Santé - Page 126
-
Une cour d'appel canadienne maintient l'interdiction du suicide assisté
La Cour d'appel de Colombie-Britannique (province de l'ouest canadien) a décidé du "maintien [de] l'interdiction de l'euthanasie au Canada". La Cour renverse ainsi "une décision de première instance" à la suite de laquelle le gouvernement canadien avait fait appel en "invoquant la nécessité de protéger les personnes les plus vulnérables de la société". Dans leur décision, les juges Mary Newbury et Mary Saunders ont précisé: "Les conséquences sociétales de permettre l'aide médicale au suicide au Canada (...) préoccupent sérieusement plusieurs Canadiens et, comme l'a montrée la révision de la preuve dans cette affaire, il ne semble pas y avoir de consensus apparent sur la question, même parmi les éthiciens ou les médecins". Pour les juges Newbury et Saunders, il ne fait aucun doute qu'une décision de la Cour suprême du Canada de 1993 "qui confirme l'illégalité du suicide médicalement assisté" liait les magistrats de première instance. L'Association des libertés civiles de la province de la Colombie-Britannique a annoncé qu'elle "tenterait de faire appel de cette nouvelle décision auprès de la Cour suprême du Canada".Source : gènéthique - tempsreel.nouvelobs.com 11/10/2013 - france24.com 11/10/2013 - lepoint.fr 11/10/2013 via Bulletin de l'IEBLien permanent Catégories : Actualité, Ethique, International, Justice, Santé, Société 0 commentaire -
Euthanasier coûte moins cher que d'investir dans les soins palliatifs
Au Québec, l'euthanasie (qu'on appelle là bas "aide médicale à mourir") serait privilégiée pour des raisons financières (synthèse de presse quotidienne de gènéthique.org)
Sur le site internet d'information lapresse.ca, un médecin de famille canadien, Paul Lefort, publie une tribune dans laquelle il dénonce le recours à l'euthanasie et explique qu'un tel acte "prend sa justification dans l'incapacité de la médecine à soulager, à défaut de guérir les conséquences inacceptables d'une maladie incurable". Cette tribune intervient à la suite du récent dépôt, par le Gouvernement québécois, d'un projet de loi visant à autoriser l'aide médicale à mourir (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13/06/2013).
Le médecin de famille souligne que "l'échec du traitement ne reflète pas une impuissance médicale, mais un refus de soutien financier privant quatre malades sur cinq de l'accès aux soins palliatifs". D'ailleurs, il tient préciser que souvent "on considère [...] la procédure de l'euthanasie beaucoup plus économique que les services de soins palliatifs".
Alors que 80% des patients n'ont pas accès aux soins palliatifs, Paul Lefort estime que la vraie question est la suivante: "l'euthanasie est-elle une procédure acceptable pour résoudre le problème du sous-financement et du manque d'accès aux soins palliatifs?".
Le 15 octobre dernier, la Coalition des médecins pour la justice sociale a également tenu à dénoncer ce projet de loi en soulignant que le gouvernement québécois souhaite par ce biais "favoriser l'euthanasie pour des raisons économiques plutôt que d'investir dans les soins palliatifs" (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 17/10/2013).
-
La mort à volonté
Lu sur Euthanasie STOP :
La mort à volonté
M. Drieu GODEFRIDI, chroniqueur
Quelle est cette urgence qui justifie chez nous l'activisme sur un sujet aussi délicat tandis qu'en France, le Comité national représentant toutes les tendances politiques ou philosophiques, exige un large débat public ? Une opinion de Drieu Godefrifi, Docteur en philosophie, juriste et dirigeant d'entreprise.
Curieuse frénésie d'un quarteron de sénateurs libéraux qui semblent vouloir à tout prix "étendre" le champ d'application de la loi sur l'euthanasie. N'y a-t-il pas d'autres terrains législatifs à labourer ? Quelle est cette urgence qui justifie l'activisme de ces parlementaires, sur un sujet aussi délicat ?
Il y eut d'abord l'euthanasie des enfants, que l'on nous a présentée comme une simple extension de la loi existante (2002), une précision, comme une évidence, alors qu'elle aurait fait basculer notre rapport collectif à l'enfance. Comment ne pas voir, en effet, la différence de nature qui existe entre un adulte qui décide de mourir et un enfant, juridiquement incapable en toutes choses depuis la nuit des temps, auquel le libraire est légalement tenu de faire les gros yeux s'il tente d'acheter un billet de Lotto, mais qui déciderait tranquillement "Je me tue !", comme l'écrivit Montherlant au moment de mettre fin à ses jours ?
Le "Je" est ici une vue de l'esprit, car c'est finalement un médecin qui aurait dû constater "oui, tu as la capacité de te tuer, mon petit". On voit le paradoxe de cette prétendue autonomie de l'enfant et les dérives qu'elle pourrait engendrer. Suite à la mobilisation d'élus, notamment libéraux et de gauche, ce projet a fait pschitt : il est renvoyé après l'été, autant dire aux calendes grecques, vu ce que sera la proximité des élections de 2014.
Lien permanent Catégories : Actualité, Belgique, Débats, Ethique, Politique, Santé, Société 0 commentaire -
Aujourd'hui, les Belges sont obligés de donner la mort à quiconque en exprime le souhait
Tels sont les propos du Docteur Bernard Debré sur Boulevard Voltaire :
Euthanasie : non à une société du « tout propre » !
Bernard Debré - Médecin - Député UMP pour la 15ème circonscription de Paris
- À l’heure où le Dr Bonnemaison a été renvoyé devant les assises pour l’empoisonnement de sept patients en fin de vie, savez-vous où en est le projet de loi annoncé avant la fin de l’année par François Hollande sur l’euthanasie ?
Il n’y a pas encore de projet de loi. En revanche, la loi Leonetti du 22 avril 2005, relative aux droits des patients en fin de vie, sera sans doute ajustée et pourrait notamment inclure l’ouverture de davantage de maisons de fin de vie.
En dehors de ces ajustements, la loi Leonetti semble adaptée en ce qu’elle donne les moyens pour que les malades en fin de vie ou en situation douloureuse souffrent moins.
- En Belgique, on annonce l’éventualité d’élargir le texte de loi aux « mineurs capables de discernement » et aux personnes « atteintes de démence ». Les trois quarts des Belges, selon un sondage publié récemment dans le quotidien La Libre Belgique, se disent favorables à une telle extension. Qu’en pensez-vous ?
Je suis extrêmement réservé, voire totalement hostile à ce type de dérives. Prenons le cas des mineurs. Les médecins pourront se retrouver confrontés à des individus qui, malgré leur bonne volonté, ne sont pas atteints d’une maladie mortelle, ou sont sous le coup d’une lourde dépression temporaire.
Quant à la démence, cela inclut notamment tous les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. On rentre alors dans une tout autre société dans laquelle on se débarrasse des gens qui ne sont pas comme nous, alors que l’objectif de notre société est justement de protéger les plus faibles.
En France, 800.000 personnes – ce qui correspond aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer – pourraient être concernées. Et d’ailleurs, pour une personne qui serait atteinte de cette maladie et donc incapable de prendre une décision, qui la prendrait pour elle ? On entre véritablement dans une société du « tout propre ».
S’il fallait une devise pour les décideurs, ce serait celle-ci : « La dignité se retrouve dans les yeux qui regardent la personne malade. »
- En Belgique toujours, les notions de « souffrances psychiques » ont été introduites dans la loi. Qui en est juge ? Et comment peut-on contrôler la réalité de ces souffrances ?
C’est une vraie question. Cette souffrance est-elle passagère ? Est-elle définitive ? Comment le reconnaître ? Les Belges sont dans une situation particulière. Aujourd’hui, ils sont obligés de donner la mort à quiconque en exprime le souhait.
Je ne dis pas qu’il faut laisser souffrir la personne et je suis d’ailleurs contre l’acharnement thérapeutique. J’estime qu’il faut abréger la souffrance, même si, parfois, cela doit réduire l’espérance de vie.
- Y a-t-il un risque de voir une telle loi proposée un jour en France ?
Proposée, oui. Votée, non. Pour l’instant, il y a une forme de consensus national qui affirme que la dignité de la personne doit être préservée. Pour l’instant…
Lien permanent Catégories : Actualité, Belgique, Débats, Ethique, Politique, Santé, Société 1 commentaire -
Des médecins s'opposent au projet de loi sur l'euthanasie
Mais c'est au Québec, comme on peut le lire sur la synthèse de presse quotidienne de gènéthique.org :
Québec: des médecins s'opposent au projet de loi autorisant l'euthanasie
Ce mardi 15 octobre, au Québec, lors d'une conférence de presse, la Coalition des médecins pour la justice sociale (*) s'élève contre le projet de loi 52 du gouvernement du Québec qui vise à autoriser l'aide médicale à mourir (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13 juin 2013). Elle dénonce ce projet "en l'assimilant à un acte d'euthanasie" et prévient que : "les médecins euthanasistes risquent d'être poursuivis au criminel". En effet, précise le Dr Paul Saba, président de la coalition "une loi loi provinciale ne peut rendre inopérant le Code criminel fédéral qui interdit de causer la mort d'un autre individu".
Mais avant tout, "le Dr Saba reproche au gouvernement de favoriser l'euthanasie pour des raisons économiques plutôt que d'investir dans les soins palliatifs". Ce projet de loi "donne l'apparence qu'il veut économiser de l'argent parce que ça coûte environ 10$ pour piquer quelqu'un à mort et ça coûte des milliers de dollars de donner des soins palliatifs comme il faut et ça coûte des millions et des millions pour donner aux gens ce dont ils ont besoin: des médecins de famille, des soins qui sont nécessaires", s'insurge-t-il. Il alerte également sur le fait qu'un tel projet pourrait "encourager les jeunes personnes avec des maladies physiques telles que le cancer, ou psychiques telles que la dépression, à abandonner leurs traitements qui pourraient sauver leur vie" alerte-t-il.
Le Dr George Casteur, un médecin Belge invité par la Coalition à la conférence de presse pour décrire les dérives de la loi Belge sur l'euthanasie, a souligné: "Très vite, cette loi [i.e le projet de loi du gouvernement québécois] évoluera vers une pente glissante. Le premier pas, on accepte de mettre dans une loi que quelqu'un qui n'a plus que 24h à souffrir, on peut lui donner la mort. Le deuxième pas c'est: pourquoi quelqu'un qui aurait 24 années à souffrir n'y aurait pas droit?". Par conséquent, "selon le Dr G. Casteur, ces dérives sont inévitables avec le temps puisque le mouvement porte toujours vers l'élargissement des critères et non l'inverse".
-------------------------
(*) Un organisme comprenant des médecins du Québec qui fait la promotion du système de santé public, universel et gratuit
Lien permanent Catégories : Actualité, Débats, Défense de la Vie, Ethique, International, Politique, Santé, Société 0 commentaire -
En Belgique, selon le réalisateur du film "l'euthanasie, jusqu'où", la pratique de l'euthanasie connaît des dérives
Lu sur La Croix :
Pierre Barnérias : « En Belgique, l’euthanasie n’est pas exempte de dérives »
Dans son film « L’euthanasie, jusqu’où ? », le réalisateur Pierre Barnérias (1) montre que le système de contrôle de l’euthanasie en Belgique – légale depuis dix ans – est lacunaire voire inexistant.
- Pourquoi avez-vous décidé d’enquêter sur la pratique de l’euthanasie en Belgique ?
Le point de départ, c’est le travail que j’ai mené avec le réalisateur Frédéric Chaudier, qui a filmé pendant plus d’un an des patients hospitalisés en soins palliatifs à la maison médicale Jeanne-Garnier, à Paris. J’ai produit son documentaire, « Les yeux ouverts », sorti en 2010 au cinéma.
Fort de cette expérience, j’ai eu envie de savoir comment les choses se passaient dans des pays, comme la Belgique, ayant fait le choix d’autoriser l’euthanasie. J’ai commencé l’enquête sans aucun a priori, avec l’esprit ouvert et l’envie de comprendre. C’est alors que j’ai rencontré Marcel, un ancien syndicaliste belge plutôt favorable à l’euthanasie au départ. Cependant, après l’euthanasie de sa mère qui n’était pas malade, celui-ci s’est brutalement rendu compte qu’il n’y avait pas de contrôle, que l’euthanasie se pratiquait en dehors des critères fixés par la loi. Le constat était saisissant.
J’ai alors continué à enquêter, avec l’aide deux journalistes de talent, Anne-Laure Cahen et Clotilde Baste. Ce que nous montrons, c’est que dans ce pays, l’application de l’euthanasie n’est pas exempte de dérives.
- Qu’avez-vous découvert en particulier ?
Le point central, c’est l’absence de contrôle effectif des euthanasies pratiquées, en dépit de la commission fédérale. Certains témoins, dont l’un apparaît dans le film, vont jusqu’à faire état d’homicides déguisés en euthanasie ! Des infirmières parlent à visage découvert des dérives auxquelles elles ont assisté…
Je ne prétends pas trancher le débat, dire s’il faut ou non légaliser l’aide active à mourir, mon film est simplement un éclairage de ce qui se passe aujourd’hui dans un pays ayant fait ce choix et où, manifestement, tout ne va pas bien.
J’espère qu’il va donner matière à réfléchir : sur ce que veut dire la « liberté » de mourir lorsque l’on n’a aucune réponse à sa souffrance ou encore sur la place du médecin qui soigne mais peut aussi donner la mort…
- Pourquoi diffuser votre travail sur Internet et pas à la télévision ?
Aucune chaîne de télévision n’a accepté de diffuser le film, donc de le financer. Nous avons travaillé pendant deux ans, avec très peu de moyens, sans pouvoir aller aussi loin dans l’enquête que nous l’aurions voulu.
Malgré ces conditions précaires, nous avons été jusqu’au bout parce que nous avions la conviction qu’il y avait là un vrai sujet. J’avoue que l’absence de répondant du côté des diffuseurs me laisse perplexe.
RECUEILLI PAR MARINE LAMOUREUX
(1) Pierre Barnérias a 48 ans. Pendant 23 ans, il a travaillé pour de nombreuses chaînes de télévision, d’abord comme journaliste puis comme JRI (journaliste reporter d’images), France 2, France 3, TV5 monde, TF1, etc.
Lien permanent Catégories : Actualité, Belgique, Débats, Ethique, Santé, Société, Témoignages 0 commentaire -
Sur Euthanasie Stop (16/10/2013)
AUJOURD'HUI SUR EUTHANASIE STOP - 16/10/2013
Un documentaire censuré par toutes les chaînes
Publié par Michel JANVA (Journaliste)
L'euthanasie n'est pas la solution !
Publié par Francesca SIGNORE (Juriste)
Lire « L'euthanasie n'est pas la solution ! »
Papa a eu peur que les médecins l'euthanasient
Publié par Dominique BASTIN (Employée)
L'amour jusqu'au bout...
Publié par Marie-Anne SCHNACKERS (Pédagogue)
Lire « L'amour jusqu'au bout... »
Découvrez nos autres articles en Néerlandais : "mensen" met een warm hart...
Publié par Philip PINTELON (Ambtenaar)
Lire « "mensen" met een warm hart... »
Hedonistisme?
Publié par Marc VANHOUTTE (Gepensionnerde, Heverlee)
Lire « Hedonistisme? »
Lien permanent Catégories : Actualité, Belgique, Débats, Défense de la Vie, Ethique, Politique, Santé, Société, Témoignages 0 commentaire -
Bulletin de l'IEB - 16 octobre 2013 - Cordon ombilical / Souffrance psychique / euthanasie
Sommaire
- Un nouveau-né lorrain sauve un patient américain
- Vers une pénurie des médecins pratiquant l'avortement en Belgique ?
- Mères porteuses : le droit à un congé maternité devant la Cour de justice de l'Union européenne
- La souffrance psychique d’un homme « mal-transgenré » comme justification légale à son euthanasie
- Les 5 détenus belges ont-ils été euthanasiés ?
- A call to make assisted suicide available to prisoners
Lien permanent Catégories : Actualité, Belgique, Ethique, Europe, Justice, Santé, Société 0 commentaire -
Le volontariat en soins palliatifs a changé ma vie
Le volontariat en soins palliatifs a changé ma vie, avec Attilio Stajano
Interview exclusive dans le cadre de l’émission « Ethique et moi »; elle sera diffusée :
Sur RCF Bruxelles 107.6 à quatre reprises la semaine prochaine : ce lundi 14 octobre à 16h00, le mardi à 12h30, le jeudi à 16h30 et le samedi à 9h30. Cette émission est en ligne à ces mêmes heures sur le site : http://www.rcfbruxelles.be
Elle sera rediffusée également sur RCF Liège et RCF Namur à une date ultérieure mais assez proche.
ð Sur RCF Namur : « Question d'éthique » : Mardi 13h30 - Jeudi 9h - Dimanche 16h.
ð Sur RCF Liège : « Morale sans histoires » : Semaines impaires : Mardi 11h – Mercredi 2h30 (nuit) – Vendredi 1h – Lundi 3h (nuit).
Radiophoniquement vôtre,
P.S. Il est possible de réécouter les émissions de la semaine qui précède, en podcast, sur le site de RCF. C’est ici :http://www.rcfbruxelles.be/-Emissions-podcastees-.html ou cette émission à partir de la semaine prochaine.
Lien permanent Catégories : Actualité, Défense de la Vie, Ethique, Médias, Santé, Société, Témoignages 0 commentaire -
Quand les centres de soins palliatifs intègrent l'euthanasie...
Le docteur Corinne Van Oost est interviewée dans la Libre où elle déclare notamment:... Du côté francophone, on a mis du temps à intégrer l’euthanasie dans nos pratiques. Maintenant, cela se fait de plus en plus. Rares sont les services de soins palliatifs qui y restent opposés. La demande est toujours accompagnée mais certains restent réticents par rapport à l’acte.- Personnellement, vous en pratiquez ?
Oui. On aide nos patients jusqu’au bout. Dans notre unité, il y a 170 décès par an, dont 3 ou 4 par euthanasie. On essaie toujours d’être à deux parce que c’est un acte qui est difficile, qui n’est pas banal et qu’il y a aussi deux injections à pratiquer. Cela nous permet de nous soutenir. Je viens aussi souvent en aide à mes confrères à domicile, même si ce sont eux qui sur le plan légal prennent la responsabilité de l’acte. C’est toujours difficile : je ne les laisse pas tout seuls. -
Les conséquences psychiques de l'avortement mises en évidence
De la Lettre Mensuelle de Gènéthique.org :
Les conséquences psychiques de l’avortement mises en lumière
Le 13 septembre 2013, le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCEfh) remettait un rapport à la ministre N.Vallaud-Belkacem, préconisant la création d’outils institutionnels (site internet « en faveur du droit à l’avortement »1, campagne nationale d’information sur le « droit à l’avortement »…). Ces éléments marquent une volonté politique d’ériger l’avortement comme un droit et de le banaliser. Et pourtant on entend de plus en plus parler des conséquences de cet acte sur la femme. Ainsi, en juillet 2013 C.V.Bellieni2 a publié une synthèse d’études3 qui démontrent, au regard de la littérature scientifique internationale, que l’avortement a des conséquences psychiques sur la santé de la femme. Interview avec C.V.Bellieni.
G : Votre publication fait apparaître que vous avez évalué le risque de corrélation entre l’avortement et des désordres mentaux ultérieurs, afin de donner une information complète aux femmes qui hésitent à avorter. Qu’en avez-vous retiré ?
CVB : C’est un travail qui a soigneusement analysé toutes les études publiées sur ce risque de corrélation, entre 1995 et 2011, soit 36. Nous en avons exclu six pour des problèmes de méthodologie. Sur les 19 qui comparent avortement et naissance (les autres comparent l’avortement avec les fausses couches ou la naissance d’un enfant non désiré), 13 montrent de pires conséquences avec l’avortement (dépression, troubles de l’anxiété, toxicomanie, ou encore perte de l’estime de soi), 5 des conséquences similaires et seulement une montrerait des conséquences meilleures après un avortement.
Après avoir analysé toutes ces publications, nous pouvons conclure que l’avortement peut être considéré comme un facteur de risque psychique pour la femme plus significatif que la naissance d’un enfant. Il est quand même difficile de penser, à partir des données de la littérature, qu’il soit plus favorable pour la santé psychique d’avorter que de faire naître ou que de faire le deuil d’une fausse couche. Il sera intéressant de pousser les recherches plus loin dans ce domaine pour prouver les conséquences psychiques de l’avortement qui ressortent déjà au regard de la littérature scientifique.
G : Vous soulignez que la perte d’un enfant avant la naissance est traumatisante, qu’il s’agisse d’une fausse couche ou d’un avortement. Pourtant il y a bien une différence entre décider d’éliminer son enfant et de subir sa perte non voulue. Pouvez-vous nous éclairer ?
-
Le foetus sensible à la douleur et aux émotions
De la Lettre Mensuelle de gènéthique.org :
Le fœtus est sensible à la douleur… et aux émotions
par le Professeur Emmanuel SAPIN (1)
... Un article, publié sur le NYTimes.com mi septembre, informait que la chambre des représentants des Etats-Unis avait voté un projet de loi tendant à étendre l’interdiction de l’avortement au-delà de 20 semaines, en vigueur dans douze états, au motif qu’au-delà de cette date, le fœtus ressent de la douleur. Cela signifie-t-il qu’en deçà de 20 semaines le fœtus ne ressent rien ? Le professeur Emmanuel Sapin nous éclaire sur la question.
Il faut distinguer entre la souffrance physique (douleur) et la souffrance psychique en tant que ressenti psychique conscient de la douleur physique. Cette souffrance psychique n’est ressentie par l’enfant qu’après sa naissance.
La souffrance physique en tant qu’acheminement au cerveau de stimulation dite nociceptive (2) (provoquée par ex. par une piqûre), nécessite une maturation du système neurologique.
Il faut distinguer : l’arc réflexe présent bien avant 20 semaines (retrait d’un membre à la piqûre), de l’information remontant, disons, à la « partie basse » du cerveau, possible avant 20 semaines, et, enfin, la mémorisation cérébrale de la douleur qui, elle, se fait dans des centres « plus haut » du cerveau qui n’est pas encore suffisamment mature à 20 semaines.
Pour cette raison, ignorant les effets centraux sur le fœtus d’une stimulation douloureuse, nous avions pris le parti, lorsque, pionniers, nous avons opéré des fœtus porteurs de certaines malformations graves, à l’Hôpital Saint Vincent de Paul à Paris dans les années 89-91, d’anesthésier le fœtus opéré en injectant un produit dans le cordon afin de lui éviter toute douleur.
Enfin, un état douloureux ressenti par la femme enceinte est un stress auquel elle réagit en sécrétant des hormones (adrénaline et cortisol) qui auront un effet sur le cerveau du fœtus dès le deuxième trimestre de la grossesse, avec des conséquences sur le comportement post-natal de l’enfant.
-----------------------------------------
1. Professeur en chirurgie infantile et néonatale, et chef de service en chirurgie pédiatrique au CHU de Dijon ;
2. Stimulation douloureuse d’un récepteur nerveux du corps.