BELGICATHO - Page 1014
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Bruxelles (La Cambre), 22 mars : "Les dernières paroles du Christ en croix" de Joseph Haydn
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Les origines communistes de la journée de la femme
De Philippe Bouchat sur le site "Pour une école libre au Québec" :
Histoire — Les origines communistes de la journée de la femme
Ce 8 mars, il n’aura échappé à personne que l’on fête la Journée internationale de la femme. Cette Journée s’inscrit, historiquement, dans la mouvance socialiste révolutionnaire. En effet, l’idée d’une Journée internationale a été lancée en 1910 à Copenhague lors de la 2 Conférence de l’Internationale socialiste des femmes. Le 8 mars 1913, des manifestations ont lieu en Russie. Le 8 mars 1914, le droit de vote pour les femmes est réclamé en Allemagne. La Révolution 1917, des femmes luttent en Russie contre la vie chère. Le 8 mars 1921 est décrété « journée internationale des femmes » par Lénine. La fête passe en Chine en 1924, puis dans les pays de l’Europe de l’est, satellites de l’URSS à partir de 1947.
Affiche soviétique de 1932. Traduction : « Le 8 mars, jour de l'insurrection contre l'esclavage des travailleuses de cuisine. À bas l'oppression et la mesquinerie de la vie domestique ! »
[Notons que sous l'Ancien régime, les femmes chefs de famille (surtout des veuves) avaient le droit de vote. Car c'est l'unité familiale propriétaire qui votait. Au XIXe siècle, les femmes propriétaires peuvent demander le droit de vote municipal selon le principe « pas de taxation sans représentation ». Au Québec, les femmes propriétaires votent sans restriction entre 1809 et 1849, jusqu'au moment où le mot « mâle » est inséré dans la loi électorale. Ce que les Québécoises perdent, les Ontariennes le gagnent peu après; dès 1850, les femmes propriétaires, mariées ou célibataires, peuvent élire les commissaires d'école. Dès 1900, le droit de vote aux élections municipales est généralement accordé aux femmes propriétaires partout au Canada.]
… à l’occidentalisation de la Journée de la Femme.
À partir des années 50, la guerre froide sévit entre les deux blocs occidental et soviétique. Les États-Unis ne veulent pas être en reste dans le combat des femmes et en font remonter la naissance à une grève des femmes qui se déroula à New-York en 1857. Les années 60 sont celles de l’émancipation et de la libération sexuelle. Le combat des femmes traverse l'Atlantique et s’occidentalise ainsi. Cette occidentalisation est consacrée en 1977 par l’ONU qui invite les États à dédier une journée aux droits de la femme.
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La Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH) critiquée en Europe mais félicitée dans les pays musulmans
Du site "La sélection du jour" (7.3.2019) :
LA CEDH CRITIQUÉE EN EUROPE MAIS FÉLICITÉE EN PAYS MUSULMANS
Ces jours-ci, la Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH) fait beaucoup parler d’elle. L’agression au couteau de deux gardiens de prison à Condé-sur-Sarthe par un islamiste assassin d’un octogénaire, a remis en lumière le rôle de la CEDH dans la suppression des fouilles au corps en 2009. L’arme avec laquelle le prisonnier est passé à l’action lui avait été fournie par sa femme qui lui rendait visite. C’est parce que la France avait été condamnée par la CEDH au nom des Règles Pénitentiaires Européennes (RPE) qu’elle avait renoncé aux fouilles au corps pour les visiteurs des prisonniers. C’est encore la CEDH qui a interdit à la France d’expulser vers l’Algérie, son pays d’origine, un condamné pour terrorisme, Kamel Daoudi, déchu de sa nationalité française en 2002, sorti de prison en 2008 et placé depuis en rétention administrative… Une situation ubuesque !
Mais si elle est la cible de critiques en France et en Europe, la CEDH reçoit au contraire une pluie d’éloges du monde musulman. Le 25 octobre dernier, la CEDH a condamné une conférencière autrichienne qui avait « dénigré » Mahomet en qualifiant d’acte de « pédophilie » son union avec une fillette de 9 ans, Aïcha. Cette conférencière entendait dénoncer la pratique du mariage des filles prépubères dans la culture musulmane, à l’exemple de Mahomet. Mais la CEDH y a vu « une violation malveillante de l’esprit de tolérance à la base de la société démocratique » susceptible de « mettre en danger la paix religieuse ».
Cette condamnation a été saluée comme une « décision majeure et historique » par le vice-chancelier de l’université Bahauddin Zakariya, au Pakistan. Le premier ministre pakistanais a également félicité la CEDH « de ne pas autoriser les actes de blasphème sous couvert de liberté d’expression ». Au Caire, L’Observatoire de l’islamophobie de la prestigieuse Université Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, a exprimé sa satisfaction devant cette décision visant à « réduire les problèmes d’islamophobie » alors, souligne L’Observatoire, que « le nombre de musulmans en Europe pourrait atteindre 14 % en 2050 ». Le Secrétaire général de la plus grande fédération mondiale d’écoles coraniques a fait chorus, et s’est saisi de l’occasion pour réclamer aux Nations Unies une législation mondiale « condamnant toute personne qui commet un blasphème contre les livres divins ou les personnes sacrées de toutes religions ».
Ce jugement de la CEDH (« arrêt E.S. contre Autriche ») fera-t-il l’objet d’un appel devant la Grande Chambre ? La Cour doit en décider dans les prochaines semaines. Ce sera une décision cruciale pour la liberté d’expression alors que se développe une campagne mondiale menée par l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en faveur d’une limitation universelle de la liberté d’expression en matière religieuse, appuyée principalement par l’Egypte et le Pakistan, explique Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), dans cet article publié par Valeurs Actuelles.
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L'identité gay ou lesbienne, bisexuelle, transsexuelle ou transgenre ne peut ni effacer ni remplacer la distinction de sexe
LE CORPS HUMAIN SOUMIS À LA LOI DU MARCHÉ ?
une synthèse de presse bioéthique de généthique.org
Interrogée au sujet du féminisme, Sylviane Agacinski estime que « le plus redoutable, aujourd'hui, c'est l'emprise que l'économie tend à exercer sur l'ensemble des individus - et pas seulement sur les femmes - au nom de la croissance, de la compétitivité et de la course sans fin au profit. La vie de tous est menacée lorsqu'elle est convertie en ‘ressource’ et en ‘capital humain’ ».
A l’heure de la confusion des sexes, la philosophe rappelle que l'identité gay ou lesbienne, bisexuelle, transsexuelle ou transgenre ne peut « ni effacer ni remplacer la distinction de sexe. Elles la confirment au contraire, car il n'y aurait aucun sens à se dire bisexuel, par exemple, s'il n'y avait pas au moins deux sexes ». Elle poursuit : « Le désir de déterminer soi-même son genre traduit (…) une volonté d'échapper aux limites de notre condition humaine : celle d'un être charnel et vivant, auquel le sexe et la mort signifient sa finitude ».
A propos de la polémique autour des « parent 1 » et « parent 2 », elle explique que « les philosophes aiment dire, avec Hegel, que ‘c'est dans les mots que nous pensons’. Mais les mots ont le pouvoir ambigu de montrer le réel - ou de le dissimuler. La distinction lexicale entre père et mère tient au fait que l'un ne peut se substituer à l'autre, car leurs rôles ne sont pas équivalents ». Et dans le réel, « deux parents du même sexe, cela ne suffit pas, en tout cas pas pour faire un enfant. Il faut la participation d'une troisième personne, ce que j'appelle un tiers-corps ». Précisant qu’ « en Californie, ce corps humain parcellisé est devenu une ressource biologique disponible sur le marché ».
Sources: Le Figaro, Eugénie Bastié (07/03/2019)Lien permanent Catégories : Actualité, Culture, Débats, Ethique, Idées, Sexualité, Société 0 commentaire -
Le sommet pour la protection des mineurs : le début d'une ère nouvelle ?
D'Adélaïde Pouchol sur le site de l'Homme Nouveau :
Sommet pour la protection des mineurs : une œuvre de transparence et de vérité ?
Le sommet pour la protection des mineurs a rassemblé du 21 au 24 février quelque 114 représentants de conférences épiscopales, 14 représentants d’Églises orientales et 22 religieux et religieuses supérieurs de congrégations. À la fois sommée de s’attaquer réellement au mal qui la ronge et accusée d’hypocrisie ou d’aveuglement dès qu’elle se prononce, l’Église saura-t-elle se sortir du bourbier ? La prise de conscience de la réalité des abus sur les mineurs sera-t-elle l’occasion de rappeler l’incompatibilité du sacerdoce avec l’homosexualité ?
Bilan et analyse de ce sommet avec François Vayne, journaliste et directeur du Service Communication du Grand Magistère de l’Ordre du Saint-Sépulcre.
Quelques jours après la rencontre entre le Pape et les présidents des conférences épiscopales, quel bilan tirez-vous de ces échanges ? Apportent-ils quelque chose de véritablement nouveau par rapport à ce que le pape François, et Benoît XVI avant lui, avaient déjà déclaré ?
Avec quelques membres de l’équipe de communication du Saint-Siège, j’ai pu suivre de l’intérieur le sommet historique organisé par le Pape François pour la protection des mineurs, à la fin du mois dernier. Il est difficile de faire un bilan car cette rencontre marquait, à mon avis, le début d’une nouvelle ère. Auparavant, disons depuis une dizaine d’années, les drames liés aux abus sexuels commis par des membres du clergé avaient été traités en fonction des pays où les cas se présentaient – Irlande, États-Unis, Australie, Chili… –, dans les Églises locales, sans que toutes les conférences épiscopales se sentent concernées. Pour la première fois, les représentants de tous les évêques du monde et des responsables de congrégations religieuses se sont réunis autour du Saint-Père, prenant le temps d’écouter des témoignages poignants de victimes, priant ensemble dans un esprit pénitentiel, et cherchant des solutions à la lumière de leurs échanges. Le ton des discussions était très libre, comme par exemple quand une religieuse africaine a dit au successeur de Pierre, à propos des abus au Chili : « Je t’admire, frère François, d’avoir pris le temps, en tant que vrai jésuite, de discerner, et d’avoir été humble pour changer d’avis, t’excuser et prendre des mesures. »
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Un comprimé blanc, ovale et sécable...
Une opinion de Laurent Verpoorten, journaliste pour la Radio chrétienne francophone belge, en contribution externe sur le site de la Libre :
De la sérotonine à l’hostie
Ode à l’écrivain visionnaire Michel Houellebecq qui, pour la première fois, abandonne sa position d’observateur et propose un remède au désarroi contemporain dans son nouveau roman "Sérotonine".
Sa capacité inégalée à dresser le portrait désolant du monde actuel fait de lui l’écrivain le plus important de sa génération. Et sa compréhension froide des ressorts de notre temps est si profonde qu’elle lui a permis d’en prédire le futur. Ainsi trouve-t-on disséminés dans ses romans, avec des années d’avance et des détails criants de vérité, la description des rêves fous de la génétique désormais de l’ordre du possible, la montée de l’islamisme et ses attentats sauvages que nous endurons encore et toujours ou la révolte des laissés-pour-compte de la mondialisation dont les "gilets jaunes" constituent la première concrétisation.
Comment dès lors, devant un tel monument de pertinence, de lucidité jusqu’ici désespérée, ne pas prendre au sérieux les pages sur lesquelles s’achèvent Sérotonine, son dernier roman, et dans lesquelles Michel Houellebecq, pour la première fois de toute son œuvre, abandonne sa position d’observateur et propose un remède au désarroi contemporain ?
Dans ces pages ultimes, en trois paragraphes qui devront être médités - mais le seront-ils ? - l’écrivain français que l’on peut accuser de tout sauf de naïveté, dépose sa blouse de médecin légiste du corps social occidental pour déclarer à ses masochistes lecteurs l’inimaginable : oui, le bonheur est possible en ce monde et, audace inouïe, le Christ en est la clef.
Tabula rasa
Jusqu’à la dernière page du roman, Sérotonine ressemble à un condensé de l’œuvre antérieure de Houellebecq. Les différents secteurs des activités humaines, qui constituaient les sujets respectifs de chacun des romans précédents, y sont une nouvelle fois passés implacablement à la moulinette : aucun d’entre eux n’est finalement susceptible de rendre les hommes heureux.
Vingt-cinq ans plus tard, la critique du monde du travail et de l’économie consumériste, inaugurée dans Extension du domaine de la lutte (1994) est confirmée : le capitalisme est une machine à broyer l’humain et la marchandise, aussi sophistiquée qu’elle soit, ne comble pas.
La solution viendrait-elle de la politique, comme cela était imaginé dans Soumission(2015) ? Car ce roman décrivant le devenir de la France en république islamique était moins une réflexion sur l’islam que sur la perte générale du sens du bien commun au profit d’intérêts particuliers. Dans Sérotonine, la politique tourne à vide et ne parvient plus à produire autre chose que de l’insignifiance - des souvenirs flous où se confondent François Hollande et Emmanuel Macron - ou de la violence : la force publique tirant sur des paysans révoltés.
Enfin, dans Les Particules élémentaires (1998) ou dans Plateforme (2001), le sexe, bien que dépeint de manière crue, permettait encore d’accéder à une forme de félicité. Mais dans Sérotonine, du nom de l’hormone produite par le Captorix, l’antidépresseur absorbé par le personnage principal, il est tout simplement mis hors-jeu. En effet, la prise quotidienne du médicament annihile complètement le désir du héros et les rares relations sexuelles évoquées dans le roman sont placées sous le signe de la perversion (pédophilie) ou de l’abjection (zoophilie). Manifestement, pour l’auteur, aucune consolation n’est à espérer de ce côté-là non plus…
S’il me manque l’amour…
Et pourtant, dans ce panorama dévasté, une source de bonheur n’est pas tarie. Elle seule permet de donner l’envie de continuer à vivre en ce monde alors que, paradoxalement, ce monde n’est pas à son origine. C’est l’amour.
L’amour reçu, inexplicablement, dont chaque expérience contredit l’absurdité de l’existence et que le personnage de Sérotonine ne cesse de se remémorer. Mais surtout, l’amour donné, gratuitement, ce que le même personnage reconnaît amèrement n’avoir pas suffisamment fait.
Et Michel Houellebecq de conclure le roman, et jusqu’à nouvel ordre l’ensemble de son œuvre, par un précipité de théologie chrétienne, en forme de syllogisme trinitaire, dans lequel l’aptitude de l’écrivain français à capter l’essence de l’époque excelle à présent à saisir celle du christianisme.
Abjurant pour la première fois le credo matérialiste et darwinien auquel il doit son succès, Houellebecq reconnaît d’abord à l’amour son caractère surnaturel. "Ces élans d’amour, écrit-il, inexplicables si l’on considère notre nature biologique." Et, sans trembler, d’oser nommer clairement leur origine : Dieu. Chaque manifestation d’amour, explique-t-il, constitue autant de signes que Dieu nous adresse. Et, puisque de tout temps, la plupart des hommes ont été incapables d’en tenir compte, il a bien fallu que Dieu, par amour, leur envoie un signe incontestable : son fils Jésus. "Est-ce qu’il faut vraiment que je donne ma vie pour ces minables, s’interroge le Christ sous la plume de Houellebecq, est-ce qu’il faut à ce point être explicite ?" Dernière phrase du livre : "Il semblerait que oui." Tout est accompli.
Pour une foi
Que le message chrétien soit validé par un écrivain majeur contemporain mettra sans doute du baume au cœur des catholiques. Et ne manquera pas d’interroger les autres.
En ces temps où la religion chrétienne est mise à mal par les scandales qui touchent l’Église, Michel Houellebecq la revalorise en son essentiel. En soutenant que l’amour est une preuve tangible de l’existence du Dieu de Jésus-Christ et, qu’en définitive, le bonheur ne peut se rencontrer en nos vies qu’au travers d’un amour gratuit, l’écrivain français, par la pureté de son propos, clarifie le débat. Ou plutôt en rappelle le préalable, dont devraient se souvenir les croyants comme les détracteurs du christianisme : pas plus que l’éloge de la foi vécue ne peut servir d’excuse aux errements de l’Église, pas plus les fautes de l’institution ne peuvent discréditer la légitimité de l’acte de foi.
"Que la joie qui est la mienne vous remplisse vous aussi et qu’ainsi votre joie soit complète." Cette promesse de bonheur exprimée par Jésus de Nazareth se devait d’être un jour expertisée par Michel Houellebecq. Car le succès mondial de ses romans parfaitement déceptifs s’explique moins par la maestria de leur auteur à refléter avec des mots justes le regard désabusé que le monde contemporain mérite qu’on porte sur lui qu’au fait qu’une unique question, la seule qui finalement nous importe, y est inlassablement posée : comment parvenir à être heureux ?
Déçu de tout, le personnage de Sérotonine finit par perdre l’espoir de connaître à nouveau le bonheur et se fixe un objectif moins ambitieux : ne pas souffrir. Pour y parvenir, une augmentation de sa prise de Captorix sera nécessaire. Pourtant, reconnaît-il, ce produit "ne donne aucune forme de bonheur, ni de réel soulagement" mais, "transformant la vie en une succession de formalités" indolores, parvient à l’anesthésier jusqu’à son terme.
La description du médicament ouvrait le roman : "C’est un comprimé blanc, ovale et sécable." Mais quand on le referme, c’est un autre remède au mal de vivre qui vient à l’esprit, blanc et sécable lui aussi : une hostie.
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"Je suis troublé avec vous tous" : un évêque parle
«Je suis troublé avec vous tous»: un évêque parle
Le diocèse de Rouen publie ce message de Mgr Lebrun:
Je suis troublé avec vous tous
Message de l’archevêque aux fidèles
Le cardinal Philippe Barbarin vient d’être condamné pour « non-dénonciation de mauvais traitements envers un mineur ». Je ne commente pas cette décision de justice. Elle s’ajoute à d’autres révélations et condamnations de prêtres, d’évêques, de religieux ou religieuses qui ont abusé d’enfants ou de personnes fragiles, crimes terribles. En raison même des processus psychologiques, on peut penser que les victimes n’ont pas toutes parlé. À cela se sont ajoutés des comportements de la hiérarchie et des proches des victimes qui ont étouffé des paroles.
Il y a de quoi être troublé. Je le suis avec vous tous. Nous apprenons de Jésus qu’il n’y a pas d’impasse pour les pécheurs. Nous découvrons des péchés graves, aggravés parce qu’ils ont été cachés. Le chemin passe par l’acceptation de notre péché. Je n’imaginais pas à quel point il y a de la pourriture au sein de notre Église catholique. Est-ce par aveuglement ou par orgueil ? Est-ce par protection plus ou moins consciente de l’Église ou des personnes ? Je ne sais pas répondre. Je m’examine moi-même, et chacun a sans doute sa réponse. En tous les cas, nous avons maintenant à accueillir la lumière qui éclaire ces ténèbres.
Notre espérance n’en est pas moins grande. Par avance, Jésus a interrogé l’Église qui critique si facilement la société : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3). Chacun peut accueillir cette question, surtout au temps du carême. Accueillir humblement la question est déjà chemin de salut.
Combien de temps encore cette purification va-t-elle durer ? Je n’ai pas de réponse. Je demande seulement au Seigneur de ne pas nous tenter au-delà de nos forces, comme il l’a promis. Je le supplie aussi de regarder tout le bien que nos communautés avec leurs prêtres, leurs religieux et religieuses, leur évêque font en vivant l’Évangile.
Oui, Jésus continue de dire à son Église comme à Pierre : « Arrière Satan, tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu » (Mt 16, 23) et de l’interroger « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15) pour lui redonner sa confiance. Oui Jésus continue de nous « faire de vifs reproches » (Mc 8, 32) en nous disant aussi : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Puisse le carême être vraiment un temps favorable. Avec beaucoup d’amitié et en communion.
À Rouen, le 8 mars 2019.
Dominique Lebrun
Archevêque de Rouen -
Philippe Barbarin, une forte personnalité qui n'hésitait pas à monter au feu médiatique
Du site "La sélection du jour" :
Barbarin, les questions d’une condamnation (n° 596)
C’est une surprise, et un symbole. Dans l’affaire de la non-dénociation des agressions commises par le père Preynat à l'encontre de jeunes scouts dans les années 1980 et 1990 - faits qui n’ont pas encore été jugés, Mgr Barbarin a été reconnu coupable de non-dénonciation d'abus sexuel dans son diocèse et condamné à six mois de prison avec sursis. "Je prends acte de la décision du tribunal. Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes. J’ai décidé d'aller voir le Saint-Père pour lui remettre ma démission", a-t-il immédiatement déclaré. En avril 2016, aux débuts de l'affaire, l'archevêque avait déjà proposé sa démission, mais celle-ci avait été refusée par le Pape.
Les avocats de Mgr Barbarin ont déjà annoncé leur intention de faire appel, l’archevêque de Lyon continuant de s’estimer innocent des fait de non dénonciation qui lui sont reprochés. Il avait notamment déclaré n’avoir "jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles", Pour le tribunal, "Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l'institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice. [...] En voulant éviter le scandale, causé par les faits d'abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute aussi par la mise à jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice, et d'interdire l'expression de leur douleur." "La responsabilité et la culpabilité du cardinal ont été consacrées par ce jugement. C'est un symbole extraordinaire. Une grande émotion historique", a déclaré Yves Sauvayre, l'un des avocats des parties civiles.
Au-delà de la nécessaire libération de la parole, essentielle pour les victimes de tels abus, cette décision de justice pose toutefois question. N’a-t-on pas, dans un contexte de multiplication des affaires, et alors qu’un film actuellement en salles est même consacré au dossier, voulu faire du Cardinal un symbole, et ce doublement. D’abord le symbole d’une église qui ne saurait avoir ses fonctionnements propres, qui doit respecter les règles et les décisions de la justice de la République. Pour les juges, "une dénonciation adressée au procureur de la République pouvait tout à fait contenir les mêmes informations que celles transmises à Rome."
Ensuite un symbole personnel : alors que l’AFP parle dans sa dépêche de la condamnation d’un évêque "rigoriste", n’a-t-on pas aussi voulu condamner un évêque connu pour ses prises de position franches, notamment au moment des manifestations de la Manif pour Tous ? Certains voulaient sa tête, et l’auront eu, quitte à en passer par d’autres raisons. "C’est une décision surprenante, explique d’ailleurs à Aleteia Henri de Beauregard, avocat pénaliste. Ce procès est singulier par bien des aspects. On se retrouve avec une affaire dans laquelle le parquet, qui est censé être accusateur public demandant une condamnation, requiert la relaxe et un tribunal qui condamne alors qu’il n’est pas saisi de réquisition de condamnation. C’est techniquement possible mais statistiquement extrêmement rare."
Dans un éditorial, Jérôme Cordelier, spécialiste des questions de religion au Point, estime que "l’Église a besoin d'un nouveau Lustiger". Pour lui, "condamner le cardinal-archevêque de Lyon, c'est non seulement frapper une forte personnalité qui n'hésitait pas à monter au feu médiatique – non sans courage quand tant de prélats désertent le champ de bataille –, mais aussi toucher au cœur du catholicisme français à un moment crucial où celui-ci vacille." Et la relève ?, s’interroge-t-il. "C'est peu dire qu'elle tarde à venir. Si les Français occupent quelques beaux postes dans l'ombre de la « machinerie » vaticane, ils ne sont plus que portion congrue en première ligne." "Certes, des personnalités intéressantes commencent à émerger parmi les évêques, mais, pour l'heure, leurs interventions publiques (hors la « cathosphère ») restent (très) timides. L'Église de France a besoin de bâtisseurs et de prophètes, mais aussi d'un leader qui porte une parole forte sur la scène publique."
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Adultère et homosexualité : deux mots gommés du vocabulaire du magistère catholique
De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur le site Diakonos.be :
Adultère et homosexualité. Les deux mots disparus
C’est un fait et non pas une opinion. Les mots adultère et homosexualité ont tous deux disparu du magistère de l’Église au plus haut niveau, celui qui est placé sous l’autorité du pontife romain.
En ce qui concerne le premier mot, on le savait déjà. Il a complètement disparu au moment où il aurait été le plus normal de le prononcer, pendant les deux synodes sur la famille et peu après, quand le pape François en a tiré les conclusions dans l’exhortation « Amoris laetitia ».
La disparition du second mot est en revanche plus récente. Elle est survenue elle aussi à un moment où il semblait impossible de ne pas le prononcer : lors du sommet des 21-24 février au Vatican sur les abus sexuels perpétrés par des prêtres et des évêques, presque tous sur de jeunes et de très jeunes garçons.
« On sait que quand on veut écarter ou éliminer une vérité, il ne faut pas la contredire ouvertement, ce serait en fait la pire stratégie parce que cela susciterait des réactions ouvertes et attirerait l’attention. Il vaut mieux au contraire la passer sous silence, ne plus en parler, la reléguer au grenier ou à la cave avec les antiquités alors, au fil du temps, on finira par oublier jusqu’à son existence et on vivra comme si elle n’existait pas ».
C’est dom Giulio Meiattini, moine bénédiction à l’abbaye de Notre-Dame de La Scala à Noci et professeur de théologie à l’Athénée pontifical Saint-Anselme de Rome qui fait cette observation dans la préface de la seconde édition de son livre « Amoris laetitia ? I sacramenti ridotti a morale ».
On trouvera cette préface dans son intégralité sur le blog d’Aldo Maria Valli. Mais nous nous contenterons ici d’en reprendre les passages qui se focalisent le plus sur la censure de ces deux mots.
Adultère
Voici ce que dom Meiattini écrit :
« Le premier changement, dont on a sans doute pas bien perçu la gravité effective du fait de sa dissimulation, c’est la disparition complète, pour ne pas dire la censure, du mot ’adultère’. Ce mot est complètement absent des deux ‘Instrumentum laboris’ qui ont précédé les synodes de 2014 et de 2015, il est absent des rapports intermédiaires (‘Relationes post disceptationem’), il n’est jamais utilisé dans les deux documents finaux soumis à l’approbation des pères synodaux et enfin, il est définitivement enterré par ‘Amoris laetitia’. Il ne s’agit pas d’un détail sans importance. L’enseignement de l’Église, depuis l’époque des Pères de l’Église, n’a jamais manqué de se référer aux textes évangéliques et néotestamentaires relatifs à l’adultère comme formant une partie essentielle de son enseignement sur l’indissolubilité du mariage, avec les conséquences qui en découlent sur la pratique pastorale et la discipline canonique. En revanche, ces passages ne sont jamais expressément cités dans les documents pré-synodaux, synodaux et post-synodaux en question, à part une mention de fragments de Mt 19, 8-9 dont on a justement censuré le passage qui fait précisément référence à l’adultère ».
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D'après le pape, le Seigneur est en train de purifier son Eglise
De l'agence I.Media :
”Le Seigneur est en train de purifier” son Eglise, affirme le pape François devant les prêtres de RomeFace aux scandales, les prêtres doivent se mettre ”au service de la Parole de réconciliation”, a exhorté le pape François aux membres du clergé romain à la cathédrale Saint-Jean-de-Latran (Rome), le 7 mars 2019. Le Saint-Siège a publié en fin de journée ce discours largement improvisé.
Comme à chaque début de Carême, le Souverain pontife a rencontré les membres du clergé romain dont il est l'évêque. Aux côtés du cardinal Angelo De Donatis, son vicaire pour le diocèse de la capitale italienne, il a présidé une liturgie pénitentielle avec confessions. Le pape a lui-même donné le sacrement de réconciliation à certains prêtres. ”Nous ne devons jamais cesser de nous avertir mutuellement de la tentation de l'autosuffisance”, a-t-il mis en garde en préambule.
”Le scandale causé par le comportement honteux” de certains prêtres peut ”laisser dans l'impuissance”, a reconnu le successeur de Pierre. Pourtant, a-t-il exhorté, il convient de ne pas se décourager. ”Le Seigneur est en train de purifier son épouse (...) surprise en flagrant délit d'adultère”, a-t-il expliqué. "Sans Lui”, ”nous ne sommes que poussière” et en prendre conscience ”sauve de l'hypocrisie” et ”des apparences”.
Face aux scandales, les prêtres doivent se mettre ”au service de la Parole de réconciliation”, a invité le pontife. Cet ”humble repentir” est le début de la sainteté. Ce pardon de Dieu, a observé le chef de l'Eglise catholique, constitue une force qui rétablit la communion ”à tous les niveaux“ : entre prêtres et avec tous les chrétiens dans le ”seul corps” de l'Eglise.
Dans son discours, le pape François est également revenu sur les moments de solitude dans la foi. ”Si l'un de vous ne connaît pas ces moments, je lui recommande d'aller parler à un bon confesseur”, a-t-il déclaré. Dieu est ”futé”, a-t-il souligné, et semble parfois se comporter en ”amoureux rejeté", car ”nous le chassons”. Face à cette solitude, le chrétien ne peut que "pleurer l'absence du Seigneur”, pour découvrir ce que serait la vie sans Lui.
Les prêtres doivent parler à Dieu ”comme des hommes”
Ainsi, ”il est bon d'avoir un peu peur de nous-mêmes, de notre toute puissance”, a observé le pape argentin, car ”il s'agit d'un véritable poison”. Trop souvent, les hommes cachent leur péché, à Dieu et aux autres, mais aussi à eux-mêmes. En cela, ”nous sommes des spécialistes du maquillage”. Mais Dieu, dans sa miséricorde ”nous accompagne“, a assuré le chef de l'Eglise catholique.
Le prêtre doit donc entrer dans un “dialogue mature“ avec le Seigneur et reconnaître que ”son peuple” est celui de Dieu. Le successeur de Pierre a alors fustigé les prêtres se plaignant de leur paroisse en se décourageant. Dans le Livre de l'Exode, a-t-il illustré, "Moïse ne fait pas cela”, mais au contraire cherche à ”ne faire qu'un avec ses frères” et va ”au combat” avec Dieu. S'ils ont la foi, les prêtres doivent ainsi parler à Dieu ”comme des hommes” et non ”comme des pusillanimes”, a tonné le pape. CG, XLN
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Affaire Barbarin : cinq questions à propos d'un verdict inédit
D'Agnès Pinard Legry sur le site aleteia.org :
Cardinal Barbarin : cinq questions à propos d’un verdict inédit
Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels. Tandis que ses avocats ont annoncé qu’ils allaient interjeter appel, l’archevêque de Lyon a déclaré à la presse qu’il allait remettre sa démission au pape François.
Surprise, incompréhension pour certains. Soulagement ou victoire pour d’autres. L’annonce jeudi dans la matinée de la condamnation du cardinal Barbarin à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d’un prêtre a suscité une importante vague de réactions toute la journée. Quelques heures après, lors d’une courte allocution à la presse, l’archevêque de Lyon a annoncé sa décision d’aller voir le pape François dans les prochains jours afin de lui remettre sa démission.
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Le féminisme : un machisme en jupe selon le pape
"Le féminisme finit par être un machisme avec une jupe"
Le pape François, lors du sommet sur les abus sexuels (le 22 février), a évoqué la nécessité de donner plus de fonctions aux femmes dans l'Eglise.
Dans le même temps, il a mis en garde contre un "féminisme ecclésiastique [déjà endémique]".
Il a expliqué que "chaque féminisme finit par être un machisme avec une jupe"...
En fait, le pape s'était déjà exprimé en termes semblables dans le livre d'interviews "Paroles en liberté" où il répond à Giovanni Maria Vian :