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Eglise - Page 1181

  • Quand de jeunes réfugiés chrétiens d’Irak découvrent en Europe un monde relativiste et indifférent

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    Lu sur le site de l’hebdomadaire  Famille chrétienne  sous le titre  « Réfugiés en France, les chrétiens d’Irak se heurtent à l’indifférence ». Extraits.

    Réfugiés politiques en France depuis l’attentat contre la cathédrale syriaque de Bagdad, en octobre 2010, trois jeunes Irakiens racontent sans concession la manière impersonnelle, voire glaciale, dont ils ont été accueillis en France.

    Leur parole est franche envers le pays qui les a accueillis en octobre 2010, après l’attentat perpétré contre la cathédrale syriaque de Bagdad. La France, Pierre, Mariam et Benoît, jeunes réfugiés politiques irakiens, lui doivent énormément. Ils le savent. Le mouvement de solidarité qui s’est mis en place ces dernières semaines pour soutenir les chrétiens d’Orient les touche. « Je veux dire merci aux chrétiens, ici, en France, qui organisent des manifestations. Si elles ne changent rien à la situation en Irak, au moins elles ont le mérite de dire : on ne vous oublie pas. C’est très important », témoigne Pierre.

    Comme Michèle Alliot-Marie l’avait fait en 2010, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, et son homologue de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ont proposé le 28 juillet l’asile aux chrétiens irakiens. « Si Mgr Sako a raison de dire que les chrétiens d’Irak doivent rester sur leur terre historique, explique Benoît, les familles doivent aussi prendre une décision pour sauver leur vie ! La meilleure solution pour les chrétiens, aujourd’hui, c’est de partir », poursuit le jeune hommene cachant pas les faibles chances qu’il a un jour de revoir son pays.

    Mariam, jeune lycéenne qui vient de passer son bac de français avec un brillant 19 à l’oral, se montre plus sceptique :« La France accepte de les accueillir. Mais comment pourront-ils venir ici ? », s’interroge-t-elle. Et surtout, comment seront-ils réellement accueillis ?

    Car pour eux, comme pour de nombreuses autres familles irakiennes, arriver à Paris à l’automne 2010 ne fut pas simple. Loin de là. Ce fut, d’abord, le choc de découvrir une France qui n’est pas celle où ils avaient cru se réfugier. Non pas une société chrétienne, mais multiculturelle et athée. « J’avais imaginé la France et quand je suis arrivé à Paris, j’ai trouvé tout autre chose… », témoigne Benoît.

    Ce choc, dont ils parlent volontiers, cache une autre amertume : celle de ne pas se sentir accueillis par les Français, particulièrement les chrétiens. Sur place, ils ont trouvé le traitement de l’administration française « froid et compliqué ». Aucune structure performante n’était présente pour les aider à s’insérer. Mariam se souvient : « On a trouvé de l’aide auprès des Arabes, qui croyaient que nous étions musulmans. Mais quand ils apprenaient que nous étions chrétiens, ils partaient ».

    Est-ce plus difficile pour un chrétien de s’installer en France ? « Nous rencontrons beaucoup de difficultés, alors que nous sommes chassés de notre pays », répond la lycéenne. « Nous ne sommes pas venus par envie, mais parce que nous y étions obligés. Les Algériens, les Marocains, les Turcs viennent ici pour trouver un travail, et ils sont presque mieux traités par l’État », dénonce-t-elle sans concession.

    Alors, quand ils entendent certains discours politiques, comme la réaction de Louis Aliot (FN) à la proposition de M. Fabius d’ouvrir l’asile aux chrétiens orientaux, les jeunes Irakiens voient rouge. « Selon lui, il n’y a plus de place en France pour les immigrés. Il nous a comparés à la misère, alors que nous n’étions pas pauvres dans notre pays. Étrangement, il y a toujours de la place pour les autres mais pas pour les chrétiens, alors qu’eux, ils ont vraiment besoin de se réfugier. J’ai toujours de la famille en Irak : ils sont morts de peur, et ne savent pas quoi faire. » (…)

    Les beaux discours sont aussi souvent synonymes, ensuite, d’abandon. C’est l’avis d’Arnaud Duroyaume, qui s’occupe d’aider les Irakiens chrétiens. « Combien de fois on leur a dit : « On s’occupe de vous » ? Mitterrand a fait la même chose avec les Libanais : « Venez dans les hôpitaux ». Et après, c’était « Débrouillez-vous ». Combien de Libanais se sont retrouvés à la rue, alors qu’on leur avait fait miroiter un vrai accueil ? » Selon lui, cette froideur s’explique par une gêne envers les Arabes chrétiens.

    Du coup, les Irakiens souffrent de vivre dans un contexte très éloigné du leur, déspiritualisé et parfois violent, comme les banlieues. Pour Arnaud Duroyaume, la solution consiste à sortir du ghetto communautaire, à s’ouvrir à la diversité dans l’Église. « Les Irakiens envoyés dans les banlieues, s’ils ne vont pas à la messe à côté de chez eux, au bout d’un moment, ils n’y vont plus. Je vois plein de jeunes livrés à eux-mêmes. Le père de famille, dans la culture orientale, est très important. Il y a un gros problème d’adaptation : soit le père verrouille tout, et ce n’est pas bon dans la société où l’on vit, soit il abandonne. Il y a beaucoup de jeunes qui sont livrés à eux-mêmes, et commencent à avoir des comportements choquants. » Et Mariam de confirmer : « On était dans un pays avec énormément de règles. Vivant en France, je découvre qu’en fait, les règles, j’aimais bien ».

    Quand Arnaud Duroyaume est allé à la rencontre des rescapés de la cathédrale, il a réalisé qu’il était l’un des seuls chrétiens non orientaux à avoir eu cette démarche. L’accueil dans les paroisses n’a pas été non plus à la hauteur. « J’ai essayé de les intégrer dans diverses structures comme le scoutisme ou les Béatitudes, mais ça n’a pas marché », regrette-t-il. Ceux qui les reçoivent souvent et avec joie font partie de la frange la plus traditionnelle, comme la paroisse Saint-Eugène, le centre Saint-Paul ou encore la communauté Saint-Martin. « Au pèlerinage de Chartres, je me suis dit : enfin, je suis en France. Je me suis sentie intégrée ! On est mieux accueillis chez les traditionnalistes qu’ailleurs », confirme Mariam. « Je ne sais pas pourquoi, mais on a senti quelque chose de différent. » (…) . Pauline Quillon.

    Ref. Réfugiés en France, les chrétiens d’Irak se heurtent à l’indifférence

    C’est que la mentalité « traditionaliste » est, comme dirait Monsieur de la Palice, la plus proche de celle des chrétientés traditionnelles…

    JPSC 

  • Irak : toute la plaine de Ninive tombe aux mains de la folie islamiste

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    D'Aleteia.org :

    Qaraqosh est tombée, les chrétiens fuient la plaine de Ninive

    C'est une tragédie. On a appris dans la nuit que les troupes kurdes abandonnaient leurs positions à Qaraqosh. Mgr Sako a lancé un appel au secours à l'aube.

    Il est des phrases que l'on voudrait ne pas avoir à écrire. "L'Etat Islamique a pris Qaraqosh, plus grande ville chrétienne d'Irak. Mgr Petros Mouche, évêque de la ville, a dû lui-même partir. Des femmes enceintes et des personnes âgées sont actuellement sur la route, souvent à pied", nous informe l'association Fraternité en Irak.

    C'est toute la plaine de Ninive qui va maintenant tomber aux mains de la folie islamiste, dans le silence et l'inaction des grandes puissances, de l'ONU comme de la Ligue Arabe. Dans la nuit du 6 au 7 août, les habitants de Qaraqosh, Qaramless, Bartala, Tell Keff, Ba'ashika, et la plaine de Ninive ont fui suite au retrait kurde. Le départ a été déclenché par l'annonce des kurdes qu'ils abandonnaient leurs postes de combats à Qaraqosh. "À minuit, la quasi-totalité des habitants de Qaraqosh est partie, nous informe l'association Fraternité en Irak, après l'annonce des kurdes qu'ils se repliaient, abandonnant leur poste." "Ces villes chrétiennes se sont vidées de leurs habitants cette nuit. C'est au moins un quart des chrétiens d'Irak qui sont concernés. C'est une tragédie, un revers militaire des kurdes très inquiétant pour la suite, c'est une menace pour l'avenir de la région du kurdistan irakien", constate Faradj Benoit Camurat, responsable de l'association, joint ce matin.

    La plus grande tragédie pour les chrétiens d'Irak est en train de se jouer : depuis cette nuit ils fuient la plaine de Ninive. Certains chrétiens sont déjà arrivés à Erbil, notamment l'évêque, d'autres joints par Fraternité en Irak vers 4h30 sont sur la route. Des milliers de personnes dont beaucoup de chrétiens, mais aussi des Shabaks, minorité musulmane menacée, sont sur les routes.  Des milliers de gens sont sur la route se dirigeant vers les villes kurdes d'Erbil et Dohuk.

    À 6 h ce matin, le patriarche des chaldéens Louis Sako a lancé un SOS international d'appel à l'aide :  "beaucoup de gens sont à pieds. Quand le jour sera levé, que vont devenir les vieillards, les femmes enceintes sous la chaleur?" "Il faut que la communauté internationale fasse quelque chose pour secourir ces milliers de gens sur la route" lance Mgr Sako.

    Lire également : http://www.aed-france.org/actualite/irak-qaraqosh-la-plus-grande-ville-chretienne-prise-par-letat-islamique/

    et aussi : http://www.famillechretienne.fr/societe/monde/irak-les-enfants-les-femmes-enceintes-et-les-vieillards-courent-un-grand-danger-147536

  • Plus d'un millier de personnes rassemblées à Bruxelles pour soutenir les chrétiens d'Orient

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    A l'appel du Comité de soutien aux chrétiens d'Orient, plus d'un millier de personnes se sont rassemblées aujourd'hui à Bruxelles devant les institutions européennes. On notait la présence de Mgr Hudsyn, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles. En marge de ce rassemblement, deux jeunes djihadistes appelaient à massacrer les chrétiens.

    Un ami, présent à la manifestation, nous a fait parvenir les photos reproduites ci-dessous.

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  • Nicaragua: le pape François révoque la suspense d’un prêtre sandiniste

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    Lu sur le site du « Suisse Romain » :

    padre- (1).jpgNicaragua: un prêtre suspendu revient vers la prêtrise : «Je me réjouis de pouvoir à nouveau célébrer la messe avant de mourir ».

    L'ex-ministre des Affaires étrangères du Nicaragua Miguel D'Escoto se réjouit de la révocation par le Pape François de sa suspension a divinis prononcé en 1985 par le Vatican en raison de ses activités politiques (théologie de la libération) qui l'empêchaient d'exercer le sacerdoce.

    Voir : Lien News.va

    L’histoire ne dit pas si l’ancien ministre de la « Revolución Popular Sandinista » s’est repenti. Il est vrai que la théologie de la libération est aujourd’hui « hors course » et que l’URSS n’existe plus. La mode, en Amérique latine, est désormais au Pentecôtisme nord-américain…

    JPSC

  • Chrétiens d’Irak : le patriarche Sako a écrit hier au Pape pour dénoncer l’inaction de la Communauté internationale

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    Dans un courrier notamment adressé au Pape François, le patriarche chaldéen dénonce l’inaction de la Communauté internationale devant une situation de plus en plus dramatique.

    Sur le site « aleteia » :

    946943_344454189014198_1679769375_n.jpg"Les chrétiens d’Irak affrontent une tragédie énorme". Pour Louis Raphaël Sako, la solution se trouve "uniquement dans la main de la communauté internationale, à commencer par les super puissances ".Le Patriarche chaldéen appelle à une prise de conscience, et exige de véritables actions : " Nous sommes devant une crise existentielle : le fait que nous existions ou que nous n'existions plus." " Nos chrétiens ont un besoin vital d'une aide humanitaire urgente", ainsi que d’une protection efficace et permanente.

    Voici un extrait de son courrier en date du 5 Août 2014 :

     A Sa Sainteté le Pape François,

    A Leurs Béatitudes les Patriarches d’Orient,

    A Leurs Excellences Les Présidents des conférences Épiscopales,

    Les chrétiens de l’Irak affrontent une tragédie énorme. Les chrétiens de Mossoul (province Irakienne de Ninive), horrifiés, ont quitté la ville avec seulement leurs habits sur eux. Leurs églises ont été profanées. Le 2 août, une migration de masse a eu lieu depuis les villages de Telkef, Batnaya et Telleskuf. La petite ville de Sinjar et d’autres villes voisines sont tombées et 70 personnes ont été massacrées. Hier, lundi 4 août, l'EI a commencé à bombarder le village Telkef, et une jeune chrétienne a été tuée.
    (…) Il est évident qu’il n’a y pratiquement pas de collaboration entre le Gouvernement central et celui de la Région Kurde, d'autant plus que le nouveau gouvernement n’est pas encore formé ! Nos partis politiques ont échoué à mener toute action tangible. Quant à l’Église, elle se trouve toute seule, plus qu’en tout autre temps. Néanmoins, il faut que ses leaders réagissent, quand bien même il serait trop tard, en exerçant la pression nécessaire sur la communauté internationale ainsi que sur ceux qui détiennent le pouvoir de décider, afin de faire cesser ces crimes scandaleux et ces destructions, qui touchent surtout des citoyens désarmés.

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  • Scouts d’Europe : venite et videte !

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    L’ Eurojam, c’est le plus gros rassemblement scout de l’été 2014 en France. Il a lieu une fois tous les 30 ans en France, c’est l’Eurojam des Guides et Scouts d’Europe, du 3 au 10 août 2014 à Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois, en Normandie.

    Découvre dans ces interviews l’enjeu du rassemblement, le système de sélections mis en œuvre et les défis incroyables relevés pour construire une ville de 12 000 habitants au milieu des bois, là où aujourd’hui, il n’y a rien.

    A noter : La 1ère Liège "Saint-Jean Baptiste" participe à cet évènement exceptionnel rassemblant plus de 12.000 scouts et guides d'Europe en Normandie. Le chef scout liégeois est Romain Bolly (Mangouste) - 0499/15.45.34. Et,comme titre le quotidien de l’Eurojam, « Venite et videte » !

     Le mouvement de jeunesse chrétien qui monte :  

    Un ancien scout d’Europe nommé évêque d’Amiens cette année

    Ce rappel, lu sur le site d’Aleteia :

    Olivier-Leborgne1.JPGUn ancien scout vient d'être nommé évêque ! Le père Olivier Leborgne, jusqu’à présent vicaire général du diocèse de Versailles, a été nommé évêque d’Amiens par le pape François jeudi 20 février 2014. Son ordination épiscopale sera célébrée le dimanche 6 avril à 15h30 en la cathédrale d’Amiens.
     
    Olivier Leborgne a été scout à la 1ère Aubergenville, puis routier et chef d’équipe pilote au clan Saint Germain, rapporte le site des Scouts d’Europe, qui se réjouit de sa nomination et l’assure de ses prières. Il s’est engagé comme chef de troupe de la première Aubergenville en 1984. Ordonné prêtre le 29 juin 1991 à Versailles, pour le diocèse de Versailles, il a accepté la charge de conseiller religieux pour le district Yvelines Ouest en 1995.
     
    L’association des Guides et Scouts d’Europe (A.G.S.E.) est le 2e mouvement de scoutisme en France avec plus de 30000 adhérents, et le premier appliquant la pédagogie originelle telle que conçue par Baden Powell et adaptée par le Père Sevin. Elle fait partie de la Fédération du Scoutisme Européen (F.S.E.), lancée en 1956 par quelques dizaines de jeunes chrétiens allemands qui voulaient participer à la reconstruction d’une Europe chrétienne et unie. 

     sources: Scouts d'Europe

    Ref Un ancien scout d’Europe nommé évêque d’Amiens

     Mgr Leborgne fut scout, routier puis conseiller religieux des scouts d'Europe

    JPSC 

  • Irak : deux nouvelles villes prises par les djihadistes, 200 000 personnes en péril

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    Lu sur le site web « aleteia » aujourd’hui :

    Les peshmerga kurdes ne sont pas parvenus ces deux derniers jours à empêcher les islamistes de l'auto proclamé Etat Islamique de s'emparer de deux nouvelles villes du nord de l'Irak. Selon l'ONU, ces deux défaites risquent de renvoyer jusqu'à 200 000 personnes sur les routes, ce qui ne pourrait que déboucher sur une nouvelle catastrophe humanitaire. Les islamistes de l'EI ont également pris le contrôle de deux gisements pétroliers, Aïn Zalah et Batma, près de Zoumar.

    C'est un grave revers pour les forces kurdes en Irak. La prise de Sinjar, ville de 310 000 habitants située à 50 km de la frontière syrienne, vient renforcer la constitution d'un califat islamique à cheval sur l’Irak et la Syrie. Sinjar accueillait par ailleurs plusieurs dizaine de réfugiés chassés des villes prises par les islamistes, notamment des Turcomans chiites, qui ont de nouveau dû fuir vers Dohouk, au Kurdistan irakien.

    Par ailleurs, dans la nuit de vendredi à samedi, 23 soldats des forces gouvernementales irakiennes ont été tués à Jourf al-Sakhr, sur la route reliant les bastions insurgés aux villes saintes chiites au sud de Bagdad.

    Pour l'instant, les forces kurdes se seraient repliées dans les montagnes, en attendant de recevoir des renforts. Selon certaines sources sur place, mais cette information reste à confirmer, les forces de l'Etat Islamique auraient peu après leur arrivée détruit le sanctuaire de Sayyeda Zeinab, fille de l’imam Ali et figure vénérée de l’islam chiite.

    Ici Irak : deux nouvelles villes prises par les djihadistes, 200 000 personnes en péril

    Et, pour mémoire :

    Affiche MANIFESTATION 6-08-14.jpg

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  • 14-18 : les efforts du pape pour la paix

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    Selon wikipedia :

    Dans son encyclique inaugurale Ad beatissimi Apostolorum principis de la Toussaint 1914, Benoît XV appelle à la fin de la guerre : « Nous avons donc adressé d'instantes prières aux Princes et aux gouvernants, afin que, considérant combien de larmes et de sang la guerre a déjà fait répandre, ils se hâtent de rendre à leurs peuples les précieux avantages de la paix ». Contrairement à ses actions humanitaires, les initiatives politiques du pape restent sans succès. (...) Dès décembre 1916, le Saint-Siège avait incité à une garantie du rétablissement de la Belgique dans ses droits, mais l'Allemagne n'a répondu que par allusions à la question belge. Le 24 juillet 1917, le nonce apostolique à Munich, Mgr Pacelli, le futur Pie XII, fait alors une proposition de paix au chancelier Georg Michaelis et au ministre des Affaires étrangères Arthur Zimmermann prévoyant la restitution des colonies allemandes, l'évacuation de la Belgique et des territoires français occupés. Le pape Benoît XV est abordé par Charles Ier afin d'obtenir son appui, mais il n'est pas mis dans la confidence quant aux négociations de l'Affaire Sixte.

    Avant que l'Allemagne ne réponde, le pape Benoît XV envoie une note de paix le 1er août 1917, qui arrive officiellement quinze jours plus tard et qui est connue d'après les premiers mots qui la composent : « Dès le début ». Celle-ci prévoit la « restitution réciproque de tous les territoires occupés, en particulier l'évacuation totale de la Belgique avec l'assurance de son entière indépendance politique, militaire et économique envers toute puissance ainsi que la restitution des colonies allemandes », mais également « l'examen des questions territoriales restantes comme entre l'Autriche-Hongrie et l'Italie, tout comme entre l'Allemagne et la France dans un esprit de réconciliation et en mesure de ce qui est juste et possible ». Le pape exige en outre un désarmement et un tribunal de justice international efficace, afin de prévenir toute guerre future. (...) La réponse officielle allemande du 13 septembre 1917 à la Curie évite toute proposition ou compromis concrets en ce qui concerne les questions particulières et se contente de vagues appels à la paix.

    Les raisons de l'échec de la politique de paix du pape sont de plusieurs ordres. Si les différents appels ne peuvent déboucher sur des négociations concrètes de par leur caractère flou (?), la papauté est isolée en Allemagne depuis 1870. En 1905, la France avait voté la séparation de l'Église et de l'État et ce n'est que petit à petit que le « pape français », comme l'appelle Ludendorff, a pu assouplir la situation. Parmi les exigences italiennes en vue de son ralliement à l'Entente en 1915, le royaume d'Italie avait demandé l'exclusion du pape de toutes les négociations de paix futures, même si le pape désirait faire partie des futures conférences de paix. Chaque camp soupçonne en effet le pape d'être secrètement dans le camp opposé. Georges Clemenceau, dont l'anti-catholicisme explique le rejet des propositions de paix du pape et de l'empereur Charles d'Autriche, appelle ainsi Benoît XV « le pape boche ». L'épiscopat allemand contrecarre l'engagement pontifical en la personne du cardinal de Cologne Felix von Hartmann qui considère que le pape a parlé en tant que souverain international et non comme le berger suprême des catholiques. De même, en France, le père Antonin-Gilbert Sertillanges de l'Ordre des Frères Prêcheurs récuse les tentatives de paix pontificales devant le Tout-Paris lors d'un sermon en l'Église de la Madeleine. Dans tous les pays, à une écrasante majorité, les catholiques défendent la « juste cause » de leur patrie.

  • Le Pape invite les scouts d'Europe à « se mettre en route »

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    Les « Scouts d’Europe » ont quarante ans et la loi du nombre a joué: le temps n’est plus, heureusement, où il fallait se cacher du clergé soixante-huitard pour lancer une unité de ce mouvement qui ose affirmer sa foi, contrairement à bien d’autres dont la dérive postconciliaire s’est conclue par une apostasie.  

    Faut-il, à cet égard,  rappeler l’exemple emblématique de l’ancienne (et puissante) Fédération des Scouts  Catholiques de Belgique, rebaptisée (si l’on ose dire) voici peu (2012) « Fédération des Scouts Baden-Powell» , après avoir exclu toute référence à Dieu dans leur loi scoute ?

     Lu sur le site de Radio-Vatican :

    1541968_Articolo.JPG « Les scouts ont débarqué en Normandie : une invasion pacifique du 3 au 10 août pour le 4ème Eurojam, le rassemblement de l’Union internationale des Guides et Scouts d’Europe. Les quelque 12 000 participants, âgés de 11 à 16 ans, sont originaires de 18 pays d’Europe et d’Amérique du Nord et de Russie.

    A cette occasion, le Pape leur a fait parvenir un court message pour les saluer. Il leur explique que « pour connaître Jésus, il est nécessaire de se mettre en route », car chemin faisant, Dieu se fait rencontrer de diverses manières : « dans la beauté de sa création, lorsqu'il intervient avec amour dans notre histoire, dans les relations de fraternité et de service que nous entretenons avec le prochain ».

    Pour illustrer son propos, François reprend alors une formule qu’il a déjà utilisé devant d’autres jeunes, à Rio de Janeiro, lors des JMJ l’été dernier. Il rappelle trois étapes importantes pour répondre à l'appel de Jésus : « Allez ; sans avoir peur ; pour servir ». « Si nous acceptons l'invitation du Seigneur à aller vers lui et à faire l'expérience de son amour qui remplit nos cœurs de joie, explique le Souverain pontife, alors il enlèvera toute peur : peur de Dieu, peur de l'autre, peur d'affronter les défis de la vie. Et il nous enverra annoncer son amour jusqu'aux extrémités de la terre, servir notre prochain dans les périphéries les plus reculées ».

    « Mais tout cela n’est possible que si nous cultivons l'amitié avec Jésus, en cherchant à le rencontrer davantage, surtout dans sa Parole et dans les Sacrements », ajoute François.

    Grande guerre et Seconde Guerre mondiale

    Cent ans après le début de la première guerre mondiale, et 70 ans après le débarquement des alliés en Normandie, les jeunes scouts veulent témoigner que l’on peut vivre ensemble, et faire vivre de manière concrète la fraternité européenne.

    Le Pape François, dans son message, a d’ailleurs souligné la coïncidence de leur rassemblement avec le centenaire du début de la première guerre mondiale. Il a donc invité les « acteurs de ce monde » à « prier pour qu’en Europe et dans le monde adviennent l’unité et la paix », il les a encouragé« à ne pas avoir peur d’affronter les défis afin de sauvegarder les valeurs chrétiennes, en particulier la défense de la vie, le développement, la dignité de la personne, la lutte contre la pauvreté, et tant d’autres combats que nous avons à livrer chaque jour ».

    L'Eurojam est d’ailleurs né en Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour promouvoir parmi les jeunes un esprit de fraternité et de paix. Fidèle à la tradition du scoutisme catholique, la rencontre suscite un enthousiasme grandissant surtout dans les pays de l’Est. Elle éduque à l’unité dans le respect des diversités et propose la construction d’une Europe des peuples à partir des racines chrétiennes qui ont forgé le Vieux Continent. Elle accueille des orthodoxes en Roumanie et des évangéliques en Allemagne et au Canada, une manière aussi de promouvoir l’Unité des chrétiens.

    Plus de 200 hectares de campement

    Sous la devise « Venez et voyez », les scouts d’Europe ont choisi de planter leur tente dans le village de Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois, en Normandie. Le campement s’étendra sur plus de 200 hectares. Un pèlerinage au sanctuaire de Lisieux est prévu, à une cinquante de kilomètres de là. La petite Thérèse est en effet la « patronne » de l’Eurojam. 

    Le 3 août, la messe internationale d’ouverture a été présidée par Mgr Cyrill Vasil, secrétaire de la Congrégation pour les Eglises orientales, qui a été pendant quatre ans aumônier de la fédération. Mgr Vasil invite à bannir toutes les attitudes et les prises de paroles susceptibles de troubler nos relations avec les autres. Dans son homélie, il a incité les jeunes à accueillir« l’invitation de Jésus à Le chercher comme la Voie, la Vérité et la Vie, à le rencontrer chez lui, dans l’intimité d’une rencontre personnelle qui crée des liens profonds d’amitié », expliquant que leur rassemblement « est un exemple de la recherche personnelle du sens de la vie, de la recherche de Dieu. »

    Après la Première, la Seconde guerre mondiale, le mur de Berlin, le continent s’est dirigé vers une Europe unie, explique Mgr Vasil : « Grâce à la réalisation des grands idéaux des Pères d’une Europe nouvelle et unie, ces penseurs et homme de foi valorisaient sa tradition profondément chrétienne, ouvrant ainsi le projet d’une Europe toujours plus unie. »

    Grâce aussi « à la contribution représentée par une figure charismatique des dernières années du XXème siècle, comme l’a été le Saint Pape Jean-Paul II, voilà 25 ans – à partir de la Pologne – le Rideau de Fer a commencé à s’effriter, initiant une nouvelle étape de l’intégration européenne dans l’échange des dons spirituels et dans la solidarité sociale entre les diverses composantes de l’Europe ».

    Ref. Le Pape invite les scouts d'Europe à « se mettre en route »

     JPSC 

  • Jean-Marie Vianney, saint curé d'Ars (4 août)

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    Le 5 août 2009, Benoît XVI consacrait sa catéchèse au saint curé d'Ars :

    Dans la catéchèse d'aujourd'hui, je voudrais reparcourir brièvement l'existence du saint curé d'Ars en soulignant certains traits de celle-ci, qui peuvent servir d'exemple aux prêtres de notre époque, assurément différente de celle où il vécut, mais marquée, sous de nombreux aspects, par les mêmes défis humains et spirituels fondamentaux. C'est précisément hier que l'on fêtait les cent cinquante ans de sa naissance au ciel: il était en effet deux heures du matin le 4 août 1859, lorsque saint Jean Baptiste Marie Vianney, au terme de son existence terrestre, alla à la rencontre du Père céleste pour recevoir en héritage le royaume préparé depuis la création du monde pour ceux qui suivent fidèlement ses enseignements (cf. Mt 25, 34). Quelle grande fête il dut y avoir au Paradis pour l'arrivée d'un pasteur si zélé! Quel accueil doit lui avoir réservé la multitude des fils réconciliés avec le Père, grâce à son œuvre de curé et de confesseur! J'ai voulu saisir l'occasion de cet anniversaire pour proclamer l'Année sacerdotale qui, comme on le sait, a pour thème: Fidélité du Christ, fidélité du prêtre. C'est de la sainteté que dépend la crédibilité du témoignage et, en définitive, l'efficacité même de la mission de chaque prêtre.

    Jean-Marie Vianney naquit dans le petit village de Dardilly le 8 mai 1786, dans une famille de paysans, pauvre en biens matériels, mais riche d'humanité et de foi. Baptisé, comme le voulait le bon usage à l'époque, le jour même de sa naissance, il consacra les années de l'enfance et de l'adolescence aux travaux dans les champs et à paître les animaux, si bien qu'à l'âge de dix-sept ans, il était encore analphabète. Mais il connaissait par cœur les prières que lui avait enseignées sa pieuse mère et il se nourrissait du sentiment religieux que l'on respirait chez lui. Les biographes racontent que, dès sa prime jeunesse, il essaya de se conformer à la divine volonté même dans les tâches les plus humbles. Il nourrissait dans son âme le désir de devenir prêtre, mais il ne lui fut pas facile de le satisfaire. Il parvint en effet à l'ordination sacerdotale après de nombreuses adversités et incompréhensions, grâce à l'aide de sages prêtres, qui ne s'arrêtèrent pas à considérer ses limites humaines, mais surent regarder au-delà, devinant l'horizon de sainteté qui se profilait chez ce jeune homme véritablement singulier. Ainsi, le 23 juin 1815, il fut ordonné diacre et le 13 août suivant, prêtre. Enfin, à l'âge de 29 ans, après de nombreuses incertitudes, un certain nombre d'échecs et beaucoup de larmes, il put monter sur l'autel du Seigneur et réaliser le rêve de sa vie.

    Le saint curé d'Ars manifesta toujours une très haute considération du don reçu. Il affirmait: "Oh! Quelle grande chose que le sacerdoce! On ne le comprendra bien qu'une fois au Ciel.. si on le comprenait sur la terre, on mourrait, non d'effroi mais d'amour!" (Abbé Monnin, Esprit du Curé d'Ars, p. 113). En outre, dans son enfance, il avait confié à sa mère: "Si j'étais prêtre, je voudrais conquérir beaucoup d'âmes" (Abbé Monnin, Procès de l'ordinaire, p. 1064). Et il en fut ainsi. Dans le service pastoral, aussi simple qu'extraordinairement fécond, ce curé anonyme d'un village isolé du sud de la France parvint si bien à s'identifier à son ministère, qu'il devint, également de manière visible et universellement reconnaissable, alter Christus, image du Bon Pasteur, qui à la différence du mercenaire, donne la vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11). A l'exemple du Bon Pasteur, il a donné la vie au cours des décennies de son service sacerdotal. Son existence fut une catéchèse vivante, qui trouvait une efficacité toute particulière lorsque les personnes le voyaient célébrer la Messe, s'arrêter en adoration devant le tabernacle ou passer de longues heures dans le confessionnal.

    Au centre de toute sa vie, il y avait donc l'Eucharistie, qu'il célébrait et adorait avec dévotion et respect. Une autre caractéristique fondamentale de cette extraordinaire figure sacerdotale, était le ministère assidu des confessions. Il reconnaissait dans la pratique du sacrement de la pénitence l'accomplissement logique et naturel de l'apostolat sacerdotal, en obéissance au mandat du Christ: "Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (cf. Jn 20, 23). Saint Jean-Marie Vianney se distingua donc comme un confesseur et maître spirituel excellent et inlassable. En passant "d'un même mouvement intérieur, de l'autel au confessionnal", où il passait une grande partie de la journée, il cherchait par tous les moyens, par la prédication et par le conseil persuasif, à faire redécouvrir aux paroissiens la signification et la beauté de la pénitence sacramentelle, en la montrant comme une exigence intime de la Présence eucharistique (cf. Lettre aux prêtres pour l'Année sacerdotale).

    Les méthodes pastorales de saint Jean-Marie Vianney pourraient apparaître peu adaptées aux conditions sociales et culturelles actuelles. Comment en effet un prêtre d'aujourd'hui pourrait-il l'imiter, dans un monde qui a tant changé? S'il est vrai que les temps changent et que de nombreux charismes sont typiques de la personne, et donc inimitables, il y a toutefois un style de vie et un élan de fond que nous sommes tous appelés à cultiver. A bien y regarder, ce qui a rendu saint le curé d'Ars a été son humble fidélité à la mission à laquelle Dieu l'avait appelé; cela a été son abandon constant, empli de confiance, entre les mains de la Providence divine. Il a réussi à toucher le cœur des personnes non en vertu de ses dons humains, ni en s'appuyant exclusivement sur un effort, même louable, de la volonté, il a conquis les âmes, même les plus réfractaires, en leur communiquant ce qu'il vivait de manière intime, à savoir son amitié avec le Christ. Il fut "amoureux" du Christ, et le vrai secret de son succès pastoral a été l'amour qu'il nourrissait pour le Mystère eucharistique, annoncé, célébré et vécu, qui est devenu amour pour le troupeau du Christ, les chrétiens et pour toutes les personnes qui cherchent Dieu. Son témoignage nous rappelle, chers frères et sœurs, que pour chaque baptisé, et plus encore pour le prêtre, l'Eucharistie "n'est pas simplement un événement avec deux protagonistes, un dialogue entre Dieu et moi. La Communion eucharistique tend à une transformation totale de notre propre vie. Elle ouvre avec force le moi tout entier de l'homme et crée un nouveau nous" (Joseph Ratzinger, La Communion dans l'Eglise).

    Alors, loin de réduire la figure de saint Jean-Marie Vianney à un exemple, même admirable, de la spiritualité dévotionnelle du XIXe siècle, il est nécessaire au contraire de saisir la force prophétique qui distingue sa personnalité humaine et sacerdotale d'une très grande actualité. Dans la France post-révolutionnaire qui faisait l'expérience d'une sorte de "dictature du rationalisme" visant à effacer la présence même des prêtres et de l'Eglise dans la société, il vécut, d'abord - pendant sa jeunesse - une clandestinité héroïque en parcourant des kilomètres dans la nuit pour participer à la Messe. Puis - comme prêtre - il se distingua par une créativité pastorale singulière et féconde, en mesure de montrer que le rationalisme, qui régnait alors sans partage, était en réalité loin de satisfaire les authentiques besoins de l'homme et qui, en définitive, n'était pas vivable.

    Chers frères et sœurs, à 150 ans de la mort du saint curé d'Ars, les défis de la société d'aujourd'hui ne sont pas moins difficiles, ils sont même devenus peut-être plus complexes. Si à l'époque régnait la "dictature du rationalisme", à l'époque actuelle, on note dans de nombreux milieux, une sorte de "dictature du relativisme". Elles apparaissent toutes deux comme des réponses inadaptées au juste besoin de l'homme d'utiliser pleinement sa propre raison comme élément distinctif et constitutif de son identité. Le rationalisme fut inadapté parce qu'il ne tint pas compte des limites humaines et prétendit élever la seule raison comme mesure de toute chose, en la transformant en déesse; le relativisme contemporain mortifie la raison, parce que, de fait, il en vient à affirmer que l'être humain ne peut rien connaître avec certitude au-delà du domaine scientifique positif. Mais aujourd'hui, comme alors, l'homme "assoiffé de signification et d'accomplissement" va à la recherche constante de réponses exhaustives aux questions de fond qu'il ne cesse de se poser. (...)

  • Seul l'amour est digne de foi (18e dimanche du temps ordinaire)

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    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (fsJ) (homelies.fr)

    Jésus vient d’apprendre l’exécution de Jean le Baptiste. Cette mort dramatique le bouleverse : Jean était son cousin ; il lui était attaché par de profonds liens d’affection. De plus, Notre-Seigneur pressent que cette mort annonce la sienne. Aussi cherche-t-il la solitude, le silence. Jésus est certes le Fils unique de Dieu, mais il est aussi pleinement homme, partageant nos interrogations devant le grand mystère de la mort - surtout lorsque celle-ci apparaît comme le triomphe insolent du mal. N’est-il pas légitime que Notre-Seigneur veuille s’abstraire quelques instants de son ministère surchargé pour se retrouver seul ?

    Pourtant tout se passe comme si Dieu son Père ne le lui permettait pas : les foules ont deviné l’intention du Rabbi, et le précèdent sur le lieu qu’il a choisi pour s’y retirer « à l’écart ». S’oubliant lui-même, Jésus ne voit plus que la détresse de ces hommes et de ces femmes qui affluent de toute part vers lui : « saisi de pitié envers eux, il guérit les infirmes ». Matthieu ne le précise pas, mais il ne fait pas de doute que Notre-Seigneur « se mit à les enseigner longuement » (Mc 6, 34).

    Comme le jour baisse, les disciples réagissent avec bon sens et exhortent leur Maître à renvoyer la foule. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi ; croisant tous ces regards posés sur lui, il se souvient du Psaume 144 : « Les yeux sur toi, tous ils espèrent : tu leur donnes la nourriture au temps voulu ; tu ouvres ta main : tu rassasies avec bonté tout ce qui vit ». Renonçant encore à son désir si légitime de solitude, Jésus, dans un geste anticipant l’institution de l’Eucharistie, offre le pain du ciel à cette foule nombreuse qui erre au désert, prémisse du nouveau peuple de Dieu marchant à la suite du nouveau Moïse. Le Verbe se donne en nourriture dans la Parole et dans le Pain : « Ecoutez-moi donc : mangez de bonnes choses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez, et vous vivrez » (1ère lect.).

    Etonnant contraste entre le banquet célébré dans le palais luxueux d’Hérode, qui coûtât la vie au Baptiste, et la simplicité de ce repas pris au désert, un soir de printemps peu avant la Pâque, et qui donne la vie à la multitude. La réponse que Jésus cherchait aux questions qui se bousculaient en lui suite au décès de son ami, lui est donnée dans l’obéissance aux événements : c’est en allant toujours plus loin sur le chemin du don désintéressé de soi, qu’il sera vainqueur de la mort, car l’amour ne peut mourir ; en lui, la vie triomphe toujours.

    Notre-Seigneur aura le courage d’aller jusqu’au bout de cette voie apparemment sans issue et de livrer sa vie par amour pour nous, afin que toutes les générations puissent partager la certitude de Saint Paul : « ni la mort, ni la vie (…) rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur » (2nd lect.). Telle est notre confiance et notre espérance : la Croix est l’Arbre de vie divine dont la sève est le Pur Amour, et dont le fruit eucharistique nous donne part à la vie filiale de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

    Dès lors, si « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20, 28), nous devons nous aussi faire comme lui. « Donnez-leur vous-mêmes à manger » : Jésus invite ses disciples à le suivre sur le chemin déconcertant du « davantage » de l’amour. La charité s’oublie ; elle ne se décharge pas sur les autres pour servir : elle se met en peine, même lorsque la tâche semble impossible, dans la certitude que Dieu fera sa part. Le seul pouvoir que Jésus transmet à son Eglise, est celui de se livrer à sa suite pour la vie du monde. « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 12-13).

    Nous n’avons rien de plus à proposer que « cinq pains et deux poissons » : le don dérisoire de nos pauvres humanités marquées par le péché ; mais si dans la foi nous les « apportons à Jésus » pour qu’il en dispose selon son bon plaisir, il en fera un pain rompu pour la vie du monde. C’est en suivant notre Maître sur ce chemin du don total de soi, que nous le rejoindrons là où il nous précède : dans le Royaume de Dieu son Père ; mais en passant par le même porche : celui de la Croix. « Nous les vivants, écrit Saint Paul, nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre existence mortelle » (2 Co 4, 10). Tel est le mystérieux échange auquel il nous faut consentir dans la foi, car l’amour vrai ne se purifie des scories de l’égoïsme qu’au creuset de la souffrance librement consentie.

    Pourquoi donc venons-nous nous rassasier à la Table du Corps et du Sang de Notre-Seigneur, sinon pour pouvoir vivre à notre tour notre Pâques d’amour au cœur de notre existence quotidienne ? Si nous croyons qu’en toutes choses « nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés » (1ère lect.), alors ne renvoyons plus notre prochain qui nous sollicite, mais prenons autorité au nom de Jésus-Christ sur nos égoïsmes et sur nos peurs, et mettons-nous généreusement au service de ceux qui ont faim : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

    « “Il est temps que tous reconnaissent le christianisme comme la religion de l’amour” : Seigneur, donne-nous de ne pas faire mentir cette parole de Jean-Paul II, qui résonne comme un testament confié en ton Nom à l’Eglise du troisième millénaire. Car “seul l’amour est digne de foi” (Saint Augustin) ; à condition que ce soit un amour vrai, un amour fort, un amour grand, qui se donne sans compter ; un amour qui puise sa générosité dans l’Esprit de charité que tu répands en abondance, Père, sur tous ceux qui invoquent avec foi le Nom de ton Fils bien-aimé, Jésus-Christ notre Seigneur. »

    Père Joseph-Marie

  • Abbé Grosjean : «Les chrétiens doivent investir la cité »

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    Le grand entretien sur « Figaro-Vox » :

    PHO9c6d70f6-197b-11e4-8bee-3fa0b97b13ef-805x453 (1).jpgFigaro Vox: Que vous inspire la situation des Chrétiens d'Orient? Trouvez-vous que les politiques français se mobilisent assez sur le sujet?

    Pierre-Hervé Grosjean: La persécution des chrétiens d'Orient, et particulièrement ceux d'Irak, est une tragédie qu'on ne peut ignorer. Le Cardinal Barbarin a posé un geste prophétique et fortement symbolique en se rendant lui-même sur place, à leurs côtés. Le Primat des Gaules rappelle ainsi non seulement la communion spirituelle, mais aussi le lien historique qui existe entre la France et les chrétiens d'Orient. Je me réjouis de voir se mobiliser peu à peu des politiques de tout bord. Mais comme le disait l'un d'eux, les paroles ne suffisent plus, il faut des actes pour sauver ces chrétiens et leur permettre de rester dans leur pays. C'est maintenant au Président de la République de s'engager. Nous savons défendre nos intérêts économiques et stratégiques partout dans le monde, et c'est bien. Mais saurons-nous protéger nos frères persécutés? Leurs regards sont tournés vers la France, protectrice des minorités.

     L'Opinion a titré le 28 Juillet «le lobby catho sur tous les fronts» pour décrire la mobilisation intense des catholiques français au sujet des chrétiens d'Irak. Reconnaissez-vous l'existence de ce lobby catho? Les catholiques français ont-ils aussi tendance à se «communautariser»?

    Ce mot lobby n'est pas tout à fait juste, car les catholiques ne défendent pas des intérêts particuliers, mais le bien commun. Ils ont conscience que leur foi les engage à servir la dignité de la personne humaine, à protéger les plus fragiles, du migrant à l'enfant à naître, en passant par le malade en fin de vie, le chômeur ou l'enfant au cœur des débats sur la famille. Les catholiques, loin de tout communautarisme qui les ferait se replier sur eux-mêmes, ont au contraire moins de complexes à assumer ce qu'ils sont et le message qu'ils portent. Ils prennent leur place dans la vie de la cité et dans les débats qui peuvent l'animer. C'est leur droit, et même leur devoir.

    Vous animez l'association «Acteurs d'avenir», qui a pour ambition de former des jeunes chrétiens des grandes écoles à une conscience politique, en les faisant notamment rencontrer des «décideurs publics». Quel est l'objectif à long terme? Former des chrétiens politisés qui puissent envahir la cité et se réapproprier le débat public?

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