Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livres - Publications - Page 115

  • Entrer dans La Compagnie des ombres et dialoguer avec les morts

    IMPRIMER

    22510100462370L.jpgSur le site de l'Homme Nouveau, Philippe Maxence s'entretient avec Michel De Jaeghere au sujet de son livre "La Compagnie des Ombres" *:

    Reprendre le colloque avec les morts

    Pour Michel De Jaeghere, à travers la lecture des grands textes, le dialogue avec ceux qui nous ont précédés est rendu possible pour nous permettre de déboucher sur la vie bonne. Propos recueillis par Philippe Maxence

    L’Histoire a-t-elle vraiment une utilité ?

    Michel De Jaeghere : La grande vertu de l’Histoire a toujours été de nous permettre de dialoguer avec les morts, en nous mettant à l’écoute de ce qu’ils ont à nous dire pour nous faire profiter de l’expérience tirée de la pratique de notre condition. Notre époque a développé comme jamais la communication avec les vivants. Cela l’a conduit à un certain éloignement à l’égard de l’Histoire : au sentiment qu’il s’agissait d’un divertissement sans portée, sans application. Les avancées technologiques étourdissantes dont nous sommes les témoins (nous savons aussi bien aller dans l’espace que cloner le vivant) se conjuguent, dans nos sociétés occidentales, avec l’avènement d’un confort matériel tel que l’on n’en a jamais connu auparavant, l’accumulation des biens de consommation toujours plus sophistiqués, toujours plus performants pour nourrir un sentiment d’autosatisfaction qui fait douter de l’utilité de l’Histoire. Nos contemporains ne croient plus guère en effet que les hommes ou les sociétés du passé puissent être pour eux des exemples, puisqu’ils considèrent leur propre époque comme le théâtre d’un progrès non seulement insurpassable, mais infini.

    L’Histoire serait une victime de la modernité triomphante. Mais la science historique n’a-t-elle pas aussi une part de responsabilité ?

    Depuis la fin du XIXe siècle, l’Histoire est effectivement devenue scientifique en se détachant des seules sources littéraires qui constituaient l’essentiel du matériau avec lequel travaillaient jusqu’alors les historiens, pour désormais les croiser avec toutes sortes d’autres sources, les éprouver au feu de la technique moderne. Ils font ainsi intervenir nombre de sciences auxiliaires : l’archéologie, l’épigraphie, la numismatique, la biologie, la linguistique, l’anthropologie, la biologie, la médecine, les neurosciences, l’étude du climat, bien d’autres…

    Cette évolution a permis des progrès décisifs dans la reconstitution de plus en plus fine des évènements et dans leur contextualisation, mais elle s’est traduite aussi par une spécialisation à outrance. En devenant une science, l’Histoire a exigé des historiens qu’ils soient des spécialistes qui étudient le passé au microscope. Ils ont donc délaissé l’art de la synthèse, hésitant à s’aventurer en dehors des domaines dont ils sont devenus, au terme de longues années de travail, les experts. Parallèlement, s’est manifesté un certain scepticisme à l’égard de l’idée que l’on puisse trouver dans l’Histoire matière à enseignement pour les hommes de notre temps. En cernant le passé de manière plus précise, plus fine, on a acquis en effet une conscience aiguë de tout ce qui nous en sépare, on est devenu méfiant à l’égard de toute généralisation, et, plus encore, de toute analogie, de toute comparaison. À terme, c’est l’idée même de nature humaine qui a été mise en cause par l’idée qu’il y avait de telles différences entre les mentalités, les modes de vie, les références des hommes du passé et les nôtres qu’il était vain de penser pouvoir tirer des leçons de leur expérience. Or, telle était, depuis l’Antiquité, la raison d’être de l’Histoire : d’être pour les vivants une maîtresse de vie, magistra vitæ, disait Cicéron.

    Lire la suite sur le site de l'Homme Nouveau

    * Michel De Jaeghere, La Compagnie des ombres, Les Belles Lettres, 400 p., 14,90 €.

  • Le Prix de la BD chrétienne a été décerné à deux albums ex aequo

    IMPRIMER

    Deux albums ex aequo au Prix de la BD chrétienne 2017 (source)

    couv_vincent

    Pour son 30ème anniversaire, le Prix de la BD chrétienne a été décerné à deux albums ex aequo : « Vincent. Un saint au temps des mousquetaires » (Ed. Dargaud) et « Les larmes d’Esther » (Ed. Bayard). Le Prix sera remis pendant le Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême, le 26 janvier 2017, à l’église Saint-Martial d’Angoulême.

    Le jury de la Bande Dessinée chrétienne d’Angoulême s’est réuni à la Conférence des évêques de France à Paris, le 1er décembre 2016, sous la présidence du Père Michel Manguy, vicaire épiscopal curé et doyen à Angoulême.

    Parmi les 15 albums sélectionnés, le jury « a eu du mal à départager ces deux albums très éloignés l’un de l’autre, d’une qualité BD indéniable et qui porte un message similaire. Les deux histoires portent en effet des valeurs communes et mettent en avant le Jubilé de la Miséricorde vécu cette année. L’ensemble du jury a apprécié ces deux albums, car ils marquent l’évolution graphique et scénaristique de la BD Chrétienne. En trente ans de prix, les critères de sélections se sont affinés, tout comme le graphisme et l’esthétique ».

    « Vincent. Un saint au temps des mousquetaires » de Jean Dufaux, scénariste, et Martin Jamar, dessinateur coloriste

    Le jury « a été séduit par un scénario bien construit et porteur d’un message d’Amour, de charité et d’humanité, qui, par une intrigue intéressante et un graphisme haut en couleur invite à la réflexion. A travers ces très belles planches, le lecteur se retrouve au XVIIe dans le Paris de ce siècle, avec sa misère et sa noblesse ».

    Véritable plongée au coeur du Paris du XVIIe siècle, l’histoire nous entraine dans le quotidien de Vincent de Paul, un homme d’Église dévoué, en quête de vérité.

    couv_larmes_esther« Les larmes d’Esther » de Robin

    « Un album apprécié par l’ensemble du jury pour son graphisme épuré et moderne. Une belle fiction, qui, à chaque page, nous fait découvrir des personnages contemporains du Christ et dont la rencontre bouleverse et transforme leurs vies ».

    Esther, Tsour, Ephraïm… Trois personnages que la vie n’a pas épargnés. Mais sur le chemin de chacun d’eux se dresse la silhouette d’un homme qui leur donnera la force de se relever. Cet homme, c’est Jésus.

  • Selon Andrea Riccardi, la voix du pape serait plus indispensable que jamais

    IMPRIMER

    Marie Lemonnier, sur le site de l'Obs, interroge Andrea Riccardi :

    “Le risque, aujourd'hui, c'est le national-catholicisme"

    Pour Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant'Egidio et proche du pape François, l'élection du populiste Trump et la montée des réflexes identitaires rendent encore plus indispensable la voix bergoglienne.

    L'OBS. On se souvient de la tempête politique qu'avait soulevée le pape François en février dernier en déclarant au sujet de Donald Trump et de ses projets de mur antimigrants à la frontière avec la Mexique : «Une personne qui pense uniquement à ériger des murs, et non à créer des ponts, n'est pas chrétienne.» Quelle conséquence peut avoir la présidence Trump sur le pontificat de Bergoglio?

    Andrea Riccardi. Entre le pape et le nouvel «empereur», il y a bien plus qu'un différend personnel, il y a un grave écart de fond. Le paradoxe, c'est que l'élection de Trump rend d'autant plus crucial le rôle du pape: il reste l'autre voix indispensable, non seulement pour les chrétiens, mais pour tous les démocrates. Cependant, on ne peut pas oublier que 52% des catholiques américains et plusieurs évêques ont donné leur voix à Trump. Ce choix révèle à quel point l'ensemble du catholicisme n'est pas uni derrière ce pape. Si aujourd'hui il devait y avoir un vote des évêques, je ne suis pas sûr qu'il garderait sa place.

    Ses opposants dans l'Eglise disent qu'il est «le pape des non-croyants». C'est un peu vrai. Mais il a le peuple avec lui, les audiences générales à Rome sont plus fréquentées qu'autrefois. Il fait son métier d'évangélisateur et il est devenu un prophète: il sort, il parle de sa foi, et aborde des problèmes actuels dans un dialogue personnel avec le monde. C'est ça, la révolution bergoglienne. François n'est pas seulement le pape des non-croyants, il est le pape des croyants qui vivent dans le monde, et non des purs et durs enfermés dans une psychologie de minorité paresseuse.

    Car, aujourd'hui, quel est le risque? C'est celui du national-catholicisme. Regardez par exemple la Hongrie, où le christianisme devient le cœur de l'identité nationale… Dans cette période trumpiste, je suis plus pro-François que jamais.

    « Se rendre aux périphéries » est le premier mot d'ordre du pape. C'est aussi l'invitation que vous lancez dans votre nouveau livre. Pourquoi les périphéries, géographiques ou symboliques, sont-elles les lieux où se dessine, selon vous, l'avenir de l'Eglise catholique et de nos sociétés?

    Etre périphérique, c'est être dans une situation de pauvreté, des ressources ou des relations. Au siècle passé, les périphéries étaient peu développées et encore habitées par des présences: l'Eglise, le Parti communiste, les syndicats, c'est-à-dire des véhicules à travers lesquels pouvaient s'exprimer l'âme, le drame, la rage. Maintenant, ces espaces sont des déserts: l'Etat s'est absenté, le PC est mort, et les paroisses ont fondu comme neige au soleil.

    Lire la suite

  • Oecuménisme: un protestant à la tête de l’édition argentine de l’Osservatore Romano

    IMPRIMER

    Lu sur le site « diakonos.be » :

    « Le Pape a nommé son ami Marcelo Figueroa,  Argentin comme lui, à la tête de la nouvelle édition hebdomadaire de l'Osservatore Romano créée spécialement pour les lecteurs argentins. Il l'a également nommé dans l'équipe de rédaction de la version principale de l'Osservatore. Figueroa est pasteur de l'Eglise presbytérienne et il a dirigé pendant 25 ans la Société biblique d'Argentine. C'est également un ami personnel de Jorge Maria Bergoglio qui lui avait d'ailleurs demandé de l'accompagner lors de son récent voyage en Suède pour fêter les 500 ans de la Réforme et avec lequel il entretient une correspondance suivie.

    Voici un extrait d'un article paru le 8 novembre dans l'Osservatore romano dans lequel il s'entretient avec Lucetta Scaraffia, l'une des éditorialistes de ce journal qui lui dit:

    "Aujourd'hui, de nombreux points de divergences qui avaient provoqué la scission de l'Eglise n'ont plus de raison d'être: la question du salut - seulement par la grâce ou à travers les oeuvres et la médiation du clergé comme le voulait l'Eglise catholique - ne tourmente plus personne. Tout comme les indulgences qui ont disparu de notre paysage, même l'au-delà semble aujourd'hui s'être estompé depuis des décennies. Pourquoi alors encore se chamailler sur tout cela? Et comment pouvons-nous nous disputer sur la question du libre accès aux textes sacrés alors que même les catholiques ont pris l'habitude de lire la bible dans l'édition de leur choix au sein de groupes de lecture et de commentaire très animés? Il reste bien sûr des questions théologiques encore ouvertes comme la question des sacrements - dont les luthériens ont réduit le nombre - mais il s'agit là de questions qui ne touchent pas beaucoup les fidèles".

    Sandro Magister rappelle que cet article est paru sur le journal officiel du Vatican et non dans un quotidien laïc et qu'il a été rédigé conjointement avec M. Figueroa qui l'approuvait entièrement. »

    Sources: Osservatore Romano, Sandro Magister (Settimo Cielo, la Repubblica).

    http://www.osservatoreromano.va/…/la-sfida-ecumenica-latino…

    Ref. LE PAPE NOMME UN PROTESTANT À LA TÊTE DE L'OSSERVATORE ROMANO ARGENTIN

     JPSC

  • Retour sur l’encyclique « Laudato si » et la question du mal

    IMPRIMER

    gustave doré.jpegDe Monseigneur Léonard interrogé par Drieu Godefridi, in « Un évêque dans le siècle » (éditions du CEP, septembre 2016) sur la question du mal et l’encyclique « Laudato si » (extraits) :

    → Dieu et l’univers (*)

    Mgr Léonard : « […] C’est intelligent de croire en Dieu, c’est tout à fait raisonnable, même si c’est transrationnel d’adhérer à Jésus tel qu’il est présenté dans le Nouveau Testament. Mais, après tout cela, les gens sont confrontés à tout ce qui fonctionne, dans cette admirable mécanique de l’univers, de manière peu sympathique, de notre petit point de vue en tout cas. Et pour les chrétiens qui mettent leur foi en un Dieu qui, en principe, serait tout-puissant et qui serait un père bienveillant, comment est-ce qu’on met cela en rapport avec le mal qui défigure et abîme la vie des hommes sur la terre et avec tout ce qui ne tourne pas rond dans l’univers, y compris dans notre fonctionnement biologique ? »

    → Je me méfie des apologétiques qui justifient le mal

    Mgr Léonard : « […] Je dénonce toujours avec force, y compris dans le monde chrétien, les justifications du mal, qui me paraissent souvent odieuses et qu’on ne devrait jamais employer en présence d’une personne qui souffre […] en disant, comme Spinoza par exemple […],  c’est négatif de votre petit point de vue, parce que vous voyez la mort de votre enfant, de votre petit point de vue de mère. Mais, dans la totalité de la substance, qui nous apparaît dans les deux attributs de l’étendue et de la pensée, cela fait partie du positif. Tout est plein, positif dans la substance ! Votre mal, un peu comme dans le bouddhisme, est donc une illusion liée à la perspective que vous avez. De même, on peut dire, d’un point de vue biologique, que la mort des individus d’une espèce fait partie de l’économie du fonctionnement de la vie. Ne pleurez donc pas vos morts! Oui, cette attitude stoïcienne a une certaine dignité, elle a une grandeur, mais qui passe au-dessus du drame des personnes. Je suis devenu allergique aux pensées systématiques, hégéliennes, pour lesquelles, de manière très subtile, le mal est finalement positif. Je me méfie des aologétiques qui justifient le mal en disant : Dieu permet le mal en vue d’un plus grand bien, le mal fait partie d’un premier état pédagogique de la création. Dieu a fait volontairement une création inachevée pour que ce soit l’homme qui l’achève. C’est joli à dire, comme cela, quand on écrit à son bureau, mais cela n’arrange pas les gens qui sont frappés par la douleur.

    Drieu Godefridi : Alors, que leur dites-vous par rapport à cette question du mal ? 

    → ἐδάκρυσεν ó ἰησοῦς.

    Mgr Léonard : «  D’abord, Jésus est sensible au mal et ne fait jamais de raisonnements pour dire qu’il n’y a pas de mal. L’attitude de Jésus, dans l’Evangile de Jean, devant la tombe de Lazare c’est d’abord de pleurer : « Jésus pleura » (ἐδάκρυσεν ó ἰησοῦς). C’est le verset le plus court de toute la Bible. Ces pleurs sont pour moi plus éloquents que beaucoup de théories. Jésus n’a pas fait une théorie. Il dit bien que la mort de Lazare va servir à la manifestation de la gloire de Dieu. Mais il ne dit pas à Marthe et à Marie : non, ne pleurez pas, la mort de Lazare c’est pour un bien. Non, il pleure ! Ce que je trouve admirable chez lui, c’est qu’il n’a pas expliqué le mal comme tant de religions ou de philosophies l’ont fait. D’abord, il en a éprouvé la dureté. Puis il l’a porté. Cela, c’est quand même unique dans l’histoire religieuse de l’humanité, un Dieu qui non seulement se fait homme mais qui en outre endure l’absurdité de la mort, l’angoisse qui est liée à la mort. L’attitude de Jésus face à sa mort n’est pas du tout héroïque, ce n’est pas une attitude de héros, c’est l’attitude d’un homme qui est submergé par l’angoisse, par la tristesse et qui, pour la première fois dans les Evangiles, où il a toujours une maîtrise des événements, mendie un peu de secours, de réconfort de la part de ses disciples : veillez avec moi, priez avec moi – et ils dorment pendant ce temps-là ! Eh bien, cela me paraît plus crédible que Spinoza, cela me paraît plus humain que le stoïcisme : «  Je savais que mon fils était mortel, donc je ne m’attriste pas de sa mort ». C’est grand, mais en même temps c’est mesquin, pourrait-on dire, d'une telle attitude : cela ne prend pas au sérieux le drame de la vie humaine. »

    Lire la suite

  • François Fillon : un chrétien libéral

    IMPRIMER

    De Laurent de Boissieu sur le site du journal La Croix (20 septembre):

    François Fillon se livre, chrétien et libéral

    Dans un ouvrage qui paraît (est paru) lundi 20 septembre, l’ancien premier ministre tente de se démarquer de Nicolas Sarkozy, son adversaire à la primaire présidentielle de 2016.

    François Fillon n’est pas homme à se livrer. Dans un ouvrage qui sort (est sorti) lundi 20 septembre (1), le candidat à la primaire présidentielle de 2016 se prête néanmoins à cet exercice personnel. Il revient sur ses racines familiales dans la Sarthe et consacre un chapitre à sa foi catholique. « J’ai été élevé dans cette tradition et j’ai gardé cette foi », explique celui va chaque année se ressourcer à l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes.

    « Aucune majorité ne reviendra sur le mariage pour les couples homosexuels. Il faut en revanche corriger les excès de cette loi », affirme-t-il, en continuant à dénoncer la remise en cause « à travers l’adoption ou la gestation pour autrui »de la filiation.

    « Prendre le temps du débat sur les questions de société »

    Concrètement, même s’il ne le dit pas ainsi, cela reviendrait donc – comme pour Nicolas Sarkozy – à instituer deux mariages : un mariage hétérosexuel et un mariage homosexuel sans droit à l’adoption.

    « Autant je suis partisan de foncer sur les réformes économiques, autant je crois à la nécessité de prendre le temps du débat sur les questions de société », insiste l’ancien premier ministre. De fait, s’il est élu président de la République, François Fillon avance un programme « radical » de réformes libérales : abrogation de la durée légale du travail (qui sera désormais négociée dans les entreprises avec un plafond de 48 heures hebdomadaires), recul de l’âge de la retraite à 65 ans, dégressivité de l’assurance-chômage (limitée à 75 % du salaire au lieu de 90 %), etc.

    Retour sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy

    Enfin, François Fillon revient également sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy, battu par François Hollande en 2012 « parce que le charme était rompu » et non « sur son bilan ». Un bilan qui, il est vrai, associe l’un et l’autre.

    Tout en prenant soin d’apporter quelques nuances, l’auteur dresse un portrait acéré de celui qu’il affrontera certainement à la primaire en le qualifiant d’« homme d’État vulnérable aux humeurs de l’opinion ». Une façon, par contraste, d’expliquer qu’il n’hésitera pas, lui, à « faire » les réformes promises, quitte à être « impopulaire ».

    –––––––––––––

    Statistiques ethniques, « un tabou qu’il faut faire sauter »

    Dans un entretien publié dimanche 20 septembre par le Journal du dimanche, François Fillon appelle à « faire sauter » le « tabou » des statistiques ethniques.« Si on veut vraiment piloter la politique d’immigration, comme je le préconise, permettre au Parlement de fixer chaque année le nombre de personnes que la France peut accueillir, ne pas subir une immigration qui ne viendrait que d’une seule région du monde, qui serait déconnectée de nos besoins économiques et de nos possibilités sociales, il faut avoir la possibilité de savoir qui on accueille », plaide-t-il.

    (1) Faire, Éd. Albin Michel, 320 pages, 20 €.

  • Une lettre de Soloviev

    IMPRIMER

    publiée le 14 novembre 2016 sur son blog, par le P. Simon Noël, moine de l’abbaye bénédictine de Chevetogne :

    « Voici un extrait particulièrement intéressant d'une lettre que Vladimir Soloviev écrivait en mai ou juin 1896 à Eugène Tavernier, un de ses amis parisiens. Elle pourrait bien illustrer ce que j'ai écrit récemment sur l’œcuménisme et sur l'antéchrist :

    Vladimir-Soloviev.jpg"Il n'y a que trois choses certaines attestées par la Parole de Dieu :

    1° L’Évangile sera prêché par toute la terre, c'est-à-dire que la vérité sera proposée à tout le genre humain ou à toutes les nations ;

    2° Le Fils de l'homme ne trouvera que peu de foi sur la terre, c'est-à-dire que les vrais croyants ne formeront à la fin qu'une minorité numériquement insignifiante et que la plus grande partie de l'humanité suivra l'Antéchrist ;

    3° Néanmoins, après une lutte courte et acharnée, le parti du mal sera vaincu et la minorité des vrais croyants triomphera complètement. De ces trois vérités aussi simples qu'incontestables pour tout croyant, je déduis tout le plan de la politique chrétienne.

    Et d'abord la prédication de l’Évangile par toute la terre, pour avoir cette importance eschatologique qui lui a valu une mention spéciale de la part de Notre-Seigneur lui-même, ne peut pas être limitée à l'acte extérieur de répandre la Bible ou des livres de prières et de sermons parmi les nègres et les Papous. Ce n'est là qu'un moyen pour le vrai but, qui est de mettre l'humanité devant le dilemme : d'accepter ou de rejeter la vérité en connaissance de cause, c'est-à-dire la vérité bien exposée et bien comprise. Car il est évident que le fait d'une vérité acceptée ou rejetée par malentendu ne peut pas décider du sort d'un être raisonnable. Il s'agit donc d'écarter non seulement l'ignorance matérielle de la révélation passée, mais aussi l'ignorance formelle concernant les vérités éternelles, c'est-à-dire d'écarter toutes les erreurs intellectuelles qui empêchent actuellement les hommes de bien comprendre la vérité révélée. Il faut que la question d'être ou de ne pas être vrai croyant ne dépende plus des circonstances secondaires et des conditions accidentelles, mais qu'elle soit réduite à ses termes définitifs et inconditionnés, qu'elle puisse être décidée par un pur acte volitif ou par une détermination complète de soi-même, absolument morale, ou absolument immorale.

    Maintenant, vous conviendrez sans doute que la doctrine chrétienne n'a pas atteint actuellement l'état voulu, et qu'elle peut encore être rejetée par des hommes de bonne foi à cause de réels malentendus théoriques. Il s'agit donc :

    1° D'une instauration générale de la philosophie chrétienne, sans quoi la prédication de l’Évangile ne peut être effectuée ;

    2° S'il est certain que la vérité ne sera définitivement acceptée que par une minorité plus ou moins persécutée, il faut pour tout de bon abandonner l'idée de la puissance et de la grandeur extérieures de la théocratie comme but direct et immédiat de la politique chrétienne. Ce but est la justice ; et la gloire n'est qu'une conséquence qui viendra se soi-même ;

    3° Enfin, la certitude du triomphe définitif pour la minorité des vrais croyants ne doit pas nous mener à l'attente passive. Ce triomphe ne peut pas être un miracle pur et simple, un acte absolu de la toute-puissance divine de Jésus-Christ, car s'il en était ainsi toute l'histoire du christianisme serait superflue. Il est évident que Jésus-Christ, pour triompher justement et raisonnablement de l'Antéchrist, a besoin de notre collaboration ; et puisque les vrais croyants ne sont et ne seront qu'une minorité, ils doivent d'autant plus satisfaire aux conditions de leur force qualitative et intrinsèque ; la première de ces conditions est l'unité morale et religieuse qui ne peut pas être arbitrairement établie, mais doit avoir une base légitime et traditionnelle, — c'est une obligation imposée par la piété. Et, comme il n'y a dans le monde chrétien qu'un seul centre d'unité légitime et traditionnel, il s'ensuit que les vrais croyants doivent se rallier autour de lui (Note : c'est Rome dont parle ici Soloviev) ; ce qui est d'autant plus idoine qu'il n'a plus de pouvoir extérieur compulsif et que, partant, chacun peut s'y rallier dans la mesure indiquée par sa conscience. Je sais qu'il y a des prêtres et des moines qui pensent autrement et qui demandent qu'on s'abandonne à l'autorité ecclésiastique sans réserve, comme à Dieu. C'est une erreur qu'il faudra nommer hérésie, quand elle sera nettement formulée. Il faut s'attendre à ce que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des prêtres et moines se déclareront pour l'Antéchrist. C'est leur bon droit et leur affaire."

    La dernière phrase citée est forte sans aucun doute ; elle concerne ce mystère de l'apostasie universelle à la fin des temps. La phrase qui précède me semble obscure et je ne vois pas ce que Soloviev entend par cette hérésie dont il parle. Je résume donc ainsi sa pensée : vers la fin des temps nous assisterions à un double mouvement : une apostasie massive dans l’Église et l'unité des vrais croyants en une seule Église, autour du pape de Rome. C'est cette conviction qu'il a voulu illustrer dans son Court récit sur l'Antéchrist.

    Ref. Une lettre de Soloviev

    Commentaire de Pierre-René Mélon sous ce texte : « SI je comprends bien Soloviev, l'hérésie dont il parle c'est de "s'abandonner sans réserve à l'autorité ecclésiastique, comme à Dieu". Il distingue donc Eglise et Dieu : on peut s'abandonner à Dieu, mais pas à l'autorité de Eglise... si elle enseigne un "autre évangile" comme disait S. Paul. Nous avons là une piste intéressante pour qui sait lire les signes des temps...

    JPSC

  • Bruxelles (UOPC), 17 novembre : présentation de "Mourir, c'est naître" par le Père Henri Boulad

    IMPRIMER

    Jeudi 17 novembre à 18H30

    à la Librairie UOPC

    Avenue Gustave Demey 14-16 - 1160 Bruxelles

    le Père Henri Boulad s.j.

    Philosophe, écrivain, éducateur

    Actuellement directeur du centre culturel jésuite d’Alexandrie 

    viendra présenter son livre

    « Mourir c’est naître »

    L’amour, la mort et l’au-delà

    Editions Médiaspaul 

    A la question : Pourquoi mourons-nous ?

    Henri Boulad offre une réponse apaisante et lumineuse: « Nous mourons parce que nous ne sommes pas encore advenus à nous-mêmes, aux autres, au monde, et à Dieu. Ces quatre aspects de la mort cachent quatre visages de la naissance »
    L’auteur traite aussi des questions qui intriguent la sensibilité moderne, comme la réincarnation, le jugement, la sexualité dans l’au-delà. Sa réflexion longuement mûrie nous convainc que nous n’avons pas à redouter la mort. Au contraire, nous pourrons dire avec Thérèse de Lisieux : 

    « je ne meurs pas, j’entre dans la Vie ».

     entrée gratuite  -  réservation souhaitée  -  event@uopc.be  -   02/663 00 40

  • Le krach de la transcendance

    IMPRIMER

    Via Metablog :

    [verbatim] Philippe de Villiers, «Le krach de la Transcendance»

    téléchargement.jpgPhilippe de Villiers consacre un chapitre de son livre «Le Moment est venu de dire ce que j'ai vu» (2015) à ce qu’il nomme Le krach de la Transcendance. Voici le texte, repris du blog de Marc-Elie. Toute la première partie offre une similitude parfaite avec le constat de Michel Onfray que l'on re/lira ici: «J'ai vu les effets de Vatican II à la messe étant gamin...»

    J'avais grandi au rythme de la messe des anges et du credo grégorien. Je suivais les enfants de chœur du reposoir avec leurs paniers débordant de pétales de roses.Je tenais une petite bannière de sainte Thérèse, au milieu de la procession des Rogations qui implorait la clémence du Ciel, après les semailles, pour une juste récolte. Les surplis rouge et blanc tenaient les cordons du dais qui abritait l'ostensoir à paillettes dorées. C'était beau.

    En ce temps-là, la dévotion populaire était le terreau de la liturgie. On priait avec des gestes, avec son corps, on tombait à genoux, on joignait les mains pour supplier, on frissonnait en chantant le Lauda Sion immémorial.

    Au mois de mai, on marchait chaque soir d'une maison à l'autre, avec une Sainte Vierge portée à bout de bras sur un brancard. C'était le mois de Marie. J'aimais l'odeur d'encens et la plainte du requiem qui faisaient descendre en majesté un peu de ciel dans nos cœurs. Et puis la Fête-Dieu, les œufs de Pâques, la crèche, les pèlerins de Lourdes, les cloches du glas et du baptême, les croix de mission. C'était une société.

    Soudain, un dimanche, tout chavire. On nous exhorte à tutoyer Dieu, dans un nouveau Notre-Père. Les agenouillons ont été descellés dans la semaine. Ils ont disparu.

    On comprend que le remembrement ne s'est pas arrêté au porche de l'église, il est entré dans le chœur, en pleine messe.

    On a remembré les missels. On a voulu éloigner le faste et le triomphalisme. On a descendu les statues, les tentures, on a remisé le dais: il fallait du dépouillement, revenir aux pauvretés, aux austérités des origines, aux pieds nus des catacombes ; les accessoires chamarrés de la dramaturgie sacramentelle ont été placés «en dépôt» chez le «conservateur départemental des antiquités et objets d'art», ravi de l'aubaine. Bientôt le dépôt deviendrait un dépotoir.

    On nous avait expliqué, jadis, que l'autel était «orienté», qu'il devait regarder, avec les fidèles, en direction de l'est, vers le soleil levant qui triomphe de la nuit et symbolise le Christ ressuscité. Et voici qu'on installe une table à repasser au milieu du chœur, avec des tréteaux et des planches. Le curé nous regarde, convivial, collégial, «il faut participer». Il a congédié ses ornements et son calice. Il boit le vin consacré dans un verre à moutarde, il veut être comme tout le monde. Il a laissé la soutane et porte un débardeur marron. Selon le mot de Claudel, il dit «la messe à l'envers» pour «être à l'écoute des gens » et pour «faire église».

    Un jeune paroissien avec une guitare, qui ressemble à Leny Escudero, entonne le chant que j'apprendrai par cœur:

    Si tu en as envie,

    Comme Jésus-Christ lui-même,

    Tu peux faire de ta vie

    Un... je t'aime.  

    C'est la religion de l'amour. Enfin! On n'est plus dans un règlement. On est dans l'amour. Et, si on tutoie Dieu dans le nouveau Notre-Père, c'est pour se rapprocher de lui. Ce n'est plus un Dieu de tonnerre et qui condamne. Il n'est plus au-dessus de nous, il est en nous, au milieu de nous, il chemine. C'est un voisin et non plus un Père. Si les agenouilloirs ont disparu, c'est que Dieu n'a pas besoin de ces théâtrales démonstrations d'obéissance où l'on se couvre de cendre jusqu'à s'anéantir. Dieu est Esprit. Une religion trop sensible perd l'esprit.

    C'est l'aggiornamento, la nouvelle Pentecôte, le temps du Renouveau et du retour aux sources.

    Lire la suite

  • Tolkien : un catholique traditionaliste, anti-moderne, réactionnaire et conservateur

    IMPRIMER

    De TVLibertés.com :

    LA PETITE HISTOIRE : LE VRAI VISAGE DE TOLKIEN, CATHOLIQUE ET RÉACTIONNAIRE

    A mille lieues de l’image d’un auteur d’heroic fantasy imprégné d’ésotérisme new age et adulé par les hippies, Tolkien était avant-tout un catholique traditionaliste, anti-moderne, réactionnaire et conservateur. Pétri de latin, il a fondé son oeuvre en s’inspirant de la mythologie nordique et de ce catholicisme médiéval plein de mystères et de légendes. Marqué par la Première guerre mondiale, il restera jusqu’à sa mort fidèle à ses idéaux, trouvant refuge dans son univers pour se couper de ce progrès qu’il haïssait tant. Dans ce nouvel épisode de La Petite Histoire, Christopher Lannes vous comte la véritable histoire de l’auteur du Seigneur des Anneaux. Un visage méconnu et fascinant.

  • Les archives Marcel De Corte sont accessibles à l'Université de Liège

    IMPRIMER

    Du site de l'Université de Liège (rubrique "culture") :

    Les archives Marcel De Corte accessibles à l'ULg

    MarceldeCorte

    Les archives et la correspondance du professeur Marcel De Corte sont désomais en dépôt à l'Université et peuvent y être consultées. Ces nombreux documents ont fait l'objet d'un inventaire détaillé par le Pr André Motte, qui fut un de ses assistants. Elles  peuvent intéresser non seulement ceux qui désirent mieux connaître Marcel De Corte lui-même et sa pensée, mais aussi les historiens de la philosophie, de la politique belge, de l’Alma mater liégeoise et de la crise qu’a connue l’Église catholique pendant et après le Concile Vatican II.

    Marcel De Corte, philosophe érudit, engagé et «rebelle»

    Marcel De Corte est né à Genappe, village du Brabant wallon (Belgique), le 20 avril 1905. Après de brillantes humanités gréco-latines à l’Athénée de Nivelles et un doctorat en Philosophie et Lettres (Philologie classique) à l’Université libre de Bruxelles, diplôme qu’il obtient, en 1928, avec le plus haut grade et un mémoire sur la composition du corpus aristotélicien, il enseigne, pendant deux ans, les langues anciennes à l’Athénée de Hannut. Après quoi, lauréat du concours universitaire et boursier du Gouvernement belge, il suit des cours à Paris (École Normale, Sorbonne, Institut Catholique), puis effectue une enquête sur les manuscrits d’Aristote dans quatre universités italiennes. Engagé comme assistant à l’Université de Liège en juillet 1932, il est reçu deux ans plus tard, à l’unanimité, Agrégé de l’enseignement supérieur en philosophie avec une thèse sur la doctrine de l’intelligence chez Aristote. Chargé de cours en octobre 1935, il est fait professeur ordinaire le premier janvier 1940 et reçoit une chaire relevant principalement de l’histoire de la philosophie ancienne et de la philosophie morale.

    Durant cette première décennie d’activité scientifique, le jeune universitaire noue de nombreuses relations et s’acharne au travail pour approfondir son premier domaine de recherche, la philosophie grecque, en publiant trois livres et de copieux articles sur Aristote, Platon, Plotin, Jean Philopon, et pour étendre largement son éventail d’intérêts à la philosophie morale, à la philosophie de l’art, à la métaphysique et à la mystique, à l’histoire de la philosophie du Moyen Âge (Thomas d’Aquin), à la philosophie moderne (Descartes, Malebranche, Maine de Biran) et contemporaine (Bergson, Blondel, Marcel, De Coster). Cet apprentissage d’une richesse surprenante se prolongera durant toute sa carrière et sera partagé très généreusement, car il a enseigné la philosophie durant quarante ans (1935-1975) à des milliers d’étudiants, formé une série de disciples et accepté d’innombrables invitations à des conférences et rencontres scientifiques, en Belgique et à l’étranger, en France tout particulièrement où son rayonnement a été considérable. Il a été professeur invité aux universités de Québec et d’Élisabethville, et a bénéficié à plusieurs reprises des accords culturels franco-belges. Il a été doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres et secrétaire du Conseil académique. Lecteur assidu, doté d’une immense culture et d’une excellente plume, il a écrit sur mille sujets, laissant une vingtaine d’ouvrages et plus d’un  millier d’articles. Parmi ceux-ci figurent un grand nombre de contributions à des journaux ou à des magazines, belges et français, dont il a été parfois un correspondant assidu. Ce fut notamment le cas de La libre Belgique, et lui ont ainsi valu de nombreux lecteurs et correspondants ses interventions relatives à des événements qui ont marqué le siècle, comme la crise royale, l’indépendance du Congo, le Concile Vatican II et ses suites.

    Lire la suite

  • Pour comprendre l'objection de conscience

    IMPRIMER
    Comprendre l'objection de conscience

    Grégor Puppinck

    Source : La Nef N°286 de novembre 2016

    Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), membre du Panel d’experts de l’OSCE sur la liberté de religion ou de conviction, nous parle ici d’une étude importante qu’il a publiée sur l’objection de conscience.

    La Nef – Vous avez publié un essai sur l’objection de conscience et les droits de l’homme, quelle a été votre démarche ?

    Grégor Puppinck – Je travaille avec l’ECLJ sur ce sujet depuis plusieurs années auprès des instances européennes et des Nations unies, où nous avons contribué à renforcer la garantie de la liberté de conscience face à des pratiques moralement controversées, par exemple en participant à la rédaction et à l’adoption au Conseil de l’Europe d’une résolution consacrant « le droit à l’objection de conscience dans le cadre des soins médicaux légaux » en 2010.

    Au fil de ces combats, il m’est apparu qu’il serait autant absurde que contre-productif de remporter la victoire par le seul rapport de forces politiques, et qu’une reconnaissance solide du droit à l’objection de conscience imposait de bien comprendre la légitimité d’un tel droit. Or, je dois reconnaître que j’ai moi-même longtemps douté du bien-fondé de cette entreprise, estimant que l’objection de conscience était trop emprunte de subjectivisme et de relativisme pour être un concept juste et fiable. Pourtant, dans la situation politique actuelle, marquée par un effacement du sens métaphysique et moral, il est nécessaire de protéger les personnes contre l’obligation de participer à des pratiques immorales, à défaut de pouvoir en obtenir l’interdiction. La défense du droit à l’objection de conscience me paraissait donc fragile sur le fond, mais opportune politiquement.

    Plus encore, le principal argument des adversaires de l’objection de conscience n’est pas infondé : aucune société ne peut fonctionner si chaque individu entend échapper à l’application de la loi au nom de ses croyances. Face à des croyances diverses qui fragmentent la société, les opposants du droit à l’objection de conscience invoquent le bienfait d’une loi commune et entendent ainsi renvoyer les objecteurs à l’avortement à l’asile des fondamentalistes religieux.

    Sous l’effet du pluralisme croissant de la société, les juges sont saisis de nombreux cas de personnes qui, au nom de leur conscience, refusent d’accomplir des actes très variés. Il est à redouter que submergés de demandes diverses, les juges n’en viennent à les refuser toutes au nom de l’égalité devant la loi positive. De fait, l’étude de la jurisprudence montre que les juges comprennent mal les ressorts de l’objection et que, s’ils reconnaissent le besoin de critères, ils semblent structurellement incapables de les identifier en raison tant de l’interdiction qui leur est faite de porter un jugement sur les religions que de la confusion qui existe entre religion et morale. Une clarification de la notion d’objection de conscience m’a paru donc nécessaire, non pour étendre son champ d’application au risque de la rendre indéfendable, mais au contraire pour mieux la définir afin qu’elle puisse être protégée dans une juste mesure. C’est là l’ambition de cet essai.

    Quelles ont été les principales difficultés rencontrées dans ce travail ?

    L’origine des difficultés réside dans une compréhension erronée de la conscience. Selon la pensée commune, cette dernière serait une forme de sur-moi abstrait, une sphère d’autonomie siège de l’intériorité individuelle. Cette boîte noire secréterait un magma de désirs, de convictions, d’opinions et de croyances. Or, toutes ces notions sont employées dans le champ du droit sans que nous n’en comprenions plus le sens précis. Il s’agit donc d’en retrouver les définitions ainsi que les rapports mutuels en philosophie morale car cette discipline est le soubassement du droit : lorsque celui-ci devient confus, il faut en rechercher les fondations, puis, à partir d’elles, reconstruire le droit positif.

    Lire la suite sur le site de La Nef