Le secrétaire de la Secrétairerie d’Etat pour les relations avec les Etats S.Exc. Mgr Mamberti à propos des jugements de la Cour de Strasbourg (OSSERVATORE ROMANO)
Si le relativisme moral s’impose comme norme
«Le risque est réel que le relativisme moral, qui s’impose comme nouvelle norme sociale, vienne saper les fondements de la liberté individuelle de conscience et de religion»: c’est ce qu’affirme S.Exc. Mgr Dominique Mamberti, secrétaire de la Secrétairerie d’Etat pour les relations avec les Etats, à propos des récents jugements de la Cour européenne des droits sur certains cas relatifs au respect de la liberté religieuse au Royaume-Uni.
La Cour de Strasbourg a en effet approuvé le droit de porter des symboles religieux sur le lieu de travail, à l’exception des cas où les exigences de sécurité et d’hygiène le déconseillent, comme par exemple dans les hôpitaux, mais elle a nié dans le même temps le droit à l’objection de conscience à une employée communale qui s’était refusée, pour des motifs religieux, de célébrer des unions civiles entre homosexuels et à un thérapeute qui s’était refusé de fournir un conseil conjugal toujours à des couples de même sexe. «Ces affaires montrent que les questions relatives à la liberté de conscience et de religion sont complexes, en particulier dans une société européenne marquée par la croissance de la diversité religieuse et par le durcissement corrélatif du laïcisme. Le risque est réel que le relativisme moral, qui s’impose comme nouvelle norme sociale, vienne saper les fondements de la liberté individuelle de conscience et de religion. L’Eglise souhaite défendre les libertés individuelles de conscience et de religion en toutes circonstances, y compris face à la “dictature du relativisme”. Pour cela, il faut expliquer la rationalité de la conscience humaine en général, et de l’agir moral des chrétiens en particulier. Sur des sujets moralement controversés, comme l’avortement ou l’homosexualité, la liberté des consciences doit être respectée. Plutôt que d’être une entrave à l’établissement d’une société tolérante dans son pluralisme, le respect de la liberté de conscience et de religion en est une condition. S’adressant au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège la semaine dernière, le Pape Benoît xvi a souligné que pour sauvegarder effectivement l’exercice de la liberté religieuse, il est ensuite essentiel de respecter le droit à l’objection de conscience. Cette “frontière” de la liberté touche à des principes de grande importance, de caractère éthique et religieux, enracinés dans la dignité même de la personne humaine. Ils sont comme “les murs porteurs” de toute société qui se veut vraiment libre et démocratique. Par conséquent, interdire l’objection de conscience individuelle et institutionnelle, au nom de la liberté et du pluralisme, ouvrirait paradoxalement au contraire les portes à l’intolérance et au nivellement forcé. L’érosion de la liberté de conscience témoigne aussi d’une forme de pessimisme envers la capacité de la conscience humaine à reconnaître le bien et le vrai, au profit de la seule loi positive qui tend à monopoliser la détermination de la moralité. C’est aussi le rôle de l’Eglise de rappeler que tout homme, quelles que soient ses croyances, est doué par sa conscience de la faculté naturelle de distinguer le bien du mal et qu’il doit agir en conséquence. C’est là la source de sa vraie liberté».







