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BELGICATHO - Page 1036

  • L'"affaire Asia Bibi" serait-elle proche de son terme ?

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    Du site de l'hebdomadaire La Vie :

    Quel avenir pour Asia Bibi ?

    Interview Laurence Desjoyaux

    Au Pakistan, l’affaire Asia Bibi touche peut-être à son terme. Alors que le dernier recours de la chrétienne condamnée pour blasphème en 2009 a été examiné lundi 8 octobre par la Cour suprême du Pakistan, des membres du parti politique islamiste ultra-violent Tehreek-e-Labbaik ont manifesté en hurlant le slogan : « Il faut pendre Asia Bibi » et annoncé qu’ils s’en prendraient aux juges si celle-ci était acquittée. Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Église en détresse (AED), revient cette affaire devenue le symbole de la liberté religieuse.

    Vous venez de rencontrer le mari et la fille d’Asia Bibi. Quel est leur état d’esprit ?

    J’ai effectivement rencontré Ashiq, le mari d’Asia Bibi et Eisham, sa fille de 18 ans, ce week-end en Angleterre, où ils étaient invités par l’AED Grande-Bretagne. Cela fait 9 ans qu’ils espèrent voir leur épouse et leur mère libre, et on sent chez eux une grande lassitude. Mais ils accueillent avec espoir ce jugement qui aurait été rendu lundi mais qui est pour l’instant tenu secret... Il est difficile de savoir si cet espoir est dans la continuité de l’espérance qui les fait s’accrocher, envers et contre tout, depuis toutes ces années, ou si cette fois-ci, vraiment, ils estiment qu’une libération rapide est possible. Pour ma part, je crois que le fait que le jugement soit tenu secret est plutôt le signe d’une bonne nouvelle, même si on doit encore attendre quelques jours probablement pour connaître le verdict. Mais comme tout est possible, il se peut aussi que l’affaire soit encore relancée pour un an ou deux...

    Pouvez-nous nous rappeler justement où en est l’« affaire » Asia Bibi aujourd’hui ?

    Asia Bibi est une mère de famille qui a été arrêtée en juin 2009 et condamnée à mort pour blasphème en juin 2010. Cela fait donc depuis plus de huit ans qu’elle est dans le couloir de la mort. Les instances judiciaires du pays font face à de très fortes pressions venant d’une minorité d’islamistes radicaux au Pakistan, si bien que la menace d’une exécution a réellement plané sur elle pendant toutes ces années. Diverses possibilités de recours ont été successivement épuisées, jusqu’au lundi 8 octobre dernier où la cour suprême du Pakistan s’est réunie pour étudier le dernier appel. C’est la dernière étape de la procédure. Le jugement a été gardé secret, ce qui peut signifier deux choses : soit la condamnation est confirmée et Asia Bibi sera pendue dans les jours qui viennent, soit elle est au contraire libérée et les autorités pakistanaises veulent organiser son exfiltration vers l’étranger avant que le jugement ne soit rendu public, afin d’éviter des représailles contre elle ou sa famille.

    Aujourd’hui, signer par exemple des pétitions pour faire pression sur le gouvernement pakistanais est inutile, voire contreproductif.

    Vous le rappeliez, cette affaire dure depuis bientôt dix ans : pourquoi le cas d’Asia Bibi est-il si compliqué à régler ?

    Je pense que le gouvernement pakistanais aimerait beaucoup se débarrasser de cette affaire qui est vraiment une ombre sur l’image du pays, d’autant plus qu’elle a suscité une importante mobilisation internationale. Mais en interne, il y a au Pakistan une minorité d’islamistes radicaux – on a du mal à savoir ce qu’ils représentent exactement – qui souhaite qu’Asia Bibi soit condamnée au nom de cette loi contre le blasphème et qui n’accepterait pas la clémence. Quel que soit le verdict, il y aura de grandes manifestations de la part de cette minorité agissante. Ce seront des manifestations de joie si elle est pendue, c’est terrible à dire, ou bien des manifestations violentes si elle est libérée, avec le risque que la petite communauté chrétienne pakistanaise soit victime de représailles.

    Faut-il une mobilisation internationale autour d’Asia Bibi pour la faire libérer ?

    La question est compliquée. La mobilisation internationale, au début de l’affaire, a probablement sauvé la vie d’Asia Bibi, et l’AED y a largement participé. Mais cette même mobilisation a fait d’elle une icône, ce qui rend sa libération aujourd’hui presque impossible. La stratégie adoptée par la Commission Justice et Paix au Pakistan, l’organe de l’Église catholique qui suit le dossier, a donc été de demander qu’on en parle le moins possible. Cela ne veut pas dire qu’Asia Bibi a été oubliée, bien au contraire. Cette commission s’est chargée d’apporter un soutien financier à sa famille, de financer les avocats, etc. Mais aujourd’hui, signer par exemple des pétitions pour faire pression sur le gouvernement pakistanais est inutile, voire contreproductif. Cette pression est utilisée par les islamistes pour montrer que toute décision autre que la peine de mort serait dictée par les Occidentaux.

    Si Asia Bibi devait être exfiltrée du Pakistan, où serait-elle accueillie ?

    J’imagine que la seule façon pour que cela se passe bien est qu’Asia Bibi soit exilftrée avec sa famille par l’armée pakistanaise vers un pays occidental. J’ai demandé à son mari où ils iraient et il a répondu : « Dieu y pourvoira ». Je pense que lui-même ne le sait pas encore forcément, et surtout que ce lieu refuge devra être tenu secret pendant longtemps, sûrement plusieurs années, car même sortie de sa prison au Pakistan, Asia sera en danger tant elle est devenue un symbole.

  • Les liens sont rompus entre les patriarcats orthodoxes de Constantinople et de Moscou

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    Lu sur le site du journal La Croix :

    L’Église orthodoxe russe annonce rompre ses liens avec le Patriarcat de Constantinople

    Lundi 15 octobre, l’Église orthodoxe russe a déclaré mettre fin à ses relations avec le Patriarcat de Constantinople, une rupture historique.

    L’Église orthodoxe russe a annoncé lundi 15 octobre à Minsk rompre ses liens avec le Patriarcat de Constantinople après sa décision de reconnaître une Église orthodoxe indépendante en Ukraine.

    « Nous ne pouvons plus célébrer d’office en commun, nos prêtres ne pourront plus participer aux liturgies avec des hiérarques du Patriarcat de Constantinople », a déclaré aux journalistes Mgr Hilarion, chargé de la diplomatie du Patriarcat de Moscou, à l’issue d’un synode de l’Église orthodoxe russe. « Nous ne pourrons garder le contact avec cette Église, qui est en situation de schisme », a-t-il ajouté.

    Mgr Hilarion a précisé que cette rupture complète des « liens eucharistiques » signifiait également que les fidèles du Patriarcat de Moscou ne peuvent plus désormais communier dans des églises sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople.

    L’Église orthodoxe russe met en garde contre des troubles en Ukraine

    Le Patriarcat de Constantinople a décidé la semaine du 8 octobre de reconnaître une Église orthodoxe indépendante en Ukraine, mettant fin à 332 années de tutelle religieuse russe, ce qui pose la question de l’avenir de millions de croyants dans ce pays, où l’Église orthodoxe russe jouit encore d’une influence conséquente.

    Le Patriarcat de Moscou, qui a dénoncé un « schisme » et une « catastrophe », a averti que des troubles pourraient se produire en Ukraine entre partisans des deux Églises rivales. Certains prêtres de paroisses loyales à Moscou ont même appelé leurs fidèles à se tenir prêts à se défendre contre d’éventuelles opérations de force destinées à s’emparer de leurs églises.

    Après la visite en Ukraine en septembre de deux envoyés du Patriarcat de Constantinople, l’Église russe avait déjà décidé de rompre une partie de ses liens avec Constantinople.

  • Comment est-il possible que la conscience d’un prêtre soit si profondément obscurcie ?

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    Lu sur ProLiturgia.org :

    Au sujet des « problèmes » qui secouent actuellement l’Eglise, l’abbé Henri Vallançon, curé d’un secteur paroissial qui compte douze clochers dans le diocèse de Coutances, écrit : « (...) Ce qui me frappe dans les réactions officielles, c’est leur impuissance à s’élever au-delà du registre émotionnel et à identifier les causes du mal. La pédophilie de ces prêtres viendrait de leur « cléricalisme » et de leur « séparation », de leur prise excessive de distance vis-à-vis des autres, etc. On se rapproche le plus possible des arguments qui conviennent aux médias, pour négocier leur indulgence.

    Outre que tous les cas que je connais contredisent ces explications, la question de fond me semble la suivante : comment est-il possible que la conscience d’un prêtre soit si profondément obscurcie qu’il en vienne à poser des actes aussi graves ? Depuis quelques décennies, un mouvement général de sécularisation du prêtre s’est emparé du clergé ; un climat anti-juridique et anti-doctrinal s’est développé au profit de postures soi-disant pastorales ; les signes distinctifs visibles ont été abandonnés dans l’habit et dans le comportement. Malaise autour des concepts de loi et de dogme, effacement des justes frontières dans les relations humaines… Comment, dans ces conditions, le prêtre peut-il garder vive la conscience qu’avec l’onction sacerdotale reçue au jour de son ordination, il est un être consacré, mis à part par le Christ pour être totalement dédié à Son service ? Peu à peu, tout se banalise. Si ce qui est le plus sacré se désacralise, le plus grave devient anodin.

    Depuis quelques décennies, au catéchisme, dans les séminaires diocésains, dans les homélies, se sont radicalement estompées de la formation de la conscience morale : une définition claire du péché originel, à cause duquel nul ne peut être sauvé sans la grâce de Dieu que confèrent les sacrements ; la possibilité du péché mortel, dont la conséquence est la damnation éternelle ; l’existence d’actes intrinsèquement pervers, indépendamment de l’intention de celui qui les pose ; la nécessité de l’ascèse et du sacrement de pénitence pour lutter contre le mal ; l’obéissance à la volonté de Dieu et l’acceptation de tous les sacrifices à consentir pour ne jamais la transgresser ; la place d’honneur faite à la vertu de chasteté, dans le mariage comme dans le célibat consacré ; la mise en garde vis-à-vis du monde et de ses sollicitations qui souillent la pureté de l’âme… Tant que les hommes d’Eglise ne renoueront pas avec la prédication de ces vérités évangéliques, ils se laisseront eux-mêmes corrompre par le mal qu’ils ne combattent plus et entraîneront dans leur dérive ceux auxquels ils s’adressent. (...) »

    Source : « La Manche Libre », 4 octobre.

  • En Occident, beaucoup de jeunes quittent l'Église, mais en Afrique, les jeunes la cherchent

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    De Lucie Sarr sur "Africa" (LaCroix.com) :

    Un archevêque sud-africain juge l’Instrumentum laboris du synode trop « euro-centré »

    Lors d’une conférence de presse organisée, samedi 13 octobre, en marge du synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, le cardinal Wilfrid Napier, archevêque de Durban, en Afrique du Sud, a estimé que le document de travail du synode ne prend pas assez en compte les préoccupations des jeunes africains.

    Pour le cardinal Wilfrid Fox Napier, archevêque de Durban, en Afrique du Sud, les préoccupations des Africains ne sont pas assez prises en compte par l’Instrumentum laboris du Synode sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations », paru mardi 19 juin.

    Ce texte, qui sert de base aux discussions du Synode qui se tient à Rome depuis le 3 octobre, a été élaboré par un groupe d’experts. Ces derniers ont travaillé à partir du questionnaire envoyé aux conférences épiscopales en janvier 2017, du questionnaire mis en ligne sur le site du Vatican, mais aussi en prenant en compte les actes du séminaire sur les jeunes de septembre et ceux de la rencontre présynodale de mars.

    Migration et pillage des ressources

    Aux yeux du cardinal Napier, les délégués africains au synode devraient « présenter la réalité africaine beaucoup plus clairement », par exemple l’impact des migrations massives en provenance d’Afrique sur les pays du continent eux-mêmes. « L’Afrique est en train de perdre certains de ses jeunes les plus doués », a-t-il déclaré, y voyant là le résultat de « l’exploitation des ressources naturelles et de l’environnement. »

    Selon lui, des jeunes qui auraient pu vivre du fruit de leurs terres ne peuvent plus le faire à cause de la déforestation et des techniques minières agressives, qui les obligent à quitter leur pays.

    L’archevêque de Durban a, en outre, dénoncé les difficiles conditions économiques dans le continent africain et qui entraînent le travail des enfants, hypothéquant leur avenir. « Ils ne reçoivent pas l’éducation dont ils ont besoin pour bien commencer la vie », a-t-il relevé. Pour cet archevêque sud africain, ce cycle d’exploitation continue aussi en raison de la corruption de nombreux gouvernements africains.

    Jésus comme solution aux problèmes

    Le cardinal Napier, a noté une autre réalité africaine qui ne figure pas dans l’Instrumentum laboris du synode : la croissance du christianisme chez les jeunes africains.

    « Tandis que beaucoup de jeunes occidentaux quittent Jésus, ou du moins son Église, et ce, pour diverses raisons, en Afrique, il existe un type de phénomène très différent, à savoir que les jeunes cherchent en Jésus des réponses à leurs problèmes ». Pour lui, la croissance du christianisme chez les jeunes Africains présente d’importantes leçons pour les pays plus développés.

    L’archevêque de Durban s’est enfin félicité de l’apport actif des 34 jeunes invités par le pape François au Synode. « Nous ne parlons pas seulement des jeunes, nous discutons avec eux », a-t-il expliqué, soulignant, par ailleurs, « l’implication proactive» du pape François dans le processus synodal qui rend l’expérience unique.

  • De l’abbaye de Preuilly à l’abbaye de Fontenay : 900 ans d’histoire cistercienne

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    Pourquoi la transmission historique et spirituelle peut ressourcer notre société et l’Eglise : tel est l’objet du reportage réalisé par KTO sur les 900 ans de l’abbaye de Preuilly dans lequel figure aussi un passage sur les 900 ans de l’abbaye de Fontenay, anniversaire auquel participait un groupe de choristes issu notamment de l’académie de chant grégorien de Belgique (voir vers la 30ème minute de l’émission) :  

    JPSC

  • Synode « des Jeunes » : ne pas dénaturer la foi des africains au contact de l’occident

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    Approfondir sans dénaturer. Interview du cardinal-archevêque de Bangui (Centrafrique) :

    JPSC

  • L'unité se fait dans la vérité

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    Du blog d'Aldo Maria Valli en traduction sur le site "Riposte catholique" : 

    Mgr Nicolas Bux : le pape, l’hérésie et le schisme…

    Dans un long entretien accordé hier à Aldo Maria Valli, Monseigneur Nicola Bux aborde les problèmes de l’heure et la situation grave que connaît la Sainte Église. En  voici la traduction de l’italien

    *

    Aldo Maria Valli – Mgr Nicola Bux, hérésie et schisme, mots qui semblaient avoir disparu du vocabulaire des catholiques, reviennent au centre de nombreuses analyses et observations sur la situation actuelle de l’Église. Pouvons-nous faire le point sur le statut quaestionis après Amoris laetitia et le débat qui a suivi ?

    Il me semble qu’après la publication, le 24 septembre 2017, de la Correctio filialis de haeresibus propagatis (Correction filiale à cause de la propagation des hérésies), et de la Déclaration promulguée à Rome, lors de la conférence du 7 avril dernier, où les cardinaux Brandmüller et Burke se sont exprimés, l’idée se répand que le pape lui-même, par son Magistère, est maintenant au cœur de ce vaste débat qui devient chaque jour plus passionnel. À l’origine, il y a l’exhortation apostolique Amoris laetitia, dans laquelle, selon les quarante signataires de la Correctio (qui sont maintenant deux cent cinquante, sans compter des milliers d’adhérents), on trouve sept propositions hérétiques concernant le mariage, la vie morale et la réception des sacrements.

    Il convient simplement de noter que les problèmes, au moins en ce qui concerne Amoris laetitia, se sont considérablement aggravés et compliqués. Comme on le sait, la lettre du pape François aux évêques argentins de la région de Buenos Aires, approuvant les critères de ces derniers pour l’accès à la communion des divorcés remariés, qui ont contracté un nouveau mariage civil, ont été publiés dans les Acta Apostolicae Sedis, accompagnés par un rescrit ex audientia SS.mi du cardinal Secrétaire d’État ; ces documents sont donc considérés comme l’expression du « Magistère authentique » du Pape actuel et, par conséquent, comme un Magistère auquel il faut accorder une soumission respectueuse de l’intelligence et de la volonté.

    En même temps, le cardinal Brandmüller, l’un des quatre cardinaux des dubia (les autres étant Burke, Meisner et Caffarra, ces deux derniers étant entre-temps décédés), relance dans un article l’idée, que j’avais également exprimée, d’une profession de foi du Pape.

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  • Quand plus rien ne s’oppose à ce que la technologie s’empare de l'homme pour le modifier...

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    De Christophe Geffroy sur le site de La Nef :

    L’homme laissé sans défense

    Mathématicien, philosophe, Olivier Rey, homme humble et discret, n’en est pas moins l’un des penseurs actuels parmi les plus pertinents. Après notamment l’excellent Une question de Taille (Stock, 2014), il nous offre un essai remarquable – à lire absolument ! –, le plus intelligent écrit sur le transhumanisme (1). Entretien.

    La Nef – Vous montrez que le transhumanisme bénéficie d’une active propagande : comment se développe-t-elle ?

    Olivier Rey – Je compare la propagande que vous évoquez à l’histoire du chaudron, telle que Freud la rapporte : un homme qui a prêté à son voisin un chaudron se plaint, après avoir récupéré son bien, d’y découvrir un trou. Le voisin se défend en prétendant premièrement qu’il a rendu le chaudron intact, deuxièmement que le chaudron était déjà percé quand il l’a emprunté, troisièmement qu’il n’a jamais emprunté de chaudron. Il en va de même quand il s’agit de nous faire accepter une innovation « disruptive ». On commence par nous dire que la face du monde va en être bouleversée. Des inquiétudes se font jour : le discours change alors du tout au tout, l’innovation en est à peine une, elle n’est que la continuation de ce qui se fait depuis la nuit des temps. Et pour les récalcitrants, reste le dernier argument : celui de l’inéluctable. Prenons l’exemple des OGM : on nous dit à la fois qu’ils doivent révolutionner l’agriculture, et qu’ils n’ont rien de révolutionnaire, puisque l’homme sélectionne des semences depuis le néolithique ; et de toute façon, les opposants sont des passéistes qui, quoi qu’il arrive, seront vaincus. Le schéma se reproduit à l’égard du transhumanisme : d’un côté la condition humaine va être métamorphosée, de l’autre rien ne change puisqu’un homme qui porte des lunettes est déjà un homme augmenté. Et puis finalement, inutile de discuter : ceux qui refuseront les « augmentations » seront les « chimpanzés du futur », que les augmentés extermineront ou mettront dans des zoos.

    À plusieurs reprises vous dites que les promesses du transhumanisme ne sont pas destinées à se réaliser, mais sont là pour faire diversion et polariser l’attention sur un avenir incertain, ce qui permet de faire oublier les changements en cours déjà effrayants : pourriez-vous nous expliquer cela ?

    C’est une vieille ruse de guerre : simuler en un certain point du front une grande attaque, pour mieux pousser son avantage ailleurs. Ainsi les grandes entreprises technologiques ont tout intérêt à promouvoir le transhumanisme et ses promesses mirifiques : superintelligences artificielles, des milliards de fois plus puissantes que la réunion de tous les cerveaux humains, augmentation faramineuse de nos capacités par amalgame avec la machine, élimination du vieillissement et de la mort… Les esprits se concentrent sur ces annonces spectaculaires – que ce soit pour s’en enchanter ou s’en inquiéter. Pendant ce temps, les grandes firmes continuent de tisser leur toile bien réelle, de technologiser nos existences. Aristote définissait l’homme comme « vivant politique », nous sommes en train de devenir des « animaux monitorés » – de plus en plus incapables de survivre sans notre branchement permanent à la mégamachine numérique. Les promesses grandioses sont là pour soutirer le consentement à une artificialisation toujours croissante de nos vies, à une dépendance si complète envers la mégamachine que toute possibilité d’émancipation s’en trouverait annihilée.

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  • Deux évêques chiliens réduits à l'état laïc

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    De Vatican News :

    Le Pape François réduit deux évêques chiliens à l'état laïc

    Deux évêques chiliens réduits à l’état laïc par le Pape François: la nouvelle a été rendue publique par le Bureau de presse du Saint-Siège ce samedi 13 octobre 2018.

    C’est une décision sans appel, précise la note. Francisco José Cox Huneeus, archevêque émérite de La Serena, membre de l’Institut des Pères de Schoenstatt, et Marco Antonio Órdenes Fernández, évêque émérite d’Iquique, tous deux accusés d’agressions sexuelles sur mineurs, ont donc été réduits à l’état laïc en vertu de l’article 21 § 2, 2° du Motu proprio Sacramentorum Sanctitatis Tutela.

    C’est une nouvelle sanction adoptée par le Souverain Pontife concernant l’Eglise chilienne, secouée depuis des mois par d’importants scandales d’abus sexuels. En septembre dernier, c’est Fernando Karadima, ancien prêtre prédateur, qui avait été réduit à l’état laïc.

    La Congrégation pour la Doctrine de la foi a informé les principaux intéressés de la décision du Pape par l’intermédiaire de leurs supérieurs respectifs. Francisco José Cox Huneeus continuera à faire partie de l’Institut des Pères de Schoenstatt.

  • Indépendance de l’Église orthodoxe ukrainienne : vers un schisme entre Constantinople et Moscou ?

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    De Delphine Allaire sur Vatican News :

    Indépendance de l’Église orthodoxe ukrainienne: de quoi s’agit-il ?

    Une nouvelle étape dans le long processus d’indépendance de l’Église orthodoxe ukrainienne vient d’être franchie, jeudi 11 octobre, avec, entre autres, la réintégration de Philarète Denisenko, patriarche non canonique de Kiev, excommunié par Moscou il y a onze ans.

    L’annonce du Patriarcat de Constantinople, considéré pour des raisons historiques comme chef spirituel de l’Église orthodoxe, est tombée en fin de journée, jeudi 11 octobre, à l’issue de deux jours de saint-synode sur les rives du Bosphore à Istanbul.

    La réunion de tous les évêques orthodoxes sous la juridiction de Constantinople (dont le plus grand nombre appartient à l’Église orthodoxe grecque) a ainsi acté plusieurs nouveautés concernant les orthodoxes d’Ukraine.

    Que représente l’Église orthodoxe ukrainienne ?

    Aujourd’hui, les orthodoxes en Ukraine sont divisés: les uns sont rattachés à Moscou, les autres à un Patriarcat de Kiev non canonique, fondé à la chute de l’URSS, par Philarète alors excommunié par Moscou pour avoir créé une Église orthodoxe ukrainienne dont il s'était autoproclamé patriarche.  Outre ces deux Églises orthodoxes ukrainiennes, l'une dépendente de Moscou, l'autre dépendante - non canoniquement - de Kiev, l'on note l'existence d'une troisième communauté orthodoxe ukrainienne. Plus minoritaire, elle est emmenée par Mgr Macaire Maletitch et se prénomme «Église orthodoxe autocéphale ukrainienne». Cette appellation n'a toutefois rien à voir avec le fameux processus d'autocéphalie enclenché par le Patriarcat de Constantinople pour réunir toutes ces Églises ukrainiennes. 

    Au niveau mondial, l’Église orthodoxe, beaucoup moins centralisée que l’Église catholique, est formée de 14 juridictions ecclésiastiques autocéphales. Si le Patriarcat de Constantinople est donc pour des raisons historiques, considéré comme le chef spirituel de l’orthodoxie, le Patriarcat de Moscou est de loin la force la plus importante de l’orthodoxie mondiale sur le plan démographique, son autorité spirituelle faisant loi sur plus de la moitié des 300 millions d’orthodoxes que compte le monde.

    Qu’a décidé le Patriarcat de Constantinople lors du saint-synode d’octobre ?

    Au terme de ses deux jours de saint-synode tenu en Turquie, le Patriarcat de Constantinople a donc annoncé «renouveler la décision déjà prise, selon laquelle il procède à l'octroi de l'autocéphalie à l'Église d'Ukraine».

    L’autocéphalie n’est cependant pas encore proclamée; il s’agit d’un long processus qui vient simplement d’être consolidé dans cette direction. Il manque encore un chef spirituel et une structure clairement définie à l’Église orthodoxe ukrainienne pour pouvoir se dire «autocéphale», du grec autoképhalos«qui est sa propre tête» c’est-à-dire, indépendante à tout point de vue.   

    Ce 11 octobre, Constantinople a décidé de rétablir Philarète «dans sa dignité épiscopale», et non comme Patriarche, et de réintégrer Mgr Macaire Maletitch, qui se trouvait aussi «en schisme», soit en situation non canonique, ni dépendant de Moscou, ni de Constantinople.

    Au cours de ce saint-synode, il a aussi été décidé de révoquer «les dispositions légales de la lettre synodale de 1686», rattachant Kiev au Patriarcat de Moscou.

    Quelles conséquences pour les relations entre Constantinople, Kiev et Moscou ?

    L’Église orthodoxe russe a qualifié cette décision de «catastrophe» et de «schisme». Le Patriarcat de Constantinople a «franchi la ligne rouge», selon le Patriarcat de Moscou. Souvent tendues, les relations entre les deux Églises se sont particulièrement dégradées avec l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.  

    Le Patriarche Philaret a lui affirmé jeudi que les paroisses orthodoxes ukrainiennes qui, à l’avenir, ne reconnaîtront pas la nouvelle Église autocéphale, pour rester liées au Patriarcat de Moscou, auront le droit d'exister mais n'auront pas le droit de s'appeler «Église ukrainienne». Ces paroisses devront se présenter en tant qu' «Église russe».

    Il faut savoir qu'en Ukraine les paroisses dépendantes du Patriarcat de Moscou, au nombre de 12 000, sont numériquement supérieures à celles du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Leur sort demeure donc encore incertain.

    La réponse formelle et officielle du Patriarcat de Moscou à cette décision du Patriarcat de Constantinople sera donnée lors de la réunion du saint-synode russe orthodoxe, qui se tiendra lundi 15 octobre, à Minsk en Biélorussie.

    Pour comprendre l'organisation de l'Orthodoxie aujourd'hui

  • Ce qu'entend l'Église lorsqu'elle se réfère à la loi naturelle

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    Du Figaro Vox :

    Loi naturelle et PMA: la réponse de Monseigneur Bozo à Luc Ferry

    Loi naturelle et PMA: la réponse de Monseigneur Bozo à Luc Ferry

    FIGAROVOX/TRIBUNE - En réponse à la chronique de Luc Ferry publiée dans Le Figaro du 11 octobre, Mgr Bozo précise ce qu'entend l'Église lorsqu'elle se réfère à la loi naturelle.


    Mgr Pierre-Antoine Bozo est évêque de Limoges et membre du groupe de travail des évêques sur les lois de bioéthique.


    À la faveur de la révision des lois bioéthiques, on lit beaucoup de choses, ces temps-ci, sur la «loi naturelle». Cette loi naturelle fait partie du patrimoine commun à de nombreuses traditions religieuses et philosophiques. L'Église catholique s'y est beaucoup référée. Elle le fait moins. Ce n'est pas tant que la notion serait périmée, mais plutôt que la compréhension commune la déforme souvent. Témoin de cette méprise, l'usage qu'en fait Luc Ferry dans sa chronique du Figaro.

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    Au rebours de ce qu'il y affirme, la loi naturelle ne consiste pas à «prendre la nature pour modèle», ni à ratifier la «compétition cruelle qu'elle impose». Si la nature était de soi normative, comment explique-t-on que l'Église, qui se réfère volontiers à la loi naturelle, défende les plus vulnérables, dans sa doctrine sociale, en toute fidélité aux préceptes évangéliques, prenant ainsi à contre-pied la «compétition cruelle» qui sévit dans la nature? La loi naturelle n'est pas une soumission aux lois physiques de la nature et ne s'impose pas directement à la conscience. Elle fait appel à la raison et au discernement.

    Si la nature n'est pas de soi normative, les progrès scientifiques techniques devraient-ils l'être davantage ?

    Dans la contribution qu'elle a donnée en 2009 sur la question, la Commission Théologique Internationale (catholique) présente la loi naturelle - dont l'Église n'a pas le monopole - comme la capacité qu'ont «les personnes et les communautés humaines, à la lumière de la raison, de discerner les orientations fondamentales d'un agir conforme à la nature même du sujet humain et de les exprimer de façon normative».

    Le récent texte des Évêques de France, intitulé «La dignité de la procréation», qui prend position sur la question de la PMA «pour toutes», n'évoque aucune norme naturelle qui imposerait d'elle-même ses conclusions, mais propose «un discernement éthique posé en raison».

    Bien loin de remettre en cause les progrès médicaux, qui suscitent l'admiration, ce texte interroge plutôt la responsabilité du législateur sur l'usage des découvertes scientifiques et techniques en ce qui concerne la transmission de la vie, pour le bien de tous et en particulier des plus vulnérables. Si la nature n'est pas de soi normative, les progrès scientifiques techniques devraient-ils l'être davantage? Si la fameuse loi de Gabor - qui veut que tout ce qui est techniquement faisable finit par se réaliser - s'impose, nous avons beaucoup à craindre de l'avenir.

    En tout cas, ce n'est pas parce qu'elle serait le fruit des progrès de la technique que les évêques émettent des réserves sur la PMA, c'est parce que sa mise en œuvre elle-même interroge: quid des embryons surnuméraires, de l'anonymat du don, des techniques de sélection et du développement de l'eugénisme libéral qu'elle implique?

    Monsieur Ferry, pour mieux prendre ses distances avec «la nature», écrit que «tout ce que ce que l'humanité a fait de grand depuis le siècle des Lumières est pour l'essentiel artificiel, antinaturel». À l'heure où les chercheurs scrutent toujours plus la nature pour y découvrir des secrets cachés qu'elle pourrait reproduire et utiliser, pourquoi opposer l'artifice humain à la nature? Et quand bien même la nature ne dicte pas abruptement ses lois à la conscience humaine, individuelle ou communautaire, faut-il pour autant nous défier d'elle, n'a-t-elle donc rien à nous enseigner? Ne progresserons-nous qu'en l'ignorant?

    Les conséquences inquiétantes de nombre de nos réalisations techniques liées aux progrès scientifiques, en matière de climat, de ressources naturelles comme en termes de santé publique sont-elles négligeables? N'y a-t-il pas une intelligibilité du cosmos à laquelle la raison humaine ne devrait pas trop vite se soustraire, un «message éthique contenu dans l'être»? Si les lois de la nature ne sont pas l'instance ultime, ne faut-il pas pour autant les scruter, en faisant œuvre de discernement et de raison?

    Ainsi, la perspective d'ouvrir la PMA aux femmes seules et aux femmes vivant en couple homosexuel invite-t-elle à regarder ce que signifient des réalités «naturelles» comme la procréation, la grossesse, la paternité et la maternité, la filiation. Tous ces éléments qui font partie du donné de l'expérience humaine ont-ils une intelligibilité globale, une cohérence? Peut-on s'en affranchir sans conséquences?

    La question écologique qui s'invite avec urgence dans notre actualité relativise toute prétention techno-scientifique dominatrice et montre plus que jamais l'importance de mettre en œuvre une capacité d'écoute et de respect face à la nature.

  • Un "Curé d'Ars" italien sur les autels

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    De Davide Lamparella sur le site de l'Homme Nouveau :

    Un curé sur les autels : 
    Vincenzo Romano, le Curé d’Ars d’Italie (1751-1831)

    Un curé sur les autels : <br>Vincenzo Romano, le Curé d’Ars d’Italie (1751-1831)

    14 octobre 2018 : le Pape François, après 173 ans de l’ouverture de la cause de béatification, canonisera – entre autres – un curé. Un curé spécial : le premier dont un procès de béatification a été entamé depuis la fondation de notre Église bien-aimée par le Christ. Le 13 juin 1843 le Pape Grégoire XVI, lors de la signature du décret d’introduction de la cause de l’Abbé Vincenzo Romano, curé de la ville de Torre del Greco dans les environs de Naples, dit: « Gloire à Dieu, car, après plus de dix-huit siècles de la fondation de l’Église, nous avons un curé saint ». Pendant que saint Jean-Marie Vianney, le saint Curé d’Ars, exerçait son ministère dans l’Ain, l’Abbé Romano commençait à faire l’objet d’un procès de béatification qui aurait pu aboutir à la canonisation du premier curé dans toute l’histoire de l’Église catholique. Le 25 mars 1895, le Pape Léon XIII signa le décret concernant les vertus héroïques et les miracles du Servant de Dieu, qui fut enfin proclamé bienheureux le 17 novembre 1963 par le Pape Paul VI1, après que les deux miracles attribués à son intercession avaient été officiellement reconnus. En 1990, le pape Jean-Paul II, pendant sa visite pastorale à Torre del Greco, se rendit dans la Basilique pontificale de la Sainte-Croix, où le corps du bienheureux est vénéré, pour rendre hommage au saint curé napolitain, et rappela ce qu’il avait déjà dit en 1983, à l’occasion des vingt ans de sa béatification: « En lisant la biographie de l’Abbé Romano, on est impressionné par le zèle de son action pastorale, qu’il exerça pendant trente-deux ans sans aucune interruption, ne s’éloignant jamais de sa paroisse, où il était constamment occupé, à partir de l’aube, dans la prière, la célébration de la Sainte Messe, les confessions, la catéchèse des adultes et des enfants, les visites aux malades, la conversion des pécheurs ».

    Vincenzo Romano naquit le 3 juin 1751 dans la ville de Torre del Greco, à quelques kilomètres de Naples, centre de pêche et de traitement du corail aux pieds du Vésuve. Issu d’une famille très pieuse, le 10 juin 1775, à l’âge de 24 ans, il fut ordonné prêtre pour l’éternité. Formé à l’école de Saint Alphonse Marie de Liguori, il se dédia avec zèle à l’exercice de son ministère sacerdotal. Son engagement fut si dévoué que le peuple lui attribua l’appellation d’« ouvrier infatigable ». Il paraissait avoir fait vœu de ne pas perdre son temps afin de se dédier entièrement au soin des âmes : instruction aux enfants, tutorat aux séminaristes, évangélisation de la population rurale, aumônerie de confréries et couvents, assistance spirituelle aux malades et aux mourants et prédications dans la rue. En 1794, une éruption dévastatrice enterra toute la ville, y compris la paroisse de la Sainte-Croix. L’Abbé Romano fut le propulseur de la reconstruction de l’église, un événement qui alla bien au-delà d’une reconstruction matérielle : grâce à son œuvre infatigable et à son dévouement surnaturel, la ville vécut une véritable renaissance spirituelle et morale. Apôtre de l’espérance, il exhortait sans cesse ses concitoyens à confier dans la Providence Divine, en leur disant : « l’espérance est notre bien le plus précieux : elle sèche nos larmes, allège nos fatigues, revigore nos faiblesses, soigne nos plaies ».

    À partir de 1799, la charge de curé de la paroisse de la Sainte-Croix lui fut confiée. Il n’accepta ce ministère si exigeant et difficile que pour accomplir la volonté de Dieu. Humilité, sainteté de vie, prière, jeûnes, veilles, pénitences, fatigues, pureté, chasteté, science, longanimité, bonté, charité, zèle, adhésion parfaite aux canons du Concile de Trente, obéissance : ces quelques mots décrivent parfaitement sa vie sacerdotale.

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