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  • Le "droit de vivre jusqu'au bout" : Michel Laigle, 73 ans, porteur d’une maladie auto-immune handicapante et sans rémission possible témoigne

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    De gènéthique.org :

    « Un sommet à conquérir »

    27 septembre 2023

    Fin février, 110 citoyens handicapés, malades ou âgés ont signé un manifeste publié dans le Figaro demandant que soit respecté leur « droit de vivre, de vivre jusqu’au bout » et d’exister tels qu’ils sont (cf. « Manifeste des 110 » : « laissez-nous le droit d’exister, d’exister tels que nous sommes »). Michel Laigle, 73 ans, porteur d’une maladie auto-immune handicapante et sans rémission possible, est l’un d’eux. Il livre à Gènéthique le témoignage de sa vie avec la maladie et nous invite à le suivre.

    Avant la fin de la vie, il y a le chemin, plus ou moins long ou douloureux, qui y mène.

    Je pars ici d’un cancer qui s’est déclaré vers l’âge de 50 ans, il y a maintenant plus de vingt ans, alors que j’exerçais comme instituteur dans une école publique. Cancer qui a été traité par une greffe de sang, anciennement appelé greffe de moelle, nécessitant une longue et quelquefois difficile hospitalisation, et surtout l’abandon de mon poste d’enseignant que je n’ai jamais pu reprendre à temps complet.

    Regarder « l’objectif comme un sommet à conquérir »

    En général, je n’ai pas peur des efforts, ni même de certaines souffrances, ayant connu les dépassements de moi-même par le sport, la randonnée en particulier, et surtout la haute montagne. Je n’ai jamais consenti à ces efforts pour le plaisir de la souffrance en elle-même. Je l’ai toujours limitée à ce que je pouvais supporter. J’ai consenti à ces efforts pour la joie de la conquête d’un sommet, d’un paysage, d’une ambiance, et de ce qu’il y a de sublime dans le dépassement de soi-même. J’y ai consenti pour la conquête de l’inutile, comme certains disent à propos d’admirables alpinistes et amoureux de la montagne.

    C’est dans cet esprit que j’ai abordé ces traitements. En regardant l’objectif comme un sommet à conquérir, un sommet appelé la vie.

    Certes, je n’avais pas le choix, mais aucun résultat n’est jamais vraiment garanti. On sait quand on rentre à l’hôpital, on ne sait pas quand, ni comment on en sortira. Abdiquer ? La pensée même ne m’a pas effleuré. Pendant plus de sept mois, j’ai vécu dans un autre monde, avec ma famille comme seul lien à la vie (cf. « La fin de vie n’est pas avant tout un sujet de liberté individuelle mais de solidarité collective »).

    « Être là » et « regarder le présent »

    Le plus dur est l’aujourd’hui, car les effets secondaires indésirables sont handicapants et m’isolent. Ils m’empêchent totalement de pratiquer la montagne, ne serait-ce qu’en randonnée de moyenne altitude, car le souffle ne tient plus. Je ne peux plus pratiquer le chant choral pour la même raison, mais aussi du fait d’une sécheresse buccale totale. J’ai perdu les glandes salivaires.

    Mais il ne faut pas s’inquiéter pour moi. A l’occasion d’un apéritif ou d’un buffet froid entre amis, je trouve mon plaisir à être là au milieu d’eux, avec un simple verre d’eau (cf. « La lourdeur du jour, comme la joie des petits riens »). Pour les repas, il me faut accepter de demander quelques aménagements, et surtout un peu de patience, car il me faut beaucoup plus de temps que tout le monde pour manger.

    Je n’ai pas d’explication à cette sorte de résilience, dont je ne mesure pas le degré, car c’est non mesurable. Pourtant, elle est bien là. Je crois que cela fait partie de la vie, la vie tout-court, parce qu’elle est la vie. En altitude, dans des parois de granit, je m’étonnais de la présence de papillons et de fleurs à butiner. Combien de splendides reportages nous montrent les prouesses de la vie par l’adaptation d’animaux dans les recoins les plus inhospitaliers ?

    Autour de moi chacun respecte, sans chercher à les commenter, ces difficultés quotidiennes, devenues existentielles. J’en parle peu, et mes proches restent discrets, mais toujours prêts au coup de main (cf. « La mort ne sera jamais la solution. La solution c’est la relation »). Le passé en bonne santé revient de temps en temps, mais la puissance de l’esprit c’est de pouvoir s’en détacher, et donc de ne pas sombrer dans quelconque nostalgie ou regret de celui-ci. Regarder le présent tout en essayant d’organiser le futur, qui de toute façon arrivera !

    « Il faut de l’endurance »

    Il m’est arrivé d’aider une personne à franchir le cap de l’hospitalisation. Une femme attendait, comme moi, un rendez-vous dans une salle d’attente. L’air grave, elle regardait par la fenêtre, elle ne s’était pas assise. La conversation s’est engagée malgré tout, et au détour d’une phrase, elle m’a subitement interrompu. « Si vous aviez à refaire les chimiothérapies, les referiez-vous ? » m’a-t-elle demandé. « Bien sûr ! » lui ai-je répondu, « et plus qu’une fois s’il le fallait ! ». Après un court instant, celle-ci m’a dit, et se l’est dit à elle-même autant qu’à moi : « il fallait que je vous rencontre ». La providence a voulu que je la revoie plusieurs années après. Elle était rayonnante, mais je n’ai pas cherché à me faire reconnaître.

    Je ne veux pas pour autant idéaliser ma situation. Certains moments, comme des retours en hospitalisation et des soins lors d’un suivi, font que le quotidien devient de plus en plus dur. J’ai alors l’impression que le sommet est toujours plus loin, comme cela se passe quelquefois en montagne. Il semble s’éloigner. Il faut de l’endurance, mais la partie, je crois, en vaut la peine, et je n’évoque pas l’idée d’interrompre le chemin. J’aurais l’impression d’un abandon de ce qui m’est le plus cher : vivre.

    Salutaire résilience

    Certains disent croire aux forces de l’esprit. C’est ce que je vis chaque jour, jour après jour, sans aucune monotonie, car aucun jour ne ressemble au précédent. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, dit-on, et mes amis sont les témoins de cette espérance.

    Sans ôter aucune souffrance, cette résilience salutaire installe une paix qui n’a pas d’équivalent, et qui aide au quotidien. Elle est nécessaire, et à la fois tout à fait étrangère à ce que je pourrais faire par moi-même. Vivre quotidiennement, un pied en dehors de la vie et l’autre pied dedans.

    Lire également : La rencontre de notre vulnérabilité : première étape, pour devenir humain !

  • L'Inde, la Chine et l'avenir

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    De George Weigel sur First Things :

    27 septembre 2023

    L'INDE, LA CHINE ET L'AVENIR

    Le numéro du 2 septembre de The Spectator présentait une caricature du Premier ministre indien Narendra Modi et du Premier ministre britannique Rishi Sunak à bord d'une fusée ascendante. L'article principal - un aperçu du sommet du G-20 à New Delhi - était intitulé "Le siècle de l'Inde". La plupart des commentateurs du monde entier ont ensuite qualifié le G-20 de "siècle de l'Inde" : Il s'agissait de l'entrée en scène de l'Inde en tant que superpuissance du XXIe siècle, susceptible de défier la Chine en tant que colosse asiatique de l'avenir.  

    Depuis des années, je dis à mes amis que, pour les paris à long terme, il vaut mieux miser sur l'Inde que sur la Chine. J'ai pris conscience du dynamisme économique du sous-continent pour la première fois il y a une vingtaine d'années, lorsque, en essayant de résoudre toutes sortes de problèmes, des erreurs dans les formulaires fiscaux que je recevais aux erreurs sur ma facture de carte de crédit, en passant par les pépins informatiques, je me suis retrouvé à parler à des gens en Inde, un pays qui semblait avoir compris que le monde, à des fins économiques, était devenu un seul et même fuseau horaire. Il y avait aussi l'héritage positif de la domination britannique en Inde : une armée qui ne se mêlait pas de politique, une fonction publique professionnelle, des institutions démocratiques et, surtout, l'État de droit, qui est essentiel à la croissance économique et à l'ordre social, en particulier dans une société aussi complexe, qui est aujourd'hui la plus peuplée du monde.

    En revanche, je pensais que le totalitarisme léniniste profondément ancré dans l'ADN du Parti communiste chinois (PCC) finirait par s'avérer trop fragile pour résoudre des problèmes sérieux (comme cela a été le cas avec l'épidémie de Covid, l'économie chinoise en perte de vitesse et le déclin démographique du pays, lui-même résultat direct de la politique draconienne de l'enfant unique que le PCC a brutalement appliquée pendant des décennies). L'état de sécurité nationale paranoïaque que le PCC est en train de construire, qui a conduit à tout, du génocide des Ouïghours musulmans à l'abrogation des libertés civiles à Hong Kong, en passant par des pressions toujours plus fortes sur l'Église catholique et d'autres communautés chrétiennes, m'a également semblé être l'indicateur d'un régime en déclin.

    C'est pourquoi je n'ai cessé de répéter : "Misez sur l'Inde plutôt que sur la Chine". Aujourd'hui, d'autres ont rejoint le mouvement. Mais à quelques exceptions près, mes collègues partisans du "pari sur l'Inde" semblent ignorer une réalité inquiétante de l'Inde du XXIe siècle, qui pourrait éventuellement affaiblir, voire menacer, la renaissance indienne. Il s'agit du fait que l'Inde devient de plus en plus intolérante, voire violemment intolérante, à l'égard des différences religieuses.

    Le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Modi promeut l'"Hindutva", une idéologie du nationalisme hindou qui, pour certains Indiens radicalisés, signifie la persécution des personnes d'autres confessions. Des centaines d'églises chrétiennes ont été incendiées ces derniers mois par des fanatiques qui votent vraisemblablement pour le BJP. Le parti ne promeut pas activement ces outrages, mais il semble les tolérer et ne fait certainement pas assez pour s'en distancier. Cela soulève de graves questions quant à la détermination de Modi à promouvoir un "modèle indien" de société du XXIe siècle.

    Dans un avenir prévisible, l'Inde restera un pays où les hindous constituent l'écrasante majorité. Mais une Inde qui ne peut vivre la tolérance religieuse ne peut être un modèle universel de stabilité sociale et de progrès. Une Inde où les chrétiens risquent leur vie et leurs biens n'est pas non plus un modèle pour les pays - y compris les États-Unis - dont l'Inde a besoin pour contrer l'agressivité de la Chine. Ceux qui projettent (et célèbrent) une Inde devançant la Chine dans la compétition pour le leadership asiatique devraient insister sur ces points auprès de Modi et du BJP, plutôt que de se contenter de célébrer ses réalisations et celles de son parti.

    Il serait utile que le Saint-Siège s'affirme plus publiquement dans sa défense des communautés catholiques en difficulté en Inde, bien que la courbette continue du Vatican devant la Chine n'incite pas à espérer une ligne plus ferme à l'égard de l'Inde. La récente exhortation du pape aux catholiques chinois à être "de bons chrétiens et de bons citoyens" était, dans l'absolu, tout à fait acceptable. Le problème est que, dans la réalité actuelle, être un "bon citoyen" en Chine signifie prêter serment d'allégeance à la pensée de Xi Jinping (y compris la "sinisation" de toute religion), ce qui est incompatible avec la fidélité à l'Évangile de Jésus-Christ.

    Puisque nous parlons de la Chine, permettez-moi de faire une pause et de rendre hommage à mon ami Jimmy Lai, le prisonnier de conscience catholique le plus connu au monde. À l'heure où vous lisez ces réflexions, Jimmy fête son millième jour d'isolement dans la prison Stanley de Hong Kong. Sa femme est autorisée à lui rendre visite deux fois par mois. Ses enfants ne l'ont pas vu depuis trois ans. Tous attendent une parole publique pour défendre ce martyr blanc de Rome.

    Et comme les réfugiés au début du grand film Casablanca, ils attendent. Et attendent. Et attendent. ...

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Il existe plus que jamais de bonnes raisons de croire

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    Un éditorial de Christophe Geffroy sur le site de la Nef :

    27 septembre 2023

    La foi chrétienne est parfaitement crédible !

    Dans le monde actuel, l’apologétique (1) n’a pas bonne presse. Même dans l’Église, elle a été délaissée et ceux qui persistent à la défendre sont des francs-tireurs sans guère de soutien officiel. Les valeurs aujourd’hui dominantes placent la « tolérance » au sommet, tolérance qui véhicule une conception très relativiste, refusant toute vérité objective – « à chacun sa vérité », comme le dit l’adage. Dans ce contexte, on est vite accusé de « prosélytisme », sous-entendu d’user de moyens de pression illégitimes pour convertir plus ou moins de force. En réalité, l’apologétique s’adresse à la raison, à un être libre capable de recevoir une argumentation et à en juger la valeur probante ou non.

    Le champ de la moisson est immense en France comme en Europe, tant les Occidentaux semblent éloignés de la question de Dieu et détachés du christianisme qui a pourtant largement façonné leur civilisation. Nos contemporains sont-ils de ce fait devenus « athées » ? Je ne le pense pas, il n’est que de voir le succès de l’ésotérisme, de l’astrologie, des nouvelles « religiosités » censées apporter le « bien-être »… La plupart d’entre eux, néanmoins, ne sont-ils pas surtout indifférents à la question de Dieu ? Indifférence qui nous interroge tant cette question nous semble au centre même de toute vie, tant elle oriente notre approche du bonheur, ici-bas et dans l’au-delà. Indifférence qui n’est toutefois pas si surprenante si l’on considère l’environnement des sociétés occidentales totalement tourné vers le matérialisme, le consumérisme, l’exacerbation du désir sans limite, bref une horizontalité qui exclut toute verticalité et tue toute velléité spirituelle. Ajoutons en France une conception répandue de la laïcité qui, méfiante envers la religion, la relègue à la seule sphère privée.

    Je suis persuadé qu’il existe cependant une attente spirituelle considérable dans ce monde sans Dieu.

    Où est l’irrationalité ?

    On reproche souvent à la foi catholique d’être irrationnelle. Mais il est bien plus irrationnel de croire en n’importe quoi ou de juger que Dieu n’existe pas. Il faut être bien naïf aujourd’hui pour penser que la science « démontre » l’inexistence de Dieu, a réponse à tout et peut expliquer l’origine de la vie et lui fournir un sens. Au contraire, l’état présent des connaissances incite à postuler une intelligence directrice, même s’il ne s’agit pas de « preuves » puisque la science et la question de Dieu ne se situent pas au même niveau épistémologique.

    Il existe cependant plus que jamais de bonnes raisons de croire, non seulement en un Dieu créateur, mais plus encore que ce Dieu est celui des chrétiens : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui n’a aucun équivalent dans l’histoire parmi tous les fondateurs de religion, en termes de crédibilité et de sainteté. En effet, pour qui réfléchit posément, il n’y a que le christianisme qui atteste de façon aussi convergente la véracité de la foi, malgré toutes les objections que l’on peut faire sur les défaillances historiques des hommes d’Église – la pérennité de celle-ci malgré les péchés de ses membres militerait d’ailleurs en sa faveur.

    Il n’est pas « léger » de croire

    Saint Thomas d’Aquin l’a admirablement résumé dans sa Somme contre les gentils quand il explique que « ce n’est pas légèreté que de donner son assentiment aux choses de la foi, bien qu’elles dépassent la raison » : « la Sagesse divine […] a manifesté sa présence, la vérité de son enseignement et de son inspiration par les preuves qui convenaient, en accomplissant de manière très visible, pour confirmer ce qui dépasse la connaissance naturelle, des œuvres très au-dessus des possibilités de la nature tout entière : guérison merveilleuse des malades, résurrection des morts, […] et, ce qui est plus admirable, inspiration de l’esprit des hommes, telle que des ignorants et des simples, remplis du don du Saint-Esprit, ont acquis en un instant la plus haute sagesse et la plus haute éloquence. Devant de telles choses, mue par l’efficace d’une telle preuve, non point par la violence des armes ni par la promesse de plaisirs grossiers, et, ce qui est plus étonnant encore, sous la tyrannie des persécuteurs, une foule innombrable, non seulement de simples mais d’hommes très savants, est venue s’enrôler dans la foi chrétienne, cette foi qui prêche des vérités inaccessibles à l’intelligence humaine, réprime les voluptés de la chair, et enseigne à mépriser tous les biens de ce monde. Que les esprits des mortels donnent leur assentiment à tout cela, et qu’au mépris des réalités visibles seuls soient désirés les biens invisibles, voilà certes le plus grand des miracles et l’œuvre manifeste de l’inspiration de Dieu » (2).

    C’est dans cet esprit que nous démarrons en octobre prochain une nouvelle rubrique sur les raisons de croire, en partenariat avec l’association « 1000 raisons de croire ». Et avant cette série qui s’étendra sur plusieurs années, il nous a paru opportun de l’introduire par un dossier centré sur l’apologétique, pour mieux en comprendre le sens, la portée et les enjeux.

    Christophe Geffroy

    (1) Partie de la théologie ayant pour objet d’établir, par des arguments historiques et rationnels, le fait de la révélation chrétienne.
    (2) Cerf, 1993, livre premier, chap. 6, p. 26-27.

  • Arménie : c’est l’avenir du droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire qui se joue

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    D'Elisabeth Geffroy sur le site de la Nef :

    26 septembre 2023

    Arménie : l’abandon coupable d’une sœur de l’Occident

    Depuis l’attaque menée par l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabagh le 19 septembre, aucune sanction d’envergure n’a été prise contre l’agresseur, aucun soutien réel n’a été apporté à l’Arménie, la sœur de l’Occident. En quoi cet abandon est-il grave ? Quelle responsabilité abdiquons-nous ? Que dit-il de nous ?

    « Le peuple arménien ne nous était connu que par les coups qui le frappaient », écrivait en 1916 Anatole France. Le siècle qui nous sépare de cette phrase ne l’a hélas pas rendue caduque, et les coups continuent de pleuvoir. La rayure bleue qui traverse son drapeau symbolise la volonté qu’a l’Arménie de vivre sous un ciel paisible. Paisible, leur ciel l’est hélas bien peu depuis le 19 septembre dernier, depuis que des roquettes et des drones azerbaïdjanais sont venus le troubler, depuis que le hurlement des sirènes le déchire en continu… À l’heure où nous écrivons, des dizaines de milliers d’Arméniens du Haut-Karabagh sont sur les routes, fuyant l’invasion qui menace de n’être que la première étape d’une guerre bien plus totale. Depuis quelques mois, l’Azerbaïdjan les avait déjà affamés et affaiblis : aucune nourriture, aucun médicament, aucun gaz ne passaient plus la frontière du Haut-Karabagh. Mais le blocus n’a pas eu raison de la détermination arménienne ; les troupes de Bakou ont alors envahi ce territoire déjà exsangue par les privations.

    Le destin de l’Arménie… et bien plus encore

    L’Arménie joue une part de son destin sur ces plateaux. Dressé sur leurs hauteurs, le monastère d’Amaras, fondé au IVe siècle par le moine qui a aussi créé l’alphabet arménien, témoigne et crie au monde entier que cette terre est arménienne, qu’elle est le berceau civilisationnel de tout un peuple. Elle n’est que plus arménienne depuis l’invasion et son cortège de morts : arménienne par le sang versé. Et pourtant foulée par des semelles azéries. Mais il se joue davantage encore que le sort d’une nation : c’est « l’avenir du droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire »[1], qui se décide sur ce petit bout de terre. Un pays n’a pas le droit d’envahir son voisin dès lors qu’il le surpasse militairement. Un soldat conquérant n’a pas le droit de torturer des prisonniers, de mutiler des soldats, d’assassiner des civils. Le droit du plus fort ne prévaut pas. Ces principes simples structurent l’ordre international, sur eux repose la fragile paix du monde. Dès lors, quand un agresseur entreprend de rayer de la carte et de l’histoire son voisin et que la communauté internationale détourne les yeux, c’est cet ordre-là tout entier qu’elle laisse se défaire. Theodore Roosevelt avait tiré la leçon du génocide arménien : « le massacre des Arméniens fut le plus grand crime de la guerre [1914-1918], et ne pas agir contre la Turquie revient à le tolérer. Hésiter à prendre radicalement parti contre l’horreur turque signifie que toute parole garantissant la paix dans le monde à l’avenir n’est que baliverne », écrit-il en 1918.

    Les malheurs de l’Arménie auraient-ils lassé notre pitié ?

    Voulons-nous vraiment, à nouveau, « hésiter à prendre radicalement parti » contre le sombre plan d’Ilham Aliyev qui ressemble en tous points à une épuration ethnique ? Leur sang crie-t-il en vain à nos oreilles ? Les malheurs de l’Arménie auraient-ils lassé notre pitié ? L’Europe creuse le lit de son déshonneur quand elle annonce vouloir acheter plus de gaz à l’Azerbaïdjan. Quand un sursaut nous saisira-t-il enfin, quand allons-nous dénoncer le contrat pétrolier et gazier honteux qui nous lie les pieds et les mains ? Le silence de l’Occident est d’autant plus assourdissant que l’Arménie, premier peuple au monde à avoir adopté le christianisme comme religion d’État, est « unie à nous par les liens de famille », qu’elle « prolonge en Orient le génie latin ». Et Anatole France de continuer par ses mots qui devraient interpeler tous nos dirigeants : « nous comprîmes enfin que c’était notre sœur d’Orient qui mourait, et qui mourait parce qu’elle était notre sœur et pour le crime d’avoir partagé nos sentiments, d’avoir aimé ce que nous aimons, pensé ce que nous pensons, cru ce que nous croyons, goûté comme nous la sagesse, l’équité, la poésie, les arts. (…) Son histoire se résume dans un effort séculaire pour conserver l’héritage intellectuel et moral de la Grèce et de Rome. Puissante, l’Arménie le défendit par ses armes et ses lois ; vaincue, asservie, elle en garda le culte dans son cœur. »

    Mais comment pourrions-nous nous rendre compte que l’Arménie est notre sœur et que c’est un morceau de notre civilisation qu’elle incarne et défend ? Nous ne savons même plus que nous sommes l’Occident, et qu’ailleurs certains « gens sans importance »[2] ont, eux, gardé le sens de qui ils sont et de ce à quoi ils tiennent.

    Heureusement, le peuple arménien n’oublie pas ce que symbolise la rayure rouge de son drapeau : la lutte continue pour la survie, pour le maintien de la foi chrétienne, pour l’indépendance et la liberté de leur patrie. « Un peuple qui ne veut pas mourir ne meurt pas. »[3]

    Elisabeth Geffroy

    [1] François-Xavier Bellamy au Parlement européen le 20 septembre 2023.
    [2] William Saroyan, Mon nom est Aram (1940).
    [3] Anatole France, discours prononcé le 9 avril 1916 à la Sorbonne.

  • Transition de genre : une étude scientifique met en garde contre les risques du « changement de sexe » chez les enfants

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    De zenit.org :

    Une étude scientifique met en garde contre les risques du « changement de sexe » chez les enfants

    Rapport publié par l’Association médicale catholique des États-Unis

    L’un des aspects les plus frappants du rapport est sa référence à une étude de suivi menée en Suède, portant sur 324 adultes ayant opté pour une transition de genre. Par rapport à un groupe témoin, les participants à l’étude présentaient un taux de mortalité significativement plus élevé.

    Washington, 22 septembre 2023 – Un récent rapport publié par l’Association médicale catholique des États-Unis a mis en lumière une question de plus en plus préoccupante dans le domaine de la médecine et de la santé mentale : la chirurgie de réassignation de genre sur les mineurs. Ce rapport détaillé a déclenché un appel à la réflexion sur l’orientation des politiques médicales à l’égard des enfants souffrant de dysphorie de genre.

    L’association basée en Pennsylvanie a exhorté les organisations médicales à reconsidérer leur position sur la promotion de la chirurgie de réassignation sexuelle pour les mineurs. Elle affirme, en effet, qu’il existe un certain nombre de « préjudices physiques et psychologiques graves et durables » qui peuvent affecter ces jeunes à l’âge adulte.

    L’un des aspects les plus frappants du rapport est sa référence à une étude de suivi réalisée en Suède, portant sur 324 adultes ayant opté pour une transition de genre. Par rapport à un groupe de contrôle, les participants à l’étude présentaient un taux de mortalité significativement plus élevé. Cette augmentation de la mortalité était en grande partie due à une augmentation des décès par maladie cardiovasculaire et par suicide. En outre, davantage de tentatives de suicide et de séjours dans des unités psychiatriques ont été enregistrés dans ce groupe.

    Ces résultats ont ravivé le débat éthique sur le traitement de la dysphorie de genre chez les mineurs. La question clé soulevée par le rapport est de savoir si la transition de genre doit être la première option de traitement pour ces enfants et adolescents. Les médecins affirment que, d’un point de vue éthique, rien ne justifie de privilégier la transition comme première option de traitement.

    Le rapport explique que la dysphorie de genre est un trouble psychiatrique qui doit être traité avec bienveillance et dans un esprit de collaboration. Les professionnels de la santé mentale, en collaboration avec des parents aimants, doivent jouer un rôle central dans le traitement de cette pathologie, en apportant le soutien nécessaire et en évaluant toutes les options thérapeutiques disponibles.

    En définitive, ce rapport jette un éclairage critique sur un sujet complexe et controversé de la médecine moderne. Il soulève des questions importantes sur la sécurité et l’efficacité de la chirurgie de réassignation sexuelle chez les mineurs et souligne la nécessité d’une approche plus prudente et réfléchie du traitement de la dysphorie de genre chez l’enfant et l’adolescent. La communauté médicale et la société dans son ensemble sont confrontées au défi de trouver un équilibre entre le respect de l’identité de genre de chaque individu et la garantie de son bien-être physique et mental tout au long de sa vie.

  • Des évêques instrumentalisent-ils la crise des abus sexuels ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Les évêques instrumentalisent-ils la crise des abus sexuels ?

    26 septembre 2023

    Les évêques de Suisse continuent de lutter contre les retombées d'une crise des abus sexuels dans leur pays.

    Samedi, le président de la conférence épiscopale, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, a accordé une interview au journal Neue Zürcher Zeitung, soulignant l'engagement des évêques en faveur d'une réforme institutionnelle après qu'un rapport indépendant a trouvé des preuves de mauvaise gestion et de dissimulation des cas d'abus cléricaux dans les diocèses suisses. 

    En promettant que des leçons avaient été tirées du scandale actuel, Mgr Gmür, qui, comme plusieurs autres évêques suisses, a fait l'objet d'appels à la démission, est allé plus loin que la promesse de nouveaux processus et de nouvelles politiques. 

    L'évêque a profité de l'interview et des retombées de la crise pour appeler à la fin du célibat des clercs, à l'ordination des femmes et à l'adoption par l'Église d'une "nouvelle morale sexuelle". L'évêque a également promis de défendre ces réformes à Rome le mois prochain, lors de la réunion du synode sur la synodalité.

    Bien que les déclarations de Mgr Gmür aient été controversées dans leur contenu et par rapport à l'enseignement de l'Église, elles s'inscrivent dans un schéma désormais bien établi lorsque les crises d'abus commis par des clercs se propagent après la vague initiale survenue aux États-Unis.

    Mais alors que les évêques et d'autres personnalités de l'Église continuent d'appeler à des changements doctrinaux et disciplinaires majeurs en réponse aux abus sexuels commis par des clercs, il n'y a toujours pas de lien démontré avec les problèmes qu'ils sont censés résoudre. 

    Au contraire, les commentaires des évêques semblent refléter une acceptation désormais établie des abus sexuels commis par des clercs comme un problème qui peut être instrumentalisé pour faire avancer un programme de réforme distinct. La portée de ce programme au cours du prochain synode dépend presque entièrement du pape François.

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    Dans son interview, publiée ce week-end, Mgr Gmür a commencé par défendre la manière dont les évêques suisses ont traité les cas d'abus au cours des dernières décennies, en soulignant les réformes procédurales adoptées par la conférence en 2002, lorsque la question a été portée à l'attention du monde entier à la suite du scandale Spotlight aux États-Unis.

    Ces politiques ont été "continuellement améliorées au fil des ans et adaptées à la réalité", a déclaré l'évêque, tout en vantant les mesures supplémentaires qu'il a mises en place dans son propre diocèse de Bâle. "C'est pourquoi il y a moins de cas d'abus qu'auparavant", a déclaré l'évêque.

    De nombreux évêques peuvent compatir à l'expérience de devoir défendre le succès de réformes relativement récentes tout en acceptant de rendre des comptes pour des manquements plus importants dans le passé. Et il est vrai que dans les pays qui ont mis en œuvre de nouvelles procédures au cours des 20 dernières années, comme les États-Unis, les cas d'abus sexuels commis par des clercs ont diminué. 

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  • Vous vous sentez déprimé ou triste ? Récitez cette prière de Padre Pio

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    Vous vous sentez déprimé ou triste ? Récitez cette prière de Padre Pio

    "Restez avec moi, car j'ai besoin de votre présence pour ne pas vous oublier", voici une partie de la prière de Padre Pio

    26 septembre 2023 (ACI Prensa).

    "Reste avec moi, car j'ai besoin de ta présence pour ne pas t'oublier", c'est une partie de la prière écrite par Saint Pio de Pietrelcina et recommandée dans un article publié sur le site du diocèse de Celaya (Mexique) pour les personnes qui souffrent de dépression ou qui éprouvent une profonde tristesse.

    Cet article a été rapporté par l'agence digitale ACI. "Quelle que soit la manière dont vous êtes entré dans un état dépressif, quelle que soit l'histoire qui vous y a conduit, la clé dans ces moments sombres est de tendre la main, de chercher le contact avec Dieu", peut-on lire.

    L'auteur de l'article publié en 2018 a également indiqué que "l'état d'obscurité et de dépression n'est pas un vide", mais "un espace plein de connaissances devant lequel nous sommes momentanément aveugles". "Lorsque nous essayons de l'atteindre par nous-mêmes, nous sommes parfois trop épuisés pour continuer à approfondir et succombons ainsi à des vagues de désespoir", a-t-il ajouté.

    "Bien que l'on nous ait enseigné que perdre espoir, c'est tourner le dos à Dieu - ce qui est un péché - il existe un autre élément du désespoir qui passe parfois inaperçu. Il provient de la règle de saint Benoît : "Que Dieu soit glorifié en toute chose".

    "C'est pourquoi, avec la tranquillité de savoir que le Seigneur a pris ma main et que je ne me noierai pas, je lis souvent cette prière, parfois même trois fois dans son intégralité :

    Reste avec moi, Seigneur, car j'ai besoin de ta présence pour ne pas t'oublier.
    Tu sais combien je peux facilement t'abandonner.
    Reste avec moi, Seigneur, car je suis faible et j'ai besoin de ta force pour ne pas tomber.
    Reste avec moi, Seigneur, car tu es ma vie, et sans toi je perds ma ferveur.
    Reste avec moi, car tu es ma lumière, et sans toi les ténèbres règnent.
    Reste avec moi, Seigneur, pour que tu me montres ta volonté.
    Reste avec moi, Seigneur, pour que j'entende ta voix et que je te suive.
    Reste avec moi, Seigneur, pour que je t'aime et que je reste toujours en ta compagnie.
    Reste avec moi, Seigneur, si tu veux que je sois fidèle.
    Reste avec moi, Seigneur, car si pauvre que soit mon âme, je veux qu'elle devienne pour toi un lieu de consolation, un nid d'amour.

    Saint Pio de Pietrelcina, Prière après la Communion.

  • Non à l'épuration ethnique au Haut-Karabakh !

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    Editorial de Jeanne-Emmanuelle Hutin sur le site d'Ouest France :

    Haut-Karabakh : « Non à l’épuration ethnique ! »

    « Il est inacceptable d’abandonner les Arméniens du Haut-Karabakh dans ce huis clos. La Russie qui devait garantir la paix selon les accords a laissé faire l’Azerbaïdjan. » Par Jeanne Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale à Ouest-France.

    27/09/2023

    Dans un odieux silence, un peuple est livré aux mains de ses bourreaux : « S’ils ne partent pas, nous les chasserons comme des chiens, » déclarait le dictateur de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev en 2020 au sujet des Arméniens du Haut-Karabakh (1). Après avoir assiégé pendant dix mois ces 120 000 Arméniens dont 30 000 enfants, l’Azerbaïdjan a attaqué ceux qu’il appelle « terroristes » et « séparatistes ».

    Mais les terroristes ne sont-ils pas ceux qui affament et tirent sur les civils ? Et comment appeler « séparatistes » ces Arméniens vivant sur la terre de leurs ancêtres, le « berceau de l’Arménie » , une région autonome même sous le joug de l’Union Soviétique ? « Nous sommes tués parce que nous sommes Arméniens » , constate Hovhannès Guévorkian, le représentant du Haut-Karabakh en France (2).

    En effet, c’est un « nettoyage ethnique à visée génocidaire » , dénonçait Jean-Louis Bourlanges, le Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. « L’armée azerbaïdjanaise contrôle tous les axes stratégiques et rend toute communication impossible. Nous avons vent d’exactions intolérables, avérées » , explique le chercheur Tigrane Yegavian. Exode contraint. Blessés sans soins. Aucune protection contre les viols, torture, arrestations, pillages et destruction du patrimoine culturel chrétien, l’un des plus anciens du monde.

    Protection internationale

    L’urgence est humanitaire et politique (2). L’ambassadrice d’Arménie en France Mme Tolmajian demande une protection internationale immédiate.

    Mais la Communauté internationale qui n’a jamais reconnu l’indépendance du Haut-Karabakh regarde ailleurs. Elle feint de croire le dictateur Aliev quand il dit que les Arméniens deviendront des « citoyens égaux » alors qu’il réprime de manière sanguinaire toute opposition. Elle fait la sourde oreille aux nouvelles menaces de la Turquie et d’Aliev revendiquant le sud de l’Arménie.

    Il est inacceptable d’abandonner les Arméniens du Haut-Karabakh dans ce huis clos. La Russie qui devait garantir la paix selon les accords a laissé faire l’Azerbaïdjan. Aucune condamnation vigoureuse ne s’est fait entendre même pas de la part du Vatican. Aucune sanction n’est brandie contre le dictateur d’Azerbaïdjan et ses suppôts. Les Européens ont versé 15,6 milliards d’€ à l’Azerbaïdjan en 2022 en échange de son gaz et ils annoncent doubler ces importations d’ici 2027 ! Les intérêts l’emportent !

    Les députés européens protestent : « la faiblesse » et l’inaction des États membres « ont été comprises par Aliev comme un feu vert pour aller de l’avant […] Quelle autre catastrophe devons-nous attendre pour agir ? » , alerte l’eurodéputée Nathalie Loiseau. « S’il n’y a pas une action politique très forte, si on ne fait pas tout pour arrêter la destruction du peuple arménien, l’Arménie est en danger de mort », alerte Mme Tolmajian, ambassadrice d’Arménie en France.

    C’est « la responsabilité du monde d’arrêter ce qui se passe sous ses yeux : le génocide arménien de 2023 » , appelle Luis Moreno Ocampo, ex-Premier procureur de la Cour pénale Internationale (3). Il rappelle que la communauté internationale a l’obligation de prévenir les génocides.

    La passivité honteuse encourage les crimes d’aujourd’hui et prépare ceux de demain. C’est inacceptable. Il est grand temps que la France, membre du Conseil de Sécurité passe des paroles aux actes !

    (1) Haut-Karabakh, Le livre noir, éd. Ellipses

    (2) « Haut-Karabakh : Arméniens en danger », « Liberté & prospective », 25-9-23

    (3) Washington Post le 22-9-22.

  • Migrants : le pape serait-il complètement au sud ?

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    De Louis Daufresne sur "La sélection du jour" :

    Migrants : le pape est-il complètement au sud ?

     « L'Église n'est pas une douane » , s'exclama le pape François à Marseille. La phrase, sans figurer dans son discours, résonna dans sa bouche sur les murs du Pharo comme un cri du cœur lancé aux évêques de la Méditerranée mais aussi à Emmanuel Macron et à Gérald Darmanin. L'aphorisme remua-t-il une opinion ballottée entre la mâchoire d'Antoine Dupont et l'OM écrasée au Parc des Princes ? Pas sûr, d'autant que le président de la République s'empressa de clore le sujet migratoire dès le lendemain soir au JT en disant que  « nous faisons notre part » et qu' « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». .

    Cette séquence, et c'est un comble, permit au locataire de l'Élysée de passer pour un chef plus modéré que le monarque catholique. Le revirement de figures de gauche sur l'immigration, sujet bientôt débattu à l'Assemblée, accrut cette impression de sagesse retrouvée : sur le plateau de C ce soir, Jacques Attali fit un plaidoyer pour les frontières extérieures et Bernard Kouchner déclara sur Radio J qu' "on ne peut pas simplement ouvrir les portes". À neuf mois des élections européennes, alors que l'UE discute du pacte sur la migration et l'asile, un sondage réalisé par Confrontations Europe montre que 50 % des Français sont hostiles à l'immigration légale non européenne. On ne parle même pas des clandestins. C'est dire si le pape stupéfie quand il invite à  « élargir les frontières du cœur, en dépassant les barrières ethniques et culturelles ». Mais déranger, n'est-ce pas le lot des prophètes ?

    On ne peut lui reprocher de faire de la politique ou, plus exactement, d'humaniser la politique, comme ses prédécesseurs, et de monter au front de la dignité humaine. Si le pape ne mettait pas son doigt dans les plaies, nul ne l'écouterait et l'audience de l'Église, y compris dans les media, serait celle du dalaï-lama. François ne veut pas agir comme le prêtre et le lévite du bon Samaritain. Surtout ne pas détourner pas le regard.

    Reste que le discours de François contraste avec celui, plus équilibré, de Benoît XVI jugeant que "les immigrés ont le devoir de respecter les lois et l'identité du pays d'accueil ". S'il postule que  « nos frères et sœurs en difficulté (…) ont le droit tant d'émigrer que de ne pas émigrer », le pontife argentin déroule ensuite un programme à sens unique déjà connu :  « Les migrants doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. » Ces quatre mots disent ce qu'il attend d'une  « responsabilité européenne » devant  « assurer un grand nombre d'entrées légales, régulières et durables ». Point notable : il rejette la tradition républicaine de l'assimilation  « qui (…) reste rigide dans ses paradigmes » pour lui préférer l'intégration, c'est-à-dire venir comme on est.

    François corrige les vieux Européens égoïstes, livrés au  « gaspillage », tentés par les  « nationalismes archaïques et belliqueux » et habités par la peur :  « Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent l'hospitalité, ils cherchent la vie. »  Celle-ci, à ses yeux, s'épanouit dans le brassage : « Dès l'enfance, ''en se mélangeant'' avec les autres, on peut surmonter beaucoup de barrières et de préjugés en développant sa propre identité dans le contexte d'un enrichissement mutuel. »  Douter de ce modèle multikulti, qui montre ses limites comme au Liban, aboutit selon lui au « naufrage de la civilisation ». Ce mot n'est pas la marque déposée d'une Europe fière de son génie et nostalgique de sa puissance ou de ses vieilles pierres. Pour François, « nous ne sommes pas appelés à regretter les temps passés. (…) L'avenir ne sera pas dans la fermeture qui est (…) une inversion de marche sur le chemin de l'histoire. » 

    Chez lui, la migration n'est pas un problème mais la solution à nos problèmes « L'Église n'est pas une douane » sous-tend que toute frontière doit être franchie, alors que l'Église fait sien le principe de séparation, qu'il s'agisse des baptisés et des non baptisés, des clercs et des laïcs, du bien et du mal, du paradis et de l'enfer, etc. Le Vatican est cerné de remparts et de guérites, le chartreux et la carmélite vivent cloîtrés. L'accueil inconditionnel n'existe pas.

    Ce discours recèle trois impensés :

    - l'impensé de l'histoire : comme celle-ci divise, on se focalise sur la famille humaine à l'instant t, sans la vision dynamique faite de projections dans le passé et l'avenir ;

    - l''impensé des origines : celles-ci s'équivalant toutes, elles se fécondent mécaniquement quand elles entrent en contact l'une avec l'autre ;

    - l'impensé du nombre : il ne change pas la nature des problèmes, toute question se résumant à des trajectoires individuelles.

    Ici, le cœur et la raison s'opposent. L'humanitaire pointe les traitements inhumains infligés par la bureaucratie des États européens à des gens pris isolément, quand le politique jauge lucidement le phénomène dans son ensemble et ses répercussions sur la société. Aujourd'hui, ces deux visions ne se parlent ni ne se comprennent.

    Pour aller plus loin :

    Un pape sans concession sur l’immigration

    >>> Lire sur le JDD

  • "Mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants"

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    La tribune d'Inès Pélissié du Rausas publiée sur le site d'Aleteia.org montre que le débat autour de l'EVRAS n'est pas seulement belge et que l'on assiste à une offensive transnationale pour éduquer les enfants à la sexualité "en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement »."

    « L’éducation à la sexualité », un abus sur les enfants

    26/09/23

    Le projet d’«éducation à la sexualité" lancé par l’Éducation nationale (en France) vise moins à informer les élèves qu’à redéfinir le sens de la sexualité, en contournant la responsabilité des parents. Pour Inès Pélissié du Rausas, auteur de "Les parents, l'école et la sexualité - Qui dit quoi ?" (Cerf), mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants.

    Un projet de formation à « l’éducation à la sexualité » a été lancé par le ministère de l’Éducation nationale pour l’année scolaire 2023/2024, à destination du corps enseignant. Il s’agirait de systématiser, du cours préparatoire à la terminale, les trois séances annuelles déjà prévues en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement ».

    Une nouvelle vision de la sexualité

    Comment en est-on arrivé là ? À ses débuts en France, en 1974, l’éducation sexuelle est surtout une information sur la biologie de la « reproduction ». Mais dans les années 1980, la lutte contre le sida conduit à la promotion du préservatif, présenté alors comme moyen de prévention. Cela devient l’occasion de montrer aux jeunes des mises en situation appelant l’usage de ce préservatif, et cela au mépris de l’interdiction de promouvoir des messages à caractère pornographique. 

    En 1996, la circulaire ministérielle « Prévention du sida en milieu scolaire : l’éducation à la sexualité » franchit un pas : il ne s’agit plus seulement d’informer les élèves mais de diffuser une nouvelle vision. Certes, la sexualité humaine est encore déclarée « inséparable de données biologiques », mais sa vision doit être « en ajustement constant », non pas aux réalités de la personne humaine et de son corps sexué, mais aux « situations vécues ». Cette vision intègre et banalise toutes les « pratiques sexuelles » possibles — que Freud appelait dans son Introduction à la psychanalyse des « perversions » — en perdant de vue les deux buts essentiels de la sexualité humaine : la dimension de l’amour et du cœur, l’expression, par l’union dans la chair, de l’amour total et exclusif qui unit les époux et la procréation.

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  • L'offensive des opposants au Synode commence à inquiéter

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    De Juliette Vienot de Vaublanc sur le site du journal La Croix :

    Synode sur l’avenir de l’Église : les opposants passent à l’offensive

    Analyse 

    À l’approche de l’ouverture du Synode sur l’avenir de l’Église, le 4 octobre, les voix plus critiques du processus synodal s’activent pour le discréditer. Ces discours aux accents complotistes restent marginaux, mais pourraient avoir un impact sur la perception du Synode.

    27/09/2023

    Premier tir de barrage public contre le Synode. Un « congrès international » est organisé à Rome, le 3 octobre, à la veille de l’ouverture de l’assemblée convoquée par le pape pour réfléchir à l’avenir de l’Église, sur un thème évocateur : « La Babel synodale ».

    Parmi les intervenants figure le cardinal américain Raymond Burke. Il s’est illustré ces dernières années par son opposition affichée à François. Que ce soit à travers ses « dubia » (doutes) mettant en cause l’exhortation apostolique Amoris laetitia en 2016, après le Synode sur la famille, ou encore ses critiques virulentes, en 2019, du document de travail du Synode sur l’Amazonie, qu’il accusait de contenir « erreurs » et « hérésies ».

    Plus récemment, le cardinal Burke a signé la préface d’un essai au titre très explicite, Le Processus synodal. Une boîte de Pandore, rédigé sous forme de questions-réponses par deux activistes conservateurs, le Chilien José Antonio Ureta et le Péruvien Julio Loredo de Izcue. « La synodalité et son adjectif, synodal, sont devenus des slogans derrière lesquels une révolution est à l’œuvre pour changer radicalement la compréhension que l’Église a d’elle-même, en accord avec une idéologie contemporaine qui nie une grande partie de ce que l’Église a toujours enseigné et pratiqué », condamne ainsi le cardinal américain, qui voit le chemin synodal allemand comme un épouvantail. L’ouvrage, largement diffusé, s’inscrit dans une opération de lobbying pour décrédibiliser le Synode lancé par le pape.

    Le chemin synodal allemand comme épouvantail

    « Le livre explique que le processus synodal est en train de démolir la mère Église, résume Blandine Chelini-Pont, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, spécialiste de l’Église catholique américaine. D’après les auteurs, les néomodernistes et les forces gauchistes seraient en train de triompher dans l’Église actuelle, accusée d’être sous la coupe des théologiens de la libération. »

    Un discours aux accents de guerre froide, fidèle aux origines de l’organisation qui a autoédité l’ouvrage, le puissant lobby « Tradition, famille et propriété », déjà mis en cause pour des dérives sectaires. « Ce réseau a été fondé au Brésil au début des années 1960, comme un bouclier contre les influences supposées du communisme sur l’Église. À ses débuts, il s’est opposé au concile Vatican II, et aujourd’hui il se mobilise contre le Synode », relève la chercheuse.

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  • "Laudate Deum" : la prochaine exhortation apostolique

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    De Vatican News (Johan Pacheco) :

    Laudate Deum, titre de la prochaine exhortation apostolique

    Le titre de la prochaine exhortation apostolique de François sera "Laudate Deum". La Pape en a fait l’annonce en s'adressant aux participants à une réunion de recteurs d'universités latino-américaines, jeudi 21 septembre, avec lesquels il a abordé divers sujets tels que les migrations, le changement climatique et l'exclusion.

    Le Pape François a reçu en audience, jeudi 21 septembre, dans la Salle Clémentine, au Vatican, quelque 200 participants à la rencontre des recteurs des universités publiques et privées d'Amérique latine et des Caraïbes, promue par le Red de Universidades para el Cuidado de la Casa Común (Ruc) et la Commission pontificale pour l’Amérique latine, les 20 et 21 septembre, sur le thème "Organiser l'espérance", avec la participation de plusieurs préfets et secrétaires de dicastères du Saint-Siège.

    Réfléchissant sur les diverses questions soulevées par les éducateurs, y compris le changement climatique, la migration, la culture du déchet, le Saint-Père les a exhortés à être créatifs dans la formation des jeunes en partant des réalités et des défis d'aujourd'hui. Les recteurs ont posé au Pape des questions sur l'environnement et le climat, auxquelles il a répondu en mettant l'accent sur la déplorable «culture du déchet ou culture de l'abandon». Il a expliqué qu'il s'agit d'une «culture de mauvaise utilisation des ressources naturelles, qui n'accompagne pas la nature vers son plein développement et ne la laisse pas vivre. Cette culture de l'abandon, a-t-il affirmé, nous nuit à tous».

    Le bon usage de la nature

    «Il y a une culture du déchet qui est toujours en cours, un manque d'éducation pour utiliser les choses qui restent, pour les refaire, pour les remplacer dans l'ordre de l'usage commun des choses. Et cette culture du déchet a des répercussions sur la nature». Le Souverain pontife a insisté sur l'urgence de revenir à un usage correct de la nature: «Aujourd'hui, l'humanité est fatiguée de ce mauvais usage de la nature et doit retrouver le chemin d'un bon usage. Et comment utiliser la nature? je dirais un mot qui peut sembler étrange: en dialogue; en dialogue avec la nature».

    À cette fin, le Pape a exhorté les universités à créer des réseaux de sensibilisation: «À ce stade, vous utilisez un mot très beau, qui est “organiser l'espérance”. Récupérer et organiser l'espérance», a déclaré François, «j'aime cette phrase que vous m'avez dite et on ne peut que la considérer dans le contexte de l'écologie intégrale, dans cette dimension selon laquelle les jeunes d'aujourd'hui ont droit à un cosmos équilibré et ils ont droit à l'espérance, et nous devons les aider à organiser cette espérance, à prendre des décisions très sérieuses dès maintenant».

    La nature est pour tous

    Le Pape François a également fait allusion à une "culture régénératrice", l'identifiant comme le fruit «d'une crise économique qui n'est pas toujours au service du développement des plus nécessiteux. Je dirais que parfois, ou souvent, elle n'est pas au service du développement de tous et crée davantage de personnes dans le besoin. C'est une culture de l’expropriation, nous avons tous le droit d'utiliser la nature, de dominer la nature pour la faire grandir et l'utiliser au service du bien commun».

    François  a exprimé sa préoccupation concernant «certaines universités scientifiques abstraites» qui «n'utilisent pas la réalité mais la science, une science abstraite, pas réelle, et qui procèdent donc en fonction de théories économiques, de théories sociales, tout est théorie, mais elles n'arrivent jamais» à la réalité des plus nécessiteux. «Les laissés-pour-compte, les exclus, sont des hommes et des femmes, des peuples entiers que nous laissons dans la rue comme des déchets, n'est-ce pas? Nous devons prendre conscience que nous n'utilisons les richesses de la nature que pour de petits groupes, à travers des théories socio-économiques qui n'intègrent pas la nature, ni les laissés-pour-compte».

    "Laudate Deum", titre de la prochaine exhortation apostolique

    François a appelé à des alternatives pour aider à surmonter la crise environnementale et a cité en exemple l'utilisation de panneaux solaires pour fournir de l'électricité dans plusieurs bâtiments du Vatican dont la salle Paul VI. «Nous devons être très créatifs dans ces domaines pour protéger la nature», car l'électricité est évidemment produite à partir de charbon ou d'autres éléments, qui créent toujours des problèmes dans la nature elle-même, et «les jeunes que nous formons doivent devenir des chefs de file convaincus s sur ce point».

    Dans sa réflexion, le Pape a également annoncé le nom de sa prochaine exhortation apostolique: “Laudate Deum”, qui sera publiée le jour de la fête de saint François d'Assise, le 4 octobre: «un regard sur ce qu’il s'est passé et dire ce qu'il faut faire», a-t-il déclaré.

    La dégradation de l'homme et de l'environnement vont de pair

    Le Saint-Père a également dénoncé le processus de dégradation que subit l'humanité: «Il y a un processus de dégradation de l'environnement, nous pouvons le dire en général. Mais cela mène vers le bas, vers le fond du ravin. Dégradation des conditions de vie, dégradation des valeurs qui justifient ces conditions de vie, parce qu'elles vont ensemble». Et d’expliquer que «l'inégalité» est également «évidente dans le manque d'accès aux biens de première nécessité, et de là découlent toutes ces visions qui sociologiquement, en fait, sans les nommer, font des femmes, des peuples indigènes, des Africains, des personnes avec moins de capacités».

    L'une des formes de dégradation et d'inégalité dénoncées par le Pape François est «l'extractivisme», c'est-à-dire l'accaparement des ressources naturelles. «Lorsque ce modèle “extractiviste” progresse et pénètre dans les personnes», a-t-il souligné, «j'extrais la dignité des personnes, et cela se produit. Un modèle “extractiviste” géologique, pour ainsi dire, n’est jamais isolé, il est toujours accompagné du modèle “extractiviste” humain. La dignité de la personne est extraite, la réduisant en escalve»«Faites entrer cela dans la tête des enfants, dans l'éducation aux valeurs, afin qu'ils sachent comment évaluer ces situations et qu'ils puissent dire clairement que cela s'appelle de l'esclavage».

    La politique comme vocation la plus noble

    Face à cette situation, le Pape a appelé les recteurs d'université à promouvoir l'éducation aux valeurs humanistes et au dialogue fraternel, en aidant les étudiants à «entrer en politique» comme une «noble vocation». «N'oublions pas que la vocation la plus noble de la personne humaine est la politique. Formons nos jeunes à être des hommes politiques, au sens le plus large du terme. Pas seulement pour agir dans un parti politique, qui est un petit groupe, mais pour avoir une ouverture politique et être capable de dialoguer avec des groupes politiques avec maturité. La politique n'est pas une maladie. À mon avis, c'est la vocation la plus noble d'une société, parce que c'est elle qui fait avancer les processus de développement».

    Une réponse humaine et chrétienne à la crise migratoire

    Le Successeur de Pierre a également évoqué la crise migratoire actuelle: «Le drame migratoire que connaît l'Europe aujourd'hui est extrêmement grave. Et il ne peut pas être résolu par une société d'entraide. Il y a là une question humaniste et chrétienne; une question humaniste et une décision politique, il y a des décisions qui sont humaines et chrétiennes».

    «Je vous demande, a dit le Pape aux recteurs, par respect pour l'humanité qui souffre, d'affronter ce problème dans vos universités, mais avec sa densité humaine». «En résumé, je vous dis que les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si nous ne parvenons pas à intégrer le migrant, nous échouons», a-t-il ajouté. «Je veux dire tout cela à propos des migrants parce que le problème des migrants me tient très à cœur», a encore dit François affirmant ensuite que «ce qui se fait aujourd'hui, ici en Europe, en les renvoyant, est criminel. Et je ne veux pas utiliser d'euphémismes, je dis les choses telles qu'elles sont».

    Les trois langages humains: la tête, le cœur et les mains

    Après avoir passé en revue toutes ces situations, le Pape a rappelé que la tâche des universités ne devait pas se limiter à «enseigner des choses», mais à «former les garçons et les filles aux trois langages humains, celui de la tête, celui du cœur et celui des mains. Pour qu'ils apprennent à penser ce qu'ils ressentent et ce qu'ils font, à ressentir ce qu'ils font et ce qu'ils pensent, et à faire ce qu'ils ressentent et ce qu'ils pensent». En conclusion, en remerciant l’assistance, François a résumé son propos en invitant les universités à être «créatives face à la réalité et aux défis, éducatrices et pas seulement distributrices d'informations».