Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Doctrine - Page 67

  • La difficulté de rester en communion avec un pape dont on désapprouve les prises de position

    IMPRIMER

    D'Eric Sammons sur crisismagazine.com (traduction française de Benoît et moi) :

    En communion, sans joie, avec le pape François

    Comment un catholique peut-il être en communion avec le pape s’il ne veut rien avoir à faire avec lui ?

    Pour les catholiques fidèles, le pontificat de François a été comme essayer de survivre à 12 rounds avec un champion poids lourd. Passons en revue quelques-uns des coups reçus :

    • « Qui suis-je pour juger ? »
    • « Se reproduire comme des lapins »
    • « Une pluralité de religions est voulue par Dieu »
    • S’acoquiner avec des politiciens pro-avortement
    • Un accord scandaleux avec le parti communiste chinois
    • Promouvoir le travail du Père James Martin
    • Les scandaleuses nominations à l’Académie pontificale pour la vie.

    Et ce ne sont là que quelques exemples ! Je suis sûr que vous pourriez en citer beaucoup d’autres. Après neuf ans de ce pontificat, la plupart d’entre nous se sentent au minimum un peu sonnés.

    Cette situation malsaine peut conduire à un vrai examen de conscience. En tant que catholiques, nous sommes préprogrammés pour respecter, voire apprécier, nos papes. Mais si nous voulons être honnêtes, François est un homme difficile à aimer ou à respecter. Son antagonisme envers les catholiques traditionnels et orthodoxes indique que ce sentiment est réciproque. Un tel désamour conduit à l’inévitable question : comment un catholique peut-il être en communion avec le pape s’il ne veut rien avoir à faire avec lui ?

    Ce n’est pas une question rhétorique. L’Église catholique a toujours souligné l’importance d’être en communion avec Rome. Dès les premiers jours du christianisme, Rome a été considérée comme le lieu de l’unité mondiale de l’Église. Ne pas être en communion avec le successeur de saint Pierre, c’est se séparer du corps du Christ. Mais en même temps, être un catholique fidèle signifie adhérer obstinément aux enseignements de l’Église tels qu’ils nous ont été transmis par l’Écriture et la Tradition. Alors que se passe-t-il quand on nous demande d’être en communion avec quelqu’un qui s’efforce de bouleverser ces enseignements ?

    Afin de résoudre ce paradoxe troublant, nous devons comprendre ce que signifie être « en communion avec ».

    Premièrement, cela ne signifie pas être « en accord » avec quelqu’un sur tous les points de vue. Après tout, chaque catholique pratiquant est actuellement en communion avec tous les autres catholiques pratiquants dans le monde, et je garantis que ces millions de catholiques ont des vues très divergentes sur la politique, l’économie, la culture, et une foule d’autres sujets. Et ce qui est encore plus remarquable, c’est que beaucoup de ces catholiques pratiquants ont probablement des opinions hérétiques. J’imagine qu’il y a un grand nombre de catholiques, par exemple, qui, si on leur demandait d’expliquer la Trinité, donneraient des réponses hérétiques par ignorance ou incompréhension. Mais nous sommes toujours en communion.

    Alors que signifie « en communion avec » ? Il s’agit d’une reconnaissance visible de l’Église visible. Dans l’Église invisible du protestantisme, il n’y a pas de véritable concept de « en communion avec ». Un protestant fréquente simplement l’église qu’il aime le plus, et s’il ne l’aime plus, il part et en fréquente une autre. Il est simplement un membre visible d’une communauté locale de croyants partageant les mêmes idées, tout en demeurant dans l' »église invisible » éthérée. »

    Mais pour les catholiques, c’est très différent. Nous croyons que nous sommes membres d’une Église visible et universelle, qui comprend non seulement tous les catholiques d’aujourd’hui, mais aussi tous les catholiques de l’histoire et de l’avenir – les saints et les pécheurs. Cette appartenance est une réalité mystique qui n’est pas le fruit de notre communauté d’esprit, mais de notre participation commune à la Sainte Communion.

    Cette communion est à la fois horizontale – entre tous les membres de l’Église catholique – et verticale – entre le tout dernier catholique baptisé et le pape, et même le boss du pape, Jésus-Christ. En d’autres termes, notre communion n’est pas une reconnaissance du fait que nous nous apprécions tous ou que nous sommes d’accord les uns avec les autres, mais une soumission mutuelle de notre volonté à celle du Christ.

    En outre, cette communion est structurée ; elle est hiérarchique. Dans les plans de la providence divine, Notre Seigneur a établi un centre pour cette communion ici sur terre – l’évêque de Rome qui est le successeur de saint Pierre. En d’autres termes, pour être en communion les uns avec les autres, nous devons être en communion avec le pape. Ce n’est pas facultatif. Nous ne pouvons pas dire : « Bon, je suis en communion avec ma paroisse locale, mais pas avec le pape ». Agir ainsi revient à rejeter la structure communautaire mise en place par Celui qui crée la communion, Jésus-Christ.

    Qu’en est-il lorsque ce centre de communion devient lui-même une source de scandale ? Que se passe-t-il lorsqu’il semble s’opposer aux enseignements qui viennent du Christ ?

    Certains diront que dans cette situation, François n’est pas vraiment le pape – soit il n’a pas été validement élu, soit son hérésie le démet automatiquement de ses fonctions. Mais il s’agit d’une tentative humaine de reconfigurer une réalité divine pour « résoudre » les problèmes d’aujourd’hui. Nous ne comprenons pas comment nous pouvons avoir un pape aussi mauvais et être encore en communion avec lui, alors nous essayons de régler le problème avec des solutions humaines.

    Cela conduit cependant à des problèmes encore plus grands. C’est un peu comme les nombreuses tentatives anciennes d’expliquer le mystère de la Trinité avec des « solutions » humaines comme le modalisme [Doctrine hérétique qui nie la trinité des Personnes divines et considère le Père, le Fils et le Saint-Esprit comme les modes d’une seule et unique substance. Le modalisme s’est répandu à Rome et en Afrique au iiie siècle, où il a été combattu par saint Hippolyte et Tertullien] ou l’arianisme [Doctrine d’Arius et de ses adeptes. L’arianisme professait que dans la Trinité, le Fils n’est pas parfaitement égal au Père ; il n’est pas de même nature (consubstantiel) et ne participe pas à son éternité (coéternel), donc sa divinité est secondaire] . De telles explications peuvent sembler plus simples et donc plus faciles à accepter pour les hommes et les femmes, mais elles conduisent en fin de compte à des une incompréhension de fond de notre Eglise et de notre communion en elle.

    Comme nous l’avons déjà noté, notre communion est structurée ; elle est hiérarchique. Cela signifie que les membres ont des rôles différents à jouer, et ce n’est pas le rôle du laïc individuel – ou d’un prêtre ou d’un évêque individuel – de déclarer qu’un pape n’est plus pape ou qu’il n’a jamais été pape. En effet, le fait même qu’une quasi-unanimité de la hiérarchie reconnaisse aujourd’hui François comme pape indique clairement que nous devons l’accepter comme pape, et donc être en communion avec lui.

    La papauté est un mystère de notre foi, et les mystères, naturellement, peuvent être difficiles à comprendre ou à accepter. Notre situation difficile actuelle me rappelle Jean 6:68-69, lorsque Jésus demande aux Douze s’ils vont aussi le quitter à cause de l’enseignement difficile de l’Eucharistie. Saint Pierre répond : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous avons cru, et nous avons appris à connaître que tu es le Saint de Dieu. » L’apôtre principal ne comprenait pas comment il était censé manger la chair du Christ et boire son sang, mais il en était venu à accepter Jésus comme le divin Sauveur et donc, pour saint Pierre, la parole du Christ était suffisante.

    De même, il peut être compliqué d’accepter aujourd’hui le difficile enseignement de la papauté et la nécessité pour nous d’être en communion avec elle. Au temps de papes saints et sages, cet enseignement est naturel et facile. Mais nous ne vivons pas à une telle époque. Nous devons donc dire avec saint Pierre : « Seigneur, à qui irons-nous ? » Notre Seigneur a fait de la communion avec le pape une partie essentielle de la foi catholique – quelque chose qui a été attesté et pratiqué depuis 2 000 ans. Nous ne pouvons pas l’abandonner maintenant, même face à de graves défis.

    C’est le test de notre époque. Essayerons-nous de « résoudre » humainement le problème de la papauté de François, ou ferons-nous confiance à notre Seigneur et resterons-nous en communion avec Rome, même en dépit des défis que cette communion apporte ? Nous pouvons avoir l’impression d’être au milieu d’un combat de poids lourds, mais notre devoir est de persévérer jusqu’au bout, quels que soient les coups que nous pouvons recevoir en chemin.

  • Ce que les évêques belges sont allés défendre à Rome

    IMPRIMER

    Où l'on apprend comment nos excellences sont allées déverser leur bonne parole à Rome et en sont revenues ravies d'y avoir été écoutées avec complaisance sans apparemment y avoir subi la moindre contradiction...

    Du Nederlands Dagblad (Hendro Munsterman) :

    26 novembre 2022

    De Kesel a donné une introduction sur la sécularisation au Vatican. L'accent a été mis aussi sur la "bénédiction gay" et les femmes diacres

    Pendant une semaine, les évêques de Belgique se sont exprimés au Vatican sur la situation de l'Église belge. La pénurie de prêtres y a été abordée, mais aussi les questions relatives aux personnes mariées, les prêtres, les diacres féminins et, bien sûr, la "bénédiction gay" qu'ils ont récemment publiée.

    Les 11 évêques belges étaient encore enflammés vendredi soir après cette réunion de deux heures qu'ils avaient eu avec le Pape François le matin même. Inoubliable", "impressionnant", "Quelle expérience !", "Quel pape nous avons !", ont-ils raconté avec émotion lors d'une conférence de presse. (voir ICI)

    Juste avant, leur président, le cardinal Joseph De Kesel, était revenu sur cette visite ad-limina. L'atmosphère a changé ", a déclaré Mge De Kesel, qui avait également effectué une visite ad limina en 2003 et 2010, avec trois papes différents.

    L'accueil a été très chaleureux partout", a noté De Kesel avec satisfaction. Nous avons parlé de beaucoup de questions qui touchent nos églises locales. A chaque fois, on nous a dit qu'ils voulaient nous écouter pour comprendre notre situation". Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de discussion.

    Avant tout, De Kesel s'était fixé un objectif précis pour "sa mission personnelle de la semaine dernière", comme il l'appelle. Il voulait se rendre "dans chacun des dicastères (départements du Vatican) pour expliquer notre situation d'une société pluraliste et sécularisée, un thème sur lequel il a écrit un livre l'année dernière qui sera bientôt publié en italien. A Rome, la situation belge "est parfois jugée avec des présupposés propres à l'Europe", une situation telle qu'elle n'a plus existé chez nous depuis les années 1950, à savoir d'une Eglise ayant beaucoup de prestige et de pouvoir, dans une société chrétienne homogène".

    Dans plusieurs dicastères, les évêques ont été informés que le principal problème est le manque de vocations sacerdotales. C'est effectivement douloureux", a admis De Kesel. Mais c'est aussi nécessaire de se demander pourquoi. Selon De Kesel, la sécularisation actuelle n'est pas tant un "obstacle" qu'une réalité à accepter et qui est une opportunité et un défi. Il y a donc eu une discussion. J'ai pu dire ce qui me préoccupe, dans un esprit de fraternité et de respect. Nous ne sommes pas venus à Rome en tant qu'exécuteurs de ce qui a été décidé ici, mais en tant qu'évêques qui ont également leurs propres responsabilités dans leur église locale", a déclaré Mgr De Kesel dans des termes qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à ce que les évêques allemands ont proclamé il y a une semaine

    Selon plusieurs participants à la visite ad-limina, la mission de De Kesel a porté des fruits. Un cardinal romain a même mis de côté une partie de ce qu'il avait préparé comme étant "non pertinent" alors qu'il avait entendu De Kesel et deux de ses collègues exprimant leur opposition. Je comprends mieux maintenant", aurait-il dit.

    La "bénédiction gay" des évêques flamands a également été discutée, bien sûr. Le cardinal parle d'ailleurs très explicitement non pas d'une bénédiction gay ou d'une liturgie, mais plutôt plus prudemment sur un "moment de prière dans lequel nous demandons à Dieu de nous aider et de nous protéger".

    Je suis très heureux que nous ayons pu l'expliquer et que nous ayons été écoutés", a déclaré M. De Kesel qui a souligné qu'il n'y a pas de tensions entre les Flamands et les francophones. Nous nous concentrons sur les homosexuels croyants qui essayent de vivre une vie qui est possible, qui ont trouvé un partenaire avec qui ils peuvent partager la vie. Vous devez être réaliste : le célibat est un charisme, un don qui ne convient pas à tout le monde. C'est ce que j'ai expliqué ici à Rome.

    Les dirigeants du Vatican ont souvent mis en évidence le "déficit de vocation", faisant principalement référence à un manque de candidats à la prêtrise. Mais les évêques belges ont également évoqué la possibilité pour les "viri probati" (hommes mariés qui ont déjà des responsabilités) et "l'ordination diaconale des femmes". Et  aussi l'importance de la place des femmes dans l'Église : c'est une question très importante". L'archevêque de Malines a fait état d'"études montrant que le diaconat féminin a existé au cours de l'histoire de l'Europe". Vous ne pouvez pas le nier. Même avec l'imposition des mains, c'est-à-dire en tant qu'acte ecclésiastique...

    Mais selon De Kesel, les prêtres mariés et les femmes diacres ne doivent pas être considérés comme une solution à la pénurie de prêtres. Ce n'est pas une solution. Nous ne le demandons pas parce qu'il y a un manque... Mais parce que c'est important en soi, même s'il y avait trop de vocations sacerdotales".

  • Le "moratoire" exigé par Rome mais rejeté par les évêques allemands

    IMPRIMER

    Documents. Le "moratoire" exigé par Rome mais rejeté par les évêques allemands

    source

    Jeudi 24 novembre, "L'Osservatore Romano" a publié le texte intégral des trois discours qui ont introduit la rencontre à huis clos, six jours plus tôt, entre les 62 évêques d'Allemagne et trois hauts fonctionnaires de la Curie romaine :

    > Documents - La réunion inter-dicastère avec les prélats allemands du 18 novembre

    Le pape François n'a pas pris part à la réunion, contrairement aux attentes. Le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin a fait office de modérateur. L'évêque Georg Bätzing de Limburg, président de la Conférence épiscopale allemande, le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et le cardinal Marc Ouellet, préfet du Dicastère pour les évêques, ont pris la parole dans l'ordre. Une discussion animée a suivi, toujours à huis clos.

    À l'issue de la réunion, un communiqué a été publié, dans lequel il était notamment indiqué que parmi les propositions avancées figurait celle d'"appliquer un moratoire à la voie synodale allemande", mais que cette proposition "n'a pas trouvé de place" :

    > Communiqué conjoint du Saint-Siège et de la Conférence épiscopale allemande

    C'est le cardinal Ouellet qui a proposé, en vain, le moratoire dans son discours d'introduction, reproduit ci-dessous.

    Retour à l’esprit des Actes des Apôtres

    Le cardinal-préfet du Dicastère pour les évêques

    Dans la Lettre au Peuple de Dieu en voyage en Allemagne, le Pape François, en communion avec son prédécesseur Benoît XVI, a noté la détérioration de la vie chrétienne dans le pays et a invité tout le peuple à faire confiance au Christ comme clé du renouveau ; Le Saint-Père a écrit qu’il s’agit « d’une détérioration, certes multiforme et difficile et rapide à résoudre, qui exige une approche sérieuse et consciente qui nous pousse à devenir, au seuil de l’histoire actuelle, comme ce mendiant à qui l’Apôtre a dit: « Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je vous le donne: au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen, marche! » (Actes 3:6) ». Je me réfère à ce passage de la lettre cité pour offrir quelques brèves considérations ecclésiologiques concernant vos recherches synodales, dans l’esprit des Actes des Apôtres. Je le fais en tant que frère dans l’épiscopat, mais aussi en pensant aux besoins des simples fidèles.

    Vous, successeurs des Apôtres en Allemagne, avez pris au sérieux la tragédie des abus sexuels perpétrés par les clercs, et vous avez lancé, à la manière typiquement allemande, une opération d’étude avec les ressources de la science, de la foi et des consultations synodales, pour arriver à une révision radicale qui mettrait fin à cet échec moral et institutionnel. Les débats houleux qui ont eu lieu et les propositions de réforme qui en découlent méritent certainement des éloges pour l’attention, l’engagement, la créativité, la sincérité et l’audace dont a fait preuve votre Chemin synodal, où les laïcs ont joué un rôle égal, sinon prédominant. Après une étude attentive de vos conclusions, il est naturel de reconnaître sincèrement le gigantesque effort d’autocritique institutionnelle, le temps consacré à ces réflexions et l’investissement d’un travail commun entre théologiens, évêques et pasteurs, hommes et femmes, pour parvenir à certains consensus, bien qu’avec difficulté et tensions considérables. Il nous appartient maintenant de réagir à vos propositions, qui contiennent de nombreux éléments qui peuvent être partagés de nature théologique, organisationnelle et fonctionnelle, mais qui soulèvent également de sérieuses difficultés du point de vue anthropologique, pastoral et ecclésiologique.

    Lire la suite

  • Eglise : le fiasco d’un anthropocentrisme révolutionnaire

    IMPRIMER

    De Jean-Pierre Maugendre sur Riposte Catholique :

    De l’Eglise « experte en humanité » à sa « responsabilité institutionnelle » dans la pédocriminalité : le fiasco d’un anthropocentrisme révolutionnaire

    Lire la suite

  • Lettre ouverte aux évêques flamands suite à leur déclaration publique pour une pastorale plus proche des personnes homosexuelles

    IMPRIMER

    Monseigneur le Cardinal Jozef De Kesel

    Excellents Évêques néerlandophones

       Copie conforme : Excellents Évêques francophones

    Nous, certains fidèles de la commune de Lasne et environs, avons été profondément troublés par la publication de votre document intitulé « Être proche des personnes homosexuelles sur le plan pastoral ».

    Votre prise de position publique enfreint plus de deux mille ans d’enseignements pastoraux constants de notre Eglise universelle à ce sujet. Nous pensons que votre déclaration constitue une déviation grave par rapport aux enseignements des Saintes Écritures.

    Avant de vous aventurer sur ces chemins de traverse, il eût été sage de vous demander ce que Dieu pense de la pratique des relations homosexuelles. Le Lévitique dans son chapitre 18 affirme que les rapports homosexuels constituent aux yeux de Dieu une abomination. Le  Livre de la Genèse évoque la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe. Ces villes ont explicitement été rayées de la carte du monde en raison de leur perversion sexuelle. Le paroxysme du récit relate l’assaut de la maison de Loth par les Sodomites désirant abuser des anges l’accompagnant, lui et sa famille. Cette situation provoque le courroux de Dieu qui ordonne à Loth et les siens de fuir la ville. Les deux cités sont détruites.

    On pourrait penser que ce récit constitue un mythe teinté de préjugés homophobes des tribus juives primitives, que Dieu, à l’instar de notre civilisation mature, voit avec bienveillance les couples homosexuels désireux de mener une union stable… Mais cette approche fait fi de recherches archéologiques récentes qui ont exhumé et identifié formellement des sites localisés au nord de la Mer Morte comme correspondant totalement aux villes de Sodome et Gomorrhe. Ces archéologues ont montré que ces localités ont été ravagées par un cataclysme qui a transformé un environnement luxuriant en un désert qui perdure encore de nos jours. Ils ont découvert les vestiges d’un efficient système d’irrigation. L’observation la plus troublante est qu’une fine couche géologique présente des reliquats continus de sols présentant des traces de vitrification. Pour produire un tel résultat, les températures ont dû grimper au-dessus de 6000°C. Ces archéologues prouvent donc que le récit biblique n'est pas mythique[1].

    Votre publication sur ce que vous intitulez une proximité avec les personnes homosexuelles contient, à notre sens, des erreurs de fond et des erreurs de forme. La lecture des prières que vous suggérez montre qu’elles sont adressées autant à ceux qui vivent leur homosexualité de manière chaste qu’à ceux qui la vivent charnellement. C’est là que votre démarche trébuche : personne ne peut préjuger si Dieu accordera la grâce de la fidélité à des personnes lorsque leur union transgresse sa Loi. Votre démarche est invalide puisqu’elle fait l’amalgame de situations héroïques et d’autres intrinsèquement désordonnées.

    En ce qui concerne les erreurs de fond, notons :

    • la contradiction explicite des Saintes Écritures (Gn 1, 26-28 et Gn 2, 24 ; Gn 19, 1-29 ; Lv 18, 22 ; Lv 20, 13, 1 Tm 1, 9-10, 1 Co 6, 9-10 ; Rm 1, 24-27) ;
    • la tradition pastorale bimillénaire de l’Église catholique ;
    • la tradition quadri-millénaire du monde judaïque dont l’Église catholique est devenue héritière;
    • les textes du catéchisme de l’Eglise catholique (CEC, 2357-2359).

    Au passage, notons que la transgression des Saintes Écritures constitue un affront direct à notre Créateur.

    En ce qui concerne les erreurs de forme :

    • Observons que le texte de votre publication propose plusieurs exemples de célébrations pour l’expression de la manifestation de « proximité des personnes homosexuelles sur le plan pastoral ». Cette approche nous semble particulièrement inadaptée puisqu’elle autorise le célébrant à adopter la forme qu’il jugera la plus pertinente dans le cas des personnes requérantes. Autant dire que toutes les approches imaginables pourraient être mises en œuvre.

    Eminence, Excellences, nous pensons que la publication de votre document égare les personnes homosexuelles, celles qui éprouvent des inclinations pour ce mode de vie ainsi que tous les célébrants des cérémonies qui pourraient être mises en œuvre suivant les exemples que vous proposez. Nous pensons également que la publication de ce document constitue, dans la mesure où il contrevient explicitement aux Saintes Écritures, un blasphème[2]. 

    Cette publication est, dans votre chef, un fait grave puisque :

    • vous êtes les personnes investies de l’autorité maximale dans la hiérarchie catholique de notre pays ;
    • vous disposez d’une préparation théologique et canonique de niveau doctoral à laquelle vous contrevenez par votre démarche.

    Eminence, Excellences, au vu des éléments qui précèdent, il nous semble essentiel que vous amendiez les déclarations que vous avez effectuées. En l’absence de cette démarche, nous, certains fidèles de la commune de Lasne et environs, serions, à notre grand regret, forcés d’entrer dans une attitude de défiance à votre égard.

    Dans l’espoir de vous voir revenir à la formulation de déclarations orthodoxes, nous vous prions de croire, Eminence, Excellences, à l’expression de nos sentiments les plus respectueux,

    Auteur : Olivier Demeure

    Cosignataire : Agnès Mignot (Lasne) et quelques autres personnes consultées

     

    [1] Cfr https://www.arkeos.tv/?archeologie=destruction-cataclysmique-sodome  En pièce jointe du texte, le lecteur trouvera également le texte (en anglais) des recherches menées sur le terrain.

    [2] https://dictionnaire.lerobert.com/definition/blaspheme

  • Synode : d'anciens évêques anglicans convertis au catholicisme mettent en garde les catholiques contre la reproduction des erreurs qui ont conduit à la décadence de l'Église anglicane

    IMPRIMER

    De Vatican News (Pl) :

    Les anciens évêques anglicans mettent en garde contre la reproduction des erreurs des autres

    D'anciens évêques anglicans qui ont embrassé la foi catholique mettent en garde les catholiques contre la reproduction des erreurs qui ont conduit à la décadence de l'Église anglicane au cours du processus synodal en cours. Gavin Ashenden, ancien aumônier de la reine Elizabeth, et le Rt Revd Michael Nazir-Ali, ancien évêque anglican de Rochester, se sont récemment exprimés sur le sujet.

    Gavin Ashenden note que les anciens anglicans peuvent être d'une aide précieuse. Car ils se souviennent que les changements introduits dans leur congrégation d'origine ont également suscité l'opinion de personnes qui ne connaissaient pas ou ne pratiquaient pas la foi. Et bien que l'on ait beaucoup parlé de la nécessité d'écouter le Saint-Esprit, ils ont en fait cédé à l'esprit du temps. Ashenden note également que l'exclusion est souvent mentionnée dans le processus synodal, divisant les gens entre les exclus et les non-exclus, c'est-à-dire ceux qui ont du pouvoir ou qui ont été privés de pouvoir. Cependant, d'un point de vue chrétien, il serait plus juste d'utiliser des catégories relatives à la foi plutôt qu'au pouvoir. Car c'est ainsi que nous transférons des modèles sociologiques ou même marxistes à la sphère religieuse.

    Les anciens anglicans mettent également en garde contre un appel trop hâtif au sensus fidei fidelium, le sens de la foi de tous les baptisés. Le révérend Nazir-Ali, jusqu'à récemment l'une des figures de proue de l'anglicanisme britannique, en a parlé lors d'une réunion des évêques asiatiques. Il a noté que ceux qui sont consultés sur les questions de foi ont souvent encore besoin de catéchèse, voire d'évangélisation eux-mêmes.

    Nous avons déjà vu ce type de marche et de consultation dans le cadre d'un récit sociologique", écrit Gavin Ashenden avec une douleur non dissimulée. Il nous rappelle que dans l'Église anglicane, cela a conduit à la division, la démoralisation, l'appauvrissement spirituel, l'incohérence théologique, l'affaiblissement de la foi et l'apostasie. Il affirme également que les anciens anglicans aiment sincèrement l'Église catholique et souhaitent donc qu'elle soit épargnée de ce sort.

  • Nouvelle charge du pape contre "l'arriérisme"

    IMPRIMER

    Une fuite en avant irresponsable ?

    D'Amedeo Lomonaco sur Vatican News :

    Le Pape encourage les théologiens à faire progresser la tradition

    Lors de la rencontre avec les membres de la Commission théologique internationale, créée par Paul VI en 1969, le Pape s'est exprimé sur la fidélité créative à la tradition. Il exhorte à «assumer avec foi et amour» l'engagement d'exercer le ministère de la théologie à travers un processus de synodalité ecclésiale d'où peut naître «la capacité d'écoute, de dialogue, de discernement».

    La tradition fait grandir l'Église de bas en haut, comme les racines avec l'arbre. Mais aujourd'hui, il y a un grand danger: celui du retour en arrière, de l'«arrièrisme», qui conduit à penser selon la logique du «on a toujours fait comme ça». Le Pape François a souligné ce risque lors de sa rencontre au Vatican avec les membres de la Commission théologique internationale qui, dit-il, «poursuit, avec un engagement renouvelé», son service «dans le sillon tracé par le concile Vatican II». Le Pontife, improvisant, a exhorté également les théologiens à «aller plus loin». Alors que le catéchiste doit transmettre aux enfants une «doctrine solide» et «pas de nouveautés possibles», le théologien «essaie et essaie encore d'aller plus loin et ce sera le Magistère qui l'arrêtera». Pour les professeurs de théologie, a-t-il ajouté, c'est un bon critère «de se demander si les cours de théologie provoquent l'étonnement de ceux qui les suivent».

    S'adressant aux membres de la Commission théologique internationale, François a ensuite exhorté à «augmenter le nombre de femmes, non pas parce qu'elles sont à la mode», mais parce qu'elles ont «une façon de penser différente de celle des hommes» et rendent la théologie «plus profonde et plus savoureuse».

    Fidélité créative à la tradition

    La fidélité créative à la Tradition, la possibilité de s'ouvrir avec prudence à l'apport des différentes disciplines et la collégialité. Telles sont les trois lignes directrices proposées par le Pape à la Commission théologique internationale, qui en est à son dixième quinquennat d'activité.

    Le premier conseil de François pour aller de l’avant est celui de la fidélité créative à la tradition: «Il s'agit d'assumer et de décliner fidèlement et avec amour, avec rigueur et ouverture, l'engagement d'exercer le ministère de la théologie - dans l'écoute de la Parole de Dieu, du sensus fidei du Peuple de Dieu, du Magistère et des charismes, et dans le discernement des signes des temps - pour le progrès de la Tradition apostolique, sous l'assistance de l'Esprit Saint, comme l'enseigne Dei Verbum (cf. n° 8). En effet, Benoît XVI décrit la Tradition comme "le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes" (Catéchèse, 26 avril 2006); de sorte qu'elle "irrigue les différentes terres, nourrit les différentes géographies, faisant germer le meilleur de cette terre, le meilleur de cette culture. De cette manière, l'Évangile continue de s'incarner aux quatre coins du monde, d'une manière toujours nouvelle"».

    S'ouvrir à différentes disciplines

    La deuxième orientation concerne «l'opportunité, pour réaliser avec pertinence et incisivité l'œuvre d'approfondissement et d'inculturation de l'Évangile, de s'ouvrir avec prudence à l'apport des diverses disciplines à travers la consultation d'experts, même non catholiques».

    Comme le Pape l’a demandé dans la Constitution apostolique Veritatis gaudium, il s’agit de conserver précieusement le principe de l'interdisciplinarité non pas tant sous sa forme «faible de simple multidisciplinarité, en tant qu'approche qui favorise une meilleure compréhension à partir de plusieurs points de vue d'un objet d'étude; mais plutôt sous sa forme forte de transdisciplinarité, en tant que collocation et fermentation de toutes les connaissances dans l'espace de Lumière et de Vie offert par la Sagesse qui émane de la Révélation de Dieu.»

    Collégialité

    La troisième ligne directrice, indiquée par le Pape François, est celle de la collégialité. Cela acquiert une pertinence particulière et peut offrir une contribution spécifique dans le contexte du parcours synodal en cours (2001-1004), dans lequel tout le peuple de Dieu est convoqué. «Comme toute autre vocation chrétienne, le ministère du théologien, en plus d'être personnel, est communautaire et collégial. La synodalité ecclésiale engage donc les théologiens à faire de la théologie sous une forme synodale, en favorisant entre eux la capacité d'écouter, de dialoguer, de discerner et d'intégrer la multiplicité et la variété des instances et des contributions», a expliqué François.

    Les membres de la Commission théologique internationale se sont réunis en session plénière pour explorer trois thèmes: l’actualité de la foi christologique professée au Concile de Nicée, des questions anthropologiques émergentes et cruciales pour le chemin de la famille humaine et la théologie de la Création dans une perspective trinitaire. En présentant la Commission, le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer a souligné que «la présence qualifiée de femmes théologiennes, renforcée au cours des trois quinquennats précédents, a été maintenue, signe d'un engagement croissant des femmes dans les sciences théologiques». Parmi les membres de cet organe, a ajouté le cardinal, il y a aussi un théologien laïc.

    La Commission théologique internationale

    Créée en 1969 par le Pape Paul VI pour «apporter une aide précieuse à la mission confiée par le Christ à ses apôtres» (extrait du discours du Pape Montini du 6 octobre 1969), la Commission théologique internationale a pour tâche d'aider le Saint-Siège à examiner les questions doctrinales d'importance majeure.  Son objectif principal, soulignait saint Jean-Paul II en 1994, est de «poursuivre de manière permanente l'étroite collaboration entre pasteurs et théologiens qui a caractérisé les travaux du concile Vatican II». Une autre caractéristique de cet organe, comme l'a rappelé le Pape François en 2014, est «son caractère international, qui reflète la catholicité de l'Église». En effet, la Commission est composée de théologiens de différents pays ayant pour référence commune la foi en Jésus-Christ.

  • Liturgie : Le Concile Vatican II et la constitution « Sacrosanctum Concilium » (1962) (Denis Crouan)

    IMPRIMER

    Liturgie 27 : Le Concile Vatican II et la constitution « Sacrosanctum Concilium » (1962) (58 mn) 

    https://youtu.be/DfPfIYLO4yk 

    « Sacrosanctum Concilium... » C’est par ces deux mots latins que s’ouvre la Constitution qui entend donner les grandes lignes devant être suivies pour aboutir à une restauration de la liturgie romaine dans son ensemble. Le but de la restauration liturgique est clairement indiqué. 

    Le Docteur Denis Crouan analyse ce document précieux et précis, chapitre par chapitre, et montre la différence entre le texte du Concile et ce qu’on en a fait.  

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Ce qui vient de se dérouler à Rome avec les évêques allemands sera dévastateur pour l'unité de l'Église

    IMPRIMER

    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Les évêques allemands prennent un détour qui met en péril l'unité avec Rome

    COMMENTAIRE : Ce qui s'est récemment déroulé à Rome avec les évêques allemands est dévastateur pour l'unité de l'Église.

    22 novembre 2022

    Rome a demandé - supplié, en fait - les évêques allemands de prendre une bretelle de sortie de leur Voie synodale qui implique des changements importants dans la doctrine catholique, la pratique sacramentelle et la gouvernance ecclésiale. Les Allemands ont refusé. A la vitesse pratiquée sur l'autoroute, l'accident à venir sera terrible.

    Ce qui s'est récemment passé à Rome a été dévastateur pour l'unité de l'Église. Que la menace de division vienne d'Allemagne est tout à fait prévisible sur le long terme, mais cela reste une surprise pour le pape François. 

    Alors que le pape François rêvait initialement d'une "Église pauvre pour les pauvres", il a plutôt poursuivi un programme pour les riches : la sainte communion pour les personnes dont le mariage est invalide, un contrôle national accru sur les livres liturgiques, des priorités pastorales légères en matière de moralité sexuelle et lourdes en matière de changement climatique. Peu importe. La plus riche de toutes les Églises locales est maintenant engagée dans la rébellion, et Rome ne peut rien y faire. Le Pape s'insurge contre le "retour en arrière" mais se retrouve, vis-à-vis de l'Allemagne, dans le marasme des années 1970. Mais cette fois-ci, ce sera différent. Le reste de l'Église n'est pas dans la même situation. Ainsi, le processus du Saint-Père sur la synodalité pour une Église synodale va bientôt devenir un accident à grande vitesse impliquant plusieurs véhicules.

    Les évêques allemands - plus de 60 d'entre eux - étaient à Rome pour leur visite ad limina apostolorum (au seuil des apôtres), la visite périodique obligatoire au Saint-Père et à la Curie romaine, dont la dernière a eu lieu en 2015 pour les diocèses allemands. Occasion de rendre compte de leur situation locale, l'ad limina a aussi pour but de renforcer les liens de communion avec l'Église universelle. La routine régulière prévoit des rencontres avec les responsables des différents départements romains ("dicastères").

    Les Allemands ont obtenu quelque chose de plus : l'"interdicastère", dans le langage du Vatican. Il s'agit d'une réunion de tous les chefs de tous les dicastères de la Curie. Le Saint-Père les convoque de temps à autre pour discuter de problèmes d'intérêt général. Il est extrêmement rare qu'une "interdicastérielle" se tienne avec un épiscopat national. L'exemple récent le plus notable est celui de 1998, lorsqu'une réunion interdicastérielle s'est tenue avec les évêques australiens. Le "relevé de conclusions" de cette réunion, signé par toutes les parties, engageait les évêques australiens à mettre fin à toute une série de mauvaises pratiques liturgiques et d'erreurs doctrinales.

    Cette fois, il n'y aura pas eu de consensus (forcé) de ce type. Alors qu'il était initialement prévu que le pape François assiste à l'interdicastère, il ne l'a pas fait. Il avait rencontré personnellement tous les évêques allemands ensemble le jour précédent. L'interdicastère a donc été présidé par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, avec des allocutions du cardinal Luis Ladaria, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et du cardinal Marc Ouellet, préfet du Dicastère pour les évêques. 

    En passant, il est à noter que le cardinal Luis Tagle, pro-préfet du dicastère de l'évangélisation, n'a joué aucun rôle notable. Son dicastère est censé être le plus haut placé dans la réforme de la Curie promulguée par le pape François au début de cette année. Étant donné que cet interdicastère s'est déroulé exactement comme il l'aurait fait avant la récente réforme, il semble que la réforme soit moins importante qu'il n'y paraît. 

    Le Cardinal Parolin, dans un langage clairement destiné à évoquer le spectre de la Réforme protestante, a averti les Allemands qu'ils risquaient "une réforme de l'Eglise, et non une réforme dans l'Eglise". La première est la voie du schisme ; la seconde est la tâche permanente d'une Église semper reformanda - une Église toujours à réformer pour être plus profondément ce que le Christ l'a fondée à être.

    Les cardinaux Ladaria et Ouellet ont ensuite expliqué "franchement et ouvertement" comment la voie synodale allemande s'était égarée. Le cardinal Ouellet a franchement demandé un "moratoire". Les Allemands ont refusé catégoriquement. Déterminés à continuer, ils prévoient d'aller de l'avant avec les questions qui relèvent de leur autorité locale. Des questions plus profondes pour l'Église universelle seront imposées par les Allemands à l'ordre du jour du Synode des évêques sur la synodalité en octobre prochain. 

    La crise est donc arrivée.

    Le conflit entre les évêques allemands et Rome est scellé, et il s'intensifiera au cours de l'année prochaine. Le processus synodal du Saint-Père sur la synodalité pour une Église synodale sera désormais entièrement consommé par la question allemande, alors que des évêques du monde entier font valoir les mêmes arguments que les cardinaux Ladaria et Ouellet - mais sans le langage diplomatique habituellement employé à Rome.

    Le pape François ne peut rien y faire, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé. Les observateurs de la papauté moderne notent que le pape François a le style de gouvernement le plus autocratique de tous les pontifes depuis Grégoire XVI (1831-1846). Pourtant, l'exercice de son autorité est souvent inefficace. 

    Il a tenté d'arrêter la voie synodale allemande. Il a écrit - personnellement, sans l'aide de conseillers, a-t-il révélé par la suite - une longue lettre à tous les catholiques allemands en juin 2019, les mettant en garde contre le fait de s'engager dans la voie qu'ils avaient tracée. Ils l'ont fait quand même. 

    Dans l'intervalle de trois ans, des déclarations claires condamnant le processus allemand sont venues des plus hauts dicastères curiaux - la Secrétairerie d'État, de la doctrine, des évêques et des textes législatifs. Chacune d'entre elles a été rejetée. La différence, cette fois-ci, c'est qu'au lieu d'être écartés lors d'une conférence de presse en Allemagne, le Saint-Père et ses principaux collaborateurs l'ont été de près et en personne, face à face.

    On ne voit pas très bien ce que le pape François peut faire de plus. En 2017, il avait écrit aux prêtres d'Ahiara, au Nigeria, qui protestaient depuis des années contre l'évêque que Benoît XVI avait nommé. Le Saint-Père avait exigé qu'ils "manifestent clairement une obéissance totale au pape" et "soient disposés à accepter l'évêque que le pape envoie et a nommé". Huit mois plus tard, le pape François a révoqué l'évêque. Les prêtres contestataires ont gagné cette épreuve de force.

    Cette année, un grand nombre de prêtres de l'Église syro-malabare du Kerala, en Inde, ont refusé de suivre les décisions liturgiques prises par leur synode dans les années 1990. Le pape François a décrété qu'ils devaient désormais se soumettre. Ils ont refusé, et les protestations qui ont suivi ont consisté à brûler leurs évêques en effigie et à assiéger leurs résidences. Les interventions du Saint-Père sont mises au défi.

    Même au sein de la Curie romaine, ces dernières années, les décrets juridiques du pape François relatifs à l'autorité financière n'ont tout simplement pas été mis en œuvre selon les délais qu'il avait déterminés.

    Un effondrement de l'autorité papale est une crise pour l'Église. L'effondrement est maintenant évident. Le défi de l'Eglise allemande consommera les ressources qui restent au pape François.

    Le père Raymond J. de Souza est l'éditeur fondateur du magazine Convivium.

  • Le pape et les évêques allemands : un tour de force ?

    IMPRIMER

    De Bernhard Meuser sur kath.net/news :

    "La manière dont le pape François a traité les évêques allemands a été un tour de force".

    22 novembre 2022

    "Je sais d'un évêque romain que rien n'a généré un plus grand mécontentement au Vatican que cette gesticulation provinciale selon laquelle on finira bien par apporter la lumière aux crétins subversifs de Rome." Commentaire invité de Bernhard Meuser

    Augsbourg (kath.net) La manière dont le pape François a traité les évêques allemands a été humainement juste et stratégiquement un tour de force. Son homélie de jeudi n'a fait que répéter clairement ce qu'il a longuement exposé dans sa lettre au peuple de Dieu en pèlerinage et dont il ne s'est jamais écarté.

    L'espoir étrange que le pape se soumette ensuite à un débat public sur des choses qui ne sont à aucun moment négociables témoigne tout au plus d'un orgueil allemand.

    Le fait que le Saint-Père ait fait clarifier les choses in concreto par le niveau deux au lieu de s'exprimer lui-même est la conséquence de cette attente stupide et rhétoriquement élevée que le pape doive se confronter au plébiscite d'une Eglise locale stérile en de nombreux endroits, qui s'est fait remarquer à maintes reprises par sa désobéissance et sa résilience à l'Evangile. Je sais par un évêque romain que rien n'a suscité plus de mécontentement au Vatican que cette attitude provinciale qui consiste à dire que l'on apportera encore la lumière des Lumières aux crétins subversifs de Rome.

    Que l'évêque Bätzing ne pense pas qu'à Rome on n'a pas perçu l'arrère-plan de ses discours.

    L'auteur : Bernhard Meuser, né en 1953, est théologien, publiciste et auteur renommé de nombreux best-sellers (entre autres "Christ sein für Einsteiger", "Beten, eine Sehnsucht", "Sternstunden"). Il a été l'initiateur et le co-auteur du catéchisme pour jeunes "Youcat", paru en 2011. Dans son livre "Freie Liebe - Über neue Sexualmoral" (Fontis Verlag 2020), il formule des pierres angulaires pour une morale sexuelle vraiment renouvelée.

  • « La conquête du pouvoir », le livre qui aide à comprendre le pape François, les raisons profondes de ses actions, de ses déclarations, de ses préférences, de ses choix

    IMPRIMER

    De Jeanne Smits, sur son blog :

    Vient de paraître : « La conquête du pouvoir », le livre qui fait comprendre où le pape François cherche à mener l'Eglise

    J’ai à cœur de vous présenter un livre qui a tout de la « bombe ». Il n’a pourtant rien d’un pamphlet, rien d’une charge hostile par principe au pape François : non, c’est une mise en lumière rigoureuse de la pensée qui l’anime, des maîtres à penser qui l’ont formé, du « maître à faire » qui a été son modèle dans la praxis de la conquête du pouvoir.
     
    Les éditions Contretemps viennent en effet de publier François, la conquête du pouvoir – Itinéraire d’un pape sous influence, de Jean-Pierre Moreau.
     
    L’auteur, spécialiste de la théologie de la libération – il réalisa dans les années 1980 d’importants reportages sur les ténors de cette entreprise de dévoiement marxiste de l’Evangile – y met à nu les liens de Jorge Mario Bergoglio avec la théologie du peuple, qui en dérive mais avec la marque spécifique de l’hérésie moderniste plutôt que celle de la lutte des classes.
     
    C’est à mon sens le meilleur livre français sur le pape actuel, puisqu’il permet de comprendre les raisons profondes de ses actions, de ses déclarations, de ses préférences, de ses choix.
     
    Alors que le synode sur la synodalité entre dans sa phase romaine, La conquête du pouvoir offre une analyse serrée et précise d’une théologie qui développe une « ecclésiologie du peuple de Dieu » comme l’expliquent aujourd’hui ses tenants, parmi lesquels le théologien laïque Rafael Luciani s’est justement vu nommer à un poste de responsabilité au synode.
     
    Théologiens de la libération, théologiens « du peuple », jésuites partisans d’une réforme radicale en vue d’une « Eglise de demain » comme le Père Arrupe (dont la cause en béatification a été ouverte sous François, il y a trois ans), tous ont joué un rôle pour former l’idéologie et la praxis du pape régnant.
     
    Sa dénonciation du « cléricalisme », son engagement pour les peuples premiers, sa traque de la liturgie traditionnelle avec Traditionis custodes et Desiderio desideravi, son adhésion à la lutte « pour la planète », sa vision des jeunes, et du « peuple », et de l’histoire comme « lieux théologiques » y trouvent leur explication ultime et bien plus cohérente qu’on ne l’imagine.
     
    Il faut lire ce livre, qui transmet de manière claire et précise le fruit d’une érudition encyclopédique et de lectures dont témoigne une bibliographie impressionnante, pour s’armer face aux turbulences que le synode sur la synodalité va faire subir à l’Eglise. C’est seulement en nommant les choses qu’on peut les comprendre, et s’il le faut, les combattre.
    – François, La Conquête du pouvoir, Jean-Pierre Moreau, éd. Contretemps, 388 pages. 
    Prix unitaire : 25 euros.
  • Les évêques allemands pris au piège qu'ils se sont eux-mêmes tendu ?

    IMPRIMER

    De kath.net/news :

    Après la visite ad limina - Les évêques allemands pris au piège qu'ils se sont eux-mêmes tendu

    20 novembre 2022

    "Neuer Anfang" (nouveau départ) commente dans un communiqué de presse : "La visite ad limina des évêques allemands a été un tournant décisif pour la voie synodale. Il est même possible qu'il ait déjà été décidé qu'elle n'avait pas d'avenir". Les évêques allemands se sont piégés eux-mêmes.

    Le résultat de leur visite ad limina à Rome auprès du Saint-Père peut être résumé dans les points suivants :

    1. le Saint-Siège a émis des réserves fondamentales sur toutes les questions doctrinales et constitutionnelles décisives dans les champs de la structure épiscopale fondamentale de l'Église, de l'anthropologie et de l'éthique (sexuelle). Elles concernent "la méthode, les contenus et la structure de la voie synodale", c'est-à-dire en fait tout. Ni un soi-disant "conseil synodal" permanent avec compétence de direction, ni une modification de l'anthropologie et de l'éthique sexuelle, dans laquelle la position de base traditionnelle de la complémentarité des sexes et de la limitation de la sexualité humaine au mariage entre un homme et une femme serait rejetée, ne sont susceptibles d'être approuvés à Rome.

    2. Les évêques ont été informés qu'il existe aussi des points "non négociables". On peut supposer qu'il s'agit entre autres de la question de l'accès à l'ordo sacramentel (ordination des femmes). En effet, elle n'a même pas été mentionnée dans la déclaration commune du Saint-Siège et de la Conférence épiscopale allemande.

    3. Selon la prise de position de l'évêque de Passau Stephan Oster (publiée sur son profil Facebook), les interventions des cardinaux Luis Ladaria (Congrégation pour la doctrine de la foi) et Marc Ouellet (Congrégation pour les évêques) étaient claires et sans aucune concession de fond aux positions allemandes.

    Refus de la nomination d'évêques par une participation de laïcs : selon la presse, la Secrétairerie d'État a en outre fait état de graves objections aux modifications de la procédure de nomination des évêques, qui ne seraient pas compatibles avec le droit concordataire allemand existant.

    4. En cas de non-respect des objections, la voie synodale risque d'être soumise à un moratoire : la gravité des objections formulées au Vatican est mise en évidence par un événement mentionné tant par la déclaration commune que par Mgr Oster : le Saint-Siège a évoqué la possibilité d'un moratoire, c'est-à-dire d'un ordre donné aux évêques de suspendre la voie synodale, car trop de questions restaient en suspens. Celui-ci n'aurait été évité que parce que la partie allemande aurait concédé d'assimiler les objections romaines.

    5. Donc les évêques allemands se sont piégés eux-mêmes. Les devoirs des évêques allemands sont ainsi formulés. Ils rentrent en Allemagne avec le devoir de remédier à une situation qu'ils ont eux-mêmes provoquée. Cette tâche s'apparente à la quadrature du cercle. Il s'agirait de faire passer des messages contradictoires, qui se heurtent durement. A cela s'ajoute le fait que les textes et les décisions de la voie synodale critiqués à Rome ont même semblé trop faibles à de nombreux synodalistes - en tout cas non négociables. Les deux parties parlent donc de "non négociable".

    6. Mettre ensemble ces positions apparaît comme une mission impossible, à laquelle on ne peut qu'échouer. En d'autres termes, une grande partie des évêques allemands, et en particulier leur président, sont désormais pris dans un piège qu'ils se sont eux-mêmes tendu.

    7. La déclaration commune ne laisse guère de place à l'interprétation. Le fait que le Saint-Siège ait choisi la voie d'une déclaration finale commune avec les évêques allemands n'est pas le moins remarquable. Cela ne laisse guère de place à d'autres conclusions - ou même à des conclusions divergentes sur le fond. (...)

    Lire la suite