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Foi - Page 32

  • Héritiers de la foi (homélie pour le 3ème dimanche du T.O.)

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 3e dimanche du temps ordinaire (source) :

    Héritiers de la foi

    26 janvier 2025

    Il lit, et ensuite il affirme : « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Jésus est celui qui accomplit les Écritures, qui réalise les promesses de Dieu. Avec lui, le bonheur que Dieu avait promis à son peuple est là, à portée de cœur. Le bonheur de vivre dans l’intimité de Dieu et de collaborer à son Règne de justice et de paix peut devenir le nôtre.

    Ce que Jésus a dit et fait nous est accessible par les « serviteurs de la Parole », dont saint Luc dit qu’il met par écrit le témoignage. Nous découvrons que le mot « Parole » ne correspond pas à celui des Écritures, et encore moins à celui de « Bible » qui n’existait pas encore.

    C’est pourquoi l’Église catholique enseigne que la Parole de Dieu est ce que l’on transmet dans l’Église, comme cela se faisait chez les premiers chrétiens, au sujet de Jésus et de la manière de l’accueillir. Cette Parole se trouve à la fois dans les Écritures — celles que Jésus a lues et ensuite celles que des chrétiens ont écrites, et qu’on a ensuite rassemblé — et elle se trouve aussi dans le message que l’on se transmet entre chrétiens de génération en génération, que l’on appelle la Tradition.

    Il y a beaucoup de choses dans cette Tradition, à commencer par le fait que c’est saint Luc qui a écrit cet évangile que nous venons d’entendre, que c’est Matthieu qui en a écrit un autre, qu’il y a quatre évangiles reconnus et pas un de plus, etc. On aurait tort d’opposer la Bible à la Tradition, puisque c’est la Tradition qui a fait qu’il y ait la Bible, qui n’existait pas comme telle avant l’an 400. Aucun des premiers chrétiens n’avait la Bible, mais ils avaient des livres qu’on avait accepté de lire dans la liturgie, spécialement la messe, encore qu’au début cela variait de région en région pour quelques livres périphériques : tel livre était reçu, tel autre pas.

    Il y a d’autres choses qui nous sont parvenues de bouche de chrétien à oreille de chrétien sans être écrites dans des Écritures, dans ce qui deviendra la Bible. Par exemple la manière de prier, en disant « le Seigneur soit avec vous » ou « pour les siècles des siècles » ou « amen, alléluia, hosanna ». Par bonheur on voit que saint Paul parlait ainsi aux chrétiens à qui il écrit, ou les premiers évêques lorsqu’ils écrivaient des lettres dans lesquelles ils inséraient une prière, ou encore le livre de l’Apocalypse qui renferme beaucoup de prières. Mais ce n’est pas des écrits que les premiers chrétiens imitaient, c’était plutôt leur vie qu’ils transmettaient en priant ensemble, en vivant ensemble.

    Ils se transmettaient également d’autres pratiques, comme saint Paul le suggère en félicitant un jour les Corinthiens de garder les traditions qu’il leur a transmises (1 Co 11,2 ; cf. 1 Th 4,1 et 2 Th 2,15). Nous avons ainsi hérité la pratique de prier pour les morts, dont on a ensuite retrouvé des traces archéologiques très anciennes (mausolée des Valerii, vers 180), ou la pratique de prier chaque jour le Notre Père (cf. saint Cyprien, IIIe siècle), etc.

    Ce matin encore nous nous faisons héritiers de ce grand mouvement de la Tradition qui nous met en contact avec la vie qui anime le peuple de Dieu depuis le Christ, depuis le témoignage oral des « serviteurs de la Parole », depuis les premiers martyrs qui ont donné leur vie comme le Christ. Réjouissons-nous de cette puissance de l’Esprit qui coule là pour nous dans cette eucharistie et que nous n’avons qu’à recueillir par nos cœurs grands ouverts. Que Jésus nous libère de toutes nos chaînes intérieures, afin que, dans l’Esprit Saint, nous servions joyeusement nos frères.

  • C'est aujourd'hui que s'accomplit cette parole de l'Ecriture

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     Evangile du jour : Luc, 1, 1-4 ; 4, 14-21

    Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole. C'est pourquoi j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé soigneusement de tout depuis les origines, d'en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus.

    Lorsque Jésus, avec la puissance de l'Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l'habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.

    Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »

    Ignace, sur "le Temps d'y penser", propose ce commentaire à propos de l'Evangile du jour :

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  • Jubilé : « L'espérance ne déçoit pas »... mais seulement si elle est liée au salut

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    De Nicolas Bux sur la NBQ :

    jubilé

    « L'espérance ne déçoit pas », mais seulement si elle est liée au salut

    L'Année Sainte acquiert un sens à la lumière de la vertu théologale qui nous fait mettre notre confiance dans les promesses du Christ. Ce qui n’est pas « la tension qui unit mémoire et utopie », comme le dit le Pape dans son autobiographie.

    25_01_2025

    Dostoëvski, dans son roman Les Frères Karamazov, rejette l'idée selon laquelle, dans le banquet éternel du Ciel, les méchants puissent s'asseoir à table à côté des victimes, comme si de rien n'était. Platon, dans le mythe de Gorgias, affirmait qu'à la fin, les âmes se présenteront nues devant le juge : peu importe ce qu'elles étaient, mais seulement ce qu'elles sont réellement. Cette prémonition du juste jugement de Dieu, rappelle Benoît XVI, "reste largement vraie et saine même pour le chrétien" (encyclique Spe Salvi 44). C'est pourquoi Jésus met en garde, dans la parabole du riche et du pauvre Lazare (voir Luc 16,91-31), de ne pas être riche en présomption et en possessions, afin de ne pas creuser une fosse infranchissable entre la terre et le ciel, mais de laisser un possibilité intermédiaire entre notre mort et la résurrection finale, par la charité.

    La sentence finale du juge suprême n’ayant toujours pas été prononcée, tout espoir demeure. C'est une pensée qu'avait le judaïsme ancien, certaine que soit une punition, soit une félicité provisoire, l'âme reçoit déjà après la mort, pour se purifier et guérir pour devenir mûre et entrer en communion avec Dieu. C'est la doctrine du purgatoire, mûrie. dans l'Église d'Occident, à laquelle vise la vertu d'espérance, donc appelée « théologique », « par laquelle nous désirons le royaume des cieux et la vie éternelle comme notre bonheur, en plaçant notre confiance dans les promesses du Christ et en nous appuyant sur sur nos propres forces, mais avec l'aide de la grâce du Saint-Esprit » (CEC 1817).

    Il s'agit d'un concept très différent de celui exprimé par le pape François dans l'introduction de son autobiographie récemment publiée ( Espère. L'autobiographie , Feltrinelli 2025), où il affirme que « l'espérance est avant tout la vertu du mouvement et le moteur du changement : c'est la tension qui unit mémoire et utopie pour véritablement construire les rêves qui nous attendent."
    En fait, l'espérance théologique est étroitement liée au salut dans ce monde et pour l'éternité : Spes non confundit , l'espérance ne déçoit pas ( Rm5,5), c'est pourquoi la devise de l'Année Sainte et de la rémission par indulgence des châtiments obtenus par les péchés prend tout son sens.

    Dans Le Mystère du portique de la Seconde Vertu, Charles Péguy représente l'espérance comme la sœur cadette, tenue par la main des deux aînées, la foi et la charité : mais en réalité c'est elle qui les tient ensemble. La foi qui est le commencement, selon saint Ignace d'Antioche, et la charité qui est la fin, comment s'accompliraient-elles dans l'éternité – « la charité n'aura jamais de fin » (1 Co 13,8) – sans espérance ? L'espérance est liée au salut qui commence dans ce monde à partir de la rencontre avec Jésus-Christ : il est espérance, chante la séquence pascale : Surrexit Christus spes mea.

    À ce stade, « la foi est le fondement des choses qu'on espère et la preuve de celles qu'on ne voit pas » (Hé 11, 1) : ce que cela signifie pour aujourd'hui, pour le présent de notre histoire. La foi est espérance, parce qu'en elle nous avons été sauvés par le Christ (Cf. Rm 8,24). « La rédemption nous est offerte dans le sens où nous avons reçu une espérance, une espérance fiable, grâce à laquelle nous pouvons affronter notre présent : le présent, même fatigant, peut être vécu et accepté s'il conduit vers un but et si nous pouvons être sûrs de ce but, si ce but est si grand qu'il justifie l'effort du voyage" ( Spe Salvi 1). Cela donne un sens au « franchissement du seuil de l'espérance » qui est le Christ, comme l'écrivait saint Jean-Paul II, symbolisé dans l'Année Sainte par la Porte Sainte. Bien sûr, nous espérons la santé, la paix, le travail, la naissance d'un enfant. Si l'homme est tel à cause de ses désirs qui le relient aux étoiles  (de-sidera),  alors l'espoir et le désir vont de pair, bref nous voulons que le sens de toute chose se révèle, qu'il apparaisse et devienne rencontrable. Voici la prière, qui pour saint Augustin est un exercice de désir : « En ajournant (son don) Dieu élargit notre désir ; par le désir, il élargit l'âme et, en s'élargissant, il la rend plus capable (de s'accueillir) ». La prière se conjugue avec l'espérance.

    Mais que signifie « preuve de choses qu’on ne voit pas » ? Tout ce que nous espérons ne se voit pas. Nous voyons le mal, qui se propage et érode éternellement le cœur, avec la douleur, la méchanceté, la trahison, le mensonge, la violence, la maladie, la solitude, la persécution, la moquerie de tout ce qui nous est beau et cher dans ce monde. Cette réalité présente constitue pour nous une « preuve » des choses qu'on ne voit pas encore. Voyons ça. Par conséquent, tester ce qui ne peut pas être vu signifie les mettre à l’épreuve, nous mettre à l’épreuve. Nous ne voyons pas le bien, le beau, le vrai. Nous ne voyons pas l'amour, mais ceux qui aiment, nous ne voyons pas l'énergie, mais la lumière. Ils sont la preuve, la conviction, ce qui nous gagne et nous pousse à reconnaître Dieu en toutes choses. Nous ne les voyons pas, mais ils sont là. Au baptême, nous recevons la foi qui est le début de la vie éternelle, avec laquelle nous connaissons Dieu, non pas n'importe quel dieu, mais ce Dieu qui nous a aimés jusqu'à la fin : Jésus-Christ, le Verbe fait chair pour être vu et touché. En regardant le Christ, Dieu m'écoute encore : so spes non confundit , l'espérance ne déçoit pas et nous l'apprenons à travers les prières et les rites de la liturgie. Et nous apprenons aussi l'espérance en travaillant et en souffrant : c'est surtout de l'espérance que nous avons en nous que dépend la capacité de souffrir pour l'amour de la vérité.

    La perspective du Jugement du Christ à la fin de notre vie et à la fin du monde est le lieu suprême pour exercer et apprendre l’espérance ; puisque l’injustice de l’histoire ne peut pas être le dernier mot, le retour du Christ pour juger les vivants et les morts devient nécessaire. C’est dans cette rencontre que réside le salut. Et Marie, qui va d'Élisabeth vers la montagne, est l'image de l'Église qui, à travers les montagnes de l'histoire, porte en son sein l'espérance du monde et nous rend « toujours prêts à rendre compte de l'espérance qui est en nous ». " ( 1 P 3,15-16).

  • L’Inde classée 11e sur 50 pays par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025

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    Du site "Ad extra" :

    L’Inde classée 11e sur 50 pays par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025

    24/01/2025

    Selon l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025, publié le 15 janvier par World Watch Research (WWR), le département de recherche de l’organisation Portes Ouvertes, l’Inde est classée 11e parmi les 50 pays où les chrétiens de toutes dénominations sont le plus persécutés. Le rapport 2025, qui étudie la période du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, souligne que « pour un pays qui se décrit comme la plus grande démocratie au monde, le niveau de violence contre les chrétiens depuis cinq ans est extrêmement élevé ».

    En 2024, l’Inde est classée 11e sur 50 pays où les chrétiens de toutes confessions sont le plus persécutés (sur un total de 100 pays étudiés). Ce sont les chiffres donnés par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025, le nouveau rapport (publié le 15 janvier) par l’organisation Portes Ouvertes.

    Dans son chapitre consacré à l’Inde, le rapport commence par rappeler de brefs détails sur le pays d’Asie du Sud. Sur plus d’1,4 milliard d’habitants, on compte environ 73,2 millions de chrétiens (soit 5 % de la population). La religion majoritaire est l’hindouisme (1,05 milliard de fidèles soit 73,1 %). La première religion minoritaire est l’islam (198,5 millions de fidèles soit 13,8 %), suivie du christianisme. Parmi les autres religions principales, on compte le sikhisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le bahaïsme, entre autres.

    La définition de la persécution telle qu’elle est utilisée par l’analyse de WWR (World Watch Research), le département de recherche de l’organisation Portes Ouvertes, est large et non exhaustive : « Toute hostilité vécue et résultant de l’appartenance à la foi chrétienne. Ceci peut comprendre des comportements, des paroles ou des actes hostiles ciblant les chrétiens. » Cette définition inclut notamment toute « restriction, pression, discrimination, opposition, désinformation, injustice, intimidation, marginalisation, intolérance ou violence ».

    Quatre motifs principaux de persécution sont donnés pour l’Inde, par ordre d’importance (du plus au moins fort) : le nationalisme religieux, l’hostilité ethnoreligieuse, la paranoïa dictatoriale et l’oppression clanique. Parmi les principaux vecteurs de persécution antichrétienne, on compte en particulier des responsables religieux non-chrétiens, des groupes religieux violents, des partis politiques, des membres du gouvernement, des chefs de groupes ethniques, de simples citoyens notamment en foule, ainsi que des proches (la propre famille d’un particulier).

    « Ils veulent nettoyer le pays de l’islam et du christianisme »

    Le rapport explique que durant la période étudiée (du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024), les communautés chrétiennes ont été de plus en plus menacées par les extrémistes hindous qui voient tous les chrétiens comme étrangers à la nation indienne : « Ils veulent nettoyer le pays de l’islam et du christianisme, et n’hésitent pas à utiliser la violence pour atteindre ce but. Les convertis au christianisme depuis des origines hindoues subissent l’essentiel des persécutions antichrétiennes en Inde et sont constamment sous pression afin qu’ils reviennent à l’hindouisme, en particulier via des campagnes appelées Ghar Waspi [‘revenir à la maison’]. Ils sont souvent attaqués physiquement et parfois tués. »

    L’organisation cite ensuite quelques exemples de violations signalés au cours de l’année dernière. Dans le district de Jiribam au Manipur, dans l’extrême nord-est de l’Inde, un homme de la tribu Meitei (majoritairement hindoue), appelé Soibam Saratkumar Singh, a été porté disparu durant plusieurs semaines, avant que son corps soit retrouvé le 6 juin 2024. Alors que ses ravisseurs étaient inconnus, des membres du groupe ethnique ont provoqué un déchaînement de violence en détruisant trois villages de la minorité ethnique Kuki (majoritairement chrétienne). Un homme Kuki a notamment été enlevé et porté disparu depuis (The Hindu, 8 juin 2024). Les violences ethnoreligieuses entre les deux groupes au Manipur se poursuivent depuis début mai 2023.

    Par ailleurs, en janvier 2024 dans le district de Betul au Madhya Pradesh (dans le centre du pays), un groupe de personnes appartenant au Bajrang Dal (une organisation de jeunesse politico-religieuse hindoue affiliée au Rashtriya Swayamsevak Sangh, vieille organisation ultranationaliste hindoue, et prônant la suprématie des hindous en Inde) a envahi une école missionnaire chrétienne en accusant la direction de l’établissement de conversions forcées (The Observer Post, 9 janvier 2024).

    Le 12 juin 2024, une foule issue de la même organisation du Bajrang Dal (affiliée au RSS) s’est attaquée à des familles chrétiennes dans le district de Jagdalpur, dans l’État du Chhattisgarh (dans le centre de l’Inde), en provoquant plusieurs blessés et en forçant les familles à signer un pacte de « reconversion » à l’hindouisme avant de les bannir de leurs villages. Leurs champs et leurs maisons ont été détruits et les autorités locales n’ont entrepris aucune action pour les protéger à ce jour (Maktoob Media, 25 juin 2024).

    Les élections générales de 2024, un frein contre la progression du nationalisme hindou ?

    Quelques exemples de développements positifs sont cependant évoqués par le rapport. Ainsi, au niveau national, les élections générales de 2024 (au cours desquelles le Premier ministre Narendra Modi, pro-hindou, a été réélu mais sans majorité absolue et « partiellement humilié ») peuvent être considérées comme un frein contre la progression du nationalisme hindou. Toutefois, « l’Inde est un État fédéral, et les élections régionales ont vu un nombre croissant d’États contrôlés par le parti du BJP », signale l’organisation Portes Ouvertes.

    Le rapport précise que les régions les plus difficiles pour les chrétiens en Inde tendent justement à se trouver dans les États contrôlés par le BJP (actuellement 13 États), notamment ceux d’Uttar Pradesh, du Manipur et du Chhattisgarh « où les persécutions ont été particulièrement intenses ces deux dernières années »« Pour un pays qui se décrit comme la plus grande démocratie au monde, le niveau de violence contre les chrétiens depuis cinq ans est extrêmement élevé », conclut le rapport. « La plus grande force derrière cela vient des groupes extrémistes hindous qui ciblent les religions considérées comme ‘étrangères’ au pays [telles que l’islam et le christianisme]. »

    Les grandes tendances pour l’Inde sont résumées ainsi : l’hostilité sociale contre les chrétiens a progressé ; un BJP affaiblit n’exercera probablement aucune pression morale sur les activités des groupes favorables à l’hindutva (l’idéologie nationaliste hindoue) ; enfin, un contrôle renforcé est constaté sur les médias, et l’espace réservé à l’expression libre et dissidente risque de continuer de se réduire à l’avenir.

  • La conversion de saint Paul (25 janvier) (Benoît XVI)

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    3-conversion-of-st-paul-fra-angelico.jpgLors de l'audience générale du mercredi 3 septembre 2008, Benoît XVI a consacré sa catéchèse à la conversion de saint Paul :

    Chers frères et sœurs,

    La catéchèse d'aujourd'hui sera consacrée à l'expérience que saint Paul fit sur le chemin de Damas et donc sur ce que l'on appelle communément sa conversion. C'est précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30 du 1er siècle, et après une période où il avait persécuté l'Eglise, qu'eut lieu le moment décisif de la vie de Paul. On a beaucoup écrit à son propos et naturellement de différents points de vue. Il est certain qu'un tournant eut lieu là, et même un renversement de perspective. Alors, de manière inattendue, il commença à considérer "perte" et "balayures" tout ce qui auparavant constituait pour lui l'idéal le plus élevé, presque la raison d'être de son existence (cf.Ph 3, 7-8). Que s'était-il passé?

    Nous avons à ce propos deux types de sources. Le premier type, le plus connu, est constitué par des récits dus à la plume de Luc, qui à trois reprises raconte l'événement dans les Actes des Apôtres (cf. 9, 1-19; 22, 3-21; 26, 4-23). Le lecteur moyen est peut-être tenté de trop s'arrêter sur certains détails, comme la lumière du ciel, la chute à terre, la voix qui appelle, la nouvelle condition de cécité, la guérison comme si des écailles lui étaient tombées des yeux et le jeûne. Mais tous ces détails se réfèrent au centre de l'événement:  le Christ ressuscité apparaît comme une lumière splendide et parle à Saul, il transforme  sa  pensée  et  sa  vie  elle-même. La splendeur du Ressuscité le rend aveugle:  il apparaît ainsi extérieurement ce qui était sa réalité intérieure, sa cécité à l'égard de la vérité, de la lumière qu'est le Christ. Et ensuite son "oui" définitif au Christ dans le baptême ouvre à nouveau ses yeux, le fait réellement voir.

    Dans l'Eglise antique le baptême était également appelé "illumination", car ce sacrement donne la lumière, fait voir réellement. Ce qui est ainsi indiqué théologiquement, se réalise également physiquement chez Paul:  guéri de sa cécité intérieure, il voit bien. Saint Paul a donc été transformé, non par une pensée, mais par un événement, par la présence irrésistible du Ressuscité, de laquelle il ne pourra jamais douter par la suite tant l'évidence de l'événement, de cette rencontre, avait été forte. Elle changea fondamentalement la vie de Paul; en ce sens on peut et on doit parler d'une conversion. Cette rencontre est le centre du récit de saint Luc, qui a sans doute utilisé un récit qui est probablement né dans la communauté de Damas. La couleur locale donnée par la présence d'Ananie et par les noms des rues, ainsi que du propriétaire de la maison dans laquelle Paul séjourna (cf. Ac 9, 11) le laisse penser.

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  • La conversion de saint Paul

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    caravage.png

    la conversion de saint Paul par le Caravage

    De missel.free.fr :

     25 janvier - la conversion de saint Paul

    Sur la route de Damas, à la tête d’une troupe de fanatiques, chemine un homme de trente ans, qu’on appelle alors Saul (plus exactement Shaoul). Juif de race, grec de fréquentation, et politiquement romain, il a bénéficié de trois cultures, il connait le grec, l'araméen et l’hébreu. Il revendique une double citoyenneté, celle de Tarse1 et celle de Rome. A Tarse, sa ville natale, il n’a fréquenté que les écoles de grammaire, puis il est allé chercher à Jérusalem sa culture supérieure à l’école de Gamaliel2. Moins tolérant que son maître il s’est vite mué en persécuteur des chrétiens. On le voit garder les vêtements de ceux qui lapident Etienne, ravager l’Eglise de Jérusalem et obtenir un mandat officiel pour engager des poursuites contre les chrétiens de Damas.

    Avant de parvenir à Damas, Saul rencontre le Christ et sa destinée en est toute changée. De ce grand événement, nous possédons trois récits inspirés : saint Paul rapporte lui-même les faits dans son discours apologétique aux Juifs de Jérusalem et dans son éloquente plaidoirie devant le roi Agrippa ; saint Luc raconte cet épisode au début des Actes des Apôtres.

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  • Biden a porté un grave préjudice au témoignage public catholique aux États-Unis

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    De George Weigel sur First Things (le titre est un peu abscons lorsqu'on ignore ce que sont le "Last Hurrah" et le "catholic lite" ("catholicisme allégé"), mais, à la lecture de l'article, on comprend ce dont il s'agit) :

    Joe Biden : Quand le Last Hurrah a rencontré le Catholic Lite

    Cette lettre reflétait un profond consensus parmi les évêques américains. Pourtant, le Vatican a tenté de retarder sa publication, comme l'ont fait plusieurs évêques dont les moyennes de réussite aux élections de l'USCCB sont systématiquement inférieures à la ligne Mendoza. Certains de ces évêques ont ensuite marqué les limites de leur collégialité en déplorant publiquement et avec colère la lettre de l'archevêque Gómez. 

    Que pensent maintenant les critiques de Gómez ?

    Le président Biden, qui menaçait de « fourrer son chapelet dans la gorge » de quiconque suggérait que son parti était le parti de la laïcité, a dirigé, au cours des quatre années suivantes, l’administration la plus farouchement pro-« choix » de l’histoire américaine – avec le président comme principal défenseur d’une autorisation d’avortement sans restriction et sans réglementation, sur laquelle il a redoublé d’efforts après que la décision Dobbs de la Cour suprême de 2022 a relégué aux oubliettes constitutionnelles un « droit » fédéral fallacieux à l’avortement. Cette incitation a pris de nombreuses formes ; elle a été résumée de manière grotesque par la remise par Biden de la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile américaine, à Cecile Richards, chef de file de longue date de Planned Parenthood.

    Mais ce n’était pas tout. 

    Sous l’administration Biden, l’idéologie du genre – une attaque frontale contre l’idée biblique de la personne humaine et une menace pour la liberté religieuse – s’est ancrée dans pratiquement toutes les agences fédérales . Il n’est donc pas surprenant que l’administration ait promu le « mois des fiertés » et le programme LGBTQ+, alors même qu’il devenait empiriquement démontrable que la « transition » n’améliorait pas les résultats en matière de santé mentale au fil du temps, et que les interventions chirurgicales et les bloqueurs de puberté sur les jeunes souffrant de dysphorie de genre méritaient d’être condamnés comme des maltraitances envers les enfants. 

    Et ce n’était pas tout.

    En poursuivant un programme qui pourrait être correctement décrit, non pas simplement comme « non catholique », mais comme anticatholique, le président Biden a travaillé main dans la main avec une autre catholique de la même génération, Nancy Pelosi : qui, comme de nombreux autres hauts fonctionnaires , a contribué à cacher au public la détérioration cognitive du président – ​​jusqu’à ce que cette tromperie implose après la performance de zombie de Biden lors du débat présidentiel de juin 2024. Pelosi et Biden ont ensuite arrangé pour remettre la nomination démocrate à Kamala Harris : qui était, si possible, encore plus farouchement dévouée à la déconstruction de l’idée biblique de la personne humaine via le permis d’avortement et le programme LGBTQ+ que Biden et l’ancien président de la Chambre.

    J’aimerais avoir pitié de l’ancien président, mais c’est une position difficile. Ceux qui l’observent depuis des décennies savent depuis longtemps que Joe Biden est un mélange peu brillant de facilité, d’ambition et d’audace, avec une faible compréhension de la vérité de son propre curriculum vitae et une compréhension nulle de l’éthique catholique telle qu’elle s’applique aux questions de la vie. Le fait qu’une croyance arrogante en sa propre indispensabilité l’ait conduit à mettre le pays en danger en niant la réalité de ses propres incapacités rend la pitié encore plus difficile à obtenir. Il faut cependant dire aussi que les pasteurs de Biden dans la capitale du pays et dans le Delaware doivent peut-être assumer une part de responsabilité dans ce domaine. Ont-ils tenté de faire appel à sa piété en l’amenant à reconnaître l’erreur de ses jugements moraux sur la politique publique, ou de l’aider à faire face à sa situation personnelle ? Si non, pourquoi pas ? 

    Alors qu’il disparaît de la scène publique, Joe Biden me semble être un étrange hybride de catholicisme ethno-tribal préconciliaire, de style Last Hurrah (*), et de progressisme catholique postconciliaire. Il a été un président accidentel, nommé parce que son parti s’étouffait à l’idée de voir Bernie Sanders, menchevik du Vermont et en lune de miel à Moscou, comme candidat à la présidence. Pourtant, ce président accidentel, qui a atteint le poste qu’il convoitait bien après que toute capacité qu’il avait à répondre aux exigences de ses partisans se soit dissipée, a porté un grave préjudice au témoignage public catholique aux États-Unis. Il l’a fait à une époque où le wokery protestant libéral, la soif de pouvoir des protestants évangéliques et les agressions laïques se sont combinées pour tourner en dérision la réflexion morale sérieuse sur la place publique américaine, et où les idées de la doctrine sociale catholique étaient cruellement nécessaires.

    Comme ils le sont toujours.

    (*) "The Last Hurrah révèle des vérités politiques toujours d'actualité : ce que les caméras capturent n'est que le visage souriant d'une entreprise parfois sordide qui consiste à donner au peuple ce qu'il veut."

  • Les cardinaux Sarah, Müller et Burke encouragent les prêtres à faire face aux défis actuels

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Les cardinaux Sarah, Müller et Burke encouragent les prêtres à faire face aux défis actuels

    Lors d'une réunion du clergé catholique à Rome, le trio de cardinaux a souligné le rôle unique et indispensable des prêtres à cette époque de l'histoire de l'humanité.

    Le clergé se rassemble pour une photo lors de la troisième Convocation internationale de la Confrérie du clergé catholique, qui s'est tenue du 13 au 17 janvier à Rome.
    Le clergé se rassemble pour une photo lors de la troisième convocation internationale de la Confrérie du clergé catholique, qui s'est tenue du 13 au 17 janvier à Rome. (photo : Edward Pentin)

    CITÉ DU VATICAN — Les cardinaux Robert Sarah, Gerhard Müller et Raymond Burke se sont réunis à Rome la semaine dernière pour encourager les prêtres dans la vérité, la beauté et la bonté de leur mission, offrant une inspiration face à l'opposition non seulement du monde mais aussi de l'intérieur de l'Église.

    S'exprimant lors de la troisième convocation internationale de la Confrérie du clergé catholique , du 13 au 17 janvier, les cardinaux ont constamment souligné le rôle unique et indispensable des prêtres, particulièrement à cette époque de l'histoire de l'humanité. 

    La Confraternité du clergé catholique est une association de base qui regroupe plus de 500 prêtres catholiques du monde entier, avec des filiales en Australie, en Grande-Bretagne et en Irlande. Elle est née des troubles postconciliaires des années 1970 pour encourager le clergé à rester prêtre et à rester fidèle à sa vocation. 

    En se concentrant sur le thème « Vérité et mission du prêtre », le cardinal Müller a souligné que les prêtres sont des représentants de Jésus-Christ et jamais de simples fonctionnaires d’un système religieux, ni même des représentants de leur évêque. 

    Le cardinal allemand a déclaré aux 75 prêtres présents, dont la plupart venaient d'Australie, des États-Unis et d'Angleterre, qu'ayant été appelés à être apôtres, ils sont « des disciples du Seigneur trahi, condamné et crucifié » et que leur fonction est donc très différente des postes de pouvoir séculiers. « Nous ne sommes pas des personnalités éminentes », a-t-il déclaré dans une déclaration improvisée.

    Les prêtres, a poursuivi le préfet émérite du Dicastère pour la doctrine de la foi, « se heurtent souvent à l’hostilité, se heurtent à un mur de silence et se retrouvent tournés en dérision comme étant déconnectés du monde ».

    Ils doivent donc « prendre conscience de la gloire de leur ministère » afin de pouvoir « faire face aux souffrances » qu’ils rencontreront. Mais ils ont aussi besoin de « réconfort » et de « renforcement spirituel dans leur foi » de la part du pape, de leurs évêques et de leurs supérieurs religieux, qui devraient être « un exemple et un modèle » pour les prêtres dans leur « vie spirituelle et morale » plutôt que des fomentateurs de « paternalisme et de réprimandes publiques ».

    Faisant référence au fait que les prêtres ne sont pas à l’abri du « découragement et de la dépression », le cardinal Sarah a mis l’accent sur la « beauté de la mission du prêtre » et a exhorté le clergé réuni à se rappeler la beauté de sa vocation, de sa première messe et de son témoignage en apportant le Seigneur aux autres, qui « reste intacte, même si nous sommes plus âgés, fatigués ou découragés ». 

    Le cardinal africain a déclaré que, théologiquement, la beauté n’est pas avant tout une question d’esthétique, et ne se trouve certainement pas dans le subjectivisme de la foi, de la morale ou du culte – qui, a-t-il dit, est « faux », « ne vient pas de Dieu » et « conduit les âmes en enfer, pas au paradis ». 

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  • Semaine de prière pour l'unité des chrétiens : l’Église et l’Europe respirent avec deux poumons

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    De Cyril Vasily SJ* sur la NBQ :

    semaine de prière pour l'unité des chrétiens

    L’Église et l’Europe respirent avec deux poumons

    Tournons-nous vers l’union passée entre l’Est et l’Ouest pour guérir les fractures ecclésiales et politiques. Sur  La Bussola Mensile  Msgr. Cyril Vasiľ retrace la route principale indiquée par saint Jean-Paul II. Un extrait du numéro de janvier.

    24_01_2025

    L’élection au trône papal de l’archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła, le 16 octobre 1978, est entrée de manière surprenante dans l’histoire de l’Église, bouleversant les anciens paradigmes ecclésiaux et culturels. (...) En fait, la division européenne de cette période n'était pas seulement politique, mais surtout religieuse et spirituelle. C’est pour cette raison que Jean-Paul II a perçu avec urgence la nécessité de promouvoir l’unité des chrétiens. Dans ce voyage, il fait référence à la figure symbolique du poète et peintre russe Vjačeslav Ivanov.

    Le 17 mars 1926, Ivanov avait confessé le Credo catholique dans la basilique Saint-Pierre de Rome et, comme il l'écrivait à Charles du Bos, avait la conscience de «se sentir pour la première fois orthodoxe au sens plein de ce mot, en pleine possession de le trésor sacré qui était mien depuis le baptême, et dont la jouissance, au fil des années, n'avait pas été exempte d'un sentiment de mal-être, devenu peu à peu souffrance, d'être séparé de l'autre moitié de ce trésor vivant de sainteté et grâce, et respirer, pour ainsi dire, comme un phtisique qui n'a qu'un seul poumon » (V. Ivanov, Lettre à Charles Du Bos , 1930, dans V. Ivanov et M. Gerschenson, Correspondance d'un coin à l' autre , Éd. L'Âge d'Homme, Lausanne 1992).

    Paraphrasant cette description d'un converti russe, le 31 mai 1980, à Paris, devant les représentants des communautés chrétiennes non catholiques, le pape Jean-Paul II déclarait : « On ne peut pas respirer en tant que chrétiens, je dirais plutôt en tant que catholiques. , avec un seul poumon ; il faut avoir deux poumons, c'est-à-dire celui de l'Est et celui de l'Ouest » ( Allocutio Lutetiae Parisiorum ad Christianos fratres a Sede Apostolica seiunctos habita , 31 mai 1980 : AAS 72 [1980] 704).

    Raviver la sensibilité à l’Orient chrétien est une condition fondamentale pour pouvoir avancer sur le chemin de l’unité des chrétiens. (...) Pour Jean-Paul II, l'héritage des Pères, dont témoigne l'expérience vivante et vivante de l'Orient chrétien profondément enracinée en eux, était la voie principale pour redécouvrir l'unité d'une Église indivise et un chemin pour surmonter les divisions politico-sociales provenant en partie de la division confessionnelle.

    La recherche de l'unité des chrétiens était, selon Jean-Paul II, également indissociable de la recherche de l'unité européenne., l'un des thèmes clés de son pontificat. Cette conception a été exprimée par le pontife dans son magistral discours sur l'Europe, prononcé à Saint-Jacques-de-Compostelle le 9 novembre 1982. Pour Jean-Paul II, l'histoire de la formation des nations européennes est parallèle à celle de leur évangélisation, au point que l'histoire de la formation des nations européennes est parallèle à celle de leur évangélisation. Les frontières européennes coïncident avec celles de la pénétration de l'Évangile. Après vingt siècles d'histoire, malgré les conflits sanglants qui ont opposé les peuples d'Europe les uns aux autres et malgré les crises spirituelles qui ont marqué la vie du continent, force est de constater encore que l'identité européenne est incompréhensible sans le christianisme. La rencontre entre l’Évangile et les cultures a fait de l’Europe un « laboratoire » dans lequel, au fil des siècles, se sont consolidées des valeurs significatives et durables.

    Cette vision de l’unité spirituelle européenne n’a rien de nouveau. Cependant, au début des années 1980, Jean-Paul II a relancé cette idée, en y ajoutant l'image suggestive d'une Europe qui respire avec deux poumons (occidental et oriental), identifiable dans les figures des saints Benoît de Nursie et Cyrille et Méthode, patrons de 'Europe. Jean-Paul II a souligné que Benoît savait unir le romanisme à l'Évangile, le sens de l'universalité et du droit à la valeur de Dieu et de la personne humaine. Avec sa célèbre devise « ora et labora » (prier et travailler), il nous a laissé une règle qui est encore valable aujourd'hui pour l'équilibre de la personne et de la société. Cyrille et Méthode ont cependant pu anticiper certaines conquêtes que l'Église a pleinement assumée lors du Concile Vatican II concernant l'inculturation du message évangélique dans leurs civilisations respectives, assumant le langage, les coutumes et l'esprit du lignage dans toute leur plénitude. Ils y parvinrent au IXe siècle, avec l'approbation et le soutien du Siège Apostolique, commençant ainsi la présence du christianisme parmi les peuples slaves, qui perdure encore aujourd'hui, malgré les difficultés du moment. (...)

    Dans cette double référence de Jean-Paul II - c'est-à-dire aux deux poumons d'une Église indivise et aux figures des saints Cyrille et Méthode comme témoins de l'union passée entre l'Orient et l'Occident et précurseurs d'une union renouvelée - on peut noter toute l'appréciation que le saint Pontife a manifestée envers les Églises orientales tout au long de son pontificat.
    Cette valorisation de l'Orient chrétien dans son ensemble a également amené Jean-Paul II à valoriser la présence actuelle des Églises orientales catholiques, témoins de la fidélité et de l'unité avec Pierre et avec l'Église de Rome, et porteuses de la grande tradition de l'Orient chrétien, enraciné dans la tradition des apôtres.

    Jean-Paul II faisait référence à toutes ces réalités dans son discours aux gréco-catholiques slovaques du 2 juillet 1995, dans lequel on peut saisir son sentiment à l'égard des Églises orientales : « L'unité de l'Église du Christ est embellie par la koinonia des diversités légitimes qui, tout au long de l'histoire, ont permis la l'annonce vivifiante de l'Évangile pour qu'elle devienne le patrimoine et la tradition propre à chaque peuple. Vous, frères et sœurs de rite oriental, avez conservé votre liturgie pendant des siècles, vous avez rassemblé un héritage spirituel aux multiples facettes qui caractérise votre Église et qui s'exprime dans les édifices sacrés, les icônes, les chants et les dévotions. Soyez reconnaissants envers Dieu pour les richesses qui vous ont été accordées et restez fidèle aux dons qu’Il ​​vous a accordés ! (...)".

    Les paroles du Pontife concernant la nécessaire sauvegarde de la présence enrichissante des communautés catholiques orientales ont une signification universelle, encore plus accentuée aujourd'hui. Pensons, par exemple, aux communautés catholiques orientales qui vivent dans un contexte religieux et culturel majoritairement latin ou, plus encore, non chrétien, comme dans le Moyen-Orient contemporain, où l'on constate une diminution ou, pour mieux dire, un « assèchement » des communautés dû aux guerres et aux flux migratoires qui en découlent. Aujourd’hui plus que jamais, l’appel à sauvegarder ces communautés devient prophétique.

    * Archevêque éparchial de Košice (Slovaquie)

  • 19 mars : 15è édition de la "Marche des Hommes"

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    Communiqué de presse

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    « Qui suis-tu ? » sera le thème de la 15è édition de la Marche des Hommes avec saint Joseph ce 19 mars 2025. Plus de 300 hommes sont attendus autour de 7 abbayes et hauts lieux partout en Belgique.

    Orval, le 22 janvier 2024. Le mercredi 19 mars 2025 tombe un mercredi, en plein milieu de la semaine, au début du carême. Quelques centaines d’hommes vont se libérer pour se ressourcer dans la nature lors de la 15è édition de la marche des hommes avec saint Joseph.

    Autour de 7 abbayes et hauts lieux

    Partie spontanément en 2010 d'un petit noyau sans grand plan stratégique, elle se déploie cette année partout en Belgique, autour de 7 abbayes et hauts lieux, principalement trappistes. Ces 7 marches ont lieu en parallèle et ont rassemblé environ 300 hommes en 2024 : Orval, Chimay, Val-Dieu, West Vleteren, Beauraing, Diest, La Cambre.

    Depuis le lancement, plus de 1.700 hommes ont déjà marché avec saint Joseph. Cette marche s’adresse à tous les hommes, pères, époux, célibataires, prêtres, de toutes générations et de toutes conditions physiques ou sociales, croyants ou en questionnement. C’est une initiative d’hommes membres ou amis de la Communauté de l’Emmanuel en Belgique, mouvement catholique, tandis que les mères sont invitées à la marche des mères des 5 et 6 avril à Banneux.

    « Qui suis-tu ? »

    Le but de cette journée était de permettre aux participants de prendre du temps pour eux, avec les autres, avec leurs questions, et, librement, avec Dieu. Le tout sous le regard de saint Joseph, père terrestre de Jésus de Nazareth. Cet évènement est aussi une démarche de carême, cette période de 40 jours durant lesquels les chrétiens cheminent vers la fête de Pâques, cœur de la foi chrétienne. Le thème de la marche 2025 est « Qui suis-tu ? ». Dans ces temps particuliers, qui voulons-nous suivre dans le fond ? Quel leader inspirant voulons nous suivre ? Ce thème fait référence à l'évangile de Jean 14,6 où Thomas demande à Jésus : «Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ?». Jésus lui répond : «Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi». Et si nous devenions des "followers" de Jésus ?

    Le concept de la journée

    Le concept de la marche des hommes avec saint Joseph est simple. Après l’accueil vers 8h15 et un petit café-croissant, la journée débute par un temps de prière-louange animée avec des instruments. Le thème est expliqué pour donner la couleur de la journée. La marche fait environ 12-13km, ce qui permet des temps de pause, de témoignages en pleine nature, des moments de partage, de contemplation. Une messe est célébrée sur le parcours. Il y a de nombreuses rencontres inspirantes. La journée se termine par une dégustation de bières trappistes. Certains lieux étant plus éloignés, il est proposé d’être accueilli dès la veille, le mardi 18 mars soir, pour un temps convivial et de témoignages ainsi qu'un logement.

    « Chaque 19 mars, depuis 2010, peu importe la météo, peu importe le jour de la semaine, nous marchons. Le fait de libérer son agenda d’une journée est déjà une première étape pour un éventuel discernement important », explique José Beaudoint, directeur d’entreprise et coordinateur de la marche des hommes avec saint Joseph, autour des 7 abbayes et hauts lieux.

    Saint Joseph

    Patron de la Belgique, patron des travailleurs et des pères de familles, Saint Joseph a même sa statue sur le bureau du pape François qui l’apprécie particulièrement et ne manque pas de le faire savoir.

    « Saint Joseph, c'est un homme tout à fait fascinant, un homme de silence. Cela, c'est quand même important dans notre société d'agitation », dit l’abbé Vincent Jemine, curé de Neupré. Avec deux autres prêtres, il accompagnait la marche autour de l’abbaye de Val-Dieu en 2024 qui regroupait 75 marcheurs. « C’est un homme qui était aussi à l’écoute de ce que le seigneur attendait de lui, même dans ses songes ou à travers des événements. Les évangiles racontent que Joseph est prêt, au taquet, à faire ce que le Seigneur lui demande. Je constate que la personne de saint Joseph parle aux hommes d'aujourd'hui ».

    Informations et inscriptions

    Sites : www.marche-de-saint-joseph.be - www.sint-jozefstocht.be
    Inscriptions : https://bit.ly/MarcheSaintJoseph2025
    Page Facebook : https://www.facebook.com/marchedesaintjosephbelgique
     
    Contacts :
    Coordination : José Beaudoint : +32 (497) 06 77 66
    Resp. communication : Jacques Galloy info@marche-de-saint-joseph.be

    En partenariat avec 1RCF Belgique et les radios RCF, CathoBel/Dimanche et Egliseinfo.be.

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    Témoignages

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    José Beaudoint, coordinateur de la marche, a donné une interview sur 1RCF Belgique : podcast et article avec citations libres de droits :

    La marche des hommes avec Saint Joseph | 1RCF Belgique

    « Je suis rentré chez moi avec l’impression d’avoir passé une semaine de vacances en quelques heures ;) » Benoit

    « Merci pour cette marche de gratitude envers Dieu et la Vie. Gratitude parce que nous recevons beaucoup, et quand une situation difficile se présente, elle contient en germe un espoir à révéler. » Eric

    Lode, évêque de Gand : « Je me souviens encore de votre passage à l'abbaye d'Orval lorsque j’y étais le père abbé. Maintenant, je suis évêque à Gand. Je vous souhaite le meilleur pour cette belle initiative. Le pape François a écrit une belle lettre sur saint Joseph (Patris corde - Avec le cœur d'un père). Il le voit comme un guide pour les croyants dans les moments difficiles. Il loue son courage créatif et sa modestie, sa tendresse et sa responsabilité. Dans cet esprit, je marche avec vous dans mes pensées. Je vous porte dans mes prières. »

    « Ce rendez-vous d'homme, de tout bord, de toute la Belgique, pour partager dans un environnement magnifique autour d'une abbaye est un must. Découvrir et approfondir ma relation à Saint Joseph, père comme moi est une merveille. Le prendre en exemple devient un objectif. Lui demander de l'aide pour mes amis et ma propre famille une évidence. J'ai découvert cela grâce aux témoignages des autres. Pouvoir parler, en baissant la garde de l'homme parfait, fort sans soucis; pouvoir parler de ce que l'on vit ou a vécu; se sentir écouté sans être jugé est véritablement ce que la société n'offre pas souvent. La marche de Saint Joseph le permet. Une belle fraternité universelle en ressort entre des hommes qui au départ ne se connaissent pas obligatoirement. Cela fait du bien. ... » a témoigné Henri après avoir marché le 19 mars 2024

    François témoigne après avoir participé à l’édition 2024 : « J'ai un emploi du temps super chargé comme beaucoup de monde je pense. Faire une pause et déconnecter, pour le Seigneur, c'est vraiment chouette. Une journée complète de marche avec des temps de silence et des temps de partage fraternel, cela permet de faire le point, de relativiser certaines choses et de repartir avec un nouvel élan. »

    « Cette marche a fait beaucoup de bien. Prendre une journée de repos, d'arrêt, en semaine et confier sa journée à Saint-Joseph est un luxe », dit Pierre-Louis, architecte trentenaire. « Ce qui m’a le plus touché, c’est le temps de partage », poursuit Eric, directeur commercial. « Nous avons eu une halte de 45 minutes sur notre chemin. Cela nous a permis de partager sur le but de notre vie et de nous écouter avec beaucoup de respect alors que nous ne nous connaissions pas. Une bienveillance extraordinaire. »

  • Saint François de Sales : un évêque de Contre-Réforme

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    On fête aujourd'hui ce grand évêque auquel un livre éclairant fut consacré il y a quelques années. Le blog de Francis Richard présente cet ouvrage :

    St-Francois-de-Salles-RICHARDT.jpg"Saint François de Sales et la Contre-Réforme" d'Aimé Richardt

    Depuis vingt ans Aimé Richardt écrit en moyenne un livre par an. Hormis un livre sur Louis XV, tous ses livres sont consacrés à des personnages - ou à des thèmes - des XVIe et XVIIe siècles, de préférence religieux.

    Cette fois, il s'est intéressé à un saint qui a joué un grand rôle dans la renaissance catholique en France voisine, François de Sales.

    Le terme de Contre-Réforme est anachronique, puisque l'auteur précise en exergue de son livre qu'il n'apparaît qu'au XVIIIe siècle finissant sous la plume d'"un juriste de Göttingen, Johann Stefan Pütter (1776), pour désigner, non un mouvement d'ensemble, mais un retour opéré de force d'une terre protestante à des pratiques catholiques...".

    Or, Saint François de Sales et la Contre-Réforme montre tout le contraire, à savoir que Saint François de Sales a opéré le retour de terres protestantes à des pratiques catholiques par la seule prédication de la charité fraternelle et par des prières ardentes.

    Certes le saint savoyard se montrera ferme tout le long de sa vie, mais il sera doux tout à la fois. Ce que lui reprocheront des catholiques provocateurs tels que Jules Barbey d'Aurevilly ou intransigeants comme Léon Bloy.

    Avant la naissance de François de Sales, dans les années 1530, les réformés, emmenés par Berne, convertissent Lausanne et Genève par la force, c'est-à-dire en dévastant et en détruisant des églises, en malmenant physiquement des prêtres, en leur donnant des ultimatums pour se convertir et en leur interdisant de dire la messe. En 1535, l'évêque de Genève est même contraint de quitter la ville...qui devient dès lors ville protestante.

    François de Sales naît le 21 août 1567 au château familial situé près de Thorens, proche d'Annecy. Après être allé à l'école de La Roche (1573-1575), il fait trois années de collège à Annecy (1575-1578), avant d'être envoyé au Collège de Clermont à Paris, où il suit pendant quatre ans (1578-1582) le cursus de grammaire, de rhétorique et d'humanité. De 1582 à 1584 il suit les cours de lettres et d'arts libéraux à la Faculté des arts, puis de 1584 à 1588 ceux de philosophie et de théologie.

    Pendant ce séjour parisien, durant six semaines, fin 1586 début 1587, il traverse une crise mystique "en découvrant les disputes théologiques sur la doctrine de la prédestination". Comme le dit l'évêque de Gap, Mgr Jean-Michel Di falco Léandri dans sa préface:

    "Aujourd'hui, le débat s'est déplacé. La question, chez nombre de contemporains, n'est plus: "Suis-je sauvé ou non ?", mais: "Vais-je vers le néant ou non? Vais-je vers l'indifférencié ou non? Ne suis-je qu'un conglomérat de particules élémentaires ou non?"

    Mais ce qui est remarquable, c'est que cette question, même si elle est déplacée, porte, elle aussi, en elle la question de la liberté de l'homme: "Mes gènes me conditionnent-ils ou non?"

    Toujours est-il que c'est à Padoue où il poursuit des études de droit et de théologie (1588-1591) que François s'apaise après avoir lu, sur la recommandation de son confesseur, le livre du père jésuite Luis Molina sur La concordance du libre-arbitre avec les dons de la grâce.

    En 1592, après être retourné en Savoie, François devient avocat à Chambéry en novembre. L'année suivante il décline les lettres patentes de sénateur que lui accorde le duc de Savoie, ce qui peine son père, qui est encore plus peiné d'apprendre que son fils aîné veut servir Dieu et qu'il vient d'être nommé prévôt du chapitre de Saint Pierre de Genève.

    En 1594, François de Sales se rend en Chablais entièrement acquis, par la force, aux calvinistes (il n'y a plus qu'une poignée de catholiques). Non sans mal il va le convertir par la voie d'amour, en commençant par prêcher dans sa capitale, Thonon:

    "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut l'envahir, par la charité qu'il faut la reconquérir. Je ne vous propose ni le fer, ni la poudre dont l'odeur et la saveur évoquent la fournaise de l'enfer."

    A cette occasion il va innover, en 1595, en ajoutant l'apostolat par la presse à ses prédications qui n'attirent au début que de faibles auditoires. Tant et si bien qu'à la Noël 1596 toutes ses entreprises de conversion, en dépit de multiples embûches dressées par les réformés, commencent à porter leurs fruits et se traduisent peu à peu par un renversement de la situation, qui ne sera complet qu'en 1598.

    Tout le restant de sa vie François de Sales va promouvoir cette voie d'amour qui a si bien réussi au Chablais avec le retour à la foi catholique de ses habitants. Cette voie est pour lui applicable en toutes circonstances, même s'il échoue, en l'empruntant, à convertir Théodore de Bèze, qu'il rencontre à plusieurs reprises.

    Quand il impose à Jeanne de Chantal des règles difficiles à observer, il lui écrit:

    "Il faut tout faire par amour et rien par la force; il faut plus aimer l'obéissance que craindre la désobéissance."

    La vie de François de Sales est bien remplie. Il est coadjuteur, puis successeur de l'évêque de Genève. Il reprend en mains les prêtres de son diocèse dont il connaît toutes les villes. Il répond à tous ceux qui lui écrivent. Il fonde des monastères avec Jeanne de Chantal. Il écrit des livres, dont L'introduction à la vie dévote (qui a énormément de succès) et le Traité de l'amour de Dieu (qui en a beaucoup moins). Il convertit. Il prêche, souvent plusieurs fois par jour. Il voyage en Italie, en France. Il semble inépuisable.

    Pourtant François de Sales tombe gravement malade par trois fois, en 1590, fin 1597 début 1598, en 1622. Il se rétablit les deux premières fois. Mais la troisième il est rappelé à Dieu, à 55 ans, ce qui n'est pas mourir jeune à l'époque.

    Aimé Richardt nous restitue toute cette vie à l'aide de témoignages de contemporains, de citations de livres consacrés au saint, d'extraits des oeuvres elles-mêmes écrites par lui. Cette biographie est importante parce qu'elle nous montre un saint qui convertit par la persuasion et par le dialogue, qui aime les autres comme il aime Dieu et comme Dieu l'aime, qui est dévôt, c'est-à-dire d'une grande piété, ce qui va de pair pour lui avec la grande charité qui l'anime:

    "Si la charité est une plante", écrit-il "la dévotion est la fleur...si elle est un baume précieux, la dévotion en est l'odeur."

    En somme il s'agit d'un saint pour notre temps où, bien souvent, les imprécations, voire les injures, servent d'arguments, où beaucoup de choses sont imposées sans discussion, où il n'est pas question d'obtenir de consentement mais de contraindre.

    Francis Richard

    Saint François de Sales et la Contre-Réforme, Aimé Richardt, 270 pages, François-Xavier de Guibert

  • Saint François de Sales (24 janvier)

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    Saint_francois_de_sales.jpgLors de l'audience générale du mercredi 2 mars 2011, Benoît XVI évoquait la figure de François de Sales que l'on fête aujourd'hui :

    Chers frères et sœurs,

    «Dieu est le Dieu du cœur humain» (Traité de l’Amour de Dieu, I, XV): dans ces paroles apparemment simples, nous percevons l’empreinte de la spiritualité d’un grand maître, dont je voudrais vous parler aujourd’hui, saint François de Sale, évêque et docteur de l’Eglise. Né en 1567 dans une région frontalière de France, il était le fils du Seigneur de Boisy, antique et noble famille de Savoie. Ayant vécu à cheval entre deux siècles, le XVIe et le XVIIe, il rassemblait en lui le meilleur des enseignements et des conquêtes culturelles du siècle qui s’achevait, réconciliant l’héritage de l’humanisme et la tension vers l’absolu propre aux courants mystiques. Sa formation fut très complète; à Paris, il suivit ses études supérieures, se consacrant également à la théologie, et à l’Université de Padoue celles de droit, suivant le désir de son père, qu’il conclut brillamment par une maîtrise in utroque iure, droit canonique et droit civil. Dans sa jeunesse équilibrée, réfléchissant sur la pensée de saint Augustin et de saint Thomas d’Aquin, il traversa une crise profonde qui le conduisit à s’interroger sur son salut éternel et sur la prédestination de Dieu à son égard, vivant avec souffrance comme un véritable drame spirituel les questions théologiques de son époque. Il priait intensément, mais le doute le tourmenta si fort que pendant plusieurs semaines, il ne réussit presque plus à manger et à dormir. Au comble de l’épreuve, il se rendit dans l’église des dominicains à Paris, ouvrit son cœur et pria ainsi: «Quoi qu’il advienne, Seigneur, toi qui détiens tout entre tes mains, et dont les voies sont justice et vérité; quoi que tu aies établi à mon égard...; toi qui es toujours un juge équitable et un Père miséricordieux, je t’aimerai Seigneur (...) je j’aimerai ici, ô mon Dieu, et j’espérerai toujours en ta miséricorde, et je répéterai toujours tes louanges... O Seigneur Jésus, tu seras toujours mon espérance et mon salut dans la terre des vivants» (I Proc. Canon., vol. I, art. 4). François, âgé de vingt ans, trouva la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu: l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin; ne plus demander ce que Dieu fera de moi: moi je l’aime simplement, indépendamment de ce qu’il me donne ou pas. Ainsi, il trouva la paix, et la question de la prédestination — sur laquelle on débattait à cette époque — s’en trouva résolue, car il ne cherchait pas plus que ce qu’il pouvait avoir de Dieu; il l’aimait simplement, il s’abandonnait à sa bonté. Et cela sera le secret de sa vie, qui transparaîtra dans son œuvre principale: le Traité de l’amour de Dieu.

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