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Solidarité - Page 54

  • Quelle générosité à l'égard des migrants ?

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    L'abbé Benoît Lobet, sur son blog, invite à la générosité à l'égard des migrants; et cela nous interpelle :

    Quelle générosité?

    Quelques personnes, ayant lu mon précédent post sur ce blog, me demandent ce que je préconiserais concrètement en matière d'accueil des migrants.

    Voilà donc.

    Si chaque famille "moyenne" pouvait accueillir une famille, pour un temps limité, dans des maisons où, par exemple, les grands enfants partis, on a de la place.

    Si les presbytères (le mien compris) et les églises pouvaient en faire autant, ainsi que les salles paroissiales et autres lieux publics qui ne sont pas régulièrement remplis.

    Si, dans ce contexte, on pouvait partager non seulement son toit, mais aussi sa nourriture.

    Et surtout, surtout, son amitié, son amour de l'autre, de celui, en particulier qui est en détresse, qui n'a plus d'espoir chez lui, qui va y mourir s'il y reste et qui risque d'en mourir s'il en part...

    Alors mon pays - et si ces mesures étaient collectives ou européennes, "mon" Europe - reprendraient à mes yeux la valeur qu'ils perdent de jour en jour en accumulant les restrictions, les réserves, les renoncements, en se barricadant.

    (Mes parents ont fait cela, en leur temps, en accueillant dans leur ferme des réfugiés républicains espagnols, pendant l'horrible guerre civile qui à la fin des années trente a ensanglanté ce pays magnifique. Je dois bien à leur mémoire d'écrire ici ce que j'écris, et de préconiser ce que je préconise. Et mes parents, qui n'étaient pas riches, qui étaient des paysans modestes,  n'étaient pas les seuls - beaucoup de Belges à l'époque  ont été généreux.)

    Alors, me semble-t-il,  les jeunes - les jeunes qui sont, paraît-il, le premier souci de la politique! - verraient ce qu'est une patrie,  digne de ce nom (le lieu où l'on reçoit et où l'on transmet le meilleur héritage de ses pères) : une communauté fraternelle, ouverte à l'universel, solidaire. Alors ils grandiraient d'un coup, hommes et femmes enfin mûris par l'exercice de la fraternité. Ils auraient appris qu'en ce monde rien ne se possède qui ne doive être partagé, sauf à devenir un poison pour qui veut tout garder sans rien donner. Ils deviendraient les amis d'autres jeunes, jeunes comme eux mais à l'inverse d'eux privés de tout, et ces nouveaux venus changeraient à jamais leur vie et leur regard sur le monde.

    Je ne suis pas économiste, mais je suis sûr, au plus profond de moi, que cela ne ferait aucun tort à l'économie, car on ne se fait jamais aucun tort quand on vient au secours de celui qui en a besoin.

    Je rêve d'un pays où l'on apprenne cela, où on le vive. 

    Et ce rêve est "par delà la religion", je le crois universel :

    "Cymodocée commençait à sentir une vive frayeur, qu'elle n'osait toutefois laisser paraître. Son étonnement n'eut plus de bornes lorsqu'elle vit son guide s'incliner devant un esclave délaissé qu'ils trouvèrent au bord d'un chemin, l'appeler son frère, et lui donner son manteau pour couvrir sa nudité. 'Etranger, dit la fille de Démodocus, tu as cru sans doute que cet esclave était quelque dieu caché sous la figure d'un mendiant, pour éprouver le cœur des mortels?' - 'Non, répondit Eudore; j'ai cru que c'était un homme.' " (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs)

  • Les chrétiens pris en tenaille à Alep

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    D'Agnès Chareton sur le site de La Vie :

    À Alep, les chrétiens pris en tenaille

    Depuis un mois, les missiles pleuvent sur les quartiers chrétiens à l'ouest d'Alep. Victimes collatérales de la guerre qui fait rage entre les rebelles et l'armée syrienne, les chrétiens sont de plus en plus nombreux à fuir. Trois cathédrales ont été touchées par des tirs.

    « J'écris ce journal avec l'odeur de la poudre. Deux explosions ont secoué la ville. L'une est à Jdaydé, à 100 mètres de la résidence, l'autre au vieux souk. Entre les deux, quelques secondes. Ensuite des combats et des obus. » Ce 26 avril est un « dimanche terrible »écrit le Père Sami Halla, « le seul jésuite actuellement à Alep », la deuxième ville de Syrie, au Nord-Ouest du pays. Depuis le début du mois d'avril, les combats se sont intensifiés entre l'est de la ville, aux mains des rebelles islamistes, et l'ouest, sous contrôle de l'armée syrienne. Pris au piège, les chrétiens vivent des heures d'angoisse. « J'ai célébré la messe dominicale en la cathédrale latine à 5h, poursuit le P. Halla. Normalement, 400 à 500 personnes assistent à cette messe, il y en avait 80. Les gens ont peur. »

    Les chrétiens redoutent que les rebelles islamistes, qui ont pris la ville d'Idleb fin mars, fassent à présent tomber Alep. « Depuis un mois, les tirs de missiles de l'est vers l'ouest s'accentuent, affirme Charlène de Vargas, chargée des projets urgence au Moyen-Orient pour le Secours Catholique. Il y a des combats sur la ligne de front qui traverse la ville, les missiles sont plus dangereux et ciblent les quartiers chrétiens ou à majorité chrétienne. Le nombre de mort augmente. » Grâce aux équipes de Caritas d'Alep présentes sur le terrain, elle dispose d'informations régulières. Mais pour la première fois depuis le début du conflit syrien en 2012, une partie d'entre elles est en train de quitter la ville, face à la montée en puissance des islamistes. Nouvelle phase du conflit.

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  • Pour les chrétiens d'Alep, c'est toujours le Vendredi Saint

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    Du Père Sami Halla S.J. (source)

    Alep, Vendredi Saint pour les chrétiens. Témoignage d'un jésuite

     Écrit par  

    Un message poignant a pu être envoyé d’Alep par le Père jésuite Sami Halla, engagé auprès du Service jésuite des réfugiés (JRS). Tout comme d’autres volontaires du JRS, il a fait le choix de ne pas quitter le pays, et de rester auprès de la population bombardée. Tout comme le Père Frans van der Lugt le fit lui aussi, avant d’être assassiné, le 7 avril 2015. Ce message rédigé sous forme de « journal » est parvenu au Père Alex Bassili sj, socius du Père Provincial du Proche-Orient, et nous le retransmettons ici dans son intégralité. Car, comme le dit le Père Bassili, « il faut que le monde sache qu’il y a, malgré toutes les obscurités, des lueurs d’espoir qui donnent la force de vivre ».

    7 avril 2015

    Un an est passé depuis le décès du Père Frans le 7 avril 2014. Les combats s’intensifient à Alep. Les chrétiens vivent un cauchemar suite à la récession de la ville d’Idlib (60 Km d’Alep) entre les mains des fractions islamiques. Certes, les chrétiens de la ville d’Idlib sont sortis sains et saufs, excepté deux personnes qui sont tuées. Mais personne ne voit la moitié pleine de la coupe. Personne ne veut savoir la raison pour laquelle ces deux personnes sont assassinées alors que les autres ne sont pas touchées. Heureusement il n’y a pas d’Internet, et donc, pas de nouvelles qui manipulent et effraient. Mais la peur est là.
    Aujourd’hui, le cousin du Père Mourad est mort. Il voulait hier se rassurer de son appartement Place Farhat. Lorsqu’il y est entré, un obus a touché la maison, et l’appartement commence à brûler. On ne sait pas comment il est mort : est-ce par un éclat ou par l’incendie ? Bref, c’est une mort atroce. Le corps est complètement noir. Sa famille est sous le choc.

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  • La Bavière traditionnelle a fêté les 88 ans de Benoît XVI avec le pape émérite

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  • Le scénario du « Camp des Saints » ?

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    Migrant Boat Deaths 03.jpgLes immigrés clandestins en provenance de Libye sont de plus en plus nombreux. Une réalité qui ne manque pas de faire écho au roman de Jean Raspail, "Le camp des saints" (1973), dans lequel l'auteur décrit les conséquences d'une immigration massive (et soudaine) sur la civilisation occidentale. Sur le site « Atlantico », Frédéric  Encel (professeur de relations internationales à l’ESG Management School et maître de conférences à Sciences-Po Paris) interroge Maxime Tandonnet (historien, et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, auteur de "Histoire des présidents de la République", Perrin, 2013) :

    Atlantico : Dans le roman de Jean Raspail, près d'un million de migrants partent du delta du Gange en même temps pour arriver sur les côtes françaises. Selon les services de renseignements transalpins, entre 800 000 et 1 million de migrants se dirigeraient actuellement vers la Libye - ou y seraient déjà - avec pour objectif de se rendre en Europe. La Libye a-t-elle effectivement les moyens d'envoyer une telle proportion de personnes sur les côtes européennes dans un laps de temps similaire à celui de l'ouvrage ?

    Frédéric Encel : La réponse est non, pour deux raisons. D'abord parce que les Etats voisins - Algérie, Tunisie, Egypte, ou encore le Tchad au sud -  en dépit de leurs difficultés internes, sont parfaitement capables d'empêcher des flux migratoires depuis leurs territoires respectifs vers la Libye, flux dont on se demande d'ailleurs d'où ils viendraient (le grand ouest égyptien, le sud algérien et le Tchad septentrional sont d'immenses déserts), et surtout pourquoi ils prendraient le risque insensé de passer par la Libye où sévissent les barbares de l'Etat islamique. 

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  • Quand une famille catho décide de vivre au coeur d'une cité HLM

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    Du site de l'Homme Nouveau (Adélaïde Pouchol) :

    Une famille catholique au coeur de la cité 
    Entretien avec Amaury Guillem

    Ils sont les « cathos du 11e étage », Amaury Guillem, sa femme et ses trois filles, venus vivre au cœur d’une cité de Marseille. Volontaires de l’association Le Rocher, ils ont choisis de témoigner de leur foi là où la misère est si grande. Après trois années passées là-bas, Amaury Guillem vient de publier un livre (Ceux du 11e étage, carnet de bord d’une famille catho en cité HLM, Cerf), où il témoigne des joies et difficultés de leur mission.

    Vous avez décidé de vous installer en cité HLM à Marseille, pourquoi ?

    Ma femme et moi avons eu, grâce à Dieu et à nos familles, des vies confortables, où nous n’avons jamais manqué de rien. Nous vivions à Bayonne et étions heureux. Mais il manquait quelque chose à ce bonheur : nous nous sentions appelés à vivre l’Évangile de façon plus radicale, par un engagement auprès des plus pauvres. Vu la situation des banlieues, il semble qu’elles soient l’enjeu n°1 de notre société française, puisque s’y concentrent de nombreuses problématiques, économiques, sociales, religieuses. Il y a urgence à ce que les chrétiens investissent ce terrain, pour servir les plus pauvres, témoignant de Celui qui, se faisant pauvre parmi les pauvres, a déjà porté toutes les souffrances du monde et leur donne un sens. Enfin, à l’école de bien des initiatives anciennes – Madeleine Delbrêl, Sœur Emmanuelle - ou actuelles – l’Arche, Simon de Cyrène, l’association pour l’amitié ou Lazare -, nous étions convaincu qu’il ne fallait pas se contenter de travailler auprès des démunis mais bien vivre avec eux. C’est là que se vit la radicalité de l’Évangile, dans ce qu’il a de plus crucifiant mais aussi de plus vivifiant.

    Lire la suite sur le site de l'Homme Nouveau

  • Catastrophe en Méditerranée : la réaction des Européens, un test révélateur pour les valeurs européennes

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    COMECE Presse 21/04/2015 :

    « La réaction des Européens sera un test révélateur pour les valeurs européennes »

    Déclaration du Président de la Commission des Episcopats de l’Union Européenne (COMECE), le Cardinal Reinhard Marx, suite à la catastrophe en Méditerranée.

    « On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! » Tel fut l’appel du Pape François aux Etats européens pour un « soutien réciproque » et contre des « solutions particularistes », lors de son discours devant le Parlement Européen le 25 novembre 2014. La tragédie qui a coûté la vie à environ sept cent migrants dans les eaux de la Méditerranée dans la nuit de samedi nous rappelle ces paroles du Pape mais interroge également dans quelle mesure l’Union Européenne prend au sérieux les valeurs, si souvent évoquées, sur lesquelles elle est fondée. Cette nouvelle catastrophe en Méditerranée constitue un échec pour tout ce qui fait de l’Union Européenne une communauté de valeurs.

    Alors que les chiffres ont encore été revus à la hausse, il apparaît que bien plus de 1000 migrants ont péri en Mer Méditerranée ces 10 derniers jours. L’UE ne peut rester sans réagir face à cette catastrophe humaine. Dans les faits, on pourrait blâmer le pouvoir d’attraction de l’UE pour les réfugiés, les mesures européennes dont tirent avantage les trafiquants ou encore le manque d’action pour contrer les causes qui poussent les migrants à fuir leurs pays d’origine. Mais tout ceci ne justifie pas de fermer les yeux sur la tragédie humanitaire qui se joue en Méditerranée et à laquelle doit faire face l’Union Européenne.

    La sphère politique en Europe a trop souvent déploré le décès de réfugiés sans pour autant en tirer les conséquences. La catastrophe actuelle pousse aujourd’hui les Etats européens à prendre des mesures drastiques pour lutter contre ce phénomène tragique. La réaction des Européens sera un test révélateur pour les valeurs européennes. Si l'Union Européenne décide de faire honneur à ses convictions, alors elle ne peut que réinstaurer les instruments de « Mare Nostrum » et élargir la mission « Triton » sur la protection des frontières extérieures de l'UE. Le sauvetage de vies humaines en Méditerranée ne peut rester un simple enjeu politique. Il s’agit d’un véritable devoir humain et d’une exigence de l’aspiration morale de l’Europe.

    Il est vrai qu’en plus de la réunion extraordinaire des Ministres des Affaires Etrangères et de l’Intérieur de l’Union Européenne de ce lundi, la catastrophe fera l’objet d’un sommet européen extraordinaire à l’appel du Président Tusk. Je salue le fait que les Ministres des Affaires Etrangères de l’Union Européenne se soient engagés à renforcer les mesures en Méditerranée et à augmenter le budget alloué aux missions de l’UE dans cette région. Cependant, il faudra que leurs paroles soient suivies par des actes lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de jeudi : L’Europe doit dès à présent œuvrer à trouver des propositions concrètes pour la mise en place d’une politique d’asile et de migration humaine qui soit supportée et mise en application de manière solidaire par tous les Etats membres de l’Union Européenne. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour qu’une tragédie telle que celle de samedi ne se reproduise jamais ! Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ne peuvent plus se permettre de renvoyer la problématique des migrants aux calendes grecques, dès que la catastrophe actuelle ne fera plus les gros titres des journaux.

    Nos prières vont aux victimes de cette catastrophe ainsi qu’à leurs proches. Nous ne prions pas les yeux fermés, mais grands ouverts vers ceux qui en ont besoin.

    Lire aussi "l'éclairage" de Koz : https://mail.google.com/mail/u/0/?pli=1#inbox/14cd628c3268ea3f 

  • Le pape François veut mobiliser l’Europe pour accueillir les migrants

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    Selon le journal « La Croix » "le pape François a exhorté samedi 18 avril la communauté internationale à agir face à la succession des épisodes tragiques marquant l’afflux de migrants tentant au péril de leur vie de gagner l’Italie depuis l’Afrique du nord.

    « Je voudrais exprimer ma gratitude à l’Italie qui a entrepris d’accueillir les nombreux migrants cherchant refuge, au prix de leur vie », a déclaré le souverain pontife.

    Son appel est intervenu une semaine après le naufrage de quelque 400 personnes en Méditerranée. Selon les garde-côtes italiens, plus de 11 000 candidats à l’immigration en Europe ont débarqué dans les six derniers jours, et des centaines d’autres continuent d’arriver sur les côtes italiennes

    Les derniers arrivants, un groupe de plus de 450 réfugiés dont 50 enfants, deux nouveau-nés et deux femmes enceintes, ont débarqué samedi 18 avril au matin à Messine en Sicile, après avoir été secourus par la marine italienne, alors que l’opération Triton de surveillance et de secours en Méditerranée est régulièrement critiquée..."

    Lire la suite ici : Une exhortation du pape François face à la tragédie des migrants 

    JPSC

  • Pourquoi le sort des Chrétiens d'Orient laisse l'opinion publique indifférente

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    Lu sur lexpress.fr (Christian Makarian) :

    La double mort des Chrétiens d'Orient

    La morne indifférence qui recouvre le sort des chrétiens d'Orient ne relève pas de la sphère de l'étranger lointain, ni des "dommages collatéraux" inhérents à la vague de destruction qui ravage actuellement le Moyen-Orient, certaines zones de l'Afrique et en partie l'Asie. Elle est le puissant révélateur du malaise nihiliste qui ronge l'Europe. 

    En dehors de groupes de croyants très motivés, qui effectuent dans l'ingratitude générale un travail de sensibilisation remarquable, la disparition des minorités les plus anciennes du Moyen-Orient ne soulève pas d'émoi particulier au sein d'une opinion publique française par ailleurs prompte à se mobiliser pour d'autres causes bien moins alarmantes. Cherchez bien, vous ne trouverez pas d'artistes de premier plan pour défendre cette cause, point d'acteurs de cinéma prêts à engager leur renommée, ni de stars du rock'n'roll, qu'on a pourtant vu faire campagne pour la protection des Indiens d'Amazonie menacés par la déforestation. En Orient, en fait de déracinement, ce sont des vies humaines que l'on arrache par milliers et un rameau originel que l'on détache à coups de hache de l'arbre généalogique des civilisations. 

    Pourquoi restons-nous si impavides?

    Cette tiédeur devient en elle-même le sujet d'une interrogation plus profonde: hors de toute conviction religieuse, laquelle doit rester le domaine secret de chacun, sommes-nous encore capables de nous indigner contre des massacres, des viols de masse, des persécutions organisées, des rackets érigés en système économique, des enlèvements contre rançon, des vexations, lorsqu'il s'agit de populations qui partagent, non le même environnement culturel mais les mêmes valeurs que les nôtres? Ce qui induit une autre question, bien plus gênante: croyons-nous encore en ces valeurs humanistes pour lesquelles des communautés coupées du monde mettent leur vie en péril, et les trouvons-nous dignes d'être maintenues sur la terre où elles ont vu le jour? La réponse est d'autant plus embarrassante que les minorités chrétiennes d'Orient (mais aussi d'Afrique ou d'Asie) sont attaquées par des bandes d'assassins invariablement enrôlés sous la bannière djihadiste, qui ne voient dans ces survivants que des alliés de la culture occidentale. Par leur sauvagerie, les terroristes visent deux buts principaux. En immolant des innocents ou en les forçant à l'exil, ils veulent atteindre l'Europe comme l'Amérique et démontrer que ces deux continents n'ont plus la capacité de se projeter. Ils cherchent à détruire la riche diversité du monde arabe, laquelle fut à l'origine de l'arabisme (adversaire de l'obscurantisme religieux) et du rêve d'une modernité orientale, pour y imposer une exclusivité islamique - qui n'a jamais existé. Une régression en tout point. Dans Les Désorientés (Grasset), Amin Maalouf écrit qu'un chrétien d'Orient meurt deux fois: la première en tant qu'être humain, la deuxième en tant que membre d'une communauté en voie de disparition. 

    Il ne s'agit pas d'affirmer que nous devrions être par nature solidaires avec les chrétiens d'Irak, de Syrie, du Nigeria, du Kenya ou du Pakistan au motif que leur religion est toujours celle dont les édifices ornent nos villes et nos villages, mais précisément de se demander pourquoi nous restons si impavides. Dans un livre prenant, qui mêle le vécu et l'analyse, Sébastien de Courtois avance une explication qui nous éclaire: "Cette indifférence est liée à un rejet de notre propre reflet dans le miroir, comme si le fait d'avoir été nous-mêmes chrétiens devait nous interdire de nous intéresser à cette réalité. Avec une vision étroite de la laïcité - ce qu'elle n'était pas à ses débuts [...] -, nous avons jeté le bébé avec l'eau du bain, réservant les questions du "fait religieux à la seule sociologie, puis à la sphère politique, ce qui est pire, le laïcisme devenant à son tour une idéologie de remplacement." 

    Sur les fleuves de Babylone, nous pleurions. Le crépuscule des chrétiens d'Orient, par Sébastien de Courtois. Stock, 187 p., 18,50€

  • Après Jean-Paul II, le pape François reconnait à son tour le génocide arménien

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    A ce jour, 21 pays ont reconnu la réalité de ce génocide perpétré en Turquie, à l’époque de la première guerre mondiale. Le pape François vient d’ajouter à sa voix à celle des nations qui l’ont déjà fait. Le gouvernement d’Ankara a aussitôt rappelé (en consultation) son ambassadeur auprès du Saint-Siège.

    Cacher ou nier le mal, c’est comme laisser une blessure continuer à saigner sans la panser, a affirmé le pape à Saint-Pierre, face aux descendants des victimes du génocide arménien. D’Elisabeth de Bauduin sur le site « aleteia » :

    « On se demandait si, lors de la messe célébrée à Saint-Pierre le dimanche 12 avril 2015, pour les fidèles de rite arménien, le Pape prononcerait – ou non – le mot de génocide, à propos de l’extermination, il y a tout juste un siècle, d’un million et demi d'Arméniens ; mot que la Turquie, qui nie l’idée même de tout génocide, refuse toujours d’employer, malgré les pressions de la communauté internationale. Est-ce pour ménager la susceptibilité turque, afin de mieux œuvrer à la réconciliation entre les deux nations qu’il appelle de tous ses vœux ? En tout cas, trois jours avant cette messe historique, recevant les patriarches de l’Église arménienne catholique, le successeur de Pierre n’avait pas employé ce mot, décevant peut-être un peu le peuple arménien, malgré le très bel hommage qu’il lui a rendu.

    L’humanité ne réussit pas à cesser de verser le sang innocent

    Cette fois, face aux nombreux Arméniens présents dans la basilique Saint-Pierrre, parmi lesquels le président de la République d’Arménie, Serž Sargsyan, Sa Sainteté Karekin II, patriarche suprême et catholicos de tous les Arméniens, Sa Sainteté Aram Ier, catholicos de la Grande Maison de Cilicie et Sa Béatitude Nerses Bedros XIX, patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques, François n’a pas hésité à parler de génocide, à la suite de saint Jean Paul II. « Notre humanité a vécu, au siècle dernier, trois grandes tragédies inouïes : la première est celle qui est généralement considérée comme le premier génocide du XXe siècle », a-t-il déclaré, reprenant à son compte les mots du grand Pape polonais (qui parlait en connaissance de cause), dans sa déclaration commune du 21 septembre 2001 avec Karekinm II. « Elle a frappé votre peuple arménien – première nation chrétienne – avec les Syriens catholiques et orthodoxes, les Assyriens, les Chaldéens et les Grecs. Des évêques, des prêtres, des religieux, des femmes, des hommes, des personnes âgées et même des enfants et des malades sans défense ont été tués », a-t-il rappelé, faisant mémoire des autres génocides du siècle dernier : « Les deux autres ont été perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et, plus récemment, d’autres exterminations de masse » [ont eu lieu], comme au Cambodge, au Rwanda, au Burundi ou en Bosnie. Il semble, a-t-il ajouté, que l’humanité ne réussisse pas à cesser de verser le sang innocent ».

    Là où la mémoire ne subsiste pas, le mal garde la blessure ouverte

    À propos du nécessaire devoir de vérité et de mémoire, François a eu ces paroles fortes, qui visent (notamment) le négationnisme : « Se souvenir [des victimes] est nécessaire, c’est même un devoir, parce que là où la mémoire ne subsiste pas, cela signifie que le mal garde la blessure encore ouverte. Cacher ou nier le mal, c’est comme laisser une blessure continuer à saigner sans la panser ».

    Retrouvez dans son intégralité ce discours d’ouverture de la messe du dimanche 12 avril 2015 à Saint-Pierre, où le Pape a dénoncé par ailleurs, et à nouveau avec force, les crimes perpétrés contre les chrétiens aujourd’hui.

     Ref.  Pape François : le premier génocide du vingtième siècle est le génocide arménien

    JPSC

  • Peut-on protéger militairement les chrétiens d’Orient ?

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    Durant les fêtes de Pâques, le pape François a évoqué« l’immense tragédie humanitaire en Syrie et en Irak ». Il a appelé à la fin des persécutions et au climat de violences dans le monde au nom de la religion. Pierre Servent, spécialiste des questions de défense et de stratégie revient  dans le journal « La Croix » sur la distance qui existe entre l’incantation et les réalités géo-politiques :

    « En théorie, il pourrait y avoir trois possibilités. Premièrement, on envoie les chrétiens d’Orient au Liban, en Turquie ou ailleurs. Cela paraît impossible, y compris si l’on considère les capacités d’accueil de ces pays.

    Deuxièmement, on les protège in situ. Dans ce cas, il faudrait un très grand nombre de soldats avec des postures guerrières assez musclées pour pouvoir les protéger. Il faudrait éviter que se reproduise ce qui s’est passé en Bosnie dans les poches bosno-musulmanes en territoire à majorité serbe. Les casques bleus de la Forpronu devaient protéger un certain nombre d’entre elles, mais à Srebrenica, cela s’est terminé par l’exécution de 7 000 hommes et jeunes hommes. Et les autres poches ont été impossibles à défendre. 

    MANQUE DE TROUPES POUR UNE PROTECTION ONUSIENNE

    L’ONU n’a pas suffisamment de troupes. Et les casques bleus sont souvent dans des positions difficiles pour combattre, même si le président Chirac a fait évoluer le concept pour que l’on arrête de les attacher comme des chèvres à un piquet pour qu’ils se fassent dévorer…

    Ainsi, au Mali, il y a, aux côtés des Français, la Minusma, une force de l’ONU beaucoup plus musclée. En Irak, l’armée – 250 000 hommes – n’est pas en mesure de protéger les chrétiens, parce qu’elle a été complètement désorganisée l’été dernier et elle est en cours de reconfiguration.

    Troisième solution : faire bouger les différentes populations menacées, notamment les chrétiens qui ont fui Mossoul, mais aussi les Yézidis, visées par les djihado-terroristes et les chiites, pour les regrouper dans des endroits, en Syrie ou en Irak, où on pourrait les défendre. 

    UNE PROTECTION QUI SERAIT TRÈS COÛTEUSE

    Je n’en vois pas la faisabilité, d’autant plus que très souvent ceux qui sont restés veulent rester. On ne va pas les bouger de force, rajoutant la force à la violence ambiante.

    L’exclusion aérienne n’est pas envisageable non plus parce que le califat terroriste de Daech n’utilise pas d’avions de combat. Il a des combattants prêts à se faire sauter, à coups de mines et d’explosifs.

    Enfin, il faut tenir compte de l’aspect financier. Déployer des soldats coûte de l’argent que personne n’est prêt à mettre. Les contributeurs de l’ONU, et notamment les Américains, sont de plus en plus réticents, et la France déjà très engagée est limitée sur le plan budgétaire. Cet ensemble de facteurs fait que techniquement, sur le plan militaire, je ne vois pas de solution immédiate. » Propos recueillis  par Agnès Rotivel .

    Ref. Peut-on protéger militairement les chrétiens d’Orient ?

    JPSC

  • Chrétiens d'Irak et de Syrie : le Conseil épiscopal de Malines-Bruxelles invite à la solidarité

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    erbil.jpgCommuniqué :

    Très soucieux des conditions de vie dramatiques des chrétiens d’Irak et de Syrie, Mgr Léonard, Mgr Hudsyn, Mgr Lemmens et Mgr Kockerols, ainsi que tous les membres du Conseil épiscopal de l’Archevêché de Malines-Bruxelles invitent les catholiques à se montrer solidaires et généreux à l’occasion de Pâques.

    La visite de Mgr Kockerols dans les camps de réfugiés en janvier, la rencontre récente de Mgr Lemmens avec Mgr Petros Moshé, évêque syrien catholique de Mossoul et Qaraqosh dans la plaine de Ninive (Irak), mais aussi les nombreux appels à l’aide des communautés chaldéennes en Belgique ont renforcé la conviction de l’urgence d’une aide internationale à apporter aux populations chrétiennes déplacées en Irak et en Syrie.

    L’Archevêché de Malines-Bruxelles fera un don de 50.000 EUR via l’ONG Aide à l’Eglise en détresse qui est présente et coordonne l’aide humanitaire sur place.

    Les chrétiens de l’archidiocèse sont également invités à faire un don à l’un des numéros suivants :

    • Aide à l’Église en Détresse IBAN: BE25 1960 0933 4182 BIC: CREGBEBB (sans attestation fiscale)
    • Don socio-caritatif via Aide et Espoir IBAN: BE72 1960 1357 6116 BIC: CREGBEBB (avec attestation fiscale pour tout don supérieur ou égal à 40€)
    • Don via Caritas International IBAN : BE88 0000 0000 4141 (avec attestation fiscale pour tout don supérieur ou égal à 40€).

    Les dons seront utilisés pour fournir des denrées alimentaires de base, des médicaments, des soins médicaux, location de maisons, et de l’énergie comme le chauffage et l’électricité. Les prêtres et des religieuses qui s’occupent  de la pastorale des victimes de la guerre seront également aidés.