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Idées - Page 104

  • Vous avez dit "loi naturelle" ?

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    Le Maître de Conférences Henri Hude, sur Magistro, aborde ces questions : Qu'est-ce que la nature ? Qu'est-ce que la "loi naturelle" ?

    On va beaucoup parler cet automne de nature et de liberté, de naturel ou de contre-nature, de morale naturelle ou de transgression, etc.On s'est déjà mis à parler, ou à reparler, de "morale laïque".Les questions dont dépendent tous ces débats sont les suivantes : existe-t-il une loi naturelle ? Comment peut-on être sûr qu'il en existe une ? Si nous pouvons en être sûrs, rationnellement, quel en est en gros le contenu ? Pouvons-nous être certains de ce contenu ? Si oui, de quoi, pourquoi et comment ? Et que faut-il entendre profondément par "loi naturelle" ? Est-ce la même chose que la loi morale ? Comment retrouver la certitude rationnelle de l'existence et du contenu de cette loi morale objective ? En comprenant, précisément, ce que veut dire "loi naturelle" ? Et quel rapport avec la loi civile fondamentale ? Et avec Dieu ? Sans cette loi, un individu vit sans règle, un décideur n'a plus de boussole et un législateur fait n'importe quoi.Je voudrais permettre aux lecteurs et à leurs familles de se réapproprier cette notion. Plus que cette notion, il faut nous réapproprier cette loi. Il faut la retrouver avec une sorte d'évidence.

    Pour y aider, voici deux textes classiques. Aristote et la "loi naturelle"

    Dans le 1 er Livre de sa Rhétorique, Aristote écrit, au chapitre XIII (et, plus loin, au chapitre XV) : " (…) la définition du juste et de l'injuste se rapporte à deux sortes de lois (…). "Je veux parler de la loi particulière et de la loi commune."La loi particulière est celle que chaque collection d'hommes détermine par rapport à ses membres, et ces sortes de lois se divisent en loi non écrite et en loi écrite. "La loi commune est celle qui existe conformément à la nature. En effet, il y a un juste et un injuste, communs de par la nature, que tout le monde reconnaît par une espèce de divination, lors même qu'il n'y a aucune communication, ni convention mutuelle. C'est ainsi que l'on voit l'Antigone de Sophocle (deuxième épisode) déclarer qu'il est juste d'ensevelir Polynice, dont l'inhumation a été interdite, alléguant que cette inhumation est juste, comme étant conforme à la nature. Ce devoir ne date pas d'aujourd'hui ni d'hier, mais il est en vigueur de toute éternité, et personne ne sait d'où il vient’."Pareillement Empédocle : "(…) mais cette loi générale s'étend par tout le vaste éther et aussi par la terre immense."

    Voici maintenant le texte de l’Antigone de Sophocle

    Le Roi demande à Antigone comment elle a osé désobéir aux règles que lui avait édictées. Et Antigone répond ceci : "C'est que Zeus ne les a point faites, ni la Justice qui siège auprès des Dieux souterrains. "Et je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des Dieux, puisque tu n'es qu'un mortel. "Ce n'est point d'aujourd'hui, ni d'hier, qu'elles sont immuables ; mais elles sont éternellement puissantes, et nul ne sait depuis combien de temps elles sont nées. "Je n'ai pas dû, par crainte des ordres d'un seul homme, mériter d'être châtiée par les Dieux."Je savais que je dois mourir un jour, comment ne pas le savoir ? Même sans ta volonté (…). Certes, la destinée qui m'attend ne m'afflige en rien."Si j'avais laissé non enseveli le cadavre de l'enfant de ma mère, cela m'eût affligée ; mais ce que j'ai fait ne m'afflige pas. Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé !"

    Le thème de la loi naturelle est traité dans Préparer l’avenir. Nouvelle philosophie du décideur

  • De Marx à Jésus en passant par Ratzinger...

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    C'est à lire sur le site chiesa.espresso de Sandro Magister :

    De Marx à Ratzinger. Le manifeste du tournant

    Il n'y a pas que le Parvis des Gentils. Dans les milieux où se côtoient foi et incroyance, c'est de nouveau le temps des conversions. C'est aussi celui d'une "nouvelle alliance", avec Benoît XVI comme phare

    ROME, le 16 novembre 2012 – Tandis qu’ont lieu, l’une après l’autre, les manifestations organisées dans le cadre du "Parvis des gentils" par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la culture, d’autres événements remarquables se produisent dans le milieu où se côtoient foi et incroyance.

    On n’en parle pas autant. Ils ne sont pas très spectaculaires. Mais ils sont efficaces et impliquent les gens. Ils ne se bornent pas à monter en épingle les opinions des porte-parole les plus connus de la culture de notre époque, personnages révérés et intouchables. Ils mettent sérieusement en question les prises de position de chacun, lancent de véritables parcours de recherche et on n’y est pas effrayé par le mot "conversion".

    Une preuve ? Les taux d’écoute, élevés et en progression, enregistrés par une émission de TV 2000, la chaîne de télévision qui appartient aux évêques italiens, intitulée "La svolta" [Le tournant]. À chaque fois, celle-ci présente un converti, arrivé à la foi chrétienne par des chemins qui, de l’un à l’autre, sont d’une très grande diversité.

    Au sein de l’Église catholique, les convertis ont eu un rôle de première grandeur entre le XIXe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Mais, par la suite, une chape de silence est tombée sur les conversions. Celles-ci sont presque devenues un sujet tabou, dont il ne fallait pas parler. L’émission "Le tournant" marque un véritable regain d’intérêt. Les convertis qui y ont été interviewés sont les Italiens Pietro Barcellona, philosophe du droit, Giovanni Lindo Ferretti, auteur-compositeur-interprète, Cristina Alfano, chanteuse lyrique, Guido Chiesa, metteur en scène, Claudia Koll, actrice ; les Français Jean-Claude Guillebaud, journaliste, Fabrice Hadjadj, philosophe, François Taillandier, écrivain, Patrick Kéchichian, critique littéraire, Claire Gibault, chef d'orchestre ; l’Allemande Gabriele Kuby, sociologue ; le Britannique Alister McGrath, théologien ; le Japonais Etsuro Sotoo, sculpteur ; la Russe Tatiana Goritcheva.

    L’un de ces convertis, Pietro Barcellona, est également l'auteur, avec trois autres penseurs post-marxistes, d’un manifeste, consacré à "l'urgence anthropologique", qui a suscité un vif étonnement.

    Et il s’agit là du second fait notable. Les trois autres auteurs du manifeste sont les professeurs Giuseppe Vacca, historien, Mario Tronti, philosophe et politologue, et Paolo Sorbi, sociologue. Ce dernier est catholique, les deux autres non. Tous les quatre ont milité au Parti communiste et aujourd’hui ils sont membres du Parti démocratique, le principal parti de gauche italien. Vacca est le directeur de l'Institut Gramsci. Tronti est le président du Centre pour la réforme de l’État et il a été le plus grand théoricien italien de l'ouvriérisme, mais il a aussi toujours montré un très vif intérêt pour la théologie politique de Carl Schmitt et il a fréquenté le cénacle intellectuel de la revue catholique "Bailamme" ainsi que le monastère camaldule de Monte Giove.

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  • L'univers : ni un chaos ni le résultat du chaos

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    (ZENIT.org) Le pape a  reçu ce jeudi 8 novembre, les participants de l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences (5 au 7 novembre 2012) organisée au Vatican, sur le thème : « Complexité et analogie dans les sciences : aspects théoriques, méthodologiques et épistémologiques ». Il a notamment tenu ces propos :

    Benoît XVI souligne que « l'univers n'est pas le chaos ou le résultat du chaos, au contraire, il apparaît de plus en plus clairement comme une complexité ordonnée qui nous permet, grâce à l'analyse comparative et à l'analogie, de nous élever de la spécialisation vers un point de vue plus universel et vice-versa ».

    Il évoque à ce sujet la « nouvelle vision de l'unité des sciences », la « grande unité de la nature insérée dans la structure complexe du cosmos et le mystère de la place de l'homme en son sein », révélée par les découvertes récentes de la physique et de la biologie.

    En outre, ajoute-t-il, « la succession sans fin et l'intégration patiente de diverses théories », témoignent à la fois de « l'unité de la démarche scientifique » et de « l'aspiration constante des scientifiques à une compréhension plus adéquate de la vérité de la nature et à une vision plus complète de celle-ci ».

    Evoquant l’« approche interdisciplinaire » nécessaire entre les sciences, le pape estime que cela montre que « les sciences ne sont pas des mondes intellectuels déconnectés les uns des autres et de la réalité », mais des mondes « reliés entre eux et dirigés vers l'étude de la nature comme une réalité unifiée, intelligible et harmonieuse dans son incontestable complexité ».

    Pour le pape, cette vision du monde a des « points de contact fructueux » avec celle que la philosophie et la théologie chrétiennes ont de l’univers, notamment « la notion d'être par participation selon laquelle chaque créature, dotée de sa perfection propre, partage également un caractère spécifique et ce, dans un cosmos ordonné qui tire son origine de la Parole créatrice de Dieu ».

    Selon Benoît XVI, l'unité de l'univers a donc une implication en science et dans la foi : « c'est précisément cette organisation intrinsèque "logique" et "analogique" de la nature qui encourage la recherche scientifique et fait découvrir à l'esprit humain la coparticipation horizontale entre les êtres et la participation transcendantale par l'Etre Premier ». (ZENIT.org)

  • Le Goncourt a couronné "le Sermon sur la Chute de Rome" de Ferrari

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    Je n'ai pas les compétences pour émettre un avis autorisé sur ce roman que j'ai lu avec des sentiments mélangés. L'écriture m'a semblé ample et belle mais le propos fondamentalement pessimiste. J'ai eu l'impression que saint Augustin n'avait été convoqué par l'auteur que pour y voir son propos disqualifié car il n'y a pas d'autre horizon dans ce livre que le tragique de nos destinées et où les promesses n'existent que pour ne pas être tenues. Je me trouvais renvoyé à une vision désespérée et desespérante d'un homme abandonné "seul et sans excuses". Je ne peux que faire miennes ces réflexions de Astrid de Larminat (Le Figaro) dans son compte-rendu du livre de Jérôme Ferrari (les "gras" sont de belgicatho) :

    "Ce roman très corse est aussi universel que la tragédie grecque. Les paysages, abrupts, originels, paradisiaques, invitent à un questionnement radical. L'auteur écrit une langue torturée, mais emportée par la grâce. Il cherche une réponse à ses questions métaphysiques dans «les grondements du fleuve dont on entendait couler les flots invisibles tout au fond du précipice encaissé qui déchirait la montagne comme une plaie profonde, un sillon tracé par le doigt de Dieu tout au début du monde». Mais le paysage et son créateur restent muets.

    Jérôme Ferrari encadre sa méditation sur le sens de l'histoire par des références, malheureusement trop hâtives, aux Sermons sur la chute de Rome de saint Augustin. Certes, le rapprochement entre le Ve siècle qui vit l'effondrement d'une civilisation et le nôtre se justifie. On sent que l'auteur cherche dans le fameux pessimisme augustinien sur la nature humaine un écho au sien. Mais ce Corse est trop imprégné des puissances païennes de son île pour faire droit à l'espérance chrétienne de l'évêque d'Hippone. Dès lors, le sentiment qui prédomine est que le destin est aveugle et l'histoire sans fin. Celle qu'il conte pourtant est sauvée de l'absurde par quelques personnages féminins, effacés, mais insistants, clignotants comme des sentinelles, sur l'âme desquelles les malheurs glissent sans laisser de sales traces noires."

    A lire également : la critique de Joël Prieur

  • Occident et rencontre des cultures; la pensée de Benoît XVI

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    Du site "Enfant Prodigue" :


    Occident et rencontre des cultures - La pensée de Benoît XVI

     

    Par Stéphane Bürgi

     

    disponible aux éditions MÉDIAPAUL :

    http://librairiemediaspaul.ca/index.php?route=product/product&manufacturer_id=10416&product_id=326115

     

    http://www.mediaspaul.qc.ca/images/ouvrages/btlf/L97828942090041.jpg

    EXTRAIT : 

             L’autorité morale de l’Occident décline et son «hégémonie bienveillante» est de plus en plus contestée. En même temps, la civilisation technologique engendre des cultures à la fois plus uniformes et plus divisées. À l’heure où on parle de choc des civilisations, une véritable rencontre des cultures et des religions du monde est-elle encore possible ? La pensée de Benoît XVI sur cette question mérite d’être connue. Pour le pape, le religieux n’est pas l’ultime barrière qui sépare les cultures, mais bien au contraire le lieu permettant de dépasser les différences culturelles sans les sacrifier, pour se retrouver dans une commune ouverture à la question de la vérité. En effet, les concordances essentielles entre les grandes cultures de l’humanité, notamment dans le domaine éthique, tiennent selon lui à leurs fondements métaphysiques. Le relativisme actuel, qui opère une rupture avec ces fondements, rend donc les civilisations hermétiques les unes aux autres. En ce sens, la nécessaire réconciliation de l’Occident avec son patrimoine spirituel est aussi importante pour l’ordre mondial. Une fascinante synthèse de la vision du monde de Benoît XVI, vision qui s’enracine dans une expérience personnelle de l’histoire du XXe siècle. Ce livre convie à un véritable renversement de perspectives.

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  • N'y a-t-il qu'une seule vérité ?

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    Y a-t-il une seule vérité ?

    Jean-Baptiste Balleyguier développe cette question sur CathoWeb.org (3/11/2012)

    Je devais publier cet article à l’occasion des EGC (Etats Généraux du Christianisme) qui ont eu lieu à Strasbourg, le WE du 13 octobre. Certaines circonstances personnelles m’ont empêché de le publier à temps. La question à la fois simple et particulièrement complexe. En effet, le Christ nous apprend lui-même qu’il est LE chemin, LA vérité et LA vie... La formulation n’en admet pas d’autre, et il n’y a qu’un seul Christ, il n’y a donc qu’un seul chemin, qu’une seule vérité, qu’une seule vie.

    Cependant, l’époque actuelle tend à penser que la vérité n’est pas une. Qu’il serait dangereux d’imposer une vérité à tous les hommes. Chaque homme possède, dans un sens, la vérité. D’une certaine manière, c’est vrai. Personne, en effet, ne peut rechercher, volontairement, l’erreur : nous recherchons tous la vérité et, bizarrement, nous n’aboutissons pas tous aux mêmes conclusions. Soit que nous ayons une culture, une éducation, une langue différente.

    Comment expliquer cette unité affirmée par le Christ de la vérité, et cette multiplicité apparente ? Peut-il y avoir deux vérités contradictoires ? La vérité peut-elle être changeante ? Une chose peut-elle être vraie hier et fausse aujourd’hui ?

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  • L'Occident aurait-il évacué la notion de sacré ?

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    Telle est la question que soulève Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE sur son blog :

    " Le sacré est ce qui donne vie et ce qui la ravit " ( Roger Caillois)


    L'Occident a-t-il évacué le sacré de ses préoccupations ? Certaines orientations pourraient nous le laisser craindre.  Il semblerait, en effet, que le  questionnement existentiel qui incitait l'homme à s'interroger avec perplexité sur ses origines et sa finalité ne soit plus d'actualité, puisque l'opinion en vogue tente d'accréditer avec force argumentation l'idée que nous descendons du singe et roulons vers le néant, nous condamnant, si nous n'y prenons garde, à n'être plus que des animaux supérieurs ou, mieux, des citoyens consommateurs qu'il serait aisé d'asservir comme une masse humaine aussi homogène que possible, astreinte à un prêt-à-penser égalitaire. Voilà ce qui risque de se produire, à plus ou moins brève échéance, si l'homme s'éloigne de ce qui, jusqu'alors, en avait fait une créature à part sur notre planète, pour la raison qu'elle peut, tout à la fois, se penser et penser l'univers, se tourner vers le passé aussi bien que se projeter dans l'avenir, et s'imaginer un destin qui outrepasse les frontières fixées par la matière. Un être qui unit chair et esprit.


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  • Les cours d'Edith Stein sur la personne humaine

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    stein.images.jpgAd Solem réédite le Cours d'anthropologie philosophique d'Edith Stein 

    Présentation :

    Ce volume d’anthropologie comprend les cours qu'Edith Stein dispensa pendant le semestre d’hiver 1932-1933 à l’université de Münster, dans le cadre de l’Institut allemand de pédagogie scientifique (Deutschen Institut für wissenschaftliche Pädagogik). Devant un auditoire composé de futurs professeurs de l'enseignement catholique, Edith Stein procède à une réduction phénoménologique afin de déterminer ce qui constitue le noyau intime de la personne humaine. L’homme est examiné d'abord en tant que corps matériel, c'est-à-dire à partir de son mode premier d'apparaître dans le monde, puis comme organisme, être animé et enfin être spirituel. Edith Stein intègre l'anthropologie aristotélicienne adoptée par saint Thomas d'Aquin à l'intérieur d'une perspective phénoménologique qui conçoit la personne comme un être intentionnel, ouvert aussi bien vers l’intérieur que vers l’extérieur, et dont la personnalité se constitue à partir d'un centre – le noyau de l'âme – et à travers une triple appartenance: à une communauté humaine, à une culture et à une religion. Comme l'écrit Edith Stein en conclusion, dans des lignes qui forment la transition entre la dimension philosophique et la dimension théologique de son anthropologie, «intériorisée, comme il convient à son sens véritable, la vérité dogmatique possède la plus grande vertu pédagogique. L’homme en a besoin pour devenir ce qu’il doit être. Aucune science de l’éducation ne pourra donc parvenir à atteindre ses objectifs, si elle ne s’efforce pas de savoir ce que veut dire vivre de la foi ; et si elle n’enseigne pas à atteindre ce qui est le but de l’existence en apprenant à vivre en s’appuyant sur la foi.»

    Parution : octobre 2012

    Editeur : Ad Solem Editions

  • Benoît XVI a remis ce dimanche le « Prix Ratzinger 2012 » à Rémi Brague et au P. Dailey

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    Lu sur le site de l’agence Zenit :

    51-AgE5dIUL__SL500_AA300_.jpg« ROME, dimanche 21 octobre 2012 (ZENIT.org) – Oeuvrer pour que les hommes contemporains découvrent « l’art de vivre » : c’était le maître-mot de l’encouragement prononcé par Benoît XVI hier, samedi 20 octobre 2012, à l'adresse des lauréats du Prix Ratzinger. Il salue l'importance d'une "raison éclairée par la lumière de Dieu" pour favoriser le "dialogue".

    Le pape a présidé la remise du Prix Ratzinger 2012, au Vatican, entouré des Pères synodaux. Les deux lauréats de cette seconde édition du Prix de la « Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI » sont le philosophe français Rémi Brague, et le jésuite théologien états-unien Brian E. Daley (cf. Zenit du 28 septembre et Zenit du 3 octobre 2012, pour l'entretien avec Rémi Brague).

    Benoît XVI les a félicités « vivement », rendant hommage à leurs « personnalités », c’est-à-dire leur « travail scientifique », leur « précieux service d’enseignement », et leur « contribution qualifiée à la présence de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui ».

    Pour le pape en effet, des personnalités comme le P. Daley et le Prof. Brague sont « exemplaires pour la transmission d’un savoir qui unit science et sagesse, rigueur scientifique et passion pour l’homme », afin que ce dernier « puisse découvrir l’«art de vivre» ».

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  • Newman au Concile Vatican II

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    De Gérard Leclerc sur le site de « France Catholique » :

    « Jean Guitton avait remarqué un jour que Vatican II avait été inspiré par un grand théologien, un peu comme le concile de Trente au XVIe siècle avait été guidé par la pensée de saint Thomas d’Aquin. Et pourtant le nom de ce théologien ne figurait dans aucun des textes du dernier concile. Il s’agissait du cardinal John-Henry Newman, béatifié par Benoît XVI lors de son voyage en Grande-Bretagne. Cette belle figure de l’Église du XIXe siècle a, en effet, marqué le renouveau de la théologie à l’âge moderne. Les principales thématiques de Vatican II peuvent se recommander de son œuvre, notamment les questions d’ecclésiologie et celles qui concernent la Révélation. Sur un point particulier, abondamment débattu, la liberté religieuse elle-même liée à la liberté de conscience, le recours au cardinal Newman est particulièrement suggestif. Il a toujours défendu la dignité et la liberté de la conscience, mais nullement dans le sens redouté par les traditionalistes, qui ont toujours craint un dérapage du côté relativiste. Pour Newman, la conscience est la voix impérative qui commande d’obéir à ce qui est vrai et à ce qui est bien, non sans crainte et tremblement. Par ailleurs, dans son apologie, qui constitue son autobiographie spirituelle, et notamment le récit de son passage de l’anglicanisme au catholicisme, il souligne que ses adversaires ont toujours été les « libéraux ». Les libéraux au sens théologique, ceux qui s’opposaient à sa recherche de la cohérence de la Tradition chrétienne.

    On retrouve dans la déclaration Dignitatis Humanae ces deux dimensions newmaniennes : l’accent mis sur la conscience personnelle qui est à l’origine de l’acte de foi et en même temps l’insistance sur l’obligation d’être en règle avec la vérité. La liberté religieuse, ce n’est pas la mise à égalité du vrai et du faux, du bien et du mal, c’est la capacité d’être en règle avec la voix de sa conscience. Et celle-ci ne saurait être l’objet d’une coercition extérieure qui viendrait se substituer à sa règle propre. « La vérité, dit le concile, ne s’impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance. » Newman se serait reconnu spontanément dans une pareille formule ! »

    Ici: Newman au Concile Vatican II

    Cette déclaration conciliaire constitue-t-elle en soi une doctrine nouvelle ?

    Relisons les textes de Dignitatis Humanae  : «  La personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres.  Ce droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même . Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil. »

    Mais en même temps : « chacun a le devoir et, par conséquent le droit, de chercher la vérité en matière religieuse, afin de se former prudemment un jugement de conscience droit et vrai, en employant les moyens appropriés" et, à cet égard le texte précise un peu plus loin  «  les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l’Église.. De par la volonté du Christ, en effet, l’Église catholique est maîtresse de vérité ; sa fonction est d’exprimer et d’enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l’ordre moral découlant de la nature même de l’homme. En outre, les chrétiens doivent aller avec sagesse au-devant de ceux qui sont au-dehors, et s’efforcer « dans l’Esprit saint, avec une charité sans feinte, dans la parole de vérité » (2 Co 6, 6-7) de répandre la lumière de vie en toute assurance  et courage apostolique, jusqu’à l’effusion de leur sang. Car le disciple a envers le Christ son maître le grave devoir de connaître toujours plus pleinement la vérité qu’il a reçue de lui, de l’annoncer fidèlement et de la défendre énergiquement, en s’interdisant tout moyen contraire à l’esprit de l’Évangile. Mais la charité du Christ le presse aussi d’agir avec amour, prudence, patience, envers ceux qui se trouvent dans l’erreur ou dans l’ignorance de la foi »

    Revenons alors  aux fondamentaux: pas de foi ni d’amour sans liberté. La dignité ontologique de la personne humaine, à distinger de sa dignité "opérative" éventuellement viciée (par la faute) requiert l’absence de coercition, c'est-à-dire de contrainte physique, psychologique ou autre -ceci naturellement dans les limites de la raison, sous peine de tomber dans l’anarchie.

    C’est Saint Thomas qui l’enseigne : « le suprême degré de la dignité dans l’homme consiste à ne pas être déterminé à faire le bien par les autres, mais de le faire soi-même » (Commentaire de l’Epître aux Romains, 2, 14) En d’autres termes, cela signifie que, per se, la dignité de l’homme consiste à faire le bien de soi-même et non en étant mû par un autre. Il y a là une réflexion très profonde. Dieu a en effet donné à l’homme la capacité de faire le bien librement, à l’inverse des autres créatures qui ne peuvent qu’accomplir la volonté de Dieu sans autre possibilité. De même donc que la liberté a été donnée à l’homme pour faire le bien, malgré la possibilité de faire le mal, de même la liberté religieuse est accordée à l’homme pour adhérer à la Vérité, malgré la possibilité d’adhérer à l’erreur. Si l’on poursuit la comparaison, on voit par là que ce que vise Dieu en accordant la liberté à l’homme c’est n’est pas que l’homme fasse le mal, c’est qu’il se détermine librement à faire le bien. C'est une contre partie absolument nécessaire, car Dieu ne peut pas faire une liberté qui ne défaille pas par nature. Comme l’ a écrit justement le cardinal Journet, Dieu « tient tant à ce libre amour de préférence qu’il passe dessus le risque d’être refusé. » Analogiquement, il en est de même pour la liberté religieuse. Ce qui est visé, c’est la libre adhésion de l’homme à la vérité religieuse, libre adhésion qui implique l’absence de toute forme de coercition aussi bien celle qui force à agir contre sa conscience que celle qui empêche d’agir contre sa conscience.

    Dans cette perspective, l’adhésion à l’erreur n’est pas le but de la liberté religieuse, mais le risque qu’implique une adhésion véritable à la Vérité.

    Est-ce si difficile à comprendre ?

    JPS

  • Quand des élèves sont malades de l'école

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    Ivan Rioufol, sur son blog, attire l'attention sur la dégradation de l'école publique en France, mais ses constats valent pour nos écoles, tant libres que publiques :

    L'école, malade d'un insoignable égalitarisme
    La gauche, au service des syndicats d’enseignants qui se sont appropriés la gestion de l’Education nationale, ne peut mener à terme la nécessaire refondation de l’école. Il est en effet illusoire d’attendre de responsables toujours en place qu’ils corrigent eux-mêmes les désastres qu’ils ont produits, singulièrement depuis quarante ans. (...) Si le retour à la semaine de 4 jours et demi et l’allégement des horaires pour les plus jeunes font partie des projets utiles, l’emprise de l’idéologie égalitariste ... rend illusoire toute réaction face au décervelage des élèves, causé par l’échec de la transmission du savoir et par l’illettrisme. Plus que jamais, l’Education nationale donne le sentiment de vivre dans un monde clos, imperméable au désarroi des familles qui observent l’emprise de la déculturation et de la crétinisation des esprits. (...)

    Ce refus dogmatique de toute différenciation, ce rejet idéologique de l’élitisme, sont à la source des maux dont souffre l’école publique, qui ne cesse de dégringoler dans les classements internationaux et qui se laisse gagner, dans les cités abandonnées, par l’insécurité et la violence. Les fossoyeurs de la culture générale, qui ne raisonnent qu’en fonction du plus petit dénominateur commun, refusent ainsi les devoirs à la maison car ils y voient une source de discrimination, certaines familles étant culturellement plus aptes que d’autres à soutenir leurs enfants. La louable recherche de l’égalité est tombée dans le sectarisme du nivellement qui fait du système français, qui fut jadis exemplaire, un épouvantail méritant que les familles lui tournent le dos. Il n’y a rien à attendre d’une école publique qui s’enfonce toujours plus dans ses erreurs, avec la prétention de socialiser plus que d’éduquer, au nom d’une morale laïque qui se mord la queue. Devant tant d’incompétences, les initiatives privées sont plus que jamais attendues. Qu’en pensez-vous ? 
    Je signale, sur l’illettrisme, un livre d’Evelyne Tschirhart : Des élèves malades de l’école, Editions de Paris.
    On peut lire une interviewe de cette auteure (Evelyne Tschirhart) sur le site d'Enquête et Débat
  • Une parution attendue : le malentendu islamo-chrétien (mise à jour 9/10/2012)

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    Le malentendu islamo-chrétien, Salvator, septembre 2012, 224 pages (21 €).

    Présentation de l’éditeur :

      Se comprend-t-on mal entre chrétiens et musulmans ? Ou est-ce l’Islam lui-même qui est mal compris ? Voire le christianisme ?

      Trop longtemps coupés des chrétiens d’Orient, ceux d’Occident ne découvrent qu’aujourd’hui l’enracinement de l’Islam dans une dérive première de la foi chrétienne, remontant à la fin du 1er siècle : celle des nazaréens. Les recherches récentes, notamment par Antoine Moussali († 2003) dont l’auteur de ce livre fut un collaborateur, rejoignent les conclusions des traditions chrétiennes orientales. Ainsi, des progrès décisifs ont été accomplis dans la compréhension du texte coranique et des manipulations qu’il a subies.

      Quant à la tradition latine, ses a priori et ses blocages par rapport à l’islam sont ici abordés de front.

      Sur de telles bases, des perspectives nouvelles s’ouvrent pour un dialogue entre chrétiens et musulmans épris de vérité et de paix.

    Avec une post-face de Mgr Jean-Pierre Cattenoz, Archevêque d’Avignon, qui a passé 14 années en Afrique du nord et sahélienne.

    Tout en présentant les résultats et l’histoire de la recherche islamologique [1], cette étude de deux cents pages éclaire les causes de la mécompréhension de l’Islam dans l’Eglise latine. Ces causes sont liées tout autant au manque de liens avec les chrétientés orientales, surtout pré-chalcédonniennes (Chaldéens, Coptes, etc.), qu’à la manière dont la Révélation a été traitée : si elle est le tournant de l’histoire en même temps que son avenir, peut-elle être séparée de celle-ci et être analysée conceptuellement comme un objet d’étude ? C’est cette voie qui a prévalu peu à peu dans la pensée occidentale.

    Dans un tel cadre, l’Islam – ainsi que tous les phénomènes post-chrétiens – est devenu incompréhensible, car quels concepts (sur Dieu ou sur l’homme) pourraient rendre compte de ce courant politico-religieux ? Et quels points à ajouter ou à retirer le rendraient comparable à une religion préchrétienne par exemple comme l’hindouisme ancien ? La notion même de « religions » (au pluriel) n’est-elle pas une catégorie fallacieuse et vide, qui n’a d’autre effet que d’occulter la nouveauté radicale de la Révélation, faisant passer du monde préchrétien au monde marqué précisément par la Révélation… mais aussi par ses dérivations ?

    Car, dès la fin de l’époque apostolique, des contrefaçons post-chrétiennes de la Révélation ont vu le jour ; par définition, elles ont des points communs avec elle, mais la renversent ; et elles aussi ont eu bientôt des répercussions mondiales. C’est de tout cela que sort le monde d’aujourd’hui. L’Islam – élaboré au long de la seconde partie du 7e siècle – s’enracinait dans un courant antérieur ; il n’a rien à voir ni avec un jeu de divergences conceptuelles sur Jésus ou sur le salut, ni avec un mystérieux projet de Dieu, comme la pseudo-mystique de Louis Massignon a tenté de le faire croire. Les dialogues islamo-chrétiens bâtis depuis 50 ans sur ces élucubrations se vouaient à l’impasse, si ce n’est à pire.

    C’est à la base, sur une théologie de l’histoire et de la Rencontre, qu’il faut repenser le mystère de la Révélation et du devenir humain, personnel ou collectif : la réalité du Salut s’étend au passage vers l’au-delà et à la perspective du Jugement lié à la Venue du Christ. Cette perspective constitue même le nœud autour duquel peut s’articuler un dialogue vrai.