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Spiritualité - Page 274

  • "Prêtres, envers et malgré tout ?" (Père Cédric Burgun)

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    Du Père Cédric Burgun :

    Un nouveau livre : « Prêtres, envers et malgré tout ? »

    La figure du prêtre dans notre société est-elle en train de changer ? Après les scandales qui ont abîmé le sacerdoce, la dénonciation du cléricalisme, et l’ignorance de plus en plus grande d’une société envers ceux qui consacrent leur vie à Dieu, quelle est l’espérance des prêtres ? Dans ce dernier ouvrage, « Prêtre envers et malgré tout » (publié aux éditions du Cerf) et préfacé par Mgr Laurent Camiade, Président de la Commission doctrinale des évêques de France, j’ai voulu lancé une sorte de plaidoyer en faveur de la prêtrise. Oui, beaucoup de prêtres sont heureux ; ils aiment ce qu’ils font et la consécration de leur vie. Mais que signifie être heureux ? Le sacerdoce a ses joies et ses peines, comme toute vocation, comme tout métier, comme toute action. On se focalise un peu trop souvent sur la question du bonheur comme si c’était le critère ultime de décision de nos vies. Le Christ n’a jamais promis le bonheur et l’extase à ses disciples …

    Pour présenter mon livre, j’étais l’invité jeudi 12 septembre de la matinale de RCF. Une interview à revoir ici :

    Partant du contexte ecclésial difficile que nous vivons, il est bon de réfléchir à nouveau à nos relations ecclésiales, pour ne passer à côté de souffrances et de difficultés que traversent des prêtres, qui ne sont en rien des abuseurs : oui, il peut y avoir aujourd’hui une difficulté à vivre le sacerdoce dans la société actuelle, qui le méconnait ou le décrédibilise. Et la solitude des prêtres peut rendre le sacerdoce difficile ; et il y a des difficultés. On se focalise beaucoup sur ces questions d’abus, d’autorité, de pouvoir dans l’Église, mais du fait de cela, on a parfois du mal à exprimer le sacerdoce, et à voir quelle est la vocation profonde d’un prêtre, tout comme il peut y avoir un déficit de lieux de parole et de partage, pour des prêtres en souffrance.

    J’ai écrit ce livre pour cela : réfléchir à nos relations ecclésiales, puisque cette difficulté à comprendre le sacerdoce peut se retrouver également dans le peuple de Dieu. Mais ces difficultés ne sont en rien un calvaire, mais une croix puisque la croix est toujours ouverte sur la résurrection et sur la vie, sur un don de soi renouvelé.

    Quant au célibat, que j’aborde également, j’essaie de relire à la lumière des renoncements qu’il implique : non pas d’abord dans l’ordre de la sexualité (il y a suffisamment d’écrits sur cette question) mais dans l’ordre des relations. Oui, il y a plein de prêtres qui le vivent avec joie et don de soi. Et ce don de soi vient témoigner quelque chose de la présence de Dieu. Mais quel renoncement implique-t-il dans une paternité spirituelle bien comprise et bien vécue ? Enfin, j’essaie d’interroger aussi le cléricalisme : certes, il faut le dénoncer, mais j’indique également qu’il ne faudrait pas qu’il devienne comme un nouveau soupçon jeté sur les prêtres. Selon nous, et face au cléricalisme, il faudrait peut-être se focaliser sur la paternité spirituelle des prêtres vécue comme un accompagnement qui permet à l’autre de prendre son envol. En aucun cas, la paternité sacerdotale ne peut être un pouvoir sur les fidèles. C’est bien pour cela que toute paternité est une paternité qui s’efface.

    Père Cédric Burgun

  • Je suis vôtre

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    Prière d'offrande de sainte Thérèse d'Avila (fêtée ce jour)

    Souveraine Majesté, Éternelle Sagesse,
    Bonté douce à mon âme,
    Dieu, mon Seigneur,
    Qu'ordonnez-vous qu'il soit fait de moi ?
    Je suis vôtre puisque vous m'avez créée,
    Vôtre, puisque vous m'avez rachetée,
    Vôtre, puisque vous m'avez supportée,
    Vôtre, puisque vous m'avez appelée,
    Vôtre, puisque vous m'avez attendue,
    Vôtre, puisque je ne me suis pas perdue..
    Voici mon cœur, Je le remets entre vos mains

    Voici mon corps, ma vie, mon âme,
    Ma tendresse et mon amour…
    Si vous me voulez dans la joie,
    Par amour pour vous je veux me réjouir
    Si vous me commandez des travaux,
    Je veux mourir à l'ouvrage.
    Dites-moi seulement où, comment et quand.
    Parlez, ô doux Amour, parlez.
    Je suis vôtre, pour vous je suis née,
    Que voulez-vous faire de moi ?

    Source : http://missel.free.fr/Sanctoral/10/15.php

  • L'antéchrist selon saint John Henry Newman

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    L'Antéchrist (source)

    Traduit de l'anglais par Renia Catala et Grégory Solari

    Traductions des citations bibliques et patristiques de Pierre- Yves Fux
    Introduction et notes de Grégory Solari
    Préface de Louis Bouyer

    Prends garde à toi, homme : Tu entends les signes de l'Antichrist.
    Ne sois pas seul à les garder en mémoire, mais donne-les sans retenue en partage à tous.

    Cyrille de Jérusalem

    Préface

    Newman est généralement considéré comme un esprit d'une très particulière distinction, capable de gagner, des incroyants eux-mêmes, une sympathie compréhensive refusée à des apologistes chrétiens d'une culture et d'un style moins raffinés. Mais c'est oublier qu'il n'avait aucune fausse pudeur qui le portât à minimiser les aspects du christianisme les plus troublants pour des humanistes amènes.

    Ces sermons sur l'Antichrist ne manqueront sans doute pas de surprendre, voire de choquer, des apologistes portés peut-être à estomper, dans le christianisme authentique, ce qui risque de déconcerter les humanistes qui penchent vers la foi, sans toutefois aller jusqu'à se compromettre avec ses aspects les plus rigoureux. Le rêve d'un christianisme tout en rose (le rose d'une fleur sans épines !) n'a jamais été celui de Newman. Il en résulte que, déjà dans sa période anglicane, il ne présente aucune tendance à diminuer les difficultés de la foi traditionnelle...

    Bien plutôt il les soulignerait, avec une lucidité et une honnêteté qui pourraient déconcerter des croyants eux-mêmes, tentés par une politique de l'apaisement ! Pour lui, l'Évangile est à prendre tel quel, ou à laisser. Il ne s'agit donc pas d'atténuer ce qui pourrait y choquer des âmes de bonne volonté mais d'un optimisme trop facile.

    On ne s'étonnera pas, dans cet essai, de le voir appeler les choses par leur nom et ne pas craindre, quand il le faut, de mettre les points sur les i ! Le mal (pour nous sauver duquel le Fils de Dieu s'est fait homme) n'est pas un simple mauvais pli superficiel... sans quoi Il n'aurait pas eu à monter [sur] la croix ! On lira donc ces pages avec peut-être, au début, quelque plus ou moins pénible surprise... Mais comment l'éviter quand il s'agit de voir en face de quelle perversion l'humanité avait à être sauvée pour que son salut fût plus qu'un beau rêve dont on s'enchante à première vue, mais qui vous laisse après cela aussi démuni qu'auparavant !

    Louis Bouyer,
    de l'Oratoire

    Introduction

    Les épreuves à venir seront telles que même saint Athanase, saint Grégoire le Grand ou saint Grégoire VII seraient épouvantés, à en perdre pied. Aussi sombre que fût la perspective de leur temps, la nôtre est d'un noir de ténèbres, différente de tout ce qui l'a précédée. Mes, frères, vous entrez dans un monde que les chrétiens n'ont encore jamais connu. »

    « The Infidelity of the Future », Catholic Sermons of Cardinal Newman, Birmingham Oratory Ed., Burns & Oates, Londres 1957.

    Ces paroles, John Henry Newman les prononça le 2 octobre 1873, devant les élèves du nouveau séminaire catholique d'Olton, dédié à saint Bernard. On peut imaginer qu'elles durent marquer profondément les futurs prêtres, tout comme les paroissiens anglicans qui pendant l'Avent 1835, alors que Newman était encore vicaire de la paroisse universitaire d'Oxford, l'avaient entendu prêcher ses quatre sermons sur l'Antichrist.

    Quarante ans s'étaient écoulés entre ces deux dates, durant lesquels il s'était progressivement détaché de l'anglicanisme pour rejoindre, le 9 octobre 1845, l'Église catholique, mais son combat restait le même : démasquer l'apostasie qui, sous couvert de libéralisme religieux et d'ouverture au monde, décimait les rangs des églises issues de la Réforme avant d'investir ceux de l'Église. (...) Toute l'oeuvre de Newman est tissée de la volonté de démasquer « les usurpations de la raison ». Dans la dialectique des nouvelles idéologies il reconnaissait une intelligence à l'oeuvre, la même qui, depuis l'origine, tente de séparer l'homme de son Créateur en substituant l'autonomie apparente de la raison à l'obéissance de la foi. Docétisme aux premiers temps, arianisme hier, rationalisme aujourd'hui, pour Newman c'était toujours le même esprit de révolte, ouverte ou camouflée, qui découpait dans les territoires de l'intelligence les isthmes illusoires et mortifères de demain.

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  • Canonisé aujourd'hui, qui est vraiment le cardinal Newman ?

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    cardinal Newman

    De Jean-Marie Dumont sur le site de Famille Chrétienne :

    Qui est vraiment le cardinal Newman ?

    Dans les faubourgs boisés du sud d’Oxford, non loin de la Tamise, s’étend le district de Littlemore. De belles maisons en pierre claire entourées de jardins très verts bordent les ruelles de ce village paisible que rien ne semble pouvoir troubler. L’une d’elles, longue et basse, est surmontée de ces deux mots : « The College ». C’est dans ce havre de paix que se déroula en 1845 un événement majeur pour l’histoire du christianisme anglais : la conversion de John Henry Newman (1801-1890), grande figure de l’Église d’Angleterre, au catholicisme.

    Retour au port

    « Lors de ma conversion, je n’ai pas eu conscience qu’un changement intellectuel ou moral s’opérât dans mon esprit. Je ne me sentais ni une foi plus ferme dans les vérités fondamentales de la Révélation, ni plus d’empire sur moi-même ; je n’avais pas plus de ferveur, mais il me semblait rentrer au port après avoir traversé une tempête, et la joie que j’en ai ressentie dure encore aujourd’hui sans qu’elle ait été interrompue. »

    Extrait de Apologia pro vita sua, par John Henry Newman

    « Ai été admis dans l’Église catholique », note sobrement Newman dans son agenda personnel à la date du 9 octobre 1845. La veille, depuis sa chambre de Littlemore, il écrit à plusieurs amis : « J’attends ce soir le Père Dominique [Barberi], ce passionniste qui depuis sa jeunesse a été conduit à se préoccuper plus spécialement et d’une façon plus directe, d’abord des pays nordiques, puis de l’Angleterre. [...] C’est un homme simple et d’une grande sainteté : de plus, il est doué de facultés remarquables. Il n’est pas au courant de mes projets, mais j’ai l’intention de le prier de m’admettre dans l’unique bercail du Christ... Je ne vous enverrai cette lettre que quand la cérémonie sera accomplie. » Puis, en fin de journée : « Le Père Dominique est venu [c]e soir. J’ai commencé ma confession. » « Entamée lors de leur rencontre dans la bibliothèque, celle-ci se poursuit le lendemain dans la petite chapelle attenante à sa chambre, où il assiste à la messe et fait sa première communion », raconte Ingrid Swimmen, responsable de la communauté à laquelle est aujourd’hui confié ce lieu. Elle témoigne de l’intérêt qu’il suscite. « Nous accueillons régulièrement des visiteurs seuls ou en groupe, venant de tous les horizons, parfois des anglicans. »

    Au moment de sa conversion, Newman a 44 ans et réside à temps plein au College depuis deux ans. Mais l’histoire de sa présence à Littlemore est plus ancienne, débutant en 1828. Âgé de 27 ans, le jeune vicaire anglican de l’église Sainte-Marie-la-Vierge, au centre d’Oxford, sur la High Street, en est alors nommé curé. Par les hasards de l’histoire, Littlemore relève du territoire de la paroisse. Il s’y rend donc régulièrement, y fait construire une église, s’emploie à développer l’éducation de la jeunesse et s’y retire de temps à autre, par exemple pendant le Carême. Il est attiré par ce lieu silencieux, à l’écart des controverses du centre d’Oxford (dont il est un acteur majeur), et par ces paroissiens plus authentiques que le public académique des Colleges oxfoniens. Il réfléchit à y bâtir un monastère, achète un terrain à cette fin. « Depuis des années, treize au moins, écrit-il en 1842 à son évêque, je désire me vouer à une vie religieuse plus régulière que celle que j’ai menée jusqu’à présent », évoquant des « études théologiques », alors qu’il vient de se livrer à la traduction des œuvres de saint Athanase. La proposition qu’il fait à l’évêque consiste à s’installer à Littlemore, tout en restant curé de Sainte-Marie-la-Vierge, avec l’aide d’un vicaire qu’il déléguera en ville. « En faisant cela, je crois agir pour le bien de ma paroisse, dont la population est pour le moins égale à celle de Sainte-Marie à Oxford. La population de Littlemore en entier est le double.Cette paroisse a été très négligée et, en pourvoyant Littlemore d’un presbytère [...], j’estime que je fais un grand bienfait à mes paroissiens. » Suite au refus de son évêque, et alors qu’on le soupçonne toujours davantage de vouloir rejoindre Rome, il choisit, en 1843, de renoncer complètement à sa charge de curé pour s’installer à Littlemore.

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  • Et même si je marchais dans l'ombre de la mort... (graduel du XXVIIIe dimanche du Temps ordinaire)

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    Graduale Graduel
    Ps. 22, 4  
    R/. Si ámbulem in médio umbrae mortis, non timébo mala: quóniam tu mecum es, Dómine. V/. Virga tua, et báculus tuus, ipsa me consoláta sunt. R/. Quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu es avec moi. V/. Ta houlette et Ton bâton m’ont consolé.
  • Il est inopportun d’ordonner prêtres des hommes mariés

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    mgr-laurent-camiade_article.jpgÉlu président de la Commission doctrinale de l’épiscopat français en avril 2019, Mgr Laurent Camiade est évêque de Cahors. En qualité de pasteur, il estime que le célibat sacerdotal est bien plus qu’un simple règlement disciplinaire dans l’Église latine. Samuel  Pruvot  l’a interrogé   pour l’hebdomadaire « Famille  Chrétienne »:

    "La question de l’ordination des hommes mariés relève-t-elle de la doctrine ?

    En soi, rien n’empêche l’ordination des hommes mariés… Mais, en revanche, cette hypothèse ne me semble ni souhaitable ni opportune par rapport au bien de la communauté.

    Mais ne faut-il justement pas ordonner des hommes mariés – des viri probati – dans des territoires comme l’Amazonie où les communautés n’ont pas accès à l’eucharistie ?

    Il ne faut pas chosifier les sacrements… Évidemment, l’eucharistie est vitale pour une communauté chrétienne, et je suis le premier à célébrer la messe tous les jours, puisque cela m’est donné. L’enjeu n’est pourtant pas d’avoir son sacrement comme une dose quotidienne. Les sacrements sont liés à l’écoute de la parole de Dieu, explique Vatican II ; ce ne sont pas des actes magiques. L’Église ne nous fait pas l’obligation de communier tous les jours, mais au minimum une fois l’an. Sans doute sommes-nous un peu victimes, en Occident, d’une banalisation du mystère de l’eucharistie et de la présence du prêtre…

    Pourtant, la proximité du prêtre semble une réalité capitale pour les fidèles ?

    Nul n’est prophète en son pays… Ce proverbe n’est pas un dogme, puisque Jésus prêche en la synagogue de Nazareth ! Mais il rencontre une sérieuse résistance. Humainement, la proximité a ses limites. Certains prêtres sont restés cinquante ans dans le même lieu… Quand ils sont morts, la communauté est morte avec eux. Ils ont tissé de remarquables liens personnels et affectifs, c’est vrai. Mais ils étaient tellement identifiés à un peuple que cela a tout sclérosé. On peut toujours essayer de faire survivre des communautés, mais on n’est pas vraiment dans une dynamique missionnaire. La logique de la proximité, avec les viri probati, n’est pas évidente. La proximité fait perdre cette liberté de parole qui est nécessaire. Il est difficile de prêcher l’Évangile à des gens que vous connaissez trop bien…

    Mais le Code de droit canon latin n’oblige-t-il pas les évêques à tout faire pour favoriser la distribution des sacrements ?

    Certains voudraient faire dire au Code de droit canonique que les évêques doivent ordonner des gens mariés au nom de l’accès à l’eucharistie ! Ce code stipule, il est vrai, que les fidèles doivent avoir accès aux sacrements. C’est le devoir de l’évêque de faire en sorte qu’ils puissent participer à l’eucharistie. Je note cependant que ce Code ne précise pas la fréquence de la communion. Et c’est quand même le même code de l’Église latine qui impose la continence parfaite aux clercs !

    Au nom de l’eucharistie, ne pouvons-nous pas imaginer des adaptations à cette règle ?

    À propos de l’eucharistie, il faut se souvenir que le concile de Trente [chapitre 26, Ndlr] n’a pas voulu qu’on ordonne des prêtres pour juste dire la messe et recevoir des honoraires ! Le texte interdit l’ordination aux hommes qui chercheraient un gain matériel en se mettant au service par exemple de grandes familles aristocratiques. Ceux qui militent pour l’ordination d’hommes mariés défendent, sans s’en rendre compte, un certain retour au Moyen Âge ! Le concile Vatican II n’a pas voulu revenir à cette époque. Il a promu des prêtres pasteurs et non des prêtres domestiques d’une famille ou d’un lieu.

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  • Rien n’est plus sain que la recherche de la gloire car il s’agit d’un appétit très naturel

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    D'Eugénie Bastié sur le site du Figaro Vox :

    Fabrice Hadjadj: «La recherche de la gloire est saine, c’est un appétit naturel»

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le dernier livre du philosophe Fabrice Hadjadj est une ode à la gloire qui - loin de s’y opposer - va de pair avec l’humilité. Il réhabilite la recherche de la gloire comme remède au règne de l’utilitaire et moyen de célébrer la vie sous toutes ses formes.

    11 octobre 2019
     
    Fabrice Hadjadj.
    Fabrice Hadjadj. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

    Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe. Il est le directeur de l’université Philantropos. Il vient de publier À moi la gloire aux éditions Salvator (septembre 2019).


    FIGAROVOX.- Les catholiques ont tendance à mettre en avant l’humilité plutôt que la gloire. Est-ce une erreur?

    Fabrice HADJADJ.- Lorsqu’un prédicateur monte en chaire et se place bien sous les projecteurs pour prôner l’effacement, on peut à bon droit penser qu’il y a quelque chose qui cloche… L’humilité est une vertu spécifiquement chrétienne, ignorée des païens, car elle suppose la révélation tragicomique d’un Dieu qui s’abaisse jusqu’à se faire ce charpentier juif qu’on crucifie comme malfaiteur à 33 ans.

    Rien n’est plus sain que la recherche de la gloire, car il s’agit d’un appétit très naturel.

    À l’opposé, la vertu païenne majeure est liée au désir de gloire: Cicéron l’appelle «magnanimité» (de magna anima, la «grande âme»). Dans La Conjuration de Catilina, Salluste affirme que l’aspiration à la gloire, c’est-à-dire le désir de distinction, est précisément ce qui nous distingue des bêtes. Sans elle, il n’y aurait pas de sens du sacrifice et donc pas de république, puisqu’on ne viserait rien de plus grand que son intérêt immédiat. D’ailleurs, en grec, «vertu» se dit arétè, qui peut se traduire par excellence.

    La question est donc double. Premièrement, elle concerne le rapport du paganisme au christianisme: y a-t-il entre eux une totale contrariété, ou bien le second dépasse-t-il le premier en l’assumant pleinement? Secondement, si l’humilité n’a rien à voir avec le désir de gloire, on n’échappe pas à la critique de Nietzsche: soit l’humilité est négation de soi, et le christianisme n’est plus qu’un nihilisme ; soit elle est un désir de gloire honteux - une stratégie des faibles pour supplanter les forts -, et le christianisme n’est plus qu’hypocrisie.

    La recherche de la gloire n’est donc pas forcément malsaine?

    Rien n’est plus sain, car il s’agit d’un appétit très naturel. Et rien n’est plus humble même. Car il n’y a pas de gloire sans un autre qui nous rend gloire. Bossuet, dans son discours de réception à l’Académie française, observe que la gloire se dédouble en gloire des héros et gloire des poètes, et que les uns ne peuvent être sans les autres.

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  • Le Cardinal Newman : l'itinéraire spirituel d'un futur saint

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    Deux émissions de RCF :

    Cardinal Newman, itinéraire spirituel d'un futur saint

    Présentée par Sarah Brunel

    1 OCTOBRE 2019 - DURÉE ÉMISSION : 25 MIN

    Cardinal Newman, itinéraire spirituel d'un futur saint

    © Wikimédia Commons - Le cardinal Newman dans ses dernières années, portrait par Emmeline Deane

    Figure majeure du christianisme, John Henry Newman sera canonisé le 13 octobre. Qu'est-ce qui a poussé ce pasteur de l'Église anglicane au XIXe siècle à devenir catholique? Explications.

    "Selon Paul VI, il n'y a pas de conversion, de passage dans l'Église aussi important dans l'histoire de l'Église depuis saint Augustin." Béatifié en 2010 par Benoît XVI, l'Anglais John Henry Newman (1801-1890) sera canonisé le 13 octobre 2019. Figure majeure du christianisme, ce théologien, poète, musicien et homme d'Église est un anglican converti au catholicisme. La pensée de ce précurseur peut nous aider à répondre aux questions spirituelles de notre temps. Ce que nous montre Grégory Solari, auteur de "John Henry Newman - L'Argument de la sainteté" (éd. Ad Solem).

    "Cette conviction qu'il n'y a que deux êtres absolument réels, soi-même et Dieu"

    NEWMAN, L'ANGLICAN DEVENU CATHOLIQUE

    La vie de Newman a été marquée par deux grandes périodes : l'anglicane et la catholique, avant et après "une décision, qu'on appelle conversion, qu'on appelle passage". Quand, le 9 août 1845, Newman demande à entrer dans l'Église catholique, "pour lui ce n'est pas véritablement quitter son Église mais d'une certaine manière accomplir ce que son Église ne lui permettait plus, à titre personnel de baptisé, de vivre."

    Newman est de ceux qui ont participé au mouvement d’Oxford, un courant de renouveau au sein de l'anglicanisme. Déclenché en 1833 par une loi qui autorise les non anglicans à entrer au Parlement. Or, en Angleterre, le Parlement a le pouvoir de légiférer en matière religieuse et ecclésiastique, car l'anglicanisme est une religion d'État. Face à ceux qui veulent défendre l'institution, d'autres, dont Newman, proposent de retrouver les fondements véritables de l'Église. "De tous les acteurs du mouvement d'Oxford, Newman est seul à être allé jusqu'au bout de ce questionnement."

    Newman est en effet convaincu qu'il n'y a qu'une seule Église chrétienne capable de prendre des formes différentes tout en restant fidèle à ce qu'elle est, c'est l'Église catholique : "C'est pour ça qu'il devient catholique, c'est la seule raison."

    MYSELF AND MY CREATOR, "MOI ET MON CRÉATEUR"

    En réalité, Newman a vécu une conversion à l'âge de 15 ans - "dans le fond l'unique conversion, nous dit Grégory Solari, dont il n'a fait que déplier toutes les implications, toute la richesse." En 1816, donc, "il découvre que l'activité de l'esprit, quand il pense, est essentielle à la religion, à la démarche spirituelle". Devenu professeur agrégé en 1821, ("fellow" en anglais), d'Oriel College, "le plus intello de tout Oxford", Newman est ordonné pasteur de l'Église anglicane en 1828. Ses sermons "attirent une foule immense", mais selon Grégory Solari, sa vision du tutorat "va le mettre progressivement au ban de sa propre université et de sa propre Église" ; Newman est convaincu que "le cœur et l'intelligence vont ensemble".

    ​Au début du XIXe siècle, l'anglicanisme vient de traverser une crise de rationalisme profond. "Cette religion établie un peu installée, abstraite et desséchée" a vécu un "réveil spirituel" notamment grâce à John Wesley (1703-1791). À la suite duquel Newman est convaincu que la sagesse repose sur une seule chose : nous connaître nous-mêmes et connaître Dieu. "Cette conviction qu'il n'y a que deux êtres absolument réels, soi-même et Dieu." Dans son "Apologia Pro Vita Sua" (écrite vers 1865), il écrit : "Il n'y a que deux êtres absolus dont l'existence s'atteste et s'éclaire mutuellement, moi-même et mon créateur." 

    Ses lectures des Pères de l'Église - "il est un des plus grands patristiciens du XIXe siècle" - mais aussi ses rencontres et ses combats au sein de l'anglicanisme l'amènent à considérer, comme l'explique Grégory Solari, que "parler de soi, c'est parler d'un autre en nous, c'est parler de Dieu aussi". Le Christ de Newman "c'est le Christ qui est en vous". Newman invite à "se découvrir devant la vérité d'un autre qui nous regarde". "Sa parole n'a pas d'autre fonction, en dépliant le mystère de la parole de Dieu, de nous faire prendre conscience, comme Augustin, qu'il y a quelqu'un en nous de plus intime que nous le sommes à nous-mêmes."

    INVITÉS : Grégory Solari, essayiste, éditeur, fondateur des éditions Ad Solem

    BIBLIOGRAPHIE : John Henry Newman - L'Argument de la sainteté - Grégory Solari, éd. Ad Solem (2019)

  • La grande et belle manière de faire les choses, même simples

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    D'Agnès Pinard Legry sur aleteia.org :

    Fabrice Hadjadj : « La gloire est essentielle au christianisme »

    07 octobre 2019

    Souvent opposées, gloire et humilité sont pourtant deux notions intrinsèquement liées et centrales dans le christianisme. À l’occasion de la sortie de son dernier essai « À moi la gloire », le philosophe Fabrice Hadjadj s’est confié à Aleteia sur la place qu’occupe la gloire dans nos vies mais aussi notre relation à Dieu. Entretien.

    « Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit », « Seigneur mon Dieu, toujours je rendrai gloire à ton nom », « Lui qui est si riche en gloire, qu’il vous donne la puissance de son Esprit, pour que se fortifie en vous l’homme intérieur », « Encore un peu de temps, et j’emplirai de gloire cette Maison »… Si la gloire est une notion omniprésente dans la Bible, que ce soit dans les psaumes ou dans les Évangiles, elle est souvent considérée avec mépris et méfiance par les chrétiens. « La gloire est pourtant essentielle au christianisme et à la Révélation biblique », assure à Aleteia le philosophe Fabrice Hadjadj, qui vient de publier un essai sur la gloire. « Si le christianisme est une religion de l’humilité », détaille-t-il « le Christ ne nous interdit pas la gloire, il nous dit que nous sommes la lumière du monde ».

    « La gloire, dans le sens chrétien, est la claire connaissance qui entraîne la louange d’un bien. »

    Qu’est-ce que la gloire ? « Est-ce simplement d’être brillant, passer sur les réseaux sociaux et avoir des likes ou est-ce d’illuminer, c’est-à-dire d’éclairer autre chose que moi-même ? », s’interroge l’essayiste. « La gloire, dans le sens chrétien, est la claire connaissance qui entraîne la louange d’un bien. J’accomplis un bien qui doit être reconnu comme tel. Cela sous-entend que le bien doit être “célébrable” et qu’il y ait un célébrant ». Celui qui est glorieux est donc « nécessairement dans une forme d’humilité », assure Fabrice Hadjadj.

    Revenant sur la notion d’héroïcité, qui implique une forme de vulnérabilité, le philosophe ouvre également la réflexion sur ce qu’est la gloire de Dieu dont la naissance de son fils, dans une humble étable de Bethléem, pourrait faire douter. « Ce qui est essentiel n’est pas la grandeur des choses comme telles, le spectaculaire de l’action », explique-t-il. « Mais c’est la grande et belle manière de faire les choses, même simples ».

    Alors que saint Paul écrit volontiers que « la femme est la gloire de l’homme », l’est-elle vraiment ? Oui, assure Fabrice Hadjadj. « Ce qu’il y a de beau dans la relation conjugale entre l’homme et la femme c’est que les deux ne se comprennent pas. D’une manière générale, ils n’ont pas le même point de vue sur le monde », reconnaît-il. « D’une certaine façon, ma femme vient déchirer ma sphère et me rappelle à un bien intime, profond. Elle m’appelle, au fond, à aimer, sans apparat ».

     
     
    a moi la gloire

    À moi la gloireFabrice Hadjadj, Salvator, septembre 2019, 15 euros.

  • Selon Gad Elmaleh, Lourdes est une expérience qu'il faut vivre

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    D'Arnaud Bevillacqua sur le site du journal La Croix :

    Gad Elmaleh : « Lourdes, c’est une expérience qu’il faut vivre »

    Entretien 

    L’humoriste est coproducteur discret de la comédie musicale consacrée à Bernadette de Lourdes. De passage dans la cité mariale pendant le Pèlerinage national, il a répondu aux questions de « La Croix » dans les coulisses du spectacle.

    La Croix : Est-ce la première fois que vous vous rendez à Lourdes ?

    Gad Elmaleh : Oui, c’est la première fois. Je découvre. J’ai toujours été curieux et j’ai toujours voulu y venir ici mais sans le spectacle, auquel je suis associé, je pense que je n’aurais jamais fait le voyage. C’est une expérience. Je suis vraiment très heureux et j’ai hâte de revenir. J’ai vraiment envie de revenir avec des amis de plusieurs religions pour partager une expérience humaine de fraternité, d’échange.

    Je me sens privilégié car j’ai eu la chance de rencontrer des gens incroyables comme le recteur, des prêtres, des gens qui travaillent ici. J’ai pu visiter tous les lieux : la basilique souterraine, hors du temps, monument d’architecture et de modernité, la grotte, les piscines…

  • Seigneur, Tu T'es fait notre refuge de génération en génération (graduel du XXVIIe dimanche du T.O.)

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    Graduale Graduel
    Ps. 89, 1-2  
    Dómine, refúgium factus es nobis, a generatióne et progénie. V/. Priúsquam montes fíerent, aut formarétur terra et orbis: a saéculo, et usque in saéculum tu es, Deus. R/. Seigneur, Tu T'es fait notre refuge de génération en génération. V/. Avant que les montagnes fussent créées, avant que la terre fût formée et sa sphère, au début des siècles et jusque dans tous les siècles, Tu es Dieu.
  • Saint François d'Assise (4 octobre) présenté par Benoît XVI

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    De BENOÎT XVI lors de l'AUDIENCE GÉNÉRALE du mercredi 27 janvier 2010 :

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    Saint François d’Assise

    Chers frères et sœurs,

    Dans une récente catéchèse, j'ai déjà illustré le rôle providentiel que l'Ordre des frères mineurs et l'Ordre des frères prêcheurs, fondés respectivement par saint François d'Assise et par saint Dominique Guzman, eurent dans le renouveau de l'Eglise de leur temps. Je voudrais aujourd'hui vous présenter la figure de François, un authentique « géant » de sainteté, qui continue à fasciner de très nombreuses personnes de tous âges et de toutes religions.

    « Surgit au monde un soleil ». A travers ces paroles, dans la Divine Comédie (Paradis, chant XI), le plus grand poète italien Dante Alighieri évoque la naissance de François, survenue à la fin de 1181 ou au début de 1182, à Assise. Appartenant à une riche famille – son père était marchand drapier –, François passa son adolescence et sa jeunesse dans l'insouciance, cultivant les idéaux chevaleresques de l'époque. A l'âge de vingt ans, il participa à une campagne militaire, et fut fait prisonnier. Il tomba malade et fut libéré. De retour à Assise, commença en lui un lent processus de conversion spirituelle, qui le conduisit à abandonner progressivement le style de vie mondain qu'il avait mené jusqu'alors. C'est à cette époque que remontent les célèbres épisodes de la rencontre avec le lépreux, auquel François, descendu de cheval, donna le baiser de la paix, et du message du Crucifié dans la petite église de saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s'anima, et lui dit: « Va, François, et répare mon église en ruine ». Ce simple événement de la parole du Seigneur entendue dans l'église de Saint-Damien renferme un symbolisme profond. Immédiatement, saint François est appelé à réparer cette petite église, mais l'état de délabrement de cet édifice est le symbole de la situation dramatique et préoccupante de l'Eglise elle-même à cette époque, avec une foi superficielle qui ne forme ni ne transforme la vie, avec un clergé peu zélé, avec un refroidissement de l'amour; une destruction intérieure de l'Eglise qui comporte également une décomposition de l'unité, avec la naissance de mouvements hérétiques. Toutefois, au centre de cette église en ruines se trouve le crucifié, et il parle: il appelle au renouveau, appelle François à un travail manuel pour réparer de façon concrète la petite église de Saint-Damien, symbole de l'appel plus profond à renouveler l'Eglise même du Christ, avec la radicalité de sa foi et l'enthousiasme de son amour pour le Christ. Cet événement qui a probablement eu lieu en 1205, fait penser à un autre événement semblable qui a eu lieu en 1207: le rêve du Pape Innocent III. Celui-ci voit en rêve que la Basilique Saint-Jean-de-Latran, l'église mère de toutes les églises, s'écroule et un religieux petit et insignifiant la soutient de ses épaules afin qu'elle ne tombe pas. Il est intéressant de noter, d'une part, que ce n'est pas le Pape qui apporte son aide afin que l'église ne s'écroule pas, mais un religieux petit et insignifiant, dans lequel le Pape reconnaît François qui lui rend visite. Innocent III était un Pape puissant, d'une grande culture théologique, et d'un grand pouvoir politique, toutefois, ce n'est pas lui qui renouvelle l'église, mais le religieux petit et insignifiant: c'est saint François, appelé par Dieu. Mais d'autre part, il est intéressant de noter que saint François ne renouvelle pas l'Eglise sans ou contre le Pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont de pair: le Successeur de Pierre, les évêques, l'Eglise fondée sur la succession des apôtres et le charisme nouveau que l'Esprit Saint crée en ce moment pour renouveler l'Eglise. C'est ensemble que se développe le véritable renouveau.

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