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Spiritualité - Page 368

  • Quand Benoît XVI magnifiait l’Assomption de Marie

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    Homélie de la messe du lundi 15 août 2005 prononcée par Benoît XVI dans l’église de la paroisse pontificale « San Tommaso da Villanova » de Castelgandolfo :

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    «  […]

    Marie a été élevée au ciel corps et âme:  même pour le corps, il y a une place en Dieu. Le ciel n'est plus pour nous un domaine très éloigné et inconnu. Dans le ciel, nous avons une mère. C'est la Mère de Dieu, la Mère du Fils de Dieu, c'est notre Mère. Lui-même l'a dit. Il en a fait notre Mère, lorsqu'il a dit au disciple et à nous tous:  "Voici ta Mère!". Dans le ciel, nous avons une Mère. Le ciel s'est ouvert, le ciel a un coeur.

    Dans l'Evangile, nous avons entendu le Magnificat, cette grande poésie qui s'est élevée des lèvres, et plus encore du coeur de Marie, inspirée par l'Esprit Saint. Dans ce chant merveilleux se reflète toute l'âme, toute la personnalité de Marie. Nous pouvons dire que son chant est un portrait, une véritable icône de Marie, dans laquelle nous pouvons la voir exactement telle qu'elle est. Je voudrais souligner uniquement deux points de ce grand chant. Celui-ci commence par la parole "Magnificat":  mon âme "magnifie" le Seigneur, c'est-à-dire "proclame la grandeur" du Seigneur. Marie désire que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans sa vie, soit présent parmi nous tous. Elle n'a pas peur que Dieu puisse être un "concurrent" dans notre vie, qu'il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, par sa grandeur. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n'est pas opprimée, mais est élevée et élargie:  ce n'est qu'alors qu'elle devient grande dans la splendeur de Dieu.

    Le fait que nos ancêtres pensaient le contraire, constitua le noyau du péché originel. Ils craignaient que si Dieu avait été trop grand, il aurait ôté quelque chose à leur vie. Ils pensaient devoir mettre Dieu de côté pour avoir de la place pour eux-mêmes. Telle a été également la grande tentation de l'époque moderne, des trois ou quatre derniers  siècles.  On a toujours plus pensé et dit:  "Mais ce Dieu ne nous laisse pas notre liberté, il rend étroit l'espace de notre vie avec tous ses commandements. Dieu doit donc disparaître; nous voulons être autonomes, indépendants. Sans ce Dieu, nous serons nous-mêmes des dieux, et nous ferons ce que nous voulons". Telle était également la pensée du fils prodigue, qui ne comprit pas que, précisément en vertu du fait d'être dans la maison du père, il était "libre". Il partit dans des pays lointains et consuma la substance de sa vie. A la fin, il comprit que, précisément parce qu'il s'était éloigné du père, au lieu d'être libre, il était devenu esclave; il comprit que ce n'est qu'en retournant à la maison du Père qu'il pouvait être véritablement libre, dans toute la splendeur de la vie. Il en est de même à l'époque moderne. Avant, on pensait et on croyait que, ayant mis Dieu de côté et étant autonomes, en suivant uniquement nos idées, notre volonté, nous serions devenus réellement libres, nous aurions pu faire ce que nous voulions sans que personne ne nous donne aucun ordre. Mais là où Dieu disparaît, l'homme ne devient pas plus grand; il perd au contraire sa dignité divine, il perd la splendeur de Dieu sur son visage. A la fin, il n'apparaît plus que le produit d'une évolution aveugle, et, en tant que tel, il peut être usé et abusé. C'est précisément ce que l'expérience de notre époque a confirmé.

    Ce n'est que si Dieu est grand que l'homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent; faire en sorte qu'Il soit grand dans notre vie; ainsi, nous aussi, nous devenons divins; toute la splendeur de la dignité divine nous appartient alors. Appliquons cela à notre vie. Il est important que Dieu soit grand parmi nous, dans la vie publique et dans la vie privée. Dans la vie publique, il est important que Dieu soit présent, par exemple, à travers la Croix, dans les édifices publics, que Dieu soit présent dans notre vie commune, car ce n'est que si Dieu est présent que nous pouvons suivre une orientation, une route commune; autrement, les différences deviennent inconciliables, car il n'existe pas de reconnaissance de notre dignité commune. Rendons Dieu grand dans la vie publique et dans la vie privée. Cela veut dire laisser chaque jour un espace à Dieu dans notre vie, en commençant le matin par la prière, puis en réservant du temps à Dieu, en consacrant le dimanche à Dieu. Nous ne perdons pas notre temps libre si nous l'offrons à Dieu. Si Dieu entre dans notre temps, tout notre temps devient plus grand, plus ample, plus riche.

    Une seconde observation. Cette poésie de Marie - le Magnificat - est entièrement originale; toutefois, elle est, dans le même temps, un "tissu" composé à partir de "fils" de l'Ancien Testament, à partir de la Parole de Dieu. Et ainsi, nous voyons que Marie était, pour ainsi dire, "chez elle" dans la Parole de Dieu, elle vivait de la Parole de Dieu, elle était pénétrée de la Parole de Dieu. Dans la mesure où elle parlait avec les paroles de Dieu, elle pensait avec les paroles de Dieu, ses pensées étaient les pensées de Dieu. Ses paroles étaient les paroles de Dieu. Elle était pénétrée par la lumière divine et c'est la raison pour laquelle elle était aussi resplendissante,  aussi  bonne,  aussi rayonnante, d'amour et de bonté. Marie vit de la Parole de Dieu, elle est imprégnée de la Parole de Dieu. Et le fait d'être plongée dans la Parole de Dieu, le fait que la Parole de Dieu lui est totalement familière, lui confère également la lumière intérieure de la sagesse. Celui qui pense avec Dieu pense bien, et celui qui parle avec Dieu parle bien. Il possède des critères de jugement valables pour toutes les choses du monde. Il devient savant, sage, et, dans le même temps, bon; il devient également fort et courageux, grâce à la force de Dieu qui résiste au mal et promeut le bien dans le monde. 

    Et ainsi, Marie parle avec nous, elle nous parle, elle nous invite à connaître la Parole de Dieu, à aimer la Parole de Dieu à vivre avec la Parole de Dieu et à penser avec la Parole de Dieu. Et nous pouvons le faire de façons très diverses:  en lisant l'Ecriture Sainte, en particulier en participant à la Liturgie, dans laquelle, au cours de l'année, la Sainte Eglise nous présente tout le livre de l'Ecriture Sainte. Elle l'ouvre à notre vie et le rend présent dans notre vie. Mais je pense également au "Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique", que nous avons récemment publié, et dans lequel la Parole de Dieu est appliquée à notre vie, interprète la réalité de notre vie, nous aide à entrer dans le grand "temple" de la Parole de Dieu, à apprendre à l'aimer et à être, comme Marie, pénétrés par cette Parole. Ainsi la vie devient lumineuse et nous possédons un critère de base pour notre jugement, nous recevons en même temps la bonté et la force. 

    Marie est élevée corps et âme à la gloire du ciel et avec Dieu et en Dieu, elle est Reine du ciel et de la terre. Est-elle si éloignée de nous? Bien au contraire. Précisément parce qu'elle est avec Dieu et en Dieu, elle est très proche de chacun de nous. Lorsqu'elle était sur terre, elle ne pouvait être proche que de quelques personnes. Etant en Dieu, qui est proche de nous, qui est même "à l'intérieur" de nous tous, Marie participe à cette proximité de Dieu. Etant en Dieu et avec Dieu, elle est proche de chacun de nous, elle connaît notre coeur, elle peut entendre nos prières, elle peut nous aider par sa bonté maternelle et elle nous est donnée - comme le dit le Seigneur, - précisément comme "mère", à laquelle nous pouvons nous adresser à tout moment. Elle nous écoute toujours, elle est toujours proche de nous, et, étant la Mère du Fils, elle participe de la puissance du Fils, de sa bonté. Nous pouvons toujours confier toute notre vie à cette Mère, qui est proche de tous.

    Rendons grâce au Seigneur, en ce jour de fête, pour le don de la Mère et prions Marie, afin qu'elle nous aide à trouver le bon chemin chaque jour. Amen.

    ICI

    Voir aussi : Le 15 août 2016 à 10h: fête de l'assomption à l'église du Saint-Sacrement à Liège

    JPSC

  • Le cardinal Sarah rappelle ce qu'est la sainte liturgie

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    Lettre 554 du 10 Août 2016 de Paix Liturgique

    CARDINAL SARAH (1) : QU’EST-CE QUE LA SAINTE LITURGIE ?

    Le 5 juillet 2016, le cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation du Culte divin et de la Discipline des sacrements, a prononcé une allocution, qui était la conférence inaugurale des journées Sacra Liturgia 2016, organisées cette année à Londres, et présidées par Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon.

    Cette allocution du plus haut intérêt, pourrait être qualifiée de ratzinguérienne et même de méta-ratzinguérienne, avec des inflexions personnelles importantes. Le cardinal Sarah y déploie un véritable programme pour reconsidérer la liturgie de Vatican II. Il s’y livre :
    - à une réflexion sur l’esprit de la liturgie ;
    - à une interprétation selon une herméneutique de continuité de la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium sur la liturgie ;
    - à une critique mesurée du travail de réforme qui a suivi et à une condamnation claire des abus qui se sont alors répandus ;
    - il pose ensuite les principes de restauration liturgique nécessaires à une mise en œuvre plus fidèle de Sacrosanctum Concilium dans le contexte actuel ;
    - enfin, il lance un appel à ses frères prêtres et évêques pour qu'ils orientent leur célébration des saints mystères vers le Seigneur.

    Cette invitation à célébrer versus Deum a fait l'effet d'une véritable bombe : non seulement elle concerne tous les prêtres et évêques mais, surtout, comporte surtout une échéance précise, celle du premier dimanche de l’Avent !

    De fait, cette conférence a déclenché des réactions ulcérées. À commencer par celle du cardinal Nichols, archevêque de Westminster, diocèse sur le territoire duquel se tenait la conférence, qui adressa aussitôt une lettre à ses prêtres pour les enjoindre à ne pas suivre l’invitation du cardinal Sarah (la majorité des participants à Sacra Liturgia 2016 étaient des prêtres diocésains). Reçu par le Pape François le 9 juillet, à son retour de Londres, le cardinal Sarah fut l'objet, le 11 juillet, d'un stupéfiant communiqué de la Salle de Presse vaticane spécifiant qu'il « n’est pas prévu de nouvelles directives liturgiques à partir du début de la prochaine année liturgique, comme certains l’ont improprement déduit des paroles du Cardinal Sarah ». Pourtant, le même jour, le cardinal Sarah, fort du mandat de « ministre de la liturgie » qu’il tient du Pape, maintenait son appel en publiant sur le site de Sacra Liturgia le « texte officiel » et intégral de son discours de Londres.

    Au-delà de cet appel, il n'est pas exagéré de dire que l’ensemble du texte du cardinal Sarah revêt une dimension historique dans le déroulement de l’après-Concile, se situant résolument dans la ligne de l’Entretien sur la foi donné par le cardinal Ratzinger à Vittorio Messori (Fayard, 1985) et de tout l’enseignement de Joseph Ratzinger, et ensuite du Pape Benoît XVI, sur la liturgie. Avec, chez le disciple, une détermination qu’on ne trouvait pas toujours chez le maître.

    Il nous a paru important de vous proposer, au cours de ce mois d’août, l’essentiel de ce texte dont l’intitulé – « Vers une authentique mise en œuvre de Sacrosanctum Concilium » – exprime bien l’idée maîtresse de ces journées liturgiques inaugurées par le cardinal Sarah. Nous le ferons en cinq livraisons correspondant aux grandes articulations de ce discours :

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  • SOS Chrétiens d’Orient : Première messe au Krak des Chevaliers depuis 1271

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    Vu sur le site web de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

    « Lors de la visite du Père Aubry, conseiller religieux de l'association SOS Chrétiens d'Orient, la mission en Syrie a eu la chance de redécouvrir les fondements du christianisme, et les volontaires ont terminé une semaine de pèlerinage plus forts que jamais dans leur foi et leurs convictions. Ce dimanche 31 juillet, pour la première fois depuis 1271, la messe a été célébrée au sein de la chapelle de la citadelle croisée en compagnie des Soeurs de Marmarita et de plus de 20 volontaires. Ensemble, prions pour nos martyrs morts pour avoir aimé le Christ.

    SOS Chrétiens d'Orient »

    Ref. Première messe au Krak des Chevaliers depuis 1271

    JPSC

  • L’Eglise de Pologne résistera-t-elle aux sirènes de la post-modernité ?

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    JPSC

  • Quand Benoît XVI évoquait la figure de Saint Jean-Marie Vianney, le Curé d'Ars (4 août)

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    Lors de l'audience générale du mercredi 5 août 2009, le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse à saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars (fêté le 4 août).

    Chers frères et sœurs,

    Dans la catéchèse d'aujourd'hui, je voudrais reparcourir brièvement l'existence du saint curé d'Ars en soulignant certains traits de celle-ci, qui peuvent servir d'exemple aux prêtres de notre époque, assurément différente de celle où il vécut, mais marquée, sous de nombreux aspects, par les mêmes défis humains et spirituels fondamentaux. C'est précisément hier que l'on fêtait les cent cinquante ans de sa naissance au ciel: il était en effet deux heures du matin le 4 août 1859, lorsque saint Jean Baptiste Marie Vianney, au terme de son existence terrestre, alla à la rencontre du Père céleste pour recevoir en héritage le royaume préparé depuis la création du monde pour ceux qui suivent fidèlement ses enseignements (cf. Mt 25, 34). Quelle grande fête il dut y avoir au Paradis pour l'arrivée d'un pasteur si zélé! Quel accueil doit lui avoir réservé la multitude des fils réconciliés avec le Père, grâce à son œuvre de curé et de confesseur! J'ai voulu saisir l'occasion de cet anniversaire pour proclamer l'Année sacerdotale qui, comme on le sait, a pour thème: Fidélité du Christ, fidélité du prêtre. C'est de la sainteté que dépend la crédibilité du témoignage et, en définitive, l'efficacité même de la mission de chaque prêtre.

    Jean-Marie Vianney naquit dans le petit village de Dardilly le 8 mai 1786, dans une famille de paysans, pauvre en biens matériels, mais riche d'humanité et de foi. Baptisé, comme le voulait le bon usage à l'époque, le jour même de sa naissance, il consacra les années de l'enfance et de l'adolescence aux travaux dans les champs et à paître les animaux, si bien qu'à l'âge de dix-sept ans, il était encore analphabète. Mais il connaissait par cœur les prières que lui avait enseignées sa pieuse mère et il se nourrissait du sentiment religieux que l'on respirait chez lui. Les biographes racontent que, dès sa prime jeunesse, il essaya de se conformer à la divine volonté même dans les tâches les plus humbles. Il nourrissait dans son âme le désir de devenir prêtre, mais il ne lui fut pas facile de le satisfaire. Il parvint en effet à l'ordination sacerdotale après de nombreuses adversités et incompréhensions, grâce à l'aide de sages prêtres, qui ne s'arrêtèrent pas à considérer ses limites humaines, mais surent regarder au-delà, devinant l'horizon de sainteté qui se profilait chez ce jeune homme véritablement singulier. Ainsi, le 23 juin 1815, il fut ordonné diacre et le 13 août suivant, prêtre. Enfin, à l'âge de 29 ans, après de nombreuses incertitudes, un certain nombre d'échecs et beaucoup de larmes, il put monter sur l'autel du Seigneur et réaliser le rêve de sa vie.

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  • L'homélie de l'archevêque de Rouen lors des funérailles du Père Jacques Hamel

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    Homélie de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, aux funérailles du P. Jacques Hamel, le 2 août 2016, en la cathédrale de Rouen. Agé de 86 ans, le prêtre fut assassiné le 26 juillet alors qu’il célébrait l’Eucharistie à Saint-Etienne-du-Rouvray. (source)

    Livre des Actes des apôtres 10, 34-43 ; Psaume 62
    Evangile selon saint Matthieu 5, 38-48

    Dieu est impartial, dit l’apôtre Pierre : Il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.

    Chers amis,

    Le prêtre Jacques Hamel n’a plus à craindre Dieu. Il se présente à lui avec ses œuvres justes. Bien sûr, nous ne sommes pas juges du cœur de notre frère. Mais tant de témoignages ne peuvent tromper ! Le Père Jacques Hamel avait un cœur simple. Il était le même en famille, avec ses frère et sœurs, avec ses neveux et nièces, au milieu de sa ville avec ses voisins, dans sa communauté chrétienne avec les fidèles.

    58 ans de sacerdoce ! Cinquante-huit ans au service de Jésus comme prêtre, c’est-à-dire serviteur de sa Parole, de son eucharistie, … de son eucharistie, et de sa charité. Je me sens tout petit. De Jésus, St Pierre dit que « Là où il passait, il faisait le bien ». Jacques, tu as été un fidèle disciple de Jésus. Là où tu es passé, tu as fait le bien.

    A Pâques dernier, Jacques, tu écrivais pour tes paroissiens : « Christ est ressuscité, c’est unmystère, comme un secret, une confidence que Dieu nous donne à partager ». Peut-être cemystère, ce secret, cette confidence au sujet du Christ ressuscité, trouve-t-elle sa racine dans l’expérience de la mort côtoyée en Algérie dont ta famille nous rappelle le souvenir. Peut-être cemystère, ce secret, cette confidence est-elle en train de gagner des cœurs dans notre assemblée : oui, Christ est ressuscité. La mort n’a pas le dernier mot.

    Pour toi, Jacques, la résurrection de Jésus n’est pas une leçon de catéchisme, c’est une réalité, une réalité pour notre cœur, pour le secret du cœur, une réalité en même temps, à partager aux autres, comme une confidence. Et Dieu sait si, devant la réalité de ta mort aussi brutale qu’injuste et horrible, il faut puiser dans le fond de nos cœurs pour trouver la lumière.

    Frères et sœurs, soyons vrais avec nous-mêmes. Vous connaissez l’histoire de Jésus qu’aucun historien ne peut qualifier de fable. Pierre dit l’essentiel : Jésus de Nazareth, homme juste et bon, « guérissait ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui … puis Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité  le troisième jour. Il lui a donné de se manifester … »

    Frères et sœurs, soyons simples et vrais avec nous-mêmes. C’est dans notre cœur, dans le secret de notre cœur que nous avons à dire « oui » ou « non » à Jésus, « oui » ou « non » à son chemin de vérité et de paix ; « oui » ou « non » à la victoire de l’amour sur la haine, « oui » ou « non » à sa résurrection.

    La mort de Jacques Hamel me convoque à un oui franc, non pas, non plus un oui tiède. Un « oui » pour la vie, comme le « oui » de Jacques à son ordination. Est-ce possible ? A chacun de répondre. Dieu ne nous force pas … Dieu est patient … Dieu est miséricordieux. Même quand, moi Dominique, j’ai dit non à l’amour … même quand j’ai dit à Dieu, « je verrai plus tard », même quand je l’ai oublié, Dieu m’attend car il est infini miséricorde. Mais aujourd’hui, le monde peut-il attendre encore la chaîne de l’amour qui remplacera la chaîne de la haine ?

    Faudra-t-il d’autres tueries pour nous convertir à l’amour, et à la justice qui construit l’amour ? La justice et l’amour entre les personnes et les peuples, de quelque côté de la méditerranée ils se situent. Trop de morts au Moyen orient, trop de morts en Afrique, trop de morts en Amérique ! Trop de morts violentes, cela suffit !

    Le mal est un mystère. Il atteint des sommets d’horreur qui nous font sortir de l’humain. N’est-ce pas ce que tu as voulu dire, Jacques, par tes derniers mots ? Tombé à terre à la suite de premiers coups de couteau, tu essaie de repousser ton assaillant avec tes pieds, et tu dis : « Va-t’en, Satan » ; tu répètes : « Va-t’en, Satan ». Tu exprimais alors ta foi en l’homme créé bon, que le diable agrippe. « Jésus guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable » dit l’Evangile.

    Il ne s’agit pas d’excuser les assassins, ceux qui pactisent avec le diable, il s’agit d’affirmer avec Jésus que tout homme, toute femme, toute personne humaine peut changer son cœur avec sa grâce. Nous recevons ainsi la parole de Jésus qui peut sembler au-delà de nos forces aujourd’hui : « Eh bien ! moi, je vous le dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent ».

    Vous que la violence diabolique tourmente, vous que la folie meurtrière démoniaque entraîne à tuer, laissez votre cœur, que Dieu a façonné pour l’amour, prendre le dessus ; souvenons-nous de notre maman qui nous a donné la vie ; priez Dieu de vous libérer de l’emprise du démon. Nous prions pour vous, nous prions Jésus « qui guérissait ceux qui étaient sous le pouvoir du mal ».

    Roselyne, Chantal, Gérald et vos familles, le chemin est dur. Permettez que je vous dise mon admiration et celle de beaucoup d’anonymes pour votre dignité. Votre frère, votre oncle était un appui. Il continue de l’être. Il ne m’appartient pas de déclarer « martyr » le Père Jacques. Mais comment ne pas reconnaître la fécondité du sacrifice qu’il a vécu, en union avec le sacrifice de Jésus qu’il célébrait fidèlement dans l’Eucharistie ? Les paroles et les gestes nombreux de nos amis musulmans, leur visite sont un pas considérable.

    Je me tourne aussi vers vous, communauté catholique. Nous sommes blessés, atterrés mais pas anéantis. Je me tourne vers vous les baptisés de notre Eglise catholique, surtout si vous ne venez pas souvent à l’église, si vous en avez oublié le chemin. Avec Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, à mes côtés, je vous lance un appel aussi simple, comme un premier pas, aussi simple que la vie du Père Jacques Hamel :

    En hommage au Père Hamel,
    nous vous invitons à visiter une église dans les jours qui viennent,
    pour dire votre refus de voir souiller un lieu saint,
    pour affirmer que la violence ne prendra pas le dessus dans votre cœur,
    pour en demander la grâce à Dieu ;
    nous vous invitons à déposer une bougie dans cette église, signe de résurrection, à vous y recueillir, à ouvrir votre cœur dans ce qu’il a de plus profond ; si vous le pouvez à prier, à supplier.
    Le 15 août serait un jour propice. La Vierge Marie vous y accueillera avec tendresse. Souvenons-nous de notre maman.

    Dieu, ne reste pas insensible à la détresse de tes enfants qui se tournent vers toi !

    Dieu, poursuis dans nos cœurs ce que ton Fils Jésus a commencé !

    Dieu, merci pour ton fils Jacques : console sa famille et fais lever parmi nous, parmi les jeunes des JMJ, de nouveaux prophètes de ton amour ! Amen !

    Mgr Dominique  Lebrun
    Archevêque de Rouen

  • L'émouvante prière du pape François pour les terroristes

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    Sortant de son programme, le pape s’est rendu le 30 juillet à la paroisse franciscaine de Cracovie, où il a prononcé une prière pour la paix, demandant à Dieu qu’il « touche le cœur des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et reprennent le chemin de la paix et du bien ». Texte intégral. Lu sur le site de « Famille chrétienne » :

    « Ô Dieu tout puissant et miséricordieux, Maître de l’univers et de l’histoire. Tout ce que Tu as créé est bon et Ta compassion pour les erreurs de l’homme est inépuisable. 

    Aujourd’hui, nous venons à toi pour Te demander de conserver le monde et ses habitants dans la paix, d’éloigner de lui l’onde dévastatrice du terrorisme, de rétablir l’amitié et d’infuser dans les cœurs de Tes créatures le don de la confiance et de la disponibilité à pardonner.

    Ô Source de toute vie, nous Te prions aussi pour ceux qui sont morts comme victimes de brutales attaques terroristes. Donne-leur une récompense éternelle. Qu’ils intercèdent pour le monde, déchiré par les conflits et les oppositions.

    Ô Jésus, Prince de la Paix, nous Te prions pour tous ceux qui ont été blessés par ces actes de violence inhumaine : enfants et jeunes, femmes et hommes, personnes âgées, personnes innocentes touchées par le hasard du mal. Guéris leur corps et leur cœur et console-les par Ta force, en supprimant en même temps la haine et le désir de vengeance.

    Esprit Saint Consolateur, visite les familles des victimes du terrorisme, familles qui souffrent sans aucune faute de leur part. Enveloppe-les du manteau de Ta miséricorde divine. Fais qu’elles retrouvent en Toi et en elles-mêmes la force et le courage de continuer à être frères et sœurs pour les autres, surtout pour les immigrés, en témoignant par leur vie de Ton amour.

    Touche les cœurs des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et reprennent le chemin de la paix et du bien, du respect pour la vie et la dignité de tout homme, indépendamment de sa religion, de son origine, de sa richesse ou de sa pauvreté.

    Ô Dieu, Père éternel, daigne exaucer dans Ta miséricorde la prière que nous élevons vers Toi dans le grondement et la désespérance du monde. Nous nous adressons à Toi avec une grande espérance, liés par la confiance en ton infinie Miséricorde, en nous confiant à l’intercession de Ta très sainte Mère, rendus fortes par l’exemple des bienheureux martyrs du Pérou, Zbigniew e Michele, dont tu as fait de courageux témoins de l’Evangile, au point qu’ils ont offert leur sang. Nous Te demandons le don de la paix et que s’éloigne de nous la plaie du terrorisme. 

    Par le Christ, notre Seigneur.

    Amen. »

    Ref. L'émouvante prière du pape François pour les terroristes

    JPSC

  • Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France (Martinique ) : un shampoing catho-décapant aux JMJ de Cracovie

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    JPSC

  • JMJ à Cracovie : rencontre cordiale entre le pape et les évêques polonais

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    C’est par une longue rencontre avec les évêques polonais qu’a commencé le voyage du pape, mercredi 27 juillet, en Pologne. Selon  J.-M. Dumont dans « Famille chrétienne », la rumeur d'un « sermon » du pape aux évêques polonais, présentés par certains médias comme trop conservateurs et « insuffisamment en phase » avec les positions de François, s'est révélée fausse. 

    « Bienvenue à Cracovie ! », « nous nous réjouissons de ta présence et nous te remercions ! » : c’est par ces mots chaleureux que le cardinal Stanisław Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II et actuel archevêque de Cracovie, a accueilli hier soir le pape François dans « sa » cathédrale. Un discours prononcé au nom des quelque 130 évêques polonais réunis autour de lui dans le célèbre édifice du Wavel, pour l’une des toutes premières étapes de ce voyage du pape en Pologne : une rencontre à huis clos avec les chefs de l’Église catholique polonaise.

    Cette rencontre s’est déroulée dans « un climat très chaleureux », selon Stanisław Gądecki, archevêque de Poznan et président de la conférence épiscopale polonaise. Ces derniers jours, des rumeurs avaient circulé, laissant entendre que le pape allait « sermonner » les évêques polonais, présentés par certains médias comme trop conservateurs et « insuffisamment en phase » avec les positions du pape François. Apparemment, ces catégorisations médiatiques se sont une nouvelle fois avérées fausses. 

    « Les Polonais aiment le pape, quel qu’il soit » 

    « Les médias progressistes aiment faire croire qu’il y a un fossé entre les évêques polonais et le pape François, estime un bon connaisseur de l’Église polonaise. C’est exactement comme à l’époque communiste : le pape Jean XXIII était présenté comme très bon et les évêques polonais comme pas assez ouverts. Or les Polonais aiment le pape, quel qu’il soit, sont profondément attachés à lui ».

    Si l’on connaît certains thèmes qui ont été évoqués lors de cette rencontre (la sécularisation en Europe, les œuvres de miséricorde, l’intégration des mouvements dans la vie paroissiale, l’accueil des réfugiés), ce n’est que plus tard qu’on saura avec davantage de précision la teneur précise de ce long échange entre le pape et les évêques polonais. Pour l’heure, c’est avant tout la chaleur et l’enthousiasme qui apparaissent à chaque pas de ces premières heures du voyage du pape en Pologne.

    Le discours d’accueil de l’archevêque de Cracovie 

    pape-francois-jmj-2016-eveques-polonais_article.jpg« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Par ces paroles de l’Évangile, je te souhaite la bienvenue à Cracovie, à la cathédrale du Wavel. Dans les murs de ce temple, depuis un millier d’années, est gardée vive la mémoire de la nation polonaise, la mémoire des grands événements de notre histoire, de nos victoires et défaites, de nos souffrances et de nos espérances. Ici bat le cœur de la Pologne ! Ici repose l’évêque de Cracovie et martyr, saint Stanislas, intrépide défenseur des droits de l’homme, qui au XIe siècle a donné sa vie pour défendre le peuple et qui est devenu le patron de l’ordre moral de notre Patrie. Dans cette cathédrale a souvent célébré l’eucharistie l’évêque métropolite de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła. C’est d’ici qu’en octobre 1978 il est parti pour Rome, pour devenir l’évêque de la Ville éternelle. Il est retourné ici plusieurs fois en tant que Jean-Paul II. Aujourd’hui, l’évêque de Rome est venu à nous, pour vivre ces journées, avec les jeunes du monde entier, la fête de la foi, pour nous confirmer tous dans la foi, pour montrer au monde le visage jeune et miséricordieux de l’Église. Comment ne pas remercier le Tout-Puissant pour tout ce que nous sommes en train de vivre, à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne et de l’Année sainte de la Miséricorde ? Saint Père, nous te souhaitons la bienvenue avec une grande joie ! Ta présence parmi nous rend plus profonde notre conscience d’appartenir à l’Église universelle, qui dépasse les limites des nations, des cultures et des langues. Nous prêterons une oreille attentive à tes paroles. Nous tiendrons les yeux fixés sur ton amical visage. Saint Père, bienvenue ! Nous nous réjouissons et nous te remercions ! » 

    J.-M. Dumont

    Ref. Les évêques polonais accueillent chaleureusement le pape François

     JPSC

     Les JMJ à Cracovie

  • Homélie du pape François à Czestochowa lors de la messe célébrée ce 28 juillet à l'occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne

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    Des lectures de cette Liturgie émerge un fil divin, qui passe par l’histoire humaine et tisse l’histoire du salut.

    L’apôtre Paul nous parle du grand dessein de Dieu : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). Toutefois, l’histoire nous dit que lorsqu’est venue cette ‘‘plénitude des temps’’, c’est-à-dire lorsque Dieu s’est fait homme, l’humanité n’était pas particulièrement bien disposée et il n’y avait même pas une période de stabilité et de paix : il n’y avait pas un ‘‘âge d’or’’. La scène de ce monde ne méritait donc pas la venue de Dieu, tout au contraire, « les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11). La plénitude des temps a été alors un don de grâce : Dieu a rempli notre temps de l’abondance de sa miséricorde ; par pur amour,– par pur amour ! – il a inauguré la plénitude des temps.

    Surtout, la manière dont se réalise la venue de Dieu dans l’histoire est frappante : ‘‘né d’une femme’’. Aucune entrée triomphale, aucune manifestation imposante du Tout-Puissant : il ne se montre pas comme un soleil éblouissant, mais il entre dans le monde de la manière la plus simple, comme un enfant de sa mère, de cette manière dont nous parle l’Écriture : comme pluie sur la terre (cf. Is 55, 10), comme la plus petite des semences qui germe et grandit (cf. Mc 4, 31-32). Ainsi, contrairement à ce à quoi nous nous attendrions et que peut-être nous voudrions, le Royaume de Dieu, maintenant comme autrefois, « n’est pas observable » (Lc17, 20), mais vient dans la petitesse, dans l’humilité.

    L’Évangile d’aujourd’hui reprend ce fil divin qui traverse délicatement l’histoire : de la plénitude des temps, nous passons au ‘‘troisième jour’’ du ministère de Jésus (cf. Jn 2, 1) et à l’annonce du ‘‘maintenant’’ du salut (cf. v. 4). Le temps se resserre, et la manifestation de Dieu s’accomplit toujours dans la petitesse. Tel fut ‘‘le commencement des signes que Jésus accomplit’’ (v. 11) à Cana de Galilée. Il n’y a pas un geste éclatant accompli devant la foule, et même pas une intervention qui résout une question politique brûlante, comme la soumission du peuple à la domination romaine. Plutôt, dans un petit village, un miracle simple est accompli, qui réjouit le mariage d’une jeune famille, tout à fait anonyme. Pourtant, l’eau changée en vin à la fête de noces est un grand signe, parce qu’elle nous révèle le visage nuptial de Dieu, d’un Dieu qui se met à table avec nous, qui rêve et qui réalise la communion avec nous. Elle dit que le Seigneur ne maintient pas la distance, mais qu’il est proche et concret, qu’il est au milieu de nous et prend soin de nous, sans décider à notre place et sans s’occuper de questions de pouvoir. Il aime à se faire contenir dans ce qui est petit, contrairement à l’homme, qui tend à vouloir posséder quelque chose de toujours plus grand. Être attiré par la puissance, par la grandeur et par la visibilité est tragiquement humain, et constitue une grande tentation qui cherche à s’introduire partout ; se donner aux autres, supprimer les distances, en demeurant dans la petitesse et en habitant concrètement le quotidien, est typiquement divin.

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  • Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

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    Sur le site de l’Eglise catholique de Paris :

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    Mesdames et Messieurs,

    Frères et Sœurs,

    1. Seigneur, nous as-tu abandonnés ?

    « Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? »En ce moment terrible que nous vivons, comment ne ferions-nous pas nôtre ce cri vers Dieu du prophète Jérémie au milieu des attaques dont il était l’objet ? Comment ne pas nous tourner vers Dieu et comment ne pas Lui demander des comptes ? Ce n’est pas manquer à la foi que de crier vers Dieu. C’est, au contraire, continuer de lui parler et de l’invoquer au moment même où les événements semblent remettre en cause sa puissance et son amour. C’est continuer d’affirmer notre foi en Lui, notre confiance dans le visage d’amour et de miséricorde qu’il a manifesté en son Fils Jésus-Christ.

    Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un Dieu de la mort, un moloch qui se réjouirait de la mort de l’homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l’invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l’humanité cède à leur mirage. L’espérance inscrite par Dieu au cœur de l’homme a un nom, elle se nomme la vie. L’espérance a un visage, le visage du Christ livrant sa vie en sacrifice pour que les hommes aient la vie en abondance. L’espérance a un projet, le projet de rassembler l’humanité en un seul peuple, non par l’extermination mais par la conviction et l’appel à la liberté. C’est cette espérance au cœur de l’épreuve qui barre à jamais pour nous le chemin du désespoir, de la vengeance et de la mort.

    C’est cette espérance qui animait le ministère du P. Jacques Hamel quand il célébrait l’Eucharistie au cours de laquelle il a été sauvagement exécuté. C’est cette espérance qui soutient les chrétiens d’Orient quand ils doivent fuir devant la persécution et qu’ils choisissent de tout quitter plutôt que de renoncer à leur foi. C’est cette espérance qui habite le cœur des centaines de milliers de jeunes rassemblés autour du Pape François à Cracovie. C’est cette espérance qui nous permet de ne pas succomber à la haine quand nous sommes pris dans la tourmente. 

    Cette conviction que l’existence humaine n’est pas un simple aléa de l’évolution voué à la destruction inéluctable et à la mort habite le cœur des hommes quelles que soient leurs croyances et leurs religions. C’est cette conviction qui a été blessée sauvagement à Saint-Étienne du Rouvray et c’est grâce à cette conviction que nous pouvons résister à la tentation du nihilisme et au goût de la mort. C’est grâce à cette conviction que nous refusons d’entrer dans le délire du complotisme et de laisser gangrener notre société par le virus du soupçon.

    On ne construit pas l’union de l’humanité en chassant les boucs-émissaires. On ne contribue pas à la cohésion de la société et à la vitalité du lien social en développant un univers virtuel de polémiques et de violences verbales. Insensiblement, mais réellement cette violence virtuelle finit toujours par devenir une haine réelle et par promouvoir la destruction comme moyen de progrès. Le combat des mots finit trop souvent par la banalisation de l’agression comme mode de relation. Une société de confiance ne peut progresser que par le dialogue dans lequel les divergences s’écoutent et se respectent. 

    1. La peur de tout perdre

    La crise que traverse actuellement notre société nous confronte inexorablement à une évaluation renouvelée de ce que nous considérons comme les biens les plus précieux pour nous. On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman pour lequel nous devrions résister coûte que coûte. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs, et c’est bien dommage. Pour une bonne part, la défiance à l’égard de notre société, – et sa dégradation en haine et en violence – s’alimente du soupçon selon lequel les valeurs dont nous nous réclamons sont très discutables et peuvent être discutées. Pour reprendre les termes de l’évangile que nous venons d’entendre : quel trésor est caché dans le champ de notre histoire humaine, quelle perle de grande valeur nous a été léguée ? Pour quelles valeurs sommes-nous prêts à vendre tout ce que nous possédons pour les acquérir ou les garder ? Peut-être, finalement, nos agresseurs nous rendent-ils attentifs à identifier l’objet de notre résistance ?

    Quand une société est démunie d’un projet collectif, à la fois digne de mobiliser les énergies communes et capable de motiver des renoncements particuliers pour servir une cause et arracher chacun à ses intérêts propres, elle se réduit à un consortium d’intérêts dans lequel chaque faction vient faire prévaloir ses appétits et ses ambitions. Alors, malheur à ceux qui sont sans pouvoir, sans coterie, sans moyens de pression ! Faute de moyens de nuire, ils n’ont rien à gagner car ils ne peuvent jamais faire entendre leur misère. L’avidité et la peur se joignent pour défendre et accroître les privilèges et les sécurités, à quelque prix que ce soit. 

    Est-il bien nécessaire aujourd’hui d’évoquer la liste de nos peurs collectives ? Si nous ne pouvons pas nous en affranchir, en nommer quelques-unes nous donne du moins quelque lucidité sur le temps que nous vivons. Jamais sans doute au cours de l’histoire de l’humanité, nous n’avons connu globalement plus de prospérité, plus de commodités de vie, plus de sécurité, qu’aujourd’hui en France. Les plus anciens n’ont pas besoin de remonter loin en arrière pour évoquer le souvenir des misères de la vie, une génération suffit. Tant de biens produits et partagés, même si le partage n’est pas équitable, tant de facilités à vivre ne nous empêchent pas d’être rongés par l’angoisse. Est-ce parce que nous avons beaucoup à perdre que nous avons tant de peurs ?

    L’atome, la couche d’ozone, le réchauffement climatique, les aliments pollués, le cancer, le sida, l’incertitude sur les retraites à venir, l’accompagnement de nos anciens dans leurs dernières années, l’économie soumise aux jeux financiers, le risque du chômage, l’instabilité des familles, l’angoisse du bébé non-conforme, ou l’angoisse de l’enfant à naître tout court, l’anxiété de ne pas réussir à intégrer notre jeunesse, l’extension de l’usage des drogues, la montée de la violence sociale qui détruit, brûle, saccage et violente, les meurtriers aveugles de la conduite automobile… Je m’arrête car vous pouvez très bien compléter cet inventaire en y ajoutant vos peurs particulières. Comment des hommes et des femmes normalement constitués pourraient-ils résister sans faiblir à ce matraquage ? Matraquage de la réalité dont les faits divers nous donnent chaque jour notre dose. Matraquage médiatique qui relaie la réalité par de véritables campagnes à côté desquelles les peurs de l’enfer des prédicateurs des siècles passés font figure de contes pour enfants très anodins. 

    Comment s’étonner que notre temps ait vu se développer le syndrome de l’abri ? L’abri antiatomique pour les plus fortunés, abri de sa haie de thuyas pour le moins riche, abri de ses verrous, de ses assurances, appel à la sécurité publique à tout prix, chasse aux responsables des moindres dysfonctionnements, bref nous mettons en place tous les moyens de fermeture. Nous sommes persuadés que là où les villes fortifiées et les châteaux-forts ont échoué, nous réussirons. Nous empêcherons la convoitise et les vols, nous empêcherons les pauvres de prendre nos biens, nous empêcherons les peuples de la terre de venir chez nous. Protection des murs, protection des frontières, protection du silence. Surtout ne pas énerver les autres, ne pas déclencher de conflits, de l’agressivité, voire des violences, par des propos inconsidérés ou simplement l’expression d’une opinion qui ne suit pas l’image que l’on veut nous donner de la pensée unique.

    Silence des parents devant leurs enfants et panne de la transmission des valeurs communes. Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation des déviances. Silence des votes par l’abstention. Silence au travail, silence à la maison, silence dans la cité ! A quoi bon parler ? Les peurs multiples construisent la peur collective, et la peur enferme. Elle pousse à se cacher et à cacher. 

    C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces. Où trouverons-nous la force de faire face aux périls si nous ne pouvons pas nous appuyer sur l’espérance ? Et, pour nous qui croyons au Dieu de Jésus-Christ, l’espérance c’est la confiance en la parole de Dieu telle que le prophète l’a reçue et transmise : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants. »

    « Mon rempart, c’est Dieu, le Dieu de mon amour. »

    Amen !

    Cardinal André VINGT-TROIS

    Archevêque de Paris. »

    Ref.Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

    JPSC

  • Que faire face au risque de martyre en Occident ?

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    Que faire face au risque de martyre en Occident ?

    Suite au martyre du Père Jacques Hamel le 26 juillet 2016 (égorgé au nom d'Allah dans son église), la réaction de l'archevêque de Rouen est un appel au jeûne et la prière, y compris pour l'âme des bourreaux. C'est certes la réaction première, celle qui doit motiver l'attitude intérieure.

    Mais attention à ne pas négliger le réalisme de l'l'attitude extérieure : Assistance à personne en danger, légitime défense. Seul un religieux n'ayant pas charge d'âme ou de famille peut, passivement, donner sa vie et se laisser tuer.

    Ce réalisme accompagné de prière est résumé par saint Ignace de Loyola par cette phrase : "Prie parce que Dieu fait tout et agis comme si Dieu ne faisait rien".

    Par Arnaud Dumouch, 2016