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Doctrine - Page 70

  • Qui est l’homme de François au sein de l’Académie pontificale pour la Vie ?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Il y a encore un autre jésuite dans l’équipe de François. À l’Académie pour la vie, on le connaît bien

    Dans cette escouade de jésuites que le Pape François a installé aux manettes de l’Église, dont pas moins de trois sont cardinaux, il faut encore ajouter un nom, que Settimo Cielo a coupablement omis dans son article précédent.

    C’est un nom qui circule peu. Et personne ne l’a cité, ces derniers jours, au plus fort des critiques qui se sont abattues sur l’Académie pontificale pour la Vie, alors que la personne qui porte ce nom en était en fait à l’origine.

    La polémique avait éclaté à la suite de la nomination, faite par le Pape le 15 octobre, de nouveaux membres de l’Académie, dont certains ne correspondaient que peu, voire pas du tout avec la finalité « pro vie » de l’Académie elle-même.

    La nomination la plus contestée avait été celle de l’économique américaine Mariana Mazzucato, ouvertement « pro choice » en matière d’avortement. Mais ensuite également d’un autre Américain, Alberto Dell’Oro, de Sheila Dinotshe Tlou du Botswana et du jésuite argentin Humberto Miguel Yáñez, professeur à l’Université pontificale grégorienne. C’est à ce dernier, spécialiste en pastorale de la famille, qu’on a reproché en particulier la désobéissance à l’encyclique « Humanae vitae » de Paul VI qui interdit le recours aux contraceptifs artificiels.

    Face à ces critiques, l’Académie pontificale pour la Vie, présidée par l’archevêque Vincenzo Paglia, membre historique de la Communauté de Sant’Egidio, a réagi le 19 octobre par un communiqué pour s’autojustifier, à l’enseigne du « dialogue » et de la « confrontation » entre thèses différentes, et ensuite une fois encore par un autre communiqué dans lequel on faisait savoir que Paglia, reçu en audience par le Pape François le jour même, avait reçu de lui « une pleine appréciation ».

    Aucun doute, en fait, que Paglia et le Pape soient en fait à l’origine de ces nominations. Par ailleurs, l’appréciation personnelle de Jorge Mario Bergoglio pour les positions de Mme Mazzucato en économie sont de notoriété publique.

    Mais bien peu savent qu’à l’Académie pontificale pour la Vie, il y a un autre jésuite qui, pour le Pape François, vaut et pèse bien plus que Paglia. Il se nomme Carlo Casalone. Il a 66 ans. Entre 1995 et 2008, il a été rédacteur de la revue des jésuites de Milan « Aggiornamenti Sociali » et de 2008 à 2014 supérieur de la Province d’Italie de la Compagnie de Jésus. Il enseigne aujourd’hui la théologie morale et la bioéthique à l’Université pontificale grégorienne et depuis 2013, il est Président de la Fondation Carlo Maria Martini, le célèbre jésuite et cardinal qui dans son dernier livre n’avait pas hésité à accuser « Humanae vitae » d’avoir, par son interdiction de la contraception artificielle, causé « un grand dommage » à l’Église, alors qu’il aurait fallu en revanche « une nouvelle culture de la tendresse et une approche de la sexualité plus libérée des idées préconçues ».

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  • Une nouvelle apologétique

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    De Dominique de la Barre sur son blog "La Ligne claire" :

    The New Apologetics by Matthew Nelson

    Apologie de la foi catholique

    5 novembre 2022

    Évêque depuis juin dernier de Winona-Rochester au Minnesota, Robert Barron est connu comme le fondateur de l’institut Word on Fire (https://www.wordonfire.org/), qui promeut l’apostolat en ligne. C’est à son inspiration et impulsion qu’on doit la publication de The New Apologetics, un petit recueil d’une quarantaine d’essais traitant de la théologie et de la philosophie, de la psychologie et de la sociologie, des sciences et des arts. Par apologie il y a lieu d’entendre la défense raisonnée de la foi (ici catholique), à la fois une nécessité et un devoir selon ce qui est écrit au chapitre III, verset 15 de la 1ère épître de Saint Pierre. Son but est d’affirmer la vérité de la Révélation, l’harmonie entre foi et raison et une saine compréhension de la liberté humaine.

    La Nouvelle Apologie s’inscrit résolument dans le contexte de la nouvelle évangélisation proclamée par Jean-Paul II et entend s’adresser au monde actuel postchrétien, parfois anti-chrétien, athée et surtout relativiste. Elle se veut le reflet de l’attention que l’Église catholique accorde aux sciences et affirme résolument la cohabitation en l’homme de la foi et de la raison, deux modes de la connaissance humaine. Puisant à la source d’une longue et solide tradition intellectuelle qui remonte aux Pères de l’Église, elle connaît et reconnaît ses ennemis, Sartre, Nietzsche ou Marx et la société athée qu’ils ont engendrée.

    La Nouvelle Apologie fait de la beauté, la splendeur de la vérité selon le titre de l’encyclique de Jean-Paul II, le fer de lance de son approche car seule la beauté, pas toujours présente dans la culture catholique actuelle il est vrai, est à même de désarmer les objections que lui adresse le relativisme contemporain.

    The New Apologetics fait référence à des références culturelles, et en particulier littéraires, tirées du monde anglo-saxon qui ne seront pas toutes familières à un lecteur de langue française ; néanmoins, ses enseignements sont applicables à d’autres cultures pour la raison-même que la foi chrétienne s’inscrit dans la réalité très concrète de l’incarnation.

    Ce petit livre a vocation à constituer un manifeste de la foi catholique afin d’être tout à tous (1 Cor IX, 22). Plus qu’un manuel d’argumentation, il a vocation à être entendu dans et par le monde d’aujourd’hui, en ligne et hors ligne, par les jeunes en particulier et par tous ceux qui en Occident se sont éloignés de l’Église.

    The New Apologetics, Word on Fire, 288 pages, 2022

  • Une théologie fracturée dans une Eglise polarisée

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    Une interview de Peter John McGregor par Carl E. Olson sur The Catholic World Report :

    La fracture de la théologie dans une Église polarisée

    La "séparation entre la foi et la raison", déclare Peter John McGregor, co-éditeur de Healing Fractures in Contemporary Theology, "est une séparation du divin et de l'humain dans la théologie. C'est le Saint-Esprit qui peut ramener ces deux éléments à l'harmonie."

    4 novembre 2022 

    Peter John McGregor est maître de conférences en théologie dogmatique et spiritualité à l'Institut catholique de Sydney, en Australie. Lui et Tracey Rowland - qui est titulaire de la chaire de théologie Saint-Paul II à l'université de Notre Dame (Australie) et a reçu le prix Ratzinger en 2020 - sont coéditeurs de Healing Fractures in Contemporary Theology (Cascade Books, 2022).

    McGregor a récemment correspondu avec Carl E. Olson, rédacteur en chef de Catholic World Report, au sujet de la fracture de la théologie, de la polarisation dans l'Église, de l'importance et de la place de la pensée de Joseph Ratzinger/Benoît XVI, des tensions sur la liturgie et de sujets connexes.

    CWR : Dès le début, dans le titre du livre et dans l'introduction, vous soulignez la nature fracturée de la théologie aujourd'hui. Comment la théologie est-elle fracturée ? Est-ce qu'une partie du problème est une dispute, ou des désaccords, sur la nature de la théologie elle-même ?

    McGregor : La "fracture" est une métaphore. C'est l'image d'une certaine "désintégration" de la théologie, une désintégration qui, je pense, est en cours depuis au moins la fin du Moyen Âge, bien que l'on puisse peut-être identifier cette tendance tout au long de l'histoire de l'Église.

    En disant que la théologie est "fracturée", je ne veux pas dire qu'il existe différentes "écoles" théologiques. Le mystère de Dieu et de notre relation avec lui est si grand qu'il ne peut y avoir une seule école, un théologien parfait et complet. Les deux seuls qui peuvent prétendre être des "théologiens" parfaits sont Jésus et Marie. Jésus est le Theou Logos, le Verbe de Dieu, la théologie incarnée, et Marie est celle qui a parfaitement médité tout ce que Dieu lui a révélé. Tous les autres, même les grands saints érudits, sont des théologiens moins que parfaits.

    Cela dit, je pense que certaines "écoles" ont plus de problèmes que d'autres, et que certaines sont fatalement défectueuses. Je placerais dans cette dernière catégorie ce que j'appelle les écoles orthopratiques de personnes comme Edward Schillebeeckx. Sur ce point, je répéterais l'adage selon lequel "toutes les métaphores boitent". Je suis donc d'accord avec ce que le père Aidan Nichols a dit dans sa critique parue sur First Things, à savoir qu'il ne s'agit pas seulement de "guérir des fractures". Plutôt, si l'on changeait la métaphore pour reconstituer un puzzle, certaines pièces du puzzle sont irrémédiablement endommagées.

    Je pense que la question théologique fondamentale depuis Vatican II est : "Qu'est-ce que la théologie ?" Alors, oui, cette dispute fait partie du problème, c'est une exacerbation du problème. Mais le problème est bien plus ancien que Vatican II.

    Je considérerais ce que font certains théologiens récents et contemporains comme n'étant pas du tout de la théologie, mais autre chose. Par exemple, je travaille actuellement sur ce qui sera, je l'espère, un livre critiquant la théologie d'un certain théologien "postmoderne" et j'ai conclu que ce que cette personne fait n'est pas du tout de la théologie, mais une sorte de philosophie du langage. Les raisons en sont que, pour lui, tous les problèmes humains, y compris la relation entre l'homme et le divin, sont réduits à des problèmes linguistiques, mais, plus important encore, l'Esprit Saint ne joue absolument aucun rôle ni dans sa méthode ni dans son contenu, c'est-à-dire dans la manière dont il théologise et sur quoi il théologise.

    Mais comment peut-on théologiser sans que le Saint-Esprit y soit pour quelque chose ?

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  • Le président Biden, l'archevêque Paglia et la mortification de l'Église

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    De George Weigel sur The Catholic World Report :

    Le président Biden, l'archevêque Paglia et la mortification de l'Église

    Allons-nous maintenant avoir des hérétiques qui nient la divinité du Christ nommés comme membres du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, au nom du "dialogue" ?

    2 novembre 2022

    Aucune personne qui a travaillé à Washington pendant plus de quatre décennies, comme moi, ne peut imaginer Joseph Robinette Biden, Jr, comme l'un des couteaux les plus tranchants du tiroir. Même avec le recul de 31 ans, sa tentative d'enseigner la théorie du droit naturel au futur juge Clarence Thomas lors des auditions de confirmation de ce dernier est toujours aussi répugnante. Il s'est autodétruit lors de plusieurs campagnes présidentielles à cause de gaffes verbales (et de plagiats). Tout récit honnête de son succès dans l'obtention de la nomination démocrate de 2020 concédera qu'il a été plus ou moins consacré par la crainte que Bernie Sanders, le socialiste du Vermont qui a passé sa lune de miel dans le Moscou de la guerre froide, ne conduise le parti au bord du précipice.

    Aujourd'hui, il est évident pour toute personne ayant la moindre connaissance de la médecine gériatrique que M. Biden est atteint de troubles cognitifs. Le fardeau de l'âge s'est donc superposé à l'incapacité intellectuelle, et l'habituelle fanfaronnade de M. Biden n'est plus qu'une mince couverture pour le dysfonctionnement, l'indiscrétion et une malpropreté après l'autre. Compte tenu de ces réalités, les éthiciens peuvent débattre du degré de culpabilité morale de M. Biden pour sa politique incessante en faveur de l'avortement, qui s'est intensifiée depuis que la Cour suprême a, à juste titre, jeté Roe v. Wade à la poubelle de l'histoire jurisprudentielle en juin dernier. Objectivement parlant, cependant, M. Biden est devenu non seulement un embarras pour l'Église, mais un contre-témoin de l'Évangile que l'Église proclame.

    Sentant, avec d'autres démocrates, que les vents politiques soufflaient dans une direction défavorable alors que les élections de mi-mandat de 2022 entraient dans la dernière ligne droite, l'homme qui claironne effrontément qu'il enfoncera son chapelet dans la gorge de quiconque mettra en doute sa bonne foi catholique a annoncé que sa première action, si les démocrates contrôlaient à la fois la Chambre et le Sénat en janvier 2023, serait de "codifier" Roe v. Wade par voie législative.

    En fait, ce que M. Biden et ses partisans proposent est l'attaque la plus draconienne que l'on puisse imaginer contre le droit à la vie : une licence d'avortement à l'échelle nationale qui, au nom de menaces non spécifiées pour la "santé" maternelle, légaliserait le démembrement d'un enfant à naître jusqu'à la naissance. Le projet de loi proposé par Biden et les démocrates laisse la définition de la "santé" si vague qu'elle autorise les avortements tardifs, en cas de problèmes de "santé mentale" qui peuvent être pratiquement tout et n'importe quoi.

    En promouvant un permis de tuer pratiquement sans restriction, M. Biden s'est déclaré en dehors de la pleine communion de l'Église. Les prêtres et autres personnes qui ont dit à cet homme superficiel et mal catéchisé que sa position sur l'avortement pouvait être conciliée avec la pleine communion avec l'Église catholique portent le plus lourd fardeau de la responsabilité morale - tout comme les évêques appelés à exercer un soin pastoral pour M. Biden. Mais il ne fait aucun doute que, objectivement, le président Biden s'est mis dans une position de communion diminuée, défectueuse, avec l'Église qu'il aime. Ce qui est dommage, c'est que ce qu'il aime, il ne le connaît pas. Et l'amour sans la connaissance est un simple sentiment.

    Il y a aussi Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie. Nous étions, j'imagine, amis autrefois. Au milieu des années 1990, nous avons travaillé avec le regretté cardinal William Keeler pour faire ériger un mémorial au cardinal James Gibbons de Baltimore dans la basilique de Santa Maria in Trastevere, dont Mgr Paglia était alors le recteur. En 1887, le cardinal Gibbons a prononcé dans cette vénérable basilique, qui venait de devenir son église romaine "titulaire", un sermon qui anticipait l'enseignement du Concile Vatican II sur l'Église et l'État. Keeler et moi avons pensé que ce moment devait être commémoré, et Paglia n'aurait pas pu être plus utile pour faire aboutir le projet, suggérant même que le mémorial Gibbons soit mis en parallèle dans le sanctuaire de la basilique avec un mémorial à un autre grand défenseur de la liberté religieuse, le cardinal polonais Stefan Wyszyński, aujourd'hui béatifié.

    Mais c'était à l'époque, et nous sommes aujourd'hui. Et l'archevêque, qui a présidé à la déconstruction de l'Académie Pontificale de la Vie telle que le Pape Saint Jean Paul II l'avait créée, n'est plus l'homme que j'ai connu il y a trois décennies. Ainsi, Mgr Paglia a récemment accepté la nomination du professeur Mariana Mazzucato, une économiste pro-avortement, comme membre de l'académie pontificale, au nom d'un "dialogue interdisciplinaire, interculturel et interreligieux fructueux."

    Il s'agit là d'une absurdité des plus superficielles, voire d'une duplicité. Devons-nous maintenant avoir des hérétiques qui nient la divinité du Christ nommés comme membres du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, au nom du "dialogue" ? Ou des antisémites appelés à des postes officiels au Vatican au nom d'un "dialogue" sur le judaïsme ?

    La mortification de l'Église se poursuit. Elle nous renforcera dans la vérité, en fin de compte. Mais c'est tout de même une mortification.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt livres, dont Witness to Hope : The Biography of Pope John Paul II (1999), The End and the Beginning : Le pape Jean-Paul II - La victoire de la liberté, les dernières années, l'héritage (2010), et L'ironie de l'histoire catholique moderne : How the Church Rediscovered Itself and Challenged the Modern World to Reform (2010). Ses livres les plus récents sont The Next Pope : The Office of Peter and a Church in Mission (2020), et Not Forgotten : Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021).

  • Euthanasie : quand le Père Abbé de Fontgombault monte au créneau

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    L'homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, pour la Toussaint (source) :

    (Fontgombault, le 1er novembre 2022)

    Venite benedicti patris mei
    Venez les bénis de mon Père
    (Mt 25,34)

    Chers Frères et Sœurs,
    Mes très chers Fils,

    Deux foules peuplent les horizons de la liturgie de ce matin de Toussaint. L’épître nous associe à la joie du voyant de l’Apocalypse devant la cité céleste. La voix puissante d’un ange énumère le nombre des élus parmi les douze tribus d’Israël. Puis voici, une foule innombrable de toutes races, peuples, nations et langues qui se tiennent devant le trône de Dieu. L’évangile nous fait entendre une autre voix, celle du Seigneur, plus douce, qui invite ses contemporains, et qui nous invite, à la mise en œuvre des béatitudes comme la porte ouvrant vers une grande récompense dans les cieux.

    Comment ne pas rappeler cet autre enseignement du Seigneur évoquant le jugement de la fin des temps, et dont saint Matthieu s’est souvenu à la fin de son évangile :

    Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire… toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. » (25,31-34)

    Et quel sera le critère du discernement ?

    J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! (ib. 35-36)

    La pratique des œuvres de miséricorde attire la bénédiction de Dieu : ce que vous « avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (v.40) Heureux donc les pauvres de cœur, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix. Heureux ceux qui offrent à manger et à boire à l’indigent, qui accueillent l’étranger, qui soignent et visitent le malade et le prisonnier. En mettant en œuvre sans relâche, jour après jour, l’enseignement du Seigneur, ils indiquent à leurs frères le chemin qui, de la vie dans l’éphémère temps présent, conduit à la Jérusalem céleste.

    L’accompagnement du malade, l’accès aux soins palliatifs est devenu une question importante alors que de nombreux États ont autorisé ou se préparent à rendre légale l’euthanasie. Ce faisant, l’État providence, en offrant à ses citoyens une « mort heureuse », prétend se substituer à la Providence divine qui dispose toute chose, et en particulier le moment de la mort, avec justice et amour.

    Il y a un peu plus de deux ans, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un document intitulé Samaritatus bonus (1) , « Le Bon Samaritain », consacré au soin des personnes en phases critiques et terminales de vie. Je vous invite vivement à le relire intégralement et à le faire connaître. Je crois de mon devoir aussi de le citer un peu longuement ce matin dans le cadre de cette homélie.

    Ce document rappelle que :

    L’Église considère... comme un enseignement définitif que l'euthanasie est un crime contre la vie humaine parce que, par un tel acte, l'homme choisit de causer directement la mort d'un autre être humain innocent. Ceux qui adoptent des lois sur l'euthanasie et le suicide assisté sont donc complices du grave péché que d'autres commettront. Ils sont également coupables de scandale car ces lois contribuent à déformer la conscience, même des fidèles. (Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2286.) « les supplications de très grands malades demandant parfois la mort ne doivent pas être comprises comme l’expression d’une vraie volonté d’euthanasie ; elles sont en effet presque toujours des demandes angoissées d’aide et d’affection... » (Cong. pour la Doctrine de la Foi, Décl. Iura et bona (5 mai 1980))

    Les lois qui approuvent l'euthanasie « non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience...“il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes” (Ac 5, 29) ». (Jean-Paul II, Evangelium vitae (25 mars 1995), n. 73)

    La Congrégation veut aussi répondre à l’objection que l’opposition à une telle loi tiendrait aux convictions religieuses de l’individu. Il n’en est rien :

    Le droit à l'objection de conscience ne doit pas nous faire oublier que les chrétiens ne rejettent pas ces lois en vertu d'une conviction religieuse privée, mais en vertu d'un droit fondamental et inviolable de chaque personne, essentiel au bien commun de toute la société. Il s'agit en effet de lois contraires au droit naturel, dans la mesure où elles sapent les fondements mêmes de la dignité humaine et d'une vie en commun fondée sur la justice.

    Enfin, le document précise que pour conférer le sacrement de réconciliation, le confesseur doit veiller à ce que le pénitent ait une contrition. Aussi, une personne inscrite auprès d'une association pour recevoir l'euthanasie ou le suicide assisté doit montrer son intention d'annuler cette inscription avant de recevoir les sacrements. Dans le cas où le patient serait inconscient, le prêtre pourrait administrer les sacrements sous condition et seulement si le repentir peut être présumé à partir d'un signe donné précédemment par la personne malade. Ceux qui assistent spirituellement les malades ne pourraient en aucun cas rester présents au moment de l’acte, ce qui ne pourrait être interprété que comme une complicité au mal.

    Alors que l’Église nous convie à méditer en ce jour sur la beauté du Corps mystique du Christ, elle nous rappelle que nous ne sommes pas seulement les profiteurs d’un admirable échange où la sainteté des uns profite aux autres. Les âmes au purgatoire, nos frères de la terre, et tout particulièrement ceux qui sont dans l’épreuve, implorent l’aumône de notre prière. Cheminant au cœur de l’Église militante, nous avons le devoir de nous entraîner les uns les autres vers la cité céleste, d’être comme un bon ange pour notre frère. Qui comprend la sainteté de la cité céleste, n’a de cesse d’y mener son prochain.

    Que Marie, Mère de Dieu, Reine des Anges et des Saints, Mère de miséricorde et Refuge des pécheurs, intercède pour nous. Amen.

    (1) https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20200714_samaritanus-bonus_fr.html

    CDF_Samaritanus_bonus.pdf

  • Quelle sortie de crise peut-on imaginer pour l'Eglise ?

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    De l'abbé Claude sur Res Novae :

    Imaginer une sortie de crise pour l’Église

    novembre 2022

    De grandes échéances approchent inéluctablement. La décomposition du catholicisme va s’accélérant, et pas seulement en Allemagne. De ce fait, la mise en évidence d’un schisme de fait s’accroît entre un catholicisme de conservation (au sens où Yann Raison Du Cleuziou parle de catholiques qui ont maintenu une sorte de « conservatoire ») et un catholicisme libéral-conciliaire. De grandes secousses peuvent donner l’occasion, aux évêques qui en auront la volonté, suscitée par la toute puissante Providence, d’amorcer le dur combat d’une renaissance. Se trouvera-t-il de tels Successeurs des Apôtres ?

    Un salut qui ne peut être que hiérarchique

    L’Église, du fait de l’événement Vatican II, est plongée dans une crise d’un type totalement atypique où le fonctionnement habituel du magistère est comme enrayé. Cela tient aux novations enseignées par ce concile et à cette sorte de démission que constitue la sortie du magistère infaillible, au moins comme référence, et son remplacement par l’enseignement pastoral. Le signe le plus visible de cette ère nouvelle étant une liturgie elle-même pastorale, affaiblie, parfois considérablement, du point de vue de sa signification théologique.

    La divine constitution de l’Église étant fondée sur le pape et les évêques, la sortie de crise, à terme, ne peut être qu’une reprise en main par le pape et les évêques unis à lui. Ils devront nécessairement se consacrer à un renversement ecclésiologique dans le cadre d’une société catholique, aujourd’hui minoritaire. L’Église retrouvera la conscience d’être la totalité surnaturelle de son Corps mystique sur la terre, dans la pauvreté des moyens que lui impose une situation de persécution idéologique du monde moderne[1].

    Tel est le terme. Auparavant les fidèles de l’Église (jadis, on aurait pu y ajouter les princes chrétiens), animés par le sensus fidelium, peuvent certes œuvrer grandement en cette direction, notamment par la conservation de la lex orandi traditionnelle. Mais la préparation adéquate au retournement dont nous parlons serait – ou est déjà, quoique bien faiblement encore – l’action réformatrice de Successeurs des Apôtres en communion prévenante avec le pape devenu restaurateur. 

    Il ne faut pas se cacher que si la confession intégrale de la foi catholique redevient un jour, comme il est de règle, le critère d’appartenance à l’Église, la brisure latente de l’unité qui existe depuis cinquante ans entre catholiques[2] va nécessairement se transformer en schisme ouvert. Et cela ne pourra intervenir que « dans le sang et dans les larmes » moralement parlant. Mais ce sera en même temps libérateur, la vérité étant par essence salvatrice, y compris pour les schismatiques appelés au choix et à la conversion. Car on ne peut malheureusement pas prévoir de solutions gentillettes à une crise de cette profondeur.

    Sortir d’un catholicisme « allégé », revenir à un catholicisme « entier »

    Quel programme peut-on imaginer pour la hiérarchie du futur, et dans un plus proche avenir pour ces évêques anticipant et préparant le relèvement de l’Église ? Nous évoquerons dans de prochaines livraisons un certain nombre de thèmes de réforme, et auparavant de prolégomènes à la réforme, comme la recomposition de la liturgie, le retour à la prédication sur les fins dernières, la restauration de la discipline de la communion, l’enseignement de ce qu’on pourrait appeler le catéchisme tout simplement, la morale et spécialement la morale conjugale, la formation des prêtres.

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  • Vivre au milieu des saints (homélie pour le jour de la Toussaint 2022)

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour la fête de la Toussaint 2022 :

    Vivre au milieu des saints

    Je te montrerai le chemin du ciel

    Quand on entend le Seigneur dire « votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5,12), on est souvent un peu dépité, car on aimerait une récompense pour maintenant. Enfin, dans l’ambiance actuelle, c’est déjà quelque chose d’entendre qu’on peut se préparer à un grand avenir… L’avenir nous paraît de nos jours si compliqué… Tout à l’heure je me demanderai si ce bel avenir ne commence pas aujourd’hui, mais explorons d’abord de quoi sera fait cet avenir. Je ne le ferai pas par des suppositions, mais à partir de l’énumération que le Seigneur nous fait en promettant le bonheur.

    Nous vivrons avec des gens qui ont un cœur de pauvre, pas avec des orgueilleux, des râleurs, des mal-contents, des méprisants… Quel bonheur de vivre avec des gens qui cherchent à promouvoir l’autre plutôt qu’eux-mêmes ! Nous vivrons avec des doux, avec des miséricordieux qui ne font pas la liste de leurs griefs envers nous mais nous accueillent avec un grand cœur. Avec des personnes sensibles qui osent pleurer du mal qui frappe l’homme. Avec des pacifiques. Avec des amoureux de la justice — non pas seulement la justice sociale, mais aussi celle qui concerne Dieu : que Dieu soit honoré comme il convient, et le prochain servi comme il convient ! Nous vivrons avec des gens qui ont tant aimé le Seigneur qu’ils n’ont pas craint les insultes ou la persécution. Bref, quel paradis partagé avec de tels frères et sœurs, à contempler l’auteur de toute beauté, de toute joie, de tout amour : nous verrons Dieu tel qu’il est ! (1 Jn 3,2)

    Vous me direz : et pour tous ceux qui ne sont pas comme le dit Jésus, qu’y aura-t-il pour eux ? C’est pour eux que la méditation de l’Église, a partir des indications de l’Écriture qui parlent d’une purification possible après la mort, a imaginé qu’il y avait un Purgatoire : un lieu où l’âme trop tournée vers elle-même apprend à s’ouvrir, à devenir généreuse, à entrer dans le pardon et la louange. C’est pourquoi nous prions pour nos morts, afin de les soutenir dans ce processus de transformation qui introduit à la vie du ciel.

    Revenons à la question qui demande : est-ce seulement pour l’avenir ?  En réalité nous pouvons déjà commencer le paradis maintenant. Le Royaume des cieux est déjà présent. Regardez-vous : nous sommes entre saints ! Il n’y a pas que les saints canonisés, ni les saints inconnus que nous fêtons en cette fête de Toussaint qui méritent ce nom de saint. Saint Paul appelait souvent « saints » les chrétiens auxquels il s’adressait. Vous me direz : avec tous les défauts de l’Église, ce n’est pas trop ça… Mais qui donne la sainteté ? Le saint fait des efforts pour se corriger, pour devenir plus aimant et plus persévérant, mais ce ne sont pas ses efforts qui lui donnent la sainteté. Le saint n’est pas celui qui est irréprochable, mais celui qui se laisse purifier par Dieu. Plus déterminant que les efforts que nous faisons, ce sont les efforts que Dieu fait qui changent la donne. Ce qui nous rend saints, c’est d’accueillir sa miséricorde, c’est de se laisser animer par lui. Lui seul est capable de nous rendre purs, de redonner à notre âme sa beauté, son ardeur à aimer. En cette fête de tous les saints, désirons à notre tour être saints : désirons que Dieu nous transforme par son amour, et qu’ainsi nous allions de l’avant.

  • Aucun synode ne peut changer la foi de l'Église

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    De kath.net/news (Joachim Heimerl) :

    Le synode mondial comme chapiteau de cirque. A propos du document actuel du secrétariat du synode du Vatican

    31 octobre 2022

    "Manifestement, on a perdu de vue le plus important : aucun synode ne peut changer la foi de l'Église et s'il tente de le faire, il n'est tout simplement plus catholique".

    Avec la publication actuelle du document de travail pour la prochaine phase du Synode des évêques 2023/24, son résultat est au fond déjà connu : il s'agit de réinventer une Eglise qui n'est plus consciente de sa propre tradition.

    "Élargis l'espace de ta tente" est le titre bien choisi du document : Ce n'est plus la révélation finale de Dieu qui est au centre, comme l'exprime par exemple la "tente de la révélation" biblique ; au contraire, il s'agit ici d'un chapiteau de cirque où tout doit pouvoir cohabiter et où des représentations absurdes sont admises dans l'espace sacré de l'Église : Le remariage des divorcés et même la polygamie, tous deux en contradiction flagrante avec le sacrement de mariage, y trouvent leur place, tout comme les unions homosexuelles, que les Saintes Écritures condamnent expressément : "Les hommes qui désirent des hommes (...) ne posséderont pas le royaume de Dieu" (1 Cor. 6,10).

    Il va de soi que cette ménagerie aborde également la "question des femmes" : dans l'esprit du document, une Eglise "synodale" est manifestement une "Eglise de femmes", qui n'a aucune compréhension pour le fait que le Christ, en tant que grand prêtre éternel, n'a appelé que des hommes au ministère ordonné.

    Mais ce n'est pas tout : un style "synodal" doit également être introduit dans la célébration de la sainte messe : Cela signifie tout simplement qu'à l'avenir, à la manière protestante, il sera surtout question des "co-célébrants". Il n'est plus question de l'actualisation du sacrifice de la croix, ni de Jésus-Christ comme unique chef de son Église. La "vieille messe" n'est connotée que comme une querelle ; on ne pense pas à un retour salutaire à la tradition liturgique.

    Dans l'ensemble, le document annonce un changement de paradigme : L'Église n'est plus une communauté hiérarchiquement liée au Christ, mais une société "ouverte" qui se donne elle-même ses lois contemporaines. Bien sûr, on formule cela de manière plus agréable : on parle d'une "Eglise capable d'une inclusion radicale" ; cela inclut manifestement, outre la rupture avec l'ancienne doctrine des sacrements, l'inclusion du péché dans le sens d'une morale sexuelle totalement libertine. - C'est effectivement "radical" : cela va au fond des choses pour la religion catholique.

    Bien sûr, on pourrait objecter ici que le document n'est qu'un résumé de différentes positions, et c'est bien sûr le cas. Mais on pourrait tout aussi bien dire qu'il ne s'agit que de bavardages qui se donnent le nimbe du "Saint-Esprit" afin d'infiltrer l'Eglise en son sein. Dans ce contexte, le cardinal Müller a parlé à juste titre d'une "prise de contrôle hostile" et d'une "destruction de l'Eglise" si cela devait effectivement réussir. C'est dans ce contexte que le président de la "conférence épiscopale allemande" parle désormais d'une "dynamique synodale" qui s'est emparée de toute l'Église : Il s'agit - comment pourrait-il en être autrement du point de vue allemand - de la dynamique de l'hérésie.

    Bien sûr, il y a dans l'Eglise des positions différentes et surtout une large ignorance de la foi catholique. Mais c'est justement là qu'un document du Vatican qui ne se donne même pas la peine de mettre en jeu l'enseignement définitif de l'Eglise pour faire passer les positions divergentes de la tête aux pieds n'aide pas.

    Manifestement, on a perdu de vue le plus important : aucun synode ne peut changer la foi de l'Eglise et s'il tente de le faire, il n'est tout simplement plus catholique. Il n'est alors plus qu'un chapiteau de cirque, tout comme ce document.

  • Le Christ est ce que nous avons de plus cher

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    Du cardinal Sarah à la journée de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Christ est ce que nous avons de plus cher

    31-10-2022

    "Aujourd'hui, l'invitation de Jésus nous stimule surtout à renouveler notre adhésion à lui, personne vraiment vivante et vraiment chère, et à ne pas le confondre avec un quelconque projet d'idéologie ou de société chrétienne (...). C'est seulement en contemplant l'amour du Père pour son Fils que nous apprenons nous aussi à aimer Jésus-Christ".

    Nous publions la méditation du Cardinal Robert Sarah* à la Journée de la Nuova Bussola Quotidiana 2022, qui s'est tenue le 29 octobre à Palazzolo sull'Oglio avec la participation d'environ 1000 personnes.

    "Le Christ est ce que nous avons de plus cher" : cette déclaration est la profession de foi la plus profonde que le cœur d'un chrétien puisse faire. Comme nous le remarquons dans l'Évangile, dès sa première apparition, une grande foule suit Jésus. Sa parole a toujours quelque chose de fascinant, et chacun peut y trouver quelque chose qui lui convient et le juge avant lui-même ou les autres. Hier, aujourd'hui, toujours une foule nombreuse a cherché, cherche et cherchera à s'emparer du Seigneur pour ce qui leur convient. Jésus, par contre, qui connaît le cœur de l'homme, dit immédiatement que pour ceux qui le suivent, il ne s'agit pas de choisir une de ses vérités, mais de le choisir Lui, une Personne vivante, réelle, présente, qui veut être choisie et suivie uniquement par amour.

    L'AMOUR DU CHRIST

    L'amour, et seulement l'amour, peut justifier une radicalité qui pourrait autrement sembler anormale ou impossible, mais que, dans la totalité que comporte tout amour, l'amour pour Lui exige de manière si globale parce que personne et rien ne peut être au-dessus de Lui. Celui qui aime son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie plus que moi, dit Jésus, n'est pas digne de moi. Il est vrai que ce qui nous tient le plus à cœur, c'est le Christ. Le chrétien n'est pas celui qui aime à moitié ou qui n'aime pas le monde, mais celui qui aime avec une telle plénitude que le monde n'est qu'un des nombreux moments de cet amour, mais ne s'y épuise pas. 

    Pour moi, rien n'est aussi réducteur de la plénitude de l'amour du Christ que de parler de célibat, qui est un concept négatif, car il indique la non-réalisation. Il faut plutôt parler de la virginité qui, si pour les conjoints elle n'est pas physique, pour tous, conjoints et non conjoints, doit être intérieure, libératrice, signe d'un choix de foi qui trouve en Jésus son unique Seigneur, son trésor le plus précis. Bien sûr, il ne faut pas se présumer, il faut avoir l'humilité quotidienne de mesurer ses propres forces, de fructifier ses talents, de stimuler ses charismes, afin de ne pas commencer une construction que l'on aurait ensuite du mal à achever.

    Aimer le Christ et prier pour la sagesse du cœur ne suffit pas. La vie doit être le signe de ces nouvelles relations, de cette "nouveauté" qui bouleverse la respectabilité tranquille de l'homme. Si l'on aime le Christ plus que quiconque, on doit aimer ceux avec lesquels le Christ s'est identifié : les petits, les pauvres, les derniers. Saint Paul nous donne un exemple concret de cette capacité révolutionnaire du Christ qui non seulement surmonte toutes les barrières sociales, mais fait concrètement aimer le dernier, l'esclave fugitif, au-delà de toute attente. C'est ainsi qu'il écrit à Philémon : "moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme et, qui plus est, prisonnier maintenant à cause du Christ Jésus, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. Cet Onésime (dont le nom signifie « avantageux ») a été, pour toi, inutile à un certain moment, mais il est maintenant bien utile pour toi comme pour moi. Je te le renvoie, lui qui est comme mon cœur. Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile. Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses ce qui est bien, non par contrainte mais volontiers. S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi. S’il t’a fait du tort ou s’il te doit quelque chose, mets cela sur mon compte. Moi, Paul, j’écris ces mots de ma propre main : c’est moi qui te rembourserai." (Phlm 1,9-19).

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  • Célébrer Vatican II ?

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    De l'Homme Nouveau sur youtube :

    60 ans après, que retenir du Concile Vatican II ? Pourquoi le pape François tient-il à célébrer cet anniversaire ? Les réponses du Club des Hommes en noir avec autour de Philippe Maxence, les abbés de Tanouärn et Célier, le père Danziec, Guillaume de Thieulloy et Laurent Dandrieu.

  • Synode : une "grande tente" ou une maison sur le sable ?

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    Du National Catholic Register :

    Logo for the Synod on Synodality.

    Le Synode construit-il une grande tente - ou une maison sur le sable ?

    EDITORIAL : En ne fondant pas la "diversité d'opinions" qu'il présente sur un socle de saine doctrine, le processus risque de se désolidariser du Christ et de son Église.

    28 octobre 2022

    Le Synode sur la synodalité a publié un "document de travail" pour l'étape continentale du processus pluriannuel de l'Église. Pour le thème du document, une synthèse des textes produits lors de l'étape régionale, les organisateurs du synode ont choisi une image tirée du livre du prophète Isaïe : "Elargis l'espace de ta tente".

    Le texte poursuit en interprétant ce verset comme un guide pour l'Église "sur son chemin synodal". Comme la toile de la tente d'Isaïe, l'Église est appelée "à s'étendre... mais aussi à se déplacer" lorsqu'elle voyage avec le peuple de Dieu. Les chevilles qui assurent la tenue de la tente, les fondements de la foi, ne changent pas, mais "peuvent être déplacées et plantées dans un terrain toujours nouveau, de sorte que la tente puisse accompagner le peuple dans sa marche à travers l'histoire". Enfin, comme les cordes d'une tente, les structures de l'Église doivent être ajustées pour éviter de s'affaisser, en équilibrant "les différentes forces et tensions" en son sein.

    "Élargir la tente exige d'accueillir d'autres personnes en son sein, de faire de la place à la diversité", peut-on lire dans le document de travail. 

    Interpréter la tente d'Isaïe comme une image de l'Église n'a rien de nouveau. Après tout, le passage est intégré dans un texte prophétique plus large qui parle de la restauration et de l'expansion d'Israël par Dieu à toutes les nations, ce qu'il fait, bien sûr, par Jésus-Christ et l'établissement de son Église, le Nouvel Israël. 

    Mais à bien des égards, ce que le Synode sur la synodalité propose pour l'Église ressemble moins à la tente en expansion d'Isaïe qu'à une autre image structurelle tirée de l'Écriture : la maison construite sur le sable.

    Comme cette maison, décrite dans l'Évangile selon Matthieu, l'ecclésiologie du synode continue à montrer des signes d'être construite sur une fondation défectueuse. En effet, bien que le document de travail du synode fasse référence aux "fondements de la foi", il ne montre guère de compréhension claire de ce que sont ces fondements et de la manière dont ils devraient guider le discernement en cours sur la façon dont l'Église peut devenir plus authentiquement synodale.

    Cela apparaît clairement dans la présentation que fait le document des diverses "tensions" qui sont apparues aux niveaux diocésain et régional. Par exemple, le document parle d'une grande "diversité d'opinions" qui "a été exprimée sur le sujet de l'ordination sacerdotale des femmes, que certains rapports appellent de leurs vœux, tandis que d'autres considèrent comme une question fermée". Aucune indication supplémentaire - comme le fait que saint Jean-Paul II a enseigné de manière définitive dans Ordinatio Sacerdotalis que l'Église "n'a aucune autorité pour conférer l'ordination sacerdotale aux femmes", un enseignement que le pape François a clairement indiqué comme étant définitif - n'est fournie. 

    C'est comme si l'enseignement établi de l'Église n'était pas pertinent ou était supplanté par le processus synodal et son affirmation éhontée du sensus fidei (sens de la foi), où qu'il puisse mener. 

    Bien sûr, un tel processus de discernement et de détermination de l'enseignement et de la pratique de l'Église est absurde. Il est déconnecté de la Tradition de l'Église, telle qu'elle est interprétée et enseignée par le magistère de l'Église, le rocher sur lequel le Christ a construit sa Maison. Elle troque la "terre ferme" dont parle Jésus pour les sables mouvants des opinions changeantes et de l'esprit du monde. 

    Ce n'est pas une coïncidence si l'image finale utilisée par le document pour transmettre son concept de catholicisme "à grande échelle" met l'évêque à l'écart. Alors que l'égale dignité de tous les baptisés est, bien sûr, primordiale pour toute compréhension correcte de l'Église, lorsqu'il s'agit de discerner et d'enseigner ce qui est cohérent avec la doctrine catholique, on ne peut tout simplement pas contourner le fait que les successeurs des apôtres, en unité avec le Pape, jouent un rôle irremplaçable et central. Marginaliser la fonction d'enseignement de l'épiscopat, c'est proposer tout autre chose que l'Église de Jésus-Christ.

    Le désir d'étendre l'Église comme la tente d'Isaïe est louable, mais, bien sûr, c'est déjà fait. L'Eglise est déjà pour tous les hommes - parce que le Christ a vécu, est mort et est ressuscité à une vie nouvelle pour tous. L'Eglise a échoué et continue d'échouer à inviter de manière adéquate ceux qui sont à l'extérieur dans cette communion, mais la solution n'est pas d'échanger un terrain solide contre du sable mouvant. Il s'agit de nous engager à nouveau dans l'Église que le Christ nous a donnée, en faisant confiance à sa grâce et à sa vie - et non à nos propres idées et plans - pour renouveler la face de la terre.

  • Pourquoi tant de nouveaux membres de l'Académie pontificale pour la vie sont-ils en désaccord avec l'enseignement de l'Église sur la vie et la sexualité ?

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Pourquoi tant de nouveaux membres de l'Académie pontificale pour la vie sont-ils en désaccord avec l'enseignement de l'Église sur la vie et la sexualité ?

    Quatre membres récemment nommés à l'académie ont rompu avec l'Eglise sur l'immoralité de l'avortement et/ou de la contraception artificielle.

    27 octobre 2022

    Jusqu'à présent, il est apparu que deux académiciens récemment nommés membres à part entière de l'Académie pontificale pour la vie ont exprimé leur soutien public à l'avortement légalisé, un autre a préconisé l'accès universel à l'avortement et l'utilisation de la contraception artificielle chez les pauvres, et un quatrième nouveau membre, un professeur de théologie morale jésuite, a clairement indiqué qu'il soutenait la contraception artificielle dans certains cas. 

    Le pape François a également nommé au conseil d'administration de l'académie un théologien français, directeur de l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour le mariage et les sciences de la famille, qui a semblé promouvoir la contraception de la même manière et a approuvé les bénédictions liturgiques pour les couples homosexuels dans certaines conditions. 

    Les nominations du pape, annoncées le 15 octobre, ont semé la consternation parmi les théologiens moralistes, les juristes et les médecins catholiques qui ont fermement réprouvé ces choix comme étant contraires à l'objectif premier de l'académie. Le pape Jean-Paul II a créé cette institution en 1994 pour "défendre et promouvoir la valeur de la vie humaine et la dignité de la personne".

    Les critiques ont également fait valoir que le choix de ces membres va à l'encontre des propres statuts de l'académie, révisés en 2016, qui exigent que chaque membre ordinaire (le plus haut rang de membre de l'académie) soit choisi pour, entre autres attributs, son "service fidèle dans la défense et la promotion du droit à la vie de toute personne humaine."

    Les nouveaux académiciens, ajoutent les statuts, doivent également "s'engager à promouvoir et à défendre les principes concernant la valeur de la vie et la dignité de la personne humaine, interprétés d'une manière conforme au magistère de l'Église". Cependant, l'obligation pour les nouveaux membres de signer une déclaration promettant de défendre la vie en conformité avec le magistère de l'Église a été supprimée en 2017. 

    Le père George Woodall, théologien moral, ancien secrétaire de coordination de l'Académie pontificale pour la vie, a déclaré au Register le 26 octobre qu'en nommant ces nouveaux membres, dont un conférencier d'une université pontificale qui semble représenter l'école proportionnaliste de théologie morale qui considère le choix entre le moindre de deux maux comme moralement acceptable, les nominations avaient "provoqué anxiété et consternation". 

    "L'immoralité intrinsèque, non pas de tout meurtre de la vie humaine, mais du meurtre délibéré et direct de la vie humaine innocente, telle qu'elle est enseignée à travers les siècles, a été exprimée avec autorité dans l'encyclique Evangelium Vitae de 1995 [du pape saint Jean-Paul II]", a déclaré le père Woodall. "Ce point de départ et de référence constant semble être en danger d'être sapé par ces nominations." 

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