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Eglise - Page 429

  • Mais où sont les contes de Noëls d'antan ?

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    D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau :

    Noël : contes roses, contes noirs

    Noël : contes roses, contes noirs

    Le monde a-t-il donc tant changé en à peine un demi-siècle que certaines coutumes, certains usages, qui tissaient depuis si longtemps la trame des jours catholiques semblent aujourd’hui appartenir à des époques révolues sans retour ?

    Je me souviens qu’enfant, et cela ne remonte tout de même pas à Mathusalem, le 24 décembre, avant de partir en famille à la messe de Minuit, mon grand-père nous réunissait dans le salon et, tirant de la bibliothèque les Lettres de mon moulin, nous lisait Les trois messes basses. « Une dinde truffée, Garrigou ? » « Oui, Don Balaguer, une dinde truffée, grosse comme cela … » et la maudite petite clochette du clergeon endiablé de tinter et de tinter encore aux oreilles du pauvre prêtre malade de gourmandise jusqu’à voler au Seigneur les trois messes de la sainte nuit de la Nativité.

    Lit-on encore Alphonse Daudet ? Ou les Christmas Carols de Dickens ? Ou même cette délicieuse nouvelle de Jean de La Varende, Le Saint Esprit de Monsieur de Vaintimille, qui voyait un gentilhomme, saisi devant la pauvreté d’une crèche villageoise, y jeter, magnifique, afin d’honorer l’Enfant Dieu, son prestigieux grand cordon de l’Ordre royal … 

    Pour commencer, les messes de minuit, sauf exception, ne sont plus à minuit, ce qui leur enlève, reconnaissons-le, une bonne part de leur mystère et de leur charme, et si elles le sont encore, avant de s’y rendre, ce n’est plus autour d’un aïeul et d’un livre que l’on se réunit, mais d’un poste télévisé qui, indifférent à la grâce de la Bonne Nouvelle, distille en continu des programmes d’année en année plus désespérément vulgaires …

    Les Anglo-Saxons ont trouvé moyen de sauver le conte de Noël à leur manière, qui consiste souvent à ne pas perdre une bonne occasion de gagner de l’argent et, chaque année, en décembre, les auteurs de romans policiers sont mis à contribution afin de proposer aux lecteurs de magazines des nouvelles sur fond de crime se passant dans l’ambiance ultra codifiée des fêtes de fin d’année, accompagnées de préférence d’une fin heureuse et de quelques références morales, sinon religieuses, de bon aloi. Puis ces histoires sont, l’année suivante, reprises en volume, car il n’y a pas de petits profits.

    La regrettée Phyllis Dorothy James, dernière souveraine britannique du genre, n’avait pas échappé à cet usage. Voici donc réunis à titre posthume (P.D. James Les douze indices de Noël. Fayard ; 192 p) quatre textes publiés entre 1969 et 1996, offrant pour certains des aventures inédites du super-intendant Adam Dalgliesh, héros récurrent de la romancière.

    Bien qu’elle eût des principes, sans doute plus que la moyenne de ses confrères, Mrs James ne donnait pas dans les bons sentiments et ces histoires sont d’un parfait cynisme. 

    L’on y verra Dalgliesh, tout jeune flic encore, confronté par hasard, un jour de Noël, à un suicide qui se révèlera un crime, puis, pour obliger un proche, enquêtant avec soixante ans de retard sur la mort très suspecte d’un vieillard saisi par le démon de midi, avant de déboucher sur le plus inattendu des dénouements, car les meurtriers ne sont pas toujours ceux que l’on soupçonne … Encore ces deux textes, de bonne tenue, conservent-ils une certaine morale. Impossible d’en dire autant de cette veillée de Noël en 1941 dans un manoir anglais digne d’Agatha Christie qui verra la soirée finir par l’implacable exercice d’une cruelle justice familiale, et moins encore des destinées d’un assassin bien sous tous rapports revenu sans scrupules sur les lieux de son crime après avoir laissé pendre à sa place un innocent …

    Et l’esprit de Noël, cher à Dickens tant tout cela ? Eh bien, soyez tranquilles, il est absolument absent de ces histoires cruelles et réalistes … Comme la justice divine et les promesses faites aux hommes de bonne volonté.

    Dans ces conditions, si je puis me permettre un conseil, éteignez ce maudit téléviseur, coupez le sifflet à ces rires gras qui insultent au mystère de la Vierge qui mit au monde un Fils et ouvrez, pour votre plaisir et celui de vos proches, les délicieux Contes de Noël (Elor. 150 p.) signés de Mauricette Vial-Andru, Jean-Louis Picoche, Yolande Desseau et Maël de Brescia, pour le simple bonheur de retrouver un peu de votre âme d’enfant et de croire encore que tous les miracles sont possibles en cette nuit bénie.

    Comme dans tout conte de Noël qui se respecte, vous y rencontrerez de braves bergers de Bethléem surpris aux champs et désireux d’aller voir un petit enfant couché dans la paille, en emportant de beaux cadeaux, quitte à s’expliquer avec la femme forte des Écritures qui les attend à la maison et n’aime pas voir gaspiller l’argent du ménage. Vous connaîtrez la vraie et belle histoire du petit âne qui porta Notre-Dame en Égypte. Vous saurez comment la Nouvelle Ève rédima la première. Et pourquoi l’humble sauge guérit tous les maux ou presque. Vous découvrirez le petit peuple des Santounais et vous saurez pourquoi Dieu permit que l’on se souvint d’eux. 

    Puis vous croiserez une grand-mère provençale dont la foi sauva le mas menacé par les flammes, et le bon Père Raphaël qui, à force de se prendre pour un grand pécheur, avait perdu le don du bonheur et de l’amour. Et cette famille pieuse qui, pour faire moderne, renonça à « s’agenouiller devant des figurines en argile. », donc à installer la crèche.

    Enfin, comme il faut bien admettre que tout n’est pas rose dans notre douce époque, vous rencontrerez un petit enfant orphelin qui demanda à Jésus de le délivrer de ses malheurs, un vieux curé que ses paroissiens laissaient seul, même le 25 décembre, devant « un pain boulot et un pichet d’eau ». Vous ne serez donc pas étonnés, avec de pareils chrétiens, qu’un jour, Noël ait disparu de villes grises où toute croyance sera interdite.

    Mais qui a dit qu’il fallait désespérer ?

    Joyeux Noël ! 

  • Une homélie du pape Benoît XVI pour la nuit de Noël

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    Chers frères et sœurs,

    La lecture tirée de la Lettre de Saint Paul Apôtre à Tite, que nous venons d’écouter, commence solennellement par la parole « apparuit », qui revient aussi de nouveau dans la lecture de la Messe de l’aurore : apparuit – « il est apparu ». C’est une parole programmatique par laquelle l’Église, d’une manière synthétique, veut exprimer l’essence de Noël. Dans le passé, les hommes avaient parlé et créé, de multiples manières, des images humaines de Dieu. Dieu lui-même avait parlé sous des formes diverses (cf. He 1, 1 : lecture de la Messe du jour). Mais, quelque chose de plus s’est produit maintenant : Il est apparu. Il s’est montré. Il est sorti de la lumière inaccessible dans laquelle il demeure. Lui-même est venu au milieu de nous. C’était pour l’Église antique la grande joie de Noël : Dieu est apparu. Il n’est plus seulement une idée, non pas seulement quelque chose à deviner à partir des paroles. Il est « apparu ». Mais demandons-nous maintenant : comment est-Il apparu ? Qui est-Il vraiment ? La lecture de la Messe de l’aurore dit à ce sujet : « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » (Tt 3, 4). Pour les hommes de l’époque préchrétienne, qui face aux horreurs et aux contradictions du monde craignaient que Dieu aussi ne fût pas totalement bon, mais pouvait sans doute être aussi cruel et arbitraire, c’était une vraie « épiphanie », la grande lumière qui nous est apparue : Dieu est pure bonté. Aujourd’hui aussi, des personnes qui ne réussissent plus à reconnaître Dieu dans la foi, se demandent si l’ultime puissance qui fonde et porte le monde, est vraiment bonne, ou si le mal n’est pas aussi puissant et originaire que le bien et le beau, que nous rencontrons à des moments lumineux dans notre cosmos. « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » : c’est une certitude nouvelle et consolante qui nous est donnée à Noël.

    Dans les trois messes de Noël, la liturgie cite un passage tiré du Livre du Prophète Isaïe, qui décrit encore plus concrètement l’épiphanie qui s’est produite à Noël : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin » (Is 9, 5s). Par ces paroles, nous ne savons pas si le prophète a pensé à un enfant quelconque né en son temps historique. Cela semble pourtant impossible. Ce texte est l’unique de l’Ancien Testament dans lequel il est dit d’un enfant, d’un être humain : son nom sera Dieu-Fort, Père-à-jamais. Nous sommes en présence d’une vision qui va beaucoup plus au-delà du moment historique vers ce qui est mystérieux, placé dans le futur. Un enfant, dans toute sa faiblesse, est Dieu-Fort. Un enfant, dans toute son indigence et sa dépendance, est Père-à-jamais. Et « la paix sera sans fin ». Le prophète en avait parlé auparavant comme d’« une grande lumière » et au sujet de la paix venant de Lui, il avait affirmé que le bâton de l’oppresseur, toutes les chaussures de soldat qui piétinaient bruyamment sur le sol, tout manteau roulé dans le sang seraient dévorés par le feu (cf. Is 9, 1.3-4).

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  • Saint et joyeux Noël !

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    Santons wallons (source)

    Pour Noël, nous vous offrons ce poème extrait des "Quinze dévots Mystères du Rosaire de Notre-Dame pour les gens de Wallonie" écrit en 1916 par le Père Albert Lecocq, un dominicain liégeois :

     

    La joie de la Nativité

     

    Les anges vont descendre, en cramignons joyeux,

    Les beaux escaliers d’or qui mènent dans les cieux.

     

    La joie, c’est cet enfant tout nu sur de la paille ;

    C’est, dans la nuit d’hiver, ce doux bruit de sonnailles.

     

    Ce sont des bêlements dans le fond du vallon

    C’est saint Joseph qui chante un vieux Noël wallon.

     

    Ce sont ces pauvres gens soufflant sur leurs doigts maigres,

    C’est Melchior et Balthazar, c’est le roi nègre.

     

    C’est la neige couvrant de ses lourds paillassons

    Les prés déserts de Ville-en-Bois au Vert-Buisson.

     

    Un théâtre naïf et sans littérature

    En a fait pour le peuple une exacte peinture ;

     

    C’est pourquoi je connais, sans y avoir été,

    Les rois, l’Ange, la Vierge et la Nativité.

     

    Saint et joyeux Noël !

  • Chine : le régime renforce la répression religieuse

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Affaires religieuses : Pékin interdit toute activité religieuse en ligne sans l’accord du gouvernement

    23/12/2021

    Ce lundi 20 décembre, les autorités chinoises ont annoncé de nouvelles « mesures administratives concernant les services d’information religieuse sur Internet ». Ces nouvelles règles, qui entreront en vigueur le 1er mars 2022, reflètent les directives du président Xi Jinping, formulées lors des sessions de travail de la dernière Conférence nationale sur les Affaires religieuses, organisée début décembre. À cette occasion, le président chinois a annoncé son intention de renforcer le contrôle « démocratique » sur les religions dans le pays.

    Une église près du quartier commercial de Wangfujing, à Pékin, en décembre 2016 durant les fêtes de Noël.

    Selon une annonce publiée le 20 décembre par l’Administration d’État pour les Affaires religieuses (SARA), il ne sera plus possible d’organiser des activités religieuses en ligne sans l’autorisation du gouvernement chinois. L’Administration d’État pour les Affaires religieuses, qui dépend du Conseil des affaires de l’État (correspondant au gouvernement central), a précisé avoir approuvé, le 3 décembre dernier, « des mesures administratives concernant les services d’information religieuse sur Internet ».

    Les nouvelles règles, adoptées conjointement avec le ministère de la Sécurité de l’État et d’autres ministères, entreront en vigueur le 1er mars 2022. Cette nouvelle mesure répressive sur la liberté religieuse reflète les directives de Xi Jinping. Durant les sessions de travail de la dernière conférence nationale sur les Affaires religieuses, organisée début décembre, le président chinois, secrétaire général du Parti communiste, a annoncé son intention de renforcer le contrôle « démocratique » sur les religions.

    En d’autres termes, il s’agirait de renforcer la répression religieuse du régime. Pour Xi Jinping, les religions doivent s’adapter au fait que la Chine est un pays socialiste. Selon le « leader suprême », au cœur du pouvoir du PCC, la masse des croyants de différentes confessions doit s’unir autour du Parti et du gouvernement, en rejetant toute influence étrangère.

    Selon les nouvelles règles, les organisations et les particuliers qui souhaitent fournir des informations religieuses en ligne devront en demander l’autorisation après de leur département provincial des Affaires religieuses. Les sermons, homélies, cérémonies et activités de formation organisées par les institutions religieuses, les monastères, les églises et les particuliers ne pourront être diffusés en ligne qu’après avoir obtenu une licence spéciale. Il est également précisé qu’aucune organisation ou individu ne peut collecter des fonds « au nom de la religion » sur Internet. Les activités religieuses en ligne sont également interdites pour toutes les organisations étrangères présentes en Chine.

    La « sinisation » des religions, un processus entamé en 2015

    Par ailleurs, selon les nouvelles règles, les informations religieuses sur le Web ne doivent pas « inciter à la subversion contre le pouvoir de l’­État, ni s’opposer à l’autorité du Parti, s’attaquer au système socialiste et à l’unité nationale ou menacer la stabilité sociale ». Elles ne doivent pas non plus « promouvoir l’extrémisme, le terrorisme, le séparatisme ethnique et le fanatisme religieux ». Les initiatives visant les jeunes sont également visées : les communications en ligne ne doivent pas « inciter les mineurs à devenir religieux, ni les amener ou les forcer à participer à des activités religieuses ».

    L’objectif du régime de Pékin est de poursuivre la « sinisation » des religions, un processus entamé officiellement en 2015. En février 2021, l’Administration d’État pour les Affaires religieuses a également rendu public des « mesures administratives pour le personnel religieux », un document sur l’administration du clergé, des moines, des prêtres, des évêques, etc.

    En février 2018, le Parti a aussi adopté de « Nouvelles règles sur les activités religieuses », selon lesquelles le personnel religieux ne peut agir qu’en adhérant à des institutions « officielles » et en se soumettant au PCC. Concernant l’Église catholique, la signature, en 2018, de l’accord entre le Saint-Siège et la Chine sur la nomination des évêques, puis son renouvellement en octobre 2020, n’a pas diminué la persécution du régime de Pékin sur les chrétiens chinois, en particulier contre les « non officiels ».

    Les célébrations de Noël n’ont pas non plus été épargnées. Selon l’agence Asianews, les autorités du canton de Rong’an (dans la région autonome de Guangxi, dans le sud de la Chine) ont interdit de fêter Noël dans les écoles locales. La raison officielle étant qu’il s’agirait d’une « fête occidentale » et que Noël menacerait la culture nationale chinoise. La prolifération, ces dernières années, d’événements liés à la veille de Noël (appelée localement « ping an ye », une expression chinoise signifiant « nuit paisible ») et au jour de Noël est vue par le régime de Pékin comme une agression contre la culture chinoise.

    (Avec Asianews)

  • Quand la fête de Noël insupporte

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    De Christian Flavigny sur le site du Figaro Vox :

    «Haro sur la tradition de Noël !»

    À Noël les catholiques célèbrent la naissance d'un enfant qui a un père et une mère.

    Christian Flavigny

    Non, aucune autre ; sinon la religion «progressiste» que la fête de Noël insupporte. En effet, à Noël les catholiques célèbrent la naissance d'un enfant qui a un père et une mère. La Sainte Famille que sanctifie la doctrine catholique figure l'enfantement à la croisée de deux principes complémentaires : le principe maternel illustré par Marie que la tradition catholique invoque dans ses prières et porte aux nues au sens propre et le principe paternel en ses facettes à la fois terrestre et spirituelle : Joseph que l'on dirait père adoptif puisqu'il n'est pas le géniteur, et Dieu dans l'infinie puissance du Père spirituel. Tout cela figure selon la vulgate progressiste la «famille hétérosexuelle», exhibition qu'elle juge quasi-obscène (au sens premier du terme) d'un enfantement dans l'union du maternel et du paternel : figuration de tout ce que ce dogme exècre depuis que le «Progrès» technique a délogé l'union homme-femme d'être la condition obligée de la venue de l'enfant.

    D'autres traditions religieuses ne placent pas la représentation de la Famille au cœur même de leur foi, ce qui leur vaut d'être moins ciblées. Mis à part les orthodoxes, proches de la figuration catholique, le protestantisme ne divinise pas Marie, le judaïsme et l'islam centrent leur dogme sur l'allégeance à la Loi divine. Pourtant, la fête de Noël ne fait pas embarras à leurs fidèles, qu'ils la vivent dans l'indifférence ou dans une approche sécularisée qui fait de Noël la fête de la Famille par excellence ; cela vaut tout autant pour les familles non croyantes.

    La vision “progressiste” tente d'imposer sa vision “diversitaire” en s'en prenant aux catholiques.

    Christian Flavigny

    C'est que la figuration catholique illustre, en terre chrétienne et aussi de par le monde, un universel anthropologique. La famille, c'est la venue au monde de l'enfant depuis l'union de ses père et mère. La vision «progressiste» tente d'imposer sa vision «diversitaire» en s'en prenant aux catholiques ; c'est d'autant plus aberrant que ceux-ci ne réclament en rien quelque retour «traditionaliste» de la vie familiale. Ce qu'ils refusent, mais ils ne sont pas les seuls, c'est le trucage fait à l'enfant sur ce qui a porté sa venue au monde lorsqu'elle n'émane pas de l'union d'un père et d'une mère, trucage pourtant encore confirmé récemment par la mention rendue possible de «deux pères» ou «deux mères» sur son état civil, à proprement parler inconcevable pour qu'il y puisse fonder sa raison d'être.

    Le dogme progressiste a des raisons de voir dans la doctrine catholique ce qui directement le contredit ; celle-ci n'a-t-elle pas établi la paternité en principe symbolique intangible édifiant un socle au développement de l'enfant, égrenée depuis le parrain, éponyme de l'enfant qui fonde avec lui un lien de parenté spirituelle (la marraine pour la fille), puis a fortiori le prêtre appelé «père», enfin le saint-Patron (sainte-Patronne pour la fille), éponyme céleste donné en exemple à l'enfant, dernier médiateur avant le lien avec Dieu, Père éternel ? Il n'est pas opposition plus clairement exprimée à la disqualification de la fonction paternelle décrétée par des lois récentes.

    Les progressistes aiment peut-être les enfants, on le leur souhaite, mais à la condition que les enfants ne vivent pas en enfance.

    Christian Flavigny

    Mais le fond de la hargne contre le catholicisme tient au fait que Noël est la fête de l'Enfant ; les progressistes aiment peut-être les enfants, on le leur souhaite, mais à la condition que les enfants ne vivent pas en enfance. Ils veulent bannir le merveilleux des yeux des enfants : le Père Noël serait selon eux une légende qu'il serait mensonger de raconter aux enfants, comme si les enfants ne pouvaient pas découvrir par eux-mêmes, dans un moment maturatif, que «le Père Noël, ce sont les parents» ; ils n'aiment pas le sapin de Noël qui entretient une féerie dont les enfants comprennent bien qu'elle leur est destinée, en ce jour qui les fête ; et chassez enfin ces crèches de Noël, que l'intégrisme laïc ne saurait supporter. Le progressisme ne connaît que l'enfant «petit adulte doté de droits», qui aurait autorité sur lui-même pour décider de changer de sexe et de prénom, bref de s'auto-engendrer, donc privé de grandir depuis l'appui de ses parents, à la raison qu'ils pourraient s'être trompés dans la désignation de son sexe, alors que celle-ci n'est qu'un constat corporel.

    Noël parle à toutes les familles, que les anime une foi religieuse ou non.

    Christian Flavigny

    Noël parle à toutes les familles, que les anime une foi religieuse ou non. La joie familiale de Noël, c'est le bonheur de la présence de l'enfant ; il suffit de voir la tristesse solitaire des personnes qui n'ont pas ou n'ont plus de famille avec qui vivre la soirée de Noël.

    Fêter Noël, c'est aimer les enfants.

  • Ursula von der Leyen a écrit au pape

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    Lu ICI :

    Ursula von der Leyen a écrit une lettre au pape pour réagir à ses critiques à l'adresse de l'Union Européenne. Le 6 décembre, lors d'une conférence de presse, François a fait référence à un document de la Commission européenne qui recommandait d'éviter les références à Noël et les noms associés au christianisme. Le pape a rappelé que, dans le passé, les nazis et les communistes avaient agi de la même manière, mais que leurs actions n'avaient pas été couronnées de succès. Il s'agit, selon lui, d'un anachronisme.

    Selon des informations obtenues par le quotidien catholique français La Croix, Ursula von der Leyen a envoyé à François une courte lettre personnelle. Elle y affirme que, conformément à ses traités, l'Union européenne s'inspire de "l'héritage culturel, religieux et humaniste de l'Europe". Selon la politicienne allemande, c'est cet héritage qui nous permet de "célébrer Noël". Elle souligne également que les traditions religieuses et culturelles en Europe font partie intégrante de la diversité que la Commission européenne promeut activement.

    Mme Von der Leyen fait également référence à la deuxième critique du pape à l'égard de l'Union Européenne. En effet, lors d'une rencontre avec des journalistes, François a appelé l'Union à revenir aux idéaux de ses pères fondateurs et à veiller à ne pas devenir un instrument de colonisation idéologique, car, a-t-il dit, cela pourrait conduire à des divisions et à l'effondrement de l'Union elle-même. François a souligné que l'Union devait respecter chaque pays avec sa structure interne, ses spécificités et sa souveraineté. La Présidente de la Commission européenne a assuré au Pape qu'elle partageait cette vision de l'Europe, en particulier dans sa référence aux pères fondateurs.

  • Liturgie : l’incompréhension du motu proprio papal « Traditionis custodes » ne retombe pas

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    Lu sur le site web « aleteia », sous la signature d’Agnès Pinard Legry :

    medium messe tridentine.jpg« La publication samedi 18 décembre par le Vatican d’un document répondant à des questions sur le motu proprio Traditionis custodes restreignant la messe tridentine a suscité une vive incompréhension de la part des milieux traditionalistes mais aussi chez de nombreux fidèles.

    Cinq mois après la publication de Traditionis custodes, le motu proprio encadrant strictement l’usage du rite extraordinaire, le Vatican a publié samedi 18 décembre une série de réponses concernant l’application du texte. Formulées par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en réponse à onze « dubia » (objections ou demandes d’éclaircissement formulées par des évêques), elles n’ont pas manqué suscité de l’incompréhension, du désarroi, de la tristesse… et de la colère.

    Dans la foulée de la publication du document le cardinal Sarah, ancien préfet pour le culte divin, a publié sur Twitter une simple photo de trois prêtres célébrant la messe sous la forme préconciliaire. Une façon de montrer son attachement au rite extraordinaire.

    « La publication des modalités d’application […] nous laisse sans voix », a dénoncé la Voie romaine dans un communiqué. « Au nom de l’unité, de l’amour de l’Église et du sacerdoce blessé de ces nombreux prêtres qui se sont engagés dans la voie qui leur a été ouverte par saint Jean Paul II et par Benoît XVI, nous vous invitons à témoigner massivement de la richesse infinie de cette liturgie indispensable à la vie de l’Église. »

    Dans un esprit d’apaisement mais néanmoins clair, le père Pierre Amar a seulement repris les propos de Jean Paul II, « Laissez-les prier », prononcé alors qu’il passant en 1980 devant Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris. Un autre internaute, membre d’une communauté paroissiale qui ne célèbre pas la messe traditionnelle a néanmoins tenu à écrire une courte lettre à son évêque afin de soutenir les fidèles qui pratiquent cette forme liturgique.

    D’autres fidèles ont témoigné plus vivement de leur incompréhension. « C’était quoi, déjà, les fameux quatre verbes du Pape ? « Accueillir, protéger, promouvoir, intégrer ». Pour tout le monde, SAUF les tradis », a réagi l’un d’entre eux. « La tyrannie continue », lance une autre. Un autre regrette aussi le moment choisi pour publier ce document, c’est-à-dire une semaine à peine avant Noël, connu pour être une période de paix par excellence. « La charité envers tout le monde, sauf envers les Tradis », s’indigne un autre.

    Les douze principaux instituts traditionalistes qui avaient écrit aux évêques le 1er septembre dernier à propos de Traditionis custodes ne se sont pas encore fait entendre. Certainement dans un esprit d’apaisement à l’approche de Noël où l’Église célèbre la naissance du prince de la Paix. Mais le sujet pourrait rapidement revenir avec force au cœur des débats en début d’année prochaine. »

    Ref. Traditionis custodes : l’incompréhension ne retombe pas

  • La sévérité insoutenable des 'responsa' romaines

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    De Christophe Geffroy en éditorial sur le site de la Nef :

    Les Responsa de Rome : une sévérité insoutenable

    ÉDITORIAL

    À quelques jours de Noël – beau cadeau ! n’y avait-il rien de plus urgent en ces temps de pandémie et de drame des abus sexuels sur mineur ? –, la Congrégation pour le Culte divin a rendu public le 18 décembre dernier des Responsa ad dubia (réponses aux doutes) « sur certaines dispositions » de Traditionis custodes. Dans la lignée du motu proprio du pape et de sa lettre d’accompagnement aux évêques, le ton est brutal, sans aucun souci de ménager les personnes concernées. Et le fond ne l’est pas moins, qui interdit grosso modo tous les sacrements selon les anciens rituels, excepté la messe. La volonté de faire disparaître à terme ce que l’on nommait il y a encore peu la forme extraordinaire du rite romain est explicitement affirmée, la Congrégation allant jusqu’à demander qu’aucune publicité ne soit faite dans les diocèses pour ces messes : à l’heure où l’on ne cesse de vanter le « vivre ensemble » et l’accueil sous toutes ses formes, Rome assume de regarder certains de ses prêtres et de ses fidèles comme des chrétiens de seconde zone, juste tolérés par une « concession limitée », en attendant qu’ils s’adaptent et intègrent les paroisses « ordinaires », comme si unité rimait avec uniformité : on n’a jamais vu dans l’Église, depuis longtemps, une mouvance en son sein aussi méchamment traitée ! Que ces chrétiens-là puissent se sentir meurtris et rejetés par ceux-là mêmes qui devraient exercer un ministère de paternité, nous le comprenons sans peine. Ils ont aussi de quoi se sentir trahis par le fait que le Siège apostolique revient sur des engagements solennels pris par les prédécesseurs du pape François de « garantir le respect de leurs aspirations ».

    Résoudre ainsi le problème « tradi » ?

    Certes, qu’il y ait un problème chez certains « tradis » est une réalité indéniable, nous l’avons déjà évoqué. Nous entendons par « problème » le fait souligné par François de rejeter l’enseignement du concile Vatican II et la réforme liturgique promulguée par saint Paul VI. Un tel rejet est néanmoins minoritaire, il demeure que les instituts traditionalistes qui revendiquent l’exclusivisme liturgique refusent toute célébration du nouveau missel, en s’abritant derrière des constitutions qui ne peuvent abroger le bénéfice du droit commun, ainsi que Rome l’avait explicité en 1999, et ils n’ont pas évolué d’un iota sur cette question, malgré les demandes très claires des papes – notamment de Benoît XVI en 2007 à l’occasion de Summorum Pontificum – qui sont restées lettres mortes.

    Que François n’accepte pas une remise en cause radicale du Magistère sur des points aussi importants qu’un concile œcuménique (où tout, cependant, n’a pas le même degré d’autorité) ou la promulgation d’une réforme de la messe romaine (comme si Rome pouvait donner une pierre à ses enfants avec une liturgie défaillante ou inférieure), on le comprend aisément. Mais la façon dont François cherche à régler ce problème est-elle la bonne ? Cette méthode autoritaire ne relève-t-elle pas d’une forme de cléricalisme, celle-là même que François aime à fustiger, où l’on tient pour rien le bien spirituel des laïcs concernés à aucun moment consultés ? À l’heure du synode, pourquoi Rome, depuis la promulgation du motu proprio, a-t-elle refusé le dialogue sollicité par les responsables des communautés traditionnelles ? Comment ne pas craindre que cette façon de faire aboutisse au résultat inverse de celui escompté et accroisse au contraire les aigreurs et les divisions pour finalement encourager les plus durs à rejoindre les rangs de la Fraternité Saint-Pie X ? Contenir la rupture lefebvriste ne semble ainsi plus être une priorité pour Rome, guère gênée de voir prêtres et fidèles rejoindre cette mouvance dissidente, c’est quand même ahurissant !

    Ajoutons que ces Responsa trahissent une incroyable défiance envers les évêques, censés « rependre la main » à en croire le motu proprio de juillet dernier, et qui se retrouvent ramenés au rang de simples exécutants sans initiative propre possible, tout devant passer par Rome.

    Une dureté inouïe

    Ces Responsa de la Congrégation pour le Culte divin – il s’agit d’un texte purement disciplinaire – sont d’autant plus surprenantes qu’elles relèvent d’un caractère bureaucratique d’un autre âge, pinaillent d’une façon incroyablement mesquine et ignorent les réalités sur le terrain tout comme la diversité du monde « tradi » ; il y a là un aveuglement sur les réalités liturgiques et un refus de prendre en compte l’attrait de la messe traditionnelle auprès de jeunes étrangers aux querelles liturgiques de leurs aînés. Ajoutons qu’elles contredisent ce que le pape François a dit aux évêques français lors de leurs visites ad limina à l’automne dernier : il se voulait alors rassurant, invitant les évêques à continuer comme avant là où cela se passait bien, c’est-à-dire en France dans la grande majorité des diocèses.

    Face à ces mesures d’une dureté inouïe, on comprend que les « tradis » manifestent leurs inquiétudes, en fassent part aux autorités compétentes et demandent inlassablement leur révision. S’il est légitime de résister dans un esprit d’Église, le danger en de pareilles situations est de se rebeller contre l’autorité qui édicte des lois injustes. Souffrir par l’Église est assurément une douloureuse épreuve, mais elle invite à redoubler de confiance surnaturelle en l’Église, notre Mère.

  • Le message du pape pour la 55e journée mondiale de la paix

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    Message du pape François pour la 55e Journée mondiale de la paix (1er janvier 2022),

    « Dialogue entre générations, éducation et travail : des outils pour construire une paix durable »

    source

    1. « Comme ils sont beaux, sur les montagnes, les pas du messager qui annonce la paix » (Is 52, 7)

    Ces paroles du prophète Isaïe expriment la consolation, le soupir de soulagement d’un peuple exilé, épuisé par la violence et les sévices, exposé à l’indignité et à la mort. Le prophète Baruch s’interrogeait : « Pourquoi donc, Israël, pourquoi es-tu exilé chez tes ennemis, vieillissant sur une terre étrangère, souillé par le contact des cadavres, inscrit parmi les habitants du séjour des morts ?» (3, 10-11). Pour ces gens, l’avènement du messager de paix signifiait l’espérance d’une renaissance sur les décombres de l’histoire, le début d’un avenir radieux.

    Aujourd’hui encore, le chemin de la paix, que saint Paul VI a appelé du nouveau nom de développement intégral,[1] reste malheureusement éloigné de la réalité de beaucoup d’hommes et de femmes et, par conséquent, de la famille humaine, désormais complètement interconnectée. Malgré les multiples efforts visant à un dialogue constructif entre les nations, le bruit assourdissant des guerres et des conflits s’amplifie, tandis que des maladies aux proportions pandémiques progressent, que les effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement augmentent, que le drame de la faim et de la soif s’aggrave et qu’un modèle économique basé sur l’individualisme plutôt que sur le partage solidaire continue de dominer. Aujourd’hui encore, comme au temps des anciens prophètes, la clameur des pauvres et de la terre[2] ne cesse de s’élever pour implorer justice et paix.

    À chaque époque, la paix est à la fois un don du ciel et le fruit d’un engagement commun. Il y a, en effet, une “architecture” de la paix, dans laquelle interviennent les différentes institutions de la société, et il y a un “artisanat” de la paix qui implique chacun de nous personnellement.[3] Chacun peut collaborer à la construction d’un monde plus pacifique : à partir de son propre cœur et des relations au sein de la famille, dans la société et avec l’environnement, jusqu’aux relations entre les peuples et entre les États.

    Je voudrais proposer ici trois voies pour construire une paix durable. Tout d’abord, le dialogue entre les générations comme base pour la réalisation de projets communs. Deuxièmement, l’éducation en tant que facteur de liberté, de responsabilité et de développement. Enfin, le travail pour une pleine réalisation de la dignité humaine. Ces trois éléments sont essentiels pour « l’élaboration d’un pacte social »,[4] sans lequel tout projet de paix est inconsistant.

    1. Dialoguer entre les générations pour construire la paix

    Dans un monde toujours en proie à la pandémie qui a causé tant de maux, « certains essaient de fuir la réalité en se réfugiant dans leurs mondes à eux, d’autres l’affrontent en se servant de la violence destructrice. Cependant, entre l’indifférence égoïste et la protestation violente, une option est toujours possible : le dialogue. Le dialogue entre les générations ».[5]

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  • Mais d'où vient Jésus ?

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    De Benoît XVI (Audience du 2 janvier 2013) :

    Il a été conçu du Saint-Esprit

    Chers frères et sœurs,

    Le Noël du Seigneur illumine encore une fois avec sa lumière les ténèbres qui enveloppent souvent notre monde et notre cœur et il apporte l’espérance et la joie. D’où vient cette lumière ? De la grotte de Bethléem, où les pasteurs trouvèrent « Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire » (Lc 2, 16). Face à cette Sainte Famille naît une autre question plus profonde : comment cet enfant petit et faible peut-il avoir apporté une nouveauté aussi radicale dans le monde au point de changer le cours de l’histoire ? N’y a-t-il pas quelque chose de mystérieux dans son origine qui va au-delà de cette grotte ?

    Toujours à nouveau réapparaît ainsi la question sur l’origine de Jésus, la même que lui pose le procureur Ponce Pilate au cours du procès : « D’où es-tu ? » (Jn 19, 29). Et pourtant il s’agit d’une origine bien claire. Dans l’Évangile de Jean, quand le Seigneur affirme : « Je suis le pain descendu du ciel », les juifs réagissent en murmurant : « Cet homme-là n'est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire : “Je suis descendu du ciel” ? » (Jn 6, 42). Et peu après, les citoyens de Jérusalem s’opposent avec force à la prétendue condition messianique de Jésus, en affirmant que l’on sait bien « d'où il est. Or, lorsque le Messie viendra, personne ne saura d'où il est » (Jn 7, 27). Jésus lui-même fait remarquer à quel point est vaine leur prétention de connaître son origine, et avec cela il offre déjà une orientation pour savoir d’où il vient : « Je ne suis pas venu de moi-même : mais celui qui m'a envoyé dit la vérité, lui que vous ne connaissez pas » (Jn 7, 28). Certes Jésus est originaire de Nazareth, il est né à Bethléem, mais que sait-on de son origine véritable ?

    Dans les quatre Évangiles apparaît avec clarté la réponse à la question « d’où » vient Jésus : sa véritable origine est le Père, Dieu ; Il provient totalement de Lui, mais d’une manière différente de n’importe quel prophète ou envoyé de Dieu, qui l’ont précédé. Cette origine du mystère de Dieu, « que personne ne connaît », est déjà contenue dans les récits de l’enfance des Évangiles de Matthieu et de Luc, que nous lisons en ce temps de Noël. L’ange Gabriel annonce : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). Nous répétons ces paroles chaque fois que nous récitons le Credo, la profession de foi : « et incarnatus est de Spiritu Sancto, ex Maria Vergine », « par l’œuvre de l’Esprit Saint il s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie ». À cette phrase, nous nous agenouillons car le voile qui cachait Dieu est, pour ainsi dire, levé et son mystère insondable et inaccessible nous touche : Dieu devient l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Quand nous écoutons les Messes composées par les grands maîtres de la musique sacrée, je pense par exemple à la Messe du Couronnement de Mozart, nous remarquons immédiatement comment elles s’arrêtent en particulier sur cette phrase, presque comme pour chercher à exprimer avec le langage universel de la musique ce que les paroles ne peuvent pas manifester : le grand mystère de Dieu qui s’incarne, qui se fait homme.

    Si nous considérons attentivement l’expression « par l’œuvre de l’Esprit Saint né dans le sein de la Vierge Marie », nous trouvons que celle-ci inclut quatre sujets qui agissent. De manière explicite sont mentionnés l’Esprit Saint et Marie, mais « Il » est sous-entendu, c’est-à-dire le Fils, qui s’est fait chair dans le sein de la Vierge. Dans la profession de foi, le Credo, Jésus est défini par diverses appellations : « Seigneur..., Jésus Christ, le Fils unique de Dieu... Il est Dieu, né de Dieu, Lumière, né de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu... de même nature que le Père » (Credo de Nicée-Constantinople). Nous voyons alors qu’« Il » renvoie à une autre personne, celle du Père. Le premier sujet de cette phrase est donc le Père qui, avec le Fils et l’Esprit Saint, est l’unique Dieu.

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  • Les 'Responsa ad dubia' : chaque trou de souris que "Traditionis custodes" avait laissé ouvert est obturé

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    De Christian Geyer-Hindemith sur le site du Frankfurter Allgemeine Zeitung :

    Un centralisme banal

    20.12.2021

    C'est ainsi que se lit le coup de grâce bureaucratique pour la liturgie latine héritée : la dernière lettre du Vatican "Responsa ad dubia" est de la propagande d'exclusion papale.

    Le niveau de justification est maigre, la densité réglementaire totale. Voilà ce que l'on peut dire du dernier communiqué de l'atelier d'écriture du Vatican. Il s'agit des dispositions d'exécution, publiées samedi, de la lettre papale "Traditionis custodes" (Gardiens de la tradition), qui avait certes réglementé de manière restrictive la liturgie héritée, qui faisait autorité depuis des siècles, mais qui offrait néanmoins aux évêques de l'Eglise universelle une certaine marge de manœuvre, en fonction des circonstances de lieu et de temps. C'est désormais terminé. Sous le titre "Responsa ad dubia" (Réponses aux doutes), des questions de compréhension doivent être clarifiées pour le moment. Mais en réalité, le centralisme romain s'exprime ici, la stigmatisation de l'ancienne messe latine est renforcée et chaque trou de souris que "Traditionis custodes" avait laissé ouvert est comblé.

    La nouvelle lettre relègue les évêques au rang de demandeurs auprès des fonctionnaires pontificaux de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Dans le style d'une idée fixe, on fait tabula rasa. Et ce sur ordre d'un pape qui, sur d'autres sujets de réforme, laisse tout en suspens et flirte avec des allusions. Mais ici, le pontife va droit au but, comme si son propre salut en dépendait. L'ancienne messe latine ne doit pas, à moyen et long terme, exister en tant que forme extraordinaire à côté de la forme modernisée dans les années 70 et pouvoir ainsi revendiquer une existence sous le signe de la diversité, comme l'avait encore permis Joseph Ratzinger en tant que pape précédent.

    Non, depuis samedi, il est clair que l'ancienne liturgie doit être retirée de l'histoire courante de l'Eglise, sans pardon, et que toute transmission vivante de ses formulaires et célébrations dans le futur doit être empêchée. Et ce, indépendamment de la richesse culturelle que recèlent ces formes liturgiques, que l'on y soit personnellement attaché ou non. La communauté résiduelle de l'ancienne messe doit être ghettoïsée au vu et au su de tous, même s'il est dit avec bienveillance qu'il n'est pas question "d'exclure les fidèles qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente". Avec de telles ironies, Rome avait déjà voulu ramener les albigeois à la "ligne fixée par le Saint-Père" (Responsa ad dubia). Aujourd'hui comme hier, on en appelle à cette fidélité à la ligne pour garantir le "don de la communion ecclésiale", comme le répètent les dispositions d'exécution comme un moulin à prières. Il est curieux que l'on revendique encore "la conviction de l'intelligence et du cœur" pour une telle propagande d'exclusion.

  • Quand nous sommes tentés de voir l'Eglise comme une institution parmi d'autres

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    Du Père Jean-François Thomas s.j. sur vexilla-galliae.fr (signalé ici) :

    Le crucifiant amour de l’Église

    Tout croyant catholique sait à quel point il n’est pas aisé d’aimer l’Église qui se présente à lui visiblement non point comme le Corps mystique du Christ mais comme une structure humaine, très humaine, trop humaine. Le combat n’est pas d’aujourd’hui. Une formule, souvent reprise et usée comme tous les refrains, est de dire, de docte manière : le plus difficile n’est pas de souffrir pour l’Église, mais par l’Église. Ayant dit cela, on se retire sur la pointe des pieds, ne désirant ni l’un ni l’autre. Comment est-il donc possible d’être persécuté par l’Église, si elle est vraiment le Corps du Christ ? Trouver la solution en distinguant aussitôt entre les membres de l’Église et sa hiérarchie — soupçonnée alors du pire — n’est pas satisfaisant. Pourquoi les fidèles seraient-ils plus préservés du mal que les clercs ? Et, même si cela était le cas, comment abstraire le clergé du reste du Corps, sous peine de mutiler grandement ce dernier ? Notre Seigneur, en sa vie et sa mission terrestres, n’a jamais fait mystère de l’indignité d’une grande partie des prêtres, des pharisiens et des scribes, ceux-là qui Le livreront, mais Il n’a jamais appelé à leur désobéir, bien au contraire, à partir du moment où leurs ordres étaient conformes à la Loi reçue par Dieu :

    « Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples, disant : C’est sur la chaire de Moïse que sont assis les scribes et les pharisiens. Ainsi, tout ce qu’ils vous disent, observez-le et faites-le, mais n’agissez pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas. Ils attachent des fardeaux pesants et qu’on ne peut porter, et ils les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas même les remuer du doigt. » (Évangile selon saint Matthieu, XXIII. 1-4)

    Parlerait-Il de façon identique des prêtres de son Église ? Sans doute étaient-ils déjà intégrés dans cette sévère déclaration, mais, cependant, ils sont plus que ceux de l’Ancienne Alliance puisqu’ils agissent, dans les sacrements, non seulement en son Nom mais comme sa Personne même. Le lien qui unit tous les membres de la Nouvelle Alliance est plus fort que celui qui existait entre les diverses catégories du peuple élu.

    Il faut se résoudre au fait que le Corps mystique est vraiment abîmé et incomplet à cause des péchés multiples de ses membres, et tout particulièrement de ses prêtres et de ses évêques. Saint Augustin, dans sa lutte contre l’hérésie donatiste, s’est beaucoup penché sur ce problème et il affirme que les pécheurs, dans l’Église, sont encore des membres, mais desséchés car leur foi est morte. Ils sont encore de la communio sacramentorum, mais plus de la communio sanctorum, la seule qui appartienne à l’eschatologie et à la promesse de l’éternité. L’évêque d’Hippone précise, dans le De Baptismo, que l’Église « porte encore ici-bas le poids de la mortalité de la chair. » (IV. IX, 13) La sainteté de l’Église est mise à mal par les chrétiens qui lui appartiennent plus ou moins saintement. Mis en présence d’injustices, de scandales, le cœur se révolte. Les catholiques de feu expriment leur attachement à cette Église bancale de façon aussi brûlante que Notre Seigneur avec le sacerdoce d’Israël. Georges Bernanos a souvent répété que « Notre Église est l’Église des Saints » (précisant qu’une telle formule ennuyait — il employait un autre mot… — considérablement les chanoines). Il dépose cette formule comme une gemme à propos de Jeanne la Pucelle, elle qui souffrit pour et par l’Église :

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