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Europe - Page 21

  • Relire Henri Pirenne

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    Du site "Pour une école libre..." :

    Histoire — Relisons Pirenne !

    Un imposant volume de la collection « Quarto » réunit les écrits de l’historien médiéviste belge rendu célèbre par son livre « Mahomet et Charlemagne ».

    L’historien Henri Pirenne, dans son bureau, à Gand (Belgique), en 1930. La loi du 5 avril 1930 éliminera le français comme langue d’enseignement et imposera le néerlandais. Pirenne, ne parlant pas le néerlandais, dut céder son poste de professeur d’histoire à la fin de l’année universitaire. L’Université de Louvain en terre flamande sera la dernière université à être « flamandisée » en 1968

    Il fut un temps où son nom n’était plus cité qu’avec embarras. À l’époque où Samuel Huntington faisait frémir avec sa thèse sur le « choc des civilisations », il n’était pas bien vu de mentionner Henri Pirenne. Son crime ? Il avait osé affirmer, dans Mahomet et Charlemagne, publié en 1937, que les invasions arabes avaient marqué la fin de l’Europe antique, semblant donner du crédit par avance aux thèses du néoconservateur américain. 

    Avant Mahomet, écrivait Pirenne, l’orient et l’occident n’étaient pas franchement divisés. L’Empire romain, qui, de la Syrie à l’Espagne, de la Baltique au Sahara, formait une magnifique unité, n’avait pas été bouleversé fondamentalement par les « invasions » barbares, car les nouveaux conquérants germaniques avaient institué, sur les ruines de l’empire, des monarchies qui, comme celles de Clovis ou des Wisigoths et des Vandales, avaient manifesté une grande révérence à l’égard de la civilisation vaincue. Clovis se fait baptiser et pousse même le zèle jusqu’à demander à être reconnu comme consul et patrice romain par l’empereur romain d’Orient Anastase.

    Tout allait changer avec l’arrivée des défenseurs d’Allah au VIIe siècle. Eux n’ont aucun respect pour la romanité, car ils défendent une autre civilisation et un autre dieu. Pirenne résumait : « Tandis que les Germains n’ont rien à opposer au christianisme de l’empire, les Arabes sont exaltés par une foi nouvelle. »

    À Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge.

    Geneviève Warland et Philippe Sénac
    Provenant de la péninsule arabique, ils colonisent au nom d’Allah la rive sud de la Méditerranée, s’installant durablement en Palestine, en Égypte ou en Maurétanie césarienne et tingitane, puis ils franchissent le détroit de Gibraltar et remontent jusqu’au Nord, près de Poitiers, en passant par l’Espagne. 

    Loin d’être restée un lac intérieur (le fameux Mare nostrum des Romains), la Méditerranée allait dès lors devenir un obstacle, une « barrière ». Pirenne parle de « cataclysme cosmique ». Le royaume wisigoth s’effondre, le royaume franc résiste de justesse. D’où la phrase célèbre et contestable : « Sans Mahomet, Charlemagne est inconcevable. »

    Ce que les Anglo-saxons ont appelé, au regard de sa popularité, « the Pirenne’s thesis », n’est plus aujourd’hui reconnu par la très large majorité de la communauté historique. Elle avait déjà été nuancée dès la publication de ce livre. Un grand historien du Moyen Âge comme Marc Bloch, tout en saluant l’érudition et le style de l’auteur, ne se disait pas tout à fait convaincu par la thèse de Pirenne dans la mesure où, selon lui, Mahomet avait probablement « précipité » l’effondrement de la civilisation antique, mais il ne l’avait pas « créée », constatant avec d’autres que le commerce s’était déjà effondré à l’époque mérovingienne. D’autres historiens affirmeront ensuite que le commerce méditerranéen, qui était déjà en recul depuis la chute de Rome, ne s’effondra pas totalement avec l’arrivée des Arabes puisque certains ports de l’Italie du Sud continuèrent leurs relations avec l’orient. 

    Bref, les controverses érudites feront rage, mais l’idée essentielle demeure, et, comme l’écrivent Geneviève Warland et Philippe Sénac, qui codirigent la publication de l’œuvre de Pirenne dans cette édition « Quarto », « à Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge ».

    Insistant sur la force de sa reconstruction historique, sur son « don d’évocation hors pair », les auteurs de ce gros volume nous permettent de redécouvrir l’œuvre de Pirenne, ne se limite nullement à cette thèse sur Mahomet et Charlemagne, dont l’auteur avait eu l’intuition dès 1893 et qu’il avait commencé à défendre dans un article savant en 1922 avant d’en rédiger le texte fameux. Pirenne offre aussi à ses lecteurs une formidable histoire de l’Europe qui possède un souffle et un « art de voir », comme dira Marc Bloch, qui fait bien défaut à beaucoup d’historiens d’aujourd’hui. Pirenne [germanophone et familier de l’Allemagne] s’oppose notamment à la vision des historiens allemands et défend une ligne de démarcation entre une Europe de l’Ouest marquée par l’esprit de liberté dès le Moyen Âge, reposant sur un idéal national, et une Europe orientale, germanique, impériale, plus autoritaire et arriérée. Cette tonalité antiallemande paraîtra un peu démodée, mais elle n’est pas si erronée et elle a du souffle. Alors, ne serait-ce que pour le plaisir littéraire, il faut relire Pirenne.

    Source : Le Figaro

    Histoires de l’Europe 
    par Henri Pirenne,
    paru le 28 septembre 2023,
    chez Gallimard,
    à Paris,
    dans la collection Quarto,
    1504 pp,
    ISBN-10 : 2 072 828 341
    ISBN-13 : 978-2072828348

    Ce volume illustré contient :

    • Histoire de l’Europe 
    • Les Villes du Moyen Âge
    •  Mahomet et Charlemagne Recueils d’articles, discours, essais et journaux sur la méthodologie de l’histoire, autour des « Annales », sur la nation (belge), et sur la Grande Guerre 
    •  « Pirenne, Mahomet, Charlemagne », préface de Philippe Sénac 
    •  Vie & Œuvre.
  • Ukraine, Israël, Balkans : une tempête de grande ampleur se prépare sur l'Europe

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    De Gianandrea Gaiani sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Ukraine, Israël, Balkans : la tempête parfaite se prépare sur l'Europe

    Escalade sur tous les théâtres de guerre. En Ukraine, les missiles ATACMS arrivent, les plus puissants fournis à ce jour par l'OTAN. En Israël, le risque d'extension du conflit au Liban est réel. Les Etats-Unis envoient deux porte-avions en Méditerranée. Au Kosovo, le commandement de l'OTAN passe aux mains des Turcs, ce qui inquiète Belgrade.

    19_10_2023

    L'escalade progressive de toutes les crises en cours en Europe devrait nous obliger à faire des évaluations stratégiques et politiques des nuages de plus en plus sombres qui semblent s'amonceler à l'horizon.

    Les derniers signes d'un élargissement possible des scénarios de guerre proviennent de l'Ukraine et du Moyen-Orient. Le 17 octobre, le président Volodymyr Zelensky, dans un message publié sur Telegram, a confirmé que l'Ukraine avait reçu et déployé pour la première fois les missiles balistiques tactiques ATACMS envoyés par les États-Unis contre un dépôt de munitions russe dans la région de Louhansk (Donbass) et un aérodrome à Berdyansk utilisé par des hélicoptères militaires russes sur le front de Zaporizhia pour entraver la contre-offensive des troupes de Kiev, qui tentent jusqu'à présent sans succès de percer les lignes russes depuis le 4 juin.

    Bien qu'il ne s'agisse pas de la version d'une portée de 300 kilomètres, que les Etats-Unis n'ont pas l'intention de remettre aux Ukrainiens pour empêcher son utilisation contre le territoire de la Fédération de Russie, les ATACMS utilisés contre des cibles russes appartiennent à la version M39 Block I, capable d'atteindre des cibles à une distance de 165 kilomètres avec une charge de guerre de 950 sous-munitions. Le lancement de 18 missiles de ce type aurait détruit un dépôt de munitions et 9 hélicoptères russes. Bien que Vladimir Poutine ait qualifié ces armes d'incapables de changer le cours du conflit, les ATACMS sont les seuls missiles balistiques fournis à l'Ukraine à ce jour et constituent l'arme ayant la plus grande portée parmi celles envoyées par Washington, dont la fourniture a été financée par le dernier paquet d'aide de 200 millions de dollars envoyé à l'Ukraine. Ce n'est pas un hasard si Poutine a déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue de sa visite en Chine que la livraison des ATACMS à l'Ukraine montre "que les Etats-Unis sont de plus en plus impliqués dans ce conflit".

    Alors que la contre-offensive ukrainienne marque le pas et que sur le champ de bataille ce sont les Russes qui ont pris l'initiative en arrachant plusieurs positions à l'ennemi, les Etats-Unis font un pas de plus dans l'escalade de la confrontation avec la Russie.

    Même au Moyen-Orient, le risque d'une aggravation du conflit entre le Hamas et Israël semble être plus qu'une hypothèse. Après les escarmouches entre les Israéliens et le Hezbollah le long de la frontière libanaise, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, a déclaré le 16 octobre que "si les opérations militaires des forces israéliennes dans la bande de Gaza se poursuivent et qu'une solution politique n'est pas trouvée, l'ouverture d'autres fronts du conflit n'est pas à exclure". Amirabdollahian, dans une interview accordée à la chaîne nationale après une tournée diplomatique qui l'a conduit en Irak, au Liban, en Syrie et au Qatar, a ajouté que "les dirigeants de la résistance ne permettront pas au régime sioniste de faire ce qu'il veut dans la région".

    Le Pentagone a réagi en mettant 2 000 militaires en état d'alerte pour faire face à une éventuelle escalade de la crise. Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a relevé le niveau d'alerte pour le personnel et un certain nombre d'unités par le biais d'un ordre de préparation au déploiement. L'armée doit être en mesure de "répondre rapidement à l'évolution de la situation sécuritaire au Moyen-Orient". Les États-Unis avaient déjà annoncé ces derniers jours l'envoi d'un deuxième porte-avions dans la région (le Gerald Ford est déjà en Méditerranée orientale et le Dwight D. Eisenhower est en route), dans le but de "dissuader les actions hostiles contre Israël" en vue de l'opération terrestre que l'État hébreu s'apprête à mener dans la bande de Gaza.

    Comme l'a confirmé la visite de Joe Biden en Israël, les Etats-Unis envoient de l'aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza, mais sont également prêts à intervenir en armes en cas d'attaques contre Israël depuis la Syrie, le Liban ou l'Iran.

    La mobilisation des forces américaines en Méditerranée orientale ne plaît pas à la Turquie, qui a annoncé un exercice naval qui durera jusqu'au 27 octobre au large des côtes de Chypre du Nord, la république chypriote turque reconnue uniquement par Ankara. La semaine dernière, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait critiqué l'arrivée du porte-avions Ford en Méditerranée orientale après le début des affrontements en Israël.

    La volonté exprimée par une grande partie de la communauté internationale de déplacer un grand nombre de civils palestiniens de la bande de Gaza alarme l'Egypte, dont le territoire du Sinaï est en effet le seul débouché possible pour une telle initiative, à laquelle Le Caire s'oppose résolument. Hier, le Sénat égyptien a voté pour autoriser le président égyptien Abdel Fattah al Sissi à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité nationale de l'Egypte, face à "la volonté d'Israël de déplacer les Palestiniens de la bande de Gaza vers le Sinaï". 

    Il est compréhensible que l'Egypte ne veuille pas ramener chez eux des Palestiniens qui, depuis 16 ans, ont été "éduqués", dans les écoles comme dans l'ensemble de la société gazaouie, au djihad. La déclaration faite hier par le ministre israélien des affaires étrangères, Eli Cohen, sur la volonté de réduire l'étendue du territoire palestinien, a également contribué à accroître les inquiétudes du Caire. "A la fin de cette guerre, non seulement le Hamas ne sera plus à Gaza, mais le territoire de Gaza se réduira également", confirmant les rumeurs sur l'objectif d'établir une "zone tampon" à l'intérieur des frontières de la bande de Gaza pour mieux protéger les villes du sud d'Israël. 

    Dans un contexte de conflit croissant et généralisé, l'Ukraine semble avoir intérêt à établir un lien entre la guerre contre les Russes et le conflit au Moyen-Orient, notamment pour éviter d'être "oubliée" par les sponsors occidentaux qui garantissent sa survie. Après avoir accusé Moscou d'armer et de soutenir le Hamas, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré hier dans une interview que "l'Ukraine et Israël sont deux théâtres de la même guerre, car les acteurs de l'autre côté du front sont les mêmes", ajoutant que "bien que l'Ukraine ne fasse temporairement plus la une des journaux pour ce qui se passe en Israël, elle est toujours à la une de l'agenda de la sécurité internationale". 

    En fait, pour en rester aux crises en cours sur le Vieux Continent ou à ses frontières, il faut aussi évaluer les tensions croissantes entre la Serbie et le Kosovo qui menacent d'exploser, surtout après que le commandement des forces de l'OTAN au Kosovo (KFOR) a été placé il y a quelques jours, pour la première fois, sous commandement turc après de nombreuses années de commandement italien et hongrois.

    Un changement de garde dans la sphère de l'OTAN qui n'est certainement pas apprécié par Belgrade, notamment parce qu'en mai dernier, les forces de sécurité ont reçu d'Ankara leurs premières armes offensives, cinq drones armés de missiles. Il semble évident qu'à un moment où la tension est si forte, le maintien du sommet de la KFOR entre les mains de l'Italie ou de la Hongrie, comme cela a été le cas ces dernières années, aurait offert à tous, des Balkans à l'Europe entière, de plus grandes garanties d'équilibre, d'autant plus précieuses si l'on considère le violent conflit en cours en Ukraine.

    Il est difficile de croire qu'un rôle militaire accru d'Ankara, même dans le cadre de l'OTAN, dans une région qui connaît depuis des années une forte pénétration politique et économique turque, puisse favoriser la détente dans les Balkans. Cela soulève la question de savoir quels pays de l'alliance ont fait pression en faveur du commandement turc de la Kfor et si l'Italie et d'autres États membres se sont vigoureusement opposés à ce projet qui menace de favoriser la déstabilisation de la région au lieu de l'éviter.

    L'Europe et l'Italie, surtout aujourd'hui, ne devraient pas avoir de raison de risquer que les objectifs turcs et l'approche de certains alliés hostiles à la Serbie en raison de ses liens avec la Russie ne favorisent l'apparition de nouveaux foyers de guerre à nos portes.

    Des Balkans à l'Ukraine en passant par le Moyen-Orient, toutes les conditions semblent réunies pour une "tempête parfaite" qui aurait des conséquences très graves pour l'Europe.

  • Portugal : 15% d'avortements en plus en 2022

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Portugal : 15% d’avortements en plus en 2022

    17 octobre 2023
     

    Selon le rapport de la Direction générale de la santé (DGS) du Portugal publié le 16 octobre, 15 870 avortements ont été pratiqués en 2022 (cf. France : 234 300 avortements en 2022). « Des chiffres qui représentent une augmentation de 15 % par rapport à 2021 » relève la DGS. L’incidence de l’IVG au niveau national est ainsi passée de 180,3 à 196,9 (pour 1 000 naissances vivantes).

    Une femme sur cinq avait entre 20 et 24 ans

    Parmi les femmes ayant eu recours à l’avortement, une femme sur cinq, soit 25,3 % d’entre elles, avait entre 20 et 24 ans. Cette tranche d’âge a été la plus importante en 2022, suivie des femmes âgées de 25 et 29 ans (23,7%), puis celles de 30 ans à 34 (20,1%). La part des femmes de moins de 20 ans a, elle, légèrement diminué, passant de 10,8 % en 2013 à 8,6 % en 2022. L’âge médian des femmes est resté est resté stable. Il est de 28 ans.

    Environ 93 % des femmes ayant eu recours à l’avortement ont ensuite choisi une méthode de contraception. Les méthodes à « action prolongée » ont diminué d’environ 2,5 points par rapport à 2021 (35,1 % en 2022) (cf. Contraception : les Françaises changent leurs pratiques).

    3,3% des avortements ont eu lieu pour des raisons médicales

    Au cours des dix premières semaines de grossesse, 543 IVG, soit 3,3% des avortements, ont eu lieu pour des raisons médicales et étaient liées à une maladie grave ou une malformation congénitale de l’enfant à naître. L’âge gestationnel médian est par ailleurs resté à sept semaines.

    La majorité des IVG ont été réalisées par le Service National de Santé (68,6 %). Dans le secteur public, les avortements médicamenteux sont les plus nombreux (98,9 %) alors que, dans le secteur privé, il s’agit avant tout d’IVG chirurgicales (95,3 %).

    Le délai moyen d’attente entre la consultation préalable et l’avortement a été de 6,4 jours en 2022, avec une médiane de cinq jours.

    28,9% de femmes étrangères  

    En 2022, Lisbonne et Vale do Tejo étaient à nouveau les régions dans lesquelles le plus grand nombre d’IVG a eu lieu. Elles représentent 58,9 % des IVG pratiquées dans le pays. En revanche, 3,1 % des femmes ayant pratiqué une IVG ne vivaient pas dans ces régions.

    « Le nombre de femmes non portugaises interrompant volontairement leur grossesse a légèrement augmenté (28,9 % en 2022, 25,9 % en 2021 et 24,6 % en 2020), parallèlement à l’augmentation du nombre de femmes étrangères résidant au Portugal » ajoute par ailleurs le rapport de la DGS.

    Source : Onovo (16/10/2023)

  • Europe : Alerte rouge sur la protection des embryons humains

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    De Stefan Rehder sur le Tagespost :

    Alerte rouge sur la protection des embryons

    Un règlement élaboré par la Commission européenne menace de ne plus laisser aucun élément sur le terrain de la protection des embryons.

    La bureaucratie peut être froide et cruelle. Lorsque c'est le cas, les fonctionnaires intitulent par exemple les documents importants : "Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux normes de qualité et de sécurité des substances d'origine humaine destinées à être utilisées chez l'homme et abrogeant les directives 2003/98/CE et 2004/23/CE". Si le document fait 134 pages A4, ses auteurs peuvent presque être sûrs que le cercle de ceux qui prennent connaissance de son contenu reste très clair. Dans le cas présent, il en va heureusement autrement.

    Les évêques sont inquiets

    "Dans une "prise de position commune" du "Commissariat des évêques allemands", plus connu sous le nom de "Bureau catholique de Berlin", et de la "Commission des épiscopats de l'Union européenne" (COMECE), on peut lire que les évêques considèrent avec inquiétude le "projet du Parlement européen" ainsi que "certaines propositions de modification" du "règlement SoHO" (SoHO = Substance d'origine humaine). Une des raisons : selon les évêques, le règlement SoHO pose "des jalons fondamentaux pour le traitement futur de la vie humaine prénatale dans le droit européen des transplantations et des médicaments". Celles-ci sont susceptibles de soulever "dans les États membres de l'UE de nombreuses questions de conflits éthiques et constitutionnels". Etant donné que l'Eglise catholique est "convaincue, avec beaucoup d'autres et pour de nombreuses raisons", que "la vie humaine dès le début, donc aussi la vie à naître", possède une "dignité propre", un "droit propre" et un "droit autonome à la protection" qui ne peut être compensé "par les droits d'autrui ou par des circonstances particulières qui s'y opposent", il s'agit d'attirer l'attention "sur la portée des conséquences du règlement SoHO en tenant compte des amendements de compromis adoptés par la commission ENVI".

    Et celles-ci ne pourraient en effet guère être plus étendues. Car la "définition de "SoHO"" (article 3, n° 5 du projet de décret) ne se limite pas "dans le domaine de la médecine de la reproduction aux cellules germinales non fécondées (spermatozoïdes, ovules et ovules préparés)", mais englobe "également les embryons et les fœtus". Cela est "pertinent", par exemple, "pour le prélèvement et l'utilisation d'embryons et de fœtus décédés ou tués, ainsi que pour l'utilisation alternative d'embryons surnuméraires produits in vitro qui ne sont délibérément pas implantés dans l'utérus de la femme".

    En raison de la formulation large, "il est à craindre que même les enfants conçus naturellement, qui ne sont pas encore viables de manière autonome et qui se trouvent dans des phases de développement prénatales, puissent être inclus dans la notion de SoHO". "Il est également envisageable", lit-on dans l'avis, "que la vie humaine créée par des mesures médicales ou des techniques de laboratoire, mais non dans le but d'être portée, soit à l'avenir couverte par le nouveau règlement de l'UE". Selon l'auteur, cela pourrait par exemple inclure prochainement les "modèles d'embryons" que les chercheurs créent actuellement à partir de cellules souches reprogrammées en utilisant de nouvelles techniques de clonage.

    La vie à naître réduite à une simple "substance d'origine humaine".

    Dans tous ces cas, le règlement SoHO, selon les évêques, "rabaisse la vie humaine à naître à une simple "substance d'origine humaine" ou - selon son origine - à une "préparation SoHO" et la place "sans autre différenciation au même niveau que les cellules de la peau, la salive ou le plasma sanguin".

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  • Haut-Karabakh : l'insuffisance des déclarations de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe

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    De Thibault van den Bossche (ECLJ) :

    Conflits d'intérêts à la CEDH

    Madame, Monsieur,

    L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe entrevoit le nettoyage ethnique des Arméniens du Haut-Karabakh, mais laisse le temps à l’Azerbaïdjan de « remédier à la situation » avant d’envisager de demander sa suspension du Conseil de l’Europe. De déclarations beaucoup trop faibles...

    Les forces russes de maintien de la paix n’ont pas empêché l’agression du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan. La quasi-totalité des 120 000 Arméniens encore présents au Haut-Karabakh ont dû fuir leur patrie, dans un exode forcé par les souvenirs du génocide de 1915 et des pogroms des années 1980 et 1990.

    Près de 700 000 Azerbaïdjanais qui avaient été déplacés lors du conflit des années 1990 peuvent désormais prétendre venir dans le Haut-Karabakh, ajoutant au nettoyage ethnique des Arméniens le remplacement de leur population.

    Dans sa résolution 2517 (2023) adoptée le jeudi 12 octobre, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) reconnait à demi-mot la portée de « cet exode tragique de presque toute une population de sa patrie ancestrale », donnant lieu à « des allégations et à des suspicions raisonnables de nettoyage ethnique ».

    Les vœux pieux de l’APCE pour protéger les Arméniens du Haut-Karabakh

    L’APCE appelle l’Azerbaïdjan à « assurer un climat de confiance et des conditions matérielles satisfaisantes pour que les Arméniens de cette région puissent retourner dans leur patrie ». Elle prend acte de ses promesses « que les droits et les libertés des résidents arméniens seraient garantis ». Elle lui demande également d’ « étendre sa protection au patrimoine culturel arménien de la région ».

    Il faudrait bien plus que des promesses du pays agresseur pour rassurer ses victimes. Certes, l’ONU a déployé une mission sur place « pour la première fois en trois décennies, avec pour objectif d’évaluer les besoins humanitaires dans la région ». Que ne l’eût-elle pas fait plus tôt ! L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et en particulier le groupe de Minsk, ainsi que l’UNESCO, ont aussi leur rôle à jouer.

    L’Arménie, caillou dans la chaussure d’Erdogan

    Tout laisse à croire que les Arméniens ne reviendront jamais et que leur patrimoine, marque de leur présence plurimillénaire dans la région, sera systématiquement détruit. Ce fut le cas au Nakhitchevan, exclave azérie située entre les frontières actuelles de la Turquie, de l’Arménie et de l’Iran, ou plus récemment dans les parties du Haut-Karabakh reprises par l’Azerbaïdjan en 2020, et où plus aucun Arménien n’habite.

    Les régulières déclarations irrédentistes et incendiaires du président azéri llham Aliyev menacent très explicitement l’intégrité territoriale de l’Arménie. L’APCE en a conscience, citant expressément « le contexte d’une éventuelle liaison de transport reliant le Nakhitchevan ». Le vieux projet panturc du corridor de Zanguezour, qui permettrait une continuité territoriale entre l’Azerbaïdjan et la Turquie en amputant à l’Arménie le sud de son territoire, se concrétise peu à peu.

    La nécessité d’une mission d’enquête du Conseil de l’Europe en Azerbaïdjan

    Le régime dictatorial et népotique du président Ilham Aliyev muselle l’opposition politique et les médias, bafoue les droits de l’homme, dans un climat général de corruption aux niveaux national comme européen. Lors du débat à l’APCE, le député Paul Gavan s’interrogeait : « si c’est ainsi qu’Aliyev traite son propre peuple, comment à votre avis traitera-t-il la population arménienne ? ».

    L’Azerbaïdjan, par sa diplomatie du caviar, pratique massivement la corruption au sein des instances du Conseil de l’Europe, et de réelles sanctions contre lui tardent à venir. Le député Pieter Omtzigt n’a pu que constater le dysfonctionnement du Conseil de l’Europe : « aujourd’hui, nous ne parvenons pas à prendre des mesures décisives lorsqu’une région entière fait l’objet d’un nettoyage ethnique ».

    Dans sa recommandation 2260 (2023) adoptée le jeudi 12 octobre, l’APCE demande au Comité des Ministres une « mission d’enquête du Conseil de l’Europe en Azerbaïdjan dès que possible, dans le but d’évaluer et de définir les mesures qui devraient être mises en place pour protéger les droits des Arméniens de cette région, y compris de ceux qui ont cherché refuge à l’extérieur du pays, et pour assurer le retour en toute sécurité de ceux qui le souhaitent. »

    La dictature azérie doit être suspendue du Conseil de l’Europe

    Selon l’APCE, « il n’est pas trop tard pour que l’Azerbaïdjan remédie à la situation et fasse la preuve de ses intentions à l’égard de la population arménienne du Haut-Karabakh ». Cependant, elle appelle d’ores et déjà le Comité des Ministres « à envisager d’engager la procédure complémentaire conjointe » contre l’Azerbaïdjan, procédure qui peut aller jusqu’à sa suspension et son exclusion, suivant en cela la demande de l’ECLJ.

    Si l’Azerbaïdjan ne remplit pas ses obligations, l'Assemblée dit n’avoir d’autre choix que « de contester les pouvoirs de la délégation azerbaïdjanaise lors de la première partie de sa session de 2024.». Un député conservateur nous confiait cependant que, travaillant sur des objectifs communs avec des députés azéris, il ne se voyait pas demander la suspension de l’Azerbaïdjan du Conseil de l’Europe et perdre ainsi des collègues au sein de son groupe.

    Face à ce manque de courage politique pour sanctionner un génocide ethnique, l'ECLJ lance aujourd'hui une pétition pour l'exclusion de l'Azerbaïdjan du Conseil de l'Europe. 

    Cette pétition sera envoyée au bureau de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et viendra en soutien de l'actuelle procédure.

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  • Pays-Bas : le nombre d’avortements augmente de 15% en 2022

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Pays-Bas : le nombre d’avortements augmente de 15% en 2022

    13 octobre 2023

    Selon un rapport de l’Inspection néerlandaise de la santé et de la protection de la jeunesse (IGJ) publié le 12 octobre, le nombre d’avortements a augmenté de près de 15% en 2022 (cf. Pays-Bas : un nombre d’avortements en augmentation constante depuis 1990). Au total 35.606 avortements ont été recensés après une baisse en 2020 et 2021 (cf. Avortement : les Pays-Bas suppriment le délai de réflexion).

    L’augmentation est la plus forte parmi les femmes âgées de 30 à 35 ans, puis chez les 25-30 ans. Chez les adolescentes, le taux d’avortements a augmenté de 13%.

    Parmi les femmes qui ont eu recours à l’avortement en 2022, 9,2% d’entre elles étaient d’origine étrangère.

    Aux Pays-Bas, le recours à l’avortement est autorisé jusqu’à 24 semaines de grossesse et au-delà pour des raisons médicales, par exemple si le fœtus n’est pas jugé viable.

    Source : NL Times (12/10/2023)

  • Le Synode serait-il aveugle face à l'extinction de la foi dans de vastes régions de la terre et particulièrement en Italie?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Le synode parle tout seul. En attendant, en Italie, deux jeunes sur trois ne croient plus en Dieu

    Il y a un gouffre entre les questions débattues parmi les trente-cinq tables du synode sur la synodalité – si l’on s’en tient aux comptes-rendus officiels – et à ce qui se passe au-delà des murailles léonines, dans la vie réelle, à « notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ».

    Cette citation est de Benoît XVI, dans la mémorable lettre qu’il a envoyée aux évêques le 10 mars 2009.

    « En ce moment de notre histoire – écrivait ce pape – le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »

    D’où, ce qu’il identifiait comme « la priorité qui prédomine » pour l’Église tout entière et en premier lieu pour le successeur de Pierre : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité ».

    De cette « priorité », on ne trouve nulle trace dans le synode. Et cela au moment même où sortent les résultats d’un sondage qui révèle un véritable effondrement de la religion catholique en Italie, la nation dont le Pape François est le primat.

    Cette enquête a été lancée par la revue « Il Regno », une voix attitrée du catholicisme progressiste italien, et elle a été présentée le 6 octobre à Camaldoli, dans le célèbre monastère bénédictin, par Paolo Segatti, professeur de sociologie politique à L’Université de Milan, et par Arturo Parisi, un grand analyste du catholicisme italien qui a pendant de nombreuses années enseigné cette même discipline à l’Université de Bologne et qui a également été député et ministre de la Défense entre 2006 et 2008.

    Une enquête identique avait déjà été lancée par « Il Regno » en 2009. Et c’est en comparant l’une avec l’autre que l’extinction progressive de la foi en Italie apparaît clairement.

    Quand on leur demande à quelle religion ils appartiennent, en quatorze ans, ceux qui se déclarent catholiques sont tombés de 81,2% à 72,7%, tout comme les adhérents à d’autres confessions chrétiennes, orthodoxes ou protestante, qui tombent quant à elles de 11,7% à 7,9%.

    À l’inverse, le nombre de ceux qui se disent non-croyants ou athées est passé de 6,2% à 15,3%.

    Jusque-là, le déclin de la religion est notable, mais on ne peut pas encore parler d’effondrement. Mais quand on leur a posé des questions plus précises sur leur foi, ceux qui ont déclaré croire en Dieu ne sont plus que 57% contre 72% en 2014, tandis que ceux qui ne croient manifestement pas en Dieu sont désormais 36% contre 26% en 2014.

    Cela signifie qu’une bonne partie de ceux qui se déclarent encore catholiques ne croit plus en Dieu.

    La pratique religieuse reflète naturellement ce déclin de la foi. Le nombre de ceux qui déclarent se rendre à l’Église tous les dimanches est tombé de 28% à 18%. Le nombre de ceux qui y vont deux ou trois fois par mois de 16% à 10% ; une fois par mois de 14% à 9%. (Mais il faut tenir compte d’une autre enquête récente d’Euromedia Research qui a révélé que seuls 13,8% des italiens va encore à la messe le dimanche).

    À l’inverse, le nombre de ceux qui ne vont à l’Église que deux ou trois fois par an est passé de 23% à 26% et le nombre de ceux qui n’y vont jamais a grimpé de 19% à 37%.

    Mais les données les plus impressionnantes sont celles qui analysent la pratique religieuse et la foi en Dieu par tranche d’âge.

    Parmi ceux qui vont à l’église chaque dimanche, la chute est forte pour ceux qui sont nés avant 1945 et plus modérée pour la génération intermédiaire. Mais parmi ceux qui sont nés après 1980, la présence à la messe du dimanche s’est désormais effondrée à 7%.

    Et la chute de ceux qui ont la foi en Dieu est encore plus marquée, puisqu’ils ne représentent plus que 50% de ceux qui sont nés dans les années quatre-vingt et encore moins, c’est-à-dire 37% de ceux qui sont nés après 1990.

    Si l’on revient à ces 15,3% d’italiens qui se déclarent explicitement non-croyants ou athées, le détail selon le sexe et l’âge fournit ici encore des données impressionnantes.

    Chez les hommes, le pourcentage s’élève désormais à 22,5% en moyenne pour toutes les tranches d’âge.

    Mais pour les hommes nés dans les années quatre-vingt, on passe à 32%, et pour ceux nés après 1990, à 35%.

    Tandis que chez les femmes de ces mêmes classes d’âge, ces mêmes chiffres s’envolent à 23% et 31%.

    Si tel est le langage cru de la réalité, dans une nation telle que l’Italie qui au début de ce millénaire était encore considérée comme une grande « exception » catholique à la sécularisation régnant en Occident, on ne peut qu’espérer que le synode en cours commence au moins à l’écouter.

  • Pour Amin Maalouf, nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire

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    D'Alexandre Devecchio sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Amin Maalouf: «Nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire»

    4 octobre 2023

    EXCLUSIF – Dans son dernier livre, Le Labyrinthe des égarés (Grasset), dont Le Figaro publie en exclusivité les bonnes feuilles, le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française livre une méditation puissante et angoissée sur le devenir du monde en même temps qu’une magistrale leçon d’histoire.

    La guerre entre la Russie et l’Ukraine témoigne du déclin relatif de l’Occident et n’est peut-être que le premier chapitre d’un affrontemententre les États-Unis et la Chine , analyse Amin Maalouf. L’écrivain remonte aux sources de ce nouveau conflit en retraçant l’histoire de trois pays qui ont chacun tenté de remettre en cause la suprématie globale de l’Occident: le Japon impérial, la Russie soviétique et enfin la Chine qui constitue aujourd’hui le principal «challenger» de la superpuissance planétaire américaine. En revisitant ces deux derniers siècles, Maalouf met en lumière les causes profondes des conflits en cours et alerte quant au risque d’une troisième guerre mondiale potentiellement beaucoup plus dévastatrice que les deux précédentes. Il appelle l’Europe et les États-Unis à construire enfin un système international dans lequel l’humanité entière pourrait se reconnaître.


    Le déclin de l’Occident ?

    Est-ce vraiment le déclin de l’Occident que nous avons aujourd’hui sous les yeux ? Cette interrogation n’est évidemment pas neuve, elle revient de façon récurrente depuis la Première Guerre mondiale ; le plus souvent, d’ailleurs, sous la plume des Européens eux-mêmes. Ce qui n’a rien de surprenant, puisque les puissances du Vieux Continent ont effectivement connu un « déclassement » par rapport au rang qu’elles tenaient dans le monde au temps des grands empires coloniaux. Cependant, une bonne partie de leur prépondérance perdue a été « récupérée » par cette autre puissance occidentale que sont les États-Unis d’Amérique.

    La grande nation d’outre-Atlantique s’est hissée à la première place il y a plus de cent ans ; c’est elle qui s’est chargée de barrer la route à tous les ennemis de son camp ; et à l’heure où j’écris ces lignes, elle conserve sa primauté – par sa puissance militaire, par ses capacités scientifiques et industrielles, comme par son influence politique, culturelle et médiatique dans l’ensemble de la planète. Serait-elle aujourd’hui sur le point de tomber, elle aussi, de son piédestal ? Serions-nous en train d’assister au déclassement de l’Occident tout entier, et à l’émergence d’autres civilisations, d’autres puissances dominantes ? À ces questions, qui reviendront forcément hanter nos congénères tout au long de ce siècle, j’apporterai, pour ma part, une réponse nuancée : oui, le déclin est réel, et il prend parfois les allures d’une véritable faillite politique et morale ; mais tous ceux qui combattent l’Occident et contestent sa suprématie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, connaissent une faillite encore plus grave que la sienne.

    Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres […] ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus sereinAmin Maalouf

    Ma conviction, en la matière, c’est que ni les Occidentaux, ni leurs nombreux adversaires ne sont aujourd’hui capables de conduire l’humanité hors du labyrinthe où elle s’est fourvoyée. On ne peut que s’angoisser de cet égarement généralisé, de cet épuisement du monde, de cette incapacité de nos différentes civilisations à résoudre les problèmes si épineux auxquels notre planète doit faire face. J’aime à croire, néanmoins, que cette appréhension que j’éprouve, et que beaucoup d’autres ressentent, sous tous les cieux, finira par susciter une prise de conscience salutaire. Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres, et qu’aucune, non plus, ne veut être soumise, rabaissée ni marginalisée ; ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus serein, qui ne soit pas fait de guerres froides ou chaudes, ni de luttes interminables pour la suprématie ?

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  • Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

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    De gènéthique.org :

    Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

    5 octobre 2023

    La commission des droits des femmes et de l’égalité des genres et la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen ont voté un « projet de position sur des règles révisées pour lutter contre la traite des êtres humains et aider les victimes »[1]. Le texte a été adopté par 69 voix pour. Aucun député n’a voté contre, 22 se sont abstenus. Cette directive qui reconnaît que la GPA peut être associée à l’exploitation des femmes est désormais soumise au trilogue sans passer par un vote en séance plénière (cf. Parlement européen : la GPA en débat ?).

    « Les nouvelles propositions donneraient aux services répressifs de l’UE de nouveaux outils pour démanteler les organisations criminelles en ajoutant de nouvelles catégories de crimes, y compris le mariage forcé et l’adoption illégale », indique le communiqué du Parlement. Les députés ont souhaité « inclure dans le champ d’application de la loi la gestation pour autrui à des fins d’exploitation reproductive ».

    Alors que la maternité de substitution reste interdite dans plusieurs pays de l’UE, les différentes législations des autres nations de l’Union créent une incohérence réglementaire sur cette question. L’année dernière, une proposition de règlement de la Commission européenne visait à « la reconnaissance de la parentalité entre Etats membres dans les situations familières transfrontalières ». Ce qui obligerait les Etats interdisant la gestation par autrui à s’adapter à ceux qui l’autorisent (cf. GPA : le Sénat s’oppose à la Commission européenne). Entre traite des êtres humains et généralisation de la GPA, quelle est la position de l’Union ?

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    [1] La proposition vise à modifier la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène, ainsi que la protection des victimes (2022/0426(COD))

  • Haut Karabagh : la honte pour l'Europe

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    De Maxime Tandonnet sur son blog :

    Haut Karabagh, une honte européenne

    Une épuration ethnique est en cours au Haut Karabagh avec plus de 100 000 réfugiés qui ont dû fuir les massacres, les viols, la torture, à la suite de l’invasion de cette enclave arménienne par l’Azerbaïdjan. Mais cette fois, l’Europe des droits de l’homme a fait quasi silence, a lâchement fermé les yeux en dehors de quelques coups de menton ou communiqués verbeux. Mais il y a pire. C’était il y a un an, le 18 juillet 2022, Mme Ursula Von den Layen présidente de la Commission européenne rencontrait à Bakou le dictateur et bourreau des Arméniens, Ilham Aliev et se pavanait devant les caméras de télévision en signant un accord gazier avec ce dernier. L’idée était de remplacer médiatiquement le gaz russe par du gaz d’Azerbaïdjan. Depuis, Cette dame a-t-elle démissionné pour autant? Non, elle parade plus que jamais. Pourtant, par cette signature, les Européens donnaient une sorte de feu vert au massacre en cours et à nouvelle crise humanitaire. Mais celle-ci n’intéresse pas grand monde. Alors aujourd’hui, silence motus. Tabou sur les agissements de cette dame: il n’en est pas question, aucune critique à son encontre dans les médias officiels. Pourtant, le génocide arménien par les Turcs de 1915 (plus d’un million de morts) pourrait servir de leçon. Mais non, l’Europe ferme les yeux, cette fois-ci, pas de sanctions, pas de soutien militaire significatif à l’Arménie menacée à son tour. Peut-être que la haine de soi a encore frappé: dès lors que ce sont des musulmans qui massacrent des chrétiens, et non l’inverse, quelle importance? Ou bien encore, le Haut Karabagh et l’Arménie ne font-ils pas partie des projets de l’Occident, comme l’Ukraine? En tout cas, nous assistons à un formidable ballet d’hypocrisie: les droits de l’homme et l’indignation sélective: quand cela nous arrange, conformément à nos intérêts. Et quand cela ne nous arrange pas, on ferme les yeux, voire pire, non seulement on ne fait rien pour s’y opposer, mais on encourage le massacre par la signature d’un accord gazier scandaleux.

  • Espagne : un suicide démographique ?

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    De zenit.org (Pablo Hertfelder Garcia-Conde:

    Espagne : les experts mettent en garde contre le suicide démographique

    Ils appellent à des engagements

    Barcelone, 27 septembre 2023  – La situation des Espagnols n’est pas seulement catastrophique sur le plan économique. Ces dernières années, un problème s’est développé qui, selon les experts, doit être résolu de toute urgence et avec une véritable attitude d’engagement. 

    Maria Menendez de Zubillaga, présidente de l’Association des familles nombreuses de Madrid (AFNM), a dénoncé auprès de ZENIT un très grand manque d’engagement de la part des partis politiques et de l’État. 

    De son côté, le président de l’Institut de politique familiale (IPF), Mariano Martinez-Aedo, dans des conversations avec ZENIT, a clairement exprimé la position de l’organisation qu’il préside : les familles sont de moins en moins prises en considération, et non seulement cela, mais elles sont constamment ignorées.

    Pour Menendez de Zubillaga, la situation est vraiment critique : « C’est inquiétant, nous assistons à un hiver démographique qui laisse dans son sillage des écoles vides, des maternités vides et des conséquences économiques dévastatrices ». Le président de Familias Numerosas à Madrid souligne que la situation est réversible si l’on fait de la famille une priorité politique une fois pour toutes et met en garde contre la mode de la coparentalité et de la gestation pour autrui, qui est non seulement aberrante, mais aussi à la limite de la perversité et de l’immoralité. 

    Le président de l’IPF, Martinez-Aedo, rappelle qu’en Espagne il y a un divorce toutes les cinq minutes et prévient qu’il faudrait plus de 270 000 naissances pour inverser le grave problème démographique et ajuster ainsi le taux de régénération de la population dont le pays a besoin.

    Les enfants, la meilleure chose pour soutenir la planète, selon les experts

    Menendez de Zubillaga est claire : avoir des enfants est la meilleure chose qui puisse arriver à une famille, qu’elle soit adoptive ou biologique. L’experte de la famille souligne :  » Un enfant n’est pas un fardeau, c’est ce qu’il y a de mieux et la planète n’est pas gâtée par la présence d’enfants, au contraire, les enfants prennent soin de la planète ». 

    Mariano Martínez-Aedo a également affirmé que la famille est le pilier de base de la société sur lequel celle-ci société est construite, rappelant que sans famille il n’y a pas d’avenir, et sans enfants il y aura peu d’espoir pour un pays condamné à la faillite de l’État providence.

    Des mesures urgentes et nécessaires : la famille comme priorité et non comme contrat de pacotille

    L’Instituto de Política Familiar (IPF) et l’Asociación de Familias Numerosas de Madrid (AFNM) s’accordent sur la nécessité d’une réelle volonté politique et expriment leur mécontentement face aux promesses non tenues du PP et du PSOE. Les dirigeants respectifs de ces entités ont exprimé leur mécontentement et ont souligné que sans un engagement réel qui ne reste pas lettre morte, ils ne feront pas confiance et ne voteront pas pour ceux qui légifèrent et consolident les pires lois pour les familles. 

    L’espoir d’un renversement est la dernière chose qu’ils perdent

    L’Institut de politique familiale (IPF), qui travaille sans relâche depuis plus de 22 ans à la défense et à la promotion de la famille, et l’Association des familles nombreuses de Madrid (AFNM) ont convenu que la situation peut être inversée si le rôle fondamental de la famille est mis en évidence et qu’une véritable politique dans une perspective familiale est mise en place.

    Maria Menendez de Zubillaga a conclu par une phrase sur le sujet : « Nous savons que cette bataille a été gagnée, que le Christ a vaincu le monde et que, par conséquent, le bien, la beauté et la vérité l’emportent toujours. Il y a de l’espoir, même s’il reste encore à la société à se réveiller complètement et à voir que la famille doit être la priorité politique et non la grande oubliée ».

  • Pétition : L’Azerbaïdjan n’a plus sa place au Conseil de l’Europe !

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    Pétition : L’Azerbaïdjan n’a plus sa place au Conseil de l’Europe !

    => Pétition à l’attention de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui devra se prononcer officiellement sur celle-ci, conformément à l’article 71 de son Règlement.

    L’Azerbaïdjan devrait être suspendu du Conseil de l’Europe pour sanctionner son agression du Haut-Karabakh, ne serait-ce que par cohérence avec l’exclusion de la Russie en mars 2022 suite à son agression de l’Ukraine. Mais la dépendance au gaz azéri et la puissance de la diplomatie du caviar empêchent toute rétorsion européenne.

    Aux termes d’une guerre éclair, l’Azerbaïdjan vient de mettre la main sur ce qui lui échappait encore du Haut-Karabakh. Le 20 septembre 2023, après une journée d’un combat perdu d’avance, 200 morts et 400 blessés, les forces de l’Artsakh rendent les armes, sans condition.

    L’agression n’était pas une surprise : déjà en novembre 2020, après deux mois de conflits, l’Azerbaïdjan s’était accaparé 75 % de ce territoire autonome peuplé majoritairement d’Arméniens, les contraignant tous et sans exception à l’exil et détruisant systématiquement chaque marque de leur présence millénaire.

    Puis, en décembre 2022, l’Azerbaïdjan avait imposé un siège à la portion qui restait, en bloquant le corridor de Latchine. Sans accès à la seule route qui relie la région à l’Arménie et donc au monde extérieur, sans soutien militaire de l’Arménie elle-même isolée sur la scène internationale, manquant de tout, les 120 000 Arméniens exsangues étaient laissés à leur sort tragique.

    Le Haut-Karabakh aujourd’hui, l’Arménie demain

    C’est la consécration pour Ilham Aliyev, le président azéri. Fils d’un ancien officier du KGB et dirigeant communiste à la tête du pays pendant plus de trente ans (1969-2003), Ilham Aliyev hérite du pouvoir de son père et de l’ambition de rattacher le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan.

    Connu pour ses crimes de guerre, il ne compte pas s’arrêter à l’épuration ethnique des Arméniens. En effet, il n’a jamais caché son intention d’annexer le sud de l’Arménie, pour aménager un continuum de la Turquie à la mer Caspienne correspondant au très ancien projet panturc.

    Le manque de crédibilité d’un Occident passif

    Passif, l’Occident se rend coupable de non-assistance à peuple en danger de mort. Il en va de sa crédibilité de réagir, surtout face au deux poids deux mesures réservé à la Russie. Rappelons qu’en mars 2022, le Conseil de l’Europe l’excluait, moins de trois semaines après le lancement de son offensive en Ukraine, prétextant que le choix de recourir à la force plutôt qu’au dialogue et à la diplomatie témoignait d’un « mépris à l’égard de l’essence même du Conseil de l’Europe ».

    L’agression du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan date du 27 septembre 2020, et il ne s’est absolument rien passé depuis. Certes, l’Union européenne, dans sa course aux sanctions contre la Russie, s’est rendue dépendante du gaz de l’Azerbaïdjan, partenaire « digne de confiance » selon sa commissaire Ursula Von der Leyen.

    La corruption azérie au cœur du Conseil de l’Europe

    Mais cela ne pèse rien comparé aux soutiens achetés par l’Azerbaïdjan via sa diplomatie du caviar, arrosant de cadeaux différents hommes politiques d’Europe : caviar bien sûr, mais aussi tapis de soie coûteux, objets en or et en argent, invitations au grand prix de Formule 1, etc. Afin de taire les critiques sur sa répression politique, Bakou a ainsi dépensé 2,5 milliards d’euros entre 2012 et 2014, d’après une enquête publiée en septembre 2017, intitulée « Laundromat » (Lessiveuse), que le Conseil de l’Europe a confirmée par la suite.

    La dictature azérie n’a pas sa place au Conseil de l’Europe

    Ilham Aliyev est cité dans le scandale financier des Panama Papers en 2016 et dans celui des Pandora Papers en 2021. Son régime dictatorial et nationaliste muselle l’opposition politique et les médias, bafoue les droits de l’homme dans un climat général de corruption et de népotisme.

    À l’instar de la Russie, un État comme l’Azerbaïdjan n’a pas sa place au Conseil de l’Europe et doit en être exclu, a minima suspendu. En effet, selon l’article 8 de son Statut, tout membre qui enfreint gravement les dispositions de l’article 3, à savoir « le principe de la prééminence du droit et le principe en vertu duquel toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales », peut être suspendu puis exclu en l’absence d’amélioration.

    Plusieurs États ont déjà été suspendus : la Grèce entre 1969 et 1974, suite à l’établissement de la dictature militaire des colonels en 1967 ; la Turquie entre 1980 et 1984, suite au coup d’État militaire de 1980 ; et la Russie entre 2000 et 2001 à cause de sa politique en Tchétchénie, avant d’être exclue en mars 2022.

    La douleur vivace du génocide arménien de 1915 et des pogroms des années 1980-1990 nous alerte sur le péril imminent des Arméniens du Haut-Karabakh. L’Europe et en particulier le Conseil de l’Europe doivent aller au-delà des déclarations de condamnation pour rester crédibles.

    signer la pétition

    voir la video : https://twitter.com/i/status/1707016991251271832