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Belgique - Page 215

  • L'heure des cruelles désillusions

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    De Béatrice Delvaux, Rédactrice en Chef du Soir, ces excuses présentées à son fils, à sa fille, dont on retiendra de beaux éclairs de lucidité mais qui témoignent malheureusement de cette obstination à soutenir la dérive de l'Occident sur des chemins qui ne conduisent nulle part (avortement, euthanasie, mariage homosexuel...):

    «Mes excuses»: lettre à mon fils, à ma fille

    Après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. Cela fait 20 ans que je te mens. 

    Cher toi,

    Ce matin, j’ai hurlé, en traversant notre ville du nord au sud. Je ne pouvais arrêter mes larmes. Je voulais me boucher les oreilles, je n’en pouvais plus d’entendre les sirènes.

    Mais après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. De te demander pardon.

    Cela fait 20 ans que je te mens. Je n’ai qu’une excuse : cela fait 20 ans que je crois mon mensonge. Je t’ai vendu ce monde comme celui des possibles, du grand voyage, de ces espaces que tu allais, toi, pouvoir arpenter, de ces peuples que tu allais, toi, rencontrer. Moi qui avais pris l’avion pour la première fois à 15 ans, moi qui avais vu l’Amérique à 22 ans, moi qui avais appris l’anglais en cours de route et le néerlandais quand il fallait.

    Moi qui étais certaine que nous t’avions épargné la guerre, en la rangeant dans les livres d’histoire ou dans les anecdotes que ta grand-mère ou ton grand-père te racontait depuis leur village natal. Nous étions tellement certains de les avoir enterrés, les démons qui avaient fait les camps de concentration, les génocides, le napalm, le goulag. Goulag ? Tu as même cru que je parlais d’un plat hongrois. On en a tant ri, tu te souviens ?

    Pourquoi aurions-nous eu peur? Nos parents l’avaient faite, eux, la guerre, mais ils avaient aussi, dans la foulée, fait la paix. Elle avait même pris la forme de cette Europe qui devait être le garde-fou en béton de nos folies, de nos dérives. Ce monde que nous t’avons promis, nous y croyions vraiment, pour la bonne raison que nous l’avions vu advenir. 

    Nous avons vu tomber les murs, les idéologies, les barrières et pas que commerciales. Moi, ta mère, j’ai profité de l’égalité croissante avec les hommes, de ces droits conquis et transcrits en lois. Moi, ton père, je n’ai pas dû faire mon service militaire dont j’ai vécu les derniers spasmes. Car l’heure n’était plus aux armées, mais aux consciences. L’heure n’était plus à envahir le voisin pour le soumettre, mais à y séjourner, à y séduire, à apprendre la langue de l’autre, en tente, en caravane ou en camping-car d’abord, sac à dos façon Routard ensuite et puis sous le couvert de cet Erasmus que tu devrais – devais ? – enfourcher dans quelques mois.

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  • Appel du Pape contre les cruelles abominations des attentats terroristes de Bruxelles

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    Appel du Pape contre les cruelles abominations des attentats terroristes de Bruxelles

    Cité du Vatican, 23 mars 2016 (VIS). Au terme de la catéchèse de ce mercredi, le Pape a renouvelé ses condoléances pour les attentats de la veille à Bruxelles et a lancé un appel pour que toutes les personnes de bonne volonté s'unissent dans une condamnation unanime de cet acte cruel. "J'ai suivi le coeur meurtri les tristes informations des attentats terroristes commis hier à Bruxelles qui ont fait de nombreuses victimes et blessés -a-t-il dit-. J'assure de ma prière et de ma proximité le cher peuple belge, tous les proches des victimes et tous les blessés. Je lance de nouveau un appel à toutes les personnes de bonne volonté pour qu'elles s'unissent dans une condamnation unanime des ces cruelles abominations qui sèment seulement la mort, la terreur et l'horreur. Je demande à tous de persévérer dans la prière et de demander au Seigneur, en cette Semaine sainte, de consoler les coeurs affligés et de convertir ceux des personnes aveuglées par le fondamentalisme cruel, par l'intercession de la Vierge Marie". Le Pape a invité les personnes présentes à réciter un Je vous salue Marie et a ajouté: "Et maintenant, en silence, prions pour les morts, pour les blessés, pour leurs familles et pour tout le peuple belge".

  • J'en ai soupé des larmes, du pathos et des paroles creuses

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    De Koz, sur son blog :

    Assez pleuré

    Les attentats se suivent et se ressemblent. Les réactions également. Nous pleurons, nous "n'avons pas peur" - "not afraid", parce qu'on est polyglottes - nous communions dans la répétition de symboles dérisoires et inoffensifs. La Belgique pleure, la Commission européenne pleure, l'Europe pleure, Tintin pleure et Gaston Lagaffe aussi, pour faire bonne mesure. Dans les minutes qui suivent l'attentat, Twitter se met en chasse du dessin de presse qui le disputera au déjà lénifiant "Je suis Charlie". On félicitera Plantu pour sa réactivité. Ça, c'est du professionnalisme, et l'embourgeoisement de la réaction populaire et spontanée.

    Des symboles Belges ? Un cornet de frites - avec, au passage, un doigt d'honneur, la vulgarité remplaçant désormais l'éloquence - une bière, et la BD. Désolé, amis Belges, nous voulions bien célébrer votre apport à l'histoire de l'humanité, mais nous avons surtout pensé aux frites. Ça va, ne le prenez pas mal, je ne dénigre pas la Belgique : quand nous avons été frappés, nous ne nous sommes pas élevés plus haut. Le niveau culturel moyen est tel qu'il peine à dépasser la bouffe.

    Plus d'indulgence nous conduirait à penser que le message sous-jacent est celui-ci : les barbares n'auront pas la peau de nos plaisirs, et nous continuerons de vivre comme avant, jusque dans les détails insignifiants de nos vies. Mais j'aimerais être convaincu que ce n'est pas que nous sommes incapables de dépasser le stade de cette insignifiance, et je ne le suis pas.

    J'étais à Bruxelles le 16 novembre et je me souviens avoir été touché à la vue de cet immeuble illuminé aux couleurs de la France, raison pour laquelle je ne néglige pas la valeur symbolique de l'illumination de la Tour Eiffel aux couleurs de la Belgique. Et que les Belges ne s'y trompent pas : je suis bien de cœur avec eux, dans un sentiment de proximité fraternelle que j'ai toujours éprouvé, même en l'absence d'épreuve. J'ai la même exigence pour eux que pour nous, et nous prenons conscience aujourd'hui de notre profonde solidarité dans l'adversité. Les frissons qu'ils ont ressentis hier, de crainte et de prise de conscience mêlés, je les ai ressentis aussi.

    Mais j'en ai soupé des larmes. Soupé du pathos. Du compassionnel dans lequel on excelle. Assez de fournir aux terroristes et à leurs sympathisants le spectacle qu'ils espèrent, le tableau qu'ils attendent. Privons-les de la jouissance de ces scènes, même si cela suppose de faire violence à l'inclination sirupeuse de nos sociétés et de nos médias, de nous priver de l'auto-contemplation de notre statut de victimes - ultime collier d'immunité de notre époque. Aujourd'hui, c'est la colère qui prend la place. La colère, pas la haine. Mais la détermination.

    Une jeune Belge demandait hier : "pourquoi nous détestent-ils tant ?" C'est vrai, on est gentils : alors, pourquoi ils sont méchants ? Ce jour de novembre, à Bruxelles, écoutant un chauffeur de taxi m'expliquer le monde, la France et la Belgique, échangeant avec quelques-uns, il me semblait aussi percevoir cette incrédulité à l'idée que Bruxelles puisse être touchée (même si elle s'imposait) : comment serait-ce possible, chez nous, qui n'imposons plus rien à personne, chez nous, si tolérants ? Laurent Joffrin, lui, publiait hier un éditorial exemplaire. Sacrifiant à Pathos, il titrait sur le chagrin. Et, comme en novembre dernier, lorsque, anxieux de voir remis en cause le magistère moral d'une certaine gauche médiatique, il évoquait les quartiers du 10ème, quartiers de la bourgeoisie bohème, dans lesquels il ne voit que tolérance et fraternité, voilà qu'il pleurait "Bruxelles sans ordre, sans plan, sans arrogance et sans haine, Bruxelles la bigarrée, la cosmopolite, la ville de l’accueil, la ville de l’effervescence et de la création" (("sans ordre, sans plan, sans arrogance et sans haine" : il y aurait matière à (psych)analyse, dans ce rapprochement)). Peut-être faudrait-il considérer que cette si fameuse tolérance a viré à une indifférence exempte de respect, à une absence de véritable dialogue tant nous refusons d'être quoi que ce soit, de peur d'exclure un autre, tant nous refusons de considérer sérieusement ce que l'autre est, trop satisfaits de le tolérer ?

    Laurent Joffrin écrit : "c'est l'heure du sursaut". Paroles creuses. Pour être efficace, un sursaut doit pouvoir prendre appui sur un sol stable. Sans cela, ni nous n'apprenons pas à consister un peu plus, à redonner un peu de substance à la France et à l'Europe, à marquer intellectuellement, culturellement, artistiquement, politiquement l'histoire de l'humanité autrement que par Charlie, un verre en terrasse, ou la lecture de BD un cornet de frites à la main, nous ne ferons que sursauter. Et pleurer.

  • #Bruxelles… Chez nous

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    Le message d’Eric de Beukelaer, Curé-Doyen de Liège (rive gauche) :

    "Voici ce que j’écrivais au soir des attentats du Bataclan : « Nous le savons : la guerre contre le terrorisme n’épargne personne. Le monde est devenu un village et les conflits s’exportent. Ce soir, Paris saigne. Notre cœur aussi. D’autres attaques sont possibles, voire probables… Demain ou dans un mois. Aucune métropole européenne n’est à l’abri. Aucun lieu n’est totalement sécurisé. Aucun terrorisme ne peut être totalement contrôlé. Comment réagir ? Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu. Contre la terreur, ni peur, ni haine. Restons debout. Soyons citoyens. Ce soir, Paris saigne. Mais la ville-lumière se redressera. Soyons solidaires. Nous sommes Paris. »

    Ce matin, c’est chez nous. Les pensées, larmes et prières vont vers les victimes – encore inconnues – et leurs familles. Dans les rues de Liège, pour la première fois, je marche en regardant derrière moi. J’essaie de joindre un proche, qui habite la capitale. Réseaux saturés. Pourtant, au cœur du marasme et de la stupeur, le message reste le même : Contre la terreur – ni peur, ni haine. Restons debout. Soyons citoyens. La cible, c’est la démocratie. Ce sont nos libertés qui sont visées. Contre ceux qui veulent renvoyer l’humanité aux ténèbres, réagissons en criant notre amour de la lumière.

    Et pour les chrétiens, qui me lisent – encore ceci : Nous sommes entrés dans la semaine sainte, la semaine de la Croix, qui ouvre sur la Résurrection. En cette heure de Pâques sanglantes à Bruxelles – où, une fois de plus, c’est l’innocent qui est visé – soyons témoins d’Espérance."

    Ref. #Bruxelles… Chez nous

    JPSC

  • Les attentats de ce 22 mars 2016 à Bruxelles

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    Le dessin de Plantu

    Vu sur le site web de "7sur7"

    JPSC

  • Des milliers de jeunes vont surfer sur les réseaux et s'identifier à leurs pairs qui mettent l'Europe au tapis

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    De LaLibre.be (Laurence Bertels) :

    "Les jeunes qui vont voir sur Internet que la Belgique est au tapis vont être encore plus motivés"

    La fascination des jeunes va encore s'accroître suite aux attentats de Bruxelles selon le neuropsychiatre Philippe van Meerbeeck. Entretien.

    Neuropsychiatre et psychanalyste, Philippe van Meerbeeck s'intéresse plutôt à la psychologie des kamikazes, à la fascination qu'ils exercent sur les non convertis. Cette fascination, selon lui, va encore s'accroître suite aux attentats perpétrés à Zaventem et à la station de métro Maelbeek ce mardi 22 mars. Puisqu'on est clairement, dit-il, dans la logique de la surenchère. Ce grand spécialiste de l'adolescence, professeur émérite à la Faculté de médecine de l'Université catholique de Louvain (UCL), regrette que certains médias s'intéressent surtout aux victimes et pas assez aux mécanismes de la conversion de jeunes. Cette presse-là ne joue pas, en ce sens, son rôle éducatif. 

    Il est, entre autres, l'auteur de “Mais qu'est-ce que tu as dans la tête?” (Ed. Racine), un ouvrage éclairant sur la soif d'idéal de l'adolescence et sur les raisons qui entraînent les jeunes, souvent belges, à s'engager dans l'Etat islamique (Cf La Libre du 4/ 11 et La Libre.be du 15/11). Nous l'avons interviewé deux heures après les attentats.

    Philippe van Meerbeeck, vous pensez donc à la politique de la surenchère suite à l'arrestation de Salah Abdeslam ?

    Tout à fait. Les jeunes convertis, d'origine musulmane ou non, sont très fort dans la loi du Talion, dans « l'oeil pour oeil, dent pour dent », dans celle de la main coupée au voleur. Si on porte atteinte à Ben Laden ou à quelqu'un qui passait pour héroïque comme Salah Abdeslam, la vengeance s'impose. Il faut venger le martyr, il est insupportable pour les islamistes de voir comment on a appréhendé Salah Abdeslam, comment cette arrestation a attisé la haine. Mais il ne s'agit là que du sommet de l'iceberg. Car les faits sont cumulatifs et les jeunes qui vont voir sur Internet que la Belgique est au tapis vont être encore plus motivés.

    La Belgique aurait-elle dû être plus discrète suite à cette arrestation ?

    Nous avons connu un week-end « cocorico ». La Belgique a retrouvé ses couleurs après avoir été montrée du doigt. D'où cette vengance sanglante et fascinante pour les jeunes non convertis.

    Comment s'en sortir ?

    C'est un cercle vicieux, un engrenage. Daech va revendiquer cet attentat avec des formules faisant référence aux Juifs, aux Croisés, à l'Europe. Pour lui, il faut que cette Europe soit réduite à la terreur. C'est un monde qui doit s'écrouler.

    Vous reprochez à une certaine presse de ne pas jouer son rôle...

    Elle n'aide pas les gens à mieux comprendre l'arrière-fond. Dans tous les commentaires qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, j'ai vu trop peu d'analyses des revendications. Pourquoi l'apocalypse ? Quel est le discours qui sous-tend la revanche de Daech en Occident aujourd'hui ? Rien n'est laissé au hasard. Il est fondamental de bien expliquer cela. On parle de stress post-traumatique, de la peur, mais on ne dit rien sur les milliers de jeunes qui sont du côté des kamikazes.

    Les médias ont le devoir de donner des analyses intellectuelles pour comprendre les idées qui se trouvent derrière des termes comme « Apocalypse », « lutte contre les mécréants ». Ces discours de Daech ne sont pas assez commentés. Tout le monde a peur. On est de nouveau au niveau 4 . Des milliers de jeunes vont surfer sur les réseaux et s'identifier à leurs pairs qui mettent l'Europe au tapis. Il faut être très attentif à cela.

    Quelle va être la réaction de Salah Abdeslam aujourd'hui ?

    On dit qu'il collabore. Je pense que maintenant, il va se taire complètement pour ne pas mettre sa vie en danger. On est en train de recevoir une belle douche froide. Mais le cerveau n'est pas Salah Abdeslam. Ce sont des universitaires convertis, des « blancs aux yeux bleus » très sûrs de leur démarche, désireux d'instaurer le grand califat, de restaurer la Sharia, de revenir au Moyen Age musulman. De très nombreux adolescents sont fascinés.

    Comment arrêter ce processus ?

    C'est très compliqué. Je suis en train d'écrire un nouveau livre sur le sujet mais le travail est immense. Il faut donner les moyens aux jeunes de ne pas se laisser manipuler.

  • La Belgique sous les coups des djihadistes

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    Voir sur cathobel.be :

  • Liège, 25 mars : Chemin de Croix du Vendredi Saint dans les rues de la Ville

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    Communiqué de presse

    Vendredi saint – Chemin de croix dans les rues de Liège, 5° édition

    Vendredi 25 mars, est la date du vendredi saint : mémoire pour les chrétiens de la mort de Jésus sur la croix, deux jours avant sa résurrection à Pâques. La Pastorale Urbaine organise pour la cinquième année consécutive, un chemin de croix dans les rues de la ville. Chapeauté par les doyens des deux rives de la ville (Rive-droite, doyen Jean-Pierre Pire et rive-gauche, doyen Eric de Beukelaer), il sera présidé pour par Mgr Jean-Pierre DELVILLE, évêque de Liège.

    Le chemin de croix partira à 18h de l’église Saint-Pholien pour arriver à 19h15 à la Cathédrale. Les marcheurs suivront symboliquement une grande croix, porteront des cierges et avanceront en chantant au rythme lent des tambours. L’événement s’adresse à un large public. Chacun peut librement y participer: Liégeois ou non, jeune ou aîné, croyant ou peu, pratiquant ou pas. Le chemin de croix est une prière par les pieds. C’est un message d’amour universel qui s’adresse bien au-delà des habitués des églises. La Pastorale Urbaine remercie l’administration communale et les forces de police. Grâce à leur aimable collaboration, pareille démarche s’organise dans d’excellentes conditions.

    Ensuite : Les participants au chemin de croix seront invités à prolonger leur démarche en participant à l’office du vendredi saint présidé par l’évêque à 19h30 à la Cathédrale. Comme le Vendredi Saint est le jour par excellence pour reconnaître notre imperfection humaine, au terme de l’office celles et ceux qui souhaitent pourront recevoir le sacrement du pardon (la confession).

    Concrètement : RDV à Saint-Pholien le vendredi 25 mars à partir de 17h30. Chemin de croix dans les rues de Liège entre 18h à 19h25. Pour ceux qui le souhaitent : office à la Cathédrale de 19h30 à 20h45, suivi d’un temps libre pour les confessions jusque 21h15. 

    Contact : Pour la Pastorale Urbaine – Doyen Eric de Beukelaer, e.debeukelaer@catho.be GSM: +32(0)474.35.90.27

  • La laïcité, entre rejet et tolérance

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    Lu dans « La Libre » de ce jour :

    « Une opinion de Francis Delpérée, Membre de la Chambre des représentants et professeur émérite de l'Université catholique de Louvain.

    Pas plus que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique, dans tous les sens du terme. "Liberté en tout et pour tous" : cette maxime reste d’actualité dans le domaine des opinions, des croyances et des convictions.

    L’on me dit parfois : "Soyez neutre." Mais comment le serais-je ? Je suis attaché à des valeurs. Je cherche à les partager avec d’autres, sur le terrain politique, économique, social ou culturel. Je défends une langue, une génération, une région et je fais valoir, là où je puis être utile, mon point de vue. J’appartiens par toutes les fibres de mon corps à Louvain et j’essaie de représenter dignement mon Université en Belgique et à l’étranger. Je me préoccupe de l’union des Etats européens et je combats ceux qui préconisent un repli frileux. Je ne m’en cache pas. Je suis engagé. Pas enragé.

    Définitions

    La neutralité s’impose à l’autorité publique et à ses agents. "Les Belges sont égaux devant la loi", dit la Constitution. Il ne convient pas que le citoyen puisse douter de l’impartialité de ceux qui assument les responsabilités de la puissance publique.

    Cette règle est imposée par la Constitution à ceux qui dispensent un enseignement organisé par une Communauté. Elle l’est par la loi ou les règlements aux fonctionnaires et aux magistrats. Le Conseil d’Etat va jusqu’à dire qu’il s’agit là d’un "principe constitutionnel".

    La laïcité, c’est autre chose. Le terme apparaît dans la langue française aux environs de 1870. C’est un produit de la tradition thomiste, réécrit par les Lumières. La laïcité se réfère à un système binaire qu’inspire la formule de Matthieu. D’une part, il doit être permis de "rendre à Dieu ce qui est à Dieu", c’est-à-dire de pratiquer la religion de son choix ou de n’adhérer à aucune d’elles. D’autre part, il faut "rendre à César ce qui est à César", ce qui signifie respecter les autorités de l’Etat, remplir les devoirs que celui-ci impose et utiliser les droits et libertés qu’il consacre.

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  • Liège : Semaine Sainte 2016 à l’église du Saint-Sacrement , Bd d'Avroy, 132

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    Entrée libre. Tous renseignements 04.344.10.89 ou 

    sursumcorda@skynet.be

    consultez aussi le web de l'église ici et

    JPSC

  • Du Rif à Molenbeek : dérives islamistes dans une société libérale

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     Alors que Salah Abdeslam a été arrêté vendredi après-midi à Molenbeek, Pierre Vermeren explique comment ce quartier de Bruxelles est devenu un sanctuaire de l'islamisme. Lu sur FigaroVox :abdeslam.jpg

    « Depuis des années, la Belgique, qui subit le terrorisme islamiste, est pointée du doigt par les services de renseignement européens et maghrébins. Elle abriterait des foyers de radicalisation et de narcotrafic à Bruxelles, à Anvers et en Wallonie. Les autorités marocaines sont très inquiètes devant la radicalisation hors de contrôle de leurs ressortissants, qui versent dans le crime organisé, le salafisme voire le chiisme, en rupture complète avec leur islam. Les géographes questionnent la dynamique de la communauté marocaine de Belgique, majoritaire dans les berceaux du grand Bruxelles, alors qu'à l'inverse de la France et de l'Espagne, la Belgique n'a pas de passé colonial marocain. Pourquoi la Belgique compte-t-elle plus de 500 000 Marocains, 1 habitant sur 20, et pourquoi sont-ils nombreux à verser dans un radicalisme hors de contrôle? L'histoire, l'origine et les activités des Marocains de Belgique expliquent le sanctuaire salafiste de Molenbeek, le Moulin du ruisseau.

    En mars 1912, la France place l'Empire chérifien sous «protection», et concède le nord du pays, le «Rif», à l'Espagne. Ce Maroc espagnol est coupé en deux: le pays jebala arabophone à l'Ouest, le pays berbère du Rif à l'Est. Cette montagne méditerranéenne pauvre et très peuplée vit d'expédients et de trafics marchands, à l'instar de la Corse ou de la Kabylie. Des dizaines de milliers de Rifains s'embauchent chaque année en Oranie française pour travailler la vigne ou dans les mines de la région. Les Espagnols laissent faire. Quand, après la Grande guerre, ils se décident à «pacifier» la région, leur armée se fait massacrer à Anoual en juillet 1921 (12 000 morts). Avec les armes récupérées, Abdelkrim proclame un Etat, la République du Rif, et son armée. En cinq ans de guerre, l'Espagne se déchaîne contre les Rifains, qui reçoivent les surplus de gaz moutarde bradés par l'Allemagne. Mais rien ne venant à bout des Rifains, ils portent la guerre au Maroc français. Lyautey est destitué, remplacé en urgence par Pétain, qui mobilise une armada franco-espagnole ultra moderne, qui débarque à Al Hoceima, répétition du 6 juin 1944. Les Rifains, écrasés par des centaines de milliers d'hommes, reprennent leur exode saisonnier vers l'Oranie. Toutefois, Franco sait les utiliser par dizaines de milliers dans sa guerre d'Espagne pour nettoyer et conquérir au couteau les tranchées et les villes républicaines.

    Lorsque la guerre d'Algérie ralentit puis interdit la migration vers l'Algérie en 1956, la misère s'abat sur le pays, poussant les plus téméraires vers le Nord. Les houillères françaises du nord en plein boum embauchent des milliers de Marocains du Rif, où ils rejoignent les kabyles. A l'inverse de ces derniers, originaires de la région la plus francophone d'Algérie française, les Rifains berbérophones, voire hispanophones, ne pratiquent qu'un français minimaliste. Ils se réfugient dans leur religion austère et conservatrice, hermétique au réformisme musulman qui gagne le Maroc français. Pire, à l'indépendance du Maroc, quand le Rif se soulève pour ses libertés, le Rif fait l'objet d'une guerre livrée par les forces armées royales d'Oufkir et du futur Hassan II, en 1958 et 1959, aidées par l'armée française. Le Rif reçoit cette fois du napalm. On relève des milliers de morts. La haine que se vouent les Rifains et le roi du Maroc est si forte qu'en 38 ans de règne (1961-1999), Hassan II ne se rend pas dans le Rif, refuse d'y investir et d'équiper le pays. Il ne lui laisse que le monopole du kif accordé par son père.

    Peuple abandonné et livré à lui-même, les Rifains émigrent comme leurs aînés. Ils s'installent dans le nord, puis suivent l'emploi vers les houillères de Wallonie, et enfin dans les Flandres et aux Pays-Bas en plein boom. Le Benelux et le Nord Pas de Calais comptent en 2015 près d'1,5 millions de «Marocains», en majorité Rifains. Après 1968 et la chute de la French Connection, les chimistes corses passés dans le Rif transforment le chanvre en pâte base pour l'exportation. La commercialisation du haschisch suit l'émigration rifaine, ouvrant les portes des marchés européens en Espagne, en France et au Benelux. Avec Anvers, la Belgique devient une plaque tournante. Le commerce et le trafic de drogue deviennent inséparables, et ces activités pallient les licenciements qui frappent en masse mineurs, sidérurgistes et salariés du textile. Les Rifains se concentrent dans des quartiers qui s'homogénéisent à Roubaix, Tourcoing, Bruxelles-Molenbeek, Rotterdam, Liège… Une partie de cette jeunesse belge frappée par le chômage et la crise se tourne vers le fondamentalisme religieux, alors que la police belge n'a aucune expérience en la matière, à l'inverse de la police française plus expérimentée, et qui laisse travailler les services marocains auprès de leurs ouailles.

    Austérité ancestrale et culture insulaire, hostilité viscérale au régime marocain et à son islam, rejet de l'Etat qui rappelle la Sicile, liberté religieuse à tous vents, réseaux mafieux structurés par 40 ans de business (10 milliards de $ de chiffre d'affaires annuel) au profit des maffias du Rif et de leurs obligés, du Maroc au Benelux, liberté de mouvement depuis Schengen, absence de surveillance policière efficace, antécédents historiques désastreux, ressentiment, culture de la violence dans un univers hostile, chômage de masse… la base arrière de Molenbeek a une très longue histoire. Pour la première fois, il va peut être falloir poser la question de l'économie de la drogue. 

    Ref. Arrestation de Salah Abdeslam : Comment Molenbeek est devenu un État dans l'État

    Normalien et agrégé d'histoire, Pierre Vermeren est professeur, spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne et membre du laboratoire IMAF (Institut des mondes africains). Il a vécu au Maroc, en Égypte et en Tunisie. Derniers ouvrages publiés: La France en terre d'islam - Empire colonial et religions, XIXe-XXe siècles

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