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Europe - Page 22

  • En Angleterre et au Pays de Galles : une "tragédie nationale"

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    De Madeleine Teahan sur Catholic News Agency :

    Augmentation des taux d'avortement en Angleterre et au Pays de Galles ; les pro-vie déclarent qu'il s'agit d'une "tragédie nationale".

    23 juin 2023

    Les militants pro-vie ont déclaré que l'ampleur de l'avortement en Angleterre et au Pays de Galles était une "tragédie nationale" après que les statistiques officielles publiées par le ministère de la Santé et des Affaires sociales le 22 juin ont montré une augmentation significative du nombre d'avortements l'année dernière.

    Entre le 1er janvier 2022 et le 30 juin 2022, 123 219 avortements ont été pratiqués par des résidents d'Angleterre et du Pays de Galles, contre 105 488 avortements au cours des six premiers mois de 2021, ce qui représente une augmentation de 17 % en l'espace d'un an seulement.

    " C'est une tragédie nationale ", a déclaré Catherine Robinson, porte-parole de Right to Life UK, dans un communiqué publié le 22 juin. Mme Robinson a fait remarquer que l'année 2021 a connu le plus grand nombre d'avortements jamais enregistré en Angleterre et au Pays de Galles sur l'ensemble de l'année, soit 214 256.

    "Chacun de ces avortements représente un échec de notre société à protéger la vie des bébés dans l'utérus et un échec à offrir un soutien total aux femmes ayant des grossesses non planifiées", a-t-elle déclaré.

    L'avortement est légal en Angleterre et au Pays de Galles jusqu'à 24 semaines de gestation, sauf si l'on pense que le bébé est handicapé, auquel cas les avortements peuvent être pratiqués jusqu'à la naissance.

    L'augmentation notable du nombre d'avortements intervient dans un contexte de pressions en faveur de la dépénalisation de l'avortement, qui autoriserait effectivement l'avortement jusqu'à la naissance, quelle qu'en soit la raison, en Angleterre et au pays de Galles.

    Les militants pro-avortement soutiennent que la décriminalisation est nécessaire après que l'affaire Carla Foster a fait la une des journaux britanniques la semaine dernière. L'affaire a révélé que Carla Foster avait obtenu illégalement des pilules abortives alors qu'elle était enceinte de 32 à 34 semaines, ce qui a valu à cette mère de trois enfants une peine de deux ans d'emprisonnement.

    Depuis la pandémie de COVID-19, l'Angleterre et le Pays de Galles autorisent les prestataires de services d'avortement à envoyer par courrier des pilules abortives que les femmes peuvent prendre chez elles si elles sont enceintes de 10 semaines ou moins, mais Mme Foster a menti sur l'état d'avancement de sa grossesse afin d'obtenir les pilules et d'avorter sa fille, Lily, qu'elle a mise au monde mort-née.

    "Le rapport sur cette augmentation significative du nombre d'avortements a été publié alors que les militants de l'avortement, menés par le BPAS [British Pregnancy Advisory Service], utilisent cyniquement le cas tragique de la mort de Baby Lily entre 32 et 34 semaines de gestation pour demander la décriminalisation totale de l'avortement, ce qui autoriserait l'avortement pour n'importe quelle raison jusqu'à la naissance", a déclaré Mme Robinson dans son communiqué.

    "Il semble que ce nombre tragique de vies perdues à cause de l'avortement ne soit pas suffisant pour les militants de l'avortement, et ils sont déterminés à faire tout ce qu'ils peuvent pour introduire une législation extrême sur l'avortement qui verrait probablement encore plus de vies perdues à cause de l'avortement", a-t-elle ajouté.

    Mme Robinson a demandé le rétablissement des rendez-vous en personne avant les avortements afin que la gestation des bébés puisse être évaluée avec précision.

    "À 32-34 semaines, soit environ huit mois de gestation, Baby Lily était un enfant humain pleinement formé. Si sa mère avait eu un rendez-vous en personne avec le BPAS, elle serait encore en vie", a déclaré Mme Robinson.

    Mme Robinson a également demandé une enquête approfondie sur le BPAS pour avoir envoyé des pilules abortives à une femme dont le bébé était né 22 semaines après la limite fixée pour les avortements à domicile.

    "Le gouvernement doit rejeter fermement toute modification de la législation visant à rendre l'avortement légal jusqu'à la naissance, comme le proposent les militants de l'avortement, BPAS en tête, qui utilisent ce cas tragique pour demander la suppression de davantage de garanties en matière d'avortement et l'introduction de l'avortement jusqu'à la naissance", a-t-elle déclaré.

    Madeleine est l'ancienne rédactrice en chef adjointe du Catholic Herald. Elle a contribué à Sky News, BBC News, Woman's Hour, Beyond Belief et à de nombreux autres programmes. Elle contribue également régulièrement à l'émission Pause For Thought sur BBC Radio 2.

  • Quatre évêques refusent de financer la Voie synodale allemande

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    Du National Catholic Register :

    Quatre évêques allemands bloquent le financement du Conseil synodal permanent

    Les quatre évêques sont le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne et trois évêques de Bavière : les évêques Gregor Maria Hanke d'Eichstätt, Stefan Oster de Passau et Rudolf Voderholzer de Regensburg.

    20 juin 2023

    Quatre évêques allemands ont voté mardi contre le financement du comité synodal qui se prépare à introduire un conseil synodal allemand permanent pour superviser l'Église en Allemagne.

    Les quatre évêques sont le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne et trois évêques de Bavière : les évêques Gregor Maria Hanke d'Eichstätt, Stefan Oster de Passau et Rudolf Voderholzer de Regensburg.

    La Conférence épiscopale allemande a publié une déclaration le 20 juin : "Pour la grande majorité des évêques diocésains, il est important que les 15 décisions de l'Assemblée synodale soient mises en œuvre le plus rapidement possible.

    Cependant, poursuit le communiqué, étant donné qu'une décision unanime des évêques est nécessaire pour fournir des ressources financières et humaines, "et que quatre évêques ont déclaré qu'ils n'accepteraient pas de financer davantage la Voie synodale", il est maintenant nécessaire de trouver d'autres moyens de financement, selon un rapport de CNA Deutsch, l'agence de presse partenaire de CNA en langue allemande.

    "La première réunion du Comité synodal aura lieu comme prévu les 10 et 11 novembre 2023", a indiqué la conférence épiscopale.

    L'une des questions clés sera le financement de ce projet controversé, étant donné que la Voie synodale a déjà coûté plusieurs millions de dollars. Bien que les chiffres du financement du comité synodal triennal n'aient pas été rendus publics, le porte-parole de la Conférence épiscopale allemande (DBK), Matthias Kopp, a déclaré au National Catholic Register en mai que 5,5 millions d'euros avaient été dépensés pour la Voie synodale au cours de sa phase initiale de trois ans d'assemblées.

    Mardi, les quatre évêques qui ont voté contre le financement du comité synodal lors d'une réunion des 27 évêques diocésains à Berlin ont déclaré dans un communiqué de presse commun que "le projet d'organiser maintenant un comité synodal en Allemagne, qui établira ensuite un conseil synodal, va à l'encontre des instructions claires du pape".

    "C'est pourquoi nous ne pouvons pas accepter cette démarche pour le moment", ont affirmé les quatre évêques.

    "Il n'est pas improbable qu'à ce stade, avec beaucoup d'argent et d'efforts, nous mettions en place un autre organe dont les compétences sont loin d'être claires - pour découvrir finalement que nous ne pouvons pas le faire de cette manière", ont expliqué le cardinal Woelki et les évêques Hanke, Oster et Voderholzer.

    "Sur la voie synodale, des décisions ont été prises qui suscitent l'inquiétude de nombreux croyants dans le monde entier : Il s'agit de questions profondes de doctrine, en particulier de la doctrine de l'Église, de la personne, des sacrements", ont-ils ajouté.

    "Cela conduirait à une polarisation encore plus grande si cela devait être poussé plus loin en Allemagne. Il est vrai que les thèmes de la Voie synodale allemande sont également à l'ordre du jour dans d'autres pays occidentaux, mais il y a aussi des voix fortes qui défendent l'enseignement traditionnel de l'Église partout."

    Les textes de la Voie synodale allemande qui ont déjà été adoptés, selon la déclaration, devraient maintenant être discutés avec Rome et intégrés dans le processus synodal de l'Église universelle.

    La déclaration commune affirme : "Cela a également été convenu lors de la visite ad limina des évêques à Rome en novembre dernier, mais à aucun moment il n'a été question d'un nouvel organe.

    Début juin, CNA Deutsch a fait état de la décision éventuelle de plusieurs évêques de ne pas accepter de financer le comité synodal.

    Mgr Bertram Meier, évêque d'Augsbourg, avait alors déclaré : "Tant que les objectifs exacts et les compétences concrètes du Comité synodal n'ont pas été clarifiés, je ne suis pas encore en mesure de prendre une décision à ce sujet. Cela concerne à la fois ma participation et le cofinancement du comité".

    Mgr Meier n'a toutefois pas approuvé l'explication des quatre évêques sur les raisons pour lesquelles ils ne pouvaient pas voter en faveur du financement du nouvel organe.

    Le pape François et d'autres responsables de l'Église ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant aux projets de création d'un conseil synodal permanent pour l'Église allemande.

    Un tel organe fonctionnerait "comme un organe consultatif et décisionnel sur les développements essentiels de l'Église et de la société", selon une proposition de la Voie synodale.

    Plus important encore, il "prendrait des décisions fondamentales d'importance supra-diocésaine sur la planification pastorale, les questions d'avenir et les questions budgétaires de l'Église qui ne sont pas décidées au niveau diocésain".

    Mettant en garde contre la menace d'un nouveau schisme en provenance d'Allemagne, le Vatican est déjà intervenu en juillet 2022 contre un conseil synodal allemand.

    En janvier 2023, le Vatican a affirmé "que ni la Voie synodale, ni aucun organisme établi par elle, ni aucune conférence épiscopale n'a la compétence d'établir le 'conseil synodal' au niveau national, diocésain ou paroissial."

  • Un tiers des Suisses se proclame sans appartenance religieuse

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    Du sismografo :

    Un tiers des Suisses se dit «sans religion»

    (Bernard Hallet, cath.ch) En Suisse, la proportion de personnes sans appartenance religieuse a fortement augmenté ces dernières décennies jusqu’à atteindre 32% de la population en 2021, juste derrière les catholiques. C’est ce qu’a indiqué l’Office fédéral de la statistique à l’occasion de la publication d’une enquête sur le sujet, le 13 juin 2023. Les «sans religion» constituaient environ 1% de la population il y a 50 ans. En 2021, ils en représentaient 32%, ce qui fait de ce groupe le deuxième plus important après les catholiques (33%), annonce l’enquête. Une tendance qui se poursuit depuis des décennies et va en s’accentuant. (...)

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  • Des données stupéfiantes sur la réalité choquante de l'avortement : le cas italien

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    De Tommaso Scandroglio sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Cancer, coûts élevés, solitude : les données choquantes sur l'avortement

    14-06-2023

    L'Observatoire (italien) permanent de l'avortement présente son deuxième rapport sur les coûts et les effets sanitaires de l'IVG. Et les données sont choquantes : aujourd'hui, 30% des femmes avortent avec le RU486, mais le nombre total d'IVG ne diminue pas ; avec l'avortement chimique, les avortements sont de plus en plus pratiqués seuls, mais le taux de mortalité est 12 fois plus élevé et parmi les complications, il y a une corrélation étroite entre le cancer du sein et les avortements. Et les coûts ? Depuis 1978, il y a eu 5,8 millions d'avortements pour un coût de 5 milliards pour l'État. Si cette somme avait été investie aujourd'hui, nous aurions une capitalisation nette de 12 milliards. 

    Lors d'une conférence de presse tenue au Sénat de la République, l'Observatoire permanent de l'avortement (Opa) a présenté le 2e rapport sur les coûts et les effets sur la santé de la loi 194.

    Quelques données ressortent des rapports des invités. Le Dr Stefano Martinolli, directeur médical de l'hôpital de Trieste et vice-président de l'Opa, a expliqué que l'avortement par RU486 représente aujourd'hui 30% de l'ensemble des avortements et que "l'on estime que dans les cinq prochaines années, environ 50% des avortements seront pharmacologiques". En effet, de nombreuses "justifications" émergent pour l'utilisation préférentielle de cette procédure : moindre coût en termes de séjour à l'hôpital, moindre invasivité, approche plus attrayante et moins traumatisante. Nos recherches montrent que ces justifications sont totalement infondées". Il ajoute que les différentes pilules abortives deviennent de plus en plus populaires - un demi-million rien qu'en 2020 - provoquant un effet migratoire de l'avortement : de l'avortement chirurgical à l'avortement chimique. Une myriade de crypto-avortements précoces qui échappent aux calculs officiels du ministère de la Santé.

    Ainsi le rapport : "En 2020, le nombre total de boîtes vendues de Norlevo (pilule du lendemain) et d'ellaOne (pilule du surlendemain) a dépassé le demi-million, soit près du double du chiffre de 2014. En supposant un taux de 25 % de cas où la pilule provoque l'interruption d'une grossesse dès son début, ce qui est extrêmement conservateur par rapport aux preuves scientifiques, on obtient un nombre d'avortements potentiels allant d'environ 15 000 à 30 000 entre 2014 et 2019". Ces avortements doivent donc être ajoutés aux chiffres officiels. Une fois cet ajout effectué, le pourcentage d'avortements ne diminue pas, comme l'indiquent le ministère et les médias, mais reste stable : "Le pourcentage d'interruptions volontaires de grossesse corrigées en tenant compte de l'utilisation de la contraception d'urgence est stable tout au long de la période 2014-2020, s'établissant à partir de 2017 à plus de 17 %, un pourcentage qui, selon les données officielles, n'aurait été enregistré qu'avant 2006, année de l'introduction du Norlevo en Italie".

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  • Avortement : la Cour européenne des droits de l'homme refuse de condamner la Pologne

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    De sur le site du Figaro :

    Restriction du droit à l'IVG : la CEDH refuse de condamner la Pologne

    8 juin 2023

    La Cour européenne des droits de l'homme a rejeté une requête contre une décision de la Cour constitutionnelle polonaise, qui interdit aux femmes d'avorter même en cas de malformation du fœtus.

    En restreignant l'accès à l'IVG en 2021, la Pologne a-t-elle enfreint la Convention européenne des droits de l'homme ? C'est à cette question que la CEDH était sommée de répondre, saisie d'une requête orchestrée par une association féministe polonaise. Dans une décision publiée ce 8 juin (A.M. & al. c. Pologne), la CEDH a jugé irrecevable la requête, sans toutefois répondre sur le fond : les requérantes, estime la Cour, n'ont pas apporté la preuve qu'elles étaient directement et personnellement menacées par les modifications de la loi sur l'IVG en Pologne.

    L'avortement est longtemps resté, en pratique, autorisé en Pologne sous le régime communiste. En 1993 une loi a restreint l'accès à l'IVG, ne l'autorisant plus que dans certaines circonstances : en cas de viol, lorsque la santé de la mère est menacée, ou en cas de malformation du fœtus. En 2019, un groupe de parlementaires polonais avait demandé à la Cour constitutionnelle de Pologne de réexaminer l'exception prévue pour les cas de malformation fœtale ; et en 2020, la Cour constitutionnelle a jugé que cette exception était incompatible avec la Constitution de Pologne (qui garantit «la protection de la vie»). Depuis janvier 2021, il n'est donc plus possible de recourir à l'IVG en Pologne en cas de malformation du fœtus, sans effet sur la santé de la mère.

    À la suite d'une mobilisation importante contre cette mesure, une association féministe, la Fédération pour les femmes et le planning familial (FEDERA) a proposé, avec le soutien de la commissaire aux droits de l'homme en Pologne, que des femmes remplissent un formulaire en ligne pour adresser une requête à la CEDH. Elles arguaient notamment d'une violation de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui garantit le «droit au respect de la vie privée et familiale».

    Parmi les 8 requérantes, plusieurs ont fait valoir qu'elles se sentaient directement concernées par cette mesure anti-IVG, étant toutes en âge de procréer. Deux d'entre elles estimaient avoir un risque plus élevé d'être enceinte d'un enfant malformé, tandis que deux autres étaient enceintes au moment de déposer leur requête en 2021. Elles disaient craindre ne pas recevoir de soins médicaux adéquats au cas où l'enfant dont elles seraient éventuellement enceintes présenterait une malformation grave.

    Mais les juges de la Cour ont estimé que le risque d'une violation future des droits du requérant ne peut que très rarement être invoqué pour introduire une requête. «Les requérantes n'ont produit aucun élément convaincant prouvant qu'elles sont exposées à un risque réel d'être directement lésées par les modifications de la loi», résume la CEDH, qui a donc jugé irrecevable la requête et n'a pas condamné la Pologne dans cette affaire.

    Dans des observations écrites transmises à la Cour, l'ancien commissaire européen à la Santé Tonio Borg, ainsi que plusieurs anciens juges de la CEDH, rappelaient que la CEDH n'a jamais consacré de droit à l'avortement, et que ce droit ne peut être déduit du texte de la Convention européenne des droits de l'homme. D'ailleurs au moment de l'adoption de la Convention en 1950, aucun des États ayant participé à sa rédaction n'avait autorisé l'IVG dans leur droit interne. Si l'avortement peut être considéré, au regard du droit européen des droits de l'homme, comme une exception au principe de protection de la vie des personnes humaines, en aucun cas il ne constitue un droit qui s'imposerait aux États malgré leurs législations nationales, font valoir les auteurs de ces observations écrites.

    Une autre affaire concernant l'IVG sera prochainement examinée par la CEDH : une jeune femme britannique, porteuse de la trisomie 21, veut en effet faire valoir que la législation au Royaume-Uni (qui autorise l'IVG jusqu'à la naissance dans le cas où l'enfant à naître est trisomique) est une violation des droits des personnes handicapées.

    Lire le commentaire de l'European Centre for Law & Justice

  • Irlande : les catholiques en chute libre dans "l'île des saints"

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    De Ruadhán Jones* sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Irlande : les catholiques en chute libre dans l'île des saints

    05-06-2023

    Le déclin du nombre d'Irlandais qui s'identifient au catholicisme n'est pas surprenant, mais sa rapidité : 10% de moins en six ans seulement. Pour beaucoup, c'est l'occasion d'évincer l'Église de la société. De son côté, l'Église devra adopter un état d'esprit proactif, sous peine d'être définitivement dépassée.

    Autrefois terre de saints et d'érudits, l'Irlande devient de moins en moins religieuse, à en juger par les derniers chiffres du recensement dans le pays. Un peu plus de la moitié des habitants de la capitale irlandaise - Dublin - se décrivent actuellement comme catholiques, selon l'Office central des statistiques (CSO).

    Dans le même temps, l'effondrement numérique de ceux qui s'identifient comme catholiques dans l'ensemble du pays, passant de 79 % en 2016 à 69 % en 2022, a donné lieu aux appels prévisibles des campagnes laïques et anticléricales visant à évincer l'Église de l'éducation, des soins de santé et d'autres infrastructures sociales. Le déclin est encore plus prononcé si on le compare au recensement de 2011, lorsque 84,2 % des résidents irlandais se disaient catholiques. Aujourd'hui, quelque 3 515 861 Irlandais se disent catholiques et, depuis le dernier recensement de 2016, le nombre total de catholiques a diminué de 180 783.

    Alors que le nombre de catholiques est en baisse, ceux qui se disent "non religieux" ont augmenté de 284 269 pour atteindre 763 210. Cela signifie que 14 % des résidents irlandais ont choisi "sans religion" sur le formulaire de recensement. C'est à Dublin, où le pourcentage de catholiques est le plus faible de la République d'Irlande, que le déclin est le plus prononcé. Un peu plus de la moitié des habitants de Dublin (53 %) ont choisi de se décrire comme catholiques. 24 % des habitants de Dún Laoghaire-Rathdown à Dublin se sont déclarés "sans religion", ce qui représente le pourcentage le plus élevé de toutes les régions.

    L'identité catholique reste forte dans les zones rurales de l'Irlande, avec le comté de Mayo où les catholiques sont les plus nombreux (80 %), suivi de près par d'autres régions rurales telles que les comtés de Tipperary, Offaly, Roscommon et Galway (79 % chacun). Seuls 7 % des habitants du comté de Monaghan se sont déclarés "sans religion". L'Église anglicane locale - l'Église d'Irlande - n'a guère changé, restant la deuxième confession religieuse avec 124 749 personnes.

    Si l'on examine les chiffres plus en profondeur, le tableau n'est pas aussi sombre que le suggère la baisse de 10 % enregistrée depuis 2016. Tout d'abord, une partie de ce déclin peut être attribuée à des changements dans les schémas migratoires. Les données montrent que parmi les citoyens irlandais, 94 % s'identifient comme catholiques. Mais chez les Polonais par exemple (pourtant enclins au catholicisme), ce chiffre a chuté de 24 % en six ans, passant de 122 515 en 2016 à 92 887.

    En revanche, en l'espace de six ans, le nombre de ceux qui se disent chrétiens orthodoxes est passé de 60 000 à plus de 100 000. Cette augmentation peut être au moins partiellement attribuée aux plus de 70 000 réfugiés de la guerre en Ukraine qui ont trouvé asile en Irlande. De même, l'augmentation du nombre de personnes s'identifiant comme musulmans - de 63 443 en 2016 à 81 930 en 2022 -, hindous et chrétiens évangéliques ou non confessionnels est une tendance liée aux nouveaux schémas migratoires et devrait se poursuivre.

    De même, toutes ces comparaisons croisées avec les recensements précédents sont risquées en raison du changement dans la formulation des questions relatives à la religion. Une note d'information de l'OSC prévient que "la question sur la religion dans le recensement de 2022 est différente de la version du recensement de 2016, ce qui peut affecter la comparabilité. Traditionnellement, la question était formulée comme suit : "Quelle est votre religion ?". En 2022, la question était plutôt : "Quelle est votre religion, si vous en avez une ?". De plus, alors que "catholique" avait toujours été la première option à cocher, en 2022, la première option était "sans religion".

    Cela dit, il convient d'ajouter que la baisse du nombre de catholiques en Irlande ne surprend personne, pas même l'Église. Bien qu'elle conserve l'un des taux de fréquentation des messes les plus élevés, les bancs se vident et les enquêtes diocésaines montrent que les personnes âgées sont les plus nombreuses à assister aux messes.

    Nous avons perdu les deux dernières générations, c'est le moins que l'on puisse dire, à cause d'un mélange de scandales, de mauvaise gestion et d'apathie. La rapidité du déclin - 10 % en six ans - est peut-être une surprise et n'augure certainement rien de bon pour l'Église à l'avenir. La ventilation complète des chiffres relatifs à l'appartenance religieuse ne sera pas disponible avant l'automne. À ce moment-là, l'Église devra y réfléchir en vue d'élaborer un plan d'action. En fin de compte, il ne suffit pas d'avoir une mentalité de maintenance dans l'Église, nous devons être proactifs.

    Dans le même temps, nos dirigeants politiques et les ONG continueront à voir dans ces chiffres une occasion d'étendre leur appel à l'éviction de l'Église, en particulier de l'éducation et de la santé. L'Eglise est sur le point de s'effondrer dans toutes les sphères de la vie irlandaise - politique, culturelle et sociale - si nous ne mettons pas un terme à son déclin. 
     

    * The Irish Catholic

    Lire également : Irlande : Le Dáil élargit l’accès à l’avortement

  • Boniface, apôtre des Germains (5 juin)

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    St_Boniface_-_Baptising-Martyrdom_-_Sacramentary_of_Fulda_-_11Century.jpgLors de l'audience du mercredi 11 mars 2009, Benoît XVI a consacré sa catéchèse à une évocation de l'apôtre des Germains : 

    Saint Boniface nous encourage à accueillir la Parole de Dieu

    Chers frères et sœurs,

    Nous nous arrêtons aujourd'hui sur un grand missionnaire du viii siècle, qui a diffusé le catéchisme en Europe centrale, et dans ma patrie également:  saint Boniface, passé à l'histoire comme l'"apôtre des Germains". Nous possédons beaucoup d'informations sur sa vie grâce à la diligence de ses biographes:  il naquit dans une famille anglosaxonne dans le Wessex autour de 675 et fut baptisé avec le nom de Winfrid. Il entra très jeune au monastère, attiré par l'idéal monastique. Possédant de remarquables capacités intellectuelles, il semblait destiné à une carrière tranquille et brillante d'érudit:  il devint enseignant de grammaire latine, écrivit plusieurs traités, composa plusieurs poésies en latin. Ordonné prêtre à l'âge de trente ans environ, il se sentit appelé par l'apostolat auprès des païens du continent. La Grande-Bretagne, sa terre, évangélisée à peine cent ans plus tôt par les Bénédictins guidés par saint Augustin, faisait preuve d'une foi si solide et d'une charité si ardente qu'elle envoya des missionnaires en Europe centrale pour y annoncer l'Evangile. En 716, Winfrid, avec quelques compagnons, se rendit en Frise (aujourd'hui la Hollande), mais il buta sur l'opposition du chef local et la tentative d'évangélisation échoua. Rentré dans sa patrie, il ne perdit pas courage, et deux ans plus tard, il se rendit à Rome pour s'entretenir avec le Pape Grégoire ii et en recevoir des directives. Le Pape, selon le récit d'un biographe, l'accueillit "avec le visage souriant et le regard empli de douceur", et dans les jours qui suivirent, il tint avec lui "des conversations importantes" (Willibald, Vita S. Bonifatii, éd. Levison, pp. 13-14) et enfin, après lui avoir imposé le nouveau nom de Boniface, il lui confia avec des lettres officielles la mission de prêcher l'Evangile parmi les peuples de Germanie.

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  • L'influence européenne sur les droits de l’homme et l’avortement en Afrique

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    Lu sur le site de l'ECLJ :

    À propos de l’influence européenne sur les droits de l’homme et l’avortement en Afrique

    1er juin 2023

    L’Occident, avec ses valeurs libérales et démocratiques, a exercé une influence considérable sur la conception des droits de l’homme dans de nombreux pays du monde, y compris en Afrique. Toutefois, cette influence suscite de nombreux débats remettant en question la pertinence des principes occidentaux face aux réalités africaines. L’Occident, porteur d’une vision des droits de l’homme axée sur les libertés individuelles et le progrès, se confronte à une Afrique qui défend une vision plus communautaire et conservatrice de ces droits. Cette dialectique entre ces deux conceptions des droits de l’homme se manifeste de manière récurrente à travers une variété de thématiques, l’avortement étant l’une des plus débattues.

    Les évolutions positives d’une appropriation de la vision occidentale libérale

    Bien que la controverse entoure l’influence occidentale sur la conception des droits de l’homme en Afrique, il est important de souligner que la vision libérale a conduit à des progrès significatifs en matière de droits civils et politiques. Par exemple, par suite de la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a bénéficié d’un soutien substantiel provenant des pays occidentaux, facilitant ainsi sa transition vers une démocratie. Ce processus a abouti à l’instauration d’un système politique dans lequel les droits civiques, y compris le droit de vote, sont respectés[1]. Le cas du Bénin est également souvent cité comme une réussite en matière de transition démocratique libérale. Après une période de régime militaire autoritaire, le Bénin a connu une transition pacifique vers la démocratie en 1990, largement soutenue par les pays occidentaux. Le pays a depuis lors maintenu un système politique stable et démocratique, où les droits politiques tels que le droit de vote sont respectés, même si récemment, le Bénin a été accusé de dérive autocratique[2]. De plus, le soutien occidental aux processus électoraux, par le biais d’organisations comme l’Union européenne et les Nations unies, a également contribué à l’amélioration des droits politiques. Le Nigeria a, par exemple, bénéficié d’un soutien important en matière d’observation électorale, notamment de la part du parlement européen[3], ce qui a contribué à améliorer la qualité de ses élections au fil du temps.

    Critiques de l’influence occidentale

    L’influence de la vision occidentale des droits de l’homme fait toutefois l’objet de critiques en Afrique. Certains universitaires et militants des droits de l’homme accusent l’Occident de néocolonialisme, d’eurocentrisme et d’ignorance des valeurs et des contextes locaux. Selon eux, l’accent mis sur les droits individuels, qui est une caractéristique dominante des conceptions occidentales des droits de l’homme, ne tient pas compte de la nature communautaire de nombreuses sociétés africaines[4]. Certains observateurs africains voient aussi l’imposition des normes occidentales en matière de droits de l’homme comme une forme de néocolonialisme, arguant que l’Occident utilise la notion de droits de l’homme pour exercer une influence et un contrôle sur les pays africains. Le professeur Makau Mutua, un éminent juriste kényan, considère que le discours universel des droits de l’homme est un moyen par lequel l’Occident maintient une hégémonie intellectuelle et culturelle sur le reste du monde[5].

    D’autres critiques mettent également en évidence l’eurocentrisme des normes occidentales en matière de droits de l’homme. L’idée que l’universalisme de ces droits est souvent défini et contrôlé par les puissances occidentales est un thème fréquent dans les critiques postcoloniales des droits de l’homme. Samuel Moyn, dans son ouvrage « The Last Utopia : Human Rights in History » (2010), indique que le discours contemporain sur les droits de l’homme est largement influencé par les idées et les valeurs occidentales, et que cela a conduit à une domination occidentale sur la définition et la promotion de ces droits.

    Pourtant, l’universalisme des droits de l’homme est débattu au sein même de l’Europe. Le concept a subi de sérieuses critiques au fil des années et ressort fragilisé. La reconfiguration géopolitique de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, avec la partition entre l’Est et l’Ouest, a eu un impact majeur sur la conception des droits fondamentaux. Les deux blocs, bien que tous deux se réclamaient du camp des droits de l’homme, avaient des interprétations différentes de ces droits, ce qui a conduit à une fragmentation de l’universalisme. Tandis que l’Ouest mettait l’accent sur les droits civils et politiques, l’Est privilégiait les droits économiques et sociaux.

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  • D'après Bruno Colmant, « nous avançons comme des somnambules vers la guerre »

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    D'Olivier Mouton sur Trends Tendances (Le Vif) :

    Bruno Colmant : « Nous avançons comme des somnambules vers la guerre »

    31-05-2023

    « Charles de Gaulle avait dit en son temps que le pire scénario serait une guerre russo-américaine sur le territoire européen, craint l’économiste, alors que l’escalade en Ukraine se poursuit. Nous y sommes. »

    L’économiste Bruno Colmant exprime régulièrement sa préoccupation au sujet de l’évolution de la guerre en Ukraine. Cette semaine, il l’a réitérée dans un post sur LinkedIn : « Sans tomber dans les affres d’un pessimisme stérile, je crois que la guerre ukrainienne va se terminer de plus en plus mal. Certes, les actualités ont surmonté l’effet de sidération de l’attaque russe de 2022. Mais nous assistons, silencieusement, à une escalade…”

    Le post a toutefois été supprimé par le réseau parce qu’il était illustré par une photo sur laquelle apparaissait le nazi Joachim von Ribbentrop, ministre allemand des Affaires étrangères sous Hitler, avant la Seconde guerre mondiale.

    Bruno Colmant, qui est également officier de réserve, explique sa crainte singulière à Trends Tendances.

    Quelle est votre préoccupation actuelle ?

    J’ai le sentiment que nous avançons comme des somnambules vers la guerre. Nous sommes désormais entrés dans une phase où l’on fournit de l’armement offensif à l’Ukraine. L’Allemagne est réhabilitée en tant que puissance militaire comme elle ne l’avait plus été depuis 1945. Vraiment, je ne suis pas rassuré par l’évolution de cette guerre. On ne parle plus de paix, on ne parle que d’armement.

    L’incursion au-delà de la frontière ou les drones à Moscou, cela vous inquiète ?

    Oui, parce que l’on dépasse l’approche défensive pour passer à l’offensive. L’Union européenne se laisse entraîner par un courant inquiétant qui m’inquiète beaucoup. Charles de Gaulle avait dit en son temps que le pire scénario serait une guerre russo-américaine sur le territoire européen. Nous y sommes. C’est d’ailleurs pour cela que de Gaulle avait décidé des sous-marins nucléaires, afin de pouvoir tirer tous azimuts.

    Bien sûr, nous pourrions aussi aller en Ukraine vers un conflit gelé comme une forme de Verdun des temps modernes. Mais au vu de la sophistication des armements, on pourrait assister à ses choses bizarres.

    On vous reprochera de ne pas soutenir l’Ukraine et, ce faisant, de ne pas arrêter Poutine qui serait tenté d’agir de la même manière avec d’autre…

    Mais est-ce vraiment cohérent de dire cela ? Poutine s’en prendrait-il vraiment à d’autres pays alors qu’il peine à gérer ses propres frontières ? Je n’arrive pas vraiment à le croire. On reste un peu trop dans la logique de 40-45 en pensant qu’un pays peut agir de la sorte. Il s’en prendrait, en outre, à des pays de l’Otan et ce serait cataclysmique.

    Donc, un embrasement généralisé n’est pas possible ?

    Le risque, c’est d’avoir une guerre dont le degré va encore augmenter, avec une sophistication et une implications plus grandes. On a déjà donné des armements défensifs, des missiles de courte puis de longue portée, des tanks, bientôt des F16… tout !

    Il faut sortir de cette logique. Je ne comprends pas pourquoi les Nations unies n’initient pas par ailleurs un processus de paix.

    Peut-être que j’exprime cela parce que je suis d’une génération à qui l’on a beaucoup parlé des deux guerres mondiales. Mais ce n’est pas en humiliant l’Allemagne après la Première guerre mondiale que l’on a empêché le désastre de la Seconde, bien au contraire.

    Lire également : Le colonel Lawrence Wilkerson : « Les États-Unis utilisent l’Ukraine pour rétablir leur hégémonie sur l’Europe »

  • Le moment de la Pologne

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    De Filip Mazurczak sur First Things :

    LE MOMENT DE LA POLOGNE

    30 mai 2023

    En 2019, feu le cardinal George Pell a été condamné à une peine de prison pour des allégations d'abus sexuels - allégations qui ont ensuite été annulées à l'unanimité par la Haute Cour d'Australie. Si les quatorze mois que Pell a passés en prison ont été une via crucis pour lui et pour les catholiques australiens, ils ont également inspiré et revitalisé l'Église locale. Une situation similaire s'est récemment produite en Pologne. Les médias ont tenté de noircir les noms de deux Polonais, géants du catholicisme du XXe siècle, le cardinal Adam Sapieha et le pape saint Jean-Paul II. Ces calomnies ont eu un effet inattendu : elles ont entraîné une mobilisation sans précédent des catholiques polonais pour défendre la vérité.

    Début mars, la chaîne de télévision libérale américaine TVN 24 a diffusé un documentaire intitulé Franciszkańska 3. Ce film, réalisé par le journaliste Marcin Gutowski, affirme que le cardinal Adam Sapieha était un prédateur sexuel (Sapieha, archevêque de Cracovie de 1911 à 1951, est devenu un héros national pour avoir organisé l'aide humanitaire pendant les deux guerres mondiales et pour avoir courageusement défendu la souveraineté polonaise sous l'occupation allemande et sous le régime stalinien). Le documentaire affirme également que l'élève vedette de Sapieha au séminaire de Cracovie, Karol Wojtyła, a couvert trois cas d'abus sexuels commis par des prêtres durant son mandat d'archevêque de Cracovie, de 1964 à 1978 : Bolesław Saduś, Eugeniusz Surgent et Józef Loranc. 

    À peu près au moment de la diffusion du documentaire, le journaliste néerlandais Ekke Overbeek a publié le livre Maxima Culpa : What the Church Is Covering Up About John Paul II (Ce que l'Église dissimule à propos de Jean-Paul II). Ce livre a été publié par Agora Publishing, affilié au quotidien anticlérical de gauche Gazeta Wyborcza. Il est frustrant de constater que certaines publications catholiques libérales (telles que Tygodnik Powszechny, fondée par Sapieha et qui comptait parmi ses collaborateurs le jeune Karol Wojtyła) ont également pris le train en marche contre le pape. 

    Dans les jours précédant et suivant immédiatement la sortie du livre et du film, Gazeta Wyborcza et des médias libéraux comme Newsweek Polska et Onet.pl ont publié de nombreux articles à caractère sensationnel, traitant les affirmations de Gustowski et Overbeek comme des vérités indiscutables. 

    J'ai publié ici une analyse complète des accusations elles-mêmes, et elles sont loin d'être indiscutables. Selon une étude détaillée des archives secrètes de la police de sécurité communiste publiée dans le quotidien Rzeczpospolita par les journalistes Tomasz Krzyżak et Piotr Litka, il n'est pas certain que Bolesław Saduś ait été un agresseur d'enfants. Quant aux deux autres dissimulations présumées : lorsqu'il a appris les délits sexuels de Loranc, le cardinal Wojtyła l'a suspendu et l'a fait vivre en isolement dans un monastère (ses sanctions ont précédé l'arrestation de Loranc par les autorités communistes) ; et il a expulsé le troisième délinquant, Eugeniusz Surgent, incardiné dans le diocèse de Lubaczów, de son diocèse. 

    Récemment, Krzyżak et Litka ont publié une autre analyse de documents que Gutowski et Overbeek n'avaient pas consultés. Ces documents suggèrent fortement que les allégations contre le cardinal Sapieha ont été fabriquées par la police secrète communiste. En outre, l'affirmation selon laquelle le cardinal Sapieha était un prédateur sexuel a déjà été contestée par de nombreux historiens ; ils soulignent qu'il est invraisemblable que Sapieha ait abusé de séminaristes alors qu'il était âgé de 83 ans, mourant et alité, et que ses accusateurs n'étaient pas des témoins fiables. Ils notent également que le fait que le régime communiste n'ait pas utilisé ces allégations dans sa campagne anticatholique du début des années 1950 implique qu'il les considérait comme improbables.

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  • Le vandalisme contre les églises catholiques est en hausse en Bavière

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    De Pier Luigi Zoccatelli sur Bitter Winter :

    Le vandalisme contre les églises catholiques est en hausse en Bavière

    30 mai 2023

    Le nombre de cas est passé de 271 en 2021 à 294 en 2022. Ils ne doivent pas être rejetés à la légère.

    Anti-Christian slogans painted on the walls of the Augsburg Cathedral. Source: Observatory of Intolerance and Discrimination Against Christians in Europe.
    Slogans anti-chrétiens peints sur les murs de la cathédrale d'Augsbourg. Source : Observatoire de l'intolérance et de la discrimination contre les chrétiens en Europe : Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe.

    L'Office de la police criminelle de l'État de Bavière (LKA) a publié un rapport sur les actes de vandalisme commis contre des églises, des chapelles et des monastères en Bavière en 2022. Le nombre d'attaques enregistrées s'élève à 294. Une comparaison avec les années précédentes montre une croissance constante du nombre d'incidents. Ils étaient 219 en 2019, 242 en 2020 et 271 en 2021. Il semble que même les quarantaines COVID-19 n'aient pas ralenti la progression de cette série.

    Comme le rapporte l'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe, basé à Vienne, qui suit régulièrement ce type d'incidents, "un porte-parole du diocèse catholique de Ratisbonne [a déclaré que les cas comprenaient] : "Par exemple, des figures de saints ont été détruites ou endommagées, des gens ont fumé et uriné dans les salles d'église, les murs de l'église ont été barbouillés ou des incendies ont été allumés à l'intérieur de l'église."" L'une des attaques les plus graves a eu lieu lorsque l'église historique de Saint-Nicolas à Spalt a été la cible d'un incendiaire.

    La tendance se poursuit en 2023. Selon le même observatoire, le 10 janvier, quelqu'un a peint "un graffiti rouge sur la cathédrale d'Augsbourg qui disait 'F*ck Jesus ! Il aurait voulu que les choses se passent ainsi", tandis que "d'autres cas ont été signalés à Munich, où la figure de Jésus a été volée". Dans une église catholique d'Augsbourg, les auteurs ont jeté des œufs et laissé des graffitis insultants sur le mur contre la Parole de Dieu".

    Ces cas sont souvent pris à la légère par les médias et attribués à des "adolescents ivres" ou à des "farceurs". Leur nombre montre cependant qu'ils s'inscrivent dans un phénomène plus large d'anticatholicisme et d'incitation à la haine contre les chrétiens. Les crimes de haine ont tendance à devenir de plus en plus violents. Les autorités et les médias devraient les considérer comme un phénomène grave et alarmant.

  • La chrétienté a largement participé au développement de la civilisation européenne

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    Un entretien avec Jean-François Chemain (propos recueillis par Côme de Bisschop) sur le site de la revue Conflits :

    Comment la chrétienté a façonné l’Europe.

    22 MAI 2023

    La chrétienté a largement participé au développement de notre civilisation : unité de l’Europe, primauté de la paix, laïcité ou encore droits de l’homme, sont autant de principes qui en découlent. À l’heure où le christianisme est en déclin en Europe, Jean-François Chemain fait le point sur ses apports civilisationnels et la légitimité de leur avenir. 

    Jean-François Chemain est docteur en histoire, écrivain et professeur à l’Ircom. Son dernier ouvrage, Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde, vient de paraître aux éditions Artège. 

    Vous écrivez que « toute la civilisation européenne est pétrie de christianisme ». Comment « Europe » et « chrétienté » sont-ils devenues synonymes ? 

    Le terme « Europe », dans son sens moderne, a été utilisé pour la première fois sous la plume de saint Colomban, un moine irlandais, dans deux lettres au pape (590 et 614), où il définissait celle-ci comme l’espace soumis à l’autorité spirituelle de ce dernier. Cela excluait l’islam naissant, et ses conquêtes futures au détriment de la chrétienté, mais aussi l’Empire byzantin, berceau de l’orthodoxie, dans lequel l’Église était soumise à l’Empereur.  Pour être plus précis, « Europe » est synonyme de « chrétienté d’Occident ».

    Pour le christianisme, la guerre n’est jamais souhaitable et doit rester un ultime recours. Si elle devient nécessaire, celle-ci doit être justifiée. Qu’est-ce qu’une « guerre juste » pour les chrétiens ? Ces deux mots ne sont-ils pas antinomiques ? 

    Le christianisme a très tôt défini une conception de la « guerre juste ». Saint Augustin a en effet adapté au christianisme une antique conception romaine, qui qualifie ainsi une guerre défensive, déclenchée par une autorité légitime, quand on a épuisé en vain tous les moyens pacifiques, et afin de réparer une injustice subie. Une pensée reprise et formalisée par saint Thomas d’Aquin. Cela exclut toute guerre de conquête, même soi-disant « sainte ».

    Le message évangélique de la religion chrétienne est un message de paix, comme le précise l’évangile selon Saint Matthieu : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ». À ce titre, comment les chrétiens justifient-ils l’épisode des croisades ou encore celui des guerres de religion et de ses violences ? 

    Les croisades, qu’on se plaît à présenter comme un triste prototype de guerre « sainte », n’ont de fait été vécues que comme une guerre « juste », destinée à protéger les pèlerins chrétiens empêchés de se rendre sur leurs Lieux Saints par les développements du djihâd musulman – qui est, lui, une authentique guerre sainte. Quant aux guerres de religion, l’Église catholique en porte, comme les autres Églises chrétiennes, une part de responsabilité. Mais elles doivent aussi beaucoup à la prétention des chefs d’État de se mêler de religion, et de vouloir que tous leurs sujets croient la même chose qu’eux. Et puis, enfin, ce n’est pas parce qu’on est chrétien qu’on se comporte comme un saint : au moins a-t-on conscience de son péché !

    La Révolution française n’a pas eu pour ambition de s’appliquer uniquement aux Français, mais bien à l’humanité tout entière. Existe-t-il un lien entre la vocation universelle de la Révolution et celui du catholicisme ? 

    Effectivement, « catholique » signifie « universel ». Et donc, moins paradoxalement que logiquement, si la France est « la fille aînée de l’Église » (catholique), alors ce qui est français est aussi universel. D’où la prétention de la Révolution d’être universelle (cf. la Déclaration des droits de l’Homme, valable pour l’Humanité entière, quand le Bill of rights anglais ne s’appliquait qu’au peuple anglais), mais aussi cette conception universaliste qu’a la République de la nation française : en ferait partie, si l’on en croit, par exemple, le sociologue « autorisé » Patrick Weil, toute personne, d’où qu’elle vienne, qui adhère à ses valeurs. Et ce bien plus qu’un Français « de souche », qui apparaît furieusement « local » et n’a en outre pas choisi de venir pour faire allégeance à des « valeurs ».

    L’imaginaire collectif considère souvent la démocratie comme étant la fille d’Athènes, qui serait réapparue  miraculeusement en 1789 en France. Cependant, si la démocratie a été utilisée par les Grecs, ils n’en faisaient pas un impératif, l’important était de diriger selon le bien commun. Ainsi, comment le christianisme, par son choix du mode électoral au sein des institutions religieuses, a-t-il permis de mettre en avant la démocratie, longtemps tombée en désuétude, comme une évidence morale ? 

    Le compendium de l’Église catholique présente la démocratie comme un système préférable aux autres. C’est contraire à une idée reçue, qui voudrait que celle-ci ait eu partie liée avec la monarchie, et que la démocratie ait été une conquête réalisée contre elle. On ne peut pas nier que cela ait été le cas au XIXesiècle, mais dans le contexte particulier du traumatisme post-révolutionnaire. 

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