Lu sur le site de « La Libre », ce 20 septembre : "L’homme qui vivra 1.000 ans… est déjà né !"
"On a commencé à euthanasier la mort"
Cette prophétie aussi incroyable que surprenante est signée Laurent Alexandre. Un simple aperçu de son curriculum vitae impressionne déjà: chirurgien-urologue et neurobiologiste, diplômé de Science Po, d'HEC et de l'ENA, fondateur de Doctissimo et auteur de l’essai ‘La mort de la mort’. Ce Français vivant à Bruxelles s’est penché sur les bouleversements de l'humanité face aux progrès de la science en biotechnologies. Son constat a de quoi interpeller. C’est pourquoi LaLibre.be l’a rencontré.
Lors de vos conférences, vous concluez "l’homme qui vivra 1.000 ans est probablement déjà né !". Cela sonne comme une provocation…
Non, c’est une conviction. Il est probable que l’homme qui vivra 1.000 ans est déjà né. Je n’ai pas dit qu’il s’agirait de quelqu’un de mon âge, ni que cela est possible avec les technologies actuelles. Quelqu’un qui naît aujourd’hui aura 90 ans en 2103, il bénéficiera des nombreuses innovations en nano-biotechnologie juste inimaginables aujourd’hui. Il s’agît de cellules souches, de thérapies géniques, de séquençage de l’ADN et de futures innovations -inconnues à l’heure actuelle- qui vont radicalement changer l’espérance de vie des humains.
Mais l’espérance de vie peut-elle s’envoler à ce point ?
En 250 ans, l’espérance de vie en Belgique a triplé, passant de 25 à plus de 80 ans. Actuellement, elle croît de 3 mois par an. En clair, quand on vieillit une année, l’on ne se rapproche de sa mort que de 9 mois. A partir de là, il faut être conscient que toutes technologies qui permettent de modifier nos comportements biologiques ont une croissance de leurs capacités comparable à l’explosion des microprocesseurs avec la Loi de Moore.
Ce qui signifie un doublement rapide de ces technologies.
Oui, contrairement à l’automobile, l’aviation et autres secteurs où les progrès sont lents. Prenons un seul exemple, le coût du séquençage ADN a été divisé par 3 millions en seulement 10 ans : le premier a pris 13 ans, mobilisé 22.000 chercheurs à travers le monde et coûté 3 milliards de dollars. Demain, il prendra quelques heures et coûtera 100 dollars. Alors qu’en 1990, tous les savants affirmaient que ce serait - à jamais - impossible à réaliser, on dénombre aujourd’hui 1 million d’humains dont l’ADN a été séquencé.
Quel est l’intérêt de séquencer l’ADN de tous les humains ?
Ce séquençage offre une lecture des 3 milliards d’instructions ou messagers chimiques présents dans nos chromosomes, soit notre identité biologique qui définit la manière avec laquelle nous sommes construits. A partir de cette lecture, on a une idée précise des pathologies qu’on va avoir et des traitements à appliquer. Dans un premier temps, nous savons lire mais pas encore modifier notre ADN. Dès les années 2018, le bricolage de nos chromosomes deviendra possible. La modification de l’ADN sera même une chose banale dans la prochaine décennie ! Ces technologies nous offrent donc une explosion de notre capacité à changer notre nature et donc à faire reculer la mort.
Quand on évoque la mort de la mort, on pense immédiatement aux cancers qui touchent en moyenne 1 Belge sur 3. Vous en tenez compte ?
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