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Ethique - Page 365

  • L'euthanasie en Belgique : le rouleau compresseur de la pensée unique

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    De Camille de Pommereau sur FigaroVox :

    Euthanasie en Belgique : le rouleau compresseur de la pensée unique

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Camille de Pommereau estime que le débat belge autour de l'euthanasie que l'Institut européen de bioéthique tente d'ouvrir, est entièrement verrouillé par les associations pro-euthanasie.

    Camille de Pommereau est juriste en droit public.

    L'Institut Européen de Bioéthique (IEB) a publié une proposition de «carte de fin de vie», à commander ou télécharger gratuitement depuis le site de l'IEB. Et voilà que cette simple suggestion suscite l'émoi dans la presse belge. Le Soir, repris par le Journal du médecin, RTL, et maintenant la Libre s'emparent du sujet. L'émotion est grande puisque Le Soir va jusqu'à parler de «guerre des cartes» dans le titre de son article, insinuant une opposition de l'IEB aux déclarations anticipées proposées par l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD).

    Les déclarations anticipées, relayées activement par l'ADMD belge, ont été mises en place par une loi en 2002. Elles ont pour but de permettre à une personne de consigner ses volontés pour la fin de sa vie, en prévision de l'hypothèse où elle ne serait plus en mesure de s'exprimer. Il en existe deux formes, l'une en faveur de l'euthanasie, l'autre pour l'arrêt des traitements, en cas de forte dépendance.

    Ces déclarations peuvent être enregistrées à la commune. Les fonctionnaires municipaux belges sont donc, malgré eux, les maillons actifs de la chaîne d'acteurs qui banalisent l'euthanasie.

    Mais les déclarations anticipées n'offrent aucune possibilité d'affirmer explicitement son refus de l'euthanasie. Bien sûr, l'ADMD rétorquera qu'il suffit de ne rien déclarer pour être contre l'euthanasie. C'est un peu court. Car la déclaration anticipée devrait, pour respecter le libre choix des personnes, intégrer la possibilité de refuser l'euthanasie. Ces déclarations peuvent être enregistrées à la commune. Les fonctionnaires municipaux belges sont donc, malgré eux, les maillons actifs de la chaîne d'acteurs qui banalisent l'euthanasie.

    «Saturés d'entendre parler de l'euthanasie comme la seule mort sans souffrance», de nombreuses personnes ont fait entendre leur voix pour demander un outil de communication différent. Carine Brochier explique dans un article de La Libre que c'est comme ça qu'est née la carte de fin de vie de l'Institut Européen de Bioéthique en 2008. «C'est le fruit d'une demande de personnes âgées, de leur famille, mais aussi de médecins et de personnels soignants.»

    La carte de fin de vie de l'IEB donne au patient la faculté de réitérer sa confiance dans son médecin et éventuellement l'occasion d'échanger avec lui sur ses vœux pour la fin de sa vie. Elle propose aux personnes, outre leur attachement aux soins et au soulagement de leurs douleurs, de se positionner sur d'éventuelles décisions à prendre en fin de vie, telles que le refus de l'acharnement thérapeutique et de toute forme d'euthanasie. En cas de besoin, le signataire de la carte peut désigner une «personne de confiance», qui «coopérerait à la prise de décision médicale à son égard». La personne peut également y inscrire ses volontés relatives à un éventuel prélèvement d'organes, au mode de funérailles, et demander par anticipation une assistance spirituelle.

    En définitive, la carte de fin de vie est un pacte de confiance renouvelée entre le patient et le médecin et sa famille, et la garantie que sa vie sera respectée jusqu'à son terme naturel sans que personne ne lui vole sa mort. En faveur de l'apaisement, elle ne peut que faire du bien. Le succès de la carte est si grand, que l'IEB en est à sa cinquième réimpression depuis 2008.

    La banalisation médiatique est telle qu'elle imprègne imperceptiblement les citoyens, particulièrement les plus fragiles. L'euthanasie devient la normalité, alors que la loi la prévoyait initialement comme un geste exceptionnel, dans des circonstances exceptionnelles.

    Un glissement est en train de s'effectuer en Belgique. La banalisation médiatique est telle qu'elle imprègne imperceptiblement les citoyens, particulièrement les plus fragiles. L'euthanasie devient la normalité, alors que la loi la prévoyait initialement comme un geste exceptionnel, dans des circonstances exceptionnelles. En attestent les différentes extensions progressives de la loi sur l'euthanasie aux enfants et bientôt aux détenus, aux déments, aux dépressifs?

    Etonnant de voir, que le camp des laïques purs et durs se lève dès que quelqu'un en Belgique ose prendre une initiative contre l'euthanasie. Surprenant aussi de constater, qu'en mal d'arguments certains dans le plat pays n'attaquent les opposants à l'euthanasie que sur base de leurs convictions religieuses. Comme si le fait d'être contre l'euthanasie établissait un lien direct avec une croyance, alors que des médias du monde entier ne cessent d'attirer l'attention sur l'horreur législative belge. Il semblait que la laïcité prônait la liberté de penser, d'agir, de débattre.

    Dans ce contexte, la carte de l'IEB est un outil qui apaise et rassure, réaffirmant la bonté des soins palliatifs. «Elle mise sur la relation de confiance entre les médecins, la famille et le patient, en mettant les choses au point.» explique Carine Brochier. En ce sens, cette carte est dans la droite ligne de l'article 8 de la loi relative aux droits des patients qui mise en priorité sur le consentement du patient et la prise en compte de ses volontés par le personnel médical.

    Pour garantir le libre choix des individus, il est fondamental de donner réellement ce choix par une diversité de propositions. La carte offerte par l'IEB est donc une véritable opportunité. Elle s'élève aujourd'hui comme la seule alternative possible aux déclarations anticipées d'euthanasie. Si elle n'a pas de valeur légale, elle a pour autant un poids juridique. Car en l'absence de directives anticipées, la recherche de la volonté du patient devra se faire par tout moyen.

    Le buzz médiatique autour de cette carte, et l'inquiétude voire la virulence de l'ADMD à son encontre seraient-ils la preuve qu'elle répond à une prise de conscience croissante des citoyens belges face à l'euthanasie?

  • Le père Xavier Dijon répond à Gabriel Ringlet : "Pourquoi, diable, tenir au respect inconditionnel de la vie ?"

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    Dans un esprit de dialogue, le Père Xavier Dijon s.J. nous autorise à publier ici un texte qu'il a rédigé suite à la publication des propos de Gabriel Ringlet parus dans La Libre au sujet de l'euthanasie; nous lui en sommes très reconnaissants.

    Pourquoi, diable, tenir au respect inconditionnel de la vie ?

    Le plaidoyer proposé par l’abbé Gabriel Ringlet en faveur d’un accompagnement spirituel du geste euthanasique (LLB 03/09/2015) a tout pour séduire. Voici une personne gravement malade qui éprouve une souffrance insupportable et qui a trouvé chez un médecin assez de compassion pour en être délivré par une dernière piqûre. Or comme cet acte qui met fin à une vie humaine ne peut rester enfermé dans les limites d’une technique médicale, un prêtre, compatissant lui aussi, se présente pour inscrire ce don de la mort dans un courant spirituel humblement symbolisé par la musique, la poésie, le parfum…D’où le soulagement, à la fois, de la personne mourante elle-même, qui se voit déculpabilisée du geste qu’elle a osé demander, et du personnel médical et paramédical qui pose ce geste ou qui y participe. N’est-il pas séduisant d’entendre : « Le rituel (…) sert simplement à donner le plus d’humanité possible à quelque chose de très fort que nous vivons (…) J’appelle cela : grandir dans la transgression ».

    Il est vrai que, depuis les origines, l’être humain a su habiller des plus beaux atours la transgression des limites inhérentes à sa propre condition, tandis qu’il persécutait les sages et les prophètes qui les lui rappelaient. Mais, si l’on veut bien voir, recouverte par les artifices, la nudité de l’être confronté à son destin dramatique, ne convient-il tout de même pas de rappeler à la fois le caractère indépassable de la vie et le salut dont témoigne le prêtre ?

    Mais comment faire comprendre que la vie humaine n’est pas à la disposition du vivant lui-même ? Peut-être pas autrement qu’en la rapportant à son origine : ‘je ne me suis pas fait moi-même’. Ce fait premier de la vie, qui m’est le plus intime, m’échappe pourtant entièrement. Cette étrange condition fonde en même temps le lien social. Toute vie humaine, du seul fait qu’elle est là, -y compris celle qui tremble sur une barque en péril au milieu de la Méditerranée-, mérite le respect. Nulle personne, pas même le sujet lui-même, ne peut y porter atteinte. Sinon, nous entrons nécessairement dans la violence.

    Même entourée par l’esthétique déculpabilisante, la transgression euthanasique reste objectivement une transgression car, répétons-le, l’être humain n’a jamais le droit de mettre fin à la vie d’un autre. Dès lors, si le rituel qui accompagne le geste euthanasique est perçu, avec d’ailleurs les meilleures intentions du monde (que nous n’avons pas à juger ici), comme une manière de ‘grandir dans la transgression’, il est plutôt à craindre que, en réalité, il ne fasse grandir la transgression elle-même.

    La demande de rituel, y compris de la part d’esprits laïques, honore assurément l’homme. L’être humain, créature spirituelle, ne peut pas et ne veut pas mourir comme un animal. Mais précisément, n’est-ce pas sur cette demande de rituel qu’il convenait de s’appuyer pour récuser l’euthanasie elle-même ? Plutôt que de dire : une décision est prise et je la bénis par un rite humanisant, ne fallait-il pas renverser la proposition ? Puisqu’il y a demande d’un rite spirituel qui manifeste la condition éminemment humaine du malade, ne fallait-il pas considérer comme contradictoire la décision euthanasique qui, dans l’objectivité des gestes, nie cette condition ?

    Mais que faire alors, devant la grande souffrance ? Rien d’autre que s’employer, chacun, à fournir toute l’aide qui permettra au malade de la porter : le médecin, par ses soins consciencieux et attentifs ; la famille et les amis, par leurs marques d’affection. Et le prêtre ? Par le rappel de Celui qui nous a introduits dans la vie spirituelle en acceptant de mourir sur la croix. La Bible possède cette force étonnante de relever le défi de la mort en nous révélant la profondeur proprement divine de la vie qui nous tient ensemble. Et les sacrements (réconciliation, onction des malades, eucharistie…) sont la richesse spirituelle que l’Eglise offre aux croyants par la médiation de ses prêtres.

                                                                                       Xavier Dijon, S.J.

  • Le pape François va réformer la reconnaissance des nullités de mariage

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    55edd2e135709767898dc5fa.jpgOn l’oubliait un peu, mais bien à tort : un synode n’est jamais qu’un organe consultatif. Le pape François n'a d’ailleurs pas attendu les recommandations de son assemblée d’octobre prochain pour décider d’assouplir la procédure de reconnaissance de nullité d'un mariage sacramentel.

    Il prive peut-être ainsi ce synode d’une échappatoire pour éluder l'autre débat: celui de la dissolution canonique d'un premier mariage suivi du remariage religieux de divorcés civilement remariés. Lu dans « La Libre » de ce jour :

    « Le pape François doit rendre publiques mardi deux lettres visant à simplifier la procédure de reconnaissance de nullité d'un mariage, a annoncé lundi le Vatican, à un mois du synode des évêques sur la famille.

    A l'été 2014, le pape avait créé une commission chargée de travailler sur cette réforme, tout en sauvegardant le principe de l'indissolubilité du sacrement du mariage.

    Reconnaître la nullité d'un mariage revient à dire qu'en raison d'un vice au départ, le sacrement n'a jamais eu lieu. Cela permet aux anciens époux de se remarier religieusement, alors que l'Eglise refuse le divorce et considère un remariage civil comme une infidélité au véritable conjoint.

    Les deux lettres - l'une pour le Code de droit canon et l'autre pour le Code des canons des Eglises orientales - devraient simplifier des procédures jusqu'alors longues, chères et compliquées.

    En janvier, Jorge Bergoglio avait confié que ce parcours était "souvent perçu comme long et fatigant". Il a aussi plusieurs fois exprimé le souhait que la procédure soit gratuite.

    Deux solutions ont particulièrement été évoquées: la réduction à un seul jugement au lieu de deux et la mise en place d'un recours administratif sous la responsabilité d'un évêque.

    De plus, le manque de foi des époux pourrait davantage être pris en compte parmi les motifs de nullité. Les fiancés passent en effet souvent devant un prêtre sous la pression sociale, sans se rendre compte que le sacrement qu'ils reçoivent est un engagement pour la vie. »

    Ref. Le pape va simplifier la procédure de reconnaissance des nullités de mariage

     JPSC

  • Quand le pape autorise les prêtres à pardonner l'avortement

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    Lu sur le nouvelobs.com :

    Le Pape demande aux prêtres de pardonner l'avortement : il n'en minimise pas la gravité

    Par Abbé Grosjean, Curé

    LE PLUS. À l'occasion du jubilé de la Miséricorde qui débutera en décembre, le Pape François a voulu étendre aux prêtres du monde entier la faculté de pouvoir pardonner l'avortement aux couples qui expriment leur repentir. Une révolution ? Pas vraiment, mais plutôt un geste fort qui se veut un appel, comme nous explique l'Abbé Grosjean, Curé de Saint-Cyr l'École.

    Édité par Louise Pothier 

    À l’occasion du Jubilé de la Miséricorde – une année pour redécouvrir le pardon de Dieu – le Pape a étendu aux prêtres du monde entier la faculté de pardonner le péché d’avortement. Dans le droit de l’Église, l’absolution de ce péché est normalement réservée aux évêques, même si, en France, beaucoup d’entre eux ont déjà transmis aux prêtres de leur diocèse la faculté de la donner.

    Le pardon de Dieu est libérateur

    Le Pape avait déjà dit qu’il considérait l’Eglise comme "un hôpital de campagne" qui soigne les cœurs blessés. Il explique avoir "rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux" de l’avortement. Le Pape veut pour elles, mais aussi pour tous ceux qui ont pu participer à un avortement (le conjoint, les médecins, le personnel soignant…) rendre plus accessible le pardon, dont beaucoup ont besoin pour se reconstruire et avancer.

    Je suis moi-même marqué de recevoir des femmes ou des couples qui portent parfois depuis plusieurs années une vraie souffrance intérieure, une vraie blessure, suite à un avortement.

    Beaucoup de ces femmes, comme le rappelle le Pape, se sont retrouvées dans des situations des détresse ou d’isolement, et se sont résolues à poser cet acte à contre-cœur. Beaucoup ne voyaient pas comment faire autrement. L’Eglise veut leur témoigner cette bienveillance inconditionnelle, et les aider à se libérer de leur culpabilité. Elles doivent se sentir accueillies et non jugées ni condamnées.

    Ce pardon de Dieu aide à se pardonner à soi-même, il est libérant.

    Le Pape ne minimise pas la gravité de l’acte

    Ce geste du Pape ne change rien à la doctrine. Le Pape ne minimise pas la gravité de l’avortement. Il le considère toujours comme "l’un des graves problèmes de notre temps" et un "drame existentiel et moral".

    D’ailleurs, pour recevoir le pardon, il faut regretter son acte et le reconnaître en vérité. Mais l’Église veut toujours concilier cette vérité exigeante et une miséricorde, une bienveillance toute aussi grande. L’Église condamne un acte grave, qui touche à la vie de l’enfant à naître et qui blesse profondément la femme qui le subit.

    Mais l’Église ne condamnera jamais la personne. On ne réduit jamais quelqu’un à ses actes. Voilà pourquoi le pardon est toujours possible ! On vaut toujours plus que ce qu’on a fait. Le Pape François est vraiment dans le même esprit que ses prédécesseurs, en particulier de Jean-Paul II qui a beaucoup défendu le droit à la vie.

    Une souffrance trop souvent tue

    On ne parle guère de la souffrance que les femmes peuvent porter– souvent seules – après une IVG. Le confessionnal est un lieu où certaines peuvent reconnaître leur blessure et déposer leur souffrance, car elles savent que l’Église, tout en les aidant à mettre les mots en vérité sur ce qu’elles ont vécu, ne va pas les juger ni les condamner, mais les aider à se relever.

    Ces femmes qui souffrent n’ont pas besoin d’entendre que "ce n’est pas grave", elles veulent pouvoir vivre l’expérience du pardon, et une vraie réconciliation, avec elle même, avec l’enfant qui n’a pu être accueilli, avec leurs proches éventuellement, avec Dieu qui n’a jamais cessé de les aimer.

    L’Église est comme une mère

    Même si ce geste n’est pas "révolutionnaire" puisque ce péché était déjà bien sûr pardonnable et pardonné, j’espère qu’il fera comprendre au plus grand nombre la beauté du pardon, et la libération qu’il apporte aux cœurs éprouvés.  

    Pour eux, pour chacun de nous, l’Église est comme une mère : exigeante – elle veut nous faire grandir – et bienveillante – elle nous accompagne, et nous manifeste l’amour inconditionnel de Dieu. Les blessures du cœur sont à la fois les plus cachées et les plus lourdes à porter.

    Mais comme l’écrit Saint Jean : "Si ton cœur te condamne, sache que Dieu est plus grand que ton cœur."

     Propos recueillis par Louise Pothier.

  • Crise des migrants : pourquoi les Syriens ne se réfugient pas dans les pays du Golfe

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    Lu sur le site « aleteia » cette interview publiée par « Atlantico » :

    Face à l'Eldorado européen accueillant, l'Arabie saoudite et ses voisins présentent un visage violent et hostile à tout migrant, susceptible d'introduire avec lui des idées subversives et indésirables pour la stabilité de ces régimes.  Entretien avec Roland Lombardi, consultant indépendant, analyste chez JFC-Conseil et spécialiste des relations internationales, particulièrement de la région du Maghreb et du Moyen-Orient, ainsi que des problématiques de géopolitique, de sécurité et de défense.

    Moyen-Orient-carte-du-Moyen-Orient-Israel-Liban-Syrie-Jordanie-Iran-Iraq-Koweit-Barhain-Quatar-Oman-Arabie-Saoudite-Emirat-Arabe-Oman-Yemen-2 (1).jpgAtlantico : La crise des migrants que traverse l’Europe concerne en grande partie des populations venues de Syrie et d’Afghanistan. Les Syriens notamment prennent la route des Balkans après être passés par la Turquie. Pourtant, les pays du Golfe sont géographiquement bien plus proches. Comment expliquer ce choix ?


    Roland Lombardi : Tout d’abord, je tiens à apporter quelques précisions : dans la grave crise actuelle qui frappe l’Europe, il est vrai que les migrants syriens sont les plus nombreux. Viennent ensuite les Érythréens, puis les Somaliens, suivis des Afghans et des migrants de l’Afrique subsaharienne.

    Notons au passage que ces derniers, avec les Érythréens et les Somaliens, avaient il y a quelques années comme principales destinations la Libye, Israël et le Liban. Aujourd’hui, la Libye est dans le chaos, Israël a durci sa politique migratoire et le Liban est « saturé » et sous tension. C’est la raison pour laquelle ils se tournent à présent vers l’Europe.

    Ensuite, si ces derniers jours les médias occidentaux se focalisent sur ces arrivées massives de pauvres hères majoritairement syriens, irakiens et afghans dans les Balkans, il ne faut surtout pas oublier que le Sud de l’Italie et de l’Espagne connaissent, eux aussi, la même pression migratoire, tout aussi impressionnante et dramatique.

    Plus de 100 000 migrants sont arrivés clandestinement en Europe depuis le début de l’année 2015. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), basée à Genève, environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou ont disparus en tentant la traversée de la Méditerranée depuis janvier. Soit 52% du nombre total de morts sur l’année 2014, et, d’après les données du HCR citées par Frontex, 3 400 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en Méditerranée au cours de l’année 2014. Pour la seule période allant de juillet jusqu’à la fin de l’année, le chiffre s’élève à 2 800 personnes.

    Alors pourquoi, comme le suggère votre question, tous ces malheureux, en grande majorité de confession musulmane, choisissent l’Europe plutôt que les États du Golfe ? Car, paradoxalement, malgré la proximité des cultures et des frontières entre les lieux de crises (Syrie et Irak) et les émirats, il est plus « facile » et surtout plus attirant de rejoindre l’Europe que les pétromonarchies du Golfe.

    Même si dans la réalité tout est bien relatif, l’Europe est toujours considérée comme un Eldorado, un pays de Cocagne. Un havre de prospérité, de sécurité et de paix. Les politiques migratoires laxistes de l’Union européenne depuis des années, les différentes aides sociales et médicales accordées aux réfugiés (certes disparates d’un État de l’Union à l’autre) le manque d’accord, de cohésion et de coordination dans la gestion de cette crise sans précédent, et enfin les dernières hésitations et le désarroi des responsables européens, complètement dépassés par les événements, n’ont fait qu’aggraver la situation.

    Certaines déclarations officielles, parfois irresponsables et déconnectées des réalités, ignorant les craintes légitimes des autochtones, les tensions internes naissantes et surtout les graves problèmes futurs de cohésions nationales au sein de l’Union, ne font qu’augmenter « les effets d’appel » aux conséquences catastrophiques. L’Allemagne, au mépris de l’avis de ses partenaires, frileux comme la France ou carrément hostiles comme la Hongrie, s’est même déclarée prête à accueillir près de 800 000 réfugiés… Lire la suite sur Atlantico

     Ref. Crise des migrants : pourquoi les Syriens ne se réfugient pas dans les pays du Golfe 

    JPSC

  • Euthanasie: Mgr Léonard débattra avec Gabriel Ringlet

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    La réponse ne s’est pas fait attendre : l’épiscopat envoie son « joker » au créneau. Avec Mgr Léonard on peut s’attendre à un débat médiatique de haute tenue, en toute clarté et sans ces faux-fuyants qui sont souvent la plaie des milieux ecclésiastiques. De Christian Laporte dans « La Libre » d’aujourd’hui :

    « A l’occasion de la sortie de son ouvrage "Vous me coucherez nu sur la terre nue" (paru chez Albin Michel) consacré aux questions de fin de vie, aux soins palliatifs et à l’euthanasie, l’abbé Gabriel Ringlet interrogé par "La Libre" - nos éditions de jeudi - invitait clairement les évêques de Belgique "à entrer dans un vrai débat avec lui" à propos de ces questions.

    Entendez : un dialogue sans a priori ni préjugés consistant à "tenter d’écouter jusqu’au bout l’argument de l’autre en acceptant a priori d’y entrer".

    Contacté par nos soins, le sommet de l’Eglise catholique de Belgique n’y est pas opposé. Et il entend même associer la presse à ce dialogue exceptionnel comme nous l’a expliqué le porte-parole de la Conférence épiscopale, le P. Tommy Scholtes, sj.

    En présence des journalistes

    "Comme par le passé où il s’est intéressé à ses divers écrits, a expliqué ce dernier, Mgr André-Joseph Léonard a été très heureux de recevoir le dernier ouvrage de Gabriel Ringlet. Il s’en réjouit donc mais a exprimé le vœu de le lire et d’en parler ensuite avec ses collègues de l’épiscopat belge. Puis dans les prochaines semaines, il rencontrera volontiers l’abbé Ringlet pour entrer en dialogue avec lui à ce sujet et ce en présence de journalistes." Et le porte-parole d’ajouter qu’il est "fondamental aux yeux de l’archevêque et des catholiques en général que l’Eglise accompagne spirituellement les personnes en fin de vie."

    La transgression d’un interdit majeur

    Autre point commun épinglé par Mgr Léonard : "Sans avoir lu le livre, il constate qu’à l’instar des responsables ecclésiaux et des chrétiens en général, Gabriel Ringlet parle lui-même de transgression de l’interdit majeur de tuer lorsqu’il s’agit de passer à l’euthanasie."

    Par ailleurs, dans l’interview à "La Libre", Gabriel Ringlet avait aussi expliqué qu’il était "absurde d’être un militant de l’euthanasie : on ne peut pas souhaiter cela, on ne peut qu’y être acculé".

    Selon le porte-parole des évêques "il faut rappeler qu’il y a une différence importante entre la sédation réversible et la sédation irréversible et le fait de procéder à une euthanasie". Un constat partagé sans réserves par l’ensemble des évêques de Belgique .

    On le voit : les responsables de l’Eglise catholique entendent profiter de l’opportunité de la sortie de ce nouveau livre de l’ancien vice-recteur de l’Université catholique de Louvain pour aller plus loin dans leur réflexion commune.

    On peut penser que certains points comme l’idée d’une ritualisation ne passeront pas la rampe mais cela ne devrait pas empêcher une discussion certes franche mais aussi sereine. »

    Ref. Euthanasie: Mgr Léonard débattra avec Gabriel Ringlet

    JPSC

  • Publicité gratuite dans « La Libre » : « Gabriel Ringlet, prêtre, accompagne les patients jusqu’à l’euthanasie »

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    Les thèses de l'abbé Ringlet sur l'euthanasie sont déjà bien connues. Nous en avons parlé à maintes reprises, par exemple ici: L'abbé Ringlet cautionne la transgression de l'interdit de tuer ou là: Quand Gabriel Ringlet et Corinne Van Oost, invités par le cdH, justifient le recours à l'euthanasie. 

    Sur le même sujet un nouveau livre du « prieur » de Malèves-Sainte-Marie sort de presse aujourd’hui  chez Albin Michel. Cela s’appelle « Vous me coucherez nu sur la terre nue » et La Libre Belgique  y consacre pas moins de quatre pages illustrées, sous une manchette soigneusement choisie : « Gabriel Ringlet, prêtre, accompagne les patients jusqu’à l’euthanasie ». On croirait lire une offre de services dans une annonce publicitaire.

    A ce stade, et sous réserve d’y revenir, on peut se demander si le battage rédactionnel de « La Libre » relève encore de l’information ou de la propagande étudiée pour une thèse militante. S’agissant du conflit de devoirs entre le soulagement de la souffrance et le respect de la vie d’un moribond, passons sur les phrases provocatrices du genre « la sédation finale est aussi grave que l’euthanasie ». De toute façon, les « accompagnements » euthanasiques auxquels se livre l’abbé Ringlet s’adressent aussi à des personnes  qui , comme Christian De Duve, ne se trouvent nullement devant l’échéance finale.  

    Le plus  gênant  dans ces interviews est que Gabriel Ringlet se présente comme prêtre catholique : à cet égard, il nous semble que les évêques de Belgique, sans céder à la provocation, devraient faire une mise au point sereine mais dépourvue de toute équivoque.  Et, ajouterions-nous, sans esquive consistant à dépêcher le pompier de service pour publier dans le journal une « opinion » en guise de « contrefeu ».  

    Sauf erreur, Gabriel Ringlet est un prêtre relevant de l’autorité diocésaine. A notre connaissance, il n’a jamais fait l’objet, jusqu’ici, de la moindre censure ecclésiastique.

     Ref.   Gabriel Ringlet, prêtre, accompagne les patients jusqu’à l’euthanasie

    http://paulhuyb.canalblog.com/archives/2015/09/03/32575162.html

     JPSC

  • L’été des cardinaux pour l’unité des catholiques

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    Entretien_avec_cardinal_Burke.jpgVoici l’éditorial de Philippe Maxence dans le n° de rentrée du bimensuel catholique « L’Homme Nouveau ». Il met en exergue la figure montante du cardinal Sarah et rend justice au Cardinal Burke, en publiant les bonnes feuilles d’un livre du prélat, dont la sortira de presse est prévue pour la mi-septembre. JPSC.

    « La parution du livre d’entretiens avec le cardinal Robert Sarah en février dernier a permis à un large public de découvrir ce serviteur de l’Église à la parole claire et directe, loin des discours équivoques et des compromissions mondaines (1).L’entretien que nous avions eu avec lui, puis l’une de ses interventions importantes que nous avions publiée par la suite ont d’ailleurs largement rencontré l’enthousiasme de nos lecteurs (2). Au mois de juillet dernier, le cardinal Sarah s’est rendu également dans plusieurs endroits de France, confirmant à chaque fois cet enthousiasme. Il a surtout offert aux fidèles d’asseoir leur vie spirituelle dans la splendeur de la vérité. Et la grande nouvelle du christianisme, c’est que la vérité a un visage et un nom et qu’elle est entrée dans notre Histoire humaine pour nous conduire à la vie éternelle.

    Un autre cardinal vient également nous apporter le réconfort d’un discours ferme et profondément ancré dans le Christ. Sur le fond, l’accord est total entre le cardinal Robert Sarah et le cardinal Raymond Leo Burke qui répond aux questions de Guillaume d’Alançon, dans un livre à paraître à la mi-septembre aux éditions Artège (3). En exclusivité, on en trouvera ici de bonnes feuilles (cf. page 14-15). On pourrait croire que les deux cardinaux appartiennent à un même clan ou une même coterie. Or, si finalement les propos du cardi­nal africain et du cardinal américain entrent en syntonie, c’est que l’un et l’autre servent la même Église et ont reçu le même enseignement, bel exemple de l’universalité réelle de l’Église.

    De fausses images

    Ici ou là, dans la presse ou sur les blogues, des propos circulent accusant le cardinal Burke d’incarner l’Église de la richesse, du passé, de la dureté de cœur, du faste, voire de l’ignorance des réalités du monde actuel. Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, cette image grossière, médiatiquement facile, ne me semblait pas correspondre à la réalité du personnage pas plus, qu’à l’époque, ne correspondait au cardinal Ratzinger la caricature faite de lui d’un « Panzerkardinal ». Là aussi, pour avoir eu l’honneur de m’entretenir à plusieurs reprises avec lui, j’avais pu constater cette contrefa­çon journalistique.

    C’est pourquoi nous avons enquêté sur le cardinal Burke et nous livrons dans le dossier de ce numéro le fruit de nos recherches. On y constatera qu’issu d’une simple famille rurale, Raymond Burke a toujours cherché à entrer dans l’esprit de l’Église et non à incarner des idées personnelles, aussi justes soient-elles. Sa formation de juriste l’a certainement incliné à s’effacer toujours davantage derrière l’Église qu’il a promis de servir à son ordination. Jean-Paul II, qui l’a choisi comme évêque, puis Benoît XVI, qui l’a appelé à Rome, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.

    Une humilité rayonnante

    De ce fait, comme saint Paul, ce cardinal américain n’hésite pas à rappeler, à temps et à contretemps, l’enseignement du Christ. On verra dans le dossier de ce numéro que ce rappel s’accompagne de rencontres avec des personnes blessées qui parfois ne comprennent pas le message de l’Église. C’est l’une de ces personnes, un homosexuel, qui a révélé au grand jour sa rencontre avec le cardinal Burke, choqué des attaques dont ­celui-ci était l’objet. Le cardinal n’en avait jamais parlé publiquement. À l’humilité ostentatoire de certains, il préfère assurément une humilité plus discrète qui implique de remplir jusqu’au bout, malgré certains désagréments bien réels, le rôle dont l’Église l’a investi.

    Mais l’on verra aussi que le cardinal Burke est loin d’être isolé, notamment dans sa défense du mariage catholique et, plus largement, de l’enseignement de l’Église en matière de liturgie. Là encore, c’est le contraire qui aurait été étonnant. Pas besoin, en effet, de représenter un parti ou un courant dès lors que l’on s’efface entièrement derrière l’enseignement reçu et transmis depuis les apôtres et certifié par le magistère constant de l’Église. Paradoxalement, il est heureux qu’un cardinal comme Raymond Burke n’ait rien de spécifique en la matière. C’est quand la personnalité et les idées personnelles supplantent le rappel de la doctrine catholique, qui est notre bien commun à tous, qu’il faut s’inquiéter. Un autre livre du cardinal Burke sur l’Eucharistie, à paraître également en septembre aux éditions Via Romana, illustre bien à ce titre la beauté d’un auteur s’effaçant derrière le patrimoine spirituel et doctrinal de l’Église (4). À nous, à notre place, d’adopter une attitude similaire plutôt que d’entretenir cette espèce de guerre civile qui oppose des catholiques à d’autres catholiques, des frères à des frères.

     

    1.Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, entretien sur la foi, Fayard, 422 p., 21,90 euros.
    2. Cf. nos numéros 1588 du 11 avril 2015 et 1594 du 4 juillet 2015.
    3. Guillaume d’Alançon, Un cardinal au cœur de l’Église, Artège, 230 p., 18,50 euros.
    4. La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin, Via Romana, 300 p., 23 euros.

    Ce billet a été publié dans L'Homme Nouveau, je commande le numéro 

    Ref.L’été des cardinaux pour l’unité des catholiques

  • Un commentaire sur la rencontre du pape François avec Monseigneur Gaillot

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    Le-pape-Francois-et-Mgr-Jacques-Gaillot-une-rencontre-entre-freres_article_popin (1).jpgLe père Cédric Burgun, maître de conférence en droit canonique à l'Institut catholique de Paris commente sur le site « aleteia » les propos attribués au pape François par Mgr Gaillot, à l'issue de sa rencontre de près d’une heure avec celui-ci.

    Extraits :

    Aleteia : Le pape François aurait partagé à Mgr Gaillot, l’évêque de Parténia (Algérie), sa peine pour les migrants « chair de l’Église », pourquoi ?

    Père Cédric Burgun : Les migrants sont une des nouvelles formes de pauvreté à laquelle le monde est confronté aujourd’hui et l’Église s’est toujours montrée attentive aux pauvres. Ce n’est bien sûr pas la seule forme de pauvreté mais une nouvelle que nous ne pouvons donc ni ignorer ni repousser […]

    Savons-nous porter sur les migrants un regard en « frères de sang », issus d’une même chair ?

    […] L’appel à la décroissance de nos pays riches lancé par le pape François dans son encyclique Laudato si’, assimilant l’enrichissement de nos pays occidentaux à une forme de vol des pays pauvres, devrait nous faire réfléchir. Rappelons que dans le projet européen initial, Robert Schuman voulait faire de l’Europe un lieu de solidarité effective envers les plus pauvres. Notre Europe actuelle perd son âme lorsque ses dirigeants tardent tant à ouvrir les yeux sur ces problèmes particulièrement graves.

    Le pape François n’entend pas se rendre en France pour le moment, préférant rendre visite à « des petits pays qui ont besoin d’aide ». La France est-elle encore un grand pays chrétien sans problème ?

    Grand pays chrétien non. Quand moins de 5% de la population française pratique encore, on ne peut même plus parler d’un pays chrétien. Mais je ne regrette pas pour autant les propos du Saint-Père. Je comprends que le Pape souhaite se rendre au chevet de pays qui n’ont encore jamais reçu la visite du Successeur de Pierre. Ils sont encore nombreux. La France a été assez privilégiée à ce point de vue au cours de son Histoire. Toutefois, le ministère de Pierre est aussi de conforter la foi des Églises locales en difficulté, et la France en aurait bien besoin pour garder l’espérance.

    À la question de la bénédiction des couples homosexuels ou divorcés remariés, le pape François aurait convenu que « la bénédiction de Dieu est pour tout le monde ». S’agit-il pour autant d’une reconnaissance de ces situations ?.

    […] Donner une bénédiction c’est dire du bien, c’est encourager l’homme ou la femme dans ce qu’il accomplit de bon. En revanche, la question de la bénédiction d’un couple homosexuel ou divorcé remarié en tant que tel est une autre question. Aujourd’hui, on ne peut bénir une situation qui irait à l’encontre de l’enseignement de l’Église. Et enfin, gardons-nous de réagir ou d’interpréter trop rapidement des propos rapportés et sortis de leur contexte. Au synode l’an passé, nous en avons eu des exemples…

    (Propos recueillis par Alexandre Meyer)

    Tout l’article ici : Migrants : « L’Europe est en train de perdre son âme »

     Un commentaire autorisé, prudent et nuancé. Le Père Cédric Burgun est l’auteur chez Artège de La Famille c’est sacré ! (2015, 169 p., 14,90 euros)

    JPSC

  • "Les embryons humains ne sont pas des choses" (CEDH)

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    De gènéthique.org :

    GRÉGOR PUPPINCK SALUE L’ARRÊT DE LA CEDH PARRILLO CONTRE ITALIE : « LES EMBRYONS HUMAINS NE SONT PAS DES CHOSES »

    Grégor Puppinck, directeur du European Center for Law and Justice (ECLJ) et expert de Gènéthique a salué l’arrêt rendu le 27 août 2015 par la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire Parrillo contre Italie (cf. Gènéthique du 27 aout 2015).

     

    Dans cette affaire, une femme se plaignait de l’impossibilité de donner « ses » embryons à la recherche afin qu’ils soient détruits au service de la science. Elle dénonçait une violation du droit au respect de sa vie privée ainsi que de son droit de propriété sur « ses » embryons. La requérante mettait en cause le statut juridique des embryons surnuméraires au regard de la Convention européenne des droits de l’homme et l’interdiction faite par la loi italienne (loi n°40/2004) de détruire des embryons humains.

     

    Gènéthique : Quelle est la réponse de la Grande Chambre de la CEDH à la requête de Madame Parrillo ?

    Grégor Puppinck : A l’unanimité la Grande Chambre a jugé qu’il n’y avait en aucun cas violation du droit de propriété de la « mère » des embryons : elle a rappelé que les embryons humains ne sauraient être réduits à des biens. Le droit ne connaissant que les deux catégories de « biens » et de « personnes », la logique veut que les embryons humains soient des personnes dès lors qu’ils ne sont pas des biens. La Cour s’abstient de le dire, ou de le démentir.

    Par ailleurs, à 16 contre 1, les membres de la Grande Chambre ont également jugé que l’Italie peut légitimement interdire la destruction des embryons humains au nom du respect des « droits et libertés d’autrui » - autrui désignant ici les embryons humains. En effet la loi italienne reconnaît à chaque embryon humain la qualité de « sujet » à égalité avec ses géniteurs.

    Toutefois, la Cour précise qu’elle n’entend pas se prononcer « sur le point de savoir si le mot « autrui » englobe l’embryon humain » (§ 167) car cela limiterait la licence des États de porter atteinte à leur intégrité.
     

    G : Les juges de la CEDH reconnaissent que les embryons ne peuvent être réduits à des « biens » : auraient-ils pu aller plus loin ?

    GP : Cet arrêt contribue au respect de la vie humaine dès la conception, et ce malgré ses faiblesses et incohérences. L’ECLJ, comme plusieurs juges de la grande Chambre, regrette la contradiction dans laquelle la Cour s’est enfermée, reconnaissant que l’embryon humain n’est pas une chose, tout en étant autrui, sans être une personne. Cette contradiction résulte de la crainte d’affaiblir la conventionalité de l’avortement.

    Autre élément critiquable, la Cour soutient que le « commencement de la vie humaine » est une « notion » susceptible d’une « pluralité de vues (…) parmi les différents Etats membres ». Or, le commencement de la vie humaine est évidemment un fait biologique connu et réalisé par la fusion des gamètes ; ce n’est pas une idée sur laquelle les esprits pourraient légitimement diverger. Cette affirmation vise aussi à laisser place à l’avortement.

    En dépit de cette contradiction, je me réjouis que la Cour reconnaisse qu’un embryon humain, même in vitro et ne faisant plus l’objet d’un projet parental n’est pas une chose, et que sa protection contre la destruction est légitime au nom des  « droits et libertés d’autrui ».

     

    G : Certains juges ont tenu à faire connaitre leurs opinions : quels sont les points remarquables de leurs interventions ?

    GP : L’ECJL salue la qualité de la plupart des opinions séparées publiées par plusieurs juges en annexe de l’arrêt. Elles sont remarquables de rigueur juridique et d'humanité à l’égard de la vie naissante.

    En particulier, le juge Dedov s’est exprimé en ces termes : « Le droit à la vie est absolu, et ce précepte fondamental fait qu’il est inutile d’expliquer pourquoi un meurtirier, un handicapé, un enfant abandonné ou un embryon doivent être gardés en vie. Nous n’avons pas besoin d’évaluer leur utilité pour la société, mais nous plaçons de l’espoir en leur potentialité ».

     

    Quant au juge Pinto de Albuquerque, il conclue ainsi son excellente et très approfondie opinion séparée : « La vie humaine à naître n’est en rien différente par essence de la vie postnatale. Les embryons humains doivent en toute circonstance être traités avec tout le respect qui est dû à la dignité humaine. Les applications de la recherche scientifique concernant le génome humain, en particulier dans le domaine de la génétique, ne prévalent pas sur le respect de la dignité humaine. Les progrès de la science ne doivent pas reposer sur le non-respect de la nature humaine ontologique. Le but scientifique consistant à sauver des vies humaines ne justifie pas l’emploi de moyens intrinsèquement destructeurs pour cette vie.

    Le commencement et la fin de la vie humaine ne sont pas des questions de politique à laisser à la discrétion des États membres du Conseil de l’Europe. »

     

    G : Le juge Dedov cite l’initiative citoyenne européenne « One of Us » par laquelle « le droit à la vie de l’embryon a été expressément reconnu par des millions de citoyens européens » : quelles sont les conséquences de cet arrêt pour One of Us ?

    GP : On peut se réjouir que des juges citent One of Us comme étant la preuve de l’existence en Europe d’un véritable souci pour le respect de l’intégrité de la vie humaine au stade embryonnaire. One of Us a contribué à témoigner de l’existence de cette conscience en Europe. Le succès populaire de One of Us participe à assoir dans l’opinion publique la conscience du nécessaire respect de la vie et vient soutenir les juges qui au sein de la Cour ont montré qu’ils ont eux aussi une claire conscience du respect du à la vie humaine prénatale.

  • Philippines : les fidèles appelés à s'engager personnellement contre le mariage homosexuel

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    D'Eglises d'Asie (Agence d'Information des Missions Etrangères de Paris) :

    Appel de l’épiscopat catholique à s’engager contre le mariage homosexuel

     

    Dans sa dernière lettre pastorale, publiée le 28 août dernier, la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) appelle les fidèles à s’engager personnellement contre la légalisation du mariage homosexuel, alors que des militants LGBT (lesbian, gay, bisexual and transgender) accentuent la pression pour qu’une loi soit votée en ce sens.

    Intitulée « Réponse pastorale à l’acceptation des modes de vie homosexuels et à la légalisation des unions homosexuelles », la lettre de l’épiscopat catholique interpelle particulièrement « le devoir moral » des législateurs et des personnalités politiques, en leur demandant de « s’opposer clairement et publiquement » à tout projet de loi légalisant le mariage homosexuel. « Voter en faveur d’une loi si nuisible au bien commun serait gravement immoral », prévient l’épiscopat catholique.

    Dans un premier temps, cette lettre rappelle les fondements anthropologiques de l’homme et de la femme « égaux en dignité et à la fois différents sans être interchangeables », les fondements bibliques du mariage hétérosexuel, à savoir « la complémentarité sexuelle et la fécondité », en vue de la création d’une famille pour le bien de la société et pour l’épanouissement des enfants.

    Ensuite, la lettre aborde la nature de l’homosexualité, précisant que si « l’attirance homosexuelle n’est pas un péché », c’est une attitude « désordonnée » au sens qu’elle n’est pas ordonnée autour de l’union d’un homme et d’une femme, dans une relation de complémentarité naturelle. « L’Eglise catholique regarde ses enfants ayant des tendances homosexuelles avec une compassion maternelle et un amour paternel (…) ; elle les invite à développer des relations fraternelles chastes avec les hommes et les femmes (…), à témoigner de la nature vivifiante de relations fondées sur l’amitié et non sur des actes sexuels, reconnaissant que, comme dans tout combat spirituel, le défi est difficile et requiert une vie spirituelle forte, ouverte à la grâce et la miséricorde de Dieu. Le recours régulier au sacrement de la réconciliation et à l’Eucharistie seront d’une aide précieuse pour grandir en sainteté », est-il précisé. L’Eglise invite également chaque fidèle à entretenir des relations charitables avec les personnes ayant des tendances homosexuelles.

    En ce qui concerne les pratiques homosexuelles, même si elles partent d’une affection réelle et sincère, elles ne sont ni unitives, ni procréatives et sont « contraires aux lois naturelles ». Par conséquent, elles sont considérées comme « un péché grave contre la chasteté ». Les unions homosexuelles n’ont « aucun des fondements biologiques ou anthropologiques du mariage et de la famille, car elles ne peuvent contribuer naturellement à la procréation ou à la survie de l’espèce humaine. Elles n’ont rien en commun avec le projet de Dieu dans le mariage et la famille, et ce serait donc une injustice de leur accorder une reconnaissance légale identique au mariage hétérosexuel », est-il précisé.

    Bien que dans de nombreux pays occidentaux la légalisation des mariages homosexuels se généralise, les évêques philippins appellent les fidèles « catholiques à ne pas participer à des cérémonies qui célèbrent ou légitimisent les unions homosexuelles », ayant toutefois conscience que cela puisse être une lourde croix à porter pour les familles concernées. Dernièrement, certaines Eglises protestantes, acquises à la cause LGBT, ont célébré des cérémonies d’unions homosexuelles pour leurs fidèles. Très médiatisée sur les réseaux sociaux philippins, les revendications LGBT ont également été portées par des stars du show-business philippin.

    Début août, dans la banlieue de Manille, deux couples homosexuels avaient déposé une demande de mariage auprès des autorités locales qui a été déboutée. Devant un drapeau arc-en-ciel, emblème de la cause gay, ils avaient alors brandi une pancarte : « Nous sommes rejetés. » En juin dernier, à Manille, une gay-pride avait été organisée pour célébrer la légalisation du mariage homosexuel par la Cour suprême américaine. Les Philippines, ancienne colonie américaine, indépendante depuis 1948, reste très influencée par la culture et la société américaine. Catholique à 80 %, le pays demeure toutefois un des seuls au monde où le divorce et l’avortement ne sont pas légalisés à ce jour.

     

  • Synode : 17 cardinaux font bloc contre les théories réformistes

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    De Sandro Magister sur chiesa.espresso.repubblica.it :

    Les cardinaux anti-Kasper: ils étaient cinq, maintenant ils sont dix-sept

    Et ils interviennent en même temps par le biais de deux livres qui vont être publiés alors que le synode est proche. Au premier rang, Robert Sarah et les Africains 

    par Sandro Magister

    ROME, le 31 août 2015 – Le cardinal guinéen Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, se trouve ces jours-ci à Ratisbonne, afin d’y présenter l'édition allemande de son livre "Dieu ou rien". Celui-ci a été publié en France au mois de février dernier et il est actuellement sur le point de paraître en neuf autres langues dans le monde entier, en raison de l'énorme intérêt qu’il a suscité, à cause de son contenu et de la personnalité de son auteur, comme www.chiesa l’a déjà montré :

    > Un pape d’Afrique noire

    À Ratisbonne, c’est le cardinal Gerhard Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, qui présentera le livre. La préface de l’édition allemande a été rédigée par l’archevêque Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale et secrétaire particulier de Benoît XVI.

    Mais le pape émérite lui-même n’a pas manqué de dire au cardinal Sarah tout le bien qu’il pensait de son ouvrage. Il lui a notamment écrit ceci :

    "C’est avec beaucoup de profit spirituel, de joie et de gratitude que j’ai lu 'Dieu ou rien'. La réponse courageuse que votre ouvrage donne aux problèmes suscités par la théorie du 'genre' pose avec netteté, dans un monde qui n’y voit plus clair, une question anthropologique fondamentale".

    Sur près de quatre cents pages que compte l’ouvrage, il n’y en a que quelques-unes qui concernent le synode consacré à la famille. Mais ces pages-là ont produit une forte impression, en raison de la netteté et de la lucidité avec lesquelles elles s’opposent aux courants de pensée qui sont favorables à un changement dans la doctrine et dans la pastorale relatives au mariage, courants dont le représentant le plus en vue est le cardinal Walter Kasper.

    Sarah ne fait pas partie du groupe de cinq cardinaux – le premier d’entre eux étant Müller – qui, à la veille de la session du synode qui s’est tenue au mois d’octobre dernier, ont fait bloc contre les novateurs en rédigeant un ouvrage collectif qui a provoqué des réactions vives et nombreuses.

    Mais, alors que la seconde et dernière session du synode est proche, voici que de nouveaux combattants se lancent dans la bataille pour défendre la doctrine et la pastorale traditionnelles en matière de mariage : il s’agit non plus de cinq, mais de onze cardinaux, qui ont, cette fois encore, rédigé un ouvrage collectif. Et parmi eux figure Sarah.

    Les dix autres sont, par ordre alphabétique :

    - Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, Italie ;
    - Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de Trivandrum de l’Église syro-malankare. Inde ;
    - Josef Cordes, président émérite du conseil pontifical Cor Unum, Allemagne ;
    - Dominik Duka, archevêque de Prague, République Tchèque ;
    - Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, Pays-Bas ;
    - Joachim Meisner, archevêque émérite de Cologne, Allemagne ;
    - John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, Nigeria ;
    - Antonio Maria Rouco Varela, archevêque émérite de Madrid, Epagne ;
    - Camillo Ruini, vicaire émérite du pape pour le diocèse de Rome, Italie ;
    - Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas, Vénézuela.

    Le livre a pour titre :

    "Le mariage et la famille dans l’Église catholique. Onze cardinaux apportent un éclairage pastoral".

    Il sera publié à septembre en cinq langues : anglais (Ignatius Press), italien (Cantagalli), français (Artège), allemand (Herder), espagnol (Ediciones Cristiandad).

    Et il ne s’agit pas d’un travail de compilation. Les textes qui y figurent seront publiés pour la première fois, à la seule exception de celui du cardinal Ruini, qui a déjà été mis en ligne, il y a un an, sur www.chiesa :

    > Le vrai dilemme: indissolubilité ou divorce

    Pour davantage de détails et d’informations en avant-première à propos du contenu de ce livre, voir :

    > Pre-Synod Book "Eleven Cardinals Speak on Marriage and the Family"

    Mais ce n’est pas tout. En effet un autre livre collectif est sur le point d’être publié, également dans la perspective du synode. Ses  auteurs sont tous africains. Pour le moment il est édité uniquement en anglais, aux États-Unis par Ignatius Press et au Kenya par les éditions Paulines.

    Son titre est :

    "L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contributions de pasteurs africains au synode consacré à la famille".

    Lire la suite sur le site de S. Magister