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Politique - Page 365

  • Macron : « Le lien entre l’Église et l'État s'est abîmé, il nous incombe de le réparer. »

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    De Denis Sureau sur son blog "Chrétiens dans la Cité" :

    Macron veut réparer le lien entre l'Eglise et l'Etat

    Le discours du président de la République aux 400 personnalités du monde catholique réunies aux Bernardins était très attendu. Emmanuel Macron, avec un art oratoire ne refusant pas un certain lyrisme, s'est livré à un exercice de charme de nature à énerver les militants du laïcisme.

    De fait, les réactions n'ont pas manqué : Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un « délire métaphysique. Insupportable. On attend un président, on entend un sous-curé ». Les dirigeants socialistes d'hier et d'aujourd'hui – Benoît Hamon, Manuel Valls, Olivier Faure – ont emboîté le pas. Condamnant une « violation de nos principes républicains », le Grand Orient a déclaré : « Garant du caractère indivisible, laïque, démocratique et social de notre République, le président Macron vient par ses déclarations devant les évêques de porter une grave atteinte à la la laïcité. »

    C'est surtout le premier élément du discours d'Emmanuel Macron qui a suscité cette ire : « Le lien entre l’Église et l'État s'est abîmé, il nous incombe de le réparer. » Défendant un « dialogue en vérité », il a ajouté : « si je devais résumer mon point de vue, je dirais qu’une Église prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ; et qu’un président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir. »

    Citant l'exemple du colonel Beltrame, le président a expliqué : « les liens les plus indestructibles entre la nation française et le catholicisme se sont forgés dans ces moments où est vérifiée la valeur réelle des hommes et des femmes...Oui, la France a été fortifiée par l’engagement des catholiques. ». L'appel à cet engagement politique des chrétiens dans la cité fut l'un des thèmes dominants de ce discours. Sans contradiction avec une  laïcité qui « n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens. Je suis, comme chef de l’État, garant de la liberté de croire et de ne pas croire, mais je ne suis ni l’inventeur ni le promoteur d’une religion d’État substituant à la transcendance divine un credo républicain.»

    Revenant sur le débat concernant les racines chrétiennes de l’Europe, il a déclaré : « cette dénomination a été écartée par les parlementaires européens. Mais après tout, l’évidence historique se passe parfois de symboles. Et surtout, ce ne sont pas les racines qui nous importent, car elles peuvent aussi bien être mortes. Ce qui importe, c’est la sève. Et je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation. » 

    Répondant aux deux interrogations précédemment citées par Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, – la bioéthique et les migrants –, Macron a tenté de faire comprendre que les décisions politiques, procédant d'un « humanisme réaliste », ne coïncideront pas avec les attentes de l’Église. Il affirme écouter sa voix avec «  intérêt, avec respect et même nous pouvons faire nôtres nombre de ses points. Mais cette voix de l’Église, nous savons au fond vous et moi qu’elle ne peut être injonctive. Parce qu’elle est faite de l’humilité de ceux qui pétrissent le temporel. Elle ne peut dès lors être que questionnante. »Et de conclure : « il nous faudra vivre cahin-caha avec votre côté intempestif et la nécessité que j’aurais d’être dans le temps du pays. Et c’est ce déséquilibre constant qui nous fera ensemble cheminer. »   

  • Paris : Emmanuel Macron a rencontré l’Église catholique au Collège des Bernardins (lundi soir, 9 avril)

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    Après une rénovation complète achevée en septembre 2008, le collège des Bernardins (XIIIe siècle) est aujourd’hui un lieu de rencontres, de dialogues, de formation et de culture proposant une programmation riche de conférences et colloques, d’expositions, de concerts, d’activités pour le jeune public ainsi qu’un centre de formation théologique et biblique. Depuis 2009, il abrite l'Académie catholique de France.

    Organisée par la Conférence des évêques de France (CEF), une grande soirée inédite s’y est tenue ce lundi 9 avril au soir, en présence du président de la République et de 400 invités. Après trois témoignages émouvants illustrant en binôme la plus grande des trois vertus théologales et le discours Mgr Pontier, Président de la CEF, on a pu entendre, en retour, celui du Président de la République consacré à la place du catholicisme dans la vie politique et sociale de la France. Nous y reviendrons. Voici l’enregistrement video de cette soirée (JPSC) :

  • Une Europe qui renie ses racines et qui a honte d’être ce qu’elle est

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    Lu sur Atlantico.fr :

    Chantal Delsol : “Cette Europe qui renie ses racines pour ne pas déplaire à ses nouveaux hôtes déplairait certainement à ses pères fondateurs”

    Dans son manifeste intitulé "La déclaration de Paris", signée par une douzaine d'intellectuels européens, la philosophe Chantal Delsol nous livre sa vision de l'Europe, aujourd'hui en proie à un choc des civilisations et à la mondialisation.

    "L'Europe nous appartient et nous appartenons à l'Europe". Ainsi commence votre manifeste, "La déclaration de Paris", signée par douze intellectuels européens, manifeste pour une Europe dans laquelle vous pourriez "croire", une Europe charnelle, incarnée, enracinée qui s'oppose à l'Europe telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'Europe, au-delà de réalités géographiques, économiques ou géopolitiques est-elle donc avant tout un projet ? Quel rapport entretient votre projet pour l'Europe par rapport à celui prévu par ses pères fondateurs ?

    Je ne pense pas que les pères fondateurs avaient prévu cela : une Europe qui renie ses racines pour ne pas déplaire à ses hôtes, et qui a honte d’être ce qu’elle est. Les pères fondateurs, ceux du début, étaient d’opinions diverses, mais leur Europe était ancrée dans sa culture et son histoire, ce n’était pas une machinerie administrative activée par une méritocratie.

    En septembre dernier, Emmanuel Macron avait donné un discours sur l'Europe à la Sorbonne dans lequel il déclarait qu'il fallait "retrouver l'ambition" du projet européen, assumer un "sursaut des consciences [...] au moment où cet obscurantisme" se libère en Europe". Que dit pour vous ce retour d'une vraie défense du projet européen sur notre scène politique au même moment où sa contestation est de plus en plus visible partout en Europe (en Italie dernièrement, par exemple) ? Emmanuel Macron dit ce qu’il faut dire. C’est du théâtre ! Les mots sont parfaits. Il n’y a rien derrière.

    L'Europe ne saurait être guidée par un dogme "multiculturaliste", responsable selon vous de son délitement actuel. Aujourd'hui, elle doit faire avec l'Islam. Quelle place y a-t-il pour l'Islam dans cette Europe en laquelle vous croyez ?

    Il y a la place d’un hôte qu’on accueille quand il arrive en situation de détresse, par hospitalité, et auquel on demande de respecter nos lois et coutumes, comme c’est normal. C’est parce que nous n’exigeons rien à cet égard que nous laissons croitre dangereusement la xénophobie. La question de l’accueil des immigrés est une question tragique, parce qu’elle met en jeu deux valeurs essentielles qui se contredisent : l’hospitalité, et la sauvegarde de la culture d’accueil. Quand une question tragique se pose, seule la conscience personnelle fait face et doit répondre – ici, chaque pays européen donne en conscience sa propre réponse. J’estime qu’on n’a pas le droit de décréter des quotas d’immigrés que chacun doit recevoir, et ensuite de jeter le discrédit moral sur ceux qui n’auraient pas fait assez bien. Les Allemands ont le droit de nier la valeur de la sauvegarde de la culture d’accueil, et de ne tenir compte que de la valeur d’hospitalité. C’est leur pays, c’est leur décision. Mais personne n’a le droit de décerner des notes de morale ici ou là, ni de prétendre, ce qui est tout à fait faux, que seule la valeur essentielle de l’hospitalité est en cause dans cette affaire. 

    Vous affirmez dans votre essai que le multiculturalisme est l'apanage des empires, alors que vous défendez l'Etat-nation comme forme la "marque de fabrique de l'Europe". Mais comment brise-t-on l'emprise d'un "imperium" américain, techniciste, "ultra-libéral" ? La seule solution pour lutter contre un empire n'est-elle pas sa dissolution, comme l'a bien souvent montrée l'Histoire ?

    On ne peut pas comparer l’empire américain aux grands empires historiques ! C’est un empire au sens dérivé. Le multiculturalisme appartient surtout à la culture anglo-saxonne. La France a une autre vision des choses. Si nous acceptons le multiculturalisme en France (ce que nous sommes en train de faire non par conviction mais par simple lâcheté), alors il faudra revoir tout ce qui fait la France, par exemple l’école républicaine.

    Vous insistez beaucoup sur les racines spirituelles chrétiennes et les racines intellectuelles classiques de l'Europe. Comment redonner du sens à ces racines dans une Europe de plus en plus déchristianisée et où l'athéisme progresse fortement (64% des 19-24 ans en France se déclare athée) et où la culture gréco-latine est culturellement supplantée par la culture de masse américaine ?

    Ce n’est pas parce que l’Europe est déchristianisée que sa culture a fondamentalement changé. Les racines chrétiennes ont été reprises par les Lumières et se déploient d’une autre manière. La réaction de violente culpabilité des Européens après la Schoah montre bien que nous n’avons perdu ni le sens de la dignité humaine, ni l’idée de la faute. Quant à la culture de masse, elle est moins américaine que l’héritière d’une démocratie mal comprise ou dévoyée. Si vous estimez que la démocratie exige d’envoyer tout le monde à l’université, même ceux qui n’ont jamais lu un livre et n’en liront jamais, donc de donner des diplômes au rabais, alors vous fabriquez de la culture de masse. C’est de la démocratie devenue démagogie.

  • Revisiter la Révolution française avec Augustin Cochin

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    Du blog de la lettre d'information de Denis Sureau "Chrétiens dans la Cité" :

    Découvrir un penseur essentiel : Augustin Cochin est réédité

    L’édition des œuvres d’Augustin Cochin (1876-1916) permet de redécouvrir un penseur indispensable de la Révolution et du totalitarisme.

    « Tocqueville et Cochin sont les seuls historiens à proposer une conceptualisation rigoureuse de la Révolution française » : c’est par cette affirmation vigoureuse que l'historien François Furet ouvrait son essai remarqué Penser la Révolution française, qui éreintait le « catéchisme révolutionnaire ». C’était en 1978. Augustin Cochin fut exhumé après un demi-siècle d’oubli. Ses deux principaux livres furent réédités. Puis il retomba dans le silence – sauf en Italie où ses livres ont été traduits. La publication par un grand éditeur, Tallandier, de ses œuvres presque complètes, offre l’occasion de retrouver non seulement un historien, mais aussi un philosophe soucieux d’élaborer, selon ses propres dires, « une sociologie du phénomène démocratique ».

    Si les ouvrages majeurs de Cochin (Les Sociétés de pensée et la démocratie moderne, La Révolution et la libre-pensée) sont de temps à autre réédités, ce n'est le cas ni d'Abstraction révolutionnaire et réalisme catholique (réflexions philosophiques), ni des études sur le protestantisme dans le Midi au XVIIe siècle (publiées il y a un siècle dans des revues savantes), ni de sa correspondance, très vivante, permettant de découvrir sa riche personnalité. C'est l'honneur de Tallandier d'oser faire redécouvrir ces oeuvres oubliées. Dans sa préface, l'historien Patrice Gueniffey souligne leur actualité. A l'origine de ce projet éditorial, Denis Sureau retrace dans son introduction la vie et la postérité de Cochin. 

    Augustin Cochin La Machine révolutionnaire Oeuvres Préface de Patrice Gueniffey Introduction de Denis Sureau Tallandier, 688 pages 

    Augustin Cochin
    La Machine révolutionnaire
    Oeuvres

    Préface de Patrice Gueniffey
    Introduction et notes de Denis Sureau
    Tallandier, 688 pages

    29,90 €

  • Liège, la religion s’enseigne avec les « valeurs démocratiques »

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    Professeur de religion dans un collège-lycée catholique de Liège, en Belgique, Sébastien Belleflamme multiplie les initiatives depuis deux ans pour faire réfléchir ses élèves sur le phénomène djihadiste. En croisant les disciplines, il veut les aider à sortir d’une « lecture fondamentaliste » des textes sacrés et à forger leur « esprit critique ». Interview publiée par Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    La Croix : Vous enseignez la religion dans un établissement catholique à Liège, en Belgique. Pourquoi et comment avez-vous décidé de traiter l’actualité, et notamment cette question de la violence commise au nom de Dieu ?

    Sébastien Belleflamme : Mon cours de religion s’adresse à tous les élèves de l’établissement, qu’ils soient catholiques, protestants – évangéliques surtout –, musulmans ou indifférents. Nous nous appuyons surtout sur les ressources de la foi chrétienne mais pas seulement : c’est un cours ouvert sur la pluralité des convictions.

    Le déclic s’est fait il y a deux ans, en pleine vague d’attentats en France et en Belgique, quand certains de mes élèves musulmans m’ont dit qu’ils n’osaient plus parler de leur foi et gardaient les yeux baissés en marchant dans la rue. Je me suis dit qu’il fallait agir. En terminale, j’ai proposé à certains de travailler sur les motivations des jeunes djihadistes : j’ai assisté avec eux à des colloques, des pièces de théâtre (comme Djihad d’Ismaël Saïdi). Devant leur enthousiasme, nous avons fait intervenir au lycée Laura Passoni, une « revenante » de Syrie, ainsi qu’Hicham Abdel Gawad, un doctorant en sciences des religions à Louvain (1). Cette rencontre a nourri beaucoup d’échanges entre les élèves, certains se montrant très durs vis-à-vis d’elle.

    Comment parvenez-vous à faire s’exprimer et s’écouter des jeunes avec des sensibilités très différentes au sujet de la radicalisation islamiste ?

    S.B. : Avec mes élèves de troisième cette fois, nous avons lu la pièce Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de l’islamologue Rachid Benzine, qui met en scène le dialogue entre un père universitaire et sa fille partie rejoindre un djihadiste à Falloujah en Irak dont elle aura une fille. Je leur ai proposé d’écrire chacun leur propre lettre à l’un des protagonistes de la pièce.

    À lire aussi : Enquête inédite sur la « tentation radicale » des lycéens

    Je suis seulement en train de les lire, mais j’observe déjà qu’elles témoignent de sentiments extrêmement variés : certaines filles disent leur colère à Nour et l’interpellent sur la question de la dignité des femmes. D’autres élèves lui demandent comment elle a pu faire autant de peine à son père. D’autres encore expriment plutôt de la compassion, notamment pour son geste final. Il y a vraiment de tout : de la condamnation au respect en passant par l’incompréhension…

    Les élèves d’origine syrienne ou maghrébine livrent parfois leur souffrance devant une stigmatisation qu’ils ne comprennent pas, leurs questions aussi devant cette violence commise au nom de Dieu.

    Comment ce travail est-il perçu par la direction de votre établissement, par les parents ? Quels résultats percevez-vous chez vos élèves ?

    S.B. Au départ, notre travail a suscité quelques questionnements, légitimes, sur sa visée pédagogique mais aujourd’hui, les retours sont globalement très positifs. Nous croisons les disciplines – philosophie, histoire notamment – pour mieux analyser le discours djihadiste : moi j’apporte l’éclairage théologique, d’autres collègues complètent sous d’autres angles. Nous aidons ainsi les élèves à comprendre que « Dieu » est un mot-valise qui, s’il est mal exploité, peut conduire des hommes à commettre les pires horreurs. Je les initie aussi à l’exégèse pour sortir d’une lecture fondamentaliste des textes.

    Finalement, toutes ces initiatives servent le même objectif : enseigner la religion en défendant les valeurs démocratiques de notre pays. L’éducation est le seul moyen d’aider nos élèves à se forger un esprit critique. La religion vise bien sûr le rapport à Dieu, mais il faut un minimum de culture pour cela.

    Ref. Liège, la religion s’enseigne avec « les valeurs démocratiques »

    Pour mémoire, le réseau de l’enseignement catholique accueille, bon an mal an,  la moitié de la population scolaire en Belgique. L’enseignement de la religion ou de la morale laïque est obligatoire dans tous les réseaux mais dans les écoles créées par les pouvoirs publics les élèves peuvent opter entre l’un des six cultes reconnus et  la morale laïque. Dans les écoles catholiques seule la religion du même nom est enseignée, ce qui n'empêche pas ces écoles d’accueillir bon nombre de musulmans. D’où l’intérêt de l’initiative prise à Liège par un professeur de ce réseau.

    JPSC

  • « Sont-ils voués à disparaître ? » - Marche pour la Vie - Bruxelles, dimanche 22 avril

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    La Marche Pour la Vie à Bruxelles revient pour une 9ème édition. Le 22 avril, les marcheurs défileront en silence, pour tous ceux qui ne peuvent plus s'exprimer. Leur thème : « Sont-ils voués à disparaître ? ». Ce "ils" regroupant les enfants dépistés handicapés, les personnes âgées, les isolés, les personnes souffrantes, tous ceux qui sont fragiles et auxquels notre société ne propose que la mort comme solution. Nous relayons ci-dessous le communiqué de presse de La Marche pour la Vie Bruxelles :

    Marche pour la Vie 2018

    Communiqué de presse 

    Chaque année, de milliers de personnes marchent dans le monde entier pour défendre les valeurs de la vie et sa protection depuis la conception de l’être humain jusqu’à sa mort naturelle. En Belgique, la Marche pour la Vie a lieu depuis maintenant 9 ans. Elle rassemble de plus en plus de personnes et de familles. Son objectif est de défendre publiquement le droit à la vie de toutes les victimes d’innombrables avortements, de l’euthanasie, et de toutes les pratiques qui portent atteinte ou marchandent la vie humaine (GPA, recherche sur et destruction d’embryons, ...). C’est aussi de soutenir les personnes et associations qui œuvrent pour la protection de la vie, qui proposent des alternatives à l’avortement, assistent les mères en détresse, et entourent les personnes en fin de vie.

    Le rassemblement a lieu le dimanche 22 avril 2018 à 15h, au Mont des Arts à Bruxelles, pour arriver au pied du Palais de Justice. La Marche se déroule en silence, en hommage à toutes les victimes des atteintes à la vie. Tous sont les bienvenus, des bébés en poussette aux personnes âgées ou à mobilité réduite, car le parcours est facile et court. A cette occasion, des intervenants prennent également la parole sur la protection de la vie et de la dignité humaine.

    « Sont-ils voués à disparaître ? » 

    Telle est la question que la Marche pour la Vie pose à tous les Belges cette année. Qui sont-« ils » ? Ils sont des enfants à naître atteints d’un handicap « dépisté » gratuitement pour pouvoir « prévenir » leur naissance, c’est-à-dire mettre fin à leur vie. Ils sont des personnes âgées souffrant de la solitude, abandonnées par leur famille, qui demandent l’euthanasie parce qu’elles se sentent un poids pour leurs proches ou inutiles à la société. Ils sont des personnes fatiguées de vivre parce que personne n’est là pour leur dire que leur vie a un sens propre. Ils sont des enfants atteints de grandes souffrances, à qui on propose la mort comme solution, au lieu de soins palliatifs respectueux de leur vie. Ils sont bien plus que des phoques ou des pandas en voie de disparition. Pourtant, on leur fait comprendre qu’ils n’ont plus leur place dans notre société. Ils sont fragiles, et on les enfonce dans leur fragilité, jusqu’à la mort. 

    Face à cette politique de tri sélectif des êtres humains en fonction de critères matérialistes, la Marche pour la Vie proclame haut et fort le caractère inviolable de la vie de chaque personne. Parce que chaque personne détient, de par son humanité, une dignité intrinsèque qui ne dépend ni de sa santé mentale ou physique, ni du degré d’amour des personnes qui l’entourent, ni de son niveau de vie, ni de ce qu’elle va coûter, en attention, en amour ou en argent, à la société. Nous sommes tous également dignes de vivre parce que nous partageons tous la même dignité humaine. Et aucun régime politique ne pourra éradiquer ce lien vital de solidarité entre les êtres humains. 

    Nous voulons le respect de la vie de chacun, qu’il ait une semaine ou 97 ans, qu’il soit malade ou bien portant, qu’il soit seul ou entouré, qu’il soit pauvre ou riche. Nous voulons une société où l’on soigne les malades jusqu’au bout et où l’on aime nos anciens qui ont tant à nous transmettre jusqu’à leur mort naturelle. Nous voulons qu’en Belgique, les femmes faisant face à une grossesse inattendue reçoivent tout le soutien nécessaire pour porter sereinement leur enfant au monde. Que l’on réponde aux pressions qui s’exercent sur elles et que la souffrance de l’avortement soit entendue et reconnue. Nous voulons que chaque personne puisse vivre, parce qu’absolument chaque personne a sa place dans notre société.  

    Pour que toutes ces personnes ne disparaissent pas, nous marcherons le 22 avril 2018. 

    Nous marcherons pour la Vie ce 22 avril, tout spécialement :

    • Pour que les femmes enceintes puissent être honnêtement orientées vers des alternatives à l’avortement lors de leur première visite médicale,
    • Pour que les enfants trisomiques en particulier et les enfants handicapés soient mieux intégrés dans la société grâce à un budget plus important alloué à leur famille, 
    • Pour que la Commission nationale d’évaluation relative à l’interruption relative de grossesse soit remise en place et délivre des données fidèles à la réalité tragique de l'avortement en Belgique,
    • Pour la protection des professions médicales dont la mission est de soigner et non de tuer par le biais de l’euthanasie et l’avortement,
    • Pour un réel effort de société et un investissement plus large dans les soins palliatifs afin que chacun puisse être accompagné jusqu'au bout et que personne ne doive plus se tourner vers l’euthanasie en raison d’une détresse morale ou physique, 
    • Finalement, pour que si une école aborde l’éducation sexuelle, celle-ci éduque les jeunes à la responsabilité et soit délivrée dans le respect profond de la vie qui peut résulter d’une relation sexuelle.

    La Marche pour la Vie Bruxelles

  • Aveuglements

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    Lu sur le site du mensuel « La Nef » :

    Aveuglements 9782204110983-5a868999f0d73.jpgJean-François Colosimo, directeur des Éditions du Cerf, essayiste, a consacré l’ensemble de ses recherches aux métamorphoses contemporaines de Dieu.

    La Nef – Dans un panorama grandiose, votre livre apparaît comme l’une des charges les plus virulentes contre la modernité fille des Lumières : alors que ces Lumières semblent un acquis unanimement loué, que leur reprochez-vous principalement ?
    Jean-François Colosimo – En proclamant la mort de Dieu, les Lumières donnent libre cours au culte de l’humanité autonome, prométhéenne, libre de tout, y compris d’elle-même. La glorification du progrès de demain passe par la liquidation de l’obscurantisme d’hier. À commencer par le fait religieux que les Encyclopédistes transforment en une illusion et une pathologie contraires à l’avènement de la Raison. Ils en dressent une légende noire et lui attribuent le monopole de la violence. Or, la modernité, en divinisant le fait politique, va fabriquer des religions séculières purement mortifères. Voyez Robespierre et la Terreur, Lénine et le Goulag, Hitler et la Shoah : avec la descente apocalyptique du ciel sur la terre, l’homme nouveau et régénéré s’édifie sur l’élimination massive des « dégénérés ». Les totalitarismes sont d’abord des systèmes de croyance absolutisée détournant crédos, icônes et rites pour rasseoir le sacrifice sanglant.

    Dieu n’est donc pas mort, la sortie de la religion est une illusion, dites-vous : mais si cela saute aux yeux dans les pays musulmans où l’islam est bien vivant et même parfois très véhément, qu’est-ce qui vous permet d’affirmer cela pour l’Occident totalement sécularisé ?
    Le réveil du monde musulman nous aveugle pareillement. L’islamisme représente cet « islam des Lumières » moderne et réformé que certains appellent de leurs vœux. En ce sens, les djihadistes sont aussi les enfants des sans-culottes et des bolcheviks. Quant à l’Occident, c’est une fiction. L’Amérique se distingue foncièrement de l’Europe par sa religion civile et impériale : Dieu figure sur le dollar, le président jure sur la Bible, le Capitole est un temple et Thanksgiving un offertoire populaire. Résultat : la mobilisation de la jeunesse au service de guerres lointaines et idéalisées bat son plein. La même Europe qui se veut sécularisée se rêve sans ennemi. Dépourvue d’armée ou de diplomatie comme elle l’est de tout projet symbolique, c’est en fait elle, et non pas le christianisme, qui sort de l’histoire.

    En quoi le concept de « théologie politique » cher à Carl Schmitt est-il un athéisme ?
    Schmitt invente cette notion dans l’entre-deux-guerres pour expliquer pourquoi toutes les idées politiques modernes sont des concepts théologiques laïcisés. Ce qui n’est pas faux. Mais il endosse et naturalise cette mutation au point de se rallier au nazisme tout en se proclamant catholique. Sur un mode allemand, il professe « l’Église de l’ordre » contre la « révolution de l’Évangile ». Il revivifie philosophiquement les hérésies anciennes dans lesquelles il se reconnaît : comme les ariens, il préfère le monothéisme à la Trinité ; comme les manichéens, il suppose une certaine égalité entre le Bien et le Mal ; comme les marcionites, il élude Yahvé et méprise le Juif. Schmitt destitue la théologie de l’histoire, qui repose sur le mystère de la liberté, pour maximaliser la sacralité de la force qui n’est jamais que l’impiété poussée au maximum.

    Parmi les « aveuglements » que vous dénoncez, comment analysez-vous la question du « choc des civilisations », est-ce un mythe ou une réalité ? Et idem pour la mondialisation, quel clivage fondamental révèle-t-elle ?
    Telle qu’exposée par Samuel Huntington, la théorie du choc des civilisations est moins erronée dans l’intuition que fautive dans les développements. Les grands ensembles supposés l’animer ne sont en rien consistants : le « bloc islamique » est traversé par la guerre civile à laquelle se livrent sunnites et chiites tandis que la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie se sont dissociées du « bloc slavo-orthodoxe » pour s’associer à l’OTAN contre Moscou. Ce qui veut dire que le choc des civilisations n’empêche pas l’implosion des cultures.
    Quant à la mondialisation, elle est à la fois centripète et centrifuge. Au centre, elle suscite un consommateur unique et identique. À la périphérie, elle provoque un éclatement paroxystique des identités. Plus elle unifie, plus elle nucléarise. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais les deux mouvements en même temps et pour longtemps. C’est aussi pourquoi le « christianisme culturel », en tant que réflexe identitaire et identité reconstruite, ne saurait être confondu avec le sursaut attendu de la foi et dont la France a besoin.

    Propos recueillis par Christophe Geffroy

    Jean-François Colosimo, Aveuglements. Religions, guerres, civilisations, Cerf, 2018, 544 pages, 23 €.

    Cette interview a été publiée dans le n° 302, avril 2018 du magazine.

    Ref. Aveuglements

    Jean-François Colosimo, est un historien, essayiste, théologien, éditeur et enseignant français, auteur de plusieurs livres et films. Il est directeur général des éditions du Cerf, après avoir été président du Centre national du livre de 2010 à 2013. Chrétien orthodoxe, il enseigne depuis 1990 l'histoire de la philosophie et de la théologie byzantine à l’Institut Saint-Serge (Paris).

    JPSC

  • La FAFCE apporte son soutien sans réserve à l'initiative citoyenne polonaise pour la vie

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    unnamed.jpgSoutien sans réserve à l'initiative citoyenne polonaise pour la vie 

    Bruxelles, le 4 avril 2018

    La Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe (FAFCE) a déjà exprimé tout son soutien à l'initiative citoyenne polonaise #StopAbortion (« Zatrzymaj Aborcję ») qui consiste en une proposition législative visant à interdire l'avortement eugénique.

    Face à une pression internationale et médiatique croissante, la FAFCE réitère son soutien à cette initiative citoyenne, en réaffirmant le principe de subsidiarité et le droit à la vie de tous les êtres humains. Toute vie humaine compte : une société qui respecte vraiment la dignité humaine accueillera tous les bébés, avec un soin particulier pour les plus faibles et les sans-voix parmi nous, comme ces enfants à naître atteints de maladies ou d'anomalies fœtales. L'année dernière déjà, un «Plan pour la vie» était mis en œuvre en Pologne, accordant un soutien financier à la naissance d'un enfant handicapé ou atteint d'une maladie grave.

    Selon le président de la FAFCE, Antoine Renard, « Ceux qui se définissent comme ‘défenseurs des droits de l'homme' et experts mais qui ne tiennent pas compte des faits scientifiques sur le début de la vie humaine ne méritent pas beaucoup de considération de la part des décideurs politiques polonais : au contraire, en adoptant le projet de loi #StopAbortion, les membres du Parlement feront de leur pays un exemple pour toute l'Europe ». À l'occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21, célébrée récemment au Parlement européen, il a été rappelé qu'au Royaume-Uni, en Islande et au Danemark, plus de 90% des bébés atteints de trisomie 21 sont avortés.

    Une initiative législative #StopAbortion serait nécessaire non seulement en Pologne, mais dans de nombreux autres pays, également en accord avec les récents commentaires publiés par le Comité des droits des personnes handicapées de l'ONUdéclarant que « les lois qui autorisent explicitement l'avortement pour des raisons de handicap violent la Convention relative aux droits des personnes handicapées ».

    La FAFCE souligne que ce projet de loi est le fruit d'une initiative citoyenne rassemblant environ 830,000 signatures, bien au-delà du minimum de 100,000 demandé pour une initiative législative de ce type. Travaillant pour faire entendre ces voix au niveau européen, la FAFCE pense aussi à tous les parents qui, loin de la clameur des médias et des manifestations, élèvent et prennent soin d'un enfant avec une maladie, une richesse pour toute notre société : ils méritent notre respect, notre soutien et notre compassion pour toutes leurs luttes. Ils n'ont pas besoin d'un État qui aurait empêché la naissance de leurs enfants, mais d'un État respectueux de la vie à tous les stades, dans toutes les situations, engagé dans la recherche pour combattre les maladies et à améliorer la qualité de la vie.

    La FAFCE appelle tous les dirigeants politiques polonais à écouter leurs nombreux concitoyens et à ne pas être intimidés par les pouvoirs extérieurs et les lobbies internes qui s'opposent à la culture de la vie. L'Europe a besoin d'un exemple à suivre dans la culture de la vie.

    La Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe (FAFCE) représente 22 associations locales et nationales: nous sommes la voix des familles d'une perspective catholique au niveau européen. La FAFCE détient un statut participatif auprès du Conseil de l'Europe et fait partie de la plateforme des droits fondamentaux de l'Union européenne.

  • Plus l'Eglise sera forte plus l'islam sera sage...

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    Du site i24news.tv

    "Plus l'Eglise sera forte plus l'islam sera sage" (P. Bruckner à i24NEWS)

    L'essayiste Pascal Bruckner dans "Conversations avec Anna Cabana" le 29.03.2018

    Je pense que le danger aujourd'hui, je ne parlerai pas d'occupation, c'est cette minorité de salafistes et d'islamistes", a déclaré jeudi soir le romancier et essayiste Pascal Bruckner à i24NEWS dans "Conversations avec Anne Cabana."

    "Ils ne veulent pas vivre selon nos mœurs et selon nos lois, et qui eux génèrent ces générations de djihadistes, de terroristes qui veulent tuer indifféremment des militaires, des gendarmes, des Juifs, des infidèles, tout ce qu'ils leur tombent sous la main parce qu'ils sont mués par une volonté d'assassinat sacré, parce qu'il faut bien comprendre que le djihadiste meurt pour aller au ciel," a expliqué l'essayiste à i24NEWS.

    "Je pense que pour résister à l'assaut de l'islam radical, il serait bon que l'Eglise catholique se remuscle un peu parce que je pense que la religion arrête la religion et qu'au fond plus l'Eglise sera forte plus l'islam sera sage," a-t-il asséné en prenant l'exemple des Etats-Unis.

    Evoquant le lieutenant colonel Arnaud Beltram assassiné vendredi dernier, M. Bruckner le qualifie de double héros". "C'est un catholique il s'était converti à trente ans, d'ailleurs l'Eglise lui a fait hommage appuyé, et c'était la double foi catholique et républicaine."

    Pour revoir l'intégralité de l'intervention de l'essayiste Pascal Bruckner : 

  • Quand Henri Conscience évoquait la chouannerie belge

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    De Paul Vaute sur le blog "Le Passé belge"

    Henri Conscience et la chouannerie belge

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    La Belgique est française depuis trois ans et Overmere, près de Termonde, appartient au département de l'Escaut quand, le 12 octobre 1798, un huissier, accompagné de quelques soldats de l'armée occupante, vient saisir les biens d'un citoyen récalcitrant à l'impôt. L'affaire fait rapidement le tour du village. Les jeunes commencent à s'attrouper, montrant les dents ou les poings en direction des sbires qui n'en mènent pas large. Les cris de "Vive l'Empereur" (d'Autriche) sont lancés comme autant de défis. Les représentants de l'ordre n'insistent pas: ils s'en vont sous les huées.

    Partie remise, bien sûr. On envoie peu après des gendarmes pour réduire les bagarreurs. Mais les jongens ont ameuté les communes environnantes. La guerre des Paysans est déclenchée. Elle va s'étendre, à des degrés divers, dans toutes nos provinces et, malgré l'appellation réductrice, mobiliser dans toutes les couches sociales. La République mettra trois mois au moins pour venir, partiellement, à bout de l'incendie.

    Un demi-siècle s'est écoulé depuis ces événements quand Henri (ou Hendrik) Conscience en fait, en 1853, la matière d'un roman qui sera l'un de ses plus grands succès, tant en néerlandais qu'en traduction française.

    De Boerenkryg (La guerre des Paysans), observe Kevin Absillis (Université d'Anvers), a "ancré dans la mémoire collective belge et flamande" ce chapitre de l'histoire en en faisant, "selon les standards d'alors, une épopée tourbillonnante[1]. C'est une révolte pour la foi et pour la patrie – patrie qui est bien d'un bout à l'autre la Belgique. Même si l'essentiel de l'action se situe en Flandre, dans le village campinois de Lichtaart (Kasterlee) rebaptisé du nom de Waldeghem, les héros sont les "Belges opprimés" et la "Belgique combattante". Cinq mois après la parution du livre, le roi Léopold Ier offrira à Conscience une bague en diamant comme "marque de Sa haute bienveillance".

    Lire la suite sur le blog "Le Passé belge"

  • Marée humaine pour la vie en Argentine

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    Sources : Vatican Insider/Crux/LifeSite/Gènéthique/Aciprensa/Infovaticana/MarchaxlaVidaArgentina - FSSPX.Actualités - 03/04/2018

    Argentine : succès historique de la Marche pour la vie

     
    Par centaines de milliers, les Argentins ont envahi les rues de plus de 200 villes du pays, le 25 mars 2018, afin de dénoncer un projet de loi visant à légaliser l'avortement qui doit être examiné au Parlement après Pâques.

    Cela fait 20 ans que l'Argentine célèbre la Journée nationale de l'enfant à naître, tous les 25 mars, en la fête de l'Annonciation qui rappelle le « oui » de la Vierge Marie à sa mission de devenir la Mère de Dieu, et donc la conception du Christ en son sein virginal.

    Une forte mobilisation

    Au pays du pape François, l’édition 2018 de la Marche pour la vie fera date : si l’on en croit les chiffres communiqués par les manifestants et relayés par Vatican Insider, deux millions de personnes se sont mobilisées à travers tout le pays.

    A Buenos-Aires, en un 25 mars ensoleillé, les Porteños - ainsi se nomment les habitants de la capitale - ont arpenté en un flux ininterrompu les principales artères situées entre les avenues Sarmiento et Libertador.

    Les participants étaient jeunes pour la plupart, issus de toutes les couches sociales de la population. On ne trouvait aucun slogan ni bannière faisant référence à des partis politiques, mais uniquement des drapeaux argentins et des banderoles en faveur de la protection de la vie humaine, de sa conception jusqu'à sa mort.

    Des manifestations semblables ont eu lieu dans plus de deux cents villes d'Argentine. Citons parmi les plus importantes ou les plus connues : Córdoba, Mendoza, Rosario, Bahía Blanca, Resistencia, Concordia, Paraná, Mar del Plata, Río Gallegos et Ushuaia, à l'extrémité sud du continent.

    Le vaticaniste Andrea Tornielli estime que les quelques mots du pape François dans sa lettre aux Argentins en date du 16 mars 2018 ont été compris comme un soutien discret mais réel. Le Saint-Père avait en effet écrit : « je vous demande à tous d'être des canaux de bien et de beauté, afin que vous puissiez contribuer à la défense de la vie et de la justice ».

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  • Chine : le pape ferait-il fausse route ?

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    De Christian Makarian sur le site de l'Express.fr

    Chine: la fausse route du pape

    Le chef de l'Eglise de Rome a l'intention d'amorcer la normalisation des relations avec Pékin. Mais est-ce une si bonne idée?

    Après le probable tête à tête de Donald Trump avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, faut-il s'attendre à une visite du pape François en République Populaire de Chine (RPC) ? Il est difficile de percer le mur du secret qui entoure les tractations entre le Vatican et Pékin, mais on peut s'attendre à une évolution sensible des relations diplomatiques puisque, de part et d'autre, des hommes de l'ombre oeuvrent à la normalisation. Pourquoi ? Et à quel prix ?

    Deux Eglises concurrentes

    Il n'existe pas de relations diplomatiques entre Rome et Pékin depuis 1951, le Vatican reconnaît Taïwan comme représentant de la Chine. Certains adversaires du pape - ils commencent à être sérieusement nombreux - évoquent un orgueil personnel : François voudrait être le premier pape à se rendre en Chine. Il s'agit là bien davantage d'une calomnie que d'une explication. Il serait plus juste de parler, éventuellement, d'angélisme : Jorge Bergoglio, qui n'est pas européen mais argentin, ne voit pas du tout le monde à l'instar des représentants traditionnels de l'Eglise. Issu du monde émergent, il trouve inconcevable que le chemin du pays le plus peuplé de la planète (1,4 milliard d'habitants), où la foi chrétienne est appelée à un très grand avenir, soit toujours obstrué par un blocage total entre le Vatican et Pékin. Une des voies de dénouement pourrait être un accord entre le Saint Siège et le RPC portant sur la procédure de nomination des évêques, point extrêmement sensible. 

    Car le régime chinois a encouragé la naissance et le développement d'une Eglise officielle - nommée, de façon hautement significative, l'"Association catholique patriotique", institution officielle destinée à faire souffrir, et à faire taire, les catholiques libres et fervents qui entendent vivre leur foi en dehors de tout alignement politique. Ces croyants libres, catégorisés par le régime comme Eglise clandestine, ont aussi leurs évêques. Parmi eux, on compte l'emblématique et courageux cardinal et évêque émérite de Hong Kong, Mgr Joseph Zen, qui n'a cessé de mettre en garde la Vatican contre un rapprochement qui ferait principalement les affaires du régime chinois et l'encouragerait à favoriser l'Eglise officielle contre l'Eglise réelle. Du reste, Jean Paul II comme Benoît XVI ont obstinément refusé, pour ces raisons, de normaliser les rapports avec la RPC ; ils savaient que cela n'influerait en rien sur une plus grande liberté accordée à l'Eglise, bien au contraire.

    Un christianisme en plein essor

    Le catholicisme a beau être très ancien en Chine, puisqu'il y a été implanté par saint François-Xavier, dès 1552, il n'est pas pour autant le fer de lance du christianisme dans l'empire du Milieu. En France, lorsque l'on dit "chrétien", on entend subséquemment le mot "catholique" car l'Eglise de Rome fut totalement dominante dans notre histoire ; en Chine, il en va différemment, car le terme "chrétiens" désigne en premier lieu les protestants, tant ils sont majoritaires. Rappelons que Tchan Kaï-Chek, l'ennemi de Mao Tse Toung, qui trouva refuge à Formose (Taïwan) après sa défaite et la fondation de la Chine Populaire, en 1948, était lui-même protestant, ainsi que son épouse. Les protestants se sont multipliés après l'arrivée des premiers missionnaires britanniques (puis américains) à partir des guerres de l'opium de la décennie 1840. On considère qu'il y aurait aujourd'hui en Chine environ 12 millions de catholiques et près de 80 ou 90 millions de protestants, correspondant à des dénominations très diverses. Le nombre de lieux de culte retranscrit la même disproportion ; entre 4000 et 5000 pour les catholiques, peut-être 30 000, ou davantage pour les protestants : il est évidemment impossible d'être plus précis sur ce point totalement soumis aux autorités chinoises. Autant dire que la foi chrétienne est galopante au pays de Mao, ce qui constitue un cinglant échec du régime.

    Foi contre foi

    Depuis des décennies, et plus particulièrement durant les dix dernières années, les communistes chinois ont en effet tout entrepris pour restreindre les droits des chrétiens, les ficher, humilier ou emprisonner leurs chefs, et dissuader les conversions au protestantisme ou au catholicisme. Derrière ces persécutions, une crainte essentielle, celle de voir l'esprit libéral occidental, avec son cortège de libertés fondamentales (de culte, donc de pensée, d'expression, d'aller et venir...). Ce n'est sûrement pas par hasard que, lors du dernier Congrès du Parti Communiste Chinois, en octobre 2017, Xi Jinping a pourfendu l'esprit occidental, l'a désigné comme une cible et qu'il a utilisé une expression assez singulière : "Quand le peuple a la foi, a-t-il déclaré, la nation a la force". De quelle fois s'agit-il ? Celle qu'il faut avoir dans le parti, évidemment, et dans son dirigeant, qui s'est arrogé, il y a trois semaines, la possibilité d'exercer le pouvoir suprême sans limite de mandat. Benoit Vermander, ancien directeur de l'Institut Ricci, la prestigieuse institution catholique, basée à Taïpeh, et aujourd'hui professeur de sciences religieuse à l'université Fudan de Shanghai, résume tout le débat : "La Chine est un Etat-Eglise ; et le parti est l'Eglise de cet Etat". C'est pourquoi le pape François aura le plus grand mal, si une forme de normalisation devenait effective, à dessiner un espace de vraie liberté pour l'Eglise de Rome.