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Livres - Publications - Page 117

  • Jean Sévillia : libérer l’histoire du carcan idéologique de la « pensée unique »

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    De Philippe Oswald sur aleteia.org

    Les médias nous manipulent-ils ?

    Rien de tels que les essais de Jean Sévillia pour libérer l’histoire du carcan idéologique de la « pensée unique »… C’est décapant, passionnant, revigorant.

    Depuis une quinzaine d’années, les essais de Jean Sévillia ont fortement contribué à débarbouiller l’histoire de l’épaisse couche idéologique qui l’a défigurée. Voici réunis en un volume ses trois principaux essais historiques dont le succès en France et à l’étranger a nourri les débats contemporains en contestant les dictats décrétés au nom d’un prétendu « sens de l’histoire » : Le Terrorisme intellectuel (2000), Historiquement correct (2003, Grand Prix catholique de littérature) et Moralement correct (2007). Du Moyen Age à nos jours, des croisades à la guerre d’Algérie en passant par les guerres de religion, la Révolution française, la défaite de 1940 et Mai 68, ou s’agissant de l’instauration contemporaine d’idéologies mortifères -théorie du genre, hédonisme, eugénisme glaçant-, Jean Sévillia démonte les clichés propagés par la doxa marxisante ou libertaire (elles font bon ménage) dans l’enseignement et dans les grands médias.

    L’histoire comme une sève

    Comme Simone Weil, Jean Sévillia estime que l’histoire est « la sève » qui nourrit la civilisation et éclaire l’action politique. Encore faut-il qu’elle ne soit pas manipulée et asservie par une idéologie quasi officielle mais reste une quête permanente de la vérité des faits et des mentalités. Voilà pourquoi ses essais ne sont pas seulement des écrits « historiques » mais aussi de « combat ». Sur ce front, Jean Sévillia fut un précurseur. Mais comme lui-même le constate dans la préface générale qu’il a donnée à ce recueil, il se sent de moins en moins isolé dans cette entreprise de réappropriation de l’histoire et de sa vulgarisation au meilleur sens du terme : des essayistes, journalistes, écrivains¸ philosophes, venus d’horizon divers, ont conquis depuis le début de ce siècle une audience qui semblait inimaginable dans les dernières décennies du XXe siècle en raison du verrouillage des médias.

    Lire aussi : « La France fut et demeure la Fille aînée de l’Église ». Critique du livre de Jean Sévillia, La France catholique, 2015.

    On compte parmi ces penseurs non conformistes et rebelles à la « pensée unique » qui ont aujourd’hui accès aux grands médias, des « anciens » tels Marcel Gauchet, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Philippe Muray, Philippe de Villiers, Eric Zemmour, et des « jeunes » qui assurent la relève, tels François Xavier Bellamy, Fabrice Hadjadj, Gabrielle Cluzel, Eugénie Bastié, Natacha Polony… (pardon pour ceux qu’on oublie !).  Ils sont en outre efficacement relayés par les réseaux sociaux qui ne sont pas pour rien dans la conversion plus ou moins sincère des médias grand public à un peu plus de liberté intellectuelle. Néanmoins, remarque Jean Sévillia, ces éclaireurs restent minoritaires face à un système médiatique et à un enseignement qui peinent à sortir du moule post-soixante-huitard et qui restent contrôlés par la bien-pensance adossée à la puissance publique -l’annonce faite ces jours-ci par Laurence Rossignol d’un « délit d’entrave numérique à l’IVG » est une nouvelle illustration de la pente liberticide du « camp du Bien » (Philippe Muray) encore installé au pouvoir.

    Les idoles contemporaines sont ébranlées

    Pour le meilleur ou pour le pire, les idées mènent le monde. Si le communisme, grande idole politique de la deuxième moitié du XXe siècle, est tombé de son piédestal, le matérialisme totalitaire est loin d’être mort. Le terrorisme intellectuel inculqué à des générations par la pensée marxiste sert aujourd’hui un individualisme libertaire, un « tout à l’ego » (Régis Debray) badigeonné d’un vernis humanitaire « droit-de-l’hommisme » qui associe, gauche et droite confondues, le « droit de jouir sans entraves » et le « il est interdit d’interdire » de mai 68 à une laïcité sectaire et à un multiculturalisme européiste ou mondialiste dont on commence à mesurer les ravages sous les coups de boutoir de la crise économique et du terrorisme islamique.

    Peut-être sommes-nous en train d’assister à la chute de ces idoles de la « postmodernité »… en tout cas à leur ébranlement. Sans rien concéder aux approximations et aux facilités de la polémique, les essais de Jean Sévillia auront contribué à libérer les esprits de la camisole que leur imposaient un enseignement officiel et des medias au garde à vous devant le « politiquement et le moralement correct ». On est heureux de disposer désormais en un seul tome du fruit de ce vaste et courageux travail qui allie l’honnêteté et la rigueur intellectuelles de l’historien à la fluidité stylistique de l’écrivain.

    @ PERRIN
    @ PERRIN

    Écrits historiques de combat, Jean Sévillia, Perrin, 840 pages, 25 euros.

     
  • Mgr Léonard, philosophe et théologien, n'a sans doute pas dit son dernier mot

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    Lu sur L’Echo, p. 12: Drieu Godefridi: « Le rôle d’un intellectuel n’est pas de suivre les modes »

    monseigneur-leonard-un-eveque-dans-le-siecle.jpgA l'occasion de la parution de son dernier ouvrage "Un évêque dans le siècle", le philosophe Drieu Gofdefridi a interrogé Monseigneur Leonard. L'ex-archevêque de Malines y livre notamment ses réflexions sur la question fort à la mode du transhumanisme, autrement dit la quête de l'immortalité. Ce faisant, "vous serez comme des dieux, vous allez vous faire vous-mêmes, vous allez être les maîtres de la connaissance du bien et du mal", explique-t-il à Drieu Godefridi qui rappelle au passage que Leonard est d'abord un philosophe, hégélien de première importance.  … “Comme je lui demandais si d'être privé de la "pourpre cardinalice" ne l'avait pas blessé, il m'a répondu ceci: "Blessé, c'est beaucoup dire. Mais cela m'a surpris, parce que c'était une tradition de deux siècles. Il y a eu beaucoup d'archevêques de Malines qui n'ont pas été cardinaux, par le passé, mais, depuis deux siècles, c'était devenu une espèce de tradition. … C'est délicat de le dire moi-même, mais beaucoup l'ont dit à ma place: sur le plan pastoral, sur le plan intellectuel, j'ai fait un travail qu'assez peu d'archevêques ont accompli. Sur le plan intellectuel, il y a eu Dechamps à Malines qui était un très bon philosophe, un apologète également. Pour ma part, j'ai accompli la tâche d'une manière plutôt originale. Un de mes évêques auxiliaires a d'ailleurs osé écrire que j'étais le premier archevêque de Malines à avoir visité entièrement le diocèse. Il salue aussi mon travail sur le plan intellectuel. Bref, cela m'a surpris, cela m'a déçu un peu, mais j'ai rebondi facilement." Je crois que cette réponse est sincère, d'autant que, tout au long de l'entretien, Monseigneur Léonard m'est apparu comme un homme heureux et apaisé, certes pressé de prendre sa retraite, mais aiguisé comme jamais sur le plan intellectuel. Large est le champ de ses lectures, et je serais surpris que le philosophe et théologien Léonard ait dit son dernier mot.” / Article (pdf))

    Source : Revue de presse succincte de l'archevêché de Malines-Bruxelles

    Un évèque dans le siècle, aux éditions du CEP (14€)

    Mgr Léonard / Drieu Godefridi

    Les Entretiens entre Mgr Léonard et Drieu Godefridi s’adressent très certainement aux lecteurs de conviction catholique. Toutefois, l’ampleur des sujets abordés, l’acuité des défis sociétaux traités, l’intelligence des réponses - jamais prise en défaut - font que ce livre s’adresse à toutes et tous. Refusant la passivité, un homme de conviction s’exprime à propos des voies nouvelles qui s’ouvrent devant l’être humain. Les propos de Mgr Léonard peuvent plaire ou déplaire, à aucun moment ils ne laissent indifférents. Au fil des questions de Drieu Godefridi, croyants et non-croyants trouveront ici matière à dialoguer. C’est ce dont notre siècle, à l’évidence, a le plus besoin. De façon urgente.

  • Mgr von Galen, l’évêque qui a défié Hitler

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    De Radio Vatican :

    Le bienheureux Cardinal von Galen, un opposant du régime nazi

    (RV) Entretien - Le Cardinal von Galen, alias le « Lion de Münster », a été béatifié il y a onze ans, le 9 octobre 2005, par Benoit XVI. L’occasion de mettre en lumière l’action d’un homme d’Église avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

    « C'est une doctrine effrayante que celle qui cherche à justifier le meurtre d'innocents, qui autorise l'extermination de ceux qui ne sont plus capables de travailler, les infirmes, de ceux qui ont sombré dans la sénilité… N'a-t-on le droit de vivre qu'aussi longtemps que nous sommes productifs ? », telle est la substance de l’homélie de Monseigneur von Galen, le 3 août 1941.

    Secrétaire Général de l’Ordre de la Très Sainte Trinité des Captifs, le Père Thierry Knecht, auteur de l’ouvrage Mgr von Galen, l’évêque qui a défié Hitler, revient avec Hélène de Vulpian sur la figure emblématique de cet ecclésiastique qui s’est clairement positionné contre le régime nazi et sa politique d’euthanasie des plus fragiles.

  • L’avortement n'est pas une liberté abstraite, mais bien un problème social et de santé publique exigeant une politique de prévention

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    Droit et prévention de l'avortement en Europe (source)

    Sous la direction de : Grégor Puppinck

    Auteur(s) : Christophe Foltzenlogel, Cherline Louissaint, Gérard Mémeteau, Jean-Pierre Schouppe, Claire de La Hougue

    Parution : novembre 2016

    Prix : 20  (format papier)

    EN STOCK, LIVRAISON EN 48H

    Parution le 15 novembre 2016

    Présentation

    Cet ouvrage étudie l’avortement sous divers aspects, parfois inédits, et vise à fournir les bases conceptuelles et juridiques à une politique de prévention de l’avortement. Il ne s’agit pas d’un plaidoyer opposant un « droit à l’avortement » de la mère au « droit à la vie » de l’enfant : cette dramatique dialectique entre liberté individuelle et dignité humaine est une impasse. La liberté et la dignité ne sont que trop souvent des mots, voire de simples slogans, qui recouvrent et dissimulent des réalités humaines sans les saisir pleinement.

    Ce livre se veut réaliste et se fonde sur une étude factuelle approfondie des causes et des conséquences de l’avortement. Celles-ci incitent à considérer l’avortement non pas comme une liberté abstraite, mais bien plus comme un problème social et de santé publique, exigeant une politique de prévention. Une telle politique était d’ailleurs voulue par Simone Veil qui refusait tout droit à l’avortement et n’entendait en tolérer la pratique que comme un moindre mal. C’est aussi et encore l’approche du droit international et du droit européen, l’un et l’autre offrant un support juridique solide à une politique de prévention, et même à un « droit de ne pas avorter ».

    Contre l’intention déclarée de Simone Veil, l’avortement est progressivement devenu non plus seulement une tolérance, mais une liberté. Ce changement de perspective a eu des implications profondes pour toute la société et a bouleversé l’ordre juridique au-delà de la question du contrôle des naissances : il affecte d’autres droits et principes, tels que l’interdiction des discriminations sexuelles et génétiques, les droits à la vie, à la liberté de conscience, ou encore à la liberté d’expression et de mani­festation. Chacun de ces aspects est étudié dans le présent ouvrage, avec une atten­tion particulière pour la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme.

    La situation des femmes ne peut être réellement améliorée, et le droit retrouver sa cohérence, qu’en réintroduisant la question de l’avortement dans la perspective de la prévention concrète, par opposition à la liberté abstraite. C’est ainsi que plusieurs pays européens sont parvenus à réduire très sensiblement le recours à l’avortement.

    À propos des auteurs Afficher

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    Collection : Libre propos (ISSN 1639-1675)

    Support : papier

    ISBN : 978-2-84874-679-1

    Format : 160x240 mm

    Poids : 350g

    300 pages

  • Taybeh, Dernier village chrétien de Palestine

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    ACH003608269.1419310529.580x580.jpgDe Michel Lhomme, philosophe, politologue, sur Metamag :

    « Taybeh, Dernier village chrétien de Palestine ». L’Orient des camps et ses derniers chrétiens

    (...) Le Prix de l’Œuvre d’Orient a été décerné cette année à l’écrivain collaborateur d’Eléments, Falk Van Gaver et Kassam Maadi pour leur livre Taybeh, Dernier village chrétien de Palestine, publié aux éditions du Rocher. Ce livre expose la vie quotidienne d’un village de 1 300 habitants, situé à une trentaine de kilomètres de Jérusalem, non loin de Ramallah. Ce lieu souvent cité dans les écritures et comme le précise l’auteur « le village refuge de Jésus et ce livre est le refuge de mémoire des chrétiens de Palestine entre un passé pacifié et un avenir d’espérance. On y découvre la foi et le témoignage de ces chrétiens vivant entre l’islam et le judaïsme ».

    Le Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient a pour objectif de récompenser une œuvre pour son regard positif sur les Chrétiens en Orient, parmi une sélection d’ouvrages de langue française parus durant l’année. Le Prix littéraire 2016 a été remis cette année par le Cardinal André Vingt-Trois à l’issue de la messe de l’Œuvre d’Orient le dimanche 29 mai 2016. En fait à l’unanimité, le jury a voulu récompensé un livre fort, d’une grande authenticité, qui expose la vie quotidienne de ce village situé dans les fameux territoires palestiniens qui se trouvent de l’autre côté du Mur de séparation. Sa particularité ? C’est d’être le dernier village entièrement chrétien de Terre sainte et donc un vestige vivant de cette Palestine chrétienne oubliée des médias comme des tour operator.

    Falk van Gaver y a passé deux ans et avec Kassam Maaddi, un jeune catholique de Taybeh, il en rapporté ce témoignage vivant du quotidien de ces grands oubliés, les Arabes chrétiens dont la vie se déroule entre société musulmane et occupation israélienne. Le récit est palpitant car ni catastrophiste ni militant, il nous entraîne au cœur d’une petite chrétienté enracinée et vivante qui espère encore et malgré tout, attaché à ces rites et à ces cérémonies à la paix et la tolérance religieuse contre tout espoir.

    Falk van Gaver, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, est journaliste, essayiste, écrivain-voyageur mais aussi philosophe. Après avoir résidé en Polynésie, il s’installe actuellement en Guyane.

  • Le drame de notre époque : la négation du religieux

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    Du Figaro Vox (Alexis Feertchak) - lefigaro.fr - :

    Jean-Pierre Dupuy : « Le drame de notre époque, c'est que nous nions le religieux »

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Auteur d'un essai publié juste après le 11 septembre 2001 sur la question du mal, le philosophe Jean-Pierre Dupuy a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y explore notamment l'incompréhension occidentale face au djihadisme.

    Jean-Pierre Dupuy est un philosophe français, connu pour sa théorie du «catastrophisme éclairé». Ancien élève et professeur émérite de Philosophie sociale et politique à l'École Polytechnique, il est aujourd'hui professeur à l'Université Stanford en Californie. Membre de l'Académie des Technologies, il est président de la Commission d'Éthique et de Déontologie de l'Institut français de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire. Il a notamment publié: Pour un catastrophisme éclairé(Seuil, 2002); Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre (Bayard, 2002); La Marque du sacré (Carnets Nord, 2009; Flammarion, coll. Champs, 2010; prix Roger Caillois de l'essai) ; L'Avenir de l'économie. Sortir de l'économystification (Flammarion, 2012) et dernièrement La Jalousie. Une géométrie du désir (Seuil, 2016).

    FIGAROVOX. - Scientifique à l'origine, passé par l'économie, vous vous êtes tourné progressivement vers la philosophie. Depuis une vingtaine d'années, vous analysez les grandes «catastrophes» du monde contemporain. En 2002, vous publiiez un an après les attentats du World Trade Center un livre intitulé Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre. Vous y émettez notamment une critique du rationalisme occidental en expliquant que l'on confond «cause» et «raison». Qu'entendez-vous par là? Avons-nous encore et toujours oublié le mal?

    Le mal que nous avons oublié n'est pas celui du jugement moral, mais le mal comme principe d'explication des phénomènes. Le premier prolifère et il est le principal ingrédient de ce que le grand François Tricaud, traducteur de Hobbes et auteur d'un livre magistral, appelait l'«agression éthique» (1). Souvenons-nous de Saddam Hussein et de George W. Bush se vouant mutuellement aux gémonies.

    Le modèle individualiste et rationaliste qui domine aujourd'hui les sciences humaines et, au-delà, le sens commun, nous pousse à rendre raison des actions d'autrui mais aussi de nos propres actions, en en cherchant les causes et en tenant ces causes pour des raisons. Si Jean a fait x, c'est qu'il désirait obtenir y et qu'il croyait qu'il obtiendrait y en faisant x. Toute action, même la plus apparemment insensée, apparaît dotée d'une rationalité minimale si on la conçoit comme mue par des désirs et des croyances. Il suffit de trouver les bons désirs et les bonnes croyances, celles qui permettent de reconstituer le puzzle. Et l'on a vu des hommes raisonnables prêter à d'autres êtres humains les croyances les plus invraisemblables (des croyances qu'eux-mêmes seraient incapables de former), faisant mine de croire en leur réalité en les affublant du label de «religieux»! Pour sauvegarder le schéma explicatif qui assimile les raisons et les causes de l'action, ces rationalistes vont, dans le cas d'une action insensée, croire que les acteurs croient de façon insensée. Quelle pauvreté d'analyse et quel manque d'imagination! Comme si des croyances religieuses pouvaient avoir la force suffisante pour causer de tels actes! Souvenons-nous des analyses brillantes de Sartre dans le chapitre de L'Être et le néant consacré à la «mauvaise foi». On y lit: «La croyance est un être qui se met en question dans son propre être, qui ne peut se réaliser que dans sa destruction, qui ne peut se manifester à soi qu'en se niant: c'est un être pour qui être, c'est paraître, et paraître, c'est se nier. Croire, c'est ne pas croire». Ou encore: «Croire, c'est savoir qu'on croit et savoir qu'on croit, c'est ne plus croire. Ainsi croire c'est ne plus croire, parce que cela n'est que croire» (2).

    S'il y a de l'horreur ou de la démence dans un acte, toute la détestation qu'il inspire se portera sur les croyances et les désirs qu'on lui impute comme causes, mais l'acte lui-même se trouvera justifié par ces mêmes causes devenues raisons. L'universalité du jugement pratique se paie de l'attribution à autrui d'attitudes ou d'états mentaux qui n'appartiennent qu'à lui et dont la singularité et le caractère privé vont dans certains cas jusqu'à faire de lui l'étranger absolu.

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  • Vient de paraître : Magazine « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle » : n° 100, automne 2016

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison d'été. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation (les articles mentionnés ci-dessous en bleu sont disponibles en ligne sur le blog de l’église du Saint-Sacrement: cliquez sur le titre de l’article).

    mag_100_sept2016_corr02-page-001.jpg

    Au sommaire de ce numéro n° 100 (automne 2016) : 

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    Brève histoire du sacrement de pénitence (II)

    Anima Christi

    Notes de lecture :

    Les racines juives de la messe – le Testament du Roc

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg 

    Rome et le monde : 

    France : deux attentats islamistes endeuillent les vacances

    Le sacrifice du matin

    Aux JMJ de Cracovie : le pape appelle les « jeunes divans » à la fraternité multiculturelle

    Benoît XVI : Dernières Conversations

     

    Belgique:

    Fraternité des Saints Apôtres : la décision qui fâche

    15 juillet : le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles décrète la dissolution de la Fraternité des Saints Apôtres

    Quelques réactions dans la « cathosphère »

    La dissolution de la Fraternité des Saints Apôtres et l’obéissance à l’Eglise

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

    JPSC

     

  • Revisiter l’Histoire de l’Église pour la confronter aux accusations qu’elle subit

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    L'Église, un génie ignoré

    Rédigé par Raphaëlle Lespinas le dans Culture

    L'Église, un génie ignoré

    Historien, Olivier Hanne consacre son dernier livre, paru aux Éditions de L’Homme Nouveau, à revisiter l’Histoire de l’Église pour la confronter aux accusations qu’elle subit périodiquement. Œuvre très personnelle, Le Génie historique du catholicisme surprendra par la ligne de crête qu’il essaie de tenir. Entretien avec l'auteur.

    Vous venez de publier Le Génie historique du catholicisme, pourquoi ce livre ?

    Olivier Hanne: J'ai donné des cours d'histoire de l'Église pendant dix ans dans des séminaires, des sanctuaires et des instituts catholiques. Et j'ai toujours été surpris par l'ignorance sur les grandeurs apportées par l'Église dans la civilisation européenne. Il semblait souvent pour les gens que le catholicisme avant le XXe siècle n'était qu'une forme de totalitarisme sournois. On négligeait tous ses apports pour la pensée, l'équilibre des pouvoirs, la place de la personne, des femmes, etc. 

    Quels sont les grands thèmes abordés dans votre livre ?

    J’aborde cinq thèmes qui ont tous, de près ou de loin, rapport avec la contrainte qu’a – ou qu’aurait – exercé l’Église par le passé. Le premier chapitre aborde donc la violence physique et militaire au service de l’Église, et notamment la question des croisades et des guerres de religion. Le second s’intéresse à la violence intellectuelle que le clergé aurait exercée contre les savants et toute forme de rationalité, au profit du dogmatisme et de la manipulation doctrinale. La troisième partie aborde l’intolérance catholique à l’égard des autres religions ou des groupes minoritaires, avec la question inévitable de l’Inquisition. La quatrième partie traite du caractère antidémocratique de l’Église, à la fois dans son organisation interne et dans sa préférence pour les régimes monarchiques ou autoritaires. Enfin, le cinquième point traite de son mépris pour les libertés individuelles, qu’il s’agisse des femmes, de la sexualité et, plus généralement, de sa conception de la personne humaine, que l’on juge souvent obscurantiste.

    Avez-vous écrit ce livre parce que vous êtes croyant ?

    Je n’ai pas écrit ce livre parce que je suis croyant. Je l’ai écrit pour rétablir un certain équilibre dans le récit qui est fait de l’Histoire de l’Église, non pas d’abord dans les universités, parce que l’on trouve dans les ouvrages scientifiques toute une série de nuances, mais dans le vocabulaire médiatique, dans lequel on trouve rarement d’équilibre argumentatif à ce sujet. Ce n’est donc pas une défense de l’Église, c’est une argumentation équilibrée sur l’Histoire de l’Église.

    Ni polémique ni apologie, la démarche de votre livre se veut autre. Est-ce à dire que l'apologie et la polémique sont deux écueils pour la pensée ?

    Ce sont deux écueils et un même excès dans la réflexion : l'excès critique ou l'excès de conviction qui ne sait plus hiérarchiser les informations ni aborder une question sans distance personnelle. La théologie catholique, au contraire, a toujours traité le contenu des Écritures et de la doctrine avec une empathie spirituelle mais aussi une acuité rationnelle, double attitude parfaitement incarnée par saint Thomas d'Aquin, mais aussi par Jean-Paul II qui, pour le jubilé du nouveau millénaire, avait voulu que l'Église regarde son histoire avec lucidité, sans concession.

    Comment définiriez-vous le « génie historique du catholicisme » ?

    C’est cette capacité absolument extraordinaire et permanente qu’a eue l’Église de se remettre en question, d’avancer et de faire croître son acquis théologique, social et culturel et cette croissance ne s’est jamais interrompue malgré ce que l’on a pu dire. Il y a des avancées permanentes, et notamment, lorsqu’un contexte pose une question majeure à l’Église, celle-ci non seulement y répond, mais élargit toujours le débat bien au-delà, pour aller se poser des questions fondamentales que la société n’a pas voulu se poser.

    Pouvez-vous donner un exemple concret dans l’Histoire de ce que vous appelez le génie du catholicisme ?

    Ce génie est frappant dans le rapport à la personne et à la conscience. Dans l’analyse contemporaine, notamment celle de Heidegger, l’homme ne devient un sujet que dans la mesure où le monde est pour lui une image, une représentation que son esprit crée et reconnaît. Chez les moines du XIIe siècle, le monde était une création perceptible par l'intelligence, mais surtout par le corps, car le monde était macrocosme et l'homme microcosme. Une sympathie de nature les unissait, malgré leurs distinctions. Et c’est dans le constat de ces différences que l’homme se découvrait lui-même. La chair était un véhicule de connaissance du réel. Quant à Dieu, la foi et l’intelligence étaient les moyens privilégiés pour le connaître. Contrairement à la philosophie moderne, l’homme ne s’identifiait pas lui-même en faisant de Dieu une image extérieure, mais en reconnaissant en lui-même l’image intérieure de Dieu. La pensée catholique était unifiante et déifiante ! N'est-ce pas le reflet d'un génie historique ?

    Pourquoi l’Église est-elle si fréquemment l’objet de polémiques ?

    Je me permettrais de citer Jeanne d'Arc : « De Jésus-Christ et de l'Église, m'est avis que c'est tout un ». On attaque l'Église comme on le fait du Christ, mais avec plus de facilité toutefois, car l'Église a une incarnation de deux millénaires, elle est une « personne morale » unifiant des milliards de personnes physiques à travers l'histoire, dont elle assume les fautes. Chacun de nos péchés compromet donc la communauté entière aux yeux du monde. Mais ces polémiques sont bien le signe - rassurant d'une certaine manière - que l'Église complète la passion du Christ par son histoire et sa vie.

    À qui s’adresse ce livre ?

    Vraiment à tout amateur d'Histoire, et à tout chrétien qui veut comprendre le sens catholique de l'Histoire : comment l'Église a-t-elle incarné dans le temps les appels de la Providence ? C’est un ouvrage qui se veut un ouvrage de vulgarisation historique et argumentatif pour le grand public.

    Vous avez écrit ce livre d’abord comme historien et non comme croyant, ainsi que vous nous l’avez déjà expliqué. Mais comme croyant, justement, que vous a apporté la rédaction de ce livre ? Ce travail a-t-il changé votre regard sur l’Église ?

    La rédaction de ce livre a fait grandir en moi l'affection pour l'Église, mais aussi une certaine tristesse de la savoir si méconnue, si mal comprise, parfois par ses propres membres...

    Y a-t-il un personnage de l’Histoire de l’Église, pontife, saint, etc., que vous ayez découvert ou redécouvert par votre travail et qui vous ait particulièrement marqué ?

    J'ai fait ma thèse sur Innocent III, et je suis toujours frappé par la profondeur intellectuelle et spirituelle de ce pontife qui, malgré ses erreurs dans le domaine politique, fut un grand personnage, capable de s'opposer aux princes et au roi Philippe Auguste au nom des principes de l'Évangile, ainsi sur le mariage... 

    Quelle vous semble être l’attitude juste du croyant par rapport à ce que l’on peut objectivement considérer comme étant des erreurs ou excès de l’Église ?

    La seule attitude légitime sur le plan intellectuel face à l'Histoire est de n'employer que les critères de jugement des hommes du passé : on ne peut poser de jugement moral qu'en fonction des mœurs d'antan. J’ai voulu proposer un ouvrage qui associerait les méthodes scientifiques de critique et d’étude des sources, et une bienveillance envers les phénomènes religieux propres à mieux comprendre les réalités vécues par nos prédécesseurs. Peut-être naïf, je voulais regarder le passé avec un scrupule universitaire mais une empathie assumée pour mes frères et sœurs dans la foi, morts il y a des siècles. Il ne s’agissait pas de taire les épisodes douloureux comme les fameuses croisades, mais de tenter de cerner à chaque situation scandaleuse pour nos mœurs du XXIe siècle la logique spirituelle qui avait conduit l’Église, le clergé ou les croyants à faire des choix incompréhensibles, voire condamnables. Il fallait donc dépasser la morale pour aborder l’Histoire, se débarrasser des a priori, des anachronismes, du manichéisme si cher à nos sociétés, afin de mieux interroger le passé et ses iniquités, et répondre à nos soupçons actuels : l’Église a-t-elle été une « maîtresse d’intolérance », comme je l’ai parfois entendu ? Une telle approche, sans doute illusoire, avait un leitmotiv : l’Histoire est amorale. Ni immorale, ni puritaine, ni européocentrée, ni laïciste : amorale. 

    Olivier Hanne, Le Génie historique du catholicisme, Éd. de L’Homme Nouveau, 426 p., 23,50 €.

  • Quand Benoît XVI sort du silence de la prière au pied de la Croix

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau (en éditorial au n°1622 du 24 septembre):

    Notre quinzaine : Benoît XVI, coopérateur de la vérité

    C’est une impression étrange et, en tous les cas, inédite. Comme on le sait maintenant depuis plusieurs jours, les éditions Fayard viennent de publier sous le titre Dernières conversations, un nouveau livre de… Benoît XVI. Même s’il faut faire la part des arguments de vente, nul doute n’est permis : il s’agit bien d’un évènement. Pour la première fois dans l’Histoire de l’Église, le prédécesseur du pape en exercice publie un livre sous sa propre signature et de manière non posthume. Depuis 2013, malgré le temps qui passe, malgré la forte personnalité du Pape François, malgré les orientations du pontificat actuel, malgré les turbulences en tout genre qui secouent notre monde et notre époque, il semble que nous ne nous soyons pas encore habitués à…

    À quoi, d’ailleurs ? À la présence de deux papes ? À l’absence effective de Benoît XVI dont nous savons pourtant qu’il est bien vivant ? Ou, au contraire, à sa prise de parole, à travers un long livre d’entretiens, mené avec Peter Seewald, avec lequel il avait déjà publié deux précédents livres d’entretiens, Le Sel de la terre et Lumière du monde ? Difficile de répondre clairement à ce faisceau de questions, qui peuvent toutes se présenter, ensemble ou de manière isolée, furtivement ou durablement.

    Mais qu’importe ! Quoi qu’il en soit, un livre signé Benoît XVI mérite assurément d’être lu. On retrouve dans celui-ci le ton posé de Joseph Ratzinger, le calme et la profondeur qui affleurent dans ses réponses et l’intelligence avec laquelle il regarde les choses, toujours par le haut, sans entrer dans le jeu si facile de la mondanité qu’il prend bien soin de dénoncer d’ailleurs.

    Le temps suspendu

    De ce fait, même s’il évoque, dès le début du livre, sa renonciation et son successeur, le temps de la lecture de ce livre, celui-ci semble comme suspendu. Pourtant, on aurait tort et en tous les cas, on ne serait pas dans les perspectives de Benoît XVI, si la nostalgie nous pressait trop. À aucun moment, dans ce livre de souvenirs, qui complète sur plusieurs points le court récit autobiographique qu’il avait appelé Ma Vie, Benoît XVI ne semble habité par ce sentiment de regret du temps passé. Au contraire, il est entièrement tourné vers l’avenir, et même vers le seul avenir qui compte à ses yeux : la contemplation de Dieu dans l’éternité.

    Au fond, il s’agit d’un livre fort simple. Fort simple dans son organisation ; fort simple dans ses propos, alors qu’il n’est peut-être pas si simple que cela dans sa portée. De fait, les trois parties qui divisent Dernières conversations s’imposent d’elles-mêmes.

    Dans la première, sous le titre « Les cloches de Rome », Benoît XVI et son interlocuteur reviennent sur l’évènement sismique de la renonciation, sur sa vie actuelle à Mater Ecclesiæ et sur son successeur. De loin la plus intéressante, même si elle n’est pas la plus médiatique ni la plus médiatisée, la seconde partie « Histoire d’un serviteur » plonge les deux intervenants, et le lecteur avec eux, dans la vie de Joseph Ratzinger, depuis sa naissance jusqu’à son élection au Souverain Pontificat.

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  • Liège, du 7 au 11 octobre 2016 : foire aux livres d’occasion dans l’église du séminaire ( « Espace Prémontrés »)

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    foire aux livres d'occasion

    dans le cadre exceptionnel
    de l’eglise du séminaire de liège
     

    rue des prémontrés, 40

    4000   Liège

    du vendredi 7 octobre au mardi 11 octobre 2016

    de 9 H à 18 H

    (entrée libre)

    réduction de 50 % le mardi 11 octobre. 

                Grâce au travail de classification, aux généreux donateurs anonymes, de nombreux livres sont ainsi à la disposition du public, à partir de 0,50 €.

                Il y en a pour tous les goûts : de nombreux livres religieux, d’abord, dans toutes les spécialisations : œuvres de grands théologiens, écrits et vies de saints, bibles, missels, maîtres spirituels, dictionnaires et encyclopédies, ouvrages simples sur la vie chrétienne, nombreux périodiques. On trouve aussi d’autres domaines : psychologie, sciences sociales, philosophie, histoire, géographie, arts, romans, littérature française, allemande, anglaise et néerlandaise, CD, DVD, disques vinyls, bandes dessinées. Sans oublier les coins «divers», les livres sur Liège, l'antiquariat, le petit coin brocante.

                À peu de frais : le livre intéressant ou agréable. Et pourquoi pas ? L’aubaine d’un petit cadeau original à offrir autour de soi. Et par le fait même, un service rendu à une bibliothèque publique qui n’a guère de moyens.

      Yves Charlier

    Directeur de la Bibliothèque

    JPSC

  • Un livre qui vient à son heure : le Génie historique du catholicisme

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    Parution : Le Génie historique du catholicisme

    Entre la tentation de l’apologie et celle de la polémique, se dessine une troisième voie où se révèle le génie historique du catholicisme et c'est cette voie qu'a voulu explorer l'historien Olivier Hanne dans son dernier livre, paru aux Éditions de L'Homme Nouveau, Le Génie historique du catholicisme.

    Dans les débats publics autour du catholicisme, reviennent toujours les croisades, les guerres de Religion et l’Inquisition. Ces vieilles controverses historiques ne sont pas closes et l’on reproche encore à l’Église d’avoir promu la violence et les bûchers, de s’être opposée à l’intelligence, aux libertés individuelles…

    Relisant l’histoire du catholicisme au moyen d’une critique rationnelle, l’auteur apporte un regard dépassionné sur les grandes polémiques régulièrement agitées par les médias : la violence de l’Église, le dogmatisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’attachement aux régimes autoritaires, le conservatisme moral. Il développe le fil chronologique du long parcours de l’Église, de son rôle dans la société et dans l’élaboration de la culture et de l’identité européennes. En scrutant les deux millénaires d’Histoire, et particulièrement le Moyen Âge, l’ouvrage élargit le champ des débats, souligne les grandeurs apportées par l’Église et identifie les misères dont les chrétiens ont parfois été les acteurs. 

    Un travail de mémoire qui est aussi une réflexion historique sur le rôle de la religion chrétienne, un dialogue entre la foi et la raison. 

    Olivier Hanne est essayiste, agrégé et docteur en histoire médiévale. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages historiques et géopolitiques, il est professeur dans l’enseignement supérieur. Il vous présente son livre en vidéo : 

  • Le grec et le latin, un héritage vivant

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    De Julien de Rubempré sur "Le Nouveau Cénacle" :

    « De La Nécessité Du Grec Et Du Latin » : Les Langues Anciennes, Un Héritage Vivant

    Gilles Siouffi et Alain Rey publient aux éditions Flammarion un livre mêlant curiosité et érudition pour défendre et illustrer l’urgence vitale de continuer à enseigner les langues anciennes aux nouvelles générations. 

    S’il est bien un élément constitutif de notre identité nationale, c’est notre langue. Indéniable. En plein débat sur l’origine de nos ancêtres, nous pouvons en identifier au moins deux, incontestables et immortels : le latin et le grec. Trésors ouverts à chaque citoyen, prétendument inaccessibles selon les fossoyeurs de l’Education nationale, ces langues polissent encore celle que nous parlons aujourd’hui, la subliment. La nuancent. En rehaussent la saveur.

    Soufi et Rey expliquent à cet égard cette crispation à l’encontre de cet héritage qui, peu à peu, s’en va : « Aux racines de cette hantise, il y a d’abord une peur de la rupture, de la séparation. Une peur de l’inconnu vers lequel nous nous dirigerions seuls et privés de ces soutiens ». Mais, par-delà les crispations identitaires, Gilles Soufi et Alain Rey montrent en premier lieu que tout n’est pas si limpide. Ces racines sont flagrantes, certes, mais plus sinueuses qu’on ne le pense au premier abord.

    Le latin, tout d’abord, ne peut être pris en un seul bloc. Il y a des latins. Celui de Virgile, celui de Cicéron et jusqu’à Constantin ou même le latin médiéval, cette langue a évolué puisqu’elle était vivante. De même que le grec ancien qui s’est modernisé jusqu’à devenir la langue grecque d’aujourd’hui. Par ailleurs, au cours du chapitre intitulé « La guerre des grammaires », il est précisé page 49 : « Il est absurde de dire que la grammaire latine est le seul moyen d’accès à la grammaire française. Si les élèves d’aujourd’hui ont parfois (comme à tout époque) des difficultés avec la grammaire française, ce n’est pas parce qu’ils ignorent le latin ». On y apprend même que lors des siècles passés, pour parler un meilleur français, il était conseillé de se détacher du latin ! Les grammairiens du XVIe siècle auraient d’ailleurs vivement protesté « contre ce poids des catégories de la grammaire latine sur la description du français » …

    Le latin et le grec sont des langues vivantes

    « Dans ce contexte, les langues antiques grecque et latine continuent de vivre dans les langues modernes faites de strates très anciennes qui y subsistent toujours »

    Néanmoins, les auteurs résument magnifiquement la vitalité des langues classiques en affirmant : « Le grec est un luxe, dans le français : le latin est la base ». Ce sont les « pierres vives », si chères à Rabelais qui vivent encore et toujours à travers l’Eglise d’une part et d’autre part dans les nouveaux mots que nous créons au fil des ans. Nous apprenons ainsi (p.74) que deux volumes d’Harry Potter ont été publiés avec une traduction latine, qu’il existe toujours des périodiques écrits et publiés en latin classique et qu’un glossaire paru en 2002 recense tous les mots de notre monde contemporain traduits en latin !

    Nous utilisons des mots et des expressions latines tous les jours (Vade-mecum, lavabo, stricto sensu, nota bene, placebo et plus tristement Fluctuat nec mergitur …) et « Dans ce contexte, les langues antiques grecque et latine continuent de vivre dans les langues modernes faites de strates très anciennes qui y subsistent toujours » (p. 167). Les « nouveaux mots » – comme par exemple cosmonaute – ont été forgés à partir de leur racine grecque (« cosmos » dans ce cas précis) ; preuve de l’incroyable vitalité de ces langues plurimillénaires.

    L’auteur de ces lignes a été un piètre latiniste. Et le mot est très faible. Des jours et des nuits à apprendre des déclinaisons, à essayer de traduire cinq lignes pour récolter au final un zéro pointé … Quand bien même ! Le latin et le grec sont comme les mathématiques : parfois, on n’y comprend rien. Pourtant, il est impératif de savoir compter, comme il est essentiel de maîtriser l’étymologie pour comprendre la plupart des notions. Cet essai revigorant, plaisant et limpide est à mettre entre toutes les mains, ne serait-ce que pour saisir l’ampleur de notre dette à l’égard de cette antiquité qui n’en finit par de vivre …