des compétences requises. Tout au plus voulais-je, au départ, mettre au propre, en deux cents pages, les préparations des cours de morale sociale que j’ai donnés durant près de cinquante ans, au hasard des demandes. Tout d’abord, par exemple, à partit de 1978 dans les Centres étudiants de formation et d’action culturelle et sociale à Namur, Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Mons et Liège ; puis plus systématiquement de 1995 à 2019 aux Séminaire et Studium Notre-Dame à Namur ; de 1993 à 2005, à l’Ecole de la Foi de Namur et, de 2006 à 2019, à l’Institut supérieur de théologie du diocèse de Tournai.

    Au fil des découvertes et des interrogations, les 200 pages prévues sont devenues 2.200…​

    Il ne s’agit certes pas d’une présentation exhaustive de l’enseignement social chrétien qui prétendrait faire concurrence au Compendium de la doctrine sociale de l’Église[1] qui, depuis 2005, est « un instrument très adapté » dont le pape Francois « recommande vivement l’utilisation et l’étude »[2]. Mon travail se veut beaucoup plus simplement une défense et illustration de quelques thèmes fondamentaux de cette doctrine sociale. Défense et illustration appuyées presque exclusivement sur des lectures en langue française qui ne sont pas nécessairement empruntées aux plus grands spécialistes reconnus…​. Une défense et illustration qui fait aussi la part belle aux textes de base qu’il était bon que les étudiants découvrent.

    Non seulement, le résultat est à revoir et à corriger en raison de l’incompétence de l’auteur mais il restera toujours, par nature, incomplet. Bien d’autres thèmes pourraient être abordés mais, plus fondamentalement, comme l’écrivait un grand connaisseur de la doctrine sociale de l’Église en se référant lui-même à deux autres spécialistes, la doctrine sociale de l’Église « est beaucoup moins déterminée et figée que nous ne sommes parfois tentés de le croire […]. Elle consiste en un « projet social » dont papes et docteurs s’efforcent, pour faire face aux exigences de l’époque, de déterminer toujours plus exactement les lignes directrices, au moyen d’une « méthode d’analyse » inspirée par la foi et basée sur une anthropologie religieuse, en vue d’« éveiller les hommes à une prise de conscience personnelle et réfléchie de la signification de leur foi pour la vie économique et sociale » […]. Il ne faut point s’étonner que l’expression de cette doctrine, à une date donnée et sur un point limité, puisse présenter quelque imprécision. »[3] Il faudra donc veiller à l’actualiser sans cesse pour incarner opportunément les principes fondamentaux sur lesquels elle doit se construire.

    Il faudra aussi revoir certaines dates et fonctions de quelques auteurs car le temps a passé. De plus, le lecteur s’efforcera, je l’espère, de pardonner quelques répétitions…​ Mais elles ne choqueront peut-être que ceux qui auraient la folie de lire l’ensemble.

    Appel est donc lancé à toutes les bonnes volontés pour améliorer cet essai, ne serait-ce que pour signaler coquilles, distractions, fautes diverses. Le manuscrit, en effet, vu sa masse, n’a pas trouvé de correcteur. Le lecteur occasionnel et bienveillant est invité à « cliquer » sur la rubrique « rapporter un problème » en haut et à droite de la page et suivre les instructions. Merci à lui, d’avance !

    Nous aurons à peine accompli tout ce qui dépend de nous, que Dieu prendra ce petit travail qui n’est rien, l’unira à sa grandeur et lui donnera tant de prix qu’il en sera lui-même la récompense.
    — Sainte Thérèse d’Avila
    Le Château de l’âme ou Le livre des demeures, Seuil, 1997, p. 103.

    1. Conseil pontifical « Justice et paix », Libreria editrice vaticana.
    2EG, n°184.
    3. FESSARD G. sj, De l’actualité historique, t.2: Progressisme chrétien et apostolat ouvrier, Desclée de Brouwer, 1960, pp. 234-235. L’auteur se réfère à deux autres jésuites : les P. J.-Y.Calvez et J. Perrin.
     
  • La saga des déboires judiciaires du Vatican

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    La justice du Vatican, ou la saga des déboires judiciaires

    Au terme de son avant-dernière inspection, en 2017, Moneyval avait reproché à la magistrature du Vatican sa négligence, plus précisément de ne pas en faire assez sur les cas suspects identifiés et signalés par l’Autorité d’Information Financière, l’AIF, du Vatican lui-même.

    Mais à présent qu’un nouveau rapport de Moneyval – le comité du Conseil de l’Europe qui évalue le respect des normes financières internationales des États qui en font partie – est censé arriver d’un jour à l’autre, sur base d’une inspection entamée le 30 septembre dernier qui a duré une dizaine de jours, on craint au Vatican que les critiques ne soient encore plus sévères.

    S’il est pourtant vrai que la magistrature pontificale a mené à bien un long procès, celui qui a abouti le 21 janvier à la condamnation d’Angelo Caloia, l’ex-président de la « banque » du Vatican, l’IOR, l’Institut pour les œuvres de religion, il n’en demeure pas moins que le principal désastre de ces dernières années, c’est-à-dire l’acquisition douteuse par la Secrétairerie d’État du luxueux bâtiment du 60 Sloane Avenue à Londres, est non seulement encore loin d’arriver à la phase du procès mais a également connu une impitoyable suite de revers judiciaires.

    La photo ci-dessus a été prise lors de la phase cruciale de cette affaire. Nous sommes alors le 26 décembre 2018 et, à côté du Pape François, à sainte Marthe, se tient Gianluigi Torzi, le principal financier auxquel la Secrétairerie d’État a fait confiance pour l’achat de l’immeuble londonien.

    À cette date, l’achat a été conclu pour la somme de 350 millions de dollars, mais la Secrétairerie d’État ne peut disposer de l’immeuble qu’en se libérant au prix fort des intermédiaires et en particulier en récupérant auprès de Torzi lui-même les sommes importantes restées en sa possession.

    Mais cette dernière opération à elle seule allait coûter 15 millions d’euros, une somme que la Secrétairerie d’État prétendra ensuite avoir été extorquée par Torzi lui-même, mais que ce dernier prétend avoir légalement négociée, dans une rencontre au Vatican entre lui, le substitut du Secrétaire d’État Edgar Peña Parra et le Pape François en personne.

    Cette rencontre, au cours de laquelle le Pape a demandé que l’on trouve une solution et que l’on octroie à Torzi « un juste salaire », sera admise par la justice vaticane elle-même en février 2021. Mais ne brûlons pas les étapes et revenons en 2019.

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  • Le Vatican a investi dans des sociétés pharmaceutiques produisant des pilules abortives

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    De nu.nl :

    La gestion financière du Vatican a investi dans un fabricant de pilules abortives pendant des années.

    28 avril 2021

    Le Vatican investit depuis des années dans la société pharmaceutique suisse Novartis, la société mère de Sandoz qui produit notamment la pilule du lendemain et la pilule abortive. Cet investissement est un exemple de ce qui n'allait pas dans la gestion financière du Vatican à l'époque, selon l'ancien contrôleur financier supérieur Libero Milone.

    Outre les actions de Novartis, le Vatican aurait également détenu des actions de Roche, une société pharmaceutique également suisse. Selon Milone, le montant total concerné serait d'environ 20 millions d'euros.

    Ces investissements frappants ont été révélés dans l'émission Report de la chaîne publique italienne RAI 3. Milone, qui était l'auditeur général du Vatican de 2015 à 2017, a déclaré dans l'émission que cela montre comment les investissements ne tenaient pratiquement pas compte des enseignements sociaux de l'Église catholique. Par exemple, les journalistes ont rappelé qu'à l'époque, le Vatican encourageait en fait les pharmaciens à ne pas vendre la pilule abortive.

    Le rapport affirme également avoir la preuve que les conseillers de l'organe consultatif financier du Vatican qui préconisaient la transparence et la rectitude étaient souvent boycottés, voire sabotés. Le pape François se serait lui aussi heurté à une résistance farouche dans l'enceinte de la Cité du Vatican lorsqu'il a voulu faire passer les réformes financières entamées par son prédécesseur.