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Doctrine - Page 66

  • Contraception : "Le changement est possible"; quand Paglia rouvre le front

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Contraception : "Le changement est possible"; Paglia rouvre le front

    12-11-2022

    Changer la doctrine sur la contraception ? Pour Monseigneur Paglia "le jour viendra où le Pape le fera, il faut y penser". L'interview déconcertante du président du Président de l'Académie pontificale pour la Vie (APV) avec The Tablet qui revient sur les souhaits de la Civiltà Cattolica d'une encyclique qui surpasserait définitivement Humanae vitae. Dans un concentré de réponses pathétiques, les sondages et les dissidences sont confusément amalgamés, présentés comme de la doctrine. Et l'une d'elles invente même le néologisme de "pro-vie non idéologique". 

    Une encyclique du Pape viendra-t-elle bouleverser l'enseignement de l'Eglise sur la vie, notamment sur la contraception ? Le 2 juillet dernier, Jorge José Ferrer, professeur de théologie morale à l'Université catholique pontificale de Porto Rico, dans les colonnes de La Civiltà Cattolica, avait lancé l'idée, à la fin d'un long article saluant l'air de renouveau introduit par la publication du volume Éthique de la vie, par l'Académie pontificale pour la vie : "Il est légitime de se demander si le pape François nous livrera une nouvelle encyclique ou exhortation apostolique sur la bioéthique, qu'il pourrait peut-être intituler Gaudium vitae", puisque, avait rappelé Ferrer, Evangelium Vitae a vingt-cinq ans.

    Christopher Lamb, vaticaniste pour The Tablet, a dû particulièrement apprécier l'idée. C'est ainsi qu'il a organisé un tête-à-tête avec Mgr Vincenzo Paglia (APV), dont il rend compte, de manière assez pathétique, dans un article du 10 novembre. Pour être honnête, M. Lamb parle de "rumeurs croissantes" concernant un "nouveau document qui pourrait assouplir l'interdiction de la contraception artificielle par l'Église". Plus précisément, selon ces rumeurs, le pape, "qui a souligné à plusieurs reprises la primauté de la conscience formée et le rôle du discernement dans la prise de décision morale, pourrait faire évoluer la position selon laquelle les couples mariés ne peuvent en aucun cas recourir à la contraception artificielle".

    Son interlocuteur, interrogé, a toutefois répondu : "Je crois que le jour viendra où le pape François, ou le prochain pape, le fera". Mais qu'est-ce que je peux dire ? Il est certain que nous devons l'envisager". En substance, Lamb et Paglia préparent le terrain, suggérant déjà la ligne à suivre et même le titre de l'encyclique ; il n'apparaît pas clairement s'ils ont un commanditaire plus haut placé qu'eux, peut-être habillé en blanc. En fait, ce n'est pas un mystère que le pape François, face aux ouvertures du texte de base de l'APV, a défendu la liberté des théologiens de débattre à 360 degrés, parce qu'alors le Magistère décidera, oubliant ce détail que le Magistère, en ce qui concerne la contraception, l'insémination artificielle et la fin de vie, a déjà pris position.

    L'article de Lamb est plutôt banal : Paglia serait l'homme pacifique à l'esprit large qui veut être plus "pro-vie" plutôt que de simplement réaffirmer l'opposition traditionnelle de l'Église à l'avortement et à la contraception. D'autre part, il y a les méchants, ceux qui veulent "entraîner l'Église dans les guerres culturelles", comme certains évêques américains qui tentent "d'empêcher deux éminents politiciens catholiques" de recevoir la communion, ou comme ces obstinés qui prétendent que remettre en question l'enseignement d'Humanae Vitae sur la contraception reviendrait à "trafiquer l'enseignement irréformable de l'Église".

    Mais l'interlocuteur de Lamb est Paglia, l'impassible, pas du tout "contrarié par le débat agité qui a vu l'Académie fortement critiquée par une partie des médias catholiques", mais déterminé à atteindre son objectif. Écoutez, dit Mgr Paglia, ce qui est important aujourd'hui, c'est d'être vraiment "pro-vie d'une manière non idéologique" [...]. Nous sommes intéressés à battre en brèche - pour ainsi dire - les préjugés idéologiques qui contaminent la réflexion, qui contaminent l'opinion publique. Et ils empêchent une large participation à tous les niveaux". Soupe habituelle : être pour la vie signifie combattre les guerres, s'occuper de la faim dans le monde, de la hausse des suicides, de la peine de mort, des immigrants. Selon Paglia, l'axe doit être déplacé vers ces questions car, répète-t-il, le débat "sur l'avortement et l'euthanasie s'est idéologisé".

    La rencontre entre Paglia et Lamb a porté sur deux sujets très chauds. Le premier est la nomination de Mariana Mazzuccato en tant que membre de l'APV. Mgr Paglia ne voit aucun problème à cette nomination, puisque Mazzucato, selon lui, n'est pas réellement pro-avortement, mais pro-choix.  Le pouvoir des mots... En outre, la nomination d'un économiste serait justifiée par le fait que l'APV ne peut ignorer "les atteintes à la vie que constituent les inégalités". La question que Lamb aurait dû poser était facile : n'y avait-il pas un autre économiste préoccupé par les inégalités mais opposé à l'avortement ? Mais il est vrai aussi que Lamb n'était pas là pour saper Paglia, mais pour ouvrir la fenêtre d'Overton pour l'autorisation de la contraception.

    Et pour atteindre cet objectif, tout est permis. A commencer par Paglia, qui s'amuse à jeter de la poudre aux yeux et à brouiller les cartes ; d'abord, en effet, il fait l'éloge d'Humanae Vitae pour la parentalité responsable, puis il met en garde contre le risque d'appliquer l'encyclique "de manière strictement légaliste". Comme, par exemple, ceux qui ont recours aux "méthodes naturelles de contraception" pour ne pas avoir d'enfants ; ils "pourraient être très corrects dans l'application des méthodes naturelles" ; ils pourraient dire qu'ils "respectent la règle", mais trahissent la substance de l'enseignement de l'Église. Que quelqu'un lui explique que le recours aux périodes infertiles n'est pas contraceptif et que la question n'est pas de savoir si une chose est naturelle ou artificielle, mais de voir s'il s'agit d'un acte destiné à empêcher la procréation. Le coitus interruptus n'est pas artificiel, mais il est clairement contraceptif. Est-ce trop demander que de demander la démission d'un homme qui est à la tête de l'APV et qui ne connaît pas ces distinctions ? Ou, pire encore, fait-il délibérément semblant de ne pas les connaître ?

    Puis il évoque respectivement : l'oracle des sondages mondiaux qui, explique Lamb, montrent que la majorité écrasante des catholiques n'accepte pas que l'utilisation de contraceptifs soit moralement mauvaise ; Maurizio Chiodi, qui pontifie sur la possibilité d'une dissidence concernant l'enseignement de Humanae Vitae ; Benoît XVI, qui, dans les rêves agités de Lamb, aurait dit que "la contraception artificielle peut être utilisée lorsque l'intention n'est pas d'empêcher la conception mais d'arrêter la propagation d'une maladie mortelle". Sur ce dernier point, rappelons que la note d'éclaircissement de la Congrégation pour la doctrine de la foi avait clos le dossier : Benoît XVI n'avait en aucun cas ouvert la porte à la contraception dans certains cas, ni à la prostitution, ni au principe du moindre mal. Lamb ne peut pas l'ignorer, mais manifestement, certains saboteurs de la doctrine de l'Eglise ont particulièrement besoin de faire semblant de s'appuyer sur l'autorité de Benoît XVI : ils le détestent, mais ils ne peuvent pas se passer de lui.

    Même Saint John Henry Newman est appelé à la cause : son essai sur le développement de la doctrine est devenu le livre le plus cité (de manière détournée) par ceux qui, à supposer qu'ils l'aient lu, ne l'ont pas du tout compris, prenant pour du développement ce que Newman appelait en fait la corruption de la doctrine. (...)

    Paglia conclut l'entretien par un message d'amour et d'écoute : "Je dis à ceux qui s'opposent à la discussion de ces questions : je pense qu'il y a un profond problème de fidélité à l'Esprit. Et c'est qu'il s'agit d'une pathologie, d'une foi malade. Une foi dans la lettre et non dans l'Esprit. Je dirais que cela risque de "bloquer l'Esprit". Pas moins. En tout cas, Paglia, l'homme pacifique aux vues larges, invite les opposants " malades " à débattre, mais sans " tomber dans la tentation d'être le Magistère ". Nous l'invitons donc à une interview avec La Bussola, avant la sortie de Gaudium vitae. Seulement il n'y aura pas de Mr Lamb à ses côtés.

  • Qui sont les anges ? (club des "Hommes en noir")

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    De l'Homme Nouveau sur youtube :

    Peut-on nommer son ange gardien ? Comment se défendre des mauvais anges ? L'analyse du Club des Hommes en noir avec cette semaine autour de Philippe Maxence, les abbés Barthe et Benoît, les pères Danziec et Viot.

  • Liturgie : la crise en préparation dans les années qui précèdent Vatican II (1945-1965) (Denis Crouan) 

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    Liturgie 25 : La crise en préparation dans les années qui précèdent Vatican II (1945-1965) (46 mn) 

    https://youtu.be/FLQlEfjpI4w 

    On se demande souvent si la crise est venue de Vatican II. Le Docteur Crouan rappelle que Raïssa et Jacques Maritain écrivaient pendant le Concile, en 1964, alors que des théologiens dits de la « mort de Dieu » étaient entrés en scène tant en Amérique qu’en Europe depuis 1950  « Il me paraît bien significatif que dans le même temps où au Concile, le Saint Esprit fait proclamer des changements d’attitude qui représentent un progrès immense (et qui ont beaucoup trop tardé), dans le même temps un ouragan de bêtise et d’abjection d’une puissance extraordinaire et apparemment irrésistible souffle tout autour sur la vaste étendue du monde catholique et spécialement ecclésiastique. Cette crise me paraît une des plus graves que l’Église ait connue. Elle a à mes yeux un caractère eschatologique et semble annoncer de larges apostasies.  ».  

    Pourtant, en préparation à la convocation du Concile, le pape Jean XXIII était clair : « il existe entre la liturgie et le dogme (les vérités de la foi) un lien tellement indéfectible que celui qui touche à la liturgie sans avoir reçu un mandat de l’Église touche également au dogme et, par ricochet, à la morale ».  

     

     

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Le pape rappelle la primauté de la conscience sur n'importe quel pouvoir de ce monde

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCOIS à la Communauté du Séminaire saint Jean Népomucène

    Salle du Consistoire - Jeudi, 10 novembre 2022

    Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

    (...)

    Je voudrais partager avec vous quelques réflexions en commençant par le témoignage de votre Patron, St Jean Népomucène. C'est là que se trouve une racine solide, une racine toujours vivante, capable de nourrir le présent et l'avenir de votre communauté, comme elle l'a fait dans le passé.

    Il est toujours frappant de constater qu'il a été tué parce qu'il voulait rester fidèle au secret de la Confession. C'est touchant. Il a dit "non" au roi pour confirmer son "oui" au Christ et à l'Église. Et cela fait penser à ce que tant de prêtres, tant d'évêques ont dû endurer au cours de l'histoire sous divers régimes autoritaires ou totalitaires. Vous en avez fait l'expérience dans votre propre histoire. Pour votre collège, cela s'est passé pendant les quarante années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Et aujourd'hui, je salue avec vous la mémoire de tant de prêtres et d'évêques, d'hommes et de femmes consacrés, mais aussi de tant de laïcs, qui, avec la grâce de Dieu, ont eu le courage de dire "non" au régime pour rester fidèles à leur vocation et à leur mission. Cette multitude de martyrs cachés, nous ne la connaissons pas. Derrière votre vie, derrière votre histoire, il y a des martyrs.

    Cette racine de courage et de fermeté évangélique - qui remonte à votre saint patron - ne doit jamais devenir pour vous comme une plaque à mettre au mur, comme un objet de musée, comme un petit tableau, non, elle doit rester une racine vivante, car aujourd'hui encore nous avons besoin de sa sève ! Aujourd'hui encore, en Europe et dans toutes les parties du monde, être chrétien, et en particulier être des ministres de l'Église, des hommes et des femmes consacrés, exige de dire "non" aux pouvoirs de ce monde pour confirmer "oui" à l'Évangile. Il s'agit parfois de pouvoirs politiques, parfois de pouvoirs idéologiques et culturels, et leur conditionnement est plus subtil, passant par les médias, qui peuvent exercer des pressions, discréditer, faire du chantage, isoler, etc. ou, pire encore, vous amener à vivre dans la mondanité. Méfiez-vous de la mondanité spirituelle, qui est le pire qui puisse arriver à l'Église, le pire qui puisse arriver à un homme consacré, à une femme consacrée. Méfiez-vous de la vie mondaine, avec des critères mondains.

    Le témoignage de saint Jean Népomucène nous rappelle, aujourd'hui plus que jamais, la primauté de la conscience sur tout pouvoir mondain ; la primauté de la personne humaine, de sa dignité inaliénable, qui a son centre précisément dans la conscience, comprise non pas dans un sens purement psychologique, mais dans sa plénitude, comme ouverture au transcendant. Je souhaite que le Collège Pontifical qui porte le nom du grand prêtre et martyr bohémien soit toujours une maison et une école de liberté, de liberté intérieure, fondée sur la relation avec le Christ et l'Esprit Saint. (...)

  • Il était une fois le Concile Vatican II. Nouvelles notes sur son histoire, alors que la foi s’effondre

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Il était une fois le Concile Vatican II. Nouvelles notes sur son histoire, pendant que la foi s’effondre

    Les critiques d’Alexandra von Teuffenbach et de Francesco Saverio Venuto portant sur la reconstruction historique de ce qui s’est passé il y a soixante ans dans les tous premiers jours du Concile Vatican II, publiée par Settimo Cielo le 11 octobre sous la plume de Guido Ferro Canale, ont incité l’auteur de cette reconstruction à éclaircir sa méthode et les objectifs de sa recherche.

    Le souhait de Ferro Canale, c’est que l’on parvienne un jour à obtenir une histoire véritablement complète du Concile Vatican II, qui soit comparable à celle, sans égal, d’Hubert Jedin sur le Concile de Trente : une histoire qui s’attache surtout à la genèse de son magistère, c’est-à-dire à la manière font les documents approuvés sont nés et ont pris forme.

    Vaste programme, qui ne parvient en tout cas pas à faire taire l’incessante controverse en cours depuis des années sur le Concile et sur ses effets sur la vie de l’Église. Une controverse qui a trouvé un écho ces derniers jours jusque dans les pages du « New York Times », sous la plume de son « opinion columnist » Ross Douthat.

    Comme déjà dans son article précédent datant du 11 octobre, jour anniversaire de l’ouverture de Vatican II, le journaliste catholique Douthat voit dans Vatican II le début d’une crise verticale du catholicisme.

    Pour étayer sa thèse, il cite dans ces deux articles l’historien français Guillaume Cuchet, auteur en 2018 d’un livre au titre éloquent : « Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement ».

    Curieusement, même l’historien Roberto Pertici a cité ce livre de Cuchet, il y a deux ans sur Settimo Cielo, dans une analyse innovante, en s’émancipant des schémas actuels, sur les raisons de l’effondrement de la foi chrétienne justement à partir des années du Concile, même si ce n’était pas nécessairement dû au Concile lui-même:

    > Les attentes du concile contredites par l’histoire.  Les pourquoi de l’éclipse de la foi chrétienne

    Face à cet effondrement du régime de chrétienté et plus encore à l’évaporation de la foi catholique, ni le Pape François avec son soutien aux tendances de la post-modernité, ni les tentatives de relance du paradigme conservateur ne semblent en mesure d’amorcer un changement de cap.

    L’analyse de Pertici mérite absolument d’être relue. Mais laissons la parole à la mise au point de Ferro Canale su ce qu’il s’est passé au début de Vatican II et sur la manière d’en reconstruire la véritable histoire, publiée intégralement en italien sur cette autre page de Settimo Cielo :

    > Riscoprire un Concilio, riscoprire il diritto

  • Mgr Eleganti : "Je n'attends rien de bon du synode"

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    De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

    D'un évêque suisse : Je n'attends plus rien de bon du prochain synode

    L'évêque Marian Eleganti affirme que les discussions autour du synode sur la synodalité se concentrent sur "les mêmes vieux refrains réchauffés pour la énième fois depuis les années 1970".

    10 novembre 2022

    " Hypocrisie sans bornes ", " confusion ", " instrumentalisation de Dieu " - Mgr Marian Eleganti, ancien évêque auxiliaire de Coire en Suisse, peine à trouver des mots assez durs pour exprimer sa désapprobation sans équivoque du contenu des discussions entourant le synode de 2023 sur la synodalité.

    Dans une récente tribune publiée par le magazine catholique en ligne autrichien Kath.net, Mgr Eleganti s'est livré à une longue critique du prochain Synode qui vient de conclure sa phase diocésaine pour entrer dans la phase continentale, laquelle doit se dérouler jusqu'en mars 2023.

    Figure populaire et emblématique des trois dernières Journées mondiales de la jeunesse à Madrid, au Brésil et à Cracovie, Mgr Eleganti a été l'évêque des jeunes de la Conférence des évêques suisses pour la région germanophone de la Suisse entre 2011 et 2018. Il aurait démissionné en raison de désaccords avec les évêques suisses sur les orientations du Synode mondial des jeunes qui s'est tenu la même année.

    En effet, le franc-parler et les positions orthodoxes de Mgr Eleganti lui ont souvent valu d'être évincé par ses pairs. Le missionnaire bénédictin, qui a été abbé de l'abbaye de Saint Otmarsberg de 1999 à 2009, a également contribué au lancement de la première Rencontre mondiale des familles en Suisse alémanique en 2019.

    "L'Église n'était pas sur la mauvaise voie depuis 2000 ans et nullement dans le besoin d'être éclairée et corrigée par un processus synodal au 21e siècle", écrit Mgr Eleganti dans sa chronique, regrettant qu'au lieu d'aborder la synodalité comme un nouveau modus operandi dans l'Église, la discussion se concentre plutôt sur "tous les mêmes refrains réchauffés pour la énième fois depuis les années 1970" : démocratie, participation, implication dans le pouvoir, femmes dans toutes les fonctions, diaconat ou sacerdoce pour les femmes ; révision de la morale sexuelle concernant les relations extraconjugales, le remariage et l'homosexualité, abandon du centrage sur le prêtre dans la liturgie, etc. "

    Du vieux vin dans de nouvelles bouteilles

    " Les propositions maintes fois avancées sont versées encore et encore dans de nouvelles bouteilles sur lesquelles les étiquettes 'Écoute', 'Inclusivité', 'Accueil', 'Diversité', 'Égalité' sont maintenant collées dans une sorte de campagne de marketing qui vend les nouvelles d'hier comme les dernières nouvelles [...]", a-t-il déclaré. "Ce sont tous des termes qui sonnent bien et qui sont émotionnellement positifs, mais ce sont des phrases vides par rapport à la vérité".

    C'est précisément le type de relation à Dieu que véhiculent ces concepts que l'évêque suisse a remis en cause - celui d'un "amour global qui approuve et bénit tout ce que les gens font parce que tous sont enfants de Dieu", un Dieu qui s'arrête alors à être la "vérité et la justice" qui "excluent l'erreur et le péché."

    Rappelant que les enseignements de l'Église - y compris ceux qui concernent la vie conjugale et la sexualité - sont "immuables parce qu'ils sont vrais", il a affirmé qu'on ne pouvait s'attendre à des changements que dans la communication de la foi, et non dans sa doctrine. "Historiquement, les innovations dans la foi ont toujours été des hérésies qui ont conduit à de nouvelles divisions", a-t-il déclaré.

    "Nous avons oublié que l'Église est une Église 'enseignante' (ecclesia docens), une 'mater et magistra', 'mère et maîtresse' de la vérité, de la morale et de la foi - et non un somnambule que l'esprit du temps prend par la main."

    Pour lui, "parler constamment du Saint-Esprit et le revendiquer pour soi n'est rien d'autre que de la propagande, de l'(auto)tromperie, et fondamentalement une instrumentalisation de Dieu."

    Un résultat prédéterminé

    Un autre aspect central de sa critique est le contexte défavorable à un discernement approprié par le Saint-Esprit, qui est censé être impliqué dans un processus synodal.

    "Ce [processus synodal] n'a rien à voir avec un processus de réforme rempli par l'Esprit", poursuit-il. "Ce n'est rien de plus que la politisation interne à l'Église de ces sujets, en contraste avec le discernement de l'Esprit, qui n'est même pas entrepris à cet égard ou qui a déjà été entrepris et conclu, comme dans le cas du sacerdoce des femmes."

    "Le discernement, cependant, ne semble se produire que parce que les agendas ont été fixés dès le début et doivent maintenant être avancés universellement [...]", a-t-il affirmé.

    Dénonçant une "hypocrisie sans limites", il conclut en disant qu'il n'attend "rien de bon du prochain synode."

    "Je n'ai tout simplement plus confiance. La confusion que les synodes ont déjà instillée depuis 2014 est indubitable et me rend pessimiste quant au discernement de l'Esprit lors de ces événements."

    Solène Tadié est la correspondante pour l'Europe du National Catholic Register. Elle est franco-suisse et a grandi à Paris. Après avoir obtenu un diplôme en journalisme à l'université Roma III, elle a commencé à faire des reportages sur Rome et le Vatican pour Aleteia. Elle a rejoint L'Osservatore Romano en 2015, où elle a successivement travaillé pour la section française et les pages culturelles du quotidien italien. Elle a également collaboré avec plusieurs médias catholiques francophones. Solène est titulaire d'une licence en philosophie de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin, et a récemment traduit en français (pour les Éditions Salvator) Défendre le marché libre : The Moral Case for a Free Economy du Père Robert Sirico de l'Acton Institute.

  • "Dieu n'est pas présent dans ce processus synodal"

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    De Mgr Robert Mutsaerts évêque auxiliaire du diocèse de 's Hertogenbosch (Pays-Bas) (source) :

    La traduction de Jeanne Smits, sur son blog :

    8 novembre 2022

    Le processus synodal est-il un instrument pour transformer l’Église ?

    Le jeudi 27 octobre à Rome, le Secrétariat du Synode des évêques à Rome a présenté le document de travail en vue de la « phase continentale » du synode Pour une Église synodale : communion, participation et mission. La présentation eut lieu à l’occasion d’une conférence de presse à la Salle de presse du Saint-Siège, présidée par le cardinal Grech. Le document s’intitule Elargis l’espace de ta tente (Is 54, 2). Le Secrétariat du Synode des évêques doit par la suite, en s’appuyant sur l’ensemble des documents finaux issus des rencontres qui se sont tenues sur les différents continents, établir l’Instrumentum Laboris, le document de travail qui servira aux réunions synodales de 2023 et 2024.

    Un mot sert de mantra à ce processus : « écouter ». Ecouter qui ? Tout le monde. Le document de travail contient un nombre important de citations. « Ces citations ont (…) été choisies parce qu’elles expriment de manière particulièrement puissante, heureuse ou précise un sentiment qui revient dans de nombreux résumés. (…) L’expérience du synode peut être lue comme un parcours de la reconnaissance pour ceux qui ne se sentent pas suffisamment reconnus dans l’Église. » Les contours du processus synodal se font de plus en plus nets. Celui-ci sert de mégaphone aux opinions non conformes à l’enseignement de l’Eglise. Le document souligne ce à quoi devra aboutir le chemin synodal : « une Église synodale qui apprend de l’écoute comment renouveler sa mission évangélisatrice à la lumière des signes des temps, afin de continuer à offrir à l’humanité une manière d’être et de vivre dans laquelle tous peuvent se sentir inclus et protagonistes ».

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  • Le document de travail pour la phase continentale du Synode : un appel à une réforme des structures de l'Eglise qui n'a pas lieu d'être

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    De Joan Frawley Desmond sur le National Catholic Register :

    Le document de travail pour la phase continentale du Synode appelle à une réforme des structures de l'Eglise

    ANALYSE DES NOUVELLES : Les canonistes ont réservé un accueil mitigé au texte publié le 27 octobre, certains considérant que son appel à des réformes majeures n'a pas lieu d'être.

    Synod on Synodality logo for the working document for the continental stage.
    7 novembre 2022

    Le Synode sur la synodalité du Vatican a publié un document de travail destiné à établir un cadre pour la deuxième étape, ou " continentale ", du processus mondial de trois ans lancé par le pape François en 2021. Mais l'appel explicite du texte à la transformation des structures de l'Église a suscité la controverse (...).

    Intitulé "Élargissez l'espace de votre tente", le document invite les responsables catholiques à réfléchir aux demandes d'une Église plus inclusive et plus accueillante qui ont été exprimées au cours de la première phase du processus synodal, lorsque les diocèses locaux ont parrainé des enquêtes et des sessions d'écoute. 

    Une partie du texte va cependant beaucoup plus loin. Il appelle explicitement à la transformation de toutes les structures de l'Église par l'incorporation d'un modèle synodal d'écoute et de discernement priant qui aurait un impact sur la gouvernance de l'Église.

    "Toutes les institutions de l'Église, en tant qu'organes pleinement participatifs, sont appelées à examiner comment elles pourraient intégrer l'appel à la synodalité dans la manière dont elles exercent leurs fonctions et leur mission, en renouvelant leurs structures et leurs procédures", indique le texte, appelé de manière informelle le DCS ("Document pour l'étape continentale"), publié le 27 octobre.

    "L'Église doit également donner une forme et une manière synodale de procéder à ses propres institutions et structures, notamment en matière de gouvernance. Le droit canonique devra accompagner ce processus de renouvellement structurel, en créant les changements nécessaires aux dispositions actuellement en place." 

    Les évêques américains contactés pour cette histoire ont déclaré qu'ils n'avaient pas eu suffisamment de temps pour digérer le document de 44 pages et examiner ses ramifications. Ils discuteront probablement du texte lors de leur prochaine réunion à Baltimore, du 14 au 17 novembre, qui est prévue environ six semaines avant le début de l'étape continentale en 2023.

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  • Est-ce maintenant que vient le “dernier pape” des persécutions de la fin ?

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    De la Revue Cardinalis via le site Riposte Catholique :

    L'”Antéchrist” aurait-il déjà pris pied ?

  • L'affaire Mazzucato ou quand la foi n'est plus une vertu au Vatican

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Affaire Mazzucato : la foi n'est plus une vertu au Vatican

    8-11-2022

    A son retour de Bahreïn, le pape François annonce la nomination de Mariana Mazzucato à l'Académie pontificale pour la vie. Cette nomination est paradoxale en raison des déclarations pro-avortement et de l'athéisme de l'enseignante, mais pour le pape, il s'agit d'une "bouffée d'air frais d'humanité". Pourtant, jusqu'à Benoît XVI, l'athéisme était un préjudice pour l'homme et la société.

    Les avorteurs au Vatican : la question n'est pas anodine car elle signifie qu'à l'avenir les pro-vie devront travailler de plus en plus "malgré" le Vatican. Non seulement sans son soutien, mais aussi contre ses positions. Après tout, n'est-ce pas aussi le cas pour la procréation et l'homosexualité ? La situation est objectivement époustouflante et inquiétante dans sa paradoxalité. S'il s'agit de signes des temps, il faut décider de réviser quelque peu la doctrine théologique des "signes des temps".

    Athée et avorteur à l'Académie Pontificale pour la Vie : un paradoxe voulu par le Pape pour la Professeure Mariana Mazzucato comme membre de l'Académie Pontificale pour la Vie. On lui a demandé comment cette nomination était possible, étant donné que Mazzucato est une athée avouée et qu'elle est favorable à l'avortement d'État. François a confirmé que c'est lui-même qui a décidé de cette nomination, affirmant qu'il voulait ainsi injecter un souffle d'humanité dans l'Académie ["donner un peu d'humanité" ont été ses mots]. Il est très difficile de déchiffrer cette phrase selon la logique normale.

    Si Mazzucato représente un souffle d'humanité dans l'Académie parce qu'elle est athée et pro-avortement, alors cela signifie que ne pas être athée et être contre l'avortement dénote un manque d'humanité. Ceux qui ont été membres dans le passé, et ceux qui le sont encore sans être ni athées ni pro-choix, auraient une humanité pauvre ou du moins stagnante qui aurait besoin d'air frais. Mais l'humanité seule - à supposer que cela soit possible - est-elle capable d'apporter cet air pur, sans se référer au vrai Dieu ? Benoît XVI écrit dans Caritas in veritate : "Sans Dieu, l'homme ne sait pas où aller et ne peut même pas comprendre qui il est". Dans l'Église, on a toujours pensé que c'était Jésus qui apportait un souffle de (pleine) humanité, car sans Lui l'humanité n'est même pas capable de comprendre ce qu'elle est.

    L'affaire Mazzucato n'est pas seulement l'affaire Mazzucato. Si le principe s'applique à sa nomination à l'Académie de la vie, pourquoi ne s'appliquerait-il pas partout ? Deux parents devraient être heureux que leur fille se marie avec un athée, car cela apporterait un souffle d'humanité ; ils devraient être heureux que le catéchiste de la paroisse ou l'enseignant à l'école soit athée et favorable à l'avortement, car cela apporterait un souffle d'humanité. Et pourquoi pas un athée comme président de l'Académie pontificale pour la vie ? La logique, même la plus étrange, a ses propres exigences en matière de cohérence.

    En parlant de cohérence. En 2016, François a approuvé le nouveau statut de l'Académie pontificale pour la vie. L'article 1 dit qu'elle "a pour finalité la défense et la promotion de la vie humaine", l'article 5 dit systématiquement que les membres en font partie "uniquement pour l'accomplissement de ses tâches spécifiques" [c'est-à-dire la défense et la promotion de la vie], et qu'ils sont nommés par le pape sur la base d'un "...service fidèle dans la défense et la promotion du droit à la vie de toute personne humaine". Elle stipule également que les membres "s'engagent à promouvoir et à défendre les principes relatifs à la valeur de la vie et à la dignité de la personne humaine, interprétés de manière conforme au Magistère de l'Église". Le même article stipule également que la qualité de membre peut être révoquée "en cas d'action ou de déclaration publique et délibérée manifestement contraire à ces principes". La logique et la cohérence exigeraient soit que François modifie le statut, soit qu'il retire la nomination de la professeure Mazzucato. La logique aristotélicienne, la logique naturelle de la pensée humaine, s'applique également à l'Église. La fiabilité du témoin dans toutes ses autres déclarations en dépend. Le premier principe de la logique est celui de la non-contradiction : on ne peut pas affirmer et nier la même chose en même temps et du même point de vue. Or, écrire que les membres de l'Académie doivent défendre et promouvoir la vie et nommer ensuite un membre qui, en raison de ses propres positions déclarées, n'entend ni défendre ni promouvoir la vie, est logiquement une contradiction.

    Et là s'ouvre un autre problème d'une gravité sans précédent. Jean-Paul II, dans Centesimus annus, affirme que "la négation de Dieu prive la personne de son fondement et, par conséquent, conduit à la réorganisation de l'ordre social sans tenir compte de la dignité et de la responsabilité de la personne". Tout le magistère social de l'Église jusqu'à Benoît XVI a toujours soutenu les dommages que l'athéisme cause à la société, étant donné que sans Dieu, l'homme est également perdu et qu'avec le déclin de la transcendance, l'immanence proclamée s'effondre également. L'avortement et l'athéisme sont donc étroitement liés. Ils ne le sont pas seulement dans les convictions de la professeure Mazzucato, mais ils le sont en eux-mêmes. Et maintenant, ils le sont aussi pour l'Académie créée par Jean-Paul II le 11  février 1994.

  • Le cardinal Sarah : un succès éditorial manifeste

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    Du Père Danziec sur le site de l'Homme Nouveau :

    CARDINAL ROBERT SARAH, UN SUCCÈS ÉDITORIAL MANIFESTE

    cardinal robert sarah

    Le père Danziec revient sur la trajectoire littéraire du cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la congrégation du Culte Divin, à l’occasion de la « journée internationale de l’écrivain Africain », et pose son regard vif sur ses ouvrages majeurs.

    30 ans, ça se fête ! Au regard de la vie du Christ, il s’agit de l’âge apostolique par essence. En 1992, l’Association Panafricaine des Ecrivains décidait de créer une journée internationale de… l’écrivain Africain. Sans nul doute, encore aujourd’hui, l’ancien Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor reste pour le grand public la figure emblématique de l’homme de lettre africain. Elu en 1983 au fauteuil n°16 de l’Académie Française, l’auteur d’Ethiopiques devint alors le premier africain « Immortel » et le… 666ème membre de l’Académie.

    Depuis, et au-delà de ce que peut laisser entendre ce fameux chiffre de la bête, une personnalité africaine singulière a su empiler les succès éditoriaux ces dernières années. Au point même de faire la Une de Paris Match l’été passé. Cette journée internationale de l’écrivain Africain, nous donne l’occasion, en ce lundi 7 novembre 2022, de revenir sur ces ouvrages majeurs du cardinal guinéen Robert Sarah.

    Le plus personnel : Dieu ou rien, entretien sur la Foi, Cardinal Robert Sarah (Fayard, 2015, 424 p.)

    A 70 ans, le cardinal Sarah revient sur sa vie hors des sentiers battus, de la brousse africaine qui l’a vu naître à la Ville éternelle où le pape Benoît XVI lui a remis la barrette rouge. Confidences intimistes où se dévoilent une liberté de ton inhabituelle pour un homme d’Eglise de son rang.

    Le titre seul « Dieu ou rien » est évocateur d’une savoureuse radicalité évangélique qui manque tant à l’esprit missionnaire dans l’Eglise. Quant au sous-titre « entretien sur la Foi », il s’agit d’une référence explicite au cardinal Ratzinger dont le livre éponyme « Entretien sur la Foi », publié en 1985, avait fait grand bruit. Dans cet ouvrage, celui qui était alors le plus proche collaborateur du Pape Jean-Paul II jetait un premier pavé dans la marre de l’autosatisfaction des années post Vatican II.

    Le plus antimoderne : La force du silence, contre la dictature du bruit, Cardinal Robert Sarah (Fayard, 2016, 347 p.)

    Un an après le succès de Dieu ou rien, le cardinal guinéen s’attaque à la face la plus pernicieuse du monde moderne : sa conspiration implacable contre toute espèce de vie intérieure pour reprendre Bernanos dans La France contre les robots (1947).

    Alors que des hommes d’Eglise s’inquiètent de la montée des populismes, cherchent à modifier le contenu même du dépôt révélé ou se font les apôtres des énergies renouvelables pour sauver la planète, le cardinal Sarah se penche sur la racine du mal être occidental, un cancer intérieur qui ne dit pas son nom : la dictature du bruit et de l’immédiateté.

    Le plus prophétique : Le soir approche et déjà le jour baisse, Cardinal Robert Sarah (Fayard, 2019, 448 p.)

    Profitant résolument de son aura grandissante, le cardinal reprend sa plume à l’image d’un lanceur d’alerte. Crise de la Foi, confusion dans l’Eglise, déclin de l’Occident, trahison des élites, consommation débridée, montée de l’islamisme : notre monde serait-il aux portes de la barbarie ?

    Dans Le Dialogue des Carmélites, au chevalier qui lui dit : « Je sais que le crépuscule vous rend mélancolique », Blanche de la Force répond : « C’est qu’il n’y a jamais eu qu’un seul matin, Monsieur le chevalier : celui de Pâques. Mais chaque nuit où l’on entre est celle de la Très Sainte Agonie… ».

    Trois ans après la publication du Soir approche et déjà le jour baisse, le sentiment qui domine est celui d’être entré dans la nuit. Devant les coups de boutoir du wokisme, les vexations liturgiques et les scandales récurrents qui traversent l’Eglise, l’audace de la Foi invite, encore et toujours, chacun de nous à travailler à l’avènement d’un nouveau matin de Pâques.

    Le plus polémique : Des profondeurs de nos cœurs, Cardinal Robert Sarah (Fayard, 2020, 180 p.)

    Nous sommes en 2020, en pleine incertitude quant aux conséquences du synode sur l’Amazonie. La rumeur laisse entendre que ce dernier pourrait être l’occasion de remettre en cause le célibat sacerdotal. Le cardinal Sarah décide d’adresser au grand public un grand cri en défense de la vision traditionnelle du prêtre, et ce, avec la collaboration de Benoît XVI. Certains commentateurs perplexes estiment que le pape émérite est sorti de sa réserve en s’associant à la démarche du préfet du Culte Divin. La polémique intense, et la confusion qui s’en est suivie, quant à l’apposition de la signature au bas de l’ouvrage témoigne de la gravité des luttes d’influence au cœur du Vatican.

    Il n’empêche, les mêmes qui adulaient le pape François pour avoir ouvert le débat sur le célibat sacerdotal furent ceux qui honnir le pape émérite pour y avoir pris part. La Croix n’hésite pas à voir alors en Ratzinger un être « disruptif », voire d’évoquer un « méchant coup dans le dos du Pape François ». L’hebdomadaire La Vie s’inquiète sur le risque « d’un magistère parallèle ».

    En vérité, indépendamment de la question de la collaboration de Benoît XVI, le cardinal Sarah, n’est pas sorti de son silence mais s’est attaché à nous en livrer le fruit. « Je ne peux pas me taire, ni feindre l’ignorance » invoque l’auteur en citant Saint Augustin. Refuser de garder le silence pour invectiver le Pape François ? Le propos de l’exposé théologique Des profondeurs de nos cœurs ne consistait pas tant à lutter contre Bergoglio qu’à servir l’Eglise. Et par là même justement, d’aider son chef suprême à garder sauf l’un des trésors du christianisme. Et non l’un de ses boulets.

    Le plus sacerdotal : Pour l’éternité, Cardinal Robert Sarah (Fayard, 2021, 300 p.)

    En s’appuyant sur des textes de souverains pontifes ou de saints, le cardinal Sarah poursuit son plaidoyer initié dans Des profondeurs de nos cœurs, mais en le prolongeant cette fois-ci avec l’assise de la Tradition. Le prélat offre au lecteur ses propres méditations spirituelles sur le ministère presbytéral. Précise et enracinée dans le concret et l’expérience d’un pasteur d’âmes, sa réflexion va à rebours de ce que l’on entend habituellement dans les assemblées diocésaines, commissions et autres chemins synodaux.

    Non le prêtre n’est pas un homme comme un autre. Il est un homme à part, pauvre pécheur certes, mais choisi par Dieu pour être son médiateur entre les trésors des bienfaits divins et l’humanité en route vers son éternité. En outre, le grand intérêt du livre est de remettre à l’honneur – et en lumière ! – l’apport de certaines figures méconnues ou oubliées, comme saint Jean Chrysostome ou le pape Pie XII.

    A lire également : Dieu ou rien ! Grand entretien avec le cardinal Robert Sarah – L’Homme Nouveau

    Pour retrouver les livres du Cardinal Sarah : Recherche | Fayard

  • "Et le Verbe s'est fait idéologie". Au Synode : une Église falsifiée

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    "Et le Verbe s'est fait idéologie". Au Synode, une Église falsifiée

    7-11-2022

    Le document de travail pour le Synode sur la synodalité, présenté le 27 octobre, est une répétition de la formulation typique de l'idéologie pseudo-chrétienne avec laquelle les hiérarchies ecclésiastiques martèlent continuellement les fidèles : inclusion, Église sans portes, rejet de la division entre croyants et non-croyants.

    Le 27 octobre, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, a été le premier à prendre la parole lors de la conférence de presse présentant le document de travail pour la phase continentale du Synode, un document résumant les résultats des consultations. En fait, "Élargissez l'espace de votre tente", le titre du document, est la synthèse des synthèses. Les différentes réponses des fidèles ont en effet été envoyées par les diocèses respectifs à la conférence épiscopale compétente, qui a préparé un premier recueil. Ces résumés ont ensuite été envoyés au Secrétariat du Synode, qui, par l'intermédiaire d'un groupe d'"experts", a préparé un autre résumé, c'est-à-dire le document qui a été rendu public. Selon le cardinal Jean-Claude Hollerich, 112 des 115 conférences épiscopales, 15 églises catholiques orientales, 17 dicastères romains, l'Union des supérieurs majeurs et quelques mouvements et associations ont répondu. Rien n'a été dit sur le nombre de catholiques en chair et en os qui ont envoyé des commentaires.

    Le cardinal Grech a exprimé sa surprise et celle du "groupe qui a collaboré à la lecture de la synthèse et à la rédaction du Document" en raison de la "convergence singulière sur de nombreux points de contributions provenant de contextes ecclésiaux et culturels très différents". Mais ce qui est plus suspect que surprenant, c'est l'uniformité expressive, dans un strict "synodalisme", des citations citées. Grech s'avance en reconnaissant que "le Document a été rédigé à partir des synthèses des Conférences épiscopales et non pas directement à partir des contributions des Églises particulières" ; mais en même temps il revendique la fidélité aux contributions originales, excluant catégoriquement la possibilité "que toutes les Conférences épiscopales aient volontairement étouffé la prophétie du Peuple de Dieu", un soupçon qui serait "tout aussi idéologique que de supposer le contraire". Une déclaration qui implique, et peut-être que le Cardinal ne s'en est pas rendu compte, que même l'hypothèse qu'il n'y a pas eu de falsification est idéologique.

    En effet, l'hypothèse la plus probable, si l'on considère les résumés rapportés, est qu'une falsification substantielle et profonde est en cours dans l'Église dans deux directions : de l'institution vers les fidèles (ou au moins une partie d'entre eux), et de ces derniers vers l'institution. Le cardinal Grech l'appelle la "dynamique de restitution" ; en substance, un passage continu : "en écoutant le Peuple de Dieu, chaque évêque pourra vérifier si et dans quelle mesure son Église se reconnaît dans le Document ; les éventuelles observations sur le Document pourront être envoyées par les Églises individuelles aux Conférences épiscopales, qui pourront à leur tour produire une synthèse plus organique, qui contribuera au discernement de l'Assemblée continentale".

    Pourquoi s'agit-il d'un processus de falsification ? Parce que de nombreux membres du peuple de Dieu, en particulier ceux qui sont "engagés", ont été atteints non pas par la prédication de l'Évangile, mais par la formulation typique de l'idéologie pseudo-chrétienne. On renvoie donc à leurs pasteurs les désirs qui ont été en fait préalablement induits par le martelage idéologique des pasteurs eux-mêmes (à quelques exceptions près) et de leurs diverses commissions diocésaines et paroissiales. Les pasteurs ont ensuite envoyé aux bureaux concernés des conférences épiscopales ces réponses, qui ont été convenablement synthétisées, c'est-à-dire mieux amalgamées à l'idéologie ecclésiale dominante. Ainsi reformulés, ils retourneront vers les pasteurs et le peuple, afin qu'ils puissent encore mieux "intérioriser" l'idéologie et sa phraséologie. Et ainsi de suite, dans une dynamique que l'on appelle " dynamique circulaire de prophétie-discernement ", selon précisément un vocabulaire idéologique désormais bien rodé.

    Ce qui émerge, par conséquent, n'est pas du tout le sensus fidei, comme le suggère le document au n. 9, c'est-à-dire le consentement des fidèles, en vertu de la vertu théologale de la foi, infusée en eux au baptême, mais plutôt une consultatio fidelium, menée et rapportée de manière idéologique.

    Voyons concrètement quelques exemples de l'idéologie à l'œuvre, en citant certaines de ces citations qui, selon le document, "tentent de donner une idée de la richesse des matériaux reçus, faisant résonner la voix du Peuple de Dieu de toutes les parties du monde".

    Commençons par une citation de la synthèse proposée par la Conférence des Evêques d'Italie, qui serait l'une des voix appelant à l'inclusion totale dans l'Église : " La maison-Église n'a pas de portes qui se ferment, mais un périmètre qui s'élargit continuellement ". Ou encore, celle de la CE portugaise : "Le monde a besoin d'une 'Église sortante', qui rejette la division entre croyants et non-croyants, qui tourne son regard vers l'humanité et lui offre, plutôt qu'une doctrine ou une stratégie, une expérience de salut, un 'débordement du don' qui répond au cri de l'humanité et de la nature". Ou encore cette formulation alambiquée de la CE argentine : " Il est important de construire un modèle institutionnel synodal comme paradigme ecclésial de déconstruction du pouvoir pyramidal qui favorise la gestion unipersonnelle.

    Face à de telles formulations, il n'y a que deux possibilités : soit les réponses initiales ont été largement déformées pour se conformer à la formulation actuelle de l'église synodale, soit les réponses sont authentiques, mais proviennent de cette infime partie de catholiques engagés (que l'on trouve pourtant - toujours eux - dans tous les conseils pastoraux, conseils diocésains, commissions, etc.) suffisamment idéologisés. Cette " portion élue " qui, pour être clair, soutient l'autorisation de l'avortement, mais enseigne le catéchisme ; est un ministre extraordinaire, mais ne croit pas à la transsubstantiation ; retourne la paroisse pour enlever les cierges de cire et sauver la planète du réchauffement climatique, mais garde au moins 24 degrés dans la maison.

    Un autre aspect omniprésent dans le document est le martèlement de l'inclusivité. Au §13, il est affirmé que " l'Église synodale [...] apprend de l'écoute comment renouveler sa mission évangélisatrice à la lumière des signes des temps, afin de continuer à offrir à l'humanité une manière d'être et de vivre dans laquelle tous peuvent se sentir inclus et protagonistes ". Qui sont les exclus qui doivent être "inclus et protagonistes" ? Qui sont ceux qui ne se sentent pas représentés dans l'Église ? La lecture du § 39 soulève plus que le soupçon qu'il s'agit de personnes qui vivent et pensent d'une manière qui contredit la foi sur des aspects substantiels ; et qui n'ont pas l'intention de changer, mais attendent plutôt un changement de la part de l'Église, afin qu'elle puisse reconnaître comme inspiré par l'Esprit Saint, comme une voix prophétique, ou un signe des temps - selon la phraséologie synodale déjà plus qu'éprouvée - ce qui exprime simplement un sentiment, un désir, un mode de vie qui doit être corrigé et purifié : "Parmi ceux qui demandent un dialogue plus incisif et un espace plus accueillant, nous trouvons également ceux qui, pour diverses raisons, ressentent une tension entre l'appartenance à l'Église et leurs propres relations affectives, comme par exemple : les divorcés remariés, les parents isolés, les personnes vivant dans un mariage polygame, les personnes LGBTQ, etc. " Indication accompagnée d'une citation du résumé idéologiquement correct envoyé par la CE des USA : "Les gens exigent que l'Eglise soit un refuge pour les blessés et les brisés, et non une institution pour les parfaits. Ils veulent que l'Église rencontre les gens là où ils sont, qu'elle marche avec eux plutôt que de les juger, et qu'elle établisse de vraies relations grâce à la bienveillance et à l'authenticité, et non à un sentiment de supériorité".

    Dans la même veine, on trouve les paragraphes consacrés à la question de l'exclusion présumée des femmes de la vie de l'Église : " De nombreuses synthèses [...] demandent à l'Église de poursuivre son discernement sur certaines questions spécifiques : le rôle actif des femmes dans les structures de gouvernance des organismes ecclésiaux, la possibilité pour les femmes ayant une formation adéquate de prêcher dans le cadre paroissial, le diaconat féminin ". Des positions beaucoup plus diversifiées sont exprimées en ce qui concerne l'ordination sacerdotale des femmes, que certaines synthèses souhaitent, tandis que d'autres considèrent qu'il s'agit d'une question fermée " (§ 64). La contribution des instituts de vie consacrée sonne la charge : " Dans les processus de décision et le langage de l'Église, le sexisme est répandu [...]. En conséquence, les femmes sont exclues des rôles importants dans la vie de l'Église et souffrent de discrimination parce qu'elles ne reçoivent pas un salaire équitable pour les tâches et les services qu'elles accomplissent. [...] Dans certaines Eglises, il y a une tendance à exclure les femmes et à confier les tâches ecclésiales aux diacres permanents ; et aussi à sous-évaluer la vie consacrée sans habit".

    Qui sait si la sous-estimation de la vie consacrée sans habit est le principal problème de l'Église aujourd'hui. Il est certainement logique que le document soit silencieux sur ce qui est maintenant sous les yeux des plus aveugles parmi les aveugles : l'apostasie de masse, les liturgies régurgitées, l'effondrement des vocations sacerdotales et religieuses, le mépris de la vie humaine, les familles brisées. Et un pontificat qui est de plus en plus la cause de la désorientation des fidèles.