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Actualité - Page 231

  • Dix années qui ont beaucoup détruit et presque rien créé

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    De Dan Hitchens sur First Things :

    DIX ANS DE PAPE FRANCOIS

    13 mars 2023

    Dix ans après le pontificat du pape François - il a salué pour la première fois depuis le balcon de Saint-Pierre le 13 mars 2013 - il a été analysé, loué, critiqué et interviewé ad nauseam. Il a commencé la décennie en étant adulé par les médias du monde entier et l'a terminée en étant dénoncé par Jordan Peterson. Des livres, des articles, des discussions sur Twitter ont jailli de cerveaux surchauffés. Pourtant - et je m'inclus dans le lot - personne, absolument personne, n'a réussi à le comprendre.

    Pendant un certain temps, dans ces premiers jours grisants, l'explication semblait assez simple : c'était un jésuite orthodoxe rude et prêt, un vétéran du travail pastoral réel dans les barrios de Buenos Aires, qui était prêt à prendre des risques et à faire des déclarations provocantes au service de l'Évangile. Il acceptait les doctrines les plus dures de l'Église sans poser de questions et les proclamait sans broncher, mais il voyait qu'elles risquaient de ne pas être entendues si elles n'étaient pas prêchées avec un véritable radicalisme : le radicalisme de Jésus-Christ, qui a dîné avec des collecteurs d'impôts et des prostituées, qui a choqué les religieux respectables de son époque par ses paroles scandaleuses, qui a vécu parmi les plus pauvres des pauvres et qui a fait de leur vie la sienne. 

    Cela aurait été bien. Mais c'est loin de décrire les dix dernières années. Au lieu de cela, la simplicité de l'enseignement de notre Seigneur a été presque enterrée sous une avalanche d'interviews non officielles, de documents semi-officiels, de notes de bas de page à moitié oubliées et d'apartés sibyllins, le tout au service d'une ambiguïté déconcertante. L'histoire a été racontée si souvent - par les cardinaux les plus haut placés (ici et ici), les théologiens et philosophes les plus sérieux (ici, ici, ici, ici, ici et ici), les observateurs journalistiques les plus perspicaces (ici, ici et ici) - qu'il n'est guère utile de la répéter. Il suffit de dire que le commentaire définitif sur l'époque a été donné par cette penseuse merveilleusement succincte qu'est Alice von Hildebrand lorsqu'elle a fait la remarque suivante : "Je prie Dieu de me prendre avant que je n'aie le temps de m'embrouiller".

    Le pape est-il donc, pour reprendre une deuxième théorie, un catholique libéral avec un plan astucieux ? En parlant de manière si ambiguë de doctrines telles que l'indissolubilité du mariage, la nécessité de l'Église pour le salut et l'immoralité de la contraception, a-t-il préparé le terrain pour l'abandon de ces enseignements en faveur d'une bouillie humanitaire édifiante ? En promouvant des personnalités aussi rebelles et dogmatiquement contestées que les cardinaux Hollerich et McElroy, a-t-il effectivement montré qu'il souhaitait refaire l'Église à leur image ?

    Encore une fois, la preuve ne va pas plus loin. En effet, le pape François a aussi, de temps à autre, brisé les espoirs des libéraux - refusant d'imposer des clercs mariés "viri probati" à l'Amazonie, approuvant la condamnation par la CDF des bénédictions homosexuelles, serrant le poing lors du synode allemand. De temps en temps, il fait appel avec une profonde émotion à des thèmes aussi peu libéraux que la réalité effrayante de l'activité démoniaque et la place centrale de la Sainte Vierge dans la vie chrétienne. Ce n'est pas ainsi que le pape James Martin - que Dieu nous préserve - se conduirait dans l'exercice de ses fonctions.

    Cette contradiction a conduit certains observateurs à suggérer une troisième théorie : que ce pontificat est mieux compris, non pas en termes de croyances qui l'animent, mais comme la poursuite et la conservation d'un pouvoir pur et simple. Il est amusant de constater que la sympathie pour cette théorie unit les critiques traditionalistes purs et durs du pape à un commentateur aussi sophistiqué que le romancier irlandais Colm Toíbín, qui écrit dans la London Review of Books que François s'inscrit dans la tradition argentine du péronisme. "Tout l'intérêt du péronisme réside dans le fait qu'il est impossible de l'épingler", écrit Toíbín. "Être péroniste ne signifie rien et tout à la fois. Cela signifie que l'on peut parfois être d'accord avec les choses mêmes que, dans d'autres circonstances, on n'approuve pas vraiment". 

    Les adeptes de la théorie péroniste soulignent le nombre curieux d'incompétents, d'énergumènes et d'agresseurs sexuels qui se sont attirés les faveurs du pape. Cela ne suggère-t-il pas qu'il aime avoir près de lui des personnes qui dépendent totalement de lui - une stratégie dictatoriale classique ? Une fois de plus, il y a la décadence de l'État de droit à Rome, qui a amené le cardinal George Pell, l'ancien tsar des finances du pape, à déclarer que le Vatican est "sans loi". On pourrait également noter que, à la manière d'une véritable tyrannie, des institutions fortes ont dû être déstabilisées ou dissoutes dans d'autres pays. L'Ordre de Malte, la communauté de la messe en latin, l'église souterraine de Chine, les maisons religieuses contemplatives, l'Académie pontificale pour la vie - partout où ce pontificat trouve quelque chose de solide, il le fait fondre dans l'air.

    Mais j'hésite sur la théorie du dictateur. En partie pour des raisons sentimentales : Il ne fait aucun doute que les catholiques peuvent critiquer le pape dans certaines circonstances inhabituelles, et il ne fait aucun doute que les circonstances actuelles sont bien plus qu'inhabituelles. Néanmoins, il reste le père de tous les catholiques, le descendant direct de saint Pierre à qui les clés du royaume des cieux ont été remises, et il mérite non seulement mon amour, mais aussi le bénéfice du doute aussi longtemps que je pourrai le lui accorder. Il est difficile de croire à un compte rendu aussi cynique d'un pontificat qui a parfois été le contraire du cynisme : surtout lorsque le pape est revenu à son grand thème de la "société du jetable", sa position solitaire contre un système mondial qui, des ateliers clandestins aux cliniques d'euthanasie, traite les personnes vulnérables non pas comme l'image du Christ, mais comme des déchets inutiles. Cette magnifique critique sera l'un de ses héritages les plus significatifs.  

    Y aura-t-il d'autres héritages positifs de ce pontificat ? Je pense que nous sommes obligés de prier pour qu'il y en ait. Quant à la première décennie, malgré le mystère qui l'entoure, son héritage peut se résumer simplement : dix années qui ont beaucoup détruit et presque rien créé.

  • La Marche pour la Vie, c'est bientôt

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    La Marche pour la Vie, c'est bientôt


    La Marche pour la Vie aura lieu 2 avril 2023 !

    • 2 avril 2023
    • 14h00
    • à Bruxelles (lieu exact à déterminer avec les autorités locales)

    Pourquoi nous marchons

    • L’arrêt de la Cour suprême des États-Unis, 40 ans après Roe v. Wade, a renversé sa décision erronée et a clairement reconnu que le droit constitutionnel à l'avortement n'existe pas. Les États-Unis nous donnent à tous un grand espoir ; mais nous, en Belgique, pouvons nous attendre à un activisme (public) pour faire reconnaitre l'avortement comme un droit constitutionnel. En effet, une proposition d'inscrire un droit à l'avortement dans notre constitution a déjà été déposée à la table du législateur constitutionnel. En France, d'ailleurs, c'est la même chose. Descendons ensemble dans la rue pour faire reconnaître qu'un droit à l'avortement n'existe pas et pour demander que notre attention soit portée sur des moyens clairs et concrets qui placent au centre de vraies solutions pour la femme et son enfant à naître.
    • Non seulement la vie à naître est sous pression, mais la vie de nos personnes âgées et malades est également d'autant plus méprisée. Cependant, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Belgique en 2022 pour une violation du droit à la vie en raison d'un contrôle a posteriori inefficace des cas d'euthanasie. Nous demandons que le parlement belge réforme enfin la commission d'évaluation de l'euthanasie, ce que la Marche pour la vie demande depuis des années, et qu'il s'abstienne de nouvelles extensions de la loi, par ex. l'euthanasie pour les personnes atteintes de démence.
    • Il y a quelques années, la gestation pour autrui était encore condamnée par le Parlement européen, mais récemment des tentatives ont été faites pour imposer la gestation pour autrui à tous les États membres européens en obligeant chaque pays à reconnaitre la filiation par GPA établie dans un autre État membre (où cela est permis par la loi). La Commission européenne essaie d'étendre ses propres pouvoirs et nous demandons donc à la Commission de s'en abstenir, et nous demandons au Parlement belge, au contraire, de préciser que toute GPA est une violation des droits de l’enfant et des principes de l’indisponibilité et la non-commercialisation du corps humain.

    http://www.marchforlife.be/

  • RDC : l’Eglise catholique et les églises protestantes réclament plus d’attention de la part de l’UE et spécialement de la Belgique

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    Lu sur le site web de « La Libre Afrique » :

    EVEQUE-1.jpgLes deux principales confessions religieuses congolaises, la catholique et les protestantes, ont demandé jeudi à l’Union européenne et à ses États membres – et en particulier à la Belgique – une « implication sincère » à l’égard de la République démocratique du Congo (RDC), un pays en proie à des décennies de violences et qui doit organiser des élections générales à la fin de l’année. Une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), principale fédération protestante du pays, a mené durant quatre jours une « mission de plaidoyer » à Bruxelles, auprès de responsables belges et européens, rencontrant notamment l’archevêque de Malines-Bruxelles, cardinal Jozef De Kesel, et le nonce apostolique auprès de l’Union européenne, Mgr Noel Treanor.

    Les délégués des deux églises ont ensuite, lors d’une conférence de presse, dénoncé une « grave détérioration » de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et surtout dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, avec une ‘multiplication » des groupes armés, locaux et étrangers.

    Avec de « graves conséquences », a souligné le secrétaire exécutif de la commission justice et paix de la Cenco, le père Clément Makiobo.

    Selon les deux églises, depuis 2021, au moins 10.100 personnes ont été massacrées et plus de quatre millions d’autres ont été déplacées, alors que de graves violations des droits humains ont été enregistrées.

    « À cause de cette insécurité, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne peut organiser les opérations électorales en cours (l’enregistrement des électeurs qui se déroule dans l’ensemble du pays, ndlr) dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyaragongo » dans le Nord-Kivu, ont souligné la Cenco et l’ECC dans une déclaration conjointe.

    Elles déplorent que la paix ne soit pas encore rétablie dans cette région en dépit des nombreuses initiatives militaires – comme le déploiement d’une force régionale de la communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) – et diplomatiques, comme des médiations menées par le Kenya et l’Angola entre les présidents congolais et rwandais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et Paul Kagame.

    RDC : l’Eglise catholique et les églises protestantes réclament plus d’attention de la part de l’UE et spécialement de la Belgique

  • RDC : échec du cessez-le-feu et diplomatie en panne

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    RDC 7141ad3d86b5d46b6ec1a949f5720ff21675742715.jpgLes combats se poursuivent dans l’Est du Congo entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise, malgré un nouveau cessez-le-feu  annoncé à Luanda début mars et la faiblesse de son armée oblige Kinshasa à sous-traiter sa sécurité et sa diplomatie. Lu sur le site web « afrikarabia »:

    Comme si de rien n’était. Le sixième accord de cessez-le-feu, censé entrer en vigueur le 7 mars entre le M23 et l’armée congolaise, n’a jamais été respecté. Toute la semaine, les combats se sont poursuivis dans le Masisi, autour de la ville de Sake, dernier verrou d’accès à la capitale provinciale, Goma. Encore une fois, l’armée congolaise et les rebelles du M23 se sont accusés mutuellement d’avoir violé le plan de paix négocié à Luanda. Pourtant, les partenaires régionaux de la communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’Angola dans son rôle de médiateur, et la France qui souhaitait « donner une chance à la paix » selon Emmanuel Macron, avaient tous mouillé la chemise pour tenter de faire aboutir un énième cessez-le-feu. Peine perdue. Le rapport de force, très défavorable à Kinshasa sur le terrain militaire, pousse le M23 à acculer le gouvernement à se mettre à la table des négociations, ce que refuse toujours l’exécutif congolais.

    Isoler Goma

    L’apathie de la force régionale kényane de l’EAC, qui n’a pas levé le petit doigt pour affronter le M23, a fini par convaincre les rebelles qu’ils pouvaient encore accentuer la pression militaire sur les autorités congolaises en continuant d’avancer sur Goma. Si la prise de la capitale régionale de 2 millions d’habitants par le M23 et son parrain rwandais semble être un objectif diplomatiquement trop risqué, l’encerclement de la ville par l’Ouest et son asphyxie économique pourrait être tout aussi payant. Les rebelles ont en effet contourné la zone de Goma par le Masisi, au Nord, avant de redescendre vers le lac Kivu et la ville stratégique de Sake, qui ouvre la route vers le Minova, Bukavu et le Sud-Kivu. Le non-respect du cessez-le-feu et la poursuite des combats autour de Goma n’est donc pas vraiment une surprise.

    Nouvelle promesse de retrait du M23

    A Luanda, le 3 mars, outre un cessez-le-feu, qui ne sera jamais appliqué, le président angolais avait réussi faire accepter un plan de retrait des rebelles. Le calendrier, très souple, laisse jusqu’à fin mars au M23 pour libérer ses positions et se retirer vers ses bases, à la frontière ougandaise. Sur ce point, un communiqué du M23 a annoncé ce week-end son intention de se retirer de Karuba, Muremure, Nyamitima, Nkingo, Kagano et Kihuli. Début 2023, déjà, les rebelles avaient annoncé leur retrait de Kibumba et Rumangabo, dans le Nyiragongo. Un départ relatif, puisque très étrangement, ces positions font de nouveau partie des zones à libérer d’ici le 30 mars. La force de l’EAC, qui se renforce bien timidement de Burundais et d’Angolais doit occuper le terrain laissé par le M23, se transformant en une simple force tampon, très contestée par la population locale qui dénonce un risque de « balkanisation » de la région.

    Sous-traitances extérieures

    Militairement, le M23 reste toujours le maître des horloges, laissant Kinshasa chercher ses soutiens à l’extérieur, sans grand succès pour le moment. Face à l’extrême faiblesse de son armée, les autorités congolaises ont sous-traité leur sécurité à l’EAC, dont le Rwanda (soutien du M23) et l’Ouganda (accusé d’avoir facilité l’accès au sol congolais aux rebelles), font ironiquement partie. Sur le plan diplomatique, c’est également l’EAC qui a la main sur la pacification de l’Est congolais, avec le président angolais Lourenço à la manoeuvre. Pour les sanctions contre le Rwanda, Kinshasa cherche aussi l’appui des Nations unis. Lors de la visite d’Emmanuel Macron en RDC, Félix Tshisekedi a encore renouvelé sa demande de sanctions contre l’agression rwandaise.

    « La sortie de ce conflit ne peut être que politique »

    La France, comme les Nations unies, dont une délégation du Conseil de sécurité était au Congo jusqu’à ce dimanche, ont rappelé que Kinshasa ne pouvait pas tout attendre de l’extérieur. Emmanuel Macron avait été très direct, en mettant les dirigeants congolais devant leur incapacité à restaurer la souveraineté de leur pays depuis presque 30 ans. D’une manière presque moins diplomatique, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière, a été plus cash : « Ne vous attendez pas que les Nations-Unies règlent les choses de manière magique et instantanée à la place des autorités congolaises ». Et de rappeler, ce qui est une évidence bien peu populaire au Congo : « La sortie de ce conflit ne peut être que politique, et ne peut se faire que par des négociations ».

    Tshisekedi prisonnier de l’EAC

    Impuissante militairement face au M23, Kinshasa attend donc des solutions de la part de la communauté d’Afrique de l’Est, qu’elle voudrait plus offensive face aux rebelles. Elle attend aussi de fortes sanctions contre Kigali pour obliger le soutien du M23 à sonner la fin de la progression du M23. L’opposant Dellly Sessanga estime que toutes les solutions proposées par Kinshasa ont échoué : état de siège, opérations militaires avec l’Ouganda, ou déploiement de la force de l’EAC. Le candidat à la présidentielle demande « une force internationale adaptée » pour remplacer l’EAC et les casques bleus de la Monusco, cantonnés au rôle de simples spectateurs. Certains experts voudraient voir la RDC s’appuyer sur la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), pourquoi pas soutenue par la France. Il se dit que la Namibie et le Zimbabwe pourraient être susceptibles de s’y impliquer. Un scénario bien trop prématuré, alors que Félix Tshisekedi semble maintenant être complètement prisonnier de son adhésion à l’EAC.

    Christophe Rigaud – Afrikarabia

     

  • L'Eglise d'Allemagne ira-t-elle jusqu'au schisme ? Et l'Eglise de Belgique lui emboitera-t-elle le pas ?

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    Lu sur T.online :

    11.03.2023

    L'Église catholique veut s'engager dans une nouvelle voie. Quelques changements ont été décidés dans le processus de réforme. Pour beaucoup, ce n'est pas encore suffisant.

    La voie synodale a été adoptée en 2019 en réaction à l'étude dite MHG sur les abus sexuels dans l'Église allemande. (Source : Arne Dedert/dpa)

    Les évêques, les prêtres, les religieuses et les laïcs de l'Eglise catholique allemande ont achevé, après trois ans et demi, le projet de réforme de la voie synodale qui a attiré l'attention de l'Eglise universelle. A la fin, samedi, les délégués réunis à Francfort sur le Main ont demandé à une nette majorité l'ordination de femmes comme diacres.

    Tant la Conférence des évêques allemands (DBK) que le Comité central des catholiques allemands (ZdK) ont tiré un bilan majoritairement positif. Bien que de nombreuses résolutions soient en faveur d'une Eglise plus libérale, le président de la DBK, l'évêque Georg Bätzing, ne s'attend pas à la fin de la vague de départs de l'Eglise allemande.

    "Une grande pierre m'a été enlevée du cœur", a déclaré Bätzing à la fin de la cinquième et dernière assemblée synodale. "La voie synodale a fonctionné - malgré tous les grincements de dents et en dépit de tous les mauvais augures. (...) Nous n'avons pas encore pu tout décider, mais les jalons sont posés". On voit que l'Eglise catholique est capable de se transformer.

    La voie synodale a été décidée en 2019 en réaction à l'étude dite MHG sur les abus sexuels dans l'Eglise allemande, afin de regagner la confiance perdue. Depuis, des clercs et des laïcs ont discuté de complexes de thèmes tels que le rôle de la femme dans l'Eglise, la morale sexuelle catholique, la compréhension du ministère sacerdotal, y compris le célibat obligatoire, et les structures de pouvoir de l'Eglise. Au Vatican, on a mis en garde contre une scission de l'Eglise en raison du cours de la réforme.

    Mgr Bätzing et Irme Stetter-Karp, la présidente du Comité central des catholiques allemands, la plus haute représentation des laïcs, étaient à la tête du parcours synodal. Stetter-Karp a déclaré à propos des résultats globaux obtenus que "sans aucun doute, j'aurais souhaité plus". Stetter-Karp a cité comme succès le fait que les femmes puissent continuer à prêcher à l'avenir et que la demande soit adressée au pape d'examiner le célibat obligatoire des prêtres. "Nous n'avons pas réussi à changer réellement les structures de l'Église catholique en Allemagne. Trois ans et demi n'ont pas suffi". Il y a un besoin fondamental de réforme, a averti la représentante des laïcs. "Cette Eglise ne peut pas rester telle qu'elle est".

    Au cours des délibérations en cours depuis jeudi, les membres du synode ont pris 15 décisions au total. L'une des plus importantes est que les femmes pourront à l'avenir également devenir diacres - il s'agit du ministère ordonné le plus bas de l'Eglise catholique et il est inférieur au ministère sacerdotal. La demande plus large de permettre aux femmes d'être également ordonnées prêtres n'a pas pu s'imposer.

    Seul le pape François peut toutefois décider d'autoriser les femmes à devenir diacres. D'autres décisions, comme la bénédiction des couples homosexuels, peuvent être mises en œuvre par les évêques allemands eux-mêmes dans leurs diocèses. Il n'est toutefois pas clair si tous les évêques le feront.

    Diversité de genre dans l'Église

    Un moment d'enthousiasme a eu lieu samedi lorsque l'assemblée synodale dans son ensemble et les évêques ont adopté à une large majorité un texte sur la gestion de la diversité sexuelle. Sur les 197 membres de l'assemblée présents, 170 ont voté pour, 8 contre et 19 se sont abstenus. Parmi les évêques, 38 ont voté pour, sept contre et 13 se sont abstenus.

    La majorité des deux tiers des évêques, nécessaire pour toute décision, a ainsi été atteinte. De nombreux délégués ont applaudi debout après ce résultat, certains agitant des drapeaux arc-en-ciel. "Mon grand, grand respect pour cette conférence épiscopale", a déclaré la religieuse Katharina Kluitmann.

    Au cours des derniers jours, l'assemblée synodale avait déjà adopté plusieurs projets de réforme. Ainsi, elle a décidé à une large majorité d'introduire "rapidement" des célébrations officielles de bénédiction pour les couples homosexuels. Jusqu'à présent, de telles célébrations ont lieu dans une zone grise du droit ecclésiastique. Cependant, de nombreux membres réformateurs de l'assemblée synodale ont critiqué le fait que les projets de décision aient été "édulcorés" et "adoucis" à plusieurs reprises par les évêques.

    Manifestation d'opposants à la réforme

    La communauté des femmes catholiques d'Allemagne a fait savoir qu'elle portait un regard mitigé sur la dernière assemblée synodale. Le mouvement réformateur "Nous sommes l'Eglise" a considéré le résultat comme "une étape décisive vers une Eglise synodale dans le monde entier". Malgré toutes les déceptions, il s'agit d'un "processus exemplaire au niveau mondial" qui doit se poursuivre. Malgré les tentatives répétées de freinage du Vatican et du pape, la voie synodale a réussi son baptême du feu.

    L'évêque Bätzing a déclaré : "La voie synodale ne mène pas à la division et n'est pas non plus le début d'une Eglise nationale". Il souhaite également intégrer les décisions adoptées lors de l'assemblée synodale dans le synode mondial mis en place par le pape François, qui discutera également des réformes de l'Eglise en octobre.

    Samedi, un petit groupe d'opposants à la réforme a manifesté devant la foire de Francfort où se tenait le rassemblement. Sous le slogan "Non à l'hérésie et au schisme", ils ont exigé la démission de Bätzing. Un prêtre portant une barette, un couvre-chef aujourd'hui peu courant chez les ecclésiastiques catholiques, a prié devant une statue de la Vierge Marie, tandis que des banderoles appelaient à s'éloigner des processus de renouveau.

    Et que va faire l'Eglise de Belgique ? On sait que l'évêque d'Anvers, Mgr Bonny, a participé à la dernière session du chemin synodal allemand. Il a été ovationné lorsqu'il a exposé le choix des évêques belges (tous paraît-il) en faveur de l'instauration de cérémonies de bénédiction des unions homosexuelles. Il a même prétendu que le pape n'y était pas opposé.

    "Cet autre regard romain sur l'Allemagne a été illustré à Francfort par l'évêque anversois Johan Bonny. Il a décrit de manière décontractée et divertissante ce que les évêques catholiques belges ont vécu à Rome. Dans l'Eglise catholique belge, les bénédictions religieuses pour les couples de même sexe sont possibles depuis l'année dernière - bien qu'un peu plus d'un an auparavant, la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi avait expressément interdit de telles bénédictions.

    Selon Bonny, cela s'est fait sans bruit. Il y a quelques mois, lors d'une visite des évêques au Vatican, la curie et le pape n'ont pas émis de remarque contraire. "C'est leur décision", aurait dit François. Et il a souligné combien il était important pour lui que les évêques soient unanimes sur ce point. Les propos de Bonny ont montré à quel point l'Eglise catholique est en mouvement. Et elles montrent également à quel point l'appareil romain est imprévisible." (DW.com)

    Si l'Eglise de Belgique s'aligne sur les résolutions du chemin synodal allemand et que celui-ci aille jusqu'au schisme, ira-t-elle jusqu'à suivre l'Eglise d'Allemagne dans cette voie ? Le moins qu'on puisse dire est que la confusion est grande et ce ne sont pas les perspectives ouvertes par le synode sur la synodalité qui vont nous rassurer...

  • Le pape François clarifie : "Je ne suis pas prêt à revoir le célibat sacerdotal mais ce n'est pas un dogme"

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    Ce qu'on pouvait lire sur fanpage.it (Biagio Chiariello) le 11 mars :

    Le pape François ouvert à un revirement sur le célibat des prêtres : "Il pourrait être révisé

    Le célibat est une prescription temporaire, il n'est pas éternel, comme l'ordination sacerdotale", a déclaré le souverain pontife dans un entretien accordé à un portail argentin.

    "Dans l'Église catholique, il y a des prêtres mariés", comme par exemple "dans les Églises catholiques orientales" et donc "il n'y a pas de contradiction à ce qu'un prêtre se marie. Le célibat dans l'Église occidentale est une prescription temporaire". Tels sont les propos du pape François, dans une interview accordée au site internet argentin Infobae et au quotidien local La Nacio, dans laquelle il revient sur certains points sensibles du débat interne à l'Église catholique, comme le célibat des prêtres.

    L'abolir, affirme le souverain pontife, ne servirait pas à augmenter le nombre de vocations. Mais il ouvre une lueur : "Le célibat dans l'Église occidentale est une prescription temporaire, je ne sais pas si elle est résolue d'une manière ou d'une autre, mais elle est temporaire dans ce sens ; elle n'est pas éternelle comme l'ordination sacerdotale, qui est pour toujours, qu'on le veuille ou non.

    "En fait, dans l'Église catholique, il y a des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié. Tout le rite oriental est marié. Tout le rite oriental. Ici, à la Curie, nous en avons un qui a une femme et un enfant. Il n'y a pas de contradiction à ce qu'un prêtre soit marié", a ajouté le souverain pontife.
    À la question de l'intervieweur : "Le célibat pourrait donc être révisé ?", le pape a répondu : "Oui. Oui."

    Au cours de l'entretien, Bergoglio a consacré plusieurs passages aux femmes. Au cours des dix dernières années, celles de son pontificat, le nombre de femmes travaillant au Vatican est passé à 1 165, y compris à des postes de direction. "Le Vatican était autrefois très machiste. Mais cela fait partie de la culture, ce n'est la faute de personne. Il en a toujours été ainsi", a admis Bergoglio, précisant toutefois que "le machisme est mauvais" et que "parfois, le célibat peut vous conduire au machisme". (...)

    Le 12 mars, Antonio Palma, sur le même site, revient sur le sujet :

    Célibat et prêtres, le pape François clarifie : "Je ne suis pas prêt à le revoir mais ce n'est pas un dogme"

    "Je ne suis pas encore prêt à réviser le célibat des prêtres mais c'est une question de discipline", a expliqué Bergoglio, ajoutant : "Rien à voir avec un dogme, mais quelque chose qui aujourd'hui est là et demain ne le sera peut-être plus."

    Après le grand tapage médiatique suscité par son ouverture à une éventuelle révision du célibat des prêtres catholiques, le Pape François est revenu sur le sujet, en précisant sa pensée et en prenant un recul partiel par rapport à ses précédentes déclarations. "Je ne suis pas encore prêt à le revoir", a en effet expliqué le souverain pontife dans une nouvelle interview accordée à un journal argentin, Perfil, à l'occasion du dixième anniversaire de son pontificat

    Le célibat des prêtres, en revanche, "est une question de discipline", a expliqué Bergoglio, ajoutant : "Rien à voir avec le dogme, mais quelque chose qui est là aujourd'hui et qui ne sera peut-être plus là demain". Le pontife semble toutefois certain d'une chose : ce ne sera pas lui qui la révisera dans la suite de son pontificat, mais certains de ses successeurs.

    "Dans l'Église catholique, il y a déjà des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié. Ici, à la Curie, nous en avons un qui a une femme et un enfant. Il n'y a pas de contradiction pour un prêtre à pouvoir se marier", avait déclaré Bergogio dans l'interview précédente. Un concept réitéré par le souverain pontife lors de cette nouvelle conversation.

    Permettre aux prêtres de se marier "est une possibilité qui existe dans l'Église catholique, dans toute la partie orientale de l'Église catholique. Je ne sais pas s'il y aura une ouverture ou non, mais c'est une possibilité qui peut être ouverte. En fait, dans l'histoire de l'Église, il y a eu des concessions locales sur cette question, même de notre part", a expliqué François, ajoutant : "Nous verrons quand le moment sera venu pour un pape de réexaminer la question, je n'ai toujours pas envie de la réexaminer, mais il s'agit évidemment d'une question de discipline et non d'un dogme".

    Poursuivant sa réflexion sur les prêtres, au journaliste qui lui demandait si l'on pouvait être "des bergers à l'odeur de brebis" au Vatican, comme il l'a dit à plusieurs reprises, le pape François a répondu que c'était possible et a rappelé l'exemple du cardinal Casaroli qui, à l'époque de Jean XXIII, en plus de son travail fructueux de haut diplomate, visitait également une prison pour mineurs le dimanche. "C'est la grande politique ecclésiale de l'Église", a-t-il souligné.

  • Qu'est-ce que la sagesse bénédictine aurait à dire à notre monde d'aujourd'hui?

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    De KTO Télévision :

    Qu'est-ce que la Sagesse Bénédictine aurait à dire à notre monde d'aujourd'hui?

    7 mars 2023

  • "Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout" (cardinal Müller)

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    Des propos recueillis par Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Cardinal Müller : « Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout »

    Entretien 

    Dans un entretien accordé à La Croix, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et auteur d’In buona fede. La religione nel XXI secolo (1), estime que le pape François devrait souligner davantage la dimension transcendantale de l’existence humaine. Mais il se défend d’être un « adversaire » du pape.

    12/03/2023

    La Croix : Quel regard portez-vous sur ce pontificat, dix ans après ses débuts ?

    Cardinal Gerhard Müller : Je suis un théologien et mes catégories sont théologiques et ecclésiologiques. Je considère donc que le plus important pour l’Église est d’annoncer l’Évangile de la volonté universelle de Dieu de délivrer tous les hommes du péché et de la mort. En ces temps de sécularisation, ce qui me semble primordial est d’annoncer l’importance fondamentale de Jésus-Christ comme médiateur entre Dieu et tous les hommes.

    La mission d’un pape, comme principe et base visible de l’unité de l’Église dans la foi en Christ, la Parole de Dieu faite chair, comme on peut le lire dans la constitution Lumen gentium de Vatican II, relève donc du plan théologique, plus que du plan sociologique ou social.

    Jésus n’est ni un prophète, ni le fondateur d’une religion. Il est le fils de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut annoncer toutes les vérités de la foi chrétienne : la Trinité, le salut pour tous les fidèles. C’est cela qui constitue la mesure pour évaluer chaque pontificat.

    Le pape François est un prédicateur qui emploie des paroles simples, et a cette capacité de s’adresser aux gens simples, et pas seulement aux théologiens et aux intellectuels. Mais il serait aussi très nécessaire de pouvoir répondre à notre monde moderne, un monde post-chrétien et antichrétien dans lequel nous vivons, particulièrement en Occident, en annonçant Jésus-Christ. L’écologie est un thème important, de même que le climat et les migrations. Mais ces thématiques ne doivent pas faire oublier que l’amour pour le prochain trouve ses fondements dans l’amour pour Dieu. Cette dimension transcendantale, divine, doit être soulignée, plus élaborée.

    Dans votre livre, vous reprochez au pape François de manquer d’un fondement théologique. Pourquoi ?

    Card. G. M. : Le rôle du pape n’est pas forcément de faire de la théologie au sens académique du terme. Mais la dimension théologique et le rappel de la transcendance de l’existence humaine doivent être présents dans le discours. Nous vivons dans un monde marqué par le naturalisme et le sécularisme, qui a oublié la transcendance. Nous avons été créés avec un corps, dans une situation particulière, dans une époque donnée, avec une dimension sociologique.

    Mais nous ne nous arrêtons pas à ces aspects. La mission du pape, mais aussi des évêques et des prêtres, est de transcender cette immanence. C’est en ce sens que le concile Vatican II parle de l’orientation universelle transcendante de l’homme. Cela consiste à humaniser l’homme par la grâce surnaturelle. C’est la mission de l’Église aujourd’hui. L’originalité chrétienne consiste précisément dans l’alliance entre la nature et la grâce, la raison et la foi.

    L’Église a pour mission de donner des réponses concrètes sur tout ce qui concerne les grands défis de notre monde contemporain, comme le transhumanisme ou l’effacement de la différence fondamentale et structurante entre l’homme et la femme. Aujourd’hui, nous sommes face à un nouveau totalitarisme idéologique.

    Pourtant, le pape dénonce régulièrement la culture du déchet et parle de ces questions. Cela n’est-il pas suffisant ?

    Card. G. M. : Le pape parle, par exemple, contre l’avortement, mais il n’existe aucune initiative d’ampleur en la matière. Il faudrait que le Vatican coordonne une défense de l’anthropologie chrétienne. De l’autre côté, ceux qui promeuvent le transhumanisme et la réduction de l’homme à sa seule dimension économique sont très organisés. En dehors de toute dimension philosophique et anthropologique de l’homme.

    Aujourd’hui, nous aurions besoin d’une nouvelle grande encyclique, pour développer une vision morale forte, non pas pour contredire les évolutions modernes, mais pour les intégrer. Nous ne sommes pas contre la médecine et la communication, mais notre rôle est d’humaniser ces moyens techniques. Les techniques sont faites pour l’homme, et non l’homme pour la technique.

    Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes l’adversaire du pape ?

    Card. G. M. : Un évêque ne peut pas être l’adversaire du pape. C’est contre sa mission. Il n’existe aucun théologien ou cardinal qui soit plus favorable à la papauté que moi. J’ai écrit des livres sur la structure sacramentelle de l’Église à la suite de Vatican II. Mais, dans l’histoire, il faut reconnaître que certains papes ont aussi commis des fautes. Cela a par exemple été le cas au Moyen Âge. Certains papes ont aussi passé plus de temps à faire de la politique, par exemple en défendant les États pontificaux, qu’à s’occuper de l’Église du Christ. En son temps, le cardinal Roberto Bellarmino a critiqué les papes, non pas pour déstabiliser la papauté mais pour éclairer sa mission.

    Il est très important que tous les papes disposent de bons conseillers. En effet, un pape est seulement un homme, avec toutes les possibilités et les limites qui sont les siennes, en tant que personne. C’est pourquoi il revient au Collège des cardinaux de préparer les décisions et de conseiller les papes. Et pour cela, il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout et attendent une récompense en retour.

    C’est le cas aujourd’hui ?

    Card. G. M. : Tous ont été nommés par François selon son opinion personnelle, et non en fonction de leurs compétences théologiques et pastorales. C’est un peu la critique entendue de toutes parts.

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    (1) Cardinal Gerhard Müller, In buona fede. La religione nel XXI secolo (« De bonne foi. La religion au XXIe siècle »), avec Franca Giansoldati, Éd. Solferino, 2023

  • Dix ans d'un pontificat contrasté, entre autoritarisme et volonté d'ouverture

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Entre autoritarisme et volonté d’ouverture, dix ans d’un pontificat contrasté pour le pape François

    Après une décennie sur le siège de Pierre, François déconcerte nombre de catholiques par ses décisions. Alors que le pape rêve d’une Église plus «synodale», un vent de contestation venu d’Allemagne vient gâter cet anniversaire.

    Ce lundi, François passe le cap d’une décennie sur le siège de Pierre. C’est un jour férié au Vatican. À 8 heures, il célèbre une simple messe quotidienne, qu’il a voulue à l’abri des regards, dans la résidence Sainte-Marthe, en compagnie des cardinaux exceptionnellement invités. Discret liturgiquement, François s’est en revanche montré prolixe médiatiquement ces derniers jours. Il a accordé de multiples interviews à la presse: six en deux jours, du jamais vu. Il s’efforce de justifier son action car il sait l’Église catholique tourmentée, divisée sur son pontificat.

    À Rome, cet anniversaire révèle les flatteurs et déprime les aigris: «C’est le prophète vraiment adapté à notre temps», assure Mgr Vincenzo Paglia, un de ses prélats italiens de confiance. «Ce pontificat est une catastrophe», avait au contraire affirmé, sous anonymat, le cardinal australien George Pell. Des propos qui ont été authentifiés après sa mort, le 10 janvier dernier. Le cardinal brésilien Scherer, lui, reconnaît que l’actuelle situation est «antagoniste et polarisée» dans l’Église.

    Dix années… L’âge de la maturité pour un pontificat. Les contours de l’action du pape sont précis, les promesses cheminent, les fruits apparaissent, les échecs sont connus. Pourtant, le rayonnement et la postérité d’un pape sont tels qu’il est trop tôt pour établir un bilan. L’ampleur spirituelle échappe à la mesure des géomètres. Pour l’heure, seul un état des lieux est possible. En commençant par la genèse du pontificat: son élection, qui éclaire cette décennie.

    Les cardinaux les plus âgés, qui célèbrent la messe d’anniversaire autour du pape, ne manqueront pas de se souvenir du 13 mars 2013. Après cinq tours de scrutin, par 85 voix (20 pour le cardinal italien Scola, 8 pour le cardinal canadien Ouellet, 2 pour le cardinal italien Vallini), le cardinal Bergoglio, argentin, était élu 266e pape de l’histoire de l’Église catholique.

    La méthode est aussi importante que le but

    Mais au premier tour de scrutin, le soir du mardi 12 mars, l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola - favori, considéré comme le candidat de Benoît XVI - était arrivé en tête avec 30 voix, devant Bergoglio, 26 voix, Ouellet, 22 voix, O’Malley, archevêque de Boston, 10 voix, et Scherer, brésilien, 4 voix. Les données chiffrées de ce conclave sont extraites d’un livre de référence sur le sujet, rédigé par le journaliste anglais Gerard O’Connell, ami personnel du pape actuel, L’Élection du pape François, publié en 2019 en anglais, et un an plus tard en France (Artège). Des données fiables.

    On sait par d’autres sources jamais démenties que, en 2005, le cardinal Ratzinger avait été élu pape avec 84 voix et que son outsider, un certain Bergoglio, avait recueilli 26 voix. Il est capital de saisir que ces 26 cardinaux réformistes, déjà à la manœuvre en 2005 et représentant un quart des électeurs, ont maintenu le même bloc uni en 2013 pour soutenir leur candidat jésuite. Ils avaient alors bénéficié, pour renverser la vapeur, de la division et de la déroute des classiques et des conservateurs, encore sidérés par la renonciation inattendue de Benoît XVI.

    Le pontificat d’un pape d’une «Église pauvre pour les pauvres», comme il l’annonçait trois jours après son élection, en ayant choisi le nom de François en référence au «Poverello» d’Assise, pouvait alors s’annoncer comme foncièrement réformateur, même si la mise en œuvre allait s’avérer très prudente.

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  • Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

    13-03-2023

    Les dix années de pontificat de François, entre tactiques marquées par le mouvement, primat de la praxis, pastoralisme, relativisme moral : des processus qui auraient dû produire quelques vérités nouvelles, ont en réalité scandalisé, embrouillé les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Et la synodalité, le nouveau dogme, est la synthèse d'un processus dans lequel le moyen compte plus que la fin.

    La décennie de pontificat de François qui s'achève ces jours-ci a suscité un vif mécontentement. C'est comme si quelqu'un était intervenu pour bouleverser toutes les cartes sur la table, laissant tout le monde sans voix tant pour la méthode utilisée que pour les nouveaux contenus concernant des points très sensibles de la foi catholique. Méthode et nouveaux contenus se répondent, au point que la méthode devient contenu et vice-versa.

    Ce fut dix ans de tactique marquées par le mouvement : dire et ne pas dire, affirmer et se rétracter, avancer en disant que l'on recule, faire dire aux autres ce que l'on voudrait dire soi-même, ouvrir et fermer, accepter et condamner, dire et contredire. Au moment où l'on croit avoir compris, François est passé à autre chose. Une de ses interviews venait d'être lue et il en avait déjà donné une autre d'une teneur différente. Dans les entretiens avec Scalfari, on ne sait jamais très bien ce que l'un a dit et ce que l'autre a dit. Les citations de la Bible et du Magistère, souvent partielles et inexactes, les notes de bas de page utilisées pour provoquer de grands changements sans les faire apparaître, les phrases aux mille nuances, l'amour pour ceux qui sont loin et le bourrage d'oreille pour ceux qui sont proches, les commissariats interminables, les interventions politiques, la protection de personnages douteux, la promotion des doutes de la foi faite sans cultiver aucun doute... voilà quelques exemples d'une méthode qui a suscité la perplexité.

    Il est illusoire d'attribuer cette façon de faire au seul tempérament personnel de Bergoglio ou à son jésuitisme. Les changements destinés à rattraper deux cents ans de retard par rapport au monde ont certes nécessité des actes officiels de modification du contenu, comme Amoris laetitia ou la déclaration d'Abu Dahbi, mais aussi des changements dans la praxis et les modes de pensée qu'ils induisent. La relation circulaire entre praxis et théorie, pastorale et doctrine, n'est en effet pas un chapitre particulier de ce pontificat, mais sa ligne directrice. C'est pourquoi le trouble s'est également produit par le biais de la communication et d'un changement de perspective sur le contenu.

    C'est précisément parce qu'il comprend la doctrine dans le cadre de la pastorale que François a été intolérant avec les dogmatiques, les doctrinaires, les rigides, et ouvert avec les aventuriers, les innovateurs, les intolérants. Pour cette même raison, son pontificat a été anti-métaphysique. La 'Fides et ratio' Wojtyla-Ratzinger a été efficacement réduite au silence. Dès son élection, François a déclaré que Kasper était "un grand théologien" et Kasper, à la veille des deux synodes sur la famille, a dit aux cardinaux qu'il n'y a pas de divorcés remariés mais tel ou tel couple de divorcés remariés. C'était la déclaration que la réalité et la morale ne se prêtent pas à une connaissance universelle, comme le font les connaissances fondées sur la métaphysique, et que la norme est toujours à l'intérieur d'une situation, de sorte que chaque situation individuelle devait être rencontrée de l'intérieur et non plus jugée. C'est le pastoralisme qui s'est débarrassé de la doctrine, c'est le postulat de la philosophie nominaliste : l'expérience est faite de situations absolument singulières qui ne peuvent donc pas être jugées. Mais le nominalisme, c'est la philosophie de la Réforme protestante. Après Amoris laetitia, en effet, c'est la conscience du sujet qui est au centre de la vie morale.

    Cela fait également taire 'Veritatis splendor'. Au cours de cette décennie, des changements substantiels ont eu lieu dans la théologie morale catholique, tous dans le sens du remplacement du jugement, qui part de la norme et de la réalité, par le discernement, qui part de la situation et de la conscience. Les commandements du Christ se transforment en idéaux, le péché par exclusion de la grâce devient une étape inadéquate de la vie, la nouvelle loi n'exige pas le respect de la loi naturelle, mais la réinterprète, l'Église doit écouter, intégrer, accompagner sur les chemins de l'existence, et rien d'autre. Dans cette praxis sans contenu, ce serait de la proclamation, la référence au contenu serait plutôt du prosélytisme ou de l'idéologie. Cette nouvelle vision de la théologie morale finit par négliger le naturalisme chrétien, déclarant même dépassée la Doctrine sociale de l'Église dans sa version traditionnelle.

    Le pastoralisme a provoqué divers processus qui n'étaient guère guidés par la doctrine, mais qui étaient souvent de nature expérimentale, pensant qu'en ayant une base populaire, ils pourraient intercepter et vivre les suggestions de l'Esprit dans leur cheminement existentiel. Même ces processus, comme le Synode allemand, pour rappeler le plus perturbateur, qui a commencé et s'est ensuite inévitablement compliqué, ont été très déconcertants. Ils n'ont pas été gouvernés à la lumière de la doctrine traditionnelle et au nom de la primauté de Pierre. Ils ont été provoqués et vécus comme des processus qui, à partir d'une confrontation dialectique, auraient dû produire de nouvelles vérités, au moins sur le plan pastoral. Mais au lieu de cela, ils ont scandalisé, confondu les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Les répercussions négatives sur la conception même du rôle de la papauté sont inquiétantes.

    Tous ces éléments ont convergé dans la perspective de la synodalité, qui est peut-être le trait le plus expressif de la décennie qui vient de s'achever. D'une part, elle est proposée comme un nouveau dogme et une panacée, d'autre part, elle est comprise comme une nouvelle aventure dans laquelle l'essentiel est de savoir comment nous vivons ensemble plutôt que pourquoi et dans quel but. Nous revenons ainsi à la confusion entre théorie et praxis, à l'immanence de la doctrine dans la pastorale, à la coïncidence de la méthode et du contenu.

    Il ne fait aucun doute que l'Église se rétablira. Mais les bouleversements ont eu lieu et laissent derrière eux une grande perplexité.

  • Le pape François : L'idéologie du genre est "l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses" aujourd'hui

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    De Courtney Mares sur Catholic News Agency :

    Le pape François : L'idéologie du genre est "l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses" aujourd'hui
     
    11 mars 2023

    Le pape François a déclaré que l'idéologie du genre est "l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses" aujourd'hui.

    Dans un entretien avec la journaliste Elisabetta Piqué pour le quotidien argentin La Nación, le pape François a expliqué le raisonnement qui sous-tend cette déclaration forte.

    "L'idéologie du genre est aujourd'hui l'une des colonisations idéologiques les plus dangereuses", a déclaré le pape François dans l'entretien publié dans la soirée du 10 mars.

    "Pourquoi est-elle dangereuse ? Parce qu'elle estompe les différences et la valeur des hommes et des femmes", a-t-il ajouté.

    "Toute l'humanité est la tension des différences. C'est à travers la tension des différences qu'il faut grandir. La question du genre dilue les différences et rend le monde identique, tout terne, tout semblable, ce qui est contraire à la vocation humaine."

    Le pape François a souvent utilisé le terme de "colonisation idéologique" au cours des dix années de son pontificat, en particulier pour décrire les cas où l'aide financière aux pays en développement a été liée aux contraceptifs, à l'avortement, à la stérilisation et aux idéologies de genre.

    Lors d'une conversation avec des évêques polonais en 2016, le pape François a déclaré : "Aujourd'hui, les enfants - les enfants - apprennent à l'école que chacun peut choisir son sexe. Pourquoi enseignent-ils cela ? Parce que les livres sont fournis par les personnes et les institutions qui vous donnent de l'argent. Ces formes de colonisation idéologique sont également soutenues par des pays influents. Et c'est terrible !"

    Le pape a déclaré à Mme Piqué qu'il n'était pas en train de rédiger une nouvelle encyclique et a nié qu'on lui ait demandé d'écrire un document sur le thème du genre.

    S'il n'est pas en train d'écrire quelque chose sur l'idéologie du genre, le pape a déclaré qu'il parlait de ce sujet "parce que certaines personnes sont un peu naïves et croient que c'est la voie du progrès".

    Il a ajouté qu'elles "ne distinguent pas ce qui est respect de la diversité sexuelle ou des diverses préférences sexuelles de ce qui est déjà une anthropologie du genre, qui est extrêmement dangereuse parce qu'elle élimine les différences, et qui efface l'humanité, la richesse de l'humanité, à la fois personnelle, culturelle et sociale, les diversités et les tensions entre les différences".

    Le pape a souligné qu'il fait toujours la distinction "entre ce qu'est la pastorale pour les personnes qui ont une orientation sexuelle différente et ce qu'est l'idéologie du genre".

    "Ce sont deux choses différentes", a-t-il ajouté.

    Lorsque Mme Piqué a demandé au pape François s'il savait qu'en Argentine, on demandait aux gens d'indiquer sur les formulaires officiels s'ils étaient de sexe masculin, féminin ou non binaire, le pape a répondu que cela lui rappelait le roman "futuriste" Lord of the World, écrit par Mgr Robert Hugh Benson en 1907.

    Il a déclaré que le livre présente l'idée d'"un avenir dans lequel les différences disparaissent et où tout est identique, tout est uniforme, un seul dirigeant du monde entier".

    Dans l'interview accordée à La Nación - la troisième interview papale publiée le 10 mars - le pape François est également revenu sur les dix ans de son pontificat, ses préoccupations concernant la guerre en Ukraine et la raison pour laquelle il ne s'est pas rendu dans son pays natal, l'Argentine.

    À quelques jours du 10e anniversaire de son pontificat, le 13 mars, le pape s'est dit particulièrement heureux de l'héritage de sa "ligne pastorale de pardon et de compréhension des gens, pour faire de la place à tous dans l'Église".

    Interrogé sur les erreurs qu'il aurait pu commettre au cours des dix dernières années, le pape a regretté d'avoir parfois perdu patience.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour l'Agence de presse catholique. Diplômée de l'université de Harvard, elle a réalisé des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Belgique : encore plus d'avortement ?

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    Il n'y en a jamais assez... La lutte sans merci contre le droit du petit d'homme à naître ne connaît pas de répit.

    Lu sur le site de la Libre :

    Vers une extension du droit à l'IVG au-delà de douze semaines ? Les recommandations d'un comité d’experts sur l'avortement

    Le comité interuniversitaire a remis son rapport concernant l’étude et l’évaluation de la loi et de la pratique de l’avortement en Belgique, à la demande de la majorité Vivaldi au fédéral.

    10-03-2023

    Le comité interuniversitaire multidisciplinaire indépendant a remis, vendredi, une synthèse et une liste de recommandations aux députés de la majorité Vivaldi, après une année de travail. Suppression du délai de réflexion de six jours, décriminalisation des patientes, prolongation de la durée actuelle de douze semaines à minimum dix-huit semaines post-conception, des évolutions considérées comme nécessaires par le comité scientifique.

    Un débat de longue haleine

    La loi Lallemand-Michielsen a été adoptée en 1990. Il y a plus de trente ans. La volonté de réformer la législation sur l’interruption volontaire de grossesse divise les députés de la Chambre depuis au moins trois législatures. Les experts consultés justifient cette volonté par l’expérience accumulée dans le domaine depuis lors, mais également par l’évolution de la place et de l’autonomie de la femme. La loi a été remaniée en 2018, mais reste jugée incomplète par beaucoup.

    Cette législation de 2018 n’autorise toujours pas, explicitement, l’avortement. Des conditions sont à respecter pour suspendre les poursuites judiciaires. On peut citer le délai de réflexion obligatoire de six jours et le délai maximum de douze semaines pour procéder à l’avortement. Ces conditions sont contestées par plusieurs partis. Pour les assouplir et dépénaliser complètement la loi, huit partis (les socialistes, les libéraux, les écologistes, le PTB et Défi) se sont accordés sur des amendements à une proposition de loi du PS. C’était en 2019.

    Des recommandations proches des amendements proposés

    Les amendements concernaient, entre autres, la réduction du délai de réflexion imposé à 48 heures, une dépénalisation complète de l’avortement pour les femmes et médecins, et la possibilité d’avorter jusqu’à dix-huit semaines. Le CD&V a mis son veto à cette proposition du PS et a même décidé d’en faire une condition à sa participation au gouvernement Vivaldi. Ce qui explique qu’elle ait été mise “au frigo”. Les députés attendaient ce rapport pour que la proposition revienne à l’agenda de la Chambre.

    Les nouvelles recommandations ne sont pas toutes si éloignées des amendements à la proposition du PS, datant de 2019. Certaines diffèrent, tout de même. Concernant les sanctions pénales, par exemple, le comité scientifique est favorable à la décriminalisation explicite des femmes, mais pas à celle des médecins. Pour les médecins, les experts recommandent de préférer des sanctions spécifiques à l’application d’infractions pénales générales.

    Pas de droit à l’avortement dans la Constitution

    Le comité d’experts souligne que leur rapport n’a pas été influencé par la révocation par la Cour suprême américaine d’un droit constitutionnel fédéral à l’avortement. D’ailleurs, les membres du comité semblent sceptiques quant à l’idée d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. Ils craignent que l’inscription du droit aille de pair avec une diminution de la lutte contre l’avortement clandestin. Ils le rappellent, “l’enjeu est la place et le soutien des femmes dans la société civile”.