Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Persécutions antichrétiennes - Page 88

  • Xavier Moreau : « Que les occidentaux arrêtent de soutenir les islamistes. »

    IMPRIMER

    Obama-poutine.jpgDécryptage exclusif pour Aleteia de la situation géopolitique du Moyen-Orient et des enjeux de l'engagement militaire occidental en Syrie :

    « Aleteia : En quoi consiste la politique Syrienne de la Russie actuellement ?

    Xavier Moreau : Écraser l’Etat islamique, purement et simplement. En lançant des opérations militaires conjointes avec les forces d’Assad au sol conseillées et entrainées par des instructeurs russes. Ce soutien militaire prévoit un appui aérien qui sera d’abord réalisé par des pilotes russes car les Syriens ne sont pas encore suffisamment formés pour ce type d’opération. Enfin l’engagement de la Russie en Syrie prévoit un afflux de matériel conséquent, notamment des armes modernes qui vont apporter ce qu’il manque à l’armée arabe syrienne.

    Nous avons pu observer sur les réseaux sociaux des photos de soldats russes qui se battaient avec l’armée syrienne…

    Certains volontaires ont pu intégrer l’armée arabe syrienne, mais il n’y aura pas de déploiement de troupes régulières russes au sol. D’une part parce que la Russie ne veut pas reproduire l’Afghanistan mais surtout parce que ce n’est pas nécessaire. L’armée Syrienne a maintenant quatre ans d’expérience opérationnelle, ce qui lui manque seulement c’est du matériel ainsi qu’un état-major plus performant bénéficiant d’un appui aérien. Un appui de ce type fonctionne de pair avec des opérations au sol, sinon cela ne sert à rien. C’est exactement ce que l’on peut observer avec les bombardements des États-Unis ou de la France : ça ne sert à rien. Seule une offensive coordonnée avec les troupes au sol peut porter ses fruits.

    Est-il possible d’imaginer une coopération de l’armée française avec l’armée syrienne ?

    Pas avec ce gouvernement français là, pourtant c’est la seule solution efficace pour récolter des résultats probants. Cela dit, si les Russes s’en chargent cela suffira. Ce qu’il faut avant tout, c’est que les occidentaux arrêtent de soutenir les islamistes. Il serait inquiétant que les Américains ne cessent pas de le faire pour affaiblir un peu plus la Russie. Le danger est là : que l’occident joue l’islamisme contre les états laïcs ou chrétiens.

    Lire la suite

  • En Irak, "c’est toujours Dieu qui gagne"

    IMPRIMER

    De Christophe Lamfalussy envoyé spécial de « La Libre » à Erbil (extrait)l : 

    5603bcae3570b0f19edb1bf6 (1).jpg« Alors que des chrétiens quittent l’Irak, d’autres restent, résolus à reprendre à Daech le contrôle de leur berceau historique de la plaine de Ninive. Au Kurdistan irakien, cinq milices chrétiennes s’entraînent actuellement. Certaines combattent avec les peshmergas kurdes ou avec des milices chiites, mais la plupart s’apprêtent à prendre le relais de l’armée irakienne quand une offensive - encore hypothétique - aura reconquis la plaine de Ninive.

    "Nous pourrons battre Daech avec notre foi", assure Ayshoa Esttaifo Khalis, le chef d’un parti assyro-chaldéen qui a deux députés au Parlement irakien. "Ils croient en leur satan et nous croyons dans un Dieu. C’est toujours Dieu qui gagne."

    Sous l’autorité de la gendarmerie kurde

    Le parti dispose depuis 2004 d’une milice, la Force de garde de la plaine de Ninive (NPGF), qui s’entraîne aujourd’hui dans la région de Dohuk. Certains de ses miliciens portent le badge de la Zeravani. Cette unité spéciale des forces kurdes est semblable à une gendarmerie. Elle est rattachée au ministère kurde de l’Intérieur. "Notre mission sera de tenir les villages chrétiens de la plaine de Ninive une fois qu’ils auront été reconquis", ajoute M. Khalis. Lors de l’offensive de Daech en août 2014, la NPGF n’a pas combattu, mais a encadré la population dans sa fuite.

    La NPGF dit avoir 1 600 hommes qui disposent de kalachnikovs, de lance-roquettes RPG-7, de fusils-mitrailleurs BKC et de grenades, et affirme en entraîner 1 000 autres, pour créer une force au total de 2600 hommes.

    Difficile de vérifier ces chiffres, d’autant plus qu’il y a concurrence entre les différentes milices chrétiennes pour attirer les fonds de la diaspora et recruter des combattants aux Etats-Unis, en Russie et en Europe.

    Tel est notamment le cas de la Dwekh Nawsha, qui signifie la Brigade des "martyrs de demain" en araméen. Cette milice ne combat pas avec les Kurdes, mais en coordination avec eux.

    Recrutement en Belgique

    Elle vient de créer une antenne en Belgique avec l’objectif de "créer une armée chrétienne pour lutter contre la barbarie islamique, protéger les chrétiens d’Orient et toutes les populations opprimées par celle-ci".

    Les volontaires belges sont invités à se rendre à Erbil, sans l’attirail militaire, avec la promesse d’être pris en charge par l’organisation sur place. Ils sont encouragés à "verrouiller" leur compte Facebook pour éviter des regards indiscrets et à utiliser un système de cryptage pour les portables qu’ils emportent en Irak.

    Il y a également la plus petite Unité de protection des plaines de Ninive (UPPN), présente dans la région d’Al Koch et entraînée par deux Marines américains à la retraite, ou les Brigades de Babylone, qui agit sous l’ombrelle de l’une des 54 milices chiites existant en Irak.

    Ce morcellement extrême inquiète les leaders religieux chrétiens en Irak. L’Eglise plaide, comme le gouvernement kurde, pour le déploiement d’une force internationale et craint que la création de milices ne fasse des chrétiens une cible plus grande.

    Son objectif est le maintien de l’unité nationale de l’Irak car les chrétiens ne vivent pas uniquement dans le Nord du pays. "Soixante-cinq pour cent des chrétiens vivent à Bagdad. Il ne faut pas se concentrer uniquement sur la plaine de Ninive", souligne un haut responsable religieux préférant parler sous le couvert de l’anonymat.

    Un salaire bienvenu

    Selon M. Khalis, les milices ont toutefois l’avantage de sédentariser les jeunes en leur proposant un salaire. "Nous payons nos miliciens 425 dollars par mois, grâce à des dons des partis et des paroisses. Cela leur permet de subsister dans des camps ou dans des appartements plutôt que de partir à l’étranger", dit-il.

    Les chrétiens d’Orient espèrent obtenir, dans le cadre d’un règlement de paix, une mini-province de Ninive qui n’inclurait pas la grande ville de Mossoul. Celle-ci serait constituée de deux districts et abriterait, outre la minorité chrétienne, les Shabaks ou les Kakaï, qui ont aussi souffert de la politique d’assimilation pratiquée par Saddam Hussein. L’ancien leader sunnite avait fait aménager des villages sunnites autour de ces minorités pour les "étouffer" graduellement.[… ]

    Tout l’article ici : En Irak, "c’est toujours Dieu qui gagne"

    JPSC

  • Les Etats-Unis peu enclins à soutenir les chrétiens d'Orient

    IMPRIMER

    De Pierre Jovanovic sur le site de "Famille Chrétienne" :

    Les États-Unis en retrait sur les chrétiens d’Orient

    Alors qu'ils acceptent d’accueillir dix mille réfugiés syriens en 2016, les Américains mettent peu de moyens diplomatiques et militaires pour soutenir les populations persécutées en Syrie et en Irak.

    «Barack Obama laisse sombrer les chrétiens d’Orient. » Cette accusation n’émane pas d’un ponte républicain, porté à diaboliser le président américain, mais d’une ancienne cadre de l’administration démocrate sous Bill Clinton, devenue éditorialiste. La journaliste Kristen Powers a signé en avril dernier une tribu­ne impitoyable dans USA Today, un des titres américains les plus lus, fustigeant l’indifférence de la diplomatie américaine face aux persécutions religieuses. Alors qu’en Europe les chancelleries tentent de multiplier les initiatives en faveur des chrétiens d’Orient, le Département d’État semble briller par son silence.

    Le souvenir de la guerre d’Irak

    Cette absence de réaction doit beaucoup à l’héritage des années Bush, dont l’administration au pouvoir veut à tout prix se démarquer. Cette obsession de ne pas imiter le président précédent nourrit une vision relativiste sur les persécutions contre les chrétiens : « Leur appartenance religieuse ne leur donne pas automatiquement droit à une aide », aurait ainsi répondu un responsable du Bureau des migrations du ministère américain des Affaires étrangères, à l’évêque anglican Julian Dobbs, venu plaider la cause de chrétiens d’Irak demandant des visas. En février 2015, Barack Obama avait comparé le djihadisme aux croisades, suscitant un tollé au sein de la droite républicaine.

    Pour Lauric Henneton, maître de conférences de civilisation anglophone à l’université de Versailles Saint-Quentin, l’opinion américaine est également réticente à envoyer des troupes à l’étranger. « Pour tout ce qui touche à la Syrie, il y a le traumatisme de l’intervention en Irak. L’opinion est très opposée à une nouvelle intervention qui serait aventureuse, après plus de dix ans de guerres », explique-t-il.

    L’idée d’une opération militaire au Moyen-Orient contre l’État islamique est donc impensable, dans un pays désireux de se recentrer sur lui-même : « L’heure est au “nation building at home”. La politique étrangère passe au second plan quand il y a des affaires nationales qui occupent le terrain : en ce moment, le mariage gay, mais aussi et surtout la primaire républicaine », décrypte Lauric Henneton.

    L’attachement à Israël prioritaire

    Volubile sur leur christianisme, les républicains ne semblent cependant pas parler le même vocabulaire que celui des Églises du Moyen-Orient. Le Parti républicain se repose beaucoup sur une base électorale protestante évangélique dont le lien avec Israël se révèle très fort : « Cela est dû en grande partie à l’influence d’une théologie très particulière, le dispensationalisme, qui a émergé au XIXe siècle, minoritaire, mais qui rencontre un fort soutien populaire », estime Matthieu Sanders, pasteur franco-américain de l’Église évangélique baptiste de Paris-centre. « Cette école de pensée estime que, comme dans l’Ancien Testament, il existe aujourd’hui encore une alliance spécifique entre Dieu et le peuple d’Israël. Ceux qui pensent ainsi estiment que soutenir Israël – y compris en tant qu’État – est une marque de fidélité à Dieu. »

    Ce « sionisme chrétien » diffuse des positions farouchement hostiles à l’Iran et au régime syrien, ennemis d’Israël, alors qu’ils sont considérés comme des facteurs d’équilibre par nombre de chrétiens d’Orient, voire des défenseurs face à l’État islamique. La diaspora libanaise maronite aux États-Unis s’oppose donc aux candidats républicains sur Israël. Si les évangéliques américains sont sensibles aux persécutions religieuses au Moyen-Orient, « de là à s’identifier aux Palestiniens chrétiens et à se solidariser avec eux, il y a un pas que beaucoup ne parviennent pas à franchir », déplore Matthieu Sanders. Qui estime cependant que les jeunes générations prennent leur distance avec cette tradition. 

  • Est-il légitime de privilégier l'accueil des chrétiens d'Orient ?

    IMPRIMER

    Denis Sureau, sur son blog "Chrétiens dans la Cité", évoque la "préférence chrétienne" :

    Face à l’afflux d’une part des réfugiés venus de Syrie et d’Irak, et d’autre part des migrants dits économiques, un débat s’est engagé pour savoir s’il convenait d’opérer un tri. 

    Certains pays et, en France, certains maires, ont déclaré n’accepter que des réfugiés chrétiens. A supposer que cela soit concrètement possible, est-ce conforme à l'Evangile ? Pas pour Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi-France, qui refuse de privilégier l'accueil des chrétiens d'Orient (cf. La Croix, 12-13/9). On peut néanmoins s'interroger sur l'assimilation de la préférence à l'exclusion. Saint Paul écrivait aux Galates : « pratiquons le bien envers tous, mais surtout [maxime, en latin] à l’égard de nos compagnons de foi » (Ga 6,10). Cette brève formule n'est pas contraire à l'enseignement de Jésus car, comme l’a montré le grand exégète allemand Gerhard Lohfink, dans le Nouveau Testament, « l’amour entre les hommes désigne presque sans exception l’amour du compagnon dans la foi, donc l’amour des chrétiens entre eux » (L’Église que voulait Jésus, Cerf, 1985). L’amour fraternel (agapè) unit la communauté des baptisés. Cependant, cet amour n’est pas exclusif, puisque les chrétiens doivent aimer jusqu'à leurs ennemis, c’est-à-dire vouloir qu’ils connaissent eux aussi le bonheur éternel.

    Les Pères et Docteurs de l’Église ont développé ensuite une théologie de l’ordo caritatis : il y a un ordre de la charité. Selon saint Thomas d’Aquin, commentant le verset de saint Paul, « parce que nous ne sommes pas en mesure de faire du bien à tous », s’il faut exercer la miséricorde à l’égard de tous les hommes, unis par une même nature, ceux qui sont unis par la grâce et la foi doivent en être l’objet prioritaire. S'appuyant sur Aristote, il explique que « le principe de l’amour étant l’union et la ressemblance, nous devons aimer plus intensément et davantage ceux qui nous sont plus ressemblants et plus unis ». Dans sa Somme de théologie (II II, qu. 26), il justifie longuement l’inégalité de nos amours, qualifiant de « déraisonnable » la thèse selon laquelle tous les hommes doivent être aimés également. Le chrétien doit aimer davantage d’une part ceux qui sont les plus proches de Dieu, et d’autre part ceux qui lui sont concrètement les plus proches – et parmi ceux-ci, saint Thomas établit une hiérarchie subtile des dilections : par exemple, l’homme doit aimer son épouse plus que ses parents. La fraternité chrétienne ne se dissout donc pas dans une sorte d’humanitarisme égalitaire, abstrait, pour ne pas dire hypocrite. Que l’État séculier agisse comme il convient. Mais les chrétiens sont invités par l’Évangile à mettre en actes la préférence chrétienne.

  • Echos de l'Eglise en détresse

    IMPRIMER

    Parmi les dépêches de l'Agence Fides des derniers jours :

  • Les chrétiens irakiens devraient rester dans leur pays en évitant de chercher à convertir

    IMPRIMER

    Telle serait, d'après La Libre, la position des trois évêques belges partis en délégation en Irak :

    Les évêques belges estiment que les chrétiens doivent rester en Irak “sans désir de convertir” mais avec “la mission de servir ce pays”. C'est leur conclusion, lundi, au terme d'une visite de quatre jours dans le Kurdistan irakien. Guy Harpigny, évêque de Tournai, Jozef De Kesel, évêque de Bruges, et Léon Lemmens, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, étaient mandatés par la conférence épiscopale.

    C'était la première fois dans l'histoire de l'Eglise catholique belge qu'elle dépêchait une délégation à proximité immédiate d'un conflit militaire. Escortés par des peshmergas kurdes, ils ont notamment rendu visite au monastère syriaque orthodoxe de Mar Mattay, à six kilomètres de la ligne de front avec l'Etat islamique (Daech). Ses moines n'avaient pas vu de délégation étrangère depuis des années, à l'exception de leur patriarche basé à Damas.

    Le Kurdistan est une région autonome au nord-est de l'Irak qui héberge plus d'1,8 million de réfugiés ayant fui le conflit entre sunnites et chiites ou l'offensive de Daech il y a plus d'un an.

    Parmi ceux-ci, les chrétiens et les yézidis sont les plus vulnérables car ils ne peuvent aller nulle part ailleurs, ayant été chassés de leurs terres ancestrales. “Ou bien on crée des zones où ils peuvent vivre, ou bien il faut se préparer à accueillir des centaines de milliers de personnes”, avertit l'évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, Léon Lemmens, spécialiste des chrétiens d'Orient.

    “Ils ont besoin de paternité, de soutien et d'aide. Les chrétiens, mais aussi l'Occident et l'Europe doivent exercer cette paternité”, continue l'évêque. “Il faut rompre cette indifférence qui fait que le budget du Haut-commissariat aux Réfugiés de l'Onu (UNHCR) a été diminué de moitié. Evidemment, maintenant, on se réveille parce qu'ils viennent chez nous et parce qu'on a pas envie qu'ils viennent...”.

    Lors de leur voyage, les trois évêques ont été confrontés à des réfugiés chrétiens souhaitant partir à tout prix et à leurs responsables religieux qui tentent de préserver une présence dans ce pays. Rappelons que l'ancrage chrétien en Irak, entre le Tigre et l'Euphrate, date du premier siècle après Jésus-Christ quand les Assyriens ont adopté le christianisme. Il est antérieur à l'islam introduit lors de la conquête arabo-musulmane aux VIIè et VIIIè siècles.

    “Ce n'est pas à moi à dire ce qu'ils doivent faire”, dit Guy Harpigny. “Le patriarche chaldéen a ses priorités. Les parents ont d'autres soucis et pensent à l'avenir de leurs enfants. Mais ce serait une perte immense de multiculturalité de voir partir les chrétiens d'ici. L'idéal, à terme, serait que le Moyen-Orient adopte la séparation entre l'Eglise et l'Etat comme en Europe. Pour le moment, je crois qu'on peut s'inspirer de l'exemple des Dominicains à Bagdad qui n'ont plus mis de signes confessionnels dans leurs écoles, ouvertes à tous”. C'est l'avis également de Jozef De Kesel. “Il faut être présent dans ce pays, sans désir de convertir”, dit-il. “Plutôt que de parler de survie, parlons d'une mission: notre volonté n'est pas de conquérir mais d'être présent. Il est très important qu'il y ait un autre chemin vers Dieu. Il faut garantir cette diversité”.

    Les chrétiens ne seraient plus que 400 000 aujourd'hui en Irak contre un million en l'an 2000.

  • Trois évêques belges en mission de solidarité dans le nord de l'Irak

    IMPRIMER

    Communiqué de presse de la Conférence épiscopale de Belgique :

     

    Mission de Solidarité des évêques belges dans le nord de l’Irak

     

    Trois évêques belges séjourneront du 17 septembre au 21 septembre dans le nord de l’Irak pour une mission de solidarité. Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, Mgr Jozef De Kesel, évêque de Bruges et Mgr Leon Lemmens, évêque auxiliaire pour le Vicariat du Brabant flamand et Malines seront les hôtes de l’Église Catholique-Chaldéenne, entre autres responsable à Erbil et à Dohuk de l’accueil de milliers de réfugiés.

     

    “Nous ne pouvons pas abandonner les chrétiens du Proche-Orient à leur sort” disent les évêques. La présence de communautés chrétiennes y date du début de notre ère chrétienne. Durant plusieurs siècles, ces communautés ont pu professer leur religion en toute liberté mais ce modèle social semble actuellement sérieusement en péril. C’est la raison pour laquelle la Conférence épiscopale de Belgique a accepté l’invitation émanant du Patriarche des Chaldéens à Bagdad, Sa Sainteté Louis Raphaël I Sako, et de l’archevêque chaldéen d’Erbil, Mgr Bashar Matti Warda, à venir encourager sur place les chrétiens dans le nord de l’Irak ainsi que les nombreux réfugiés (chrétiens et autres), dont le sort les tracassent déjà depuis des mois.

     

    Les évêques belges informeront personnellement à Erbil, le Patriarche de l’Église Catholique-Chaldéenne de la solidarité matérielle concrète supplémentaire que l’Église belge veut proposer aux Églises sœurs au Moyen-Orient. Mais la solidarité chrétienne se matérialise aussi toujours par le biais de la rencontre et la prière conjointe.

     

    La communauté catholique est particulièrement active dans la région, entre autres par l’intermédiaire de la Fondation catholique de Droit Pontifical Kerk in Nood (Aide à l’Eglise en détresse) - qui a collaboré à l’organisation de ce voyage – et des organisations non-gouvernementales Caritas International et Jesuit Refugee Service. Les évêques visiteront entre autres des projets de ces trois organisations caritatives.

     

    La visite des évêques veut attirer l’attention des chrétiens et plus largement de toute l’opinion publique sur la pression importante exercée actuellement sur la diversité religieuse en Irak, en Syrie et dans d’autres pays de la région. “La perte de la diversité religieuse au Moyen-Orient ne serait pas seulement dramatique pour les chrétiens mais pour toute l’humanité” affirment d’ailleurs aussi les évêques locaux.

     

    Au retour de leur mission de solidarité, les évêques partageront leur expérience dans le nord de l’Irak avec les fidèles, et en particulier avec les différentes communautés de chrétiens d’Orient en Belgique.

     

    Personnes de contact :

    - En Belgique : Tommy Scholtes sJ., E-mail : tommy.scholtes@skynet.be, Gsm : 0475 670 427

    - En Irak : Benoit Lannoo, E-mail :benoit.lannoo@hotmail.com, Gsm : +32 476 76 19 43

     

    SIPI – Bruxelles, mercredi 16 septembre 2015

  • Face aux migrants, quelle doit être l’attitude des chrétiens ? Dialogue entre Mgr Rey et Rémi Brague

    IMPRIMER

    monseigneur-rey-eveque-de-frejus-toulon-et-remi-brague_article.jpgLa crise des migrants que connaît l’Europe renvoie les chrétiens aux racines bibliques de leur foi et à la construction même de l’Occident. Pour sortir du débat actuel par le haut, la foi et l’annonce leur seront d’une précieuse aide. Regards croisés de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et du philosophe Rémi Brague. Un article de Samuel Pruvot dans « Famille chrétienne » :

    Mgr Dominique Rey : Quand on voit ces barques fragiles ballottées par les vagues de la Méditerranée, comment ne pas penser aux origines du peuple de Dieu ? L’histoire du salut est façonnée par l’exil. Adam et Ève ont été chassés de l’Éden. Abraham quitta Ur pour se rendre à Canaan sur une route semée d’arrêts, d’embûches et d’épreuves. Le destin d’Israël est marqué par l’exil de tout un peuple à Babylone et en Égypte. Dans la douleur, les Juifs entretiennent le souvenir heureux de Jérusalem : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion » (ps 137). C’est la Terre promise qui met en marche le peuple d’Israël.

    À nous chrétiens, il rappelle qu’à l’image de Jésus-Christ qui prêchait la Bonne Nouvelle de ville en ville, nous cheminons sur terre vers le Ciel. Notre vie nomade est un pèlerinage terrestre qui s’achèvera pour retrouver le Créateur. En marchant, nous nous déracinons pour mieux nous enraciner en Dieu. Nous marchons avec Dieu, vers Dieu. C’est à tout cela que font écho les cohortes de réfugiés qui quittent le Proche-Orient pour gagner l’Europe.

    Rémi Brague : La Bible rappelle effectivement au peuple installé sur sa terre qu’il fut lui aussi nomade. En conséquence, il devra comprendre ce qu’éprouve un étranger coupé de son sol et forcé à vivre dans un milieu nouveau. C’est pourquoi le souvenir de la captivité en Égypte est sans cesse ravivé.

    Ceci dit, la Bible éclaire notre expérience actuelle, mais c’est indirectement. Ne faisons pas comme les fondamentalistes musulmans ou protestants du « Bible Belt » américain. On ne peut pas appliquer tels quels aux Français les préceptes de la Bible. Nous ne sommes pas le peuple élu. Nous ne sommes rien de plus qu’une « nation du monde », dont certains membres sont baptisés, et de la sorte greffés sur Israël, qui est et reste le seul peuple élu. Parmi les baptisés, un certain nombre prend au sérieux les conséquences de son baptême. Cette nation s’est formée en une entité politique sous l’autorité d’un État qui prend en charge tous les citoyens, chrétiens ou non.

    La naissance de l’Occident chrétien n’est-elle pas le fruit de vagues successives de migrants qui ont trouvé une nouvelle identité via l’Église ?

    Rémi Brague : À partir du IIIe siècle, l’Empire romain a laissé entrer, d’abord avec l’accord des autorités, puis malgré elles, des populations venues de l’Est, de ce qu’on appelait alors la Germanie. C’est ce qu’on appelle, d’un terme péjoratif, les « invasions barbares ». Les historiens ont actuellement tendance à réviser à la baisse les estimations sur le nombre de ces nouveaux venus. Il n’y a jamais eu de submersion.

    Lire la suite

  • Moyen-Orient : le salut viendra-t-il de la Russie ?

    IMPRIMER

    223046vladimir.jpgPour le site « aleteia », Olivier Hanne, islamologue, professeur aux Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan, décrypte en exclusivité pour Aleteia la ligne géopolitique de Vladimir Poutine :

    « Dans l’imbroglio qui a permis, en 2013-2014, l’essor de l’État islamique, la Russie de Vladimir Poutine est l’un des rares pays à avoir toujours maintenu sa ligne géopolitique, qui se résume à deux principes : Bachar el-Assad représente le gouvernement légitime de Syrie ; la seule réponse au terrorisme est la force. En Syrie, les Russes avaient averti dès 2011 les Occidentaux de ne pas armer les « rebelles modérés ». Refroidis par le précédent libyen, qui s’est terminé de façon catastrophique pour la sécurité de l’Afrique, les Russes ont empêché en 2013 à l’Onu la France et les États-Unis d’obtenir l’autorisation de bombarder le régime syrien.

    La collaboration active entre Moscou et Damas remonte à la Guerre froide, lorsque Hafez el-Assad, père du Président actuel, s’était rangé aux côtés des Soviétiques contre Israël et les États-Unis. Ces liens étroits, particulièrement dans le domaine militaire et économique, n’ont jamais été démentis. Au contraire, les Syriens ont même ouvert à la flotte russe le port de Tartous. Plus récemment, la Russie a équipé la Syrie en batteries anti-aériennes, en chars et en missiles sol-air, qui empêchent tout déploiement aérien de la coalition contre le régime. La présence des forces spéciales russes en Irak et en Syrie est un fait avéré depuis plusieurs mois. Dès les années 1960-1970, des conseillers militaires russes intervenaient auprès de l’armée syrienne, et notamment avec les supplétifs bédouins, si bien que dans de nombreux villages du désert syrien des femmes russes ont épousé des locaux.

    Comment expliquer l’engagement accru de la Russie en faveur d’Assad ? La lutte russe contre le terrorisme se justifie par les nombreux attentats survenus dans la Fédération depuis les deux guerres en Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000). De petits émirats djihadistes se sont constitués dans la région du Caucase et menaceraient le pays. Ces organisations seraient fédérées dans un émirat du Caucase, responsable des attentats du métro et de l’aéroport Domodedovo de Moscou. Plusieurs centaines de Caucasiens se battent depuis 2013 comme djihadistes de Daesh. En  septembre 2014, une vidéo tournée depuis la base aérienne de Taqba, en Syrie, appelait à la « libération du Caucase et la promotion du djihad ». Les images mettaient en évidence la prise de matériels russes livrés à Bachar. On ne peut s’empêcher de penser que Vladimir Poutine marche sur les traces du tsar Alexandre II, qui vint en aide aux chrétiens bulgares opprimés par l’Empire ottoman en déclenchant la guerre contre la Sublime Porte (1877-1878). Le rêve d’une Russie protectrice des chrétiens en terre d’islam n’est peut-être pas mort…

    Enfin, Moscou, qui ne croit pas à une action aérienne sans appui terrestre, continue de soutenir une seule solution : le retour en grâce de Bachar el-Assad pour faire face au djihadisme. Pour cela, la Russie a longtemps préféré l’envoi sur place de troupes sans uniforme, mi-mercenaires mi-volontaires. Au printemps, après un temps d’hésitation face aux brutalités de Bachar el-Assad (on parlait même d’un départ des diplomates russes de Syrie), Vladimir Poutine s’est fermement relancé dans le soutien au régime syrien, dont les défaites accumulées depuis avril 2015 sont devenues inquiétantes pour la survie des minorités et celle du régime. Si la forces terrestres russes deviennent significatives (au moins 10 000 hommes), la guerre contre Daesh peut se retourner. »

    Ref. Analyse. La Russie au secours de Bachar el-Assad

    JPSC

  • Le cri du patriarche Gregorios III : « Restez en Syrie ! »

    IMPRIMER

    Le patriarche grec-melkite catholique Gregorios III résidant à Damas s’alarme du "tsunami" de l’émigration des jeunes et leur demande de rester. Lu sur le site « aleteia », sous la plume de Sylvain Dorient :

     000_nic6276691-c2a9-louai-beshara-afp.jpg« La vague presque générale d’émigration des jeunes, en particulier de Syrie, mais aussi du Liban et d’Irak, me brise le cœur, me blesse profondément et me porte un coup fatal. Compte tenu de ce tsunami d’émigration, (…) quel avenir reste-t-il à l’Église ? Qu’adviendra-t-il de notre patrie ? Qu’adviendra-t-il de nos paroisses et de nos institutions ? » La lettre du patriarche Grégorios III parvenue à l’Aide à l’Église en détresse (AED) ne fait pas l’impasse sur les difficultés que connaissent les chrétiens d’Orient, mais leur demande avec insistance de ne pas abandonner des paroisses déjà durement touchées.

    450 000 chrétiens déplacés

    Sur 1 170 000 chrétiens qui vivaient en Syrie avant la guerre, une « estimation prudente » de l’AED compte 450 000 déplacés intérieurs ou extérieurs. Pour convaincre les chrétiens de rester, le patriarche s’appuie sur l’histoire tumultueuse des chrétiens de cette région, qui ont connu des périodes de persécutions massives sans jamais disparaître : « Nos ancêtres ont subi de grandes difficultés, mais ils ont été patients, c’est pourquoi l’Église s’est maintenue, le christianisme a perduré et le nombre de chrétiens a même augmenté après 1860 ».

    La Syrie et l’Irak, terres d’asile des chrétiens

    L’ancien président de l’AED, Didier Rance, rappelle qu’un habitant sur trois de l’Empire ottoman de 1900 était chrétien, dans son ouvrage Chrétiens du Moyen-Orient(éditions bibliothèque de l’AED). Devant la terreur turque, les chrétiens se sont réfugiés au nord de l’Irak, notamment dans la plaine de Mossoul et en Syrie. À présent que la Syrie et l’Irak ne sont plus des refuges sûrs, certains tentent de revenir en Turquie, où il ne restait presque aucun chrétien (Aleteia). Beaucoup songent à émigrer en Occident, accablés par la succession de malheurs qui frappent leur peuple. Un mouvement facile à comprendre, mais fatal à leur identité.

    C’est l’âme des chrétiens d’Orient qui est en jeu

    Or, l’émigration met gravement en danger leur culture. D’abord parce que leurs édifices et leurs livres sont promis aux autodafés des islamistes radicaux (Aleteia). Ensuite parce que l’émigration s’accompagne le plus souvent de la dispersion des familles au sens large, et ce sont elles qui structurent la société. Didier Rance explique que pour ces chrétiens « la famille restreinte n’existe pas. Quand un chrétien parle de sa famille, c’est toujours de la famille élargie, de la parenté qu’il s’agit ». C’est par elle que se transmet le respect de la tradition, des « anciens », ces personnes âgées qui sont tenues pour des piliers de sagesse et de protection. Ils sont tenus pour indispensable. Un proverbe libanais dit : « Que celui qui n’a pas un ‘ancien’ s’en achète un ».

    Le clergé en première ligne contre l’émigration

    Les clergés irakiens et syriens sont les premiers opposants au mouvement d’émigration de leurs paroissiens. Ils sont souvent les derniers à partir, comme le père Pius Affas, à Mossoul, ou le père Yeghiche Elias Janji, à Alep. Ils tentent par tous les moyens de maintenir la vie de leur paroisse. Ils sont aussi les premiers à revenir : à Maaloula, ville syrienne conquise par les djihadistes puis reconquise par l’armée syrienne, les chrétiens exilés ont attendu que leurs prêtres réintègrent leur ville pour s’y réinstaller à leur tour. »

    Ref. Le cri du patriarche Gregorios III : « Restez en Syrie ! »

    JPSC

  • Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    IMPRIMER

    HNoyQ.jpgDans un communiqué en date du 10 septembre 2015, Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, aborde la question de la crise migratoire sous le prisme de la justice et de la charité, deux vertus indissociables. Une réflexion lue sur le site de son diocèse mais a une vocation emblématique  pour nous tous : 

    1. L’appel du Pape François :

    Après la prière de l’Angélus du dimanche 6 septembre, le Pape François a évoqué le drame « des dizaines de milliers de réfugiés fuyant la mort, à cause de la guerre et de la faim, et qui sont en marche vers une espérance de vie » ; et il a appelé les paroisses, les communautés religieuses, les monastères et les sanctuaires de toute l’Europe « à manifester l’aspect concret de l’Evangile et à accueillir une famille de réfugiés ». Il a demandé à ses frères évêques d’Europe, que dans leurs diocèses « ils soutiennent son appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : ‘Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’ » (Mt 25,40).

    Je sais la générosité des fidèles de mon diocèse et je veux remercier ici les familles, souvent dans le cadre de leurs paroisses, qui accueillent déjà des réfugiés en provenance d’Irak et de Syrie et manifestent ainsi une vraie solidarité concrète envers les chrétiens d’Orient persécutés pour leur foi.

    Grâce à l’annonce faite par le gouvernement français, il y a un peu plus d’un an, d’ouvrir toutes grandes les portes de notre pays à ces chrétiens et autres minorités religieuses, expulsés par l’Etat Islamique de leurs villes de Mossoul et de la plaine de Ninive, sous menace de conversion à l’Islam ou de mort, ils se sont conformés aux règles administratives en vigueur en déposant leurs demandes de visa auprès des consulats de France. Force est de constater que les visas sont délivrés par Paris au compte-gouttes et qu’il s’agit, pour les plus chanceux d’entre eux, d’un parcours du combattant des plus éprouvants. Comme j’ai pu le constater en visitant ces réfugiés à Erbil, en octobre dernier, les moyens en personnels mis à la disposition des Consulats pour traiter ces dossiers manquent souvent cruellement, malgré la très bonne volonté des consuls et de leurs collaborateurs. Beaucoup de ceux qui répondent aux critères retenus – déplacement de Mossoul et de la plaine de Ninive l’an dernier et attestation d’une famille d’accueil en France – se découragent et prennent le chemin de l’exil vers le Liban, la Jordanie ou la Turquie… Aussi, qu’en est-il aujourd’hui du généreux effet d’annonce qui avait suscité tant d’espoir ?

    Tout en partageant la compassion causée par ces files de migrants jetées sur les mers et les routes, on ne peut s’empêcher de comparer le traitement concret qui est réservé aux réfugiés de Mossoul et de la plaine de Ninive, avec la volonté d’accueil universel affichée aujourd’hui à l’endroit des migrants qui forcent, souvent malgré eux, le passage !

    Dans son appel du 6 septembre, le Pape François se situe dans le registre du précepte évangélique de la charité, en se référant explicitement à la parabole du Jugement dernier : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire … j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25). On reconnaît ici ce que la tradition de l’Eglise appelle les œuvres corporelles de miséricorde. Jésus n’a pas l’intention ici de promouvoir un programme politique qui s’imposerait tel quel aux Etats, mais exhorte les fidèles à l’exercice de la charité dans une situation concrète. Comme l’écrivait le Pape Benoît XVI dans son encyclique Dieu est amour : « La charité chrétienne est avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate » (n. 31). C’est que l’appel du Pape François ne saurait se réduire à une incantation in abstracto : « l’Evangile nous appelle, affirme-t-il, nous demande d’être ‘proches’ des plus petits et des laissés-pour-compte. De leur donner une espérance concrète. Leur dire « courage, patience !... » ne suffit pas » (Angelus du 6 septembre).

    On notera en effet qu’ici, le Pape ne s’adresse pas aux Etats et se garde bien de préconiser des solutions politiques au problème des migrants, comme il l’avait fait par contre en interpellant avec vivacité la Communauté internationale pour venir au secours des chrétiens et autres minorités religieuses d’Orient persécutés. Il évite de poser un jugement sur des gouvernements pris de cours par l’ampleur soudaine du problème.

    Le Pape demande aux paroisses catholiques d’Europe d’accueillir une famille de réfugiés « fuyant la mort, à cause de la guerre ou de la faim ». Dans un discours circonstancié, il ne parle pas des « migrants » en général mais des « réfugiés ». Certes il ne précise pas comment discerner s’il s’agit effectivement de réfugiés, même si son propos le suggère. Il ne dit rien non plus sur le caractère temporaire qui s’impose à un accueil concret qui nécessitera, en lien avec des organismes ad hoc, une inscription dans la durée : papiers administratifs, logement, apprentissage de la langue, travail, ce qui s’avère un nouveau parcours du combattant des plus difficiles.

    De même, l’accueil des étrangers, en particulier ceux qui ne sont pas chrétiens, ne nous dispense pas, sans prosélytisme et dans le respect de la liberté, de leur partager le trésor de la foi (cf. Règle de Saint Benoît à propos de l’hospitalité ; Instruction du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Erga migrantes Caritas Christi, du 3 mai 2004, nn. 59-68).

    Nous ne pouvons donc pas rester insensibles à l’appel du Saint-Père et nous continuerons à accueillir les réfugiés d’Irak et de Syrie, en lien avec l’association chaldéenne de Pau. L’Oeuvre d’Orient, se tient à la disposition des diocèses, des paroisses et des familles qui souhaitent répondre positivement à l’appel du Pape pour accueillir unefamille de réfugiés (contact@oeuvre-orient.fr)

    2. Pour aller plus loin

    Il n’est pas interdit pour autant d’aller plus avant dans la réflexion et de se poser la question politique, non plus seulement de la charité, mais de la justice, en évitant de se laisser submerger par une vague d’émotion, suscitée par des images savamment diffusées par les médias au nom d’un moralisme culpabilisateur et manquant passablement de recul. D’aucuns ont souligné la différence de traitement qui a été faite entre la photo, il est vrai insupportable, du petit Aylan, qui a défrayé bien légitimement la chronique, et celle des 21 coptes égyptiens décapités par l’Etat Islamique en haine de la foi ! On ne gouverne pas avec des émotions, qui conduisent tout droit au risque du despotisme, qu’il soit celui des idées – la « pensée unique », qui peut être source de culpabilisation – ou qu’il soit celui des décisions précipitées et irréfléchies.

    L’accueil exprimé par l’Allemagne, à grands renforts de campagnes médiatiques, pour généreux qu’il soit, pourrait cacher des intentions moins altruistes qu’il n’y paraît : l’Economie-locomotive de l’Europe n’a-t-elle pas un besoin urgent de main d’œuvre pour faire fonctionner ses usines et ses entreprises, en raison du cruel déficit démographique ? Cet accueil largement relayé, pour donner un espoir légitime à tant de migrants en situation de détresse, pourrait avoir pour effet pervers d’encourager de nouveaux migrants à prendre des risques disproportionnés, en se jetant corps et âmes entre les mains de passeurs sans scrupules, qui exploitent cette vague migratoire à des fins mercantiles et parfois même de conquête idéologique inavouable.

    En corollaire de l’appel à la charité concrète faite par le Pape François, il me semble que de graves questions d’ordre politique s’imposent, pour que la vague d’émotion et l’authentique générosité suscitées par ce drame ne manquent pas d’un éclairage nécessaire.

    1. Les Etats occidentaux ne devraient-ils pas reconnaître, dans un beau geste de repentance, leurs erreurs de ces dernières années, en intervenant dans plusieurs pays et en y provoquant plus ou moins directement le chaos qui règne aujourd’hui dans ces pays (Irak, Libye, Syrie…) ?

    N’est-il est pas permis de douter de l’entière générosité des motifs avancés alors pour justifier ces interventions désastreuses : faire avancer la cause de la démocratie et des droits de l’homme, certes en s’attaquant à des Régimes forts, mais pour défendre des intérêts économiques, stratégiques, géopolitiques occidentaux, dans une région où les richesses pétrolières sont convoitées…

    2. Quels moyens sont mis en place pour lutter efficacement contre les passeurs ?

    3. Quelles résolutions de la Communauté internationale, quelle voie diplomatique sont mises en œuvre pour permettre aux migrants de demeurer chez eux ?

    Dans son message du 12 octobre 2012 pour la journée mondiale des migrants de 2013, le pape émérite Benoît XVI soulignait en effet qu'"avant même le droit d'émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c'est-à-dire d'être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que le droit primordial de l'homme est de vivre dans sa patrie". C'est donc à juste titre que la déclaration du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France du 7 septembre 2015 souligne "l'importance de se préoccuper des causes de ces migrations. La communauté internationale, l'Europe, les gouvernements, ne peuvent ignorer la situation politique et économique des pays d'origine ou encore le rôle des filières qui exploitent la misère humaine".

    4. Quelle solution concrète pour secourir les chrétiens d’Orient et autres minorités religieuses, et nourrir leur espérance de recouvrer leurs maisons et leurs terres, injustement confisquées ?

    Une bonne part de la réponse à ces questions passe par la volonté de stopper l’avancée de l’Etat Islamique et de détruire cette organisation. Ce qui supposerait une coalition associant les Pays occidentaux et les pays arabes, la Russie et l’Iran, et qui ne semble pas pouvoir faire l’économie d’une opération terrestre.

    5. Enfin quelle politique mettre en œuvre en Europe pour répondre à cette vague migratoire sans précédent et qui ne saurait être déconnectée de la résolution des questions ci-dessus ?

    La Doctrine Sociale de l’Eglise ne dénie pas aux Etats la légitimité à réguler les flux migratoires au nom du Bien commun d’une nation, tout en réaffirmant le principe absolu du respect dû à la dignité de toute personne humaine.

    C'est ainsi que le Catéchisme de l'Eglise catholique affirme que "les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir autant que faire se peut l'étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine" mais rappelle que "les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l'exercice du droit d'immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l'égard du pays d'adoption" tout en précisant qu'en tout état de cause, "l'immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d'accueil, d'obéir à ses lois et de contribuer à ses charges" (CEC n° 2241).

    Régulation des flux migratoires et accueil des réfugiés, justice et charité, ne sont pas inconciliables. Ils sont même inséparables.

    Quelle grande voix portera ces questions cruciales sans lesquelles on ne parviendra pas à endiguer les drames humanitaires et civilisationnels qui se préparent ? 

    + Marc Aillet  Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron
    10 septembre 2015

    Ref. Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    JPSC

  • Une conférence sur le Moyen-Orient ? Pour quoi faire ?

    IMPRIMER

    logo-AED.gifLe directeur (France) de l’ AED (Aide à l’Eglise en Détresse), Marc Fromager, de retour de Syrie, s'interroge sur la pertinence de la position française sur la guerre que traverse un pays en proie à l'Etat islamique. Les gesticulations du président Hollande  (survol de Daesch par des avions militaires français, grande conférence internationale à Paris) ont-elle, en effet, quelque chose à voir avec la réalité de terrain ? Lu sur  le site « Figarovox » :

    « Je rentre de Syrie. Ce pays, qui fut merveilleux, le demeure un peu en dépit de plus de quatre années de guerre acharnée. Cette guerre, que l'on persiste à nous décrire comme étant civile, oppose l'Etat syrien à un conglomérat de milices djihadistes, pour la plupart composées d'étrangers (tchétchènes, soudanais, algériens, français, …) et largement financées par des pays étrangers.

    230 000 morts et 12 millions de déplacés plus tard, le pays est coupé en deux: l'est, principalement désertique, occupé par l'Etat islamique et l'ouest, encore ou à nouveau sous contrôle de l'Etat. A Homs, Yabroud ou Maaloula, villes «libérées» de la présence des «rebelles», la vie revient petit à petit après des destructions de grande ampleur. Aujourd'hui, cette partie du pays est en train de se reconstruire!

    Très majoritairement, la population syrienne n'aspire qu'à la fin des combats et donc à la défaite des djihadistes. Entre un Etat pérenne et le chaos irakien ou libyen où les milices islamistes se gavent sur les décombres d'un pays failli, le choix paraît en réalité assez simple.

    Toutes les communautés ont souffert pendant cette guerre et les chrétiens n'ont pas été épargnés. Il suffit de voir par exemple avec quelle rage les djihadistes ont mutilé les icônes dans les églises en détruisant systématiquement les yeux, comme s'ils ne voulaient pas être observés dans leur haine destructrice. J'ai rencontré la famille de Sarkis, Michel et Antoine, trois chrétiens de Maaloula, assassinés devant leur famille pour n'avoir pas voulu se convertir à l'islam.

    Plus de 40% des chrétiens ont déjà fui le pays mais si la guerre prenait fin, un certain nombre pourrait revenir. Les chrétiens y ont conservé une plus grande espérance que leurs frères irakiens sur lesquels les épreuves se sont appesanties depuis encore plus longtemps.

    Sur place, certains s'attendent à une amélioration de la situation avant la fin de l'année. Les cartes sont en train d'être redistribuées, les Russes et les Américains se seraient mis d'accord et le pays, peut-être, parviendrait à survivre à une destruction programmée. Pragmatiques, les Américains se rendent compte que l'opération est en train d'échouer et comme ils souhaitent maintenant se rapprocher de l'Iran, soutien de la Syrie, le panorama moyen-oriental est brusquement en train d'évoluer.

    Dans ce contexte, seule la France persiste ouvertement à réclamer l'élimination de Bachar el-Assad, ce qui démontre soit un entêtement totalement déconnecté de la réalité du terrain, soit une capitulation effective devant les intérêts de la péninsule arabique qui, elle, poursuit son rêve de renverser le régime syrien pour des raisons à la fois politiques et énergétiques.

    Nous sommes aujourd'hui plongés dans une guerre entre sunnites et chiites qui n'est pas réellement une dispute doctrinale mais bien plus une lutte entre l'Arabie saoudite et l'Iran pour la suprématie régionale. Pour briser l'arc chiite (Iran, Irak - majorité de chiites), Syrie (les alaouites au pouvoir) et Liban (Hezbollah) qui le menace, l'Arabie saoudite cible le «maillon faible», à savoir la Syrie dont la majeure partie de la population est sunnite.

    A cela se rajoute des considérations énergétiques avec un projet de gazoduc qatari contrarié qui devait passer par la Syrie pour alimenter l'Europe via la Turquie. Le refus syrien (pour ne pas nuire à son allié russe - dont l'Europe est très dépendante pour le gaz) aura été un des déclencheurs de cette guerre. Dans les deux cas, il fallait donc se débarrasser de Bachar el-Assad, d'où le soutien des milices, Etat islamique compris. »

    Veut-on vraiment en finir avec l'État Islamique? Si on voulait résoudre le problème, il faudrait exiger de la péninsule arabique, de la Turquie et de l'Occident qu'ils cessent de soutenir les djihadistes rassemblés dans le nord-est syrien et réunir autour de la table tous les acteurs de cette crise, y compris les Iraniens, les Russes et l'Etat syrien. Comme rien de tout cela n'est fait, la guerre devrait continuer, nos djihadistes vont continuer à y aller et en revenir, les chrétiens vont continuer à disparaître et l'ensemble de la population locale va continuer à souffrir!

    Alors, pourquoi une conférence sur le Moyen-Orient à Paris? Eh bien, on se le demande. La première image qui vient à l'esprit est celle de Dalida: «encore des mots, toujours des mots…» La France voudrait conserver un rôle dans cette région du monde mais force est de constater que sa diplomatie, autrefois diplomatique et dorénavant âprement partisane, aura du mal à se faire respecter. L'art ne consiste pas à exagérément choisir (ou se soumettre) aux sunnites contre les chiites ou aux américains contre les russes.

    Pour le moment, cela nous permet de vendre des armes à la péninsule arabique mais qu'en est-il de la sécurité du territoire national? La poursuite de cette stratégie du chaos au Moyen-Orient ne fait que rapprocher le cyclone de nos rives. »

    Ref. une conférence sur le Moyen-Orient ? Pour quoi faire 

    A noter:

    Aide à l’Église en Détresse-Belgique asbl
    Abdij van Park 5
    B-3001 Leuven
    horaires: 08h00 -16h00

    tel:+32 (0)16 39 50 50
    fax:+32 (0)16 39 50 60
    email:info@egliseendetresse.be ou info@egliseendetresse.lu 

     JPSC