Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ethique - Page 117

  • Le transhumanisme : une détestation de l’humain

    IMPRIMER

    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    François-Xavier Bellamy : « Le transhumanisme est d’abord une détestation de l’humain »

    « La volonté de tout transformer atteint aujourd’hui sa dernière frontière : l’homme lui-même. » C’est le constat de François-Xavier Bellamy, philosophe et député européen, dans un entretien à l’Osservatore Romano.

    « Si rien ne nous convient dans le réel, l’homme lui-même doit être transformé », décrypte-t-il. Car « le rêve du transhumanisme n’est rien d’autre que le projet de ce changement appliqué à l’auteur du changement lui-même : il s’agit de vaincre les frontières qui limitent son mouvement, d’éliminer les rigidités, les pesanteurs de la vie humaine. » (cf. Le sens des limites)

    Deux grandes limites : le sexe et la mort

    « Les deux grandes limites que nous tentons de dépasser sont celles que les humains ont expérimentées, et qui les ont éprouvés, depuis la nuit des temps : le sexe, et la mort », explique le philosophe. « La première frontière est le sexe, parce que l’altérité sexuelle fait que je ne peux pas être le “tout” de l’humanité, que je ne peux pas donner la vie seul. Et la seconde est la mort – il ne s’agit plus de la repousser par la médecine, mais d’abolir définitivement la mort organique, la mort du corps. »

    « Le transhumanisme est d’abord une détestation de l’humain », juge François-Xavier Bellamy. Car « vouloir tout changer, c’est haïr ce que nous sommes, ce que nous avons reçu ». « Cet espoir d’un progrès n’est en réalité que le symptôme du mépris que nous exprimons envers l’être humain, analyse-t-il, si un humain 2.0 est nécessaire, c’est parce que l’humain 1.0 n’est pas assez bon. »

    L’échec annoncé du transhumanisme

    « La guerre de l’homme contre l’humain qu’est le transhumanisme est vouée à l’échec, prévient le député, car elle ne s’arrêtera jamais. Si nous n’avons plus précisément un but à atteindre, nous ne pourrons qu’être structurellement insatisfaits du point où nous sommes arrivés – après l’humain 2.0, nous aurons l’humain 3.0, tout comme nous avons eu la première version de l’iPhone, avec lequel on était admiré de tous il y a quinze ans, et qui nous rendrait aujourd’hui ridicules ».

    « La technologie remplace constamment ses propres produits et crée ainsi une insatisfaction structurelle, rappelle-t-il, il en sera de même pour l’humain. Nous n’en aurons jamais assez, nous ne serons jamais comblés, et nous ne serons plus capables d’habiter l’expérience qui nous a été donnée ».

    Gérer l’inéluctable ou défendre une réforme parce qu’elle est juste ?

    « Ce qui me frappe au Parlement européen, explique François-Xavier Bellamy, c’est qu’il n’y a pas de débat sur les finalités. » Il n’y est question que de « gérer ce qui est toujours décrit comme “inéluctable“ ».

    Pourtant, « on ne devrait pas défendre une réforme parce qu’elle s’impose », rappelle le député, « mais on devrait défendre une réforme parce qu’elle est juste, parce qu’elle est bonne, parce qu’elle sert une idée de l’homme, de son bonheur, de son bien ». « La question que nous devrions nous poser n’est pas de savoir si nous devons avancer ou non, mais vers où aller, quel est notre but, interpelle-t-il. La politique commence là. » (cf. Présidentielles 2022 : premières prises de position en matière de bioéthique).

    Source : Osservatore romano, Alessandro Vergni (20/01/2022)

    Lire également : 

    Michel Onfray : « Seule une morale pourrait arrêter l’inhumanisme du posthumanisme »

  • L’intégration de l’avortement à la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne : une réelle menace ?

    IMPRIMER

    De Gènéthique magazine :

    L’avortement peut-il menacer l’Europe ?

    27 janvier 2022

    Le 19 janvier dernier, Emmanuel Macron s’est prononcé devant le Parlement européen pour présenter les objectifs de la Présidence française de l’Union Européenne (PFUE) récemment ouverte. Alors qu’il avait annoncé en décembre la construction d’une «  Europe humaine » il a fait peser mercredi dernier une lourde menace sur le droit à la vie (cf. Intégrer le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE ?).

    La reconnaissance du droit à l’avortement derrière la lutte pour l’Etat de droit

    Dès l’ouverture de sa déclaration, le président de la République a précisé sa volonté de promouvoir les valeurs de l’UE, notamment en intégrant à la Charte des droits fondamentaux la reconnaissance du droit à l’avortement.

    « La présidence française sera une présidence de promotion des valeurs qui […], à force d’être considérées comme des acquis ont peut-être fini ces dernières années, par se fragiliser. Nous sommes cette génération qui redécouvre la précarité de l’Etat de droit et des valeurs démocratiques ». Par ces allégations, Emmanuel Macron vise particulièrement des Etats pointés du doigt depuis quelques années, considérés par beaucoup de responsables politiques français comme les « vilains petits canards » de l’Europe car trop conservateurs sur l’enjeu de l’avortement notamment. Sont visés sans équivoque la Pologne et la Hongrie (cf. Avortement : la Pologne toujours dans la ligne de mire de l’Europe).

    Sans sourciller, Emmanuel Macron fait le lien entre la lutte pour l’Etat de droit et la concrétisation du droit à l’avortement comme valeur de l’Europe.

    « La fin de l’Etat de droit, c’est le règne de l’arbitraire. La fin de l’Etat de droit, c’est le signe du retour aux régimes autoritaires, au bégaiement de notre histoire. Oui, derrière tout cela, il y a un combat idéologique. Ce combat est d’ailleurs porté par plusieurs puissances autoritaires à nos frontières et il revient chez plusieurs de nos pays. Nous voyons cette révolution à l’œuvre qui vient saper les fondements mêmes de notre histoire ».

    « Dans cet esprit, je souhaite que l’on consolide nos valeurs d’Européens qui font notre unité, notre fierté et notre force. Vingt ans après la proclamation de notre Charte des droits fondamentaux, qui a notamment consacré l’abolition de la peine de mort partout dans l’Union, je souhaite que nous puissions actualiser cette charte, notamment pour être plus explicites sur la protection de l’environnement ou la reconnaissance du droit à l’avortement ».

    A croire que les « fondements de notre histoire » sont la promotion et la survalorisation du droit à l’avortement. Malheureusement, le président semble oublier que l’avortement n’a aucun rapport avec l’Etat de droit, qu’il faut bien sûr conserver en Europe. Au contraire, ce qui a réuni et pourra réunir les Etats européens, c’est d’abord la protection de la vie humaine. Le droit à la vie est d’ailleurs consacré à l’article 2 de la Charte des droits fondamentaux, mais qu’en est-il du droit de supprimer des vies in utero ? Jamais aucun pays n’a fondé une alliance sur un tel principe.

    L’intégration de l’avortement à la Charte des droits fondamentaux : une réelle menace ?

    Déclaration choc d’Emmanuel Macron, mais est-ce une proposition concrètement réalisable ? Pour y répondre, il convient de préciser plusieurs éléments.

    La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne est devenue juridiquement contraignante le 1er décembre 2009[1]. Par conséquent, la Charte fait partie du droit primaire de l’Union : en tant que telle, elle permet de contrôler la validité du droit dérivé de l’UE et des dispositions prises par les Etats membres.

    Pour modifier la Charte des droits fondamentaux, comme le propose Emmanuel Macron, il faut passer par ce qu’on appelle la « procédure de révision simplifiée », c’est-à-dire obtenir l’unanimité du Conseil européen (qui se compose de tous les chefs d’Etat des Etats membres de l’UE) après consultation de la Commission et du Parlement. De telles modifications n’entrent en vigueur (donc ne sont contraignantes) que si elles ont été ratifiées par tous les pays de l’UE.

    Il s’agit donc d’une procédure exigeante, puisqu’il faut l’unanimité des Etats membres, d’autant plus qu’on sait le désaccord important de certains pays de l’UE sur ces questions éthiques liées à l’avortement.

    En effet, la position de la Pologne, de la Hongrie et de Malte ne sont pas à prouver quant au droit à l’avortement (cf. Avortement à Malte : le président prêt à démissionner) ; et il suffirait d’un seul refus pour voir cette ambition d’Emmanuel Macron s’évaporer.

    Néanmoins, la menace n’est pas si facilement éloignée :

    D’une part, le Parlement peut tout-à-fait parvenir à l’unanimité : il faut compter sur le jeu de pression des échanges politiques et économiques des Etats entre eux. Les pays susceptibles de s’opposer à cette modification sont suffisamment pointés du doigt et risquent de telles sanctions financières sur d’autres points qu’il n’est pas impossible de les faire changer d’avis. Ils ne sont pas en position de force (cf. Loi sur le genre : La Hongrie et la Pologne mises en demeure par l’Europe).

    D’autre part, les Etats membres peuvent ratifier un changement de traité tout en maintenant pour eux un droit de réserve. C’est déjà le cas pour Malte par exemple. Ainsi, les quelques pays qui refuseraient de se voir imposer le droit à l’avortement comme valeur fondamentale de l’UE peuvent y opposer un droit de réserve. Aucun obstacle ne se dresserait donc plus devant l’intégration de l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE : elle se situe d’abord là, la menace pour l’avenir de l’Europe.

    Il faut donc prendre au sérieux ces propos puisque, au-delà de la force symbolique de cette proposition, la promotion de l’avortement ne s’arrêtera pas à la perspective de son intégration dans la Charte des droits fondamentaux.

    [1] Article 6§1 TUE : « L’Union reconnaît les droits, les libertés et les principes énoncés dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne […], laquelle a la même valeur juridique que les traités ».

  • Le directeur éditorial du Dicastère pour la communication évoque la lutte du cardinal Ratzinger contre les abus

    IMPRIMER

    De zenit.org :

    La lutte de Joseph Ratzinger-Benoît XVI contre les abus, par Andrea Tornielli

    « Le premier pape à rencontrer les victimes d’abus »

    Par Andrea Tornielli, directeur éditorial du Dicastère pour la communication

    Après la publication de l’enquête sur les abus commis entre 1945 et 2019 dans le diocèse de Munich-Freising en Allemagne, les années de l’épiscopat bavarois du Pape émérite sont sous les feux de la rampe. Il est juste de rappeler le combat de Benoît XVI contre la pédophilie cléricale et sa volonté, durant son pontificat, de rencontrer et d’écouter les victimes et de leur demander pardon.

    Les mots utilisés lors de la conférence de presse de présentation du rapport sur les abus dans le diocèse de Munich-Freising, ainsi que les soixante-douze pages du document consacrées au bref épiscopat bavarois du cardinal Joseph Ratzinger, ont rempli les pages des journaux la semaine dernière et suscité des commentaires très vifs. Le Pape émérite, aidé de ses collaborateurs, n’a pas éludé les questions du cabinet d’avocats chargé par le diocèse de Munich de rédiger un rapport qui porte sur une très longue période: de l’épiscopat du cardinal Michael von Faulhaber à celui de l’actuel cardinal Reinhard Marx. Benoît XVI a répondu en 82 pages, après avoir pu examiner une partie de la documentation dans les archives diocésaines. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les quatre années et demie passées par le cardinal Joseph Ratzinger à la tête du diocèse bavarois qui ont monopolisé l’attention des commentaires.

    Certaines des accusations émises étaient connues depuis plus de dix ans et avaient déjà été publiées par de grands médias internationaux. Il y a désormais quatre affaires portées à l’encontre de Joseph Ratzinger. Son secrétaire particulier, Mgr Georg Gänswein, a annoncé que le Pape émérite fera une déclaration détaillée après avoir examiné le rapport. Mais d’ores et déjà, il faut réitérer avec force la condamnation de tels crimes, toujours soutenue par Benoît XVI, et retracer ce qui a été fait dans l’Église ces dernières années, depuis le début de son pontificat.

    Les abus à l’encontre des mineurs sont de crimes terribles. Les abus à l’encontre de mineurs commis par des membres du clergé peuvent être considérés comme des crimes encore plus révoltants, et cela a été répété sans cesse par les deux derniers Papes: il est terrible aux yeux de Dieu que les prêtres ou religieux à qui les parents confient leurs enfants pour qu’ils soient éduqués à la foi, commettent des abus. Il est inacceptable qu’ils se retrouvent victimes de prédateurs sexuels se cachant derrière l’habit ecclésiastique. Les paroles les plus éloquentes à ce sujet restent celles de Jésus: il vaudrait mieux qu’on lui mît une pierre de meule autour de son cou, et qu’il fût jeté dans la mer, que de scandaliser un seul de ces petits.

    Il ne faut pas oublier que le cardinal Ratzinger, en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait déjà combattu le phénomène dans la dernière phase du pontificat de saint Jean Paul II, dont il avait été un proche collaborateur ; et qu’une fois devenu Pape, il a promulgué des réglementations extrêmement sévères contre les clercs auteurs d’abus, de véritables lois spéciales pour combattre la pédophilie. En outre, Benoît XVI a témoigné, par son exemple concret, de l’urgence du changement de mentalité si important pour combattre le phénomène des abus: écouter et être proche des victimes auxquelles il faut toujours demander pardon. Pendant trop longtemps, les enfants victimes d’abus et leurs proches ont été tenus à distance au lieu d’être considérés comme des personnes blessées à accueillir et à accompagner sur des chemins de guérison. Souvent, malheureusement, ils ont été éloignés et même désignés comme des «ennemis» de l’Église et de sa bonne réputation…

    C’est Joseph Ratzinger lui-même qui fut le premier pape à rencontrer les victimes d’abus à plusieurs reprises au cours de ses voyages apostoliques. Tout comme c’est Benoît XVI, même contre l’avis de nombreux «ratzingeriens» autoproclamés, qui, au milieu de la tempête de scandales en Irlande et en Allemagne, a proposé le visage d’une Église pénitente, qui s’humilie en demandant pardon, qui ressent la consternation, le remords, la douleur, la compassion et la proximité.

    C’est précisément dans cette image pénitentielle que se trouve le cœur du message de Benoît XVI. L’Église n’est pas une entreprise, elle n’est pas sauvée par les seules bonnes pratiques ou par l’application, bien qu’indispensable, de règles strictes et efficaces. L’Église doit demander pardon, de l’aide et le salut à Celui qui peut les donner, au Crucifié qui a toujours été du côté des victimes et jamais du côté des bourreaux.

    Avec une extrême lucidité, dans l’avion qui le conduisait à Lisbonne en mai 2010, Benoît XVI a reconnu que «les souffrances de l’Église viennent précisément de l’intérieur de l’Église, du péché qui existe en son sein. Cela aussi a toujours été connu, mais aujourd’hui nous le voyons d’une manière vraiment terrifiante: que la plus grande persécution de l’Église ne vient pas d’ennemis extérieurs, mais naît du péché à l’intérieur de l’Église et que l’Église a donc un profond besoin de réapprendre la pénitence, d’accepter la purification, d’apprendre le pardon d’une part, mais aussi le besoin de justice. Le pardon ne remplace pas la justice». Des mots précédés et suivis de faits concrets dans la lutte contre le fléau de la pédophilie cléricale. Tout cela ne peut être ni oublié ni effacé.

    Les reconstitutions contenues dans le rapport de Munich, qui – rappelons-le – n’est pas une enquête judiciaire et encore moins un jugement définitif, contribueront à la lutte contre la pédophilie dans l’Église si elles ne se réduisent pas à la recherche de boucs émissaires faciles et à des jugements sommaires. Ce n’est qu’en évitant ces risques qu’elles pourront contribuer à la recherche de la justice dans la vérité et à un examen de conscience collectif sur les erreurs du passé.

    Source: Vatican News 

  • Le coming out des gays catholiques allemands : vers l'épreuve de force finale ?

    IMPRIMER

    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Allemagne, les gays catholiques font leur coming out; une épreuve de force

    26-01-2022

    125 prêtres et employés de l'Église catholique en Allemagne ont fait leur coming out en tant que personnes homosexuelles et ont appelé à la fin de la discrimination institutionnelle à l'encontre des personnes LGBTQ. Le documentaire diffusé sur la télévision publique présente des prêtres, un évêque et des responsables de structures ecclésiastiques telles que Caritas et la Curie. Le moment de la diffusion coïncide avec les accusations d'abus portées contre le pape Benoît XVI. Et maintenant, l'Église Lgbt veut l'épreuve de force finale. 

    Ce n'est pas par hasard, mais dans le cadre du complot qui a été déclenché contre le pape Benoît ces derniers jours, le 24 janvier, 125 prêtres et employés de l'Église catholique en Allemagne ont fait leur coming out en tant que personnes homosexuelles et ont exigé la fin de la discrimination institutionnelle à l'encontre des personnes LGBTQ et l'élimination des "déclarations obsolètes de la doctrine de l'Église" en matière de sexualité et de genre.

    Le documentaire a été diffusé sur la télévision publique allemande Ard. Les protagonistes sont des fonctionnaires de Caritas, des employés de la curie de différents diocèses, des prêtres, des moines, des religieuses, des éducateurs, des enseignants, des médecins et des infirmières de cliniques catholiques allemandes. Parmi eux figuraient le prêtre jésuite Ralf Klein, curé de paroisse en Forêt-Noire, le frère franciscain Norbert, des enseignants catholiques, deux religieuses lesbiennes qui ont quitté l'habit et l'évêque d'Aix-la-Chapelle, Helmut Dieser, qui a déclaré que la demande de modification du droit canonique pour permettre aux gays, aux lesbiennes, aux bisexuels et aux transsexuels de travailler pour l'Église était "justifiée" et a présenté ses excuses à toutes les personnes blessées et incomprises par l'Église en raison de leur orientation sexuelle.

    Dans l'autonomie accordée par la loi allemande à l'Église, il existe une clause de loyauté qui oblige les employés de l'Église catholique à vivre et à se comporter selon la doctrine catholique, les protagonistes du documentaire risquent donc d'être licenciés. Ces mêmes membres LGBTI de l'Église ont publié sept demandes sur les médias sociaux dans le cadre de l'initiative "OutInChurch".

    Les demandes vont de personnes homosexuelles exigeant l'accès à toutes sortes d'activités et de professions dans l'Église sans discrimination, à d'autres demandant à l'Église de réviser ses déclarations sur la sexualité sur la base de "découvertes théologiques et humaines-scientifiques". L'Église devrait également assumer la responsabilité de la discrimination à l'encontre des personnes LGBTI qui a eu lieu tout au long de l'histoire.  

    Le moment de la diffusion du documentaire (après cinq ans d'enquête et d'interviews) a certainement été influencé par les attaques dont le pape Benoît XVI a fait l'objet ces derniers jours et par les longs silences incompréhensibles qui accompagnent depuis plus d'un an les extravagances schismatiques de l'église allemande (au moins deux évêques allemands, dont le cardinal Reinhard Marx de Munich, se sont montrés favorables à une sorte de bénédiction "pastorale" des unions homosexuelles).

    Les accusations bestiales et les silences loquaces de ces derniers jours à l'égard du Pape Benoît XVI démontrent, comme l'affirme Stefano Fontana dans La Bussola et dans l'interview de Monseigneur Massimo Camisasca dans le Corriere della Sera du 22 janvier, non seulement l'agacement à son égard, mais aussi le désir obstiné de l'effacer au plus vite.

    La délectation avec laquelle la presse de gauche du monde entier a exhibé les excuses du pape Benoît XVI après la publication du rapport indépendant sur les abus commis dans le diocèse de Munich est emblématique de la méchanceté à l'égard de Ratzinger. "L'ex-Pape Benoît XVI était au courant des abus sexuels et n'a rien fait", tel était le titre reproduit tel quel que l'on pouvait lire le 20 janvier dans les colonnes des réseaux de médias de masse du monde entier : BBC au Canada, ABC, CNN et NYT aux États-Unis, Reuters et Associated Press, DW en Allemagne, Aljazeera au Moyen-Orient, etc.

    Lire la suite

  • La question des abus pourrait s'avérer cruciale pour le pape François

    IMPRIMER

    D'Andrea Gagliarducci sur MondayVatican; traduction de "Benoît et moi" :

    Pourquoi la question des abus est cruciale pour François

    En 2013, peu après l’élection du pape François, le vétéran-vaticaniste John Allen s’est rendu en Argentine pour en savoir plus sur l’histoire et la vie du cardinal Jorge Mario Bergoglio et esquisser son profil de personnalité. De ses recherches sont ressorties des situations ambiguës sur la réponse de Bergoglio sur deux cas d’abus sexuels, une histoire déjà mentionnée par le Washington Post le 18 mars 2013, cinq jours après l’élection.

    Les deux affaires concernaient le père Julio Cesar Grassi, inculpé en 2009 dans deux cas d’abus et acquitté dans de nombreux autres, et le père Napoleon Sasso, inculpé en 2007 pour avoir abusé de cinq jeunes filles mineures.

    Allen soulignait que ni Grassi ni Sasso ne sont des prêtres de l’archidiocèse de Buenos Aires et ne sont donc pas sous la supervision directe de Bergoglio. Et il expliquait que les deux histoires sont distinctes car l’implication de Bergoglio est différente selon les histoires.

    Dans le cas de Sasso, beaucoup pensent que la responsabilité n’incombe pas directement à Bergoglio. Dans le cas de Grassi, Bergoglio est accusé d’avoir tenté d’entraver le cours de la justice.

    Ces histoires ont été mises en lumière à plusieurs reprises au fil des ans. Par exemple, dans le documentaire français [?] réalisé par Martin Baudot, intitulé « Le code du silence », sorti en 2017. Tout comme, pendant une période, il a été question de Mario Inzoli, condamné pour abus, suspendu par Benoît XVI, et réintégré par le pape François.

    Ces situations ne constituent pas une attaque contre le pape François. Cependant, elles servent à souligner que, derrière une notion de tolérance zéro, tout le monde peut être accusé de ne pas se comporter correctement.

    C’est ce qui se passe actuellement en Allemagne, avec le rapport de l’archidiocèse de Munich sur les abus. Le rapport couvre une très longue période (de 1945 à 2019), comprend environ un millier de pages et souligne qu’au moins 497 personnes ont subi des abus au cours de cette période dans l’archidiocèse. Cela inclut deux cas attribuables à une mauvaise gestion. Dans ce cas, toutefois, le cardinal Reinhard Marx n’a pas proposé sa démission, comme il l’avait fait il y a quelques mois, justifiant cette demande au pape par un « échec personnel » dans la gestion des abus sexuels – une démission que le pape François a rejetée.

    Mais les projecteurs sont braqués sur les quatre cas survenus dans l’archidiocèse de Munich lorsque l’archevêque était Joseph Ratzinger. La situation de l’un de ces cas – l’ « aumônier H », en l’occurrence Peter Hullerman – avait déjà été clarifiée il y a 12 ans lorsqu’elle avait été mise sous les projecteurs au milieu des nombreuses attaques qui sont arrivées comme une « tempête parfaite » en 2010. Pour les trois autres, les 82 pages que Benoît XVI a envoyées comme mémoire et contribution personnelle sont authentiques. Lors de la conférence de presse, les experts ont déclaré qu’il ne savait rien de la situation des gens mais que les victimes sont convaincues qu’il savait.

    Il n’y a aucune preuve de cette affirmation. Tout comme il n’y a aucune preuve de dissimulation ou de mauvaise gestion de la part du cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, contraint à une retraite spirituelle de six mois pour ce que la nonciature a appelé une erreur de communication. Tout comme il n’y avait aucune preuve contre le cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, acquitté des accusations de dissimulation, mais pas par l’opinion publique, au point qu’il a été contraint de démissionner.

    Aujourd’hui, la prolifération des rapports des conférences épiscopales, commandés à des organismes extérieurs, risque de se transformer en l’inverse de ce à quoi ils étaient destinés. Plus que des opérations de vérité, ils deviennent des opérations de marketing, les évêques étant occupés à s’excuser et à exprimer leur honte pour gagner du crédit dans l’opinion publique.

    Il ne fait aucun doute que les cas d’abus doivent être condamnés et que les prêtres qui les commettent doivent être punis et empêchés de poursuivre leur exercice pastoral. Cependant, il ne fait également aucun doute que tout doit être fait selon la justice, en tenant compte des contextes. Le Pape François a parlé à plusieurs reprises de l’herméneutique de l’époque comme nécessaire pour comprendre les situations et les modi operandi.

    Ces rapports, cependant, n’atteignent pas la vérité judiciaire, se fondent sur des témoignages partiellement vérifiés et fournissent une estimation des cas d’abus qui ne repose pas sur des dossiers judiciaires. La méthodologie n’est pas solide. Mais on ne peut pas le dire. En France, Karine Dalle a pris une position forte, dirigeant la communication de la Conférence des évêques de France. Elle a été licenciée. Elle a d’abord été la porte-parole de l’archevêque émérite de Paris Michel Aupetit, qui s’est retrouvé peu après face à une campagne médiatique pour des relations prétendument inappropriées avec une femme : le pape a accepté sa démission « sur l’autel de l’hypocrisie ».

    Le cas du rapport de l’archidiocèse de Munich ne fait pas exception. Mais, et c’est là le problème, n’importe qui pourrait être impliqué dans des allégations de mauvaise gestion, peut-être parce qu’il a sous-estimé une demande ou parce que sa première réaction n’était pas la meilleure. Cela arrive. Et puis la cible la plus en vue est choisie, ce qui permet de sauver la face des autres personnes impliquées ou responsables. C’était arrivé, trop souvent, avec Benoît XVI lorsqu’il était pape, et cela se reproduit maintenant qu’il est pape émérite.

    Cependant, la question reste de savoir si cette « tolérance zéro » voulue par le pape François, avec des actions de différents types à partir du spectaculaire sommet sur les abus en février 2019 jusqu’à l’abolition du secret pontifical, ne peut pas un jour se retourner contre le pape lui-même. Des cas dont on avait déjà parlé ne sont pas supprimés, et sont utilisés pour attaquer le pontificat. C’est possible parce que c’est la nature des choses.

    Le Pape est conscient de cela. Il a donc commencé à prendre ses distances de ceux qui pourraient lui causer un scandale, comme l’archevêque Gustavo Zanchetta, amené à Rome avec le rôle ad hoc d’assesseur de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique, puis renvoyé chez lui alors qu’un procès contre lui se profilait.

    Mais cela pourrait ne pas suffire. Et si Benoît XVI est toujours une cible facile, cela ne signifie pas que la même tactique ne peut pas être appliquée contre le pape François. Il y a des cas où l’on peut jouer avec une narration. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de volonté de le faire.

  • L'Église catholique romaine et la pédophilie : une histoire qui ne s'arrête jamais

    IMPRIMER

    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    L'Église catholique romaine et la pédophilie : l'histoire ne s'arrête jamais

    24/01/2022

    Un éditorial du rédacteur en chef de Bitter Winter pour le quotidien italien Il Mattino (21 janvier), après le rapport allemand accusant l'archevêque d'alors, Mgr Ratzinger.

    par Massimo Introvigne

    La saga tragique des abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres catholiques ne s'arrête jamais. Le dernier épisode en date d'une histoire qui porte atteinte, peut-être de manière irrémédiable, à l'image de l'Église est un rapport commandé par l'archidiocèse de Munich et Freising sur les abus sexuels commis par le clergé sur le territoire diocésain de 1945 à 2019. Le rapport parle d'"au moins 497" victimes et des "erreurs" commises par les archevêques successifs dans leur traitement des prêtres accusés d'abus. L'étude a fait la une des journaux car, de 1977 à 1982, l'archevêque de Munich et Freising était Joseph Ratzinger, l'actuel pape émérite Benoît XVI, et on lui a reproché de ne pas être intervenu dans quatre cas.

    La clameur autour de Benoît XVI a éclipsé trois autres aspects intéressants du rapport allemand. Le premier est que, comme dans le cas français précédent, il ne s'agit pas d'une enquête de l'État ou d'autres autorités extérieures sur l'Église catholique, mais d'une étude commandée et payée par l'Église elle-même, qui, à Munich comme à Paris, voulait en savoir plus sur ce qui s'était réellement passé.

    La seconde est que, même en tenant compte de la taille plus réduite du territoire de l'archidiocèse de Munich et Freising par rapport à l'ensemble de la France, objet de l'étude précédente, le nombre de victimes apparaît plus faible, et peut-être plus réaliste. En réalité, la comparaison entre les deux rapports est difficile. A Munich, les cas spécifiques avec noms et prénoms ont été comptabilisés. En France, un algorithme a créé, à partir du nombre d'épisodes connus, un chiffre hypothétique sur le total des cas possibles, dont on a supposé qu'ils étaient restés le plus souvent cachés. Le chiffre français a été considéré comme probablement exagéré par plusieurs chercheurs, dont certains critiquent l'Église catholique.

    Le troisième aspect est que le pic des cas signalés dans ces rapports se réfère aux années 1970-1990. Il est trop tôt pour tirer des conclusions, car de nombreux cas sont découverts des années, voire des décennies après les faits, mais l'hypothèse selon laquelle les mesures plus strictes introduites par Benoît XVI lui-même, puis par le pape François, ont eu quelques bons effets ne semble pas improbable.

    Quant à Benoît XVI, il a déjà répondu que dans les cas qui lui sont reprochés, il a strictement suivi les règles canoniques de l'époque. Pour évaluer cette déclaration, il faudrait avoir accès aux dossiers complets de ces affaires, mais à première vue, l'autodéfense du pape Ratzinger a un certain sens. Il ne faut pas oublier que les règles de la fin des années 1970 n'étaient pas celles d'aujourd'hui. Un évêque qui n'aurait pas appliqué les règles de l'époque et aurait puni ou dénoncé des membres du clergé en l'absence de preuves définitives et définitives se serait exposé à un procès canonique et peut-être même civil pour diffamation intenté par le prêtre accusé.

    Les normes d'aujourd'hui sont heureusement beaucoup plus strictes, et sont essentiellement le résultat des réformes introduites par Benoît XVI. En fait, il n'y a pas de différence substantielle entre le pape Ratzinger et le pape François sur le sujet des prêtres pédophiles. François a fait quelques pas de plus, mais dans une direction que Benoît XVI avait déjà esquissée. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de différences dans la façon dont les deux Pontifes gèrent ce qui apparaît comme la plus grande crise de l'Église contemporaine.

    Ce qui est différent, c'est la communication. Le Pape Ratzinger a tonné contre les prêtres pédophiles sur un ton non moins sévère que le Pape François. Cependant, il a également réagi fermement, parfois de manière pointue, lorsque des médias internationaux ou des gouvernements tels que celui de l'Irlande et même des commissions des Nations Unies citaient des statistiques que l'Église considérait comme exagérées ou fausses, ou proposaient des mesures qui semblaient mettre en danger la liberté et l'indépendance des évêques catholiques. Le pape François pense probablement que sur ces points, son prédécesseur avait de bonnes raisons de se plaindre, mais il est également conscient que chaque attaque contre ceux qui critiquent l'Église sur la question de la pédophilie a un coût catastrophique en termes d'image. Cela donne l'impression que l'Église veut toujours, d'une manière ou d'une autre, couvrir les prêtres pédophiles ou justifier ses erreurs passées.

    Et pourtant, même le fait d'exprimer de la compréhension pour les motifs des gouvernements exaspérés et d'ouvrir un dialogue avec les médias critiques ne s'est pas avéré suffisant. L'offensive médiatique de François qui, même sur le sujet de la pédophilie, a cherché à donner une image d'ouverture, de transparence et d'écoute de la critique a connu un certain succès initial, mais semble avoir perdu son élan. Le pape François lui-même montre désormais une certaine lassitude lorsqu'il aborde ces sujets en public.

    Les mesures de Benoît XVI peuvent être affinées, bien qu'il n'y ait pas grand-chose de plus que l'Église puisse faire, sans être accusée de violer de manière macroscopique dans ses processus canoniques le droit à la défense, que même un prêtre accusé de pédophilie conserve comme tout autre accusé. Des enquêtes indépendantes supplémentaires peuvent être promues et financées par l'Église. Par exemple, beaucoup en demandent une en Italie également. Peut-être y aura-t-il un rapport sur l'Italie commandé par l'Église, mais cela ne changera pas grand-chose au tableau général. Une communication plus ouverte et plus amicale avec les médias pourrait être mise en œuvre. Pourtant, il est peu probable que le climat change vraiment. Même s'il était possible de réduire à zéro le nombre de cas actuels d'abus, ce qui semble peu probable, il est raisonnable de penser qu'il existe encore des milliers de cas datant de quarante ou cinquante ans qui attendent d'être découverts, sans parler du travail des historiens remontant au XIXe siècle.

    Beaucoup pensent qu'une percée se produirait si l'Église renonçait au célibat des prêtres. Il y a quelques années, un département du Vatican m'a demandé, avec d'autres chercheurs, un avis confidentiel sur ce point. J'ai répondu que l'Église pourrait trouver d'autres bonnes raisons d'ouvrir le sacerdoce dans toutes les situations (comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour certaines Églises catholiques orientales et aussi en Occident dans des cas particuliers) aux hommes mariés, mais que cette mesure en soi ne résoudrait pas le problème de la pédophilie. D'autres chercheurs ont partagé ma position. Il ne s'agissait pas d'une opinion philosophique mais d'une opinion statistique. Elle découlait du fait que de graves problèmes de pédophilie existent même dans les organisations religieuses qui n'imposent pas le célibat à leurs ministres, et que dans la société en général, de nombreux pédophiles sont des hommes mariés.

    La pédophilie du clergé catholique a quelque chose de mystérieux et de profond. Tant Benoît XVI que François ont exprimé ce sentiment à plusieurs reprises. Pour ceux qui y croient, il est difficile de résister à la suggestion que la main du Mal, que la tradition catholique personnifie dans le Diable, est à l'œuvre derrière un problème effrayant qui peut apparemment être atténué mais pas résolu. Les deux Pontifes, le régnant et l'émérite, ont suggéré à plusieurs reprises que les enquêtes, les normes et les décrets, bien qu'utiles, ne sont pas suffisants, et qu'un profond renouvellement moral et spirituel de l'Église est nécessaire. Les évêques et les cardinaux qui penseraient utiliser cette crise de manière instrumentale pour les manœuvres habituelles de la Curie romaine, peut-être pour éliminer les opposants nommés par le Pape Ratzinger et toujours en place, ou pour une guerre d'usure qui préparerait le prochain conclave, montreraient simplement qu'ils n'ont pas compris l'énormité du drame.

  • Abus : Benoît XVI reconnaît une erreur dans ses déclarations antérieures

    IMPRIMER

    D' sur zenit.org :

    Benoît XVI et les abus dans le diocèse de Munich: déclaration de Mgr Gänswein

    « Le cardinal Ratzinger a géré ces affaires avec fermeté »

    Un rapport fait la lumière

    Un rapport sur les abus sexuels sur mineurs dans le diocèse de Munich (Allemagne), a en effet été publié le 20 janvier 2022, faisant état de 497 victimes en 74 ans. Le pape émérite Benoît XVI – qui fut archevêque de Munich et Freising de mars 1977 à février 1982 -, a exprimé sa « proximité » aux victimes, comme nous le rapportions la semaine passée.

    L’enquête commandée par l’Église, en février 2020, à un cabinet d’avocats indépendants (Westpfahl-Spilker-Wastl) a examiné comment les archevêques successifs ont géré les cas d’abus sexuels entre 1945 et 2019.

    « Depuis jeudi après-midi (jeudi 20 janvier 2022, ndlr), le pape émérite Benoît XVI a reçu le rapport présenté par le cabinet d’avocats munichois Westpfahl Spilker Wastl sous forme de fichier PDF. Il lit actuellement attentivement les déclarations qui y sont contenues, qui le remplissent de honte et de douleur face aux souffrances infligées aux victimes », déclare Mgr Gänswein.

    Le pape émérite avance peu à peu dans la lecture, précise-t-il: « Même s’il essaie de le lire rapidement, il vous demande de comprendre qu’en raison de son âge et de son état de santé, mais aussi en raison de la grande taille (du rapport de 1 900 pages, ndlr), il lui faudra du temps pour le lire complètement. Il y aura un commentaire sur le rapport. »

    Cependant, sollicité par les enquêteurs; le pape émérite leur avait fait parvenir un texte de 82 pages dans lequel il protestait de son innocence et faisait l’éloge de l’enquête. Le rapport du 20 janvier met en cause l’archevêque Ratzinger en tout dans la gestion de 4 cas.

    Une thérapie dans le diocèse de Munich

    Le pape émérite tient à rectifier une information précédente: « Cependant, il tient maintenant à préciser que, contrairement à ce qui a été dit lors de l’audience, il a participé à la réunion de l’Ordinariat le 15 janvier 1980. L’affirmation contraire était donc objectivement erronée. Il tient à souligner que cela n’a pas été fait de mauvaise foi, mais résulte d’une erreur dans la rédaction de sa déclaration. Il expliquera comment cela s’est produit dans la déclaration en attente. Il est vraiment désolé pour cette erreur et il s’excuse pour cette erreur. »

    Il s’agissait d’une réunion à propos d’un prêtre venu du diocèse de Essen, Peter Hullermann, dans celui de Munich. Mgr Gänswein précise que lors de cette rencontre, « la mission pastorale du prêtre en question n’a pas été décidée »: cette partie de l’information «  »reste objectivement correcte, comme en témoignent les documents ».

    Le prêtre en question devait venir à Munich uniquement pour suivre une thérapie: « Sa demande n’a été acceptée que pour un hébergement pendant son traitement thérapeutique à Munich », précise Mgr Gänswein.

    Il souligne à nouveau que Benoît XVI « est proche de son ancien archidiocèse et diocèse d’origine ces jours-ci et y est très lié dans ses efforts de clarification. Il pense surtout aux victimes qui ont vécu des abus sexuels et à l’indifférence ».

    « Le Cardinal Ratzinger a géré ces affaires avec fermeté »

    On peut rappeler ici que le cardinal Joseph Ratzinger a alerté le pape Jean-Paul II sur les cas de pédocriminalité mal gérés par les évêques diocésains, lui suggérant de les confier plutôt à la Doctrine de la foi, de façon à garantir une juste distance, d’où le motu proprio de Jean-Paul II en 2001 Sacramentorum sanctitatis tutela décrétant que les délits « les plus graves » contre les mœurs, doivent nécessairement être signalés par les évêques, après enquête préliminaire, à la Congrégation.

    En tant que préfet de celle-ci, Joseph Ratzinger envoie alors aux évêques la lettre De delictis gravioribus (Les délits les plus graves), leur imposant de faire remonter les dossiers d’abus sexuels à Rome, pour une plus grande transparence et des condamnations plus fermes.

    Il a notamment proposé d’enquêter, en 1995, sur le cardinal Hans Hermann Groër, alors archevêque de Vienne (Autriche), alors que Jean-Paul II lui-même ne croyait pas à sa culpabilité, et en 1998 sur Marcial Maciel – qui jouissait de puissants soutiens au Vatican -, tous deux soupçonnés d’abus sexuels sur des mineurs.

    Le cardinal Ratzinger a par ailleurs osé dénoncer – en mondovision – , lors du chemin de croix du Colisée, le vendredi saint 2005 « la saleté dans l’Eglise ».

    Il a ensuite continué, en tant que pape, à réformer les lois de l’Eglise pour pouvoir lutter contre cette criminalité dans l’Eglise. Et la section du site du Vatican consacré aux abus date de son pontificat. Les textes pontificaux sont accessibles ici.

    On comprend, avec le recul, la conversion qu’il voulait obtenir en déclarant une « année sacerdotale » (2009-2010).

    Le 13 mars 2010, Mgr Charles Scicluna, alors « promoteur de justice (procureur), spécialiste de la lutte contre la pédocriminalité dans l’Eglise – il a été l’envoyé du pape François au Chili – a réfuté l’affirmation selon laquelle le pape Benoît XVI aurait été, en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, responsable d’une politique de dissimulation des faits : « Cette accusation est sans fondement, et même calomnieuse. Quelques faits. Entre 1975 et 1985 aucun cas de pédophilie cléricale n’a été signalé à la congrégation. Après la promulgation du Code canonique de 1983, il y a eu une période d’incertitude sur les « Delicta Graviora » qui devaient être de notre compétence. C’est seulement avec le Motu Proprio de 2001 que le crime pédophile est redevenu de notre exclusive compétence, et à partir de là le Cardinal Ratzinger a géré avec fermeté ces affaires. Il a en outre fait preuve de courage dans le traitement de cas extrêmement délicats. Accuser le Pape actuel d’avoir occulté la question est pure calomnie. »

    Pour ce qui est de son rôle à Munich, on attend donc la prochaine déclaration du pape émérite.

  • L'avortement n'est pas un droit de l'homme

    IMPRIMER

    De Gregor Puppinck sur gènéthique.org :

    Pourquoi l’avortement n’est pas un droit de l’homme

    17 juin 2021

    Durant la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la détermination du commencement du droit à la vie fut vivement débattue. La Commission sur le statut des femmes, présidée par Mme Begtrup, recommanda de prévoir des exceptions au respect du droit à la vie afin de permettre la « prévention de la naissance d’enfants handicapés mentalement » et d’enfants « nés de parents souffrant de maladie mentale[1] ». Le représentant du Chili fit remarquer la similitude de ces propositions avec la législation nazie. Charles Malik, libanais orthodoxe, proposa de garantir, à l’inverse, « le droit à la vie et à l’intégrité physique de toute personne dès le moment de la conception, quel que soit son état de santé physique ou mentale[2] ». Deux conceptions de l’homme et de la dignité se faisaient front. Objectant que plusieurs pays autorisent l’avortement lorsque la vie de la mère est en danger, le représentant de la Chine, soutenu par l’Union Soviétique et le Royaume-Uni, s’opposa à la protection explicite de la vie humaine dès la conception. Finalement, le texte resta volontairement silencieux sur ce point[3]. Il fut alors admis que la Déclaration universelle pouvait être interprétée comme protégeant la vie dès la conception, ou non, suivant la préférence de chaque État[4]. Il fut ainsi décidé de ne pas apporter de protection internationale explicite à la vie humaine avant la naissance.

    Notons qu’au même moment, l’Association Médicale Mondiale[5] prit l’initiative d’actualiser le Serment d’Hippocrate par l’ajout en 1948 d’un Serment de Genève dans l’esprit de la Charte de San Francisco. Par ce texte, les médecins promettent de garder « le respect absolu de la vie humaine dès la conception » et de refuser que « des considérations de religion, de nation, de race, de parti ou de classe sociale viennent s’interposer entre mon devoir et mon patient ».

    Cette question n’a cessé d’être vivement débattue, les promoteurs du contrôle des naissances essayant inlassablement d’imposer un droit universel à l’avortement.

    Selon le Conseil de l’Europe, les archives des travaux préparatoires à la Convention européenne relatifs au droit à la vie sont inexistantes ; dès lors, il n’est plus possible de savoir si l’avortement a été débattu, et en quels termes[6]. Néanmoins, aucun État participant à la rédaction du texte n’autorisait alors l’avortement et la culture chrétienne-démocrate majoritaire à l’époque s’y opposait fermement. En 1979, il s’est encore trouvé une majorité de députés à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pour défendre « Les droits de chaque enfant à la vie dès le moment de sa conception[7] » et pour souligner quelques années plus tard « que dès la fécondation de l’ovule, la vie humaine se développe de manière continue[8] ».

    Au fil de sa jurisprudence, la Cour européenne a précisé que la Convention européenne ne garantit aucun droit à subir un avortement[9], ni de le pratiquer[10], ni même de concourir impunément à sa réalisation à l’étranger[11]. Elle a aussi jugé que l’interdiction de l’avortement ne viole pas la Convention[12]. Enfin, elle a souligné que l’article 8 de la Convention qui garantit le droit à l’autonomie personnelle « ne saurait […] s’interpréter comme consacrant un droit à l’avortement[13] ». Ainsi, il n’existe pas de droit à l’avortement au titre de la Convention européenne. L’existence d’un tel droit de vie et de mort sur l’être humain avant la naissance supposerait de nier absolument son humanité ; et il ne s’est pas – encore – trouvé de majorité au sein de la Cour pour ce faire. Celle-ci a suivi l’approche ambiguë de la Déclaration universelle, en jugeant que les États peuvent « légitimement choisir de considérer l’enfant à naître comme une personne et protéger sa vie[14] », tout comme ils peuvent faire le choix inverse. En restant silencieuse sur le statut de l’homme avant sa naissance, la Cour évite de se prononcer sur son droit à la vie et laisse à chaque État le choix de permettre ou non l’avortement. Cette position peut sembler équilibrée, mais concrètement, elle a bien plus pour effet de tolérer l’avortement que de protéger la vie humaine anténatale. De fait, la Cour n’a jamais protégé un quelconque enfant à naître parmi les millions qui ont été avortés ; elle a en revanche condamné l’Irlande, la Pologne et le Portugal en raison de leur législation restrictive sur l’avortement.

    Lire la suite

  • Le cardinal Müller prend le parti du pape émérite, Benoît XVI

    IMPRIMER

    De kath.net/news :

    Le cardinal Müller prend le parti du pape émérite, Benoît XVI

    24 janvier 2022

    "Il est clair pour moi qu'en tant qu'archevêque Ratzinger, il n'a sciemment rien fait de mal" - A cette époque (1977-1982), personne ne savait "comment réagir de manière appropriée - ni dans l'église ni dans la société civile"

    Rome (kath.net) Le cardinal Gerhard Müller est du côté du pape émérite Benoît XVI après la publication du rapport munichois sur les abus. Le préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi et ancien évêque de Ratisbonne a déclaré au journal italien "Corriere della Sera": "Il est clair pour moi qu'en tant qu'archevêque Ratzinger, il n'a sciemment rien fait de mal". Pendant le temps de Ratzinger en tant qu'archevêque de Munich (1977-1982), il n'y avait aucune conscience des abus et des méthodes d'action d'aujourd'hui. A cette époque, personne ne savait "comment réagir de manière appropriée - ni dans l'église ni dans la société civile", a rappelé Müller.

    Selon le cardinal Müller, on parle désormais plus de Ratzinger que de prêtres soupçonnés d'abus, comme le prêtre H. et d'autres. Cependant, cela ne le surprend pas : « En Allemagne, et pas seulement là-bas, les gens ont intérêt à nuire à Joseph Ratzinger. » Cette position pour ainsi dire orthodoxe, que Ratzinger/Benoît XVI. représentent, est dérangeant aux yeux de beaucoup. En Allemagne, de nombreuses personnes poussent à un changement des positions de l'Église, par exemple en appelant à l'abolition du célibat ou à des femmes prêtres.

    Le cardinal a également ouvertement ajouté qu'il "n'avait pas lu" le rapport, une ouverture qui fait défaut à tous ces journalistes qui n'écrivent PAS qu'eux non plus n'ont pas lu le rapport de 1 800 pages malgré leur attitude lapidaire qui sait tout. .

  • L’euthanasie : « un acte qu’aucune fin ne peut légitimer et qui ne tolère aucune forme de collaboration, active ou passive. »

    IMPRIMER

    De cathmed.be :

    Intervention de la Société Médicale Belge de Saint-Luc devant la Cour Constitutionnelle : “Modifier la législation relative à l’euthanasie”

    Le 8 décembre 2021, la Société Médicale Belge de Saint-Luc est intervenue pendant une audience de la Cour Constitutionnelle, pour présenter ses observations orales concernant un recours par lequel huit requérants sollicitent l’annulation de certaines dispositions de la loi du 15 mars 2020 visant à modifier la législation relative à l’euthanasie. Le président Henri Marechal étant empêché pour cause de maladie, la Société a été représenté par Vincent Kemme, délégué par le Dr. Henri Maréchal, président de la Société, pour présenter les observations orales de la société à l’audience. Voici l’enregistrement et le texte de son intervention, en Français.  

    Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Juges,

    J’ai l’honneur de prendre la parole au nom de l’association de médecins catholiques Société Médicale Belge Saint-Luc. 

    Notre association a estimé devoir intervenir dans cette affaire en raison de la grande importance qu’elle revêt pour ses membres, et d’ailleurs pour le corps médical en général. 

    Nous confirmons l’ensemble des arguments que nous avons présentés dans notre mémoire en intervention à propos trois moyens d’annulation. 

    Dans ce mémoire, nous avons attiré l’attention sur trois documents importants :

     Le serment que prête les médecins au moment d’accéder à leur profession, et qui se conclut par l’engagement solennel de respecter la vie et la dignité humaine et de ne pas faire usage de leurs connaissances médicales pour des pratiques contraires à la dignité humaine, même sous la pression ;

     La lettre Samaritanus Bonus qui explique en des termes clairs pourquoi il n’est pas possible pour un médecin catholique, et pour tout catholique, de prêter sa collaboration de quelque manière que ce soit à l’euthanasie.

     La déclaration de l’Association Médicale Mondiale du 26 octobre 2019 dans laquelle celle-ci a renouvelé son attachement profond aux principes de l’éthique médicale et au plus grand respect de la vie humaine et où elle a redit sa ferme opposition à l’euthanasie et au suicide médicalement assisté.

    Nous avons invoqué le premier document pour souligner que nos membres, ainsi que tous les médecins partageant les mêmes valeurs éthiques, estiment que la pratique de l’euthanasie est incompatible avec le serment solennel qu’ils ont prêté au début de leur carrière. 

    Il ressort du deuxième document, la lettre Samaritanus Bonus, que pour les médecins de confession chrétienne et autres personnes qui adhèrent aux idées qui y sont exprimées, l’euthanasie est, je cite : « un acte qu’aucune fin ne peut légitimer et qui ne tolère aucune forme de collaboration, active ou passive. »

    Si nous avons fait référence à ces deux documents, ce n’est pas pour convaincre la Cour que l’euthanasie est mauvaise – ce n’est pas la question en débat aujourd’hui – mais pour convaincre la Cour qu’il existe dans notre société des personnes, notamment des médecins, des directeurs d’hôpitaux ou de maisons de repos, des infirmiers et infirmières et autres soignants, pour lesquelles cela pose un problème de conscience fondamental de prêter leur collaboration, de quelque manière que ce soit, à ce qu’ils considèrent comme un homicide. 

    Lire la suite

  • Impressionnant : la marche pour la Vie de Washington en accéléré

    IMPRIMER

    Le 21 janvier, ils étaient 150.000 à manifester pour la vie à Washington alors que Biden, le président "catholique", réaffirme son soutien à l'avortement :

  • L’impasse de l’euthanasie: l'analyse de Henri de Soos

    IMPRIMER

    Du site d'Alliance Vita :

    L’impasse de l’euthanasie: Henri de Soos livre son analyse.

    Son livre est donc à la fois l’expression d’une conviction, d’une réflexion, et d’une expérience de terrain.

    5 arguments clés pour l’euthanasie sont ainsi examinés finement et avec rigueur : suivre l’exemple de pays étrangers, suivre l’opinion de certains sondages, mettre un cadre à des pratiques illégales existantes, mourir plutôt que souffrir, et exercer son ultime liberté.

    Henri de Soos prend soin de détailler ces arguments avant de les soumettre à l’épreuve des faits et de l’argumentation.

    Ainsi, le premier chapitre est consacré à l’exemple des pays étrangers, en particulier les pays du Bénélux, précurseurs dans ce type de législation. Hausse continue des euthanasies, poursuite d’un nombre important d’euthanasie clandestine, élargissement de la pratique pour des personnes ne souffrant pas de maladie en phase terminale. Les chiffres, officiels, et les cas de dérives, douloureux pour les proches, donnent un premier aperçu de l’impasse euthanasique.

    La problématique des sondages, reflet mouvant d’une opinion parfois manipulée, est également abordée. Le livre décortique avec clarté le choix truqué proposé aux Français: « souffrir ou mourir? ».

    Henri de Soos rappelle ces propos de Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France, quand il était auditionné sur l’euthanasie en 2008: « Le droit à la vie est le premier des droits de tout être humain. […] Nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie ». L’édifice d’un Etat de droit, les progrès de la civilisation ont une pierre fondatrice sans laquelle la société se lézarde. Selon l’étymologie connue du mot « interdit » (inter-dit c’est-à-dire dit entre les humains), l’interdit de tuer est fondamental pour bâtir la confiance en l’autre, en particulier dans la relation entre soignant et soigné.

    L’auteur n’ignore pas le clair-obscur des situations de fin de vie, la question délicate et complexe de la souffrance et consacre de belles pages à la réalité et la philosophie des soins palliatifs. Son éclairage est utile pour rappeler que l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique sont les deux faces d’une même médaille: celle d’une volonté de maîtrise totale de la vie, par le soignant ou le patient. A l’opposé se situe le soin palliatif. Le « pallium », à l’origine chez les Romains, c’est un manteau. Protéger, accompagner, réconforter, la philosophie des soins palliatifs pose un regard non violent sur la personne. A contrario, l’auteur rappelle, à partir de témoignages vécus, la violence ressentie par des familles ou des soignants qui ont traversé des situations d’euthanasie.

    Le dernier chapitre du livre aborde l’ultime argument présenté par les partisans de l’euthanasie: celui de la liberté. L’examen soigneux des arguments met au jour quelques contradictions dans le discours bien huilé. Ainsi celle de vouloir devancer une mort qu’on ne peut pas contrôler, et qui nous retire toute liberté. Ultime tentative de maîtrise de la vie, qu’on ne possède jamais, comme l’a rappelé un académicien philosophe à l’automne dernier. Ultra-moderne solitude ou relation de confiance. Calcul, contrôle ou gratuité de la vie qui nous est donnée. Le choix pour notre société est puissamment éclairé dans ce livre qui nous fait entrer dans la complexité de la fin de vie sans jamais céder à la facilité.