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Ethique - Page 60

  • Va-t-on vers une législation sur l’avortement qui devrait blanchir définitivement les consciences?

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    Du "Forum Catholicum" :

    Vers une législation sur l’avortement qui doit définitivement blanchir les consciences?

    28-04-2023

    Récemment, on a pu assister dans l’émission de la VRT Canvas « Terzake » à un débat entre les parlementaires Els Van Hoof (CD&V) et Melissa Depraetere (Vooruit). Ils ont discuté  de la proposition du comité scientifique qui a évalué la nécessité d’une prolongation de la durée de l’avortement et d’autres assouplissements de la législation actuelle sur l’avortement.  D’un côté, on a pu assisté à une  recherche trop empathique d’un compromis acceptable et, de  l’autre, à une politicienne progressiste qui ignore fermement le fait que la question de l’avortement ne se limite pas aux droits des femmes. Il est douteux que quelqu’un en soit devenu un gramme plus sage.  La contribution de  la « science » à cette question reste également un grand point d’interrogation.  En principe,  celle-ci ne peut nous aider que sur des questions de nature matérielle, tandis que dans la question de l’avortement, des valeurs morales sont mises en balance les unes contre les autres. Dans notre système politique, la réponse juridique à cette question ne peut que provenir de la politique.  C’est une discussion qui divise fondamentalement notre société, comme nous l’avons vu lorsque le roi Baudouin a été temporairement déclaré incapable de gouverner. Il est important que tous les arguments soient  présentés de manière équilibrée et que tous les participants soient bien informés sur la base d’un langage clair.

    Le débat télévisé cité peut être considéré comme  révélateur  du caractère banal de la manière dont cela est souvent discuté  à côté de la question dans notre pays. Il s’agit encore presque exclusivement de droits, mais rarement, voire jamais, de devoirs, sans parler de responsabilités. Quiconque ose poser de sérieuses questions sur la lutte sans fin pour de plus en plus de droits des femmes et des animaux court le risque d’une désapprobation généralisée. Par exemple, qui se demande encore pourquoi la future mère a le droit exclusif de décider de la vie et  de la mort de son futur enfant et pourquoi le  père n’en a rien à dire du tout? Pourquoi  la protection du loup, qui satisfait sa faim prédatrice en mangeant des moutons, est-elle plus importante que la protection de la vie de ces animaux de troupeau, connus pour leur docilité paisible? Si on martyrise un animal on ait puni sévèrement, mais une mère future qui laisse éliminer le fœtus humain dans son sein d’une manière violente est subsidiée pour cela. Nous vivons dans une société avec des relations de valeurs qui semblent souvent défier la logique élémentaire.

    En plus de la banalité, l’unilatéralité règne. Il s’agit avant tout  de  faire appel à des émotions soigneusement choisies qui paralysent la pensée logique et cohérente du public. Quelques exemples. Comme l’un des principaux arguments en faveur de l’extension de la période d’avortement, la période actuelle pour cela aux Pays-Bas est citée. En conséquence, les femmes ayant une grossesse non désirée qui a dépassé le délai belge se sentent « obligées » de chercher refuge aux Pays-Bas.  Cela donne lieu à une discrimination, car tout le monde n’a pas les moyens de déménager aux Pays-Bas.  D’une part, une telle situation financière précaire est plus-tôt exceptionnelle et, d’autre part,  elle  concerne un problème social général. On peut également utiliser cette même « inégalité » dans de  nombreux autres domaines  pour lutter contre une soi-disant discrimination : salaires, pensions, options de  voyage, etc. De plus, cet argument contourne la discussion fondamentale, comme si nous  devions évidemment supposer que la réglementation de l’avortement aux Pays-Bas est la meilleure. Un autre exemple bien connu est le slogan « maitre dans son propre corps ». On peut facilement remplacer ce slogan par « maitre dans sa propre maison », ce qui signifierait que l’on a le droit dans sa propriété d’éliminer toute personne indésirable dans un certain délai (sans aucune consultation préalable, bien sûr).

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  • François en Hongrie : éloges inattendus et quelques avertissements

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    De Nico Spuntoni sur le site web de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Viktor-Orban-pape-Francois-2-1.jpg

    " Le pape dépoussière les principes non négociables et désigne même Budapest comme modèle pour le reste de l'Europe sur la famille et la natalité, questions sur lesquelles le pays est isolé de l'UE, ainsi que sur le conflit en Ukraine. Mais il n'y avait pas que du miel, il y avait aussi du tonnerre sur les migrants et sur le rapport à la société sécularisée :

    Le pape utilise la carotte et le bâton le premier jour de son 41e voyage apostolique. En effet, dans la Hongrie d'Orban, rencontre avec les autorités , François dépoussière les principes non négociables et le fait en s'en prenant implicitement à l'Union européenne, coupable de vouloir transformer l'Europe en une "réalité fluide, sinon gazeuse", ce qu'il définit significativement comme un « supranationalisme abstrait, oublieux de la vie des peuples ».

    Ce sont des paroles importantes aussi parce qu'elles ont été prononcées devant les autorités hongroises qui sont presque en guerre ouverte avec Bruxelles. Et comment se déroule cette tentative de transformation ? À travers, dit le pape, "la voie néfaste des" colonisations idéologiques ", qui éliminent les différences, comme dans le cas de la soi-disant culture de genre, qui élimine précisément les différences ou place les concepts réducteurs de liberté avant la réalité de la vie, par exemple en vantant comme une conquête un « droit à l'avortement » insensé, qui est toujours une défaite tragique». Des propos qui vont plaire au gouvernement hongrois qui s'est retrouvé sur le banc des accusés de l'UE pour la loi de propagande anti-LGBT.

    François réserve des éloges imprévisibles, désignant même Budapest comme un modèle pour le reste de l'Europe sur certaines questions spécifiques , notamment la lutte contre l'hiver démographique. Cela a été vu avec des compliments pour les "politiques efficaces pour la natalité et la famille, soigneusement menées dans ce pays". Et puis, comme le prévoyaient les reconstitutions qui anticipaient ce voyage, la référence au conflit proche en Ukraine sur lequel Budapest danse seule par rapport au reste des pays de l'UE ne manquait pas.

    Rappelant les souffrances passées de la Hongrie sous la dictature communiste, François a reconnu la "mission de garder le trésor de la démocratie et le rêve de paix". Et sur cette question, le pape ne s'est pas retenu et a parlé explicitement : « Je me demande, même en pensant à l'Ukraine tourmentée, où sont les efforts créatifs pour la paix ? Où sont-ils ? », a-t-il fustigé, critiquant également « l'infantilisme de guerre ». Des tons qui démontrent l'harmonie sur le sujet avec les autorités hongroises. En effet, dans son discours de bienvenue, le président Katalin Novak lui a demandé « d'intercéder personnellement pour une paix juste dans les plus brefs délais ». Et à son tour, François, dans leur conversation, lui a demandé d'être "une ambassadrice de la paix". S'il y avait des doutes sur la faveur avec laquelle le Pape considère la position décalée de Budapest, cette première journée n'a pu que les dissiper.

    Mais ce n'était pas que du miel pour le gouvernement hongrois. En effet, François s'est fait entendre et a tonné contre le populisme et le nationalisme, rappelant Budapest à sa nature de "ville de ponts" et rappelant que "les valeurs chrétiennes ne peuvent pas être témoignées à travers la rigidité et les bouclages". L'intention est claire : un avertissement sur l'accueil des migrants sur lequel le gouvernement hongrois a toujours adopté la ligne dure. Un gouvernement qui ne cache pas ses appels au christianisme dans le débat public. Et le pape, qui n'aime pas non plus « la laïcité généralisée, qui se montre allergique à tout aspect sacré et s'immole ensuite sur les autels du profit », ne se tait pas sur l'invitation toutefois « à ne pas se prêter à une sorte de collatéralisme avec la logique du pouvoir ».

    Dans le cadre des relations entre l'Église et l'État  – question qui  était au centre d'une enquête auprès des fidèles des jésuites hongrois –, il souhaite « une saine laïcité » où « quiconque se professe chrétien , accompagné de témoins de la foi, est appelé principalement à témoigner et à cheminer avec tous». Plus tard, François sera encore plus dur dans sa rencontre avec les évêques et le clergé hongrois avec lesquels il dénonce la tentation d'une "attitude 'combattante'" face à une laïcité qui n'épargne pas non plus la Hongrie ".

    Ref. François en Hongrie : éloges inattendus et quelques avertissements

    Bref : la carotte et le bâton…

  • Un message fort du Saint Père aux participants du Congrès International WOOMB sur La "révolution Billings" 70 ans après

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    Billings Life: The Billings Ovulation Method

    Message du Saint Père aux participants du Congrès International WOOMB sur La "révolution Billings" 70 ans après : de la connaissance de la fertilité à la médecine personnalisée,

    28.04.2023

    Message du Saint Père

    Nous publions ci-dessous le message que le Saint-Père François a adressé aux participants du Congrès international WOOMB sur La "révolution Billings" 70 ans après : de la connaissance de la fertilité à la médecine personnalisée, qui se tiendra à Rome, à l'Université catholique du Sacré-Cœur, du 28 au 29 avril 2023 :

    Message du Saint-Père

    Chers frères et sœurs !

    J'ai le plaisir d'adresser mes salutations aux organisateurs et à tous les participants du Congrès international WOOMB sur La "Révolution Billings" 70 ans après : de la connaissance de la fertilité à la médecine personnalisée. Je salue chaleureusement cette initiative qui attire l'attention sur la beauté et la valeur de la sexualité humaine.

    Alors que, dans la seconde moitié du siècle dernier, la recherche pharmacologique pour le contrôle de la fertilité se développait et que la culture contraceptive se répandait, John et Evelyn Billings développaient une recherche scientifique attentive et diffusaient une méthode simple, à la disposition des femmes et des couples, pour la connaissance naturelle de la fertilité elle-même, offrant un outil précieux pour la gestion responsable des choix procréatifs. À l'époque, leur proposition semblait moins moderne et moins fiable que l'immédiateté et la sécurité revendiquées des instruments pharmacologiques. En réalité, elle offrait et offre encore des provocations et des pistes de réflexion actuelles et fondamentales, à reprendre et à approfondir : par exemple, l'éducation à la valeur de la corporéité, une vision intégrée et intégrale de la sexualité humaine, le soin de la fécondité de l'amour même lorsqu'il n'est pas fécond, la culture de l'accueil de la vie et le problème de l'effondrement démographique. À cet égard, ce que l'on a appelé la "révolution Billings" n'a pas épuisé sa portée initiale, mais continue d'être une ressource pour la compréhension de la sexualité humaine et pour la pleine appréciation de la dimension relationnelle et générative du couple.

    Une éducation sérieuse dans ce sens semble nécessaire aujourd'hui, dans un monde dominé par une vision relativiste et banale de la sexualité humaine. Il s'agit plutôt d'une perspective anthropologique et éthique, dans laquelle les questions doctrinales sont explorées sans simplifications excessives ni fermetures rigides. En particulier, il faut toujours garder à l'esprit le lien inséparable entre les significations unitive et procréative de l'acte conjugal (cf. St. Paul VI, Enc. Humanae vitae, 12). Le premier exprime le désir des époux d'être un, une seule vie ; l'autre exprime la volonté commune d'engendrer la vie, qui demeure même pendant les périodes de stérilité et de vieillesse. Lorsque ces deux significations sont consciemment affirmées, la générosité de l'amour naît et se renforce dans le cœur des époux, les disposant à accueillir une nouvelle vie. En l'absence de ces deux significations, l'expérience de la sexualité s'appauvrit, se réduit à des sensations qui deviennent rapidement autoréférentielles, et perd sa dimension humaine et sa responsabilité. La tragédie de la violence entre partenaires sexuels - je pense au fléau du féminicide - trouve ici l'une de ses causes principales.

    En effet, nous perdons de vue le lien entre la sexualité et la vocation fondamentale de chaque personne au don de soi, qui trouve une réalisation particulière dans l'amour conjugal et familial. Cette vérité, bien qu'inscrite dans le cœur de l'être humain, a besoin d'un parcours éducatif pour s'exprimer pleinement. Il s'agit d'une question urgente qui interpelle l'Église et tous ceux qui ont à cœur le bien de la personne et de la société, et qui attend des réponses concrètes, créatives et courageuses, comme le souligne Amoris laetitia, à propos de l'éducation sexuelle : "Le langage du corps requiert le patient apprentissage qui permet d'interpréter et d'éduquer ses désirs pour se donner en vérité. Quand on prétend tout donner d'un coup, il est possible de ne rien donner. C'est une chose de comprendre les fragilités de l'âge ou ses confusions, c'en est une autre d'encourager les adolescents à prolonger l'immaturité de leur façon d'aimer. Mais qui en parle aujourd'hui ? Qui est capable de prendre les jeunes au sérieux ? Qui les aide à se préparer sérieusement à un amour grand et généreux ?" (n° 284). Après la soi-disant révolution sexuelle qui a fait tomber les tabous, il faut une nouvelle révolution des mentalités : découvrir la beauté de la sexualité humaine en feuilletant le grand livre de la nature ; apprendre à respecter la valeur du corps et de l'engendrement de la vie, en vue d'expériences authentiques d'amour familial.

    Une autre dimension de la sexualité, non moins riche d'enjeux pour notre temps, est précisément sa relation avec la génération de la vie. En effet, la connaissance de la fertilité, si elle a une valeur éducative générale, a encore plus d'importance lorsque le couple décide de s'ouvrir à l'accueil d'enfants. La méthode Billings, comme d'autres, représente l'une des formes les plus appropriées pour réaliser de manière responsable le désir d'être parents. Aujourd'hui, la séparation idéologique et pratique de la relation sexuelle de son potentiel génératif a conduit à la recherche de formes alternatives d'avoir un enfant, qui ne passent plus par les relations conjugales, mais utilisent des processus artificiels. Cependant, s'il est bon d'aider et de soutenir un désir légitime de procréation grâce aux connaissances scientifiques les plus avancées et aux technologies qui soignent et améliorent la fertilité, il ne l'est pas de créer des embryons en éprouvette pour ensuite les supprimer, de faire le commerce de gamètes et de recourir à la pratique de l'utérus à louer. À l'origine de la crise démographique actuelle, il y a, avec divers facteurs sociaux et culturels, un déséquilibre dans la vision de la sexualité, et ce n'est pas un hasard si la méthode Billings est aussi une ressource pour traiter naturellement les problèmes d'infertilité et aider les époux à devenir parents en identifiant les périodes les plus fertiles. Dans ce domaine, une plus grande connaissance des processus de génération de la vie, en utilisant les acquisitions scientifiques modernes, pourrait aider de nombreux couples à faire des choix plus conscients et éthiquement plus respectueux de la personne et de sa valeur.

    Il s'agit d'une tâche que les universités catholiques et, en particulier, les facultés de médecine et de chirurgie doivent assumer avec un engagement renouvelé. C'est pourquoi, de même qu'il était fondamental pour M. et Mme Billings de travailler au sein de la Faculté de Médecine de l'Université de Melbourne, il est important que le Centre d'Étude et de Recherche pour la Régulation Naturelle de la Fertilité, qui opère depuis 1976 au sein de l'Université Catholique du Sacré-Cœur, fasse partie d'un des plus prestigieux centres académiques italiens et puisse bénéficier des connaissances scientifiques les plus avancées pour mener à bien sa mission de recherche et de formation.

    En outre, la perspective scientifique de ce congrès international montre à quel point il est fondamental de prêter attention aux particularités de chaque couple et de chaque personne, en particulier en ce qui concerne les femmes. L'horizon de la médecine personnalisée nous rappelle précisément que chaque personne est unique et irremplaçable et qu'avant d'être l'objet d'un traitement pour des dysfonctionnements et des maladies, elle doit être aidée à exprimer au mieux son potentiel, en vue de ce bien-être qui est avant tout le fruit d'une harmonie de vie.

    Enfin, la promotion de la connaissance de la fertilité et des méthodes naturelles a également une grande valeur pastorale, car elle aide les couples à être plus conscients de leur vocation conjugale et à témoigner des valeurs évangéliques de la sexualité humaine. La preuve de cette pertinence est également fournie par le grand nombre de participants à ce congrès, avec des personnes de nombreux pays et de tous les continents réunies à Rome (ou connectées par vidéo). Le retour positif qui ressort de leurs expériences, parfois mûries dans des contextes sociaux et culturels très difficiles, confirme l'importance de travailler assidûment et énergiquement dans ce domaine, également pour promouvoir la dignité de la femme et une culture fondée sur l'acceptation de la vie, valeurs qui sont également partagées avec d'autres religions.

    Il s'agit donc d'un aspect non secondaire de la pastorale familiale, comme l'ont enseigné mes prédécesseurs et comme je l'ai également rappelé dans Amoris laetitia : "En ce sens, l'encyclique Humanae vitae (cf. 10-14) et l'exhortation apostolique Familiaris consortio (cf. 14 ; 28-35) doivent être redécouvertes" (n. 222). Il faut encourager le recours aux méthodes fondées sur les rythmes naturels de la fécondité, en soulignant qu'elles "respectent le corps des époux, encouragent la tendresse entre eux et favorisent l'éducation à une authentique liberté" (Catéchisme de l'Église catholique, n. 2370).

    Chers amis, je vous souhaite un travail fructueux et je vous remercie pour ce que vous faites. Rendez ce précieux service à la communauté ecclésiale et à tous ceux qui veulent cultiver avec passion et générosité les valeurs humaines de la sexualité. Nous devons toujours être conscients que la bénédiction originelle de Dieu se reflète avec une splendeur particulière dans ce domaine de la vie (cf. Gn 1, 26-30) et que nous sommes également appelés à l'honorer dans ce domaine, comme l'exhorte saint Paul : "Glorifiez donc Dieu dans votre corps" (1 Co 6, 20). Je vous bénis de tout cœur et vous demande de prier pour moi.

    Rome, St Jean de Latran, 24 avril 2023

    François

  • Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

    COMMENTAIRE : Comme cela a été le cas auparavant, le président de l'Académie pontificale pour la vie commence souvent par la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la Tradition catholique peuvent s'intégrer.

    26 avril 2023

    La déclaration de l'Académie pontificale pour la vie (APV) aurait dû être une histoire comme celle d'un chien qui mord un homme qui ne valait guère la peine d'être publiée. Pourtant, elle était là, affirmant que son président, Mgr Vincenzo Paglia, "réitère son "non" à l'euthanasie et au suicide assisté, en pleine adhésion au magistère".

    Ces dernières années, le fait que le président de l'APV adhère pleinement au magistère est devenu, de manière surprenante, une sorte d'histoire d'homme qui mord le chien. Les raisons de cette situation méritent d'être notées et sont révélatrices de l'environnement général à Rome.

    L'APV a été fondée par le pape Jean-Paul II pour faire progresser l'enseignement et le témoignage de l'Église sur le caractère sacré de la vie humaine en s'appuyant sur les meilleurs travaux d'érudition dans diverses disciplines. Ainsi, lorsque Mgr Paglia a déclaré la semaine dernière qu'une éventuelle loi italienne supprimant les sanctions pénales pour l'euthanasie et le suicide assisté serait "faisable" et que "la médiation juridique pourrait être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons", il a frappé beaucoup de monde comme étant contraire non seulement à l'enseignement catholique, mais aussi à l'objectif de l'APV. 

    De nombreux cercles catholiques et pro-vie ont réagi violemment, notamment en raison de l'histoire de l'archevêque. Il s'agit de l'un des curieux personnages qui ont pris de l'importance au cours du pontificat du pape François.

    Les détails du discours original de l'archevêque Paglia et la clarification ultérieure de l'APV sont maintenant bien connus. Cette controverse fait écho à une précédente, lorsqu'il avait qualifié la loi italienne sur l'avortement de "pilier" de la société. Dans ce cas également, l'APV a apporté une clarification, expliquant que l'archevêque Paglia ne faisait que constater un fait sociopolitique et n'approuvait pas l'autorisation d'avortement en tant que telle. Son penchant pour de telles déclarations a incité un site d'information catholique à titrer son article sur la dernière en date : "Qu'a dit l'archevêque Paglia cette fois-ci ?"

    Pourquoi l'archevêque Paglia parle-t-il d'une manière qui semble être en désaccord avec le magistère sur les questions de vie, d'autant plus que saint Jean-Paul II a été exceptionnellement clair sur l'avortement et l'euthanasie dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995 ?

    La réponse se trouve dans son point de départ. Mgr Paglia part de la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la tradition catholique peuvent s'intégrer. Cette approche n'est pas sans valeur, car les évêques confrontés à un environnement politique hostile doivent souvent faire de tels calculs. Mais Mgr Paglia n'est pas un évêque diocésain devant naviguer dans une situation pratique délicate ; il est à la tête d'une académie chargée d'apporter clarté et lumière à l'enseignement de l'Église. 

    Dans la dernière querelle sur l'euthanasie comme dans la précédente sur l'avortement, l'archevêque a pris comme point de départ le pragmatisme exigé par la politique, plutôt qu'un témoignage prophétique. Les dirigeants politiques se trouvent parfois dans des situations complexes, voire confuses, mais l'archevêque Paglia n'est pas un politicien. Pourtant, en s'inspirant de calculs politiques, il est parvenu à s'embrouiller terriblement.

    Dans ses récents commentaires sur l'euthanasie, Mgr Paglia a parlé de l'évolution de l'enseignement de l'Église sur la peine de mort. Le pape François a modifié le Catéchisme de l'Église catholique pour la déclarer "inadmissible". Le Saint-Père - comme Jean-Paul avant lui - aurait considéré l'enseignement sur la peine de mort et sur l'euthanasie comme faisant partie du même principe concernant le caractère sacré de la vie. 

    Cependant, Mgr Paglia a adopté une approche différente, suggérant que si l'enseignement sur la peine de mort pouvait évoluer vers son "inadmissibilité", alors peut-être que l'enseignement sur l'euthanasie pourrait évoluer vers sa "faisabilité". 

    Du point de vue de l'enseignement moral catholique, il s'agit là d'une comparaison étrange et incorrecte. 

    D'un point de vue politique, en revanche, elle a du sens : Le consensus politique est contre la peine de mort en Italie, et l'enseignement catholique l'affirme ; donc si le consensus politique en Italie autorise l'avortement et peut favoriser l'euthanasie, alors il pourrait être possible pour l'enseignement catholique de s'adapter à cette situation.

    C'est la priorité du pragmatisme sur l'enseignement prophétique. 

    La dernière bévue de l'archevêque Paglia, corrigée une fois de plus a posteriori par une déclaration de l'APV, reflète un phénomène plus large à Rome qui mérite d'être souligné. Par exemple, au moment où le discours de l'archevêque a été rapporté, une autre interview papale a été publiée, dans laquelle le Pape François a parlé de son intention de visiter l'Argentine l'année prochaine dans le contexte de la politique.

    La décision de ne pas se rendre en Argentine est un mystère depuis le début du pontificat, il y a dix ans. Jean-Paul et Benoît ont tous deux visité leur pays d'origine dans l'année qui a suivi leur élection, et tous deux ont effectué trois voyages en l'espace de dix ans. Étant donné que le pape François a visité de nombreux autres pays d'Amérique du Sud, la décision de ne pas se rendre en Argentine a suscité des réactions négatives dans son pays d'origine. Dans son entretien avec La Nacion, le pape François a expliqué que c'était la situation politique qui l'avait empêché de se rendre dans ce pays. 

    C'est une explication quelque peu invraisemblable. Cela aurait-il pu être le cas pendant toute une décennie ? Si le Saint-Père avait été aussi désireux de visiter sa patrie qu'il l'a été, par exemple, de visiter la République centrafricaine ou l'Irak, cela n'aurait-il pas déjà eu lieu ? 

    La réponse est néanmoins instructive. Tout d'abord, la dynamique politique est prise en compte, avec une évaluation de ceux qui pourraient chercher à tirer profit de la visite papale. Ce n'est qu'ensuite que les priorités pastorales sont prises en compte. 

    La visite de 2014 à Strasbourg, qui ne comprenait qu'un discours au Parlement européen, et non des visites pastorales, est un autre exemple de la priorité accordée à la politique. 

    Un pasteur doit tenir compte du politique lorsqu'il exerce son rôle prophétique. Les événements récents à Rome suggèrent que la priorité a été donnée au pragmatisme. 

    Le père Raymond J. de Souza est le rédacteur en chef fondateur du magazine Convivium.

  • Lettre ouverte de plus de 100 personnalités belges contre le nouvel assouplissement de la loi sur l'avortement

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    De Doorbraak.be (Roan Asselman) :

    Lettre ouverte de plus de 100 personnalités belges contre le nouvel assouplissement de la loi sur l'avortement

    Pour la défense de la vie à naître

    TRIBUNE LIBRE

    26/04/2023

    En mars 2023, sept universitaires ont présenté au gouvernement Vivaldi un rapport sur un nouvel assouplissement de la procédure d'avortement en Belgique. En avril 2023, plus d'une centaine d'universitaires, de médecins, de théologiens, de philosophes, d'historiens, d'avocats, de chefs d'entreprise, d'enseignants, d'étudiants et de politiciens leur apportent des réponses.

    La vie à naître

    Le rapport (intitulé Etude et évaluation de la législation et de la pratique de l'avortement en Belgique) a été préparé à la demande du gouvernement fédéral par la Commission interuniversitaire, pluridisciplinaire et indépendante chargée de l'étude et de l'évaluation de la pratique et de la législation en matière d'interruption volontaire de grossesse. Ce comité est le résultat du refus du CD&V en 2021 d'accepter les derniers assouplissements en matière d'avortement de la part de leurs partenaires gouvernementaux éthiques et progressistes. Un compromis belge a été trouvé, confiant la question à un groupe d'experts universitaires.

    Joachim Coens, alors président du CD&V, a ainsi réussi à passer la patate chaude à son successeur, Sammy Mahdi. Sous la houlette de ce dernier, les chrétiens-démocrates flamands ont opéré un virage à 180 degrés. La prolongation du délai d'avortement s'est avérée non seulement négociable, mais M. Mahdi a lancé sa propre proposition, modeste, de prolongation du délai normal d'avortement. Une proposition qui n'a satisfait personne. Pour les partenaires progressistes de la coalition, la proposition de Mahdi d'un délai de 14 semaines ne va pas assez loin : après tout, les experts préfèrent 18 semaines. Les électeurs plus conservateurs, quant à eux, y voient une capitulation sur l'un des sujets de bataille les plus chrétiens : la préservation de la vie innocente des enfants à naître.

    Aujourd'hui, le délai normal d'avortement est de 12 semaines, il doit s'écouler au moins six jours entre la demande et l'exécution et la mère doit être informée des alternatives possibles, telles que l'adoption. Les sept universitaires espèrent reléguer ces aspects de la législation dans les livres d'histoire. Les Belges soussignés préfèrent que cela ne se produise pas.

    Lettre ouverte

    Louvain, le 26 avril 2023

    A l'attention des membres de la Chambre des représentants et des ministres et secrétaires d'Etat du gouvernement fédéral

    Objet : le rapport de mars 2023 intitulé " Étude et évaluation de la législation et de la pratique de l'avortement en Belgique " et l'assouplissement de la procédure d'avortement en Belgique qu'il préconise.

    Mesdames et Messieurs les Députés, Ministres et Secrétaires d'Etat,

    Nous, soussignés, souhaitons par la présente lettre ouverte exprimer notre préoccupation quant aux recommandations contenues dans le rapport intitulé "Etude et évaluation de la loi et de la pratique de l'avortement en Belgique" (le "Rapport"), établi à la demande du Gouvernement fédéral par la Commission interuniversitaire, pluridisciplinaire et indépendante chargée de l'étude et de l'évaluation de la pratique et de la législation en matière d'interruption volontaire de grossesse (la "Commission").

    Nous avons pris connaissance des recommandations du rapport, en particulier celles relatives à (1) une légalisation généralisée des procédures d'avortement au cours du deuxième trimestre de la grossesse, notamment en prolongeant le délai normal d'avortement de 12 à (minimum) 18 semaines, (2) la suppression de la période d'attente de six jours entre la demande et l'exécution de l'interruption de grossesse (le "délai de réflexion") et (3) la suppression de l'information de la mère sur les alternatives existantes à l'avortement (telles que l'adoption).

    Nous sommes conscients de la complexité éthique, relationnelle, médicale et sociale de la question de l'avortement. En outre, nous ne remettons nullement en question les défis uniques d'une grossesse (non planifiée), ni ne contestons l'importance de soins de santé accessibles et de qualité pour les femmes, en particulier les futures mères.

    Malgré nos divergences de vues sur le plan humain et social, nous sommes néanmoins préoccupés par l'approche de la vie à naître mise en évidence dans le rapport. En particulier, nous sommes d'avis qu'un nouvel assouplissement de la procédure d'avortement, conformément aux recommandations du Comité (telles qu'elles figurent dans le rapport), ne correspond plus à l'équilibre que doit poursuivre le législateur entre la protection de la vie à naître d'une part et l'autodétermination (physique) de la femme enceinte d'autre part.

    Nous, soussignés, demandons donc aux destinataires de ne pas donner suite aux recommandations du Comité, telles qu'elles sont formulées dans le rapport et reprises dans la présente lettre ouverte.

    Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de nos salutations distinguées,

    L'initiateur :

    M. Roan ASSELMAN (Avocat) ;

    Signataires :

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Wouter ROORDA (Econoom, Columnist); Dhr. Willem LEMMENS, PhD (Filosoof, Docent); Dhr. Bart MADDENS (Politicoloog, Auteur, Docent); Mevr. Aglaja BORNAUW (Theologe); Dhr. Jan DE VOLDER, PhD (Historicus, Docent); Dhr. Vincent VEROUDEN, PhD (Econoom); Dhr. Jacques MAES (Voorzitter Pro Petri Sede Antwerpen); Dhr. Seppe VANDEN BROUCKE, PhD (Bedrijfseconoom, Docent); Dhr. Bert BROECKAERT, PhD (Ethicus, Docent); Dhr. David Monjaerts (Sociaal-cultureel Werker); Mevr. Katleen BURY (Volksvertegenwoordigster); Dhr. Michael PODEVYN (Jurist); Dhr. Chris JANSSENS (Volksvertegenwoordiger); Dhr. Filip BRUSSELMANS (Volksvertegenwoordiger); Dhr. Matthias E. 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  • Le Dicastère du Vatican pour les laïcs, la famille et la vie prépare un document qui traitera des couples divorcés-remariés

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    De Jonah McKeown sur CNA :

    Le Vatican prépare un texte pour les couples divorcés et remariés, selon le cardinal Farrell

    Le cardinal Kevin Farrell a mentionné le document en cours d'élaboration dans un discours prononcé en italien le 22 avril.

    25 avril 2023

    Le Dicastère du Vatican pour les laïcs, la famille et la vie prépare un document qui traitera des couples divorcés-remariés, à la demande du pape François, selon le préfet du dicastère, le cardinal Kevin Farrell.

    Le cardinal Farrell a mentionné le document en cours d'élaboration dans un discours prononcé en italien le 22 avril, en ouverture d'une réunion du dicastère, qui promeut la pastorale familiale et la mission des fidèles laïcs. Le cardinal Farrell a souligné l'importance d'aider et de guider "ceux qui traversent des crises conjugales de toutes sortes".

    "À cet égard, le dicastère travaille également à la préparation d'un texte qui concernera spécifiquement - comme vous l'avez souhaité, Votre Sainteté - les hommes et les femmes qui, après l'échec de leur mariage, vivent de nouvelles unions", a déclaré le cardinal Farrell dans son discours d'ouverture.

    Le cardinal Farrell n'a pas précisé quand le document serait publié.

    L'Église enseigne que les catholiques divorcés et remariés sans annulation ne doivent pas communier, un enseignement réaffirmé par saint Jean-Paul II dans l'exhortation apostolique Familiaris Consortio de 2005. Le pape François a déclaré au cours de son pontificat qu'il pourrait y avoir des situations au cas par cas où les catholiques divorcés et remariés pourraient accéder à l'Eucharistie, notamment lorsque les époux pratiquent la continence au sein de leur mariage.

    Lors d'une récente interview, le pape François a répondu à une question sur la possibilité pour les catholiques divorcés-remariés de recevoir l'Eucharistie en disant : "Nous ne pouvons pas réduire une situation humaine à une simple question d'ordre moral : "Nous ne pouvons pas réduire une situation humaine à une situation normative". Dans l'interview, le pape François a conseillé de se référer à ce que son prédécesseur Benoît XVI a dit sur le sujet des annulations, affirmant qu'"une grande partie des mariages de l'Église sont invalides par manque de foi".

    "Et pensez-y : Parfois, on assiste à un mariage et on a l'impression qu'il s'agit d'une réception sociale et non d'un sacrement", a déclaré le pape François. Quand les jeunes disent "pour toujours", qui sait ce qu'ils entendent par "pour toujours" ?

  • La position des évêques de Belgique face aux perspectives d'allongement du délai pour procéder à des avortements

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    Extension considérable de l’accès à l’avortement

    Extension considérable de l’accès à l’avortement

    Déclaration des Évêques de Belgique

    Une proposition débattue au Parlement fédéral envisage d’allonger le délai pour un avortement de douze à au moins dix-huit semaines après la conception. Il est également suggéré que non seulement des conditions médicales graves puissent être invoquées comme motif, mais également des problèmes mentaux. On plaide aussi pour l’abolition du délai de réflexion de six jours et pour la suppression de l’obligation de fournir des informations sur les alternatives possibles.

    On ne décrit pas ce que l’on entend par « problèmes mentaux ». Ils peuvent être de toutes sortes. La vie d’un enfant viable peut dès lors être interrompue, même si elle ne constitue pas une menace aiguë pour la vie ou la santé de la mère. Se peut-il qu’aucune autre question ne soit posée à ce sujet ?

    De plus, l’interruption de grossesse après douze semaines est une intervention beaucoup plus lourde et beaucoup plus radicale. Il est important que nous en soyons pleinement conscients. Pour beaucoup de ceux qui devront réaliser ces interventions, cela ne sera pas évident. Le traitement psychique pour la mère elle-même soulève également de nombreuses questions.

    Il n’est pas surprenant que de nombreuses personnes, au-delà des frontières idéologiques, s’attendent dans ce cas à ce que l’on exerce une grande prudence. Dès 2019, des médecins, sages-femmes, infirmiers et infirmières et d’autres prestataires de soins ont exprimé publiquement leurs inquiétudes face à la proposition de prolonger le délai. Cela les touche dans leur vocation professionnelle et leur mission. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il est suggéré de placer explicitement l’avortement, qui a déjà été retiré du droit pénal, dans le cadre de la législation sur les soins de santé. Et donc à considérer sans plus comme un acte médical.

    C’est vrai que des circonstances peuvent rendre les gens désemparés et désespérés. Mais affirmer alors qu’il s’agit d’un acte médical ne fait pas droit à ce que les personnes concernées expérimentent elles-mêmes. Pourquoi dans ce cas demander encore un conseil ou de l’aide ? D’autant plus, comme cela est également proposé, que même les alternatives possibles ne doivent de préférence pas être discutées. Une oreille attentive et des conseils ne sont-ils pourtant pas si précieux ?

    Le législateur s’est préoccupé jusqu’à présent de trouver un équilibre entre la protection de la vie à naître et l’autodétermination de la femme enceinte. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles propositions. La protection de la vie à naître est pourtant en soi de la plus haute importance, aussi et surtout dans l’État de droit. Elle l’est d’autant plus que de nouvelles recherches sont menées aujourd’hui sur la perception de la douleur chez le fœtus.

    Notre société éprouve de plus en plus de difficultés à propos de tout ce qui interfère avec nos projets et vient perturber notre mode de vie. Ce constat s’applique aux personnes âgées ou malades, aux pauvres et aux étrangers, aux personnes qui doivent fuir leur pays. C’est également le cas pour la vie à naître. C’est ce qu’écrit le Pape François dans son encyclique Laudato Si’ : « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent ».

    Cardinal Jozef De Kesel et les Évêques de Belgique

    SIPI – Bruxelles, mercredi, 24 avril 2023

    Cathobel indique les liens suivants :

    Pour aller plus loin : Allongement du délai de l’IVG : les experts sont-ils vraiment unanimes ?

    Et sur ce même sujet :

  • L'Académie pontificale pour la vie réagit au tollé provoqué par les propos de Mgr Paglia sur le suicide assisté

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    D'Hannah Brockhaus sur CNA :

    L'Académie pontificale pour la vie réagit au tollé provoqué par les propos de Mgr Paglia sur le suicide assisté
     
    24 avril 2023

    L'Académie pontificale pour la vie a déclaré lundi que son président (Mgr Paglia) est contre le suicide assisté mais pense qu'il est possible d'avoir une "initiative légale" qui permettrait de le dépénaliser en Italie dans des "conditions spécifiques et particulières".

    La déclaration du 24 avril a été publiée à la suite du tollé provoqué par un discours dans lequel l'archevêque Vincenzo Paglia a défendu la légalisation du suicide médicalement assisté en Italie. L'archevêque a déclaré qu'il s'agissait d'une approche "réalisable" de la question dans la société italienne, malgré les enseignements clairs de l'Église catholique qui s'y opposent.

    "Personnellement, je ne pratiquerais pas l'assistance au suicide, mais je comprends que la médiation légale peut être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons", a déclaré Mgr Paglia lors d'un discours prononcé le 19 avril à l'occasion du Festival international du journalisme à Pérouse, en Italie.

    Le journal italien Il Riformista a publié le texte du discours de Mgr Paglia le 22 avril.

    L'académie du Vatican a déclaré lundi que Mgr Paglia "réitère son "non" à l'euthanasie et au suicide assisté, en pleine adhésion au magistère".

    L'académie a ajouté que les commentaires du président concernaient une décision de la Cour constitutionnelle italienne et "la situation spécifique de l'Italie".

    L'archevêque a donné son avis, selon le communiqué, qu'une "médiation juridique" mais "certainement pas morale" est possible afin de maintenir le suicide assisté comme un crime dans certains cas, tout en le décriminalisant sous certaines conditions.

    Le suicide assisté et l'euthanasie sont actuellement illégaux en Italie, où le droit pénal stipule que "quiconque provoque la mort d'un homme, avec son consentement, est puni d'une peine d'emprisonnement de six à quinze ans". L'assistance au suicide consiste à fournir des médicaments létaux aux patients pour qu'ils puissent mettre fin à leurs jours, tandis que l'euthanasie consiste en la mise à mort directe des patients par les médecins.

    Un projet de loi visant à décriminaliser le suicide assisté, connu dans la législation italienne sous le nom d'"homicide volontaire", a été adopté l'année dernière par la Chambre des députés, la chambre basse du Parlement italien. Elle n'a pas encore été adoptée par le Sénat italien.

    La proposition de loi, qui fait suite à un arrêt rendu en 2019 par la Cour constitutionnelle italienne, stipule que le suicide médicalement assisté ne sera dépénalisé que dans les cas qui remplissent les conditions suivantes : "la personne doit être "maintenue en vie" : "la personne doit être "maintenue en vie par un traitement de survie et atteinte d'une pathologie irréversible, source de souffrances physiques ou psychologiques qu'elle juge intolérables, mais pleinement capable de prendre des décisions libres et conscientes"".

    Selon la déclaration de l'Académie pontificale pour la vie, "pour l'archevêque Paglia, il est important que la décision [du tribunal] précise que le crime [de suicide assisté] reste en tant que tel et n'est pas aboli. Toute autre considération est trompeuse".

    "Au niveau scientifique et culturel, Mgr Paglia a toujours défendu la nécessité d'un accompagnement des malades dans la phase terminale de la vie, basé sur les soins palliatifs et la proximité, afin que personne ne soit laissé seul face à la maladie et à la souffrance, dans les décisions difficiles qu'elles impliquent", précise le communiqué.

    L'année dernière, la Cour constitutionnelle italienne a bloqué un référendum visant à dépénaliser le suicide médicalement assisté dans le pays, déclarant qu'une abrogation de la loi pénale existante laisserait le pays sans "la protection minimale constitutionnellement nécessaire de la vie humaine, en général, et avec une référence particulière aux personnes faibles et vulnérables".

    Hannah Brockhaus est la correspondante principale de la Catholic News Agency à Rome. Elle a grandi à Omaha, dans le Nebraska, et est titulaire d'un diplôme d'anglais de la Truman State University, dans le Missouri.

  • Rod Dreher, l'Américain qui veut soulever l'Europe conservatrice depuis la Hongrie

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    rod_dreher.jpg"L'écrivain à l'origine du concept de «pari bénédictin» s'est établi à Budapest à l'automne 2022, séduit par le pays de Viktor Orbán. Avec son «pari bénédictin», Rod Dreher apporte une stratégie à une partie des chrétiens déroutés par les mutations sociétales en Occident. | Elekes Andor via Wikimedia Commons :

    En Europe ou aux États-Unis, le terreau est fertile pour une mobilisation des conservateurs, mais dans ce monde vibrionnant, il manque souvent des pensées et des stratégies de référence. D'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, l'écrivain américain Rod Dreher parvient à aimanter lecteurs et adeptes de sa pensée stratégique.

    On croit trop souvent que la pensée conservatrice américaine est à l'image des punchlines des conventions de l'association de défense du port d'armes, la National Rifle Association of America (la NRA), ou de la réunion annuelle organisée par les conservateurs, la Conservative Political Action Conference (la CPAC). En vérité, il existe nombre de penseurs conservateurs américains à l'œuvre substantielle et structurée. C'est le cas de Rod Dreher, qui s'est fait connaître voici quelques années en France avec la parution de son ouvrage Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus – Le pari bénédictin, édité dans l'Hexagone en 2017.

    Communautés pour chrétiens déboussolés par la modernité

    Initialement protestant, puis catholique, et enfin orthodoxe de confession, Rod Dreher postulait dans cet ouvrage très original que, face à la déchristianisation du monde, les chrétiens devaient se regrouper en communautés à l'écart du monde, enlever leurs enfants du système éducatif et faire vivre ces phares spirituels dans un monde à la dérive. Ce «pari bénédictin», comme il le nomme, avait vocation à répondre au légitime questionnement des chrétiens, parfois déboussolés par l'évolution du monde et la modernité, et soumis à des attaques nourries de la part des progressistes ou des woke.

    La pensée de Rod Dreher est, de par sa sophistication, aux antipodes des meetings de l'ex-président Donald Trump, lequel doit être déjà bien en peine d'expliquer succinctement qui est saint Benoît. Son livre a été accueilli avec intérêt en France et son sujet débattu aussi librement qu'honnêtement. Il a participé de la réflexion du monde catholique français post-Manif pour tous. Accords ou désaccords, parfois profonds, avec ce «pari bénédictin» ont permis de discerner quels possibles s'offraient aux chrétiens d'Europe et, d'abord, de France.

    Il existe un large éventail de conservatismes aux États-Unis et tous ne se ressemblent pas, loin s'en faut:

    Des paléoconservateurs aux néoconservateurs, des plus pratiquants à ceux qui sont relativement distants par rapport à la religion, les courants sont nombreux dans le pays.

    Agir face au «totalitarisme mou»

    Avec son «pari bénédictin», Rod Dreher apporte une stratégie à une partie des chrétiens déroutés par les mutations sociétales en Occident. Il pointe d'abord le déclin des valeurs traditionnelles et chrétiennes dans nos sociétés et les menaces qui planent, selon lui, sur la famille ou l'éducation.

    D'après le conservateur, les valeurs adverses sont une attaque massive sur celles portées par les croyants. Il conviendrait donc d'entrer en résistance face à une forme de «totalitarisme mou» qui s'en prendrait aux chrétiens, aux hétérosexuels et, s'il reconnaît qu'il ne s'agit pas d'un totalitarisme comme celui de l'URSS des grandes persécutions, il note que la parole évangélique se confrontait alors directement au KGB tandis que désormais, elle se perd dans le brouillard. D'où l'idée de créer des communautés solidaires chrétiennes à l'écart du monde moderne pour résister. Il cite volontiers Hannah ArendtRené GirardLéon Bloy et sait séduire, au-delà des États-Unis, jusqu'à nombre de catholiques français et ailleurs.

    Face à ce «totalitarisme mou», Rod Dreher encourage en somme à devenir chrétien dissident. C'est l'objet de son second ouvrage, paru en 2021: Résister au mensonge – Vivre en chrétiens dissidents. La réécriture de romans après la mort de leurs auteurs, la chasse sourcilleuse à l'emploi de certains mots, la mise à l'index d'autres, la dénonciation d'enseignants nourrissent considérablement les rangs de ses lecteurs.

    Coup de foudre à Budapest

    Le fait marquant dans l'évolution de Rod Dreher est que ce conservateur américain, qui devrait être comblé par la flambée conservatrice dans son pays, est séduit par la Hongrie de Viktor Orbán et son illibéralisme. Force est de constater que le voyage à Budapest est au conservateur des années 2020 ce que l'excursion à Caracas était au progressiste des années 2000, avec sans doute l'inévitable part d'illusions, la volonté d'ignorer certaines données géographiques et historiques. Toujours est-il que la Hongrie attire différentes familles de la pensée conservatrice, y compris dans sa variante identitaire.

    Comme beaucoup de conservateurs américains (hors néoconservateurs), Rod Dreher est en phase avec le pouvoir hongrois à la fois sur le plan sociétal et sur le plan géopolitique. Dans le magazine d'opinion The American Conservative, il dénonçait ainsi, le 8 mars, les «mensonges» des « liberals » américains à propos de la Hongrie, mais aussi de la guerre en Ukraine. Rod Dreher reproche à ses compatriotes de vouloir ignorer la société hongroise comme ils ont ignoré les Afghans –bien que lui-même tende à projeter sur Charles Maurras, par exemple, sa propre vision des choses, qui en est relativement éloignée.

    S'il a une vision radicale, au sens étymologique du terme, de la mutation que doivent accomplir chrétiens et conservateurs –qu'il tend à confondre, selon une logique propre à ce camp aux États-Unis–, Rod Dreher réussit parfaitement à stimuler le débat dans son pays et en Europe. Incitant à la création de communautés en quasi autarcie pour faire vivre le christianisme à l'abri des excès de la modernité, il a invité à la «dissidence» notamment en matière éducative, puis s'est installé en Hongrie en 2022.

    Puisque l'écrivain n'est pas adepte d'un conservatisme dans un seul pays, on peut comparer sa théorie comme sa pratique à une sorte de foquisme conservateur. Mois après mois, il a, sur les jeunes générations, une influence que certains intellectuels trotskistes (entre autres) eurent sur la jeunesse de leur époque. En matière idéologique, les réflexions stratégiques se comportent parfois comme un balancier."

    En savoir plus: 

    Monde Hongrie Etats-Unis conservatisme chrétiens religion

    Ref. Rod Dreher, l'Américain qui veut soulever l'Europe conservatrice depuis la Hongrie

  • Le président de l'Académie pontificale pour la vie se prononce en faveur de la légalisation du suicide médicalement assisté

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    Du National Catholic Register (Shannon Mullen/Hannah Brockhaus) :

    Le président de l'Académie pontificale de la vie estime que le suicide médicalement assisté est "faisable".

    Dans son allocution du 19 avril, Mgr Paglia a souligné que l'Église n'est pas un "distributeur de pilules de vérité" lorsqu'il s'agit de s'engager avec une société pluraliste sur les questions morales les plus difficiles du moment.

    23 avril 2023

    L'archevêque Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie, s'est prononcé en faveur de la légalisation du suicide médicalement assisté, le qualifiant de " faisable " malgré les enseignements clairs de l'Église catholique qui s'y opposent.

    "Personnellement, je ne pratiquerais pas l'assistance au suicide, mais je comprends que la médiation légale peut être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions où nous nous trouvons", a déclaré Mgr Paglia dans un discours prononcé le 19 avril lors du Festival international du journalisme à Pérouse, en Italie.

    Les remarques de l'archevêque italien faisaient partie d'une présentation qui incluait un documentaire sur un Italien qui s'est rendu en Suisse pour mourir par suicide assisté. 

    Le journal italien Il Riformista a publié le texte du discours de Mgr Paglia samedi. 

    Selon le Catéchisme de l'Église catholique, "l'euthanasie intentionnelle, quels qu'en soient les formes et les motifs, est un meurtre" et "gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect dû au Dieu vivant, son Créateur" (CEC 2324).

    Plus récemment, en 2020, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican a affirmé cet enseignement dans sa lettre Samaritanus bonus, "sur le soin des personnes dans les phases critiques et terminales de la vie", qui a été approuvée par le pape François.

    "La valeur infrangible de la vie est un principe fondamental de la loi morale naturelle et un fondement essentiel de l'ordre juridique", affirme la lettre. "Nous ne pouvons pas choisir directement de prendre la vie d'autrui, même s'il le demande".

    Plus tôt cette année, lors de l'audience générale du 9 février, le pape François a déclaré que les mourants avaient besoin de soins palliatifs, et non d'euthanasie ou de suicide assisté, affirmant : "Nous devons accompagner les personnes vers la mort, mais pas provoquer la mort ou faciliter le suicide assisté."

    Dans son intervention du 19 avril, Mgr Paglia a souligné que l'Église n'est pas un "distributeur de pilules de vérité" lorsqu'il s'agit de s'engager avec une société pluraliste sur les questions morales les plus difficiles du moment.

    "La pensée théologique évolue dans l'histoire, en dialogue avec le Magistère et l'expérience du peuple de Dieu (sensus fidei fidelium), dans une dynamique d'enrichissement mutuel", a déclaré Mgr Paglia.

     Mgr Paglia a rappelé la décision du pape François, en 2018, de réviser le Catéchisme de l'Église catholique pour affirmer que la peine de mort est "inadmissible".

    "La contribution des chrétiens se fait au sein des différentes cultures, ni en haut - comme s'ils possédaient une vérité donnée a priori - ni en bas - comme si les croyants étaient porteurs d'une opinion respectable, mais désengagée de l'histoire", a poursuivi Mgr Paglia.

    "Entre les croyants et les non-croyants, il existe une relation d'apprentissage mutuel", a déclaré Mgr Paglia.

     "En tant que croyants, nous posons donc les mêmes questions qui concernent tout le monde, sachant que nous sommes dans une société démocratique pluraliste. Dans ce cas, à propos de la fin de la vie (terrestre), nous nous trouvons tous confrontés à une question commune : Comment pouvons-nous parvenir (ensemble) à la meilleure façon d'articuler le bien (plan éthique) et le juste (plan juridique), pour chaque personne et pour la société ?

    Mgr Paglia a critiqué l'expansion des lois dans certains pays pour permettre l'euthanasie involontaire. Dans le même temps, il a déclaré qu'il n'était "pas exclu" que la légalisation du suicide assisté "soit possible dans notre société", à condition que certaines conditions énoncées dans un arrêt de la Cour constitutionnelle italienne de 2019 soient remplies.

    Plus précisément, il a déclaré, en citant les directives de la Cour, que la personne doit être "maintenue en vie par un traitement de survie et souffrir d'une pathologie irréversible, source de souffrances physiques ou psychologiques qu'elle considère comme intolérables, mais pleinement capable de prendre des décisions libres et conscientes". La Chambre des représentants italienne a déjà approuvé une telle législation, mais pas le Sénat, a-t-il noté.

    Ce n'est pas la première fois que les remarques de Mgr Paglia sur le suicide assisté suscitent la controverse. En 2019, répondant à une question sur le suicide assisté et sur la possibilité pour un catholique ou un prêtre catholique d'assister à la mort d'une personne par suicide assisté, Mgr Paglia a déclaré à un petit groupe de journalistes qu'il serait prêt à le faire, car "le Seigneur n'abandonne jamais personne".

    "En ce sens, accompagner, tenir la main de quelqu'un qui est en train de mourir, est, je pense, un grand devoir que chaque croyant devrait promouvoir", avait-il déclaré à l'époque, ajoutant que les croyants devraient également offrir un contraste avec la culture du suicide assisté.

    Plus récemment, en août 2022, Mgr Paglia a été vivement critiqué par les opposants à l'avortement pour avoir qualifié, lors d'une interview à la télévision italienne, la loi 194 - la loi de 1978 légalisant l'avortement en Italie - de "pilier de la société". Dans une déclaration ultérieure, l'Académie pontificale de la vie a affirmé que ce commentaire avait été pris hors contexte.

  • L'héritage de chaos et de misère de la révolution sexuelle

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    De Sue Ellen Browder sur le National Catholic Register :

    L'héritage de chaos et de misère de la révolution sexuelle

    ‘Adam and Eve After the Pill, Revisited’
    Adam et Eve après la pilule, revisité (photo : Ignatius Press / Ignatius Press)

    22 avril 2023

    Rien n'a causé plus de confusion et de chaos à l'époque contemporaine que la révolution sexuelle. Dans sa série d'essais Adam and Eve After the Pill, Revisited, Mary Eberstadt cherche à nous orienter au milieu du chaos qui nous entoure.  

    Considérant la révolution sexuelle non seulement comme un ennemi des valeurs chrétiennes, mais aussi comme une religion rivale du christianisme, elle défend avec force son argument selon lequel la révolution sexuelle n'a pas conduit à la libération et à la liberté, mais à la catastrophe - et elle a même infiltré l'Église catholique.

    Pourtant, elle écrit : "Jeter les mains en l'air devant le monde est une esquive - surtout pour les catholiques, surtout aujourd'hui, à un moment où beaucoup sont tentés, pour plus d'une raison, de faire exactement la même chose. Les croyants sont appelés à lire les signes des temps, pas à s'en plaindre".

    Citant de nombreuses études de sciences sociales à l'appui de ses affirmations, Eberstadt documente la réalité selon laquelle la révolution sexuelle est allée de pair avec : la rupture des relations entre les hommes et les femmes, l'effondrement de la famille, la rage violente des orphelins de père, le mouvement transgenre, la "nouvelle intolérance" (ou ce que l'on a appelé la "cancel culture"), une perte de fréquentation des églises et de nombreuses batailles divisant sur la sexualité, même au sein de l'Église elle-même.  

    Décrivant la révolution sexuelle comme un mouvement socio-politico-religieux intégré qui a abandonné Dieu, Eberstadt suggère que si les chrétiens se laissent intimider et réduire au silence par cette vision athée du monde en essayant d'être "gentils", la fausse idéologie de la révolution continuera à se répandre, causant des ravages dans la vie des plus vulnérables d'entre nous, y compris les bébés à naître.   

    Comparant les perceptions d'Eberstadt à celles de George Weigel, du père Raymond de Souza, de Ross Douthat et de Rod Dreher, feu le cardinal George Pell (qui a rédigé l'avant-propos du livre) déclare : "Outre le chaos familial, le chaos psychique, le chaos anthropologique et le chaos intellectuel, elle trouve son dernier exemple de chaos contemporain dans l'Église catholique du monde occidental, parmi ceux qui veulent transformer l'enseignement catholique et sont souvent hostiles à l'égard de ceux qui détiennent et enseignent la tradition".

    Soulignant la souffrance et les blessures trop souvent mal diagnostiquées que la révolution sexuelle a infligées, Eberstadt écrit : "Il y a un dénominateur commun sous les rituels bizarres qui se produisent sur les campus et ailleurs, sous les médias sociaux de plus en plus punitifs, sous la rage de performance de BLM [Black Lives Matter] - en fait, sous la cancel culture elle-même. C'est l'angoisse". 

    Mettant en lumière les prémisses cachées de la foi séculière de la révolution sexuelle (l'une de ces prémisses étant la nécessité de détruire la famille pour que les hommes et les femmes soient "libres"), Eberstadt écrit que "lorsque les gens disent qu'ils espèrent que l'Église changera sa position sur le mariage ou le contrôle des naissances, ils ne parlent pas d'une seule foi religieuse - c'est-à-dire la foi chrétienne. Ce qu'ils veulent vraiment dire, c'est qu'ils espèrent que l'Église suborne ou remplace sa propre théologie par la nouvelle Église du sécularisme". 

    En raison de la douleur et de la souffrance que l'expression sexuelle débridée a causées, Eberstadt observe que, "sans aucun doute, la société est plus proche d'accorder un second regard au libéralisme qu'elle ne l'a jamais été depuis les années 1960". C'est pourquoi les penseurs, à l'intérieur et à l'extérieur des cercles catholiques, qui souhaitent adoucir le christianisme en supprimant certains enseignements [sexuels] n'auraient pas pu choisir un plus mauvais moment que maintenant pour défendre leur cause. Pourquoi soutenir l'infiltration de la révolution dans l'Église au moment même où un nombre croissant de voix commencent à remettre en question ses fruits toxiques et à chercher des alternatives en dehors du désordre actuel ?

    "Ce qui sème le trouble chez les chrétiens aujourd'hui, observe Eberstadt, ce n'est pas la science. Ce n'est pas le désir des traditionalistes d'adorer en latin. Ce n'est même pas les blessures auto-infligées par les scandales sexuels des clercs, aussi graves soient-ils. Non. La fracture religieuse de notre époque se situe entre ceux qui pensent pouvoir faire des compromis avec la révolution sexuelle sans compromettre leur foi et ceux qui s'éveillent au fait que cette expérience a été tentée et qu'elle a échoué. 

    La révolution sexuelle est-elle donc un processus inévitable et irréversible de l'histoire ? 

    À cette question, Eberstadt répond par un "non" catégorique. Notant que depuis les années 1960, les partisans de la libération ont ancré leurs succès dans la supposée "inévitabilité de l'histoire", elle suggère que les changements sociopolitiques engendrés par la révolution sexuelle "pourraient faire l'objet, comme tout autre phénomène social, d'un examen minutieux et d'une révision".  

    En fait, écrit Eberstadt, "l'héritage toxique de la révolution elle-même équivaut à une justification tacite de l'enseignement de longue date [de l'Église] concernant le sexe et le mariage - que cette justification soit ou non largement comprise".

    Dans son épilogue intitulé "Que doivent faire les croyants ? La croix au milieu du chaos", Eberstadt cite Evelyn Waugh qui, dans une interview accordée à un journal en 1930, a révélé pourquoi il s'était converti au catholicisme. Il a déclaré : "Dans la phase actuelle de l'histoire européenne, la question essentielle n'est plus entre le catholicisme, d'une part, et le protestantisme, d'autre part, mais entre le christianisme et le chaos". 

    Eberstadt considère que le même choix s'offre à nous dans l'Amérique d'aujourd'hui. 

    Sue Ellen Browder, convertie au catholicisme, est l'auteur de Subverted : Comment j'ai aidé la révolution sexuelle à détourner le mouvement des femmes. Sue Ellen Browder est l'auteur de Sex and the Catholic Feminist : New Choices for a New Generation (Ignatius).

  • Avortement en Belgique : beaucoup de questions demeurent après l’audition du comité interuniversitaire chargé de son évaluation

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    D'Odile Maisonneuve sur le site de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Avortement en Belgique : beaucoup de questions demeurent après l’audition du comité interuniversitaire chargé de son évaluation

    Ce mardi 18 avril, le “Comité interuniversitaire multidisciplinaire” qui avait été chargé par le gouvernement d'évaluer la législation en matière d'avortement a présenté les conclusions de son rapport aux parlementaires. Ces derniers ont eu l’occasion de commenter les recommandations émises par le Comité, en particulier l’élargissement du délai légal pour avorter de 12 semaines à 18 semaines de grossesse. Alors que le Comité préconise d’inscrire l’avortement dans la loi sur les soins de santé, la difficulté à s’accorder sur un nouveau délai légal pour l’avortement, de même que la pénurie de gynécologues pour le pratiquer semblent confirmer que cet acte est loin d’être anodin. L’équilibre entre la protection du fœtus et le droit de la femme à disposer de son corps peine à émerger face aux des dilemmes éthiques que cette pratique continue de poser.   

    Prévention des grossesses non désirées : quid de la prévention de l’avortement ?

    Etendre le délai pour mieux prendre en charge les femmes qui souhaitent avorter, telle est la proposition qui fait toujours débat au sein des parlementaires. Parmi les arguments avancés par le Comité pour justifier l’extension du délai légal à 18 semaines figure notamment l’existence d’un consensus politique sur cette question. Plusieurs députés n’ont pas manqué de relever le paradoxe consistant à fonder une recommandation scientifique sur la base d’un consensus politique.  Plus largement, l’on observe encore un manque de données concernant les raisons qui poussent encore des femmes à aller avorter aux Pays-Bas. De plus, certains centres ne communiquent plus les raisons qui poussent les femmes à avorter dans les rapports transmis à la Commission d’évaluation depuis que la loi du 15 octobre 2018 rend facultative la mention de la condition de détresse. Dans ce contexte, le Comité souligne l’importance pour la Commission d’améliorer ses travaux en insistant auprès des centres pour qu’ils recueillent cette information. Malgré ce manque d’information, le Comité considère qu’allonger le délai à 18 voire 20 semaines après la conception (soit 20 à 22 semaines “d’aménorrhée”) permettrait de réduire le nombre de femmes qui vont avorter aux Pays-Bas et la fréquence des grossesses non désirées. Cependant, le délai pour avorter semble voué à une extension perpétuelle s’il continue à être présenté comme une solution contre les grossesses non désirées. Comment mettre en place une prévention de l’avortement s’il est lui-même est considéré comme une mesure de prévention des grossesses non désirées ? Le Comité ne résout pas non plus ce paradoxe et continue de promouvoir un plus large accès à la contraception et des délais plus étendus pour avorter (les échecs de la contraception représentent environ la moitié des cas d’avortement.  

    Le Comité propose ainsi deux options : soit étendre simplement le délai pour avorter, soit inscrire des dispositions spécifiques dans la loi pour inclure des raisons psycho-sociales permettant de recourir à l’avortement. Conscient de la difficulté à circonscrire et à définir les raisons psycho-sociales pour avorter, le Comité privilégie une extension simple des délais

    L’information sur l’avortement, un point-clé encore mal développé

    Permettre aux femmes de faire un choix libre et éclairé passe nécessairement par une meilleure information, notamment sur les différentes méthodes d’avortement et leurs effets secondaires. Or, comme le soulignent plusieurs députées, ces méthodes sont encore mal connues des femmes. L’avortement médicamenteux, possible théoriquement jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée, nécessite une dilatation du col de l’utérus pour provoquer une fausse couche. Si l’embryon n’est pas correctement expulsé, il faut passer par un curetage. La méthode chirurgicale par aspiration est souvent faite entre 8 et 12 semaines. Elle consiste à aspirer l’embryon ou le fœtus avec une canule. Au-delà de cette période, soit le fœtus est démembré et morcelé in utero, soit l’on procède à un mini accouchement. Comme l’ont relevé certains députés, l’âge gestationnel à partir duquel il est nécessaire de recourir à ces deux dernières méthodes d’avortement n’est pas explicite dans le rapport du Comité, alors que beaucoup d’entre eux s’accordent à dire que l’impact psychologique et physique est sensiblement plus lourd dans de tels cas. Si le Comité propose de donner le choix de la méthode aux femmes, il conviendrait qu’elles connaissent les implications de ces techniques pour elles et leur bébé.

    Surpression du délai de réflexion obligatoire jugé inutile et stigmatisant

    Les membres du Comité préconisent de supprimer l’obligation de délai de réflexion de 6 jours prévu par la loi avant de procéder à un avortement. À l’instar de l’information sur les alternatives à l’avortement, ce délai est considéré par le Comité comme une forme d’infantilisation des femmes et de remise en question de leur décision d’avorter, ce qui irait à l’encontre de leur autonomie. Par ailleurs, en ce qu’il conduit à retarder le moment de l’avortement, le caractère obligatoire de ce délai de réflexion compliquerait l’acte d’avortement. Le Comité propose donc de rendre ce délai facultatif, et de le personnaliser selon les situations et le stade de réflexion de chaque femme. Si, d’un côté, le Comité admet que l’avortement n’est pas le même selon l’âge gestationnel et qu’il se complique à mesure que le fœtus grandit, il propose dans le même temps d’étendre le délai pour y recourir jusqu’à 18 voire 20 semaines.

    La douleur du fœtus n’est pas décisive aux yeux du Comité

    Alors que le Comité scientifique dit s’être penché sur les implications de l’avortement à ses différents stades, plusieurs parlementaires ont relevé le peu de prise en compte des études scientifiques qui parlent de la douleur du fœtus. Cette question divise toujours les experts. Certains considèrent que le stade de la nociception à 15 semaines - stade qui correspond au réflexe du nerf périphérique - ne permet pas de percevoir la douleur. D’autres s’accordent à dire que ce stade permet une perception non consciente de la douleur et que, par prudence, il faudrait endormir le fœtus avant toute intervention sur lui-même ou sur sa mère. Face aux questions des parlementaires, le Comité a choisi de se rallier à une position qui décrit l’acquisition de la perception de la douleur à partir de de 22 semaines. Cette question, comme celle de la viabilité sans cesse plus précoce du fœtus, n’a pas conduit le Comité à adopter une attitude de prudence dans ses recommandations. Il considère ces arguments comme non pertinents, sur le plan éthique, pour trouver un équilibre entre l’autonomie des femmes et la protection du fœtus : aux yeux des experts, l’évaluation des conséquences pour le fœtus diffère selon que la grossesse et désirée ou non désirée.

    L’avortement, un acte médical comme un autre ?

    La loi actuelle de 2018 sur l’avortement prévoit des sanctions générales en cas de non-respect des conditions pour avorter. Les membres du Comité proposent des sanctions pénales spécifiques et différenciées en fonction de la nature de la violation, et plaident également pour que ces sanctions ne concernent plus les femmes, mais seulement les médecins. Si certains parlementaires souhaitent soustraire totalement l’avortement du Code pénal (à l’exception de l’avortement forcé), le Comité considère préférable de maintenir certaines sanctions. Pourtant, dans le même temps, il propose que les interruptions médicales de grossesse (IMG), possibles jusqu’à la naissance, soient ouvertes aux femmes qui présentent des affections mentales graves. Or, on sait que 45% des femmes qui recourent à ces avortements tardifs vivent un stress post-traumatique. Par ailleurs, le Comité préconise de ne pas dresser de liste des pathologies du fœtus qui peuvent ouvrir la voie à une IMG. Une telle liste conduirait à “stigmatiser” les personnes porteuses de ces pathologies, et constituerait une “dérive eugénique d’État”.