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Eglise - Page 804

  • Des scandales sexuels "utiles" et d'autres qui ne le sont pas...

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    De Laurent Dandrieu sur le site de "Valeurs actuelles" :

    Pour les médias hostiles à l’Église, il y a les scandales sexuels “utiles” et les autres 

    Analyse. Les accusations portées par Mgr Viganò contre le pape n’intéressent guère les grands médias. Qui révèlent que leur intérêt pour les abus sexuels dans l’Eglise est à géométrie variable. 

    « Le pape François est-il homophobe ? » À l’heure où le monde catholique ne bruisse que des accusations portées par un ancien nonce à Washington, Mgr Viganò, contre le pape François, qu’il accuse de complaisance vis-à-vis de certains prédateurs sexuels, mais aussi vis-à-vis des « réseaux homosexuels » qui ont selon lui infiltré l’Eglise, le titre de la page de tribunes publiée par le journal le Monde dans son édition du 11 septembre apparaît pour le moins surréaliste.

    À l’heure où ce qu’on n’appelle plus que l’affaire Viganò a déclenché ce que les observateurs n’hésitent pas à qualifier de « guerre civile dans l’Église »,notamment aux États-Unis, cœur de l’actuel cyclone, où les évêques se déchirent sur la crédibilité des accusations portées contre le pape, la discrétion de la plupart des grands médias sur l’affaire est plus que frappante. Alors que, en temps normal, toute accusation de complaisance de l’Église vis-à-vis des prédateurs sexuels qui défigurent son visage fait les gros titres des médias, ici ils ont préféré s’interroger à longueur de colonne sur la dimension « homophobe », donc, du recours à la psychiatrie suggéré par le pape, dans l’avion qui le ramenait de Dublin le 26 août, aux parents dont de jeunes enfants se découvriraient des tendances homosexuelles. Au point que certains observateurs se demandent si cette « gaffe » du pape François (qui a fait depuis retirer le terme de « psychiatrie » des versions de l’entretien publiées sur le site internet du Vatican) n’était pas en réalité intentionnelle, certain qu’il aurait été que cette sortie provocatrice aurait détourné les médias d’une affaire autrement importante : la réalité des accusations portées par Mgr Viganò.

    Dans un article publié sur le site de l’hebdomadaire Newsweek, le journaliste vedette américain Ben Shapiro s’étonne de ce manque de curiosité médiatique – à laquelle, en France, il n’y a guère que le Figaro pour faire exception, l'hebdomadaire La Vie y consacrant pour sa part son dernier dossier de couverture, mais sans enquêter sur la réalité des accusations, se contentant de déplorer la déstabilisation dont est victime François. L’explication de Ben Shapiro a le mérite de la simplicité, et donc de la clarté : « La honteuse tentative des médias de disculper François à cause de leur amour pour sa politique ne fait que souligner la malignité des motivations de bien des journalistes : ils étaient heureux de pouvoir révéler des comportements scandaleux dans l’Eglise catholique quand le pape était un conservateur ; et ils sont heureux de participer au camouflage de ces comportements quand le pape est un libéral » [« libéral » au sens américain, qui correspond à notre « progressiste », NDLR].

    « Les membres des médias croient que la doctrine traditionnelle de l'Eglise doit être éliminée à n’importe quel prix, même au prix de l’abus sexuel sur des mineurs »

    Et Ben Shapiro de poursuivre : « Si les membres des médias défendent avec constance un pontificat accusé de couvrir des abus sexuels, ce n’est pas par bienveillance à l’égard de l’Eglise, mais bien parce qu’ils croient que la doctrine traditionnelle doit être éliminée à n’importe quel prix, même au prix de l’abus sexuel sur des mineurs. »

    En d’autres termes, la lutte contre les abus sexuels dans l’Église n’intéresserait pas en soi les grands médias, qui n’y verraient éventuellement qu’une arme commode dans leur lutte contre une Eglise perçue comme le dernier verrou résistant encore un tant soit peu à toutes les « libérations » progressistes de la modernité. Dans cette optique, il y aurait des scandales sexuels « utiles », dignes d’une utilisation médiatique massive, car ils permettraient d’affaiblir les éléments conservateurs de l’Église, et de faire pression sur elle pour qu’elle change son regard sur le célibat des prêtres ou l’homosexualité, par exemple. Et puis il y aurait les scandales sexuels « inutiles » ou néfastes, ceux qui au contraire, s’ils étaient mis en avant, menaceraient de fragiliser un pontificat vu par la bien-pensance médiatique comme un pontificat “d’ouverture” : ne parlons donc pas des accusations de complaisance vis-à-vis des prédateurs sexuels portées contre le pape François, car ce serait mettre en danger sa politique d’ouverture de la doctrine catholique sur le mariage, son action en faveur des migrants, ou les efforts de son entourage pour imposer un regard plus bienveillant sur l’homosexualité…

    La vérité ne compte pas 

    Mais, me direz-vous, quid de l’acharnement médiatique contre le cardinal Barbarin, accusé de choses bien moins graves que celles qui visent le pape François ? Mgr Barbarin ne se réclame-t-il pas, pourtant, d’une grande proximité avec François ? Certes, mais c’est aussi, du point de vue des médias dominants, un « conservateur » qui s’est distingué par une opposition sans ménagement au « mariage pour tous » ; ce que certains, sans d’ailleurs trop s’en cacher, sont bien décidés à lui faire payer.

    Et les victimes, dans tout cela, souvent détruites à vie par les abus d’un prêtre en qui elles avaient placé leur confiance spirituelle ? Un coup les grands médias les prennent en pitié, un coup ils les oublient. Car, vous l’aurez compris, pour la bien-pensance dominante, l’important n’est pas là, et la vérité ne compte pas non plus : la seule chose importante est que l’Eglise se conforme au monde de telle sorte qu’elle ne puisse plus jouer son rôle de trouble-fête de la modernité festiviste. Cela vaut bien, sans doute, que quelques scandales sexuels soient gardés sous le boisseau…

  • Plutôt qu'un Synode des jeunes, un synode des évêques sur les abus du clergé

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    De Mario Tosatti sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (notre traduction à l'aide de translate.google.be) : 

    "Un synode des évêques dédié aux abus est nécessaire"

    Après Mgr Chaput et d'autres prélats, le front des évêques demandant au pape de reporter le synode des jeunes et d'organiser des assises consacrées aux abus du clergé s'élargit. C’est ainsi que, selon Mgr Strickland : "Il faut s’attaquer à cette crise". La demande d’audience avec le pape du président des évêques américains est toujours sans réponse.

    Le silence du Pontife sur les questions dramatiques posées par le témoignage de Mgr Viganò n'est pas le seul élément extraordinaire et inquiétant de cette affaire. Ce que les sites web et la presse aux ordres du pape voudraient présenter comme un fait local ne concernant que l’Église américaine se révèle plutôt comme un cyclone qui ravage toute l'Église de l'Australie au Chili et au Honduras; sans parler de la Belgique ou de la Grande-Bretagne. En attendant que plus de bubons explosent et que d'autres preuves apparaissent au grand jour.

    La tentation des autorités du Vatican semble de faire comme si rien n'était arrivé, comme s'il y avait des choses plus importantes (le climat, les migrants, déclarait Mgr Cupich il y a quelques jours) que de déterminer si le chef de l'Eglise catholique a volontairement et sciemment réhabilité un cardinal homosexuel prédateur et a fait de lui la principale référence pour les nominations et les promotions dans l'Église américaine. C'est une question dramatique. et en tant que telle, elle se pose surtout aux États-Unis, mais pas seulement. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité personnelle de Jorge Mario Bergoglio, meurtri par les déclarations malheureuses sur les abus au Chili (récupérées à la dernière minute) et par le soutien apporté au cardinal Maradiaga plongé dans des scandales financiers quant à la gestion de son diocèse et dont le bras droit a démissionné pour des questions d'homosexualité dans son séminaire. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité de l'Église et de la figure du Vicaire du Christ.

    "Business as usual": le terme a été utilisé par l'évêque américain Joseph Strickland. « Je soutiens l'évêque Mgr Chaput, Edward Burns et d'autres évêques qui ont appelé à supprimer le Synode sur la jeunesse et à le remplacer par un Synode extraordinaire des évêques sur la crise des abus dans l'Eglise. Cette crise doit être traitée !!! Il faut dire non au traitement des affaires comme à l'habitude!".

    Le 28 juillet, le cardinal McCarrick n'était plus cardinal, suite à l'enquête de la justice américaine. Le 26 août, le témoignage de l'archevêque Viganò a explosé sur La Verità, Infovaticana, Lifesitenews, le National Catholic Register et Stilum Curiae. Pendant ce temps, le grand jury de Pennsylvanie avait rendu public un rapport dévastateur, qui appelait directement à la cause l’archevêque de Washington, le cardinal Wuerl, celui qui aurait dû surveiller McCarrick. Wuerl ment, a déclaré le procureur général Shapiro. Une pétition demandant à Wuerl de quitter la fonction qu'il occupe - et qu'il aurait déjà dû quitter depuis deux ans - a reçu des milliers de signatures. Ces jours-ci, huit autres États ont commencé ou ont annoncé que d'autres enquêtes sur les abus dans l'Église catholique commenceraient bientôt. Dans ce contexte, l’idée d’un synode sur la jeunesse comme si de rien n'était - alors que les jeunes ont été les principales victimes de pasteurs pervers - semble surréaliste.

    Face à cette situation dramatique, dont nous ne nous souvenons d'aucun précédent, nous nous trouvons face à un Pontife qui choisit le silence et déclare: «Je ne dirai pas un mot». Et pourtant, il n'y a pas que cela. En l'absence de toute mesure ou initiative de Rome, si ce n'est la campagne de dénigrement menée contre Viganò accréditée par des journalistes liés plus ou moins directement à la Maison Sainte-Marthe, la demande d'audience que le président de la Conférence des évêques américains, Mgr Daniel Di Nardo, a présentée à Rome pour une audience avec le pape reste sans réponse. Audience à laquelle le cardinal de Boston, Sean O'Malley, a proposé de participer. Pourtant, le Pontife a trouvé le temps de voir Wuerl et le cardinal de Chicago Cupich, tous deux liés à McCarrick. Pourquoi ne veut-il pas voir Di Nardo? Nous risquons une supposition : parce que Di Nardo lui demanderait que le Saint-Siège ouvre une enquête sur McCarrick et son réseau d’amitiés. Et peut-être demanderait-il aussi, comme le font déjà des évêques et des laïcs, de rendre public le dossier McCarrick. Et cela, peut-être, le pape n'en veut-il pas ...

  • Le Grand Maître de l'Ordre du Saint-Sépulchre, le cardinal O'Brien, demande une enquête sur les promotions de Monseigneur McCarrick au sein de la hiérarchie ecclésiastique

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    Du "Salon beige" : 

    Le Cardinal Edwin O'Brien demande une enquête pour déterminer les responsabilités quant aux promotions de Mgr McCarrick

    Lettre du Grand Maître de l'Ordre du Saint-Sépulchre, le Cardinal O'Brien :

    Cité du Vatican, le 8 septembre 2018 en la fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie

    Aux membres de l’Ordre Équestre du Saint Sépulcre :

    Certains d’entre vous se souviennent sans doute du film En Pleine Tempête : plusieurs phénomènes météorologiques convergent, se réunissent, et causent des dégâts terribles.

    Notre Église Catholique est en pleine tempête – en pleine tempête diabolique. Le Chili, l’Irlande,les Pays-Bas, l’Australie, les États-Unis ... Et combien d’autres encore ?! La double vie révoltante,profondément scandaleuse, d’un Cardinal de l’Église. Le rapport de 900 pages, quasimentpornographique, du grand jury de Pennsylvanie ; l’ignominie des actes pervers de prêtres à l’encontre de jeunes ou de personnes en situation de faiblesse. Les accusations d’un ancien Nonce du Vatican contre les plus hautes autorités de l’Église.

    On peut appeler cela « UN CHEF D’ŒUVRE DIABOLIQUE » !

    Les forces de Satan sont au travail pour saper les fondations mêmes de l’Église Une, Sainte,Catholique et Apostolique – de l’intérieur !

    Nous sommes confrontés à une crise sérieuse, probablement la crise la plus importante que notre Église aie traversée en de nombreux siècles.

    Aujourd’hui, comme à d’autres moments de l’histoire de l’Église, les fidèles – vous – se voient offrir un choix :

    • Il y a la tentation de fuir, d’abandonner l’Église. Victoire de Satan.
    • Ou alors, s’accrocher. Notre Foi ne nous vient pas des hommes, mais de Jésus-Christ. Les Chevaliers du Saint Sépulcre n’ont jamais déserté. Ils ont tenu pied, pour la défense del’Église, dans des temps de grandes crises.

    Je voudrais supplier tous nos membres de s’accrocher, et plutôt deux fois qu’une. Retournez aux ressources divines de la Foi : la prière, la messe, la dévotion eucharistique, la pénitence et le jeûne.

    Participez aux assemblées de prière, aux activités liturgiques paroissiales et diocésaines organisées en réparation des sacrilèges déplorables commis par des membres des Saints Ordres contre des innocents sans défense. Les trahisons scandaleuses de la confiance placéeen ceux qui étaient tenus d’être d’autres Christs.

    Soutenez la majorité des bons prêtres de votre entourage – vos prêtres, qui se battent quotidiennement pour être le Christ pour vous. Ils souffrent beaucoup.

    De mon côté, je me suis associé à la requête de la Conférence Épiscopale des États-Unis pour demander une enquête pontificale, avec des laïcs dotés des compétences adéquates, qui devra déterminer les responsabilités quant aux promotions de Monseigneur McCarrick au sein de la hiérarchie ecclésiastique.

    Dans l’Histoire, Dieu a montré qu’Il pouvait tirer le bien du pire des maux. Il n’y a qu’à regarder la Croix !

    Prions pour que de ce cauchemar résultent la purification de notre Église, et la restauration de la confiance dans ses dirigeants.

    Reconnaissons que Jésus-Christ est le Seigneur de la Résurrection, Lui qui transforma l’horrible moment d’une mort affreuse en un moment de salut.

    Et prions ensemble avec notre Saint Père, le Pape François, pour que Notre Dame, qui porta le Corps brisé et crucifié de son Fils en ses bras, le fasse de nouveau. En ces jours, qu’elle porte cecorps souffrant, battu et sanglant, son Corps, l’Église, auprès de son cœur, et dans sa prière pour saguérison.

    Merci à vous tous pour votre loyauté sans faille et pour votre fidélité.

    Dans le Seigneur,

    Edwin, Cardinal O’Brien

  • Abus sexuels : une lettre de l'archevêque de Strasbourg

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    Du site "Eglise catholique en Alsace" :

    Lettre pastorale de Mgr Ravel

    Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, vient de publier dans un hors-série d’Église en Alsace, sa deuxième lettre pastorale sur un sujet brûlant : les abus sexuels.

    Elle est disponible ici.

    Mgr Ravel donne le sens de sa démarche. Il répond aux questions de Marc Larchet.

    Pourquoi j'ai écrit cette lettre ...


    Un grand nombre de catholiques sont traumatisés par les dernières affaires d’abus sexuels. Comprenez-vous et partagez-vous leur colère ?

    Je comprends leur colère après les révélations tant sur les auteurs de ces abus que sur la façon dont l’Église et les évêques ont géré ces affaires. Je comprends qu’une personne qui aime l’Église soit profondément troublée et que de ce trouble naisse une colère légitime. Je dois avouer qu’au cours de ces dernières années, j’ai pris conscience – et je ne pense pas être le seul – que j’avais été naïf ; que dans mon abbaye, avec un parcours religieux un peu particulier il est vrai, je n’avais pas soupçonné qu’une pareille misère morale et criminelle puisse entraver la mission et le déploiement de l’Église.

    C’est depuis que je suis évêque, mais surtout ces cinq dernières années, que j’ai progressivement pris conscience de l’étendue du malheur causé par ces abus, sur les victimes d’abord et sur l’Église ensuite. Aujourd’hui, je ne suis plus dans une posture de colère, mais de souffrance intérieure et de douleur. Je me dis « c’est ainsi ».

    Mais un évêque ne peut pas se limiter à cela ?

    Non, aux responsabilités qui sont les miennes, je ne peux pas me contenter de dire : « c’est ainsi, les gens sont mauvais, les prêtres sont des hommes pécheurs ». Il me faut agir. J’ai une double responsabilité de religieux et d’évêque pour agir à l’égard des victimes, des prêtres coupables et de tout le peuple de Dieu. Ce peuple de Dieu que je me dois, à la suite du pape François, de sensibiliser et d’orienter.

    Comment aider les fidèles à traverser spirituellement cette épreuve ?

    Comment avancer spirituellement ? En entrant en solidarité. Dans sa récente lettre, le pape demande explicitement à tout le peuple de Dieu d’être solidaire. Quand un membre souffre, dit Saint Paul, tous les membres souffrent. Cela signifie que nous devons avec toute l’Église – les laïcs, les prêtres, les agents pastoraux – agir unis. C’est dans ce sens que j’aimerais avancer et mettre en place des choses concrètes. Je vais publier ma deuxième lettre pastorale qui portera justement sur le thème des abus sexuels dans l’Église. Cette intuition m’est venue avant la publication de la lettre du pape François, mais cette dernière m’a confirmé dans la nécessité, en tant que fils obéissant de l’Église, de répercuter les propos du pape. Nous aurons besoin de chercher localement à répondre à son invitation pour mettre en œuvre ses premières indications. Nous devons réfléchir pour savoir comment incarner cette solidarité afin qu’elle ne soit pas qu’une vague empathie ou qu’une simple intention que nous ajouterions lors de nos prières universelles.

    Quelle solidarité, par exemple, le peuple de Dieu doit-il développer ?

    Une solidarité vis-à-vis des victimes, en les écoutant, en les comprenant, en les accompagnant. Mais aussi une solidarité en ne taisant pas les choses. Car au-delà des évêques qui ont couvert, il y a un silence plus général du peuple de Dieu que nous avons encore du mal à dénoncer. Dans la trentaine de cas que j’ai à traiter dans mon diocèse, et lorsque je parle avec des victimes, je m’aperçois que des personnes savaient et qu’elles n’ont rien dit. En 2018, des personnes ont connaissance de faits graves mais ne parlent pas, voire ne veulent pas y croire. Je veux bien que les prêtres abuseurs soient les premiers accusés, que les évêques soient les seconds, mais le peuple de Dieu a aussi partagé quelque chose de ce silence. Un jour, de manière anecdotique, une personne m’a raconté une histoire en me disant « le prêtre faisait ça… ». « Pourquoi n’en avez-vous pas parlé ? », lui ai-je répondu. La solidarité impose une prise de conscience de la part de l’ensemble du peuple de Dieu. Je suis intimement persuadé que le nombre de victimes connues n’est pas encore le nombre de victimes réelles.

    Comment comprendre l’appel à la prière et au jeûne du pape François dans sa lettre ?

    Le pape relie le jeûne et la prière à un passage de l’Évangile où Jésus, redescendu de la Montagne après la Transfiguration, est interpellé par un père dont le fils est possédé : « J’ai demandé à tes disciples d’expulser cet esprit, mais ils n’en ont pas été capables ». Après que Jésus a expulsé l’esprit, les disciples l’interrogent : « Pourquoi est-ce que nous, nous n’avons pas réussi à l’expulser ? ». Et Jésus de répondre : « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière. » Nous sommes aujourd’hui face à quelque chose qui n’est pas exorcisable par les moyens habituels. Pour le pape, une gangrène a attaqué une partie de l’Église, et cette gangrène, par un effet mécanique, engendre une fièvre sur l’ensemble du corps. Il veut que nous ayons une réaction qui ne soit pas ponctuelle, mais qui soit à la fois profondément structurelle, institutionnelle mais aussi surnaturelle.

    La lutte contre les abus passe-t-elle par davantage de prévention en amont, notamment lors de la sélection et de la formation des séminaristes…

    C’est un des thèmes de réflexion, mais gare aux conclusions trop rapides. Faire passer les séminaristes devant un psychologue, est-ce suffisant ? C’est une voie mais je ne la crois pas suffisante à répondre aux débridements que je lis dans l’actualité et dans mes propres dossiers. Pour le dire autrement, tous les psychologues, les médecins et les directeurs de séminaire savent que, pendant sept ans, un homme peut avoir un comportement irréprochable mais que, une fois promu à un poste de responsabilité, il peut chuter. N’ayons pas la naïveté de croire qu’une formation psychologique – même si elle est nécessaire – sera suffisante. Pour répondre aux problèmes des abus, c’est toute la mentalité du peuple de Dieu qui doit changer dans son rapport à l’autorité, car ces abus sexuels sont des abus de pouvoir. Les prêtres abuseurs ont joué de leur autorité et de leur pouvoir spirituel pour commettre leurs méfaits.

    C’est le cléricalisme que dénonce le pape François…

    L’autorité est un jeu à deux : celui qui en fait usage et celui qui y consent. Le cléricalisme n’aurait jamais porté des fruits de mort s’il n’avait été accepté, consenti, voire même promu par les communautés chrétiennes. Dans la situation actuelle, les laïcs doivent se poser autant de questions que les prêtres, les évêques et les formateurs dans les séminaires. C’est cela que le pape veut dire et c’est nouveau dans la gestion des affaires depuis dix ans. Quand j’étais jeune, mon curé ne partait jamais seul avec un groupe d’enfants. Comment se fait-il que des chrétiens aient laissé des prêtres seuls avec des enfants pendant des week-ends de retraite ou des camps ? Ces règles de bon sens et de vigilance n’ont pas du tout été appliquées à certaines époques. Aussi bien le nombre d’auteurs que le nombre de victimes me montrent que ce n’est pas simplement la perversion de quelques-uns, mais une perversion qui a proliféré sur une mentalité mal ajustée. Sans tomber dans la méfiance ni la défiance, le rapport entre les prêtres et les communautés doit évoluer dans le sens d’une prise en compte responsable qui ne nie pas l’autorité du prêtre mais ne le sacralise pas non plus dans une forme d’idolâtrie.

    Changer les mentalités, cela demande du temps.

    Ce travail ne fait que commencer et il se fera pas à pas. Je ne vois pas de solution radicale où l’on couperait la tête de tout le monde. Nous devons travailler cette question de la mentalité ecclésiale à la lumière des textes du Concile Vatican II, et avec l’aide du pape François à qui je donne toute ma confiance malgré le rapport de Mgr Vigano.

  • De nombreux évêques des Etats-Unis demandent une enquête sur les révélations de Mgr Vigano

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    Du site "Riposte Catholique" :

    Les évêques étatsuniens qui demandent une enquête sur les révélations de Mgr Viganò

    La liste s’étend de jour en jour des évêques qui demandent qu’aux États-Unis comme au Vatican une enquête approfondie soit menée surs les révélations du témoignage du nonce émérite Carlo Maria Viganò du 25 août dernier (voir ici). Voici le dernier point établi par Life Site News le 4 septembre (il ne me semble pas complet, je pense notamment à l’archevêque Bernard Hebda de St Paul et Minneapolis, Minnesota : voir ici).

    Évêques auxiliaires : Robert Barron (archidiocèse de Los Angeles, Californie), Timothy Freyer (diocèse d’Orange, Californie), Thanh Thai Nguyen (diocèse d’Orange).

    Évêques : Joseph Strickland (diocèse de Tyler, Texas), David Konderla (diocèse de Tulsa, Oklahoma), Robert Morlino (diocèse de Madison, Wisconsin), Jaime Soto (diocèse de Sacramento, Californie), Larry Silva (diocèse de Honolulu, Hawaï), Thomas J. Olmsted (diocèse de Phoenix, Arizona), Thomas Paprocki (diocèse de Springfield, Illinois), Carl Kemme (diocèse de Wichita, Kansas), Kevin Vann (diocèse d’Orange), Michael Burbidge (diocèse d’Arlington, Virginie), Thomas Tobin (diocèse de providence, Rhode Island), Daniel Thomas (diocèse de Toledo, Ohio), Robert E. Guglielmone (diocèse de Charleston, Caroline du Sud), Robert Gruss (diocèse de Rapid City, Dakota du Sud), Joseph Hanefeldt (diocèse de Grand Island, Nebrwaska).

    Archevêques : Allen Vigneron (Détroit, Michigan), Leonard Blair (Hartford, Connecticut), Paul Coakley (Oklahoma City, Oklahoma), Salvatore Cordileone (San Francisco, Californie), Samuel Aquila (Denver, Colorado), Dennis Schnurr (Cincinnati, Ohio), Joseph Naumann, Kansas City, Kansas).

    Archevêque et cardinal : Daniel DiNardo (Galveston Houston, Texas).

  • Mgr Vigano sous le feu des attaques ad hominem

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    De la "Smart Reading Press" :

    MGR VIGANÒ, VICTIME D’ATTAQUES AD HOMINEM

    Suite à son témoignage dénonçant le cover up de certains membres de la Curie et du pape François concernant l’affaire McCarrick, Mgr Carlo Maria Viganò subit de nombreuses attaques ad hominem, qui ne répondent pourtant pas aux questions qu’il a soulevées.

    La revue américaine Commonweal du 5 septembre 2018 affirme dans cette perspective :

    «La lettre de Viganò est un récit subjectif de l’histoire récente de l’Église, remplie de revendications invérifiables. Son ton[…] autoritaire est celui de quelqu’un qui veut régler des comptes personnels. […] En partageant la lettre avec le donateur de droite Timothy R. Busch de l’Institut Napa avant sa publication et en rompant son silence pour accorder des interviews à des médias catholiques conservateurs, Viganò semble avoir orchestré une campagne vindicative contre François au lieu d’essayer honnêtement d’initier la réforme.»

    Le journal La Croix du 2 septembre 2018 décrit Mgr Viganò de belle manière :

    «Le nouveau pape [le pape François en 2013, NDLR] s’est aussi peut-être méfié de Mgr Viganò, homme à la réputation sulfureuse […] et [de] certains mensonges dans ses lettres à Benoît XVI.»

    Dans un article du 3 septembre 2018, Jean-Marie Guénois du Figaro analyse :

    «Les critiques fusent, mais personne n’a encore sérieusement remis en cause la substance de ses propos. […] Même si la prudence est plus que de mise en matière de dénonciation de mœurs, il apparaît, une semaine après, que personne n’a encore radicalement démenti Viganò sur le fond. […] L’affaire est donc plus épineuse qu’une simple cabale conservatrice contre François.»

    Une des attaques contre Mgr Viganò porte sur les propos rapportés par Edward Pentin dans le National Catholic Register, le 4 septembre 2018 :

    «Pentin a rapporté une source proche de Benoît XVI qui lui a dit, aussi loin que le pape émérite puisse se souvenir, que “les instructions étaient essentiellement que McCarrick devait faire ‘profil bas’. Il n’y avait pas ‘de décret formel, simplement une demande privée.’” […] Pour certains commentateurs, le rapport de Pentin semble discréditer l’intégralité du témoignage de Viganò. Les “demandes privées” ne sont pas des “sanctions canoniques”, soutiennent-ils, et l’archevêque Viganò n’a donc pas été sincère quant à l’argument central de sa note. […] Il est fort possible que l’archevêque Viganò n’ait pas compris certaines des distinctions implicites contenues dans la phrase qu’il a choisie et inclut dans sa définition du terme “sanctions” des instructions verbales moins formelles. […] Mais rien de cela ne change les grandes allégations du mémo de l’archevêque Viganò : après avoir reçu plusieurs rapports, le pape Benoît XVI a pris des mesures contre le cardinal McCarrick.»

    Pour résumer, Hubert Champrun dans InfoVaticana affirme :

    «Mais transformer le grand scandale dénoncé par Viganò – celui de la corruption (homo)sexuelle au sein de l’Église et de l’impunité dont elle semble jouir – en petit scandale Viganò, c’est filtrer le moucheron et laisser passer le chameau (cf. Mt 23, 13-24).»

    En un mot comme en cent : «Viganò a dit la vérité. C’est tout !» (Mgr Lantheaume, ancien premier conseiller de la nonciature à Washington)…

    UN SILENCE DE PLOMB AU SOMMET DU VATICAN

    Du côté du Vatican, le pape refuse de commenter les propos de Mgr Viganò, renvoyant les journalistes à leur professionnalisme pour vérifier la véracité des propos de Mgr Viganò et laissant sans réponse les catholiques en quête d’une compréhension de la situation. Dans le New York Times du 4 septembre 2018, nous apprenons que, si le pape ne parle pas lui-même, il a des défenseurs rangés en ordre de bataille qui le font pour lui :

    «S’exprimant lundi matin au Vatican, le pape François a déclaré : “Avec des gens qui n’ont pas de bonne volonté, qui ne cherchent que le scandale, qui ne veulent que la division, qui ne cherchent que la destruction – y compris la famille –, deux solutions : le silence et la prière.” Il a ajouté que « la vérité est humble, la vérité est silencieuse » et a conclu avec la prière : « Que le Seigneur nous donne la grâce de discerner quand nous devrions parler et quand nous devons rester silencieux. » […] Le pape François s’est appuyé sur quelques évêques américains et une armée de catholiques progressistes en ligne pour le défendre.»

    C’est le cas du cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, comme le rapporte Commonweal le 21 août 2018, qui demeure sur la même ligne de défense que le pape critiquant le «cléricalisme» :

    «Le cardinal Cupich a récemment dit que toute l’Église était confrontée à des attitudes de pouvoir, des privilèges et des droits qui caractérisent de nombreux prélats et renforcent une structure qui les protège de toute responsabilité. Cela veut dire que les laïcs devraient être autorisés à participer plus à plusieurs aspects de la vie de l’Église.»

    Le journaliste de Crux John Allen, le 31 août 2018, pense que l’absence de réponse du pape vient du fait que l’affaire Viganò est centrée sur les États-Unis et ne s’étendra pas à l’Église universelle :

    «En résumé, il est clair que, jusqu’à présent, les commentaires épiscopaux favorables à Viganò, à l’exception de Schneider, proviennent entièrement des États-Unis, tandis que les évêques ou groupes d’évêques relativement peu nombreux qui ont parlé ont tous soutenu le pape. Nous devrons voir si ce schéma est valable […]. Voici comment “Il Sismografo”, un blog catholique largement lu basé en Italie, l’a écrit jeudi : “Au fil des jours, de dimanche matin à aujourd’hui, et après de nombreux examens journalistiques intelligents et honnêtes, il semble à présent établi que la dénonciation de Tossati [faisant référence à un journaliste italien connu qui a contribué à l’élaboration de la lettre] et de Mgr Viganò est en réalité quelque chose à contextualiser entièrement aux États-Unis.” Aussi compréhensible que cela puisse être, et que ce soit tout à fait exact ou non, cela va sans doute compliquer la capacité des évêques en dehors de l’espace américain à prendre au sérieux les affirmations factuelles de Viganò au sujet du pape.»

    En ciblant directement le pape et en appelant même à sa démission, Mgr Viganò a déplacé le centre de l’affaire de la nonciature de Washington aux couloirs du Vatican !

  • Les apparitions de Beauraing: des hallucinations ?

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    De Jean-Pierre Snyers, sur son blog :

    Apparitions de Beauraing: des hallucinations?

    Il y a 85 ans cette année que se terminaient les apparitions de la Vierge à Beauraing. Comme certains le savent, c'est le 3 janvier 1933 que celles-ci prirent fin. Seulement voilà, qu'en est-il de leur crédibilité? Comment les appréhender? Par la raison bien sûr, mais en réalisant toutefois que celle-ci a sans doute ses limites. Un exemple. Si quelqu'un veut savoir telle musique lui plaira, il peut bien sûr en lire la partition, mais un autre que lui préférera l'écouter. Si quelqu'un veut savoir si tel cidre de Normandie a bon goût, il peut bien sûr se pencher sur les éléments chimiques qui le compose, mais un autre préférera le goûter. En transposant ne pourrions-nous pas dire que la méthode de celui qui rationnellement examine une apparition mariale serait semblable à la première façon de procéder, tandis que celle d'un  voyant serait semblable à la seconde? Examiner une expérience qu'on a pas vécue soi-même, qu'on ne peut appréhender que du dehors, ne risque t-il pas de nous laisser sur notre faim? Petite annecdote: Alphonse Ratisbonne, intellectuel juif connu à son époque pour son opposition au catholicisme, ne se privait guère de se moquer ouvertement des apparitions de la Vierge. Cela dura jusqu'au jour où, en 1842 dans une église de Rome, celle-ci lui est apparue. Devinez la suite...

    Bon, "Revenons à la raison", si je puis dire. Les apparitions de Beauraing sont-elles dues à ce qui relève du psychisme ou à ce qui dépasse l'ordre naturel? Ont-elles un caractère objectif ou subjectif? Proviennent-elles de ce monde visible ou d'un monde invisible?     

    Une chose semble sûre. Qu'elles soient dues à une pathologie, à l'hypnose, à la prise d'une substance hallucinogène, ou à une auto-suggestion, le résultat est le même: l'hallucination. En utilisant ce terme, je me réfère à la définition commune qui lui est donnée: "Perception sans objet". Ce qui est vu n'existe que dans le psychisme de ceux qui voient.  N'ayant aucun caractère objectif, la vision qu'ils perçoivent est uniquement en eux-mêmes. Pas ailleurs. Qu'il s'agisse d'une hallucination ou d'une apparition, un point commun les réunis: dans les deux cas, les personnes voient ce que les autres ne voient pas. Seraient-elles donc une seule et même chose ou des éléments permettent-ils de les différencier? Sont-elles toutes les deux d'ordre naturel et correspondent-elles chacune aux critères nécessaires pour l'affirmer?Les 5 enfants de Beauraing auraient-ils vu une réalité qui pourrait s'apparenter à un rêve éveillé, à une vision qui n'existe que dans leur mental? Dans l'affirmative, une question survient.  Etant donné qu'il n'y a pas plus de distance entre un halluciné et son hallucination qu'entre une personne qui rêve et son rêve, comment un objet matériel disposé "entre" un point qui existe (le voyant) et un point qui n'existe pas (ce qu'il voit), pourrait-il obstruer (totalement ou partiellement) sa vision? S'il s'agit d'un phénomène uniquement intérieur, pourquoi et comment quelque chose d'extérieur serait-il un obstacle qui gênerait celui qui voit? Tel est pourtant le cas à Beauraing. Que ce soit par un arbre, une grille, une personne ou un chapeau placé devant leurs yeux (le test a été fait), leur vision est barrée en tout ou en partie par ce qui se trouve entre la Vierge et eux.Pareil au sujet de ce qu'ils entendent: Trop de bruit extérieur dérange l'audition de ce qui leur est dit par l'apparition. Certains spécialistes ont tiré argument du fait qu'à Medjugorje, les voyants n'étaient nullement gênés par cela. Voilà pour eux le signe que ce qu'ils entendent n'est qu'intérieur, généré par leur cerveau.  Mais alors à l'inverse, en fonction de cet argument, ne peut-on pas conclure qu'à Beauraing, on a le signe qui indique qu'il ne s'agit pas d'un phénomène auditif produit par le psychisme des voyants? Par ailleurs, le fait que durant les apparitions leur regard est convergent, dirigé vers un même point, n'est-il pas lui aussi contradictoire à ce qu'est une vision intérieure? Quand on sait de plus qu'une hallucination peut également être perçue par une personne qui a les yeux fermés (ce qui semble logique puisque la vision est interne), n'est-il pas hasardeux de continuer à considérer ce terme comme équivalent à ce qu'est une apparition?

    Autre élément. D'après l'interrogatoire du 28 décembre (qui, comme chaque soir d'apparition était effectué par de multiples enquêteurs), la Vierge a dit à cette date: "Ce sera bientôt ma dernière apparition". Restait à savoir si cette prédiction se réaliserait dans les faits.Quelques jours suffiront pour avoir la réponse. Le 3 janvier suivant, en effet, l'apparition se montrera à eux pour la toute dernière fois. Celui qui connaît un peu Beauraing sait qu'entre le 29 novembre et le 28 décembre 1932, il y a eu beaucoup plus d'apparitions qu'entre le 28 décembre et le 3 janvier 1933. Donc, le mot "bientôt" se justifie. Prophétie annoncée, prophétie réalisée.  "Adieu" (ou "à Dieu?") sera le mot par lequel elle prendrait définitivement congé d'eux sur cette terre. Malgré leur désir intense de la revoir qu'ils conserveront toute leur vie, jamais plus elle ne se montrera. Si, comme le disent certains détracteurs, tout n'est qu'une hallucination (qui aurait prédit qu'elle prendra bientôt fin!) causée par une auto-suggestion, une pathologie ou une hypnose, pourquoi le phénomène ne fonctionne t-il plus? Ils auront beau revenir tous les soirs sur les lieux, ils auront beau désirer de tout leur être que ça continue, fini! En négatif, tout ce qu'ils leur restera ne sera jamais rien d'autre qu'un manque. "Elle me manque! Je n'attends qu'une seule chose: la revoir!" a souvent dit Gilberte Degeimbre (l'une des voyantes décédée en 2015). Avouons que nous sommes bien pauvres. Avouons que nous ne pourrons jamais nous mettre à leur place et comprendre, comme eux l'ont compris, la réalité profonde de ce qu'ils ont vécu; une réalité dont, contrairement à eux, nous n'avons pas l'expérience et qui, quelque part, les a toujours rendu seuls, semblables à quelqu'un qui, pourvu de ce sens qu'est la vue, est face à des aveugles de naissance.

  • Le temps de la Rome éternelle

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    Philippe Maxence publie ce bel éditorial sur le site de l'Homme Nouveau :

    Tempo di Roma en temps de crise

    Sans le recours à la doctrine catholique, aux sacrements catholiques, au sacerdoce catholique, à la prière catholique, surtout des vierges et des moines, il n’y aura pas de vraie sortie de ce temps de crise.

    C’est l’une des caractéristiques de L’Homme Nouveau de prendre son temps, de se donner la possibilité du recul et de la réflexion. Un réflexe professionnel, mais aussi une manière assumée, revendiquée même, de ne pas se laisser submerger par les conséquences de la modernité et de faire à cette dernière un joyeux pied de nez. Pourquoi courir quand tout le monde court, et que le monde, à l’évidence ne s’en porte pas mieux ? Notre temps est celui de Rome. Tempo di Roma, selon le beau titre du roman d’Alexis Curvers. Le temps de la Rome éternelle, celle qui a reçu en dépôt le trésor de la foi et qui, malgré les vicissitudes des temps, hier comme aujourd’hui, n’a cessé de le porter, de le défendre et de le transmettre. Tempo di Roma ! Le temps de Rome, celle de saint Pierre, de saint Grégoire le Grand, de saint Pie X, de tous les grands papes et de leurs serviteurs qui jusqu’à aujourd’hui nous ont permis de vivre au rythme de l’Église, au rythme du cœur de l’Église. 

    Cette Église, dira-t-on, elle est bien mal en point. Nous assistons, en effet, depuis la parution du témoignage public de Mgr Carlo Maria Viganò a une scène étrange, remplie de bruits, de rumeurs et de jugements à l’emporte pièce. Alors que le Saint-Père a choisi la voie du silence, on nous somme ici ou là de parler. De prendre parti pour ou contre Mgr Viganò comme si celui-ci formait le cœur du problème et l’épicentre du scandale. C’est bien sûr une ligne d’attaque, et donc de défense – mais alors, elle est très révélatrice des faiblesses de ceux qui la soutiennent – que de mettre en cause le messager plutôt que de s’attarder au message lui-même. Dans le quotidien La Croix, par exemple, on peut lire ce titre à la fois banal et ahurissant : « Qui est Mgr Viganò, l’ex-nonce par qui le scandale est arrivé ? » (04/09/2018).

    Il est normal pour un journal de donner à ses lecteurs à connaître qui est Mgr Viganò dont les fonctions anciennes n’ont pas été mises sur le devant de la scène, au moins de la scène française. Mais ne rajoute-t-on pas un scandale au scandale, en l’accusant d’être à l’origine de celui-ci ? Mais de quel scandale parle-t-on ? Quel est ce scandale qui devrait soulever les cœurs catholiques : celui de la pédophilie et des réseaux homosexuels au sein de l’Église ou celui d’un homme qui a décidé de parler ? En voulant nous remettre de force devant les yeux le panneau « un train peut en cacher un autre », il semblerait que certains ne mesurent pas combien ils se font complices de ce qui relève de l’horreur absolue pour un cœur et une âme catholiques. 

    S’il y a un scandale, il s’agit des faits révélés par Mgr Viganò et non d’abord parce que pour être en paix avec sa conscience, celui-ci a décidé de les divulguer au grand public. Il est quand même étrange, et donc suspicieux, de constater que les habituels défenseurs auto-proclamés des droits de la conscience, invoqués à tout bout de champ au nom du respect des droits de l’homme, de la liberté religieuse, de la véritable application de Vatican II ou du droit à la miséricorde, s’offusquent aujourd’hui de voir Mgr Viganò réclamé de vivre en paix avec lui-même. Ne nous y trompons pas ! Il ne s’agit pas ici d’une erreur ou d’un jugement hâtif mais de l’habituel procédé qui refuse la liberté aux ennemis (déclarés tels) de la liberté.

    Ce faisant, sommes-nous, nous aussi, complices ? Complices, par exemple de Mgr Viganò ? On nous presse, en effet, de prendre partie. Avec cette idée en arrière-fond et son enchaînement pervers : si vous êtes pour Mgr Viganò, vous êtes contre le pape François, donc vous êtes de mauvais catholiques ou, pire, vous n’êtes même plus catholiques.

    La preuve se trouverait dans le fait que Mgr Viganò a demandé au terme de son témoignage la démission du pape François. 

    Et alors ? Mgr Viganò a pris sa responsabilité, au regard d’une situation qu’il connaît et des affirmations qu’il a voulu faire connaître pour le bien de l’Église. 

    Par la grâce de Dieu et par état de vie, nous sommes des laïcs, par notre baptême, enfants de Dieu et rachetés par le sang du Christ, au service de l’Église et de la cité, dans la perspective du bien commun. Mais, contrairement à la confusion qui s’est établie dans une partie de l’Église, nous ne confondons pas notre rôle avec celui des clercs et nous ne réclamons pas une partie (ni le tout, d’ailleurs) de ce qui leur revient. Nous croyons à la nécessité des distinctions et nous croyons même au bienfait des hiérarchies dès lors qu’elles s’exercent en vue du bien commun. Nous ne croyons pas non plus aux bienfaits supposés de la démocratie dans l’Église et à cette pureté qui s’imposerait comme par magie du fait qu’elle viendrait du bas. Plus encore, nous croyons que le Christ a fondé l’Église et qu’il l’a établie sur Pierre et les Apôtres et leurs légitimes successeurs. 

    Il ne nous appartient donc pas de demander la démission du Saint-Père, ni même d’œuvrer pour que d’autres la demandent. Ce n’est pas notre vocation. 

    Encore une fois, Mgr Viganò a pris ses responsabilités, nous prenons les nôtres, là où nous sommes, en priant pour ne pas trop nous tromper et en espérant être assez éclairés pour bien servir le Christ et son Église. 

    Celle-ci dans son enseignement, s’est toujours appuyée sur ce que le pape Jean-Paul II appelait les « deux ailes » pour parvenir à la contemplation de la vérité : la foi et la raison. Non pas la foi isolée, seule, ni  non plus, la raison, également solitaire. Mais l’union féconde de l’une et de l’autre. On ne sépare pas ce que Dieu a uni.

    Notre rappel des limites de notre vocation de laïcs, et notre maintien dans ces limites, nous enjoint de croire en la divinité de l’Église, mais ne nous interdit nullement de vouloir comprendre, au mieux, ce qui se passe actuellement au sein de celle-ci. 

    Concernant plus précisément les faits révélés par Mgr Viganò dans son texte de témoignage, nous souhaitons, au fond, deux choses : 

    1°) Que chaque affirmation de Mgr Viganò soit étudiée et jugée selon le droit de l’Église. Ses affirmations sont suffisamment graves et précises pour que l’Église ne puisse se contenter de les balayer comme s’il s’agissait d’un simple mouvement d’humeur. Il y va au fond du salut des âmes. 

    2°) Que l’Eglise profite de cet événement pour se purifier et retrouver toute la fidélité à son fondateur et à sa mission, étant bien entendu que nous parlons ici des hommes d’Église et non de l’Église en tant qu’elle est le Corps mystique du Christ, sainte et immaculée.

    Ici ou là, nous constatons que l’on accuse Mgr Viganò de telle ou telle pensée, de tel calcul, de tel désir plus ou moins caché, plus moins secret. Mais depuis quand dans l’Eglise juge-t-on les intentions et sonde-t-on les reins et les cœurs ? Depuis quand la calomnie est-elle devenue une vertu ? Même au confessionnal, si le confesseur peut prendre en compte les intentions qui lui sont révélées, c’est essentiellement les actes qu’il juge et pour lesquels il demande une réparation proportionnée.

    Nous ne sommes ni les juges, ni les défenseurs de Mgr Viganò. Nous essayons, à notre mesure et selon nos capacités, d’être les serviteurs de l’Église. Avec saint Ambroise, nous nous souvenons que l'Église est “ immaculata ex maculatis ", immaculée mais constituée d'hommes tachés par le péché. 

    Pour que les hommes entachés par le péché se rapprochent de plus en plus de la blancheur immaculée de l’Église, il faut d’abord reconnaître son péché, en avoir contrition, demander pardon et réparer dans la mesure du possible. C’est la condition essentielle pour commencer à retrouver le chemin de la purification. 

    Il faut ensuite comme nous y invite le Prince des Apôtres, être sobre et vigilant, car, explique saint Pierre en sa première Épitre « votre adversaire le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ; résistez lui fort de votre foi. »

    Cependant, il est évident que même lorsque chaque point du document de Mgr Viganò aura fait l’objet d’une enquête, d’une réponse appropriée et de décisions à la hauteur de l’enjeu de la part de l’autorité légitime, il faudra maintenir le cap, non seulement pour cette purification nécessaire, car la vérité rend libre, mais aussi pour restaurer l’Église dans toute sa splendeur. 

    Nous voyons bien qu’ici ou là, on profite de la situation dramatique actuelle pour faire monter des idées et des « solutions » d’un naturalisme aussi inappropriée qu’inadéquat. Comment peut-on croire que la solution pour l’Église se trouverait dans une plus grande responsabilité donnée aux laïcs, dans une synodalité plus importante, dans des rapports plus démocratiques, dans une place accrue données aux femmes, dans une collégialité étendue à toute l’Église, dans la chasse ouverte au cléricalisme, etc. ?

    S’il y a les fautes personnelles de ceux qui ont failli ; s’il y a la responsabilité de ceux qui se sont organisés en réseaux, il convient de ne pas oublier aussi que l’un des aspects essentiels de la situation de l’Église aujourd’hui se trouve dans cet horizontalisme qui a réduit la foi catholique à un vague sentimentalisme, sans exigences doctrinales et morales, avec l’oubli gravissime de ce qu’est le Salut et le besoin des âmes. Le péché a toujours existé ; des clercs comme des laïcs ont toujours trahi, parfois gravement, aux exigences de leur baptême et du nom de chrétien. Mais toujours ces trahisons personnelles ont été amplifiées aux époques où la foi, le souci du Salut, du bien des âmes, des fins dernières s’étaient trouvés comme voilés aux yeux du plus grand nombre. 

    La crise que nous traversons aujourd’hui prend son appui sur un scandale absolu, mais elle ne se limite pas à ce scandale. Ses racines sont plus profondes, son influence beaucoup plus étendue. Il y a certes le feu et il faut l’éteindre, c’est-à-dire purifier l’Église pour le rendre à elle-même, c’est-à-dire à son Divin Époux. Mais il y a aussi la nécessité de sortir de la crise de la foi, de cet horizontalité, de ce naturalisme, de cette mondanité qui réduit la foi à un vague humanitarisme teintée de spiritualité et l’Église à une institution d’animation spirituelle mondiale. 

    Seul le Pape, les cardinaux et les évêques peuvent prendre les décisions nécessaires. Nous laïcs, nous pouvons prier à cette intention et grandir dans la foi et la sainteté, Dieu aidant. C’est pourquoi, notre demande est simple :

    Très Saint-Père, rendez-nous l’intégrité de la foi catholique pour que nous puissions vivre intégralement en chrétien. 

    Pour notre part, en ces temps de désolation, nous renforçons notre vie de prière, en recourant à l’oraison et au bréviaire, en augmentant notre recours aux sacrements, en nous abreuvant à la source de la doctrine la plus certaine et de la spiritualité la plus sûre, faisant fi des modes, même spirituelles, faisant fi des théologiens de circonstance ou auto-proclamés, mais leur préférant sans hésitation la voix des saints papes et des conciles, des Pères et des Docteurs de l’Église, des grands saints et des martyres. 

    Sans le recours à la doctrine catholique, aux sacrements catholiques, au sacerdoce catholique, à la prière catholique, surtout des vierges et des moines, il n’y aura pas de vraie sortie de ce temps de crise.

    Mais même dans la boue, nous croyons en la sainte Église, catholique et apostolique. Nous croyons en sa blancheur. Et, nous l’aimons ! Notre temps est décidément celui de la Rome éternelle.

  • Chant cistercien à Fontenay le 16 septembre 2018

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    JPSC

  • Quelques réflexions sur les jeunes d'aujourd'hui

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    Vitrines_Synode-jeunes-2018.jpgDu 3 au 8 octobre prochains, se tiendra à Rome un synode consacré à la jeunesse. Dans quel esprit ? Voici une réflexion lue sur le blog du P. Simon Noël osb (abbaye de Chevetogne) dont on souhaiterait qu’elle inspire la démarche de cette assemblée… 

    « Sur le thème de la foi, la vocation et les jeunes, je voudrais vous proposer quelques réflexions et pensées qui me tiennent à cœur. Elles ne sont pas exhaustives mais mettent en lumière quelques aspects importants de la situation actuelle.

    Fécondité et vocations

    Le signe de la présence du Saint-Esprit dans une personne, une communauté ou une institution, c'est la fécondité. La troisième personne de la Sainte Trinité est en effet l'éternelle fécondité en Dieu. A l'origine, l'Esprit planait sur les eaux pour féconder la création. Par exemple, si une communauté religieuse a des vocations et si de nombreux jeunes la rejoignent, c'est bien parce que cette communauté est féconde et que l'Esprit l'anime. Par contre une communauté moribonde où depuis des années il n'y a plus aucune entrée est probablement une communauté sans avenir et d'où l'Esprit semble être sorti. Toutefois pour ces communautés, l'avenir reste inconnu et une résurrection est toujours possible. On a ainsi vu que l'arrivée d'un nouveau supérieur dans une communauté qui semblait morte, un supérieur rempli de l'Esprit, amenait à nouveau des vocations. On peut ici penser à la prophétie des ossements desséchés qui reprennent vie, que nous trouvons dans le prophète Ézéchiel :Alors il me dit : « Fils d'homme, ces ossements pourront-ils revivre ? » Je répondis : « Seigneur, c'est toi qui le sais ». Il me dit : Prophétise sur ces ossements, tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la Parole du Seigneur! Voici ce que dit le Seigneur à ces ossements : Je vais faire qu'un esprit entre en vous, et vous vivrez (Ez. 37, 3-5). Mais la règle générale est bien celle-là : là où demeure l'Esprit, il y a fécondité, il y a vie. De même si dans une paroisse naissent des vocations à la vie sacerdotale ou religieuse, c'est le signe que cette paroisse est bien vivante.

    Se mettre à l'écoute des jeunes

    Dans sa Règle, pleine de sagesse, saint Benoît dit que pour gouverner au jour le jour sa communauté, l'abbé doit s'entourer d'un conseil d'anciens, pour bénéficier de leur expérience et de leur sagesse. Mais quand on réunit le chapitre, au cours duquel tous les moines peuvent s'exprimer, afin de prendre une décision importante, par exemple une orientation fondamentale pour l'avenir, il faut écouter de manière particulière ce que les plus jeunes disent, car l'Esprit parle par leur bouche, comme on peut le voir dans l'histoire de Daniel :Pendant qu'on conduisait Suzanne au supplice, Dieu éveilla l'esprit saint d'une jeune garçon nommé Daniel, et d'une voix forte il cria : « Je suis innocent du sang de cette femme ! » (Daniel, 13, 45-46). Nous devons donc écouter avec un esprit surnaturel ce que les jeunes ont à nous dire et en tenir compte, car Dieu nous parle par eux. Il faut aussi le discernement de la sagesse des anciens mais ce discernement ne doit pas étouffer les intuitions des plus jeunes, il faut seulement parfois en modérer l'ardeur. Ainsi se réalisera dans l’Église un juste équilibre entre les générations.

    Nos devoirs envers les jeunes

    Quel est le devoir envers les jeunes pour construire l'avenir de l’Église ? En particulier que doivent faire les prêtres ? Je vois deux choses fondamentales et de la plus haute importance. La première est celle de la catéchèse. Il faut donner aux jeunes le pain nourrissant d'une bonne formation doctrinale. Elle doit être simple et parfaitement conforme aux enseignements de l’Église, non seulement en ce qui concerne la foi mais aussi en ce qui concerne la morale. Les jeunes ont besoin de points de repère précis et, plus qu'on ne le croit, leur esprit est ouvert à un enseignement authentique. Il faut aussi les initier à la prière personnelle pour qu'ils découvrent l'essentiel, c'est-à-dire une relation d'amitié personnelle, une relation d'intimité avec le Christ, qui les portera pendant toute leur vie. Une deuxième chose est le soin à apporter à la liturgie. Il faut développer dans les âmes des jeunes le sens du sacré, de la louange et de l'adoration et l'importance du silence intérieur. Il faut éviter le piège de la recherche des émotions factices et de la sentimentalité, piège dans lequel on tombe facilement dans la pastorale des jeunes. Le rosaire ou l'adoration silencieuse du Saint-Sacrement trouveront aussi leur place dans cet effort. Il faut que les jeunes découvrent toute la beauté de l'authentique tradition liturgique de l’Église et aussi, comme le dit un livre du cardinal Sarah, toute la force du silence. Car aussi bien la prière que la parole forte ne peuvent jaillir que d'un véritable silence intérieur. On peut aussi signaler que bien souvent l'existence dans une paroisse d'un groupe vivant de servants d'autel favorise l'éclosion de vocations à la vie sacerdotale, car un tel groupe, s'il est bien encadré, génère chez certains acolytes un grand amour de l'eucharistie, qui peut conduire à entendre l'appel du Seigneur.

    Les jeunes et leur évolution spirituelle

    Les jeunes ont spontanément besoin d'un grand idéal et il est plus facile à leur âge d'être fervent que lorsque les années font sentir leur poids et que la routine de l'existence rend la fidélité aux idéaux de la jeunesse plus difficile et plus exigeante. Par contre, par leur manque d'expérience des difficultés de la vie, les jeunes sont parfois portés à être plus catégoriques et à manquer de miséricorde. Cela doit venir avec l'âge. Lorsqu'on a pu faire l'expérience de la misère humaine, on devient plus miséricordieux. Cette entrée progressive dans une attitude de miséricorde est une tendance évidente d'une évolution spirituelle authentique. Le contraire serait un très mauvais signe. Le poète canadien Alden Nowlan a écrit ceci : Le jour où l'enfant se rend compte que tous les adultes ont des défauts, il devient adolescent. Le jour où il pardonne, il devient adulte. Le jour où il se pardonne à lui-même, il devient un sage. Dans le même ordre d'idées, il faut savoir que l'évolution normale d'une vie spirituelle est de passer d'une spiritualité active à une spiritualité de la passivité. Quand on est jeune, on fait des choses pour Dieu, mais quand on est entré dans l'âge mûr, et plus encore dans la vieillesse, on se laisse faire par Dieu, tellement on a conscience de son impuissance radicale. Tôt ou tard dans la vie, on doit faire l'expérience d'un basculement en Dieu et prendre conscience de sa pauvreté humaine. Il faut alors s'abandonner et laisser Dieu faire lui-même ce que nous ne pouvons plus faire par nous-mêmes. Mais les jeunes à leur âge sont ignorants de cette crise du milieu de la vie. Il est donc nécessaire que ceux qui font de l'accompagnement spirituel des jeunes tiennent compte de leur âge spirituel et ne leur parlent pas encore de ce qu'ils ne pourraient pas encore comprendre. Dans le cas des jeunes, il faut encourager leur générosité naturelle et ne jamais oublier qu'ils en sont encore au stade actif de la vie spirituelle et au début de leur évolution spirituelle.

    Obstacles contemporains

    De nos jours, la voix intérieure de Dieu dans la conscience, est souvent étouffée par le genre de vie qui est le nôtre, et cela touche négativement les jeunes. On voit ainsi des enfants qui ont reçu une bonne éducation à la foi, par exemple pour se préparer à la première communion ou à la confirmation, et qui dans l'adolescence se laissent complètement prendre par l'esprit du monde et abandonnent toute vie de prière et de pratique religieuse. Des réalités comme le sport, les jeux électroniques, les réseaux sociaux sur Internet, les téléphones portables monopolisent toute leur attention et leur énergie. Je me souviens d'avoir été une fois invité à la table d'une famille amie. Durant tout le repas, le fils, âgé d'une quinzaine d'années, fut entièrement absorbé par son téléphone portable et fut ainsi complètement absent de la conversation. Dans une communauté monastique, dont l'hôtellerie accueille des retraitants, on a dû récemment interdire au réfectoire l'usage des téléphones et des tablettes. Il y a là un véritable problème. Certains sont ainsi en communication ininterrompue avec le monde entier et ne sont plus capables de faire attention à leur voisin immédiat. Tout cela s'oppose à une vie de silence, d'intériorité et de prière. Il faut aussi ajouter que la civilisation de l'image ainsi que des nouvelles sensationnelles qui est la nôtre empêche la réflexion profonde. Ne faut-il pas envisager de véritables périodes de sevrage pour aider nos contemporains, spécialement les jeunes, à retrouver un équilibre mental et spirituel ? Une bonne œuvre pour les jeunes serait de les inciter à faire quelques jours de vraie retraite dans un monastère ou à participer à des pèlerinages pédestres dans la nature en direction de l'un ou l'autre sanctuaire ou lieu de pèlerinage.

    Une chose que l'on remarque de plus en plus dans les jeunes générations, c'est la grande difficulté à s'engager pour la vie, que ce soit dans le mariage ou dans la vie sacerdotale ou religieuse. Les jeunes sont souvent tout à fait capables de générosité ponctuelle, dans le bénévolat par exemple envers les pauvres ou pour des expériences fortes comme le pèlerinage à Compostelle. Mais se donner à quelque chose de grand et pour toujours leur semble au-dessus de leurs possibilités humaines.

    En guise de conclusion

    Quand on voit la jeunesse d'aujourd'hui, on est frappé par un phénomène nouveau. Il semblerait que de nos jours il y ait deux types de jeunes et que le contraste entre la lumière et les ténèbres se soit accentué : certains jeunes se laissent complètement happés par les fausses valeurs du monde, tandis que d'autres cherchent les valeurs spirituelles d'une manière beaucoup plus forte qu'on ne l'a vu dans le passé, période en laquelle les choses semblaient plus mêlées. Prions afin que les jeunes qui décident de vivre pour le Christ, et qui sont ainsi la lumière du monde de demain et l'avenir de l’Église, puissent être des témoins de l’Évangile pour ceux de leur génération qui sont encore loin de Dieu.

    Quelques réflexions sur les jeunes d’aujourd’hui

    JPSC

  • Népal, Indonésie : montée de l'intolérance religieuse

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    Sur le site de l'Aide à l'Eglise en Détresse :

  • 12 considérations sur le document Vigano

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    De Hubert Champrun sur le site infovaticana :

    Douze considérations sur le document de Mgr Viganò

    Huit jours après, voici quelques remarques inspirées à la fois par la lettre de Mgr Viganò et par les réactions à ce rarissime acte d’accusation formulé publiquement par un diplomate du Saint-Siège. Elles sont bien incomplètes. Mais transformer le grand scandale dénoncé par Viganò – celui de la corruption (homo)sexuelle au sein de l’Église et de l’impunité dont elle semble jouir – en petit scandale Viganò, c’est filtrer le moucheron et laisser passer le chameau (Mt 23, 13-24).

    Sur l’objet des accusations de Mgr Viganò : les crimes sexuels du cardinal McCarrick

    1. L’immense majorité des agressions pédophiles sont commises au sein des familles : donc, ce n’est pas en mettant fin au célibat des prêtres qu’on diminuera le nombre des agressions qu’ils commettent. Et considérer le mariage comme une sorte de thérapie sexuelle préventive pour déviants est une curieuse conception de la chose.

    2. Rapportées au nombre d’agressions sexuelles, homosexuelles ou non, pédophiles ou non, les agressions commises par les prêtres catholiques sont en petit nombre – ce qui ne diminue en rien leur caractère scandaleux. On peut toujours regretter qu’elles fassent plus les gros titres que celles perpétrées par des religieux d’autres confessions, ou par des représentants d’autres professions (éducateurs, enseignants, magistrats…), ou par d’autres humains, mais ces humains, ces autres professions et ces autres religions n’ont pas la même prétention à la charité universelle. Les prêtres sont justement jugés à hauteur de leurs prétentions et du message chrétien. Le chrétien ne doit pas s’irriter d’une inégalité démocratique dans le traitement de l’information, ni d’un deux poids-deux mesures judiciaires : il n’appartient ni à un parti ni à une fédération professionnelle.

    3. Il est évident que l’Église devrait se doter d’outils de discernement psychologiques pour évaluer les vocations et que toutes les tendances qui incitent à enfreindre le célibat et la chasteté doivent être considérées comme des obstacles au sacerdoce. Il est non moins évident que le cléricalisme, cette tendance qu’ont les clercs à se confondre avec l’Église en profitant souvent de la naturelle confiance des fidèles en l’autorité, a fait des ravages, et que de nombreux pasteurs ont développé une culture de l’excuse et de l’immunité, prétendument pour préserver l’Église, ce qui est une abomination. L’Église devrait aussi se doter d’outils de discernement adaptés pour la promotion des clercs à des positions d’autorité. Elle répondra qu’elle en a, et depuis plusieurs siècles. Force est de constater qu’ils sont inadaptés aux circonstances – surtout si ces circonstances démontrent que ceux qui les manient sont précisément ceux qu’on aurait dû écarter…

    4. Certes, il ne faut pas confondre pédophilie et homosexualité. Dans le cas du cardinal McCarrick, concerné par les accusations de Mgr Viganò, il apparaît toutefois que les harcèlements, les abus d’autorité, les relations homosexuelles sous contrainte aient été souvent à tendance éphébophile et, au moins dans un cas, celui dont la dénonciation a fini par provoquer la démission du cardinal, pédophile. Pourtant, beaucoup des contre-feux allumés contre Viganò (voir cet article d’Andrea Tornielli par exemple) tendent à gommer cette dimension et insistent sur le fait que les prêtres et séminaristes concernés par les déviances de McCarrick étaient majeurs : comme si cela était moins répréhensible… Or, pour un prêtre en position d’autorité, le harcèlement sexuel d’une personne subordonnée constitue dans tous les cas à la fois une violence sexuelle et un manquement au vœu de chasteté. Organiser ce manquement à grande échelle est évidemment encore plus ignoble, surtout quand cette autorité est crossée, mitrée et même cardinalicement pourprée.

    Voilà ce qui fonde l’inquiétude, l’indignation et l’interpellation de Mgr Viganò.

    Sur la réception faite au témoignage de Mgr Viganò

    5. Viganò ne rapporterait que des faits invérifiables, des on-dit, des conversations privées… alors qu’il fait mention de rapports remis et archivés. Dire cela, c’est volontairement oublier ce qui est objectif. Les documents évoqués par Viganò existent – ou pas. Donc, si l’Église veut, elle peut les rendre public. Elle s’y est toujours refusé jusqu’à maintenant, se mettant ainsi, et de plus en plus lourdement à chaque fois, en défaut vis-à-vis des autorités civiles quand il était avéré que les reproches étaient fondés.

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