Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Porter un fruit qui demeure pour la vie éternelle

    IMPRIMER

    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 27e dimanche A, 8 octobre 2023 :

    Portons un fruit qui plaît au Seigneur ! 

    J’entends des personnes se demander : pourquoi voit-on si peu de fruits à l’action pastorale dans l’Église ? Si peu de conversions, si peu de signes de la présence de Dieu ? C’est une vraie question, que les Écritures abordent aujourd’hui. Comme dimanche passé, le Seigneur s’adresse aux chefs juifs, les grands prêtres et les anciens. En tirerons-nous quelque chose pour notre communauté, qui n’est pas une assemblée de dirigeants de l’Église ? Oui, car en parlant de ce que les chefs religieux devraient faire, de la façon dont en bons vignerons ils devraient traiter la vigne de Dieu, le Seigneur parle de sa vigne, c’est-à-dire de nous tous son Église.

    La première chose que nous pouvons apprendre est qu’il aime sa vigne. Il est devant elle comme le bien-aimé (Is 5,1). Loin d’abandonner son Église, il veille sur elle, il lui donne de quoi porter le meilleur fruit.

    La deuxième chose que nous apprenons est que sa vigne le déçoit. Dans la parabole d’Isaïe, elle ne porte pas les fruits qu’elle devrait porter. Et dans la parabole de Jésus, ce sont ses vignerons qui détournent ses fruits plutôt que de les présenter au Seigneur. D’un côté l’Église ne porte pas de fruit ; de l’autre l’action des responsables est sans fruit puisqu’elle fait perdre les fruits que le Saint-Esprit a fait produire à l’Église. On comprend pourquoi on voit peu de fruits. Mais au fait, quels sont les fruits qu’il faudrait attendre ?

    Les fruits, ce ne sont pas d’abord des manifestations extraordinaires, mais les progrès de l’amour pour Dieu et de l’amour pour le prochain, selon le grand commandement de Jésus. Les fruits, c’est la diffusion du royaume de l’amour autour de nous. Ils sont finalement plus nombreux qu’un regard superficiel le ferait penser. Pourtant, nous devons continuer d’accueillir la question que nous posent ces paraboles de la vigne : que se passe-t-il si notre vie ne porte pas de fruit ? Est-ce simplement une opportunité perdue, un manque à gagner ? Pourrons-nous simplement dire au Seigneur : tu vois bien que mes affaires m’ont occupé toute ma vie et que je n’ai pas eu de temps pour étendre le règne de l’amour ?

    En interpellant les grands prêtres et les anciens, le Seigneur nous montre le drame d’une vie qui ne porte pas de fruit, qui en outre méprise ceux qui en porteraient, et qui pourtant se croit pure et bonne. Elle est grande encore de nos jours dans l’Église la tentation d’être les hommes de l’appareil, des chrétiens notables, les champions du bon sens et de la bonne entente avec la société, qui regardent avec mépris les petits, les charismatiques, les conservateurs ou d’autres encore. Le pape François appelle cela la mondanité spirituelle, et il dit que c’est « la maladie la plus détestable que l’on voit aujourd’hui dans l’Église »1. Une Église qui agit dans cette direction ne porte pas de fruit.

    Quant à nous, pour ne pas ressembler à ces adversaires du Christ, méfions-nous de cette mondanité spirituelle qui voudrait que l’Église se fonde dans le monde et s’adapte à lui ! Méfions-nous tout autant de ceux qui partent en croisade en se considérant comme les seuls purs et en condamnant tout le monde ! Travaillons humblement à aimer, à pardonner, à encourager… Enseignons avec douceur les exigences de l’Évangile, sans jamais nous résigner au sujet des limites des autres ou de nos limites ! Encourageons à reprendre avec persévérance le chemin de la conversion et de la foi ! Et prenons-le nous-mêmes ! Rien n’est perdu pour Dieu, sauf de ne pas vouloir. Mais si nous désirons l’Esprit Saint, si nous luttons pour l’accueillir, si nous le laissons transformer notre vie, elle s’illuminera et elle s’illuminera et portera un fruit qui demeure pour la vie éternelle.

    1Discours aux participants du Synode, 5 octobre 2023.

  • 27e dimanche ordinaire : "Une allégorie touchante de l'alliance de Dieu avec son peuple"

    IMPRIMER

    193__400x300_01-worker-vineyard_0.jpg27e dimanche ordinaire : homélie prononcée par Benoît XVI le 5 octobre 2008 lors de la messe d'ouverture de la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques :

    La première Lecture, tirée du livre du prophète Isaïe, tout comme la page de l'Evangile selon Matthieu, ont proposé à notre assemblée liturgique une image allégorique suggestive des Saintes Ecritures:  l'image de la vigne, dont nous avons déjà entendu parler les dimanches précédents. La péricope initiale du récit évangélique fait référence au "cantique de la vigne" que nous trouvons dans Isaïe. Il s'agit d'un chant situé dans le contexte automnal de la vendange:  un petit chef-d'œuvre de la poésie juive, qui devait être très familier aux auditeurs de Jésus et à partir duquel, ainsi qu'à partir d'autres références des prophètes (cf. Os 10, 1; Jr 2, 21; Ez 17, 3-10; 19, 10-14; Ps 79, 9-17), on comprenait bien que la vigne désignait Israël. A sa vigne, au peuple qu'il s'est choisi, Dieu réserve les mêmes soins qu'un époux fidèle prodigue à son épouse (cf. Ez 16, 1-14; Ep 5, 25-33).

    Lire la suite

  • L'Esprit Saint ne peut se contredire

    IMPRIMER

    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Burke et Müller : " L'Esprit Saint ne peut se contredire ".

    Les deux cardinaux répondent "présent" aux tentatives de déformation de la doctrine de l'Eglise et renvoient les accusations d'atteinte à l'unité : ce qui unit, c'est l'enseignement et la réaffirmation de la vérité.

    7_10_2023

    Les cardinaux Raymond L. Burke et Gerhard Müller ont répondu "présent" aux nouveaux assauts contre la doctrine et la discipline de l'Église catholique. Les deux cardinaux ont pris la parole lors de l'émission The World Over, diffusée le jeudi 5 octobre par la chaîne catholique américaine EWTN, pour réaffirmer fermement la doctrine de la foi et exhorter tous les catholiques à rester fermes et à demeurer dans l'unique Église du Christ.

    Les deux premiers actes du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, à savoir la publication de la lettre du pape François à la première version des dubia de cinq cardinaux et la réponse aux questions du cardinal Dominik Duka sur Amoris Lætitia, contredisent l'enseignement constant de l'Église sur au moins un point capital : le mal intrinsèque de la sexualité exercée en dehors du mariage légitime. Ces actes portent la signature ex audientia de François, mais la formule habituelle n'y figure pas : "Le Souverain Pontife N.N., le ..., a approuvé cette Lettre (ou Instruction/Décret/Note, etc.) et en a ordonné la publication". Le détail est notable et confié à la réflexion des canonistes.

    En effet, le Pape François contredit tout d'abord le Responsum du 22 février 2021, dont il avait lui-même autorisé la publication, en confiant à la "prudence pastorale" des ministres le soin de "discerner de manière adéquate s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage". Ainsi, selon lui, il serait possible de bénir des unions non maritales, hétéro ou homo, à condition qu'il n'y ait pas de confusion entre ces unions et le mariage. Il est clair qu'il ne s'agit pas ici de bénir des personnes individuelles, mais des relations, des unions ou des pseudo-mariages, peu importe.

    Exactement le même jour, le 2 octobre, Fernandez a également publié sa réponse à certaines des questions du cardinal Duka, affirmant explicitement ce qui avait été confié à une note dans Amoris Lætitia : François "permet dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de la Réconciliation même lorsque l'on ne peut pas être fidèle à la continence proposée par l'Église".  Et un peu plus loin, il a répété qu'"Amoris Lætitia ouvre la possibilité d'accéder aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité".

    Le cardinal Burke, au micro d'EWTN, a d'abord expliqué la raison de ces nouveaux dubia : "Nous avons soumis ces questions parce qu'il s'agit de points fondamentaux de l'enseignement et de la discipline de l'Église (...) qui ont été remis en question par les documents synodaux eux-mêmes, mais aussi par ceux qui conduisent le processus synodal". Leur deuxième version a été déterminée par le fait que le Pape "n'avait pas répondu à nos questions". Les dubia sont une demande au successeur de Pierre de "nous confirmer dans la foi catholique". Ils ne constituent pas une attaque contre le pape, mais "une aide pour lui permettre d'exercer sa grave fonction dans un moment de grande difficulté".

    Lire la suite

  • Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral"

    IMPRIMER

    Image

    Un tweet du Père Yves-Marie Couët :

    Le président de la Conférence épiscopale polonaise a critiqué le #Synode pour l'utilisation du "langage idéologique des Nations unies" et la promotion du "relativisme moral". Alors que "La véritable réforme vient d'une abondance de foi et de fidélité" #Synode2023

    L'archevêque Stanisław Gądecki de l'archidiocèse de Poznań a commenté le synode du Vatican dans un entretien avec le journal catholique allemand Le Tagespost. Gądecki a déclaré que lorsqu'il a lu le rapport hétérodoxe du synode Instrumentum Laboris (texte qui sert de base aux discussions), il a remarqué que ce document utilise des termes tels que "l'inclusion, telle que définie par l'ONU", qui "se réfère exclusivement à l'inclusion des personnes non binaires dans la société et à la reconnaissance de la nature humaine en tant que non binaire (c’est-à-dire ni hommes et ni femmes)". Dans un sens, le terme "inclusion" remplace la notion de péché et de conversion dans le texte de l’Instrumentum Laboris et fait donc partie de l'idéologie du relativisme moral", a-t-il déclaré.

    "Cela soulève la question suivante : est-il approprié que l'Église, à la recherche d'un nouveau langage pour communiquer avec les gens aujourd'hui, adopte des termes du langage politique de l'ONU, derrière lequel se cache souvent une idéologie ? L'archevêque polonais a fait remarquer qu'il y a d’autres termes idéologisés dans le document d'orientation du synode. (Instrumentum Laboris )

    Mgr Gądecki a déclaré que "la dynamique et la manière" dont les discussions sont organisées lors des synodes de François "rappellent parfois davantage les Nations unies que l'Église catholique". Le prélat polonais a abordé la philosophie erronée qui est au cœur de la demande d'ordinations féminines. "Cela est dû à la conviction erronée que seul ce qui provient du sacrement de l'ordre est digne et valable dans l'Église ; que les laïcs ne sont valables que s'ils ont accès aux mêmes prérogatives que les prêtres et les évêques", a expliqué Mgr Gądecki. "L'accent mis sur le pouvoir et la fonction plutôt que sur le caractère serviteur du sacerdoce peut conduire non seulement au cléricalisme mais aussi à la cléricalisation des laïcs sous prétexte de promouvoir les laïcs".

    L'évêque a expliqué les deux façons d'aborder les questions sociétales : "La première part de la théologie pour y chercher la bonne réponse aux questions posées par les sciences sociales. La seconde part des sciences sociales et est donc confrontée à la tentation d'adapter la théologie aux besoins de la sociologie".

    Le prélat polonais a déclaré qu'il "craint qu'aujourd'hui nous ayons trop de réformateurs qui partent de la sociologie" au lieu de prendre les vérités théologiques comme base de leurs "réformes". "La véritable réforme ne vient pas d'un manque de foi, mais d'une abondance de foi et de fidélité", a déclaré Mgr Gądecki. Il a averti "qu'il y aura des tentatives au synode pour remettre en question l'enseignement catholique sur la contraception, même si cette question n'est pas directement abordée dans l'Instrumentum Laboris".

    La voie synodale allemande pourrait conduire au schisme : Interrogé sur la voie synodale hérétique allemande, Mgr Gądecki a déclaré : "Aujourd'hui, malheureusement, il semble qu'il y ait en Allemagne la crise de l’Eglise plus importante depuis la Réforme. Le danger est grand qu'une réforme mal comprise du christianisme conduise une fois de plus à un schisme de l'Église qui s'étendra aux pays voisins." Gądecki a émis sa "correction fraternelle" en février 2022 dans une lettre adressée au président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, dans laquelle Gądecki critiquait la Voie synodale et invitait les évêques allemands à maintenir l'enseignement immuable de l'Église sur la sexualité. "Il est important de bien comprendre le sens de la correction fraternelle", a-t-il poursuivi. "Certains peuvent l'associer à l'exaltation de l'un par rapport à l'autre, mais nous le faisons avec des larmes. Le Christ a pleuré sur Jérusalem, accompagné de paroles sur l'incapacité à discerner correctement les signes des temps".

    Cf die-tagespost.de/kirche/aktuell et lifesitenews.com/news/head-of-p

  • “Laudate Deum” : le travestissement de notre foi

    IMPRIMER

    De Jeanne Smits sur Réinformation.TV :

    Le pape François publie “Laudate Deum”, ou le travestissement de notre foi

    François Laudate Deum foi

    Sans doute les commentaires au sujet de l’exhortation apostolique Laudate Deum se focaliseront-ils sur les recommandations du pape François pour la sauvegarde de la « Maison Commune » – expression forgée par Gorbatchev au temps de la chute de l’Union soviétique – dans la suite qu’il a voulu donner à l’encyclique « écologique » Laudato si’. Mais quoi que l’on pense de cette ingérence du pape dans un domaine qui ne relève pas de son devoir de conforter ses frères dans la foi, il y a bien plus grave, précisément au sujet de la foi. Et c’est cela qui devrait être l’objet de nous inquiétudes et de nos supplications à Dieu pour mettre fin à une crise qui semble atteindre ces jours-ci dans l’Eglise un point climatérique.

    Après de multiples considérations sur la « crise climatique », le pape François ajoute un petit chapitre sur les « motivations spirituelles » de son engagement au côté de la planète, c’est au paragraphe 61 :

    « Je ne veux pas manquer de rappeler aux fidèles catholiques les motivations qui naissent de leur foi. J’encourage les frères et sœurs des autres religions à faire de même, car nous savons que la foi authentique donne non seulement des forces au cœur humain, mais qu’elle transforme toute la vie, transfigure les objectifs personnels, éclaire la relation avec les autres et les liens avec toute la création. »

    La « foi authentique », pas moins ! Analysons les propos du pape : il attribue spécifiquement aux « frères et sœurs des autres religions » une « foi authentique », une vraie foi donc. Or cela est absurde. La foi ne peut être authentique et vraie que si son objet est vrai. Il ne peut en toute logique y avoir qu’une seule foi « authentique », car il ne s’agit pas d’un vague sentiment de l’homme mais d’une adéquation au réel, à la réalité divine.

    Laudate Deum travestit la foi, vertu surnaturelle

    Ce propos du pape révèle une ignorance abyssale, voire un travestissement volontaire, de ce qu’est la foi.

    Il y a ici une confusion entre le plan naturel et le plan surnaturel. La foi, la foi authentique, la vraie foi, est une vertu théologale, une vertu surnaturelle, infuse, qui nous est donnée, avec l’espérance et la charité, par le baptême. Elle consiste à croire en la Révélation donnée par Dieu et Dieu seul, en toutes ces vérités que l’homme ne peut connaître par la force de sa seule raison.

    La foi ne se confond pas avec la religion, vertu naturelle par laquelle l’homme, grâce à la raison, peut et doit même connaître l’existence de Dieu qui le transcende, et à qui il doit adoration et reconnaissance. La religion peut être vraie ou fausse en fonction de son objet, de l’être qu’elle adore.

    Lire la suite

  • Pour Amin Maalouf, nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire

    IMPRIMER

    D'Alexandre Devecchio sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Amin Maalouf: «Nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire»

    4 octobre 2023

    EXCLUSIF – Dans son dernier livre, Le Labyrinthe des égarés (Grasset), dont Le Figaro publie en exclusivité les bonnes feuilles, le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française livre une méditation puissante et angoissée sur le devenir du monde en même temps qu’une magistrale leçon d’histoire.

    La guerre entre la Russie et l’Ukraine témoigne du déclin relatif de l’Occident et n’est peut-être que le premier chapitre d’un affrontemententre les États-Unis et la Chine , analyse Amin Maalouf. L’écrivain remonte aux sources de ce nouveau conflit en retraçant l’histoire de trois pays qui ont chacun tenté de remettre en cause la suprématie globale de l’Occident: le Japon impérial, la Russie soviétique et enfin la Chine qui constitue aujourd’hui le principal «challenger» de la superpuissance planétaire américaine. En revisitant ces deux derniers siècles, Maalouf met en lumière les causes profondes des conflits en cours et alerte quant au risque d’une troisième guerre mondiale potentiellement beaucoup plus dévastatrice que les deux précédentes. Il appelle l’Europe et les États-Unis à construire enfin un système international dans lequel l’humanité entière pourrait se reconnaître.


    Le déclin de l’Occident ?

    Est-ce vraiment le déclin de l’Occident que nous avons aujourd’hui sous les yeux ? Cette interrogation n’est évidemment pas neuve, elle revient de façon récurrente depuis la Première Guerre mondiale ; le plus souvent, d’ailleurs, sous la plume des Européens eux-mêmes. Ce qui n’a rien de surprenant, puisque les puissances du Vieux Continent ont effectivement connu un « déclassement » par rapport au rang qu’elles tenaient dans le monde au temps des grands empires coloniaux. Cependant, une bonne partie de leur prépondérance perdue a été « récupérée » par cette autre puissance occidentale que sont les États-Unis d’Amérique.

    La grande nation d’outre-Atlantique s’est hissée à la première place il y a plus de cent ans ; c’est elle qui s’est chargée de barrer la route à tous les ennemis de son camp ; et à l’heure où j’écris ces lignes, elle conserve sa primauté – par sa puissance militaire, par ses capacités scientifiques et industrielles, comme par son influence politique, culturelle et médiatique dans l’ensemble de la planète. Serait-elle aujourd’hui sur le point de tomber, elle aussi, de son piédestal ? Serions-nous en train d’assister au déclassement de l’Occident tout entier, et à l’émergence d’autres civilisations, d’autres puissances dominantes ? À ces questions, qui reviendront forcément hanter nos congénères tout au long de ce siècle, j’apporterai, pour ma part, une réponse nuancée : oui, le déclin est réel, et il prend parfois les allures d’une véritable faillite politique et morale ; mais tous ceux qui combattent l’Occident et contestent sa suprématie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, connaissent une faillite encore plus grave que la sienne.

    Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres […] ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus sereinAmin Maalouf

    Ma conviction, en la matière, c’est que ni les Occidentaux, ni leurs nombreux adversaires ne sont aujourd’hui capables de conduire l’humanité hors du labyrinthe où elle s’est fourvoyée. On ne peut que s’angoisser de cet égarement généralisé, de cet épuisement du monde, de cette incapacité de nos différentes civilisations à résoudre les problèmes si épineux auxquels notre planète doit faire face. J’aime à croire, néanmoins, que cette appréhension que j’éprouve, et que beaucoup d’autres ressentent, sous tous les cieux, finira par susciter une prise de conscience salutaire. Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres, et qu’aucune, non plus, ne veut être soumise, rabaissée ni marginalisée ; ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus serein, qui ne soit pas fait de guerres froides ou chaudes, ni de luttes interminables pour la suprématie ?

    Lire la suite

  • Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

    IMPRIMER

    De gènéthique.org :

    Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

    5 octobre 2023

    La commission des droits des femmes et de l’égalité des genres et la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen ont voté un « projet de position sur des règles révisées pour lutter contre la traite des êtres humains et aider les victimes »[1]. Le texte a été adopté par 69 voix pour. Aucun député n’a voté contre, 22 se sont abstenus. Cette directive qui reconnaît que la GPA peut être associée à l’exploitation des femmes est désormais soumise au trilogue sans passer par un vote en séance plénière (cf. Parlement européen : la GPA en débat ?).

    « Les nouvelles propositions donneraient aux services répressifs de l’UE de nouveaux outils pour démanteler les organisations criminelles en ajoutant de nouvelles catégories de crimes, y compris le mariage forcé et l’adoption illégale », indique le communiqué du Parlement. Les députés ont souhaité « inclure dans le champ d’application de la loi la gestation pour autrui à des fins d’exploitation reproductive ».

    Alors que la maternité de substitution reste interdite dans plusieurs pays de l’UE, les différentes législations des autres nations de l’Union créent une incohérence réglementaire sur cette question. L’année dernière, une proposition de règlement de la Commission européenne visait à « la reconnaissance de la parentalité entre Etats membres dans les situations familières transfrontalières ». Ce qui obligerait les Etats interdisant la gestation par autrui à s’adapter à ceux qui l’autorisent (cf. GPA : le Sénat s’oppose à la Commission européenne). Entre traite des êtres humains et généralisation de la GPA, quelle est la position de l’Union ?

    ------------

    [1] La proposition vise à modifier la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène, ainsi que la protection des victimes (2022/0426(COD))

  • Nicaragua : la chasse aux chrétiens continue

    IMPRIMER

    De Jean-Baptiste Noé sur aleteia.org :

    La chasse aux chrétiens se poursuit au Nicaragua

    5/10/23

    L’arrestation et la condamnation en février 2023 de l’évêque Rolando Alvarez témoignent de la lutte antireligieuse du régime de Daniel Ortega. Bien décidé à éradiquer le christianisme, le dictateur sandiniste accroît la répression contre les catholiques.

    Pays de 6,8 millions d’habitants, le Nicaragua est l’un de ces pays d’Amérique centrale qui ne cesse d’osciller entre différents régimes autoritaires. Menant la lutte contre le dictateur Somoza, Daniel Ortega et les sandinistes sont parvenus à la direction du pays en 1979. Daniel Ortega est resté président jusqu’en 1990, avant de perdre les élections présidentielles. N’ayant jamais abandonné la politique, il revient au pouvoir en 2007 puis fait modifier la Constitution pour abroger la limite des mandats.

    Homme fort du Nicaragua depuis plus de 15 ans, il a fait élire son épouse à la vice-présidence et installé des membres de sa famille aux postes clefs du pays. Organisant une répression sans faille des opposants politiques, il a notamment fait arrêter l’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Alvarez, qui a été condamné en février 2023 à 26 ans de prison, ayant été déclaré « traître à la patrie » lors d’un procès truqué. Ce dernier a refusé de s’exiler aux États-Unis, préférant rester dans son pays, quitte à passer de longues années en prison. 

    Un régime solidement ancré

    Rien n’a pu renverser le régime du président Ortega, dont la pensée et la pratique ont été forgées dans les luttes sandinistes des années 1970. L’homme est l’une de ces survivances des révolutions marxistes qui, comme à Cuba, sont parvenues à prendre et à conserver le pouvoir, sans que les États-Unis ne puissent rien y faire. Si beaucoup de fantasmes sont accolés à la puissance tentaculaire de la CIA et de Washington, force est de constater l’impuissance du géant américain pour renverser un régime qui lui est hostile. 

    Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    S’appuyant sur les puissants cartels de la drogue, Daniel Ortega finance ses vassaux et ses affiliés pour tenir le pays, n’hésitant pas à réprimer lourdement les manifestations, comme celles de 2018 qui ont abouti à de nombreux morts et arrestations, sans parvenir à faire vaciller un régime solidement ancré. Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    Répression contre les catholiques 

    La répression ne se limite pas à l’arrestation de l’évêque de Matagalpa. En mai 2023, plusieurs prêtres du pays ont vu leur compte bancaire gelé. Une mesure identique fut appliquée à des écoles catholiques et des paroisses. Un rapport, orchestré par le régime, a présenté l’Église comme menant des actions de blanchiment d’argent et se livrant à des actes de terrorisme. Des accusations qui sont lancées à l’égard de tous ceux qui s’opposent au régime.

    En août, plusieurs prêtres qui s’étaient rendus à Lisbonne pour les JMJ se sont vus refusés le retour sur le sol du Nicaragua. Le même mois, le gouvernement a saisi l’université gérée par les jésuites, les biens de l’ordre et a prononcé sa dissolution. Là aussi, sous le motif de « terrorisme ». Un motif bien commode pour museler les oppositions. Le gouvernement a également expulsé le nonce apostolique, privant le Saint-Siège de relais et d’informations sur le pays. 

    L’argent de la drogue 

    Une répression qui n’est toutefois pas nouvelle. Lors de sa visite en 1983, Jean Paul II avait affronté l’un des déplacements les plus difficiles de son pontificat. Micros coupés pour que sa voix ne porte pas, soldats sandinistes placés au pied de l’estrade pour crier et l’insulter, le pape polonais ne s’était pas démonté et avait tenu son voyage jusqu’au bout. Un voyage marqué notamment par l’admonestation contre le père Ernesto Cardenal, alors ministre de la Culture du gouvernement de Daniel Ortega. 

    Aucune voie de sortie n’est pour l’instant visible. Le président Ortega est solidement ancré, il tient les rouages clefs de l’armée et de la police, arrose ses soutiens avec l’argent de la drogue. Le Nicaragua désespère les États-Unis, qui n’ont jamais réussi à déloger les sandinistes. Comme au Venezuela, comme à Cuba, ces dictatures enracinées dans une histoire profonde sont solidement amarrées à leur pays. 

  • Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

    IMPRIMER

    Du blog de Sandro Magister "Settimo Cielo" :

    Documents. Le texte intégral de la lettre pré-synodale du cardinal Zen

    Zen

    *

    (s.m.) Largement citée par le site américain « The Pillar », la lettre adressée fin septembre par le cardinal Giuseppe Zen-Zekiun à différents cardinaux et évêques sur les questions ouvertes par la convocation du Synode en cours depuis le 4 octobre, a désormais été publiée. Elle est sortie des limites du « confidentiel » et il vaut mieux qu’elle soit lue dans son intégralité.

    C'est Zen lui-même qui prévoit cette issue, quand vers la fin de la lettre il écrit : « Je la considère comme confidentielle, mais il sera difficile qu'elle ne parvienne pas aux médias. Aussi vieux que je sois, je n'ai rien à gagner, rien à perdre. Je serai heureux d'avoir fait ce que je pensais que j'étais censé faire."

    Du haut de ses 91 ans, mais surtout d'une vie passée à la défense héroïque des « libertas ecclesiae » dans une terre hostile comme la Chine, ancien évêque de Hong Kong et récemment condamné pour avoir soutenu la résistance de la ville aux brimades du régime contre Pékin, Zen se révèle également dans cette lettre comme un combattant passionné et franc pour préserver le Synode et l'Église de ce qu'il considère comme une dérive désastreuse.

    Voici donc la lettre rédigée par le cardinal Zen lui-même.

    *

    Chère Éminence, Chère Excellence,

    Je suis votre frère Giuseppe Zen, originaire de l'île lointaine de Hong Kong, un homme infirme de 91 ans, ordonné évêque il y a plus de 26 ans. J'écris cette lettre parce que, conscient d'être encore en possession de mes facultés mentales, je ressens le devoir de sauvegarder, en tant que membre du Collège des Successeurs des Apôtres, la sacro-sainte tradition de la foi catholique.

    J'adresse cette lettre à vous, membres du prochain Synode sur la Synodalité, parce que je suppose que vous êtes préoccupés, comme moi, par le déroulement du Synode susmentionné.

    La synodalité est un mot plutôt nouveau, dont l'étymologie nous permet de comprendre qu'il s'agit d'un projet de « parler ensemble et marcher ensemble » ; pour l'Église catholique, cela signifiera « communion et participation de tous les membres de l'Église à la mission évangélisatrice ». Ainsi compris, le thème de ce Synode semble utile et toujours actuel, et sera une occasion opportune pour clarifier comment cette synodalité doit être vécue dans l’Église.

    Il existe maintenant un document très récent « La synodalité dans la vie et la mission de l'Église », résultat du travail (dans les années 2014-2017) d'une sous-commission de la Commission théologique internationale, dont le président d'office est le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. La sous-commission a conclu ses travaux en 2017, le texte a été approuvé par les membres de la Commission lors de la séance plénière de cette année-là, et finalement approuvé par le Préfet de la Congrégation en 2018, après avoir reçu l'avis favorable du Pape François.

    Lire la suite

  • La rentrée des philosophes est arrivée ! En octobre, plongez dans un univers d'intellect et de beauté avec "Philo à Bruxelles"

    IMPRIMER

    2023_10_05_08_44_38_Greenshot.png

    2023_10_05_08_47_03_Greenshot.png

    2023_10_05_08_48_47_Greenshot.png

    2023_10_05_08_49_28_Greenshot.png

  • Synode : pourquoi les critiques des cinq cardinaux ont du poids

    IMPRIMER

    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Synode: ces critiques qui soufflent sur l’assemblée qui entend réformer l’Église

     

    RÉCIT - Un cardinal très respecté dénonce la «manipulation» de ce synode.  -- François ne sait pas cacher son humeur. Et, ce mercredi matin, sur la place Saint-Pierre de Rome, il avait le visage des mauvais jours. Il célébrait pourtant la messe d’ouverture de ce synode sur l’avenir de l’Église qu’il a tellement désiré… La raison de cette moue, il l’a lui-même donnée dans son homélie, où il a déploré le manque d’unité de l’Église face à ce projet synodal: «Nous sommes à l’ouverture de l’assemblée synodale. Nous n’avons pas besoin de regards immanents faits de stratégies humaines, de calculs politiques ou de batailles idéologiques. Nous ne sommes pas ici pour une réunion parlementaire ou pour un plan de réforme. Non, nous sommes ici pour marcher ensemble sous le regard de Jésus qui accueille tous ceux qui sont fatigués et opprimés.»

    Il a alors redit le sens de ce synode qui rassemble au Vatican près de 400 délégués, évêques et laïcs, venus du monde entier pour réfléchir, pendant deux mois - en octobre 2023 et en octobre 2024 -, à une gouvernance de l’Église plus démocratique et plus décentralisée. «La tâche première du synode est de recentrer notre regard sur Dieu, pour être une Église qui regarde l’humanité avec miséricorde, a-t-il martelé. Une Église unie et fraternelle qui écoute et dialogue, une Église qui a Dieu en son centre et qui par conséquent ne se divise pas à l’intérieur et n’est jamais dure à l’extérieur.» À cet instant, le pape lève les yeux de son texte et, l’air dépité, rectifie: «Une Église qui, au moins, cherche à être unie et fraternelle…» De fait, elle ne l’est pas. Cet été, cinq cardinaux ont fait part à François de leurs «doutes» profonds sur l’autorité même du synode.

    Un organe consultatif qui, selon eux, ne se fonde sur aucun texte juridique et n’a donc pas vocation à décider quoi que ce soit dans l’Église. Ils l’ont aussi questionné sur la bénédiction des couples homosexuels et sur l’ordination des femmes, deux points qui sont au programme des débats synodaux. Contre toute attente, le pape leur a répondu, lundi soir, sans fermer aucune porte sur ces possibles évolutions. Une réponse écrite officielle, car il ne pouvait plus cacher ces dissonances qui avaient été révélées le matin même sur le site italien diakonos.be, redoutablement bien informé.

    «Plan de manipulation»

    Ces cinq cardinaux, âgés, ont beau être minoritaires, sur les 242, ils ont du poids. Ainsi du cardinal Zen, ancien archevêque de Hongkong. Un résistant dans l’âme qui a tenu tête au régime de Pékin et qui a été condamné récemment - sans que le pape lève jamais le petit doigt pour le soutenir - parce qu’il avait fortement soutenu les manifestations de 2019 et 2020 contre l’emprisonnement du territoire de Hongkong par la Chine. Un site américain, The Pillar, vient de révéler que le cardinal Zen avait écrit à tous les évêques et cardinaux de ce synode pour dénoncer ce qu’il appelle «un plan de manipulation». Sa lettre est authentique. Il affirme que «les organisateurs du synode disent ne pas avoir d’agenda (c’est-à-dire de plan préconçu et d’objectifs à atteindre, NDLR), mais c’est vraiment une offense à notre intelligence. Chacun peut voir les conclusions qu’ils veulent atteindre.» Il cite alors en exemple la question de la bénédiction des couples homosexuels.

    «On nous dit qu’il faut nous écouter les uns les autres, mais, petit à petit, on nous fait comprendre que, puisqu’il faut s’écouter, il y a des gens qui sont exclus», c’est-à-dire «des gens qui optent pour une morale sexuelle différente de la tradition catholique», écrit-il. Il critique également ces deux sessions d’octobre en 2023 et en 2024: «Les organisateurs ont choisi d’avoir plus de temps pour mieux manœuvrer.» Et fustige la méthode de travail adoptée: la «conversation dans l’Esprit», qui ressemble à une «formule magique» pour couvrir des «surprises» de l’Esprit. Un langage synodal que l’on entend partout à Rome ces jours-ci et qu’il dénonce, car, selon lui, «c’est une manière de couvrir des résultats prédéterminés», les «organisateurs étant déjà très informés des “surprises” qu’ils attendent».

    Sur la méthode, toujours, il regrette que la forte réduction des débats en assemblée générale, au profit de travaux en petits groupes, soit «un stratagème pour éviter des débats ouverts et contradictoires». Qui, eux, étaient la marque de tous les synodes précédents, sous Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et même François au début de son pontificat.

    Lettre confidentielle

    Ce cardinal de bientôt 92 ans va jusqu’à accuser le secrétariat général du synode d’être «efficace dans l’art de la manipulation». Il demande aux participants «de ne pas obéir quand on leur demande de prier car il est ridicule de penser que l’Esprit saint attend ces prières offertes au dernier moment». Dans la tradition catholique, l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu, est censé éclairer la conscience de celui qui prie. Enfin, le cardinal Zen critique le fait que des laïcs aient obtenu le droit de vote dans cette assemblée synodale. Ce qui, à ses yeux, «sape le synode des évêques» puisqu’ils n’ont «même pas été élus par le peuple chrétien», mais désignés.

    Ce qui «change radicalement la nature du synode que Paul VI avait voulu comme un instrument de la collégialité épiscopale, dans la suite du concile Vatican II». Aussi suggère-t-il que les votes des laïcs et des évêques soient «séparés». Il demande aux évêques et cardinaux participants de prendre leur responsabilité car «accepter des procédures irraisonnables conduira à l’échec du synode». À la fin d’une telle charge, le cardinal Zen demande que sa lettre reste strictement confidentielle. Mais, conscient du risque de fuite, il conclut: «Vieux comme je suis, je n’ai rien à perdre ni à gagner. Je serai heureux d’avoir fait ce que je considère comme un devoir.»

    «Rejeter l’esprit de division et de conflit»

    Dès lors, on peut comprendre le dépit du pape mercredi, même si l’opposition à ce synode est le fait d’une minorité jusque-là silencieuse. Reste que jamais un cardinal ou un évêque n’avait osé critiquer publiquement cette démarche synodale. Il n’est ainsi pas surprenant que François ait conclu son homélie de lancement du synode en appelant à «rejeter l’esprit de division et de conflit». Car, a-t-il insisté, «le Seigneur ne se décourage pas au milieu des vagues parfois agitées de notre temps, il ne cherche pas d’échappatoires idéologiques, ne se barricade pas derrière des convictions acquises, ne cède pas aux solutions faciles, ne se laisse pas dicter son agenda par le monde».

    Aussi, de relancer ce qu’il attend de l’Église dans une «époque complexe»: «Jésus nous invite à être une Église hospitalière, qui n’impose pas de fardeaux». Et de mettre en garde contre les «tentations dangereuses »:«être une Église rigide, qui s’arme contre le monde et regarde en arrière, être une Église tiède qui se soumet aux modes du monde, être une Église fatiguée, repliée sur elle-même». Une nouvelle fois, il a martelé que «le synode n’est pas un rassemblement politique mais une convocation dans l’Esprit, non pas un Parlement polarisé mais un lieu de grâce et de communion», loin de «nos négativités». Dans l’adversité, a conclu le pape, le Christ «ne se laisse pas abattre par la tristesse», pourtant visible sur le visage du pontife romain. «Il n’est pas amer», il ne se laisse pas «emprisonner par la déception», «il est capable de voir au-delà, il reste serein dans la tempête». Elle pourrait pourtant souffler fort.

  • Synode : L’événement catholique le plus important depuis Vatican II ?

    IMPRIMER

    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    L’événement catholique le plus important depuis Vatican II ?

    Si le Synode 2023 doit être un développement de la tradition authentique de l’Église plutôt qu’un autre effort infructueux pour réinventer le catholicisme, il doit tenir pleinement compte de ces onze moments catholiques cruciaux depuis Vatican II.

    4 octobre 2023

    Les plus enthousiastes à propos du Synode sur la synodalité qui s'est ouvert le 4 octobre ont tendance à dire qu'il s'agit de l'événement catholique le plus important depuis le Concile Vatican II (1962-1965) – une affirmation qui implique parfois que c'est la seule chose importante qui se soit produite. dans l'Église depuis Vatican II. Je ne suis pas d'accord. Voici onze événements cruciaux depuis le Concile, avec des notes sur leur signification.

    25 juillet 1968 : le pape Paul VI publie l'encyclique Humanae Vitae, sur les moyens moralement appropriés de réguler la fécondité. Ce faisant, le pape remet en question les hypothèses érodatrices de la révolution sexuelle, met en garde prophétiquement contre l'impact d'une mentalité contraceptive sur la société et sur les femmes, et trace une ligne dans le sable contre la tentative des partisans de la religion catholique légère de dominer le monde. Théologie morale de l'Église.

    8 décembre 1975 : Paul VI publie l'exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, rappelant à l'Église que le pape Jean XXIII voulait que Vatican II dynamise l'Église pour la mission, et qu'au centre de la mission chrétienne se trouvent « le nom, l'enseignement, la vie, les promesses, le royaume et le mystère de Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu.

    2-10 juin 1979 : Lors de sa première visite pastorale en Pologne, le pape Jean-Paul II démontre la vitalité de la doctrine sociale catholique en déclenchant une révolution de conscience qui conduira, au cours de la prochaine décennie, à l'effondrement non-violent du communisme européen.

    24 novembre – 8 décembre 1985 : La deuxième Assemblée générale extraordinaire du Synode des Évêques, convoquée pour marquer le vingtième anniversaire de Vatican II en considérant ce qui s'est bien passé et ce qui n'a pas fonctionné dans la mise en œuvre du Concile, affirme le Concile comme un grand don du Saint-Esprit et tisse les seize documents du Concile en une tapisserie cohérente en décrivant l'Église comme une communion de disciples en mission.

    7 décembre 1990 : Jean-Paul II publie l'encyclique Redemptoris Missio, lançant formellement la nouvelle évangélisation en appelant tous les catholiques à vivre la vocation missionnaire dans laquelle ils ont été baptisés, car le territoire de mission est partout.

    6 août 1993 : Datée de la fête de la Transfiguration, l’encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II enseigne que la vie morale est ordonnée vers la béatitude, qui est la vie éternelle dans la lumière et l’amour du Dieu trois fois saint ; que certains actes sont gravement mauvais en eux-mêmes, quelles que soient les intentions ; et que la croissance dans les vertus est la voie royale vers l’épanouissement et le bonheur de l’humanité.

    20-26 mars 2000 : Au cours d'un pèlerinage d'une semaine en Terre Sainte, Jean-Paul II rappelle à l'Église et au monde que le christianisme n'est ni un mythe ni un pieux conte de fées ; Le christianisme commence avec la vie d'hommes et de femmes réels, dans un lieu que vous pouvez voir et toucher aujourd'hui, qui ont été tellement transformés par leur rencontre avec le Seigneur Jésus ressuscité qu'ils sont partis en mission pour convertir le monde et ainsi enseigner le monde, sa véritable histoire et son noble destin.

    6 août 2000 : La Congrégation pour la Doctrine de la Foi publie la déclaration Dominus Iesus, qui affirme que Jésus-Christ, loin d'être un exemple d'une volonté divine de sauver générique qui s'exprime dans différentes personnalités historiques, est l'unique sauveur de l'humanité et centre de l'histoire et du cosmos.

    18 avril 2005 : Lors de la messe pour l'élection du Pontife romain, le cardinal Joseph Ratzinger, doyen du Collège des cardinaux, met en garde contre une « dictature du relativisme » qui menacera l'avenir de l'humanité si le pouvoir politique et juridique est déployé pour imposer une notion abrutissante de vérité sur tout le monde.

    22 décembre 2005 : Lors de son premier discours de Noël à la Curie romaine, le pape Benoît XVI décrit deux interprétations de Vatican II qui se disputent pour l'avenir catholique depuis le Concile lui-même. L’une d’elles était fausse : une « herméneutique de la discontinuité et de la rupture » qui conduisait à la stagnation ecclésiastique et pire encore. L’autre, « l’herméneutique de la réforme », en continuité avec la tradition bien établie de l’Église, était vraie et avait dynamisé un catholicisme vital.

    19 novembre 2011 : Au Bénin, Benoît XVI signe l’exhortation apostolique Africae Munus [L’engagement de l’Afrique], élevant l’orthodoxie dynamique comme la clé de l’évangélisation de l’Afrique subsaharienne, le plus grand domaine de croissance de l’Église du XXIe siècle.

    Si le Synode 2023 doit être un développement de la tradition authentique de l'Église plutôt qu'un autre effort infructueux pour réinventer le catholicisme selon les canons culturels de la post-modernité, ses discussions – ses soi-disant « conversations dans l'Esprit » – doivent prendre pleinement en compte de ces onze moments catholiques cruciaux depuis Vatican II, qui étaient tous des expressions de l'œuvre continue du Saint-Esprit dans l'Église.

    George Weigel est membre émérite du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt livres, dont Témoin de l'espérance : la biographie du pape Jean-Paul II (1999), La fin et le début : le pape Jean-Paul II : la victoire de la liberté, les dernières années, l'héritage (2010). , et L'ironie de l'histoire catholique moderne : comment l'Église s'est redécouverte et a mis le monde moderne au défi de se réformer. Ses livres les plus récents sont The Next Pope: The Office of Peter and a Church in Mission (2020), Not Forgotten: Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021) et To Sanctifier le monde : L'héritage vital de Vatican II (Livres de base, 2022).