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Culture - Page 144

  • "Nous ne savons plus croire" et alors nous nous mettons à croire n'importe quoi...

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    D'Eugénie Bastié sur le site du Figaro Vox :

    «Parce que nous ne savons plus croire, nous nous mettons à croire n’importe quoi»

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - À l’occasion de la sortie de son ouvrage Nous ne savons plus croire, le philosophe Camille Riquier revient sur la place de la croyance dans les sociétés occidentales contemporaines. Selon lui, notre époque se caractérise par un épuisement de la foi.

    29.02.2020
     
    L’Angélus de Millet
    L’Angélus de Millet angelus de Millet Wiki commons

    Camille Riquier est vice-recteur à la recherche de l’Institut catholique de Paris et professeur à la Faculté de philosophie. Spécialiste de Bergson et de Péguy, il vient de publier Nous ne savons plus croire (Desclée de Brouwer, 2020).


    FIGAROVOX.- «Nous ne savons plus croire»: tel est le titre et le constat étayé de votre livre où vous décrivez minutieusement l’état de nos croyances minées par des siècles de philosophie du soupçon. Est-ce à dire qu’on croyait mieux avant? Que la foi de nos ancêtres était plus forte, plus pure?

    Camille RIQUIER.- Reconnaître notre impuissance à croire dans nos sociétés occidentales actuelles, si tant est que nous partagions un tel constat, ne veut pas dire que l’humanité croyait mieux avant. Non, ce n’était pas mieux avant ; ce n’était d’ailleurs pas pire non plus. La fantaisie des hommes est sans limites, et il a toujours été difficile de croire. Si l’on suit la courbe des croyances selon les siècles, on s’aperçoit plutôt qu’elle épouse les soubresauts de l’histoire. La foi est variable et sinueuse, et dépend d’un grand nombre de facteurs pour se développer et accrocher le cœur des hommes. Elle a ainsi pu être naïve ou réfléchie, ignare ou instruite ; elle a pu être faible ou vigoureuse, bonne ou mauvaise ; elle a pu être encore loyale ou déloyale, formée ou informe, orthodoxe ou hérétique, constante ou capricieuse, humble ou fière… La foi pouvait être tout cela ; mais du moins, cela signifie que les anciennes humanités croyaient. Or, c’est cet acte si simple et naturel, dont on a longtemps été prodigue, qui nous semble désormais interdit, en dépit du désir qui pourrait pourtant nous y ramener. Deleuze, dans son ouvrage Cinéma 2: L’image-temps voyait même là une spécificité des temps présents: «le fait moderne, c’est que nous ne croyons plus en ce monde. Nous ne croyons même pas aux événements qui nous arrivent, l’amour, la mort, comme s’ils ne nous concernaient qu’à moitié. Ce n’est pas nous qui faisons du cinéma, c’est le monde qui nous apparaît comme un mauvais film.»

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  • Quand le pape s'exprime sur l'intelligence artificielle

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    D'Hélène Ginabat sur zenit.org :

    Intelligence artificielle : un don à manier avec éthique, estime le pape

    Discours à l’Académie pour la vie (Traduction intégrale)

    L’innovation numérique est « un don de Dieu, c’est-à-dire une ressource qui peut porter de bons fruits », affirme le pape François, mais elle doit être accompagné d’une éthique et d’« une action éducative plus ample ».

    Le pape étant indisposé ce 28 février 2020, son discours à l’assemblée plénière de l’Académie pour la vie – qui se déroule au Vatican du 26 au 28 février sur le thème de l’intelligence artificielle – a été lu par Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie.

    Evoquant les algorithmes qui « extraient des données qui permettent de contrôler les habitudes mentales et relationnelles » des utilisateurs d’internet, « à des fins commerciales ou politiques », le pape met en garde : « Cette asymétrie, selon laquelle un petit nombre sait tout de nous, tandis que nous ne savons rien d’eux, engourdit la pensée critique et l’exercice conscient de la liberté. Les inégalités s’amplifient démesurément, la connaissance et la richesse s’accumulent dans les mains d’un petit nombre, entraînant des risques graves pour les sociétés démocratiques. »

    Il invite à garde « au centre de la connaissance et des pratiques sociales, la personne dans toutes ses dimensions, y compris les dimensions spirituelles ».

    Voici notre traduction du discours du pape François.

    HG

    Discours du pape François

    Mesdames et Messieurs les autorités,

    Mesdames et Messieurs,

    Chers frères et sœurs,

    Je vous salue cordialement à l’occasion de l’assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie et je remercie Mgr Paglia pour ses aimables paroles. Je suis reconnaissant pour leur présence envers le président du Parlement européen, le directeur général de la FAO et les autres autorités et personnalités dans le domaine de la technologie informatique. Je salue également les personnes qui participent, de l’Auditorium Conciliazione, et je me réjouis de la présence nombreuse, notamment de jeunes : c’est un signe d’espérance.

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  • Le Chœur Universitaire de Liège fête son 70e anniversaire

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    Le Choeur ULiège fête son 70e anniversaire et vous invite à son concert qui sera donné à la Salle Académique de l’ULiège, place du 20-Août, le jeudi 2 avril à 20h

    choeur universitaire.jpg

    Au programme les « Coups de coeur du Choeur » avec de larges extraits du Requiem de Mozart, du Messie de Haendel, du Te Deum de Charpentier ou encore du Requiem de Brahms. 

    Un concert commenté par le conférencier Jean-Marc Onkelinx. 

    Le nombre de places à la salle Académique étant limité, nous vous invitons à réserver vos places par mail ou par téléphone : 0471/17 39 76 ou choeur@uliege.be

    (n° de compte du choeur : BE83 0004 5180 8115)

    Places à 15€ - 6€ pour les étudiants.

    JPSC

  • Trump: le premier discours d'un Président américain pour le Mercredi des Cendres

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    De Marco Respinti sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Trump: premier discours des cendres d'un président américain

    28-02-2020

    Pour la première fois, un président des États-Unis a prononcé un discours le mercredi des Cendres et l'a fait, non pas comme un acte privé, mais comme un acte officiel. Le choix de Donald J. Trump est d'une importance cruciale, non seulement parce qu'il est en charge de la première puissance mondiale, mais parce qu'il y est revenu pour identifier les États-Unis en tant que nation chrétienne.

    «Et la lumière brillait dans les ténèbres et / contre la Parole le monde agité encore / tourbillonnait autour du centre de la Parole silencieuse». Quand, en 1930, T.S. Eliot (1888-1965) a publié le poème Mercredi des Cendres, "Mercredi des Cendres", jamais il n'aurait imaginé qu'une des représentations les plus plastiques et concrètes de ses vers évocateurs aurait été le président du pays que le poète avait laissé derrière lui, les États-Unis d'Amérique, et certainement le plus improbable de tous les présidents.

    Dans le monde chrétien, le Carême a débuté mercredi 26 avec le rituel de l'imposition des cendres et le chef du pays le plus important du monde, Donald J. Trump, a marqué l'événement sur le calendrier de l'histoire en envoyant au pays et au monde entier un message. Ce n'était jamais arrivé. "Melania et moi souhaitons à tous de vivre le mercredi des Cendres comme une journée de paix et de prière", a écrit le président. «Pour les catholiques et bien d'autres chrétiens, le mercredi des Cendres marque le début de la période du Carême qui se termine par la joyeuse célébration du dimanche de Pâques. Aujourd'hui, des millions de chrétiens porteront sur le front le signe de la croix. L'imposition de cendres est une invitation à vivre le temps du Carême en jeûnant, en priant et en s'engageant dans des gestes de charité. Cette tradition puissante et sacrée nous rappelle la condition mortelle qui nous unit, l'amour du Christ qui sauve et la nécessité de se repentir en acceptant plus pleinement l'Évangile. Unissons donc nos prières avec tous ceux qui observent ce jour saint et souhaitons-leur un chemin de carême de prière. Pendant cette période bénie, vous pouvez vous rapprocher de Dieu dans la foi. "

    Quelques mots essentiels qui parlent de l'essentiel. Dieu, prière, pénitence, réconciliation, triomphe de la résurrection. C'est beau. Mais ce n'est pas seulement ici la beauté intrinsèque des mots de Trump. Le surcroît de beauté dans les mots de Trump est que Trump a écrit ces mots. Pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce que Trump présente la foi comme une réalité normale. De l'aube de l'humanité aux Lumières, l'athéisme n'a jamais existé. Au mieux, c'était le passe-temps d'un intellectuel bourgeois qui, pour vaincre l'ennui, essayait d'étonner les autres. Aujourd'hui, cependant, la foi, du moins en Occident, semble être une chose martienne. Trump renverse donc tout cela en reprenant les choses depuis le commencement.

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  • "Enracinés !" : un éloge de la transmission dans une société sans repères

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    D'Iris Bridier sur le site de France Catholique :

    « Enracinés !  », de Gabrielle Cluzel

    Racines d’avenir

    par Iris bridier

    mercredi 26 février 2020

    Gabrielle Cluzel

    Dans un essai plein d’espérance, Gabrielle Cluzel fait l’éloge de la transmission dans une société sans repères.

    Il faut la plume drôle et légère de Gabrielle Cluzel pour dénoncer de tels sujets, sans jamais verser dans l’amertume. Perte des repères et du sens de la terre, de la tenue vestimentaire et des bonnes manières, des valeurs de transmission et d’évangélisation, rien n’échappe à cette chroniqueuse aguerrie.

    La rédactrice en chef de Boulevard Voltaire débusque, décortique et met en lumière les travers de la France décorsetée. «  La rigueur, la ponctualité, la régularité, l’amour du travail bien fait, le sens du devoir sont une déclinaison profane des règles bénédictines.  » Et Gabrielle Cluzel de rappeler : «  C’est en s’imprégnant des codes, des rites, des usages qu’un étranger se coule dans une société. Et répétons-le, c’est peut-être parce que la France n’en a plus qu’elle ne parvient plus à intégrer…  » Ces valeurs devenues indéfendables, car communément qualifiées de bourgeoises, sont dans cet ouvrage réhabilitées en beauté.

    «  Courgeois  » et «  immobourgeois  »

    Loin d’être une notion péjorative, la bourgeoisie de Gabrielle Cluzel est «  attachée à son bourg, c’est-à-dire à sa terre, à sa pierre, et surtout à l’univers culturel dont elle est héritière. Là est la richesse qu’elle a reçue de ses ancêtres et qu’elle voudrait avoir le droit de transmettre à son tour  ».
    Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs, l’auteur nous décrit deux caractères dignes de ceux de La Bruyère. Le «  courgeois  », le bobo qui court et qui consomme : «  Le courgeois se croit drôlement plus malin que le bourgeois. Il s’ennuie moins. N’est jamais contraint. Est épicurien. Et ne comprend pas qu’en refusant d’être maillon d’une longue chaîne, il vit dans le temps court. Il est le court-joie.  »

    Face à lui, «  l’immobourgeois  », ce bourgeois immobile : «  Il est la France profonde, la France bien élevée.  » Une France méprisée des élites mais qui n’a pas peur de manifester, bienvenue dans «  la France de Johnny  ».

    Des raisons d’espérer

    Dénonçant les déliquescences de notre société conduisant inexorablement à une nation fragmentée, la journaliste sait redonner au lecteur des raisons d’espérer. Parmi elles, l’Église et l’armée, deux institutions encore capables d’exercer les hommes à se dépasser, citant Arnaud Beltrame «  l’un de ces glorieux maillons  ».

    En outre, elle décrit une génération encore bien enracinée : «  La jeunesse catholique existe, ardente, pieuse, dure au mal, entêtée puisqu’elle revient chaque année, et prête au sacrifice – au moins dans un premier temps de son week-end et de ses pieds – et il ne faudra pas s’étonner quand elle sera si nombreuse qu’on ne pourra plus faire sembler de l’ignorer.  »

    Cette jeunesse de France non pas en marche, mais en route vers Chartres, a médité les mots du cardinal Sarah : «  Terre de France, réveille-toi !  »«  Peuple de France, retourne à tes racines !  » Exaltant les humanités comme rempart au consumérisme et à l’overdose de technicité, Gabrielle Cluzel ne s’illusionne pas de regretter le passé, mais nous donne à redécouvrir les qualités d’âme que la civilité a su éduquer, et dont nous sommes tous les héritiers.

    — 

    Enracinés, Gabrielle Cluzel

    Enracinés !, Gabrielle Cluzel, Artège,180 pages, 15 €.

  • Les cultes vont-ils devoir s'autofinancer ?

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    Monseigneur Kockerols, évêque auxiliaire pour Bruxelles, est interviewé sur LN24 :

    2020_02_28_09_47_45_Greenshot.png

    https://uniq.auxiapp.be/Uniq/wmv/Alerts/20200227%20-%20LN24_Midi%20-%20Part2-31471-4439334.mp4

  • Rwanda : une centaine de personnes rendent hommage au chanteur dissident Kizito Mihigo à Bruxelles

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    Lu sur le site de la Libre Afrique :

    Rwandais-780x405-690x405-1-510x374.jpg« Une centaine de personnes ont rendu samedi dernier un dernier hommage au chanteur et dissident rwandais Kizito Mihigo, devant le palais de justice de Bruxelles, place Poelaert. L’artiste, dont la musique a été interdite par le pouvoir, a été retrouvé mort lundi matin dans une cellule du poste de police de Remera, à Kigali, trois jours après avoir tenté de fuir le pays.

    La police nationale rwandaise a attribué ce décès à un suicide, soulevant de nombreuses questions au Rwanda. Critique du régime de Paul Kagame, Kizito Mihigo avait été condamné à 10 ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement, avant d’être remis en liberté en septembre 2018. Durant son procès, ses avocats avaient souligné qu’il n’y avait aucune preuve contre le chanteur. En 2014, ce dernier avait déjà été accusé de mobiliser des jeunes en faveur des mouvements rebelles en exil.

    La Société Civile Rwandaise en Belgique a organisé à Bruxelles des événements tout au long de la journée de samedi pour rendre hommage au chanteur militant. Une messe s’est tenue ainsi à 12h00 en l’église Saint-Roch, dans le quartier Nord. Après cet hommage religieux, une commémoration publique est organisée à 14h00 au Passage 44, boulevard du Botanique. À 16h00, les participants ont eu l’occasion de débattre sur la lutte contre l’impunité au Rwanda.

    En 2013, Kizito Mihigo questionnait en chanson la version officielle du génocide qui a opposé Hutu et Tutsi en 1994.​ »

    Ref. une centaine de personnes rendent hommage au chanteur dissident Kizito Mihigo à Bruxelles

    Kizito Mihigo : un chrétien rwandais qui était aussi  musicien de talent :

    JPSC

  • "J'y crois encore" : ce film bouleversant viendra-t-il sur les écrans belges ?

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    Du site de Famille Chrétienne :

    Vidéo – Film « J'y crois encore » : une histoire vraie bouleversante

    19/02/2020

    Saje distribution a dévoilé la bande-annonce de son prochain film « J’y crois encore ». Il retrace l'histoire vraie d'une star de la musique chrétienne, Jeremy Camp, et son combat avec sa fiancée lorsqu'ils apprennent qu'elle est atteinte d'une maladie incurable. Un témoignage édifiant sur l'amour d’un jeune couple, avec, en toile de fond, la question de la foi qui subsiste malgré l'épreuve de la maladie.

     
     
  • François sur l’Amazonie : le pape est-il « panthéiste et idolâtre » ?

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    La lettre du pape François sur l’Amazonie est-elle « panthéiste et idolâtre » ? (19 mn)

    Réponse aux critiques des Sédévacantistes.

    Il est intéressant de regarder les critiques venant des oppositions au pape François.

    Il y a d’abord celles des « progressistes » comme le père Duigou sont faites de déception pastorale : « Pas d’ordination diaconale des femmes et sacerdotales des hommes mariés… Mais François n’a pas interdit non plus. » On devine donc l’étape de leur prochain combat et leur désir ne s’arrêtera pas là. L’ordination épiscopale de femmes lesbiennes et divorcées est déjà un rêve accompli chez les Anglicans.

    Il y a ensuite celle des « intégristes » de type « sédévacantiste (le pape de Rome est un antipape) » qui sont doctrinales et croient repérer deux hérésies. D’abord le « panthéisme » (Dieu et le monde sont uns) dans cette phrase (N°74) : « Le Christ est glorieux et mystérieusement présent dans le fleuve, dans les arbres, dans les poissons et dans le vent » et dans celle-ci n° 56 : « Il faut entrer en communion avec la forêt ». L’autre accusation est celle d’idolâtrie à cause de ce propos : « 79. Il est possible de recueillir d’une certaine manière un symbole autochtone sans le qualifier nécessairement d’idolâtrie. Un mythe chargé de sens spirituel peut être utilisé et pas toujours être considéré comme une erreur païenne (…), bien qu’un lent processus de purification ou de maturation soit requis. » Cette video montre comment doivent être comprises ces paroles du pape, selon la méthode demandée par son prédécesseur Benoît XVI, à savoir « dans une herméneutique de la continuité avec les dogmes de toujours». Peut-on trouver Dieu dans le fleuve, la forêt, les poissons ? Bien sûr que oui. C’est ce que fait tout homme qui prie dans la nature et sent la présence de son Créateur dans la créature. Est-ce à dire que le poisson est Dieu ? Bien sûr que non. Peut-on trouver des annonces de Jésus Christ dans les mythes des paganismes ? Bien sûr que oui. C’est ce qu’a toujours fait l’Eglise catholique en remplaçant les cultes des idoles par le culte des saints et des anges qui leur ressemblaient par quelque événement de leur vie. On en trouvera un exemple ici avec la saint Valentin : La vie de saint Valentin, évêque de Terni, patron des amoureux (160-203) (19 mn) (14 février) https://youtu.be/FnHMBn8PMLE

  • Quand on assiste au "crépuscule de l'universel"

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    Des propos recueillis par Aliénor Barrière sur Atlantico.fr :

    Chantal Delsol : "L’Occident est passé de l’humanisme à l’humanitaire"

     

    Atlantico.fr : Vous expliquez que "l'individualisme occidental, libéral et mondialiste, se trouve en face de plusieurs cultures distinctes qui le combattent au nom chaque fois d'une forme d'holisme et d'enracinement". Quelle est donc l'origine de la remise en cause de notre universalisme ?

    Chantal Delsol : Cette mise en cause est récente, elle date du tournant du siècle. Je crois, et c’est la thèse que je développe, qu’elle provient largement d’un excès de l’individualisme occidental. Celui-ci est devenu si extrême, si idéologique, que nombre de groupes culturels, à l’extérieur et à l’intérieur de l’Occident, en sont venus à penser que ce n’était plus là un modèle possible ni souhaitable. Le processus le plus emblématique : l’institutionnalisation de la solitude individuelle et la dissolution des liens, est considéré par beaucoup comme inacceptable.

    Vous abordez la politique chinoise en expliquant qu'en Chine "la liberté personnelle, qui donne lieu à la libre parole et à la contestation, à l'Etat de droit et à la démocratie, est décrite comme la porte ouverte aux désordres de toutes sortes, voire à l'anarchie et au nihilisme - impropre, donc, au développement harmonieux d'un peuple". Peut-on rapprocher cette conception à la légende du Grand Inquisiteur développée par Dostoïevski dans Les Frères Karamazov ?

    Oui, sinon que Dostoïevski en tire une critique théologique : Dieu a eu tort de nous laisser la liberté, ce faisant il nous a rendus malheureux… Mais il est vrai que l’on peut trouver la critique de la liberté excessive, aussi bien chez les Russes que chez les Chinois. J’ai tenté de montrer que les arguments affichés étaient analogues. Et que même, les arguments des traditionnalistes anti-modernes depuis la révolution française, étaient aussi les mêmes. Il s’agit toujours d’affirmer ici que la liberté doit être limitée en fonction du besoin de liens, qui est foncièrement humain, et des responsabilités attenantes.

    La modernisation peut-elle désormais se penser sans l'occidentalisation ?

    On voit plusieurs cultures extra-occidentales espérer, depuis deux siècles, se moderniser sans s’occidentaliser : c’est-à-dire avancer dans la voie de l’émancipation, mais sans être obligées pour autant de mimer l’Occident. Peut-être le Japon y est-il parvenu ? J’ai tenté de montrer, dans la conclusion, qu’il y a aujourd’hui deux courants distincts qui proposent une « autre modernité ». La Chine, une modernité fondée sur l’holisme (l’individu est entièrement ordonné à la famille et à l’Etat). Et l’Europe centrale, qui propose une modernité fondée sur la « personne interindividuelle ». On constate que dans les deux cas, très différents l’un de l’autre, il s’agit toujours de limiter l’individualisme en sauvant les liens inter-humains.

    Quels sont les fondements philosophiques et les conséquences politiques de l'opposition entre l'humanisme classique et l'humanitarisme actuel ?

    L’humanisme classique est fondé sur la centralité de l’homme dans l’univers. L’homme est considéré, depuis la Bible, comme le maitre et le berger du monde. Il a plus de valeur que les autres vivants : il a une dignité spéciale comme « image de Dieu ». Cette croyance est caractéristique de l’Occident : dans certaines cultures asiatiques, par exemple, l’humain n’a pas plus de valeur que l’animal. Le passage à ce que j’appelle l’humanitarisme, signifie que l’homme a perdu sa valeur intrinsèque et sa centralité – la nature en revanche se sacralise. Et en même temps, que se développe une morale de la compassion, laquelle devient une véritable religion. Le monde humaniste est monothéiste – c’est Dieu qui confère à l’homme sa dignité intrinsèque et son statut de roi. Dans le monde humanitaire, il y a deux religions : la religion morale compassionnelle, et la religion de la nature.

    Quant aux conséquences, nous sommes dans la prospective… L’humanitarisme est une forme de panthéisme – c’est d’ailleurs ce que Tocqueville avait prédit, il y a deux siècles, pour la démocratie avancée : le panthéisme. 

    Propos recueillis par Aliénor Barrière 

    Chantal Delsol publie "Le Crépuscule de l'universel" aux éditions du Cerf 

    Lien vers la boutique : ICI

  • Quand l'efficacité l'emporte sur la vérité...

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    Des propos recueillis par Laurent de Boissieu sur le site du journal La Croix :

    « Les messages ne doivent plus être justes, mais efficaces », regrette François-Xavier Bellamy

    Verbatim - François-Xavier Bellamy, chef de la délégation LR au Parlement européen. Pour le professeur de philosophie, le risque du déni de réalité guette la société.

    « Où est passée la vérité ? Sa disparition est au cœur de la crise profonde que traversent nos démocraties. Il est devenu habituel de s’indigner des fake news qui prospèrent sur le Net, ou des outrances que suscitent des surenchères démagogiques… Mais reconnaissons-le : notre société avait renoncé à la vérité bien avant le populisme et les réseaux sociaux, par une forme de relativisme confortable et inconséquent.

    Lorsque je demandais à mes élèves une définition de la vérité, la première réponse était toujours : « La vérité dépend de chacun. » Ce qui est rigoureusement impossible : nous avons des opinions différentes, mais elles ne peuvent être toutes vraies en même temps. Sur fond de ce relativisme, notre société a sombré paisiblement dans un immense déni de réalité – et la politique est devenue à elle seule sa propre réalité, comme un spectacle clos sur lui-même, qui se suffit de ses artifices. Les messages ne doivent plus être justes, mais politiquement efficaces. On ne propose plus une mesure parce qu’elle est utile, mais pour se “positionner”. Les fluctuations sondagières imposent des retournements décomplexés, des sincérités successives, des simplismes caricaturaux. Tant pis pour la complexité du réel - à laquelle la structuration du débat public ne laisse de toute façon aucune chance. Dans le rythme des joutes médiatiques, construites pour produire de la polémique, malheur à celui qui croirait encore à la rigueur et à la nuance.

    Renoncer au souci de la vérité ne nous a pas rendus plus libres, au contraire. Toutes les opinions se valent, assure-t-on ; mais qui peut prétendre, élu ou simple citoyen, qu’il ose vraiment dire ce qu’il pense ? On ne parle plus, on répète des “éléments de langage”. L’autocensure est permanente. Il y a des vérités factuellement incontestables qu’il suffirait d’évoquer pour être immédiatement expulsé de la conversation civique. Un maire a été poursuivi pour avoir indiqué la proportion de prénoms d’origine musulmane dans les classes de sa ville. Une philosophe est interdite d’université parce qu’elle pense que l’altérité sexuelle joue un rôle dans la filiation. Le problème n’est même pas que ce serait faux ; c’est simplement démodé, inconvenant – si vous l’affirmez d’ailleurs, on ne vous opposera aucune réfutation : l’indignation suffira.

    Dans la vie politique, comme en sciences ou en philosophie, c’est seulement parce que nous cherchons une même vérité, que nous en venons à partager nos désaccords pour pouvoir nous en approcher. Seule la certitude que le réel existe, et que nous avons le devoir de nous ajuster à lui, peut nous obliger au respect et à l’écoute de l’opinion d’autrui. Ce n’est que par le souci de la vérité que nous retrouverons le sens de nos libertés, et notre vitalité démocratique. »

    D'où l'urgence de lire l'ouvrage de Paul Vaute "Plaidoyer pour le Vrai"
  • Une adolescente chrétienne pakistanaise (14 ans) mariée de force à son ravisseur musulman

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    Lu sur le site de Valeurs Actuelles :

    Pakistan : une chrétienne de 14 ans mariée de force à son ravisseur musulman

    18 février 2020

    S’appuyant sur la charia, la Haute Cour de Karachi a estimé que le mariage d’une jeune pakistanaise de 14 ans avec son ravisseur musulman était valide.

    Elle pourrait devenir, selon l’ONG Aide à l’Église en détresse (AED), « le symbole de la pratique des enlèvements de jeunes chrétiennes par des musulmans ». Comme le relaye La Croix, Huma Younus, jeune pakistanaise de 14 ans, a été enlevée le 10 octobre 2019 par un homme musulman, Abdul Jabbar. Mariée de force à ce dernier, l’adolescente était dans l’attente du jugement de la Haute Cour de Karachi en espérant que son âge soit pris en considération pour casser cette alliance forcée avec son ravisseur. Les deux juges ont toutefois estimé que ce mariage était bien valide puisque, comme le stipule la charia (loi islamique), une fille peut se marier après ses premières règles, et ce quel que soit son âge.

    Au Pakistan, le mariage forcé d’une chrétienne de 14 ans validé par la justice

    Huma Younus, chrétienne pakistanaise de 14 ans, n’a pas été reconnue comme mineure par la Haute Cour de Karachi le 6 février. Elle demeure donc mariée à son ravisseur musulman Abdul Jabar.

    la-croix.com

    « C’est la énième défaite de la justice et une autre preuve que l’État n’attache guère d’importance aux chrétiens en tant que citoyens pakistanais », a regretté Nagheena Younus, mère de Huma, à la sortie de l’audience du 3 février, dans des propos rapportés par La Croix. Comme le rappelle le quotidien, de nombreuses jeunes filles chrétiennes sont enlevées par des musulmans qui les épousent de force puis les obligent à se convertir à l’islam. Bouleversés, les parents de Huma ont tenté de sensibiliser la communauté internationale pour permettre à leur fille de retrouver sa liberté.