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International - Page 233

  • Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, un homme de peu de foi ?

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    Cardinal Zen : « le secrétaire d’Etat du Vatican se trompe » (source)

    Ce qui va suivre est la traduction intégrale d’un article publié en chinois le 5 février sur le blog du cardinal Joseph Zen Zekiun, archevêque émérite de Hong Kong.

    Zen répond aux réactions du Vatican qui ont suivi sa précédente intervention :

    > Risque de Schisme en Chine.  Le cardinal Zen : « Le pape m’a dit… »

    Ces dernières déclarations avaient effectivement donné lieu à une déclaration du directeur de la salle de presse du Vatican, à une interview du cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin et à des spéculations sur un accord imminent entre le Saint-Siège et la Chine.

    *

    Quatre observations

    de Joseph Zen Zekiun

    Certaines personnes qui me veulent du bien m’ont conseillé de prier plus et de parler moins. Il est juste de prier plus, parce que le Seigneur est notre espérance et que nous avons confiance en l’intercession de la Vierge Marie, la Mère de Dieu.

    On m’a probablement conseillé cela par peur qu’en parlant trop, je risque d’être plus facilement attaqué. Mais je n’ai pas peur, pour autant que mes paroles soient justes et utiles.  À mon âge, peu m’importe de gagner ou de perdre.

    Je veux parler encore parce que j’ai le sentiment que bientôt, je ne pourrai plus parler. C’est pourquoi je vous demande pardon.

    1. Dans la lecture de la messe de ce dimanche, Job doit endurer la longue nuit de la souffrance et il se lamente de ne plus voir le bonheur de ses yeux. Mais le psaume 146 nous invite à louer le seigneur qui guérit les cœurs brisés. Ces derniers jours, les frères et les sœurs qui vivent sur le continent chinois ont appris que le Vatican est sur le point de se rendre au parti communiste chinois et ils se sentent donc mal à l’aise. Vu que les évêques illégitimes et excommuniés seront légitimés tandis que ceux qui sont légitimes seront contraints à se retirer, il est logique que les évêques légitimes et clandestins s’inquiètent du sort qui les attend.  Combien de nuits de souffrance les prêtres et les laïcs endureront-ils à la pensée de devoir s’incliner et d’obéir à ces évêques qui sont aujourd’hui illégitimes et excommuniés mais qui demain seront légitimés par le Saint-Siège, avec l’appui du gouvernement ?  D’autant que le désastre a déjà commencé aujourd’hui, sans attendre demain.  Depuis le 1 février, les nouvelles lois du gouvernement sur les activités religieuses sont entrées en vigueur.  Les prêtres clandestins de Shanghai ont demandé à leurs fidèles de ne plus se rendre à leurs messes sous peine d’être arrêtés s’ils persistaient à le faire !  Mais n’ayez pas peur car le Seigneur guérit les cœurs brisés.

    2. Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a déclaré que « nous connaissons les souffrances endurées hier et aujourd’hui par les frères et les sœurs chinois ». Mais cet homme de peu de foi sait-il ce qu’est une véritable souffrance ? Les frères et les sœurs du continent chinois n’ont pas peur d’être réduits à la pauvreté, d’être mis en prison, de verser leur sang, leur plus grande souffrance est de constater qu’ils sont trahis par les « membres de leur famille ». L’interview de Parolin est truffée d’opinions erronées (en espérant que ses discours soient cohérents avec ses pensées).  Il est indécent de la part d’un haut dirigeant du Saint-Siège de manipuler la lettre [aux catholiques chinois] d’un pape, même s’il s’est retiré, en citant la phrase (4.7) : « la solution des problèmes existants ne peut être recherchée à travers un conflit permanent avec les Autorités civiles légitimes » tout en dissimulant le fait que la lettre poursuit immédiatement en affirmant que « dans le même temps, une complaisance envers ces mêmes Autorités n’est cependant pas acceptable quand ces dernières interfèrent de manière indue dans des matières qui concernent la foi et la discipline de l’Église. »

    Au cours des JMJ en Corée, le pape a déclaré aux évêques asiatiques que « le présupposé du dialogue est la cohérence avec sa propre identité ». Des personnes bien informées aux plus hauts échelons du Saint-Siège déclarent aujourd’hui avec regret que « nous sommes comme des oiseaux en cage mais que la cage pourrait s’agrandir, nous tentons donc d’obtenir le plus grand espace possible ».  Mais le véritable problème n’est pas la taille de la cage mais la question de savoir qui se trouve à l’intérieur.  Les croyants clandestins ne sont pas à l’intérieur de cette cage.  Mais aujourd’hui vous voulez les forcer eux aussi à y entrer pour que eux aussi soient « réconciliés » avec ceux qui sont déjà à l’intérieur !  Certes, il y a dans cette cage des personnes qui y ont été contraintes mais également des personnes serviles et assoiffées de pouvoir qui s’y complaisent.  (J’ai été le premier à dire qu’en Chine, il n’y avait qu’une seule Eglise et que tous les croyants, aussi bien de l’Eglise officielle que de l’Eglise clandestine aimaient le Pape mais aujourd’hui je n’oserais plus affirmer une telle chose).

    Puisque j’ai choisi de privilégier la vérité et la justice (tout ce que je dis part du principe qu’il faut protéger la réputation du pape et afficher clairement la doctrine de l’Eglise), je n’ai pas de problème pour dire que j’ai fait part de mes opinions sur le « dialogue » au Pape François quand il m’a reçu en audience privée il y a trois ans. Le pape m’a écouté attentivement pendant quarante minutes sans m’interrompre.  Au moment où je lui dit que, objectivement parlant, l’Eglise officielle du continent chinois était schismatique (en tant qu’administration autonome indépendante du Saint-Siège mais dépendant du gouvernement), le Pape m’a répondu « Bien sûr! ».

    3. Hier, plusieurs personnes sont venues me trouver ou m’ont téléphoné pour me réconforter après les accusations portées contre moi par le porte-parole du Vatican. Mais ils ont mal compris parce que je n’ai pas besoin de réconfort. Il aurait mieux valu pour eux qu’ils aillent réconforter ce porte-parole. C’est lui qui est un oiseau en cage, contraint à accomplir une mission aussi embarrassante : cette fois il a été très efficace en critiquant immédiatement mon intervention (il a certainement lu ce qui a été écrit par d’autres).  On se souviendra qu’il y a plus d’un an, avant le XIe Congrès des Représentants de l’Eglise catholique chinoise, c’est lui qui déclarait que « le Saint-Siège attend de juger sur base de faits établis ».  Un an plus tard, ils sont encore en train d’attendre avant de tirer les conclusions qui s’imposent.

    4. Le commentateur du « South China Morning Post » mérite également toute notre miséricorde, il trouve chaque jour quelqu’un à critiquer et dont se moquer : c’est certainement un expert qui sait tout et qui pourrait donner son avis sur tous les programmes « de omnibus et aliquibis aliis ». Cette personne a écrit que je préférais la politique à la religion. Je voudrais le réveiller un peu : « Where angels fear to tread, the fools rush in », là où les anges ont peur de tomber, les fous y foncent tête baissée. Lui sait-il bien ce qu’est la religion et ce qu’est la foi ?  Il a dit que j’avais décidé de faire souffrir les croyants du continent chinois.  Mais comprend-il ce qu’est la vraie souffrance pour ceux qui ont la foi ?  Toutefois, la dernière phrase qu’il a dite était juste : « The Vatican has to readjust its wordly diplomacy, whatever its spirituel preferences », le Vatican doit rectifier sa diplomatie terrestre, quelles que soient ses préférences spirituelles.  Mais il ne s’agit pas seulement de préférences, il s’agit de principes non négociables !

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • En 2050, pour un Européen de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans

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    Démographie : en 2050 pour un Européen proche de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans (source)

    Le journaliste et universitaire Stephen Smith publie un ouvrage saisissant sur la dynamique migratoire africaine. D’une ampleur sans précédent dans l’histoire, elle sera le défi de l’Europe du XXIe siècle.

    Journaliste-écrivain et universitaire, Stephen Smith a tenu la rubrique Afrique de Libération (1988-2000) puis du Monde (2000-2005). Il a travaillé comme analyste pour les Nations unies et L’International Crisis Group [en anglais dans le texte]. Depuis 2007, il est professeur à l’Université de Duke aux États-Unis, où il enseigne les études africaines. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés en France, dont
    Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ou Oufkir, un destin marocain et d’ouvrages coécrits avec Antoine Glaser comme Ces Messieurs Afrique ou Comment la France a perdu l’Afrique.


    Présentation de l’éditeur


    L’Europe vieillit [vrai] et se dépeuple [note du carnet : pas vraiment pour l'instant]. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire [probablement]. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe siècle.

    L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100 [note du carnet : il faut se méfier des projections à 82 ans...], trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.

    L’Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.

    Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt[rait] les valeurs européennes.

    L’égoïsme [... le terme culpabilisant !] nationaliste et l’angélisme humaniste sont uniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et idéaux.


    Extraits d’un entretien sur son livre dans le Figaro

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  • Le pape est-il bien renseigné ?

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    Lu sur le site du journal Metro (Montréal) :

    Le pape François est-il mal renseigné?

    VATICAN — Que sait exactement le pape François de ce qui se passe au sein de son Église catholique de 1,2 milliard de fidèles?

    Cette question est sur toutes les lèvres depuis que le pontife a semblé ignorant du scandale sexuel qui ébranle l’Église chilienne, ce qui a terni sa récente visite de trois jours dans ce pays et l’a contraint à s’excuser peu après.

    La même question a été soulevée quand il a soudainement décidé de virer un dirigeant respecté de la banque du Vatican.

    Elle a ensuite refait surface quand un cardinal lui a reproché de ne pas se rendre compte que ses propres diplomates «trahissaient» l’Église catholique souterraine en Chine à des fins politiques.

     

    Des observateurs du Vatican se demandent maintenant si le pape François reçoit suffisamment de ces informations de haute qualité dont les dirigeants de la planète ont besoin, ou s’il choisit plutôt de se fier à son instinct et à son propre réseau d’informateurs qui lui refilent des informations clandestinement.

    Depuis son élévation à la papauté il y a cinq ans, le pape a créé une structure de renseignement informelle qui se frotte souvent aux instances vaticanes officielles. Cela inclut un petit «conseil de cuisine» de neuf cardinaux qui se rencontrent tous les trois mois au Vatican et qui ont l’oreille du pape, en plus des breffages normaux qu’il reçoit des responsables du Vatican.

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  • L'Eglise dédaignerait-elle le sacrifice des martyrs chinois ?

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    Alors que le Vatican serait sur le point de reconnaître sept évêques nommés par Pékin, Mgr Negri, archevêque émérite de Ferrare-Comacchio a publié cet éditorial sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (notre traduction) :

    Ne touchez pas aux martyrs chinois. Ils sont le trésor de l'Église

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    Chine, une campagne est organisée où les croix sont enlevées

    Dans la situation confuse de la structure ecclésiastique italienne (et au-delà), nous luttons pour nous sortir d'une série d'événements et de prises de positions qui sont inquiétantes :  il y a eu le moment où nous avons été instruits sur l'incertitude concernant les paroles réelles de Jésus-Christ dans les Evangiles, parce qu'alors il n'y avait pas d'enregistreurs; puis l’on assiste à une série d'interventions qui relativisent le mal, en particulier en reléguant la figure du diable et, par conséquent, en rendant la différence entre le bien et le mal complètement formelle et du même coup celle  entre l'enfer et le paradis. En même temps, la propagande insensée et idéologique sur le réformateur Luther s’est poursuivie. Et ainsi de suite et ainsi de suite ...

    Nous avons assisté à la profanation des églises transformées en restaurants, sans même que cela réponde un besoin objectif, mais plutôt à une idéologie sous-jacente selon laquelle les églises ne sont pas (comme l'Église le pensait depuis 2000 ans) le lieu de la présence de Dieu et du culte, mais essentiellement le lieu où l'assemblée de la communauté s'exprime en fraternité selon ses divers besoins, donc également celui de se sustenter. Il est donc tout à fait légitime et innovant que les églises soient utilisées comme restaurants, à bas prix bien sûr, au prix de la valeur que l'on donne au culte et à la présence réelle.

    Il y a une série de circonstances, de paroles, d’attitudes au sujet desquelles je pense pouvoir dire - non seulement en mon nom personnel, mais en incorporant également les réactions de tant de prêtres, de frères et de tant de gens de bonne volonté – qu'elles sont ambiguës voire déconcertantes. Il est difficile de voir où cela va se terminer : il est certain que cela va se terminer mais, dans cette situation, on ne sait pas où ... et chaque jour apporte sa peine.

    Nous avons été bouleversés par ces nouvelles lues ces jours-ci : «En décembre dernier, Mgr. Pierre Zhuang Jianjian de Shantou (Guangdong) a été forcé de se rendre à Pékin où « un prélat étranger » du Vatican lui a demandé d’abandonner son siège épiscopal à Mgr Joseph Huang Bingzhang, un évêque illicite. La même demande lui a été faite en octobre dernier ». Tout cela est aggravé par les déclarations interpelantes  du cardinal Joseph Zen Ze-Kiun. De là a commencé une tornade médiatique de fuites ou de nouvelles présumées. Pour tenter de faire la lumière sont venues alors les clarifications du Bureau de Presse du Vatican et l'intervention dans la presse du Cardinal Secrétaire d'Etat.

    Dans ces circonstances, on ne peut que se remémorer  l'histoire des évêques chinois qui ont annoncé l'Evangile, défendu la foi et instruit le peuple de Dieu, dans les situations les plus difficiles, généralement dans la persécution ouverte, supportant fréquemment  la souffrance, l'emprisonnement, la torture ou le martyre. Si toutes les nouvelles qui, dans ces heures, sont transmises par des personnes dignes d'estime et, depuis toujours, en première ligne dans la défense de la liberté de l'Église, même au prix de leur sang, étaient vraies, la situation serait vraiment délicate et sérieuse.

    L'Église chinoise vit - et existe encore aujourd'hui - parce qu'elle a été construite sur le sang offert par ceux qui défendaient sa liberté contre toute ingérence extérieure; en sachant offrir leur propre sang en l'unissant à celui offert par le Christ sur la Croix. C’est ce qui s’est passé pour l'écrasante majorité des communautés ecclésiales de fondation ancienne ou plus récente. C'est aussi ce qui s’est produit pour la communauté ecclésiale de Rome, baignée dans le sang très précieux des Saints Apôtres Pierre et Paul.

    Les martyrs sont le trésor de l'Église! Pour cette raison, depuis les premiers jours de son histoire, l'Eglise a toujours gardé les reliques de ceux qui avaient professé la foi jusqu’à répandre leur sang, dans les situations les plus diverses, dans les circonstances les plus difficiles : des enfants, des adolescents ou un peu plus que des adolescents, comme quelques-uns des grands martyrs de l'Église catholique des premiers siècles, jusqu'à la longue théorie des martyrs qui, de génération en génération, assurent par leur présence et leur témoignage la conformité de l'Église d'aujourd'hui avec l'Église du Seigneur.

    Si tout ce que nous entendons est vrai, c’est que les martyrs ont été escamotés! L'Église depuis toujours a élevé ses martyrs sur les autels et leur a consacré ses plus belles églises! Ceux qui les renieraient se rendraient coresponsables d'une page terrible de l'histoire de l'Église.

    Lorsque l'Église oublie ses martyrs ou même les défie ou les combat, alors nous pourrions raisonnablement considérer toujours plus proche  l'heure de l’épreuve et des ténèbres. Selon la saine tradition de l'Église, il est plus nécessaire que jamais que le peuple chrétien redécouvre son identité qui découle de la présence du Christ et retrouve son chemin quotidien de mission et de témoignage. Il n'y a pas de circonstances, de difficultés, de divergences d'opinions à l'extérieur ou à l'intérieur de l'Église qui peuvent diminuer le désir qu'un vrai chrétien doit toujours avoir de servir la mission du Christ, de l'annoncer et de le rendre présent à tous les hommes, aux extrémités du monde, jusqu’au sacrifice de son propre sang.

  • Synode romain sur les jeunes et la foi : vers une orientation sélective ?

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    Dans un communiqué diffusé le 30 janvier, l’Association des guides et scouts d’Europe fait part de son étonnement et de son incompréhension face à l’absence d’un représentant du scoutisme parmi les trois jeunes délégués pour représenter la France au pré-synode des jeunes. Après la polémique sur le MRJC, il lui parait également « incohérent » de maintenir le membre issu de ce mouvement parmi ces mêmes délégués. D’Antoine Pasquier sur le site de « Famille Chrétienne » :

    Pré-synode des jeunes : les Scouts d’Europe contestent le choix des délégués français

     « Il y a dix jours, nous prenions connaissance des noms des trois jeunes que la conférence des évêques déléguait pour représenter la France au pré-synode de mars (en préparation du synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement à la vocation d’octobre prochain). Nous avons été étonnés qu’il n’y ait, parmi eux, aucun représentant d’un mouvement de scoutisme alors que le scoutisme a été si souvent cité comme un point important dans les réponses au questionnaire que le Saint Père avait proposé aux jeunes. D’ailleurs, la synthèse de ces réponses soulignait clairement la place du scoutisme dans l’appréhension de la foi et le discernement de la vocation humaine.

    Cet étonnement initial s’est doublé d’une incompréhension quand nous avons découvert qu’un des trois délégués appartenait à un mouvement dont les prises de position vont à l’encontre des enseignements de l’Eglise, particulièrement pour les questions liées à la protection de la vie. Le communiqué du MRJC (1) dans le contexte des débats sur la bioéthique prend une résonnance d’autant plus forte et incompréhensible.

    Notre présidente avait d’ailleurs fait part de notre questionnement par un courrier à la directrice du Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et pour les Vocations(SNEJV).

    Suite à la réaction de Monseigneur Ginoux et aux prises de position de plusieurs mouvements dans la presse, il nous est apparu nécessaire de faire connaitre notre position sur les enseignements fondamentaux de l’Eglise qui nous semblent relativisés par les déclarations faites. C’est pourquoi nous venons d’écrire à Monseigneur Percerou, président du conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes :

    « Mouvement d’éducation catholique utilisant la méthode scoute, le mouvement des Guides et Scouts d’Europe s’emploie à répondre à sa mission de mouvement catholique, fidèlement, en donnant le primat à la vocation de chacun à la sainteté. Nous nous efforçons de faire vivre concrètement l’enseignement de l’Eglise à nos jeunes, dans un environnement souvent hostile. Au sein de ces enseignements, celui relatif à la défense de la vie est fondamental. Il est donc particulièrement regrettable que ces attaques contre le respect de la vie soient le fait d’associations reconnues comme catholiques. Certes, à l’occasion de la réunion du 29 janvier du Conseil des évêques pour les mouvements et associations de fidèles (CMAF), un communiqué de presse a été publié mais il ne permet pas d’apaiser le trouble causé ; bien plus il entretient une regrettable confusion. A sa lecture, il semblerait qu’il est donc possible d’avoir « une diversité d’approches » dans le cadre de « la liberté de parole », même sur des questions de fond. Aussi, c’est cette même liberté qui nous conduit à affirmer qu’en cette matière la parole de l’Eglise doit être forte et sans ambiguïté pour ne pas abandonner ceux qui, au quotidien, tentent, dans la difficulté, de rester fidèles à la Foi de l’Eglise.

    Dans ce contexte, il paraitrait incohérent de maintenir le choix de ce jeune comme délégué de l’Eglise de France et de la parole portée par les jeunes de notre pays auprès des pères du synode ».

    Claire VERDIER, Présidente

    Isabelle NICPON-RS, Commissaire Générale Guide

    Michel-Henri FAIVRE, Commissaire Général Scout

    Abbé Cyril GORDIEN, Conseiller Religieux National »

    Ref. Pré-synode des jeunes : les Scouts d’Europe contestent le choix des délégués français

    JPSC

    (1) Voici le texte de ce communiqué du MRJC (ndB) :

    Le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne se désolidarise de La Marche pour la Vie organisée ce dimanche 21 janvier 2018

    En tant que mouvement chrétien, nous ne nous reconnaissons pas dans cet appel relayé par de nombreuses associations, fidèles et responsables catholiques. Nous dénonçons les messages de culpabilisation, d’intolérance et de haine portés lors de cette marche, sous couvert de valeurs chrétiennes.

    « Nous ne voulons pas imposer une manière de penser la foi mais nous voulons vivre l’ouverture et le dialogue pour nous faire grandir les uns et les autres. » 

    Extrait du Rapport d’Orientation du MRJC 2014-2021

    Nous défendons le droit fondamental pour les femmes et les couples d’avoir recours à l’IVG. Ce droit assure la liberté de conscience. L’IVG est une démarche personnelle parfois complexe et difficile notamment au vue des démarches administratives et médicales pouvant être lourdes et culpabilisantes. 

    C’est pourquoi nous défendons avant tout le droit pour toutes les personnes d’avoir accès à l’information sur les sexualités et les moyens de contraceptions, à des soins gynécologiques, et à un accompagnement dans leurs démarches notamment de parentalité. En ce sens la fermeture de planning familiaux et la multiplication des déserts médicaux dans nos banlieues et dans nos campagnes ne fait qu’accroitre les inégalités d’accès au soin. Nous défendons une présence locale et régulière des acteur.e.s de la santé pour conseiller, sensibiliser et soigner les habitant.e.s de ces territoires.

    Nous, mouvement chrétien, sommes solidaires des combats pour l’émancipation personnelle et collective !

  • L'Eglise et la Chine : capitulation et trahison ?

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    De Riccardo Cascioli sur le site de la Nuova Bussola quotidiana (traduction à venir):

    La longue marche du Vatican vers la capitulation en Chine

    La longue marche du Vatican vers la capitulation en Chine
     
    La nouvelle est vraie: la délégation du Vatican a demandé à deux évêques légitimes de démissionner pour faire place à deux évêques de l'Association patriotique. Et le pape François connaît et partage toutes les démarches de ses diplomates en Chine. C'est ce qui ressort de la réaction immédiate du Saint-Siège en réponse à l'évêque émérite de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen, d'abord avec la déclaration de la salle de presse Janvier 30, ensuite avec la longue interview accordée au Vatican Insider par le cardinal Secrétaire d'Etat Pietro Parolin.

    La nouvelle sensationnelle du retrait exigé des deux évêques légitimes donnée par l'agence  Asia News et confirmée plus tard par le cardinal Zen (d'abord à la  Nuova Bussola Quotidiana puis sur son blog), avait justifié son voyage à Rome pour remettre au pape François la lettre affligée de l'un des deux évêques, Mgr Zhuang Jianjian de Shantou (Guangdong). De sa rencontre avec le pape, le cardinal Zen avait obtenu la conviction qu'il n'avait aucune intention de procéder à une reddition totale au régime communiste chinois, comme le laissait supposer au contraire le rapport de la délégation du Vatican.

    C'est à ce moment que le communiqué de la Salle de Presse est venu préciser que "le pape est en contact constant avec ses collaborateurs, en particulier de la Secrétairerie d’Etat, sur les questions chinoises, et est informé par eux de façon fidèle et détaillée sur la situation de l’Eglise catholique en Chine et sur les étapes du dialogue en cours entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, qu’il accompagne avec une sollicitude spéciale." Ce communiqué ne cache pas son agacement à l'égard du cardinal Zen qui est visé par l'aigre conclusion : "Il est surprenant et regrettable que des personnes d’Eglise affirment le contraire, et que soient alimentées tant de confusions et de polémiques."

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  • Chine : une nouvelle réglementation sur les affaires religieuses qui inquiète

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    Du site "Eglises d'Asie" des Missions Etrangères de Paris :

    Inquiétude à la veille de l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation sur les affaires religieuses

    A la veille de l’entrée en vigueur du nouvel règlement sur les affaires religieuses, Eglises d’Asie publie un article d’Anthony Lam Sui-ki, chercheur au Centre d’études du Saint-Esprit, le centre de recherches sur la Chine du diocèse de Hongkong. Dans cet article, paru dans la revue Tripod n°187, le chercheur fait part de son inquiétude.

     Le gouvernement chinois a annoncé par des canaux officiels le 7 septembre 2017 que le Conseil d'Etat avait approuvé la nouvelle réglementation sur les affaires religieuses (RAR) lors de la 176ème réunion ordinaire du 14 juin 2017. La nouvelle version doit remplacer les règlements actuels adoptés le 30 novembre 2004.

    Comparaisons clés avec la version 2004 (1)

    Il y a de grandes différences par rapport à la version 2004. Le chapitre II sur les « organisations religieuses » dans la version de 2004 devient les chapitres II et III de la version 2017, respectivement intitulés « Organisations religieuses » et « Écoles religieuses ».

    Et après le chapitre V sur le « clergé religieux » (listé comme chapitre IV dans la version de 2004) il y a un nouveau chapitre, le chapitre VI sur les « activités religieuses ». Il y a maintenant 9 chapitres dans la version de 2017. Le nombre d'articles passe de 48 dans la version de 2004 à 74 articles.

    La version de 2017 correspond bien à l'accent mis par la Chine sur « l'antiterrorisme » et le « maintien de la stabilité ». Un nouvel article 3 précise que « la gestion des affaires religieuses maintient les principes de protéger ce qui est licite, de prohiber ce qui est illégal, de supprimer ce qui est extrémiste, de résister à l’infiltration et de combattre le crime » (l'article 3 original devient l'article 4 dans la version de 2017.) Il est clair que la nouvelle version est conçue dans le cadre de la « loi de sécurité nationale » de 2015, de la« loi antiterroriste » et de la « loi sur l’organisation des activité des organisations non-gouvernementales étrangères sur le terrain chinois ». L’article 6, qui indique que « tous les niveaux du gouvernement populaire doivent renforcer le travail sur la religion, établir et compléter les mécanismes de travail sur la religion, et assurer la force et les conditions nécessaires à la promotion de la religion » reflète le contenu du discours sur le travail religieux par le président Xi Jinping en avril 2016.

    Des approches inquiétantes

    Permettez-moi d'abord de soulever quelques points de préoccupation. Le chapitre III sur les « Ecoles religieuses » et le chapitre VI « Activités religieuses » sont des chapitres nouvellement ajoutés. L'article 41 dispose :

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  • Chine : le pape ne souhaite pas créer un autre cas Mindszenty

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    Risque de Schisme en Chine. Le cardinal Zen : « Le pape m’a dit… » (source)

    La lettre ouverte que nous reproduisons intégralement ci-dessous a été publiée aujourd’hui, lundi 29 janvier, par le cardinal Joseph Zen Ze-Kiun, évêque émérite de Hong Kong sur son blog avant d’être relayée par l’agence Asia News de l’Institut pontifical pour les missions étrangères.

    Dans cette lettre, le cardinal révèle l’essentiel du contenu de l’un de ses colloques avec le Pape François auquel il a fait part de ses graves inquiétudes concernant les actions récemment entreprises en Chine par les représentants du Vatican.

    Ces démarches ont consisté à demander à deux évêques « souterrains » et reconnus par le Saint-Siège, ceux de Shantou et de Mindong, de laisser leur place à deux évêques nommés par le gouvernement, tous deux illégitimes, le premier étant même publiquement excommunié.

    Pour plus de détails sur ces événements :

    > Il Vaticano domanda ai vescovi legittimi di farsi da parte per lasciare spazio a quelli illegittimi

    Le cardinal Zen révèle à présent que le Pape François lui a répondu avoir donné l’ordre de “ne pas créer un autre cas Mindszenty”, faisant allusion à l’héroïque cardinal primat de Hongrie qui en 1971, fut obligé par les autorités vaticanes de quitter son pays, fut démis de sa charge en 1973 et remplacé en 1975 par un nouveau primat agréé par le régime communiste.

    Mais laissons la parole au cardinal.

    *

    Cher amis des médias,

    Depuis qu’Asia News a révélé certains événements récents de l’Eglise en Chine concernant des évêques légitimes auxquels le « Saint-Siège » aurait demandé de démissionner pour laisser leur place à des « évêques » illégitimes et même excommuniés de façon explicite, différentes versions et interprétations des faits créent la confusion entre les gens. Nombre d’entre eux, au courant de mon récent voyage à Rome, m’ont demandé certains éclaircissements.

    En octobre dernier, quand Mgr Zhuang a reçu sa première communication du Saint-Siège et a demandé mon aide, j’ai envoyé quelqu’un porter sa lettre au Préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, avec une copie pour le Saint-Père. Je ne sais pas si cette copie incluse est un jour arrivée sur le bureau du Saint-Père.  Heureusement, Mgr Savio Hon Taifai était encore à Rome et a pu rencontrer le Pape pour une visite d’au-revoir.  A cette occasion, il a porté à l a connaissance du Saint-Père les deux cas de Shantou et de Mindong.  Le Saint-Père était surpris et a promis qu’il étudierait la question.

    À cause de ce que le Saint-Père avait dit à Mgr Savio Hon, les nouveaux événements qui se sont déroulés en décembres ont été encore plus choquants et surprenants pour moi. Lorsque Mgr Zhuang, âgé et affligé, m’a demandé de transmettre au Saint-Père la réponse au message qu’il avait reçu de la « délégation vaticane » à Pékin, je n’ai pas pu lui dire non.  Mais que pouvais-je faire pour être certain que sa lettre parvienne au Saint-Père alors je n’étais même pas certain que mes propres lettres lui parvenaient ?

    Pour m’assurer que notre voix parvienne au Saint-Père, j’ai immédiatement pris la décision de me rendre à Rome. J’ai quitté Hong Kong la nuit du 9 janvier, arrivant à Rome tôt dans la matinée du 10 janvier, juste à temps – enfin à vrai dire un peu en retard – pour participer à l’audience générale du mercredi.  À la fin de l’audience, nous cardinaux et évêques sommes reçus pour le « baise-main » et j’ai eu la possibilité de mettre dans les mains du Saint-Père l’enveloppe, lui disant que j’étais venu à Rome dans le seul but de lui apporter la lettre de Mgr Zhuang, en espérant qu’il trouve le temps de la lire (dans l’enveloppe, se trouvait la lettre originale de l’évêque en chinois, ma traduction en italien et une lettre de ma part).

    Pour des raisons évidentes, j’espérais que ma présence à l’audience ne soit pas remarquée mais mon arrivée tardive dans la salle avait été remarquée. Dans tous les cas, maintenant tout le monde peut voir cette scène sur le chaîne de télévision vaticane (à propos, l’audience se tenait dans la salle Paul VI et non place Saint-Pierre et j’étais en retard pour entrer dans la salle mais je n’ai pas « attendu dans la file, dans le froid » comme l’ont prétendu certains articles de façon erronée).

    À Rome, j’ai rencontré le P. Bernardo Cervellera d’Asia News. Nous nous sommes échangé des informations mais je lui ai dit de ne rien écrire.  Et il était d’accord.  Maintenant que quelqu’un d’autre a diffusé l’information, je peux donner mon accord et je la confirme.  Oui, pour autant que je sache, les choses se sont bien passées comme Asia News les rapporte (l’article d’Asia News « croit » que l’évêque qui dirigeait la délégation vaticane en Chine était Mgr Celli.  Je ne sais pas quel était son rôle officiel mais il est presque certain que c’était bien lui qui était à Pékin).

    En ce moment crucial et à cause de la confusion qui règne dans les médias, connaissant directement la situation de Shantou et indirectement celle de Mindong, je me sens le devoir de partager ma connaissance des faits, afin que les personnes sincèrement préoccupées pour le bien de l’Eglise puissent connaître la vérité à laquelle ils ont droit. Je suis parfaitement conscient qu’en agissant de la sorte, j’évoque des choses qui sont techniquement qualifiées de « confidentielles ».  Mais ma conscience me dicte que, dans ce cas, le « droit à la vérité » doit prendre le pas sur tout « devoir de confidentialité ».

    Fort de cette conviction, je m’apprête à partager ce qui suit avec vous.

    L’après-midi de cette journée, le 10 janvier, j’ai reçu un appel de Sainte-Marthe, dans lequel on me disait que le Saint-Père me recevrait en audience privée le soir du vendredi 12 janvier (même si le bulletin du Vatican mentionne le 14 janvier). C’était le dernier jour de mes 85 années de vie, un grand don du ciel !  (Remarquez également que c’était la veille du départ du Saint-Père pour le Chili et le Pérou et que donc le Saint-Père devait être très occupé).

     

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  • Pourquoi l'Église catholique dérange le pouvoir en RDC

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    D’Anne Guion sur le site web de l’hebdomadaire « La Vie » :

     « De plus en plus présente sur le terrain, soutenue par la population, l’institution est devenue un acteur incontournable en République démocratique du Congo. De quoi nourrir l’exaspération du clan Kabila, qui a choisi la répression.

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    Les mots ne s’embarrassent pas de précautions diplomatiques. La charge est frontale. « Que veut-on au juste ? s’est interrogé le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, devant la presse congolaise et internationale le 23 janvier dernier. Le pouvoir pour le pouvoir ou bien le pouvoir pour le développement intégral du peuple, dans la paix, dans la justice et la vérité ? Nous voulons que règne la force de la loi et non la loi de la force. » Deux jours plus tôt, à Kinshasa et dans plusieurs villes du pays, la police congolaise tirait à balles réelles sur les participants d’une manifestation organisée par les catholiques du Comité laïc de coordination (CLC) et soutenue par le Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Bilan : six morts et une centaine de blessés.

    Les tensions sont de plus en plus fortes entre le pouvoir congolais et l’Église catholique, qui depuis un an ne cesse de demander l’alternance politique. Au pouvoir depuis 2001, Joseph Kabila aurait dû se retirer le 20 décembre 2016, à la fin de son dernier mandat, mais il a bien pris soin de n’organiser aucun scrutin. Pour une raison simple : la Constitution l’autorise à rester en poste jusqu’à l’élection de son successeur. Pour tenter de régler la crise, la CENCO a mené des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition, qui ont abouti à l’accord de la Saint-Sylvestre (signé le 31 décembre 2016). Le texte prévoyait que l’élection présidentielle ait lieu en fin d’année 2017. Finalement, celle-ci ne devrait se tenir que le 23 décembre… 2018. « L’Église, qui s’est sentie flouée, fait tout pour éviter un bain de sang, estime Samuel Pommeret, chargé de mission au CCFD-Terre solidaire. Le pouvoir, qui gère le pays par le chaos, n’hésite pas à réprimer. »

    Pour comprendre ce face à face sanglant, il faut avoir conscience du poids de l'Église en RDC Cet immense pays de 80 millions d'habitants compte 40% de fidèles catholiques. Dans ce territoire où l’État est inexistant, l'Église est, elle, présente partout avec 41 diocèses et 6 archidiocèses. Très vivante, elle dispose même d’une liturgie propre, adaptée à la culture locale et reconnue comme telle par le Saint-Siège. Surtout, elle pallie presque toutes les déficiences de l’État, par exemple au Kivu, dans l’Est du pays, une région déchirée par un conflit entre groupes armés pour le contrôle des zones minières. Les services diocésains y gèrent la plupart des écoles et des dispensaires, accueillent les femmes victimes de viol – une pratique de terreur utilisée par les milices locales. Quitte à soulager l’État congolais de ses responsabilités… Ainsi, à Bukavu, le Bureau diocésain de développement (BDD) travaillait, il y a quelques années, sur un projet de construction d’une usine de traitement de l’eau. Dans la région d'Uvira, à la frontière avec le Burundi, où les banques sont inexistantes, les salaires des fonctionnaires des écoles de campagne sont acheminés par la Caritas (le réseau à l’international du Secours catholique). « L’Église a même mis au point un système qui facilite les transactions commerciales », témoigne Samuel Pommeret.

    Cette présence sur le terrain s’est peu à peu accompagnée d'un engagement sur la scène politique. « En Europe, après des siècles de culture chrétienne, la société est imprégnée des valeurs du christianisme, comme la recherche du bien commun, mais vous avez oublié Dieu ! Tandis que chez nous, où l’Église catholique est très jeune, le sacré est très présent, mais ce sont les valeurs qui manquent », nous expliquait ainsi François-Xavier Maroy, l’archevêque de Bukavu, à la frontière avec le Rwanda, en 2012. L’engagement est venu naturellement. « Nous recommandons aux habitants de payer leurs impôts, mais si les gouvernants ne refont pas les routes, par exemple, ce discours est impossible à tenir ! La grande question est : qui doit commencer à faire un effort ? » Dans ce pays traumatisé par de nombreuses années de guerre, les commissions Justice et paix militent dans chaque diocèse pour les droits civiques et la réconciliation. L'Église est également très active dans le domaine du contrôle de la gestion des ressources naturelles. « Celle-ci a un rôle politique qu'elle assume tout à fait, affirme Samuel Pommeret. Il s'agit pour elle d'appliquer la doctrine sociale de l'Église. »

    Quitte à descendre dans la rue. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le clergé congolais appelle les fidèles à se mobiliser. L’histoire récente du pays est ponctuée de soulèvements de ce type. Le 16 février 1992, par exemple, la « Marche des chrétiens » avait rassemblé des milliers de personnes à Kinshasa pour demander davantage de démocratie au régime de Mobutu (au pouvoir de 1965 à 1997). La manifestation avait été réprimée dans le sang. En août 2012, les fidèles catholiques étaient de nouveau dans la rue pour protester contre la « balkanisation rampante du pays » lors de la rébellion du M23, un groupe armé à l’Est du territoire. Toujours en première ligne, les prêtres et les religieux sont parfois kidnappés, ou même assassinés comme l’archevêque de Bukavu, Christophe Munzihirwa, tué en octobre 1996 par des hommes armés. Celui-ci était très critique vis à vis des autorités locales.

    Le mouvement fait aujourd’hui boule de neige et inspire les autres confessions. Les fidèles des Églises du réveil, les musulmans et les kimbanguistes, membres d’une Église chrétienne indépendante née en RDC [*] , rejoignent les manifestations. « Ce n'est pas l’Église elle-même qui va faire tomber le régime, mais il est certain que son action participe au renouveau démocratique, estime Samuel Pommeret. Il y a beaucoup de forces vives en RDC. Si toutes les voix arrivent à converger, le pouvoir peut s'inquiéter. » Ainsi, lors de la cérémonie de commémoration de l'assassinat de Laurent Désiré Kabila, le père de Joseph Kabila, le 16 janvier dernier, le pasteur de l'Église évangélique, François David Ekofo, qui y remplaçait le cardinal Monsengwo, a eu lui aussi des propos très durs pour le régime lors de sa prédication. Il a ainsi affirmé devant la famille Kabila réunie que « l’État congolais n’existait pas ».

    L'Église pourrait-elle jouer, en RDC, le même rôle que celui qu’elle a incarné à la fin de l’Union soviétique ? Une chose est certaine : les relations entre le pape François et le président congolais sont tendues. Quand Joseph Kabila a été reçu au Vatican en septembre 2016, le pape n'est pas sorti saluer son hôte, comme il le fait d’habitude, sur le seuil de la bibliothèque où se déroulent les entretiens. Un projet de voyage papal prévu en juillet août 2017 a finalement été annulé. François est aussi proche du cardinal Monsengwo, qui fait partie des neufs prélats chargés de le conseiller sur la réforme de la Curie. Celui-ci semble avoir toute sa confiance pour la gestion de cette crise : « Je renouvelle mon appel à tous pour déployer des efforts afin d'éviter toute forme de violence, a-t-il ainsi affirmé lors de son audience hebdomadaire place Saint-Pierre, mercredi 24 janvier. Pour sa part, l'Église ne veut que contribuer à la paix et au bien-être de la société. »

    ____

     [*] ndBelgicatho:  le Kimbanguisme (du nom de son fondateur, Simon Kimbangu) est né au Bas-Congo en 1921, à l'époque où le Congo était belge et la secte fut finalement reconnue comme "Eglise" par le pouvoir colonial en 1958.

    Ref. Pourquoi l'Église catholique dérange le pouvoir en RDC

    L’Eglise catholique n'a pas attendu l'avènement de la RDC pour devenir un pilier essentiel de la vie citoyenne au Congo. Depuis plus d'un siècle au moins, elle est partout, jusqu’au fond de la brousse dans ce pays où, après une décolonisation ratée,  elle supplée aujourd'hui, autant que faire se peut, aux carences et à la corruption de l’Etat. Dès les années 1960, le cardinal Malula est entré, à l’époque de Mobutu , en collision  frontale avec le pouvoir en place : il en avait non seulement la capacité intellectuelle mais aussi le tempérament qui manqua peut-être un peu à son successeur immédiat, Mgr Frédéric Etsou. Avec le cardinal Laurent Monsengwo, le peuple congolais a retrouvé ce qui lui manque le plus : un pasteur susceptible de le sortir du poto-poto politico-financier qui fait semblant de gouverner le pays. Il peut compter sur le soutien de la Belgique, mais les grandes puissances suivront-elles ?

    JPSC

  • L'épiscopat congolais réagit aux attaques de Joseph Kabila

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    Du site de "rfi Afrique" :

    RDC: l'Eglise réagit aux flèches de Joseph Kabila

    Quelques jours après de nombreuses critiques venues de l'intérieur comme de l'extérieur du pays suite à la répression des marches des chrétiens qui réclament l'ouverture de l'espace politique, le président congolais Joseph Kabila s'est adressé  aux journalistes à Kinshasa, lors d'une conférence de presse. Un fait rare qui en a surpris plus d'un. Particulièrement ciblées dans le discours du chef de l'Etat, les autorités catholiques, ainsi que la Monusco, répondent sur le fond des critiques.

    « Nulle part, dans la Bible, Jésus-Christ n'a jamais présidé une commission électorale. » Sous le vernis de l'humour la critique est cinglante. Joseph Kabila a ainsi tenu à recadrer l'Eglise catholique. Elle n'a pas à se mêler du processus électoral, selon lui.

    → RDC: à Kinshasa, le président Kabila répond à la presse après 5 ans de silence

    Réponse de la conférence épiscopale congolaise : l'Eglise a, au contraire, l'obligation au contraire de prendre position, affirme Donatien Nshole, porte-parole de la Cenco. « Le pape Benoît XVI disait que l'Eglise doit être présente là où la population souffre. C'est le cas en RDC. Et c'est la crise socio-politique qui a accentué cette souffrance, donc c'est tout à fait normal que les évêques travaillent pour la consolidation de la démocratie. »

    Autre cible des critiques du chef de l'Etat, le comité laïc de coordination de l'Eglise catholique, organisateur des marches de protestation ces dernières semaines.

    Joseph Kabila l'accuse de vouloir faire dérailler le processus électoral et de  proposer un saut dans le vide. « S'il y a ceux qui pensent qu'ils sont intelligents, qu'ils ont des idées pour améliorer le processus, la porte est ouverte. Mais essayer de faire dérailler ce processus avec des propositions farfelues, cela est tout à fait inadmissible ».

    Parmi les revendications du Comité laïc : une « déclaration publique du président de la République qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession », tout comme « l'application de toutes les mesures de décrispation de l'accord de la Saint-Sylvestre ». Exemple : la libération sans condition de tous les détenus politiques, ou encore la fin de l'exil des opposants menacés d'arrestation. Des points sur lesquels Joseph Kabila est une nouvelle fois... resté vague hier.

    L'ONU rappelle qu'elle a aidé Kinshasa face au M23

    Il n'y a pas eu d'annonce particulière durant la déclaration de Jospeh Kabila, celui-ci s'en est surtout pris à ses détracteurs. Parmi eux, l'Eglise donc, mais aussi la Monusco. La force onusienne est sous le feu des critiques des autorités, critiques qui n'avaient rien de public jusqu'aux déclarations du président congolais, hier :

    On a toujours posé la question à nos amis de la Monusco : "citez-nous un seul groupe que vous avez réussi à maîtriser, à éradiquer, puisque c’est ça le mot ?" Aucun.

    Kinshasa reproche à la mission onusienne de violer le Sofa, l'accord signé entre l'ONU et son gouvernement, et de mener des actions sans consultation. Côté onusien, on parle d'entraves quasi-quotidiennes des autorités et partout à travers le pays, comme récemment encore, les drones de la mission qui ont été cloués au sol pour un vol de nuit qui n'aurait pas été signalé.

    Et quand le président congolais assure qu'il ne permettra pas une « cogestion de l'Etat congolais avec l'ONU », côté onusien, on soupire : « C'est surtout que chaque fois qu'on dénonce quoique ce soit, le ton monte et ce n'est pas nouveau, les relations sont mauvaises depuis la chute du M23. » Mais pour vaincre cette rébellion, les casques bleus ont aidé, rétorque-t-on côté onusien. Quand le chef de l'Etat congolais affirme que la Monusco n'a jamais éradiqué aucun groupe armé, ces sources expliquent que les opérations seraient sans doute moins compliquées s'il n'existait pas de liens entre ces groupes et certains officiers de l'armée congolaise.

    Concernant les élections que la Monusco n'aurait soutenu ni en 2011, ni aujourd'hui, ces sources onusiennes démentent. Selon le Centre Carter, la Monusco a même assuré un soutien logistique à hauteur de 7% du budget des élections en 2011.

    Quant au nouveau cycle électoral, l'ONU a déjà convoyé 4000 tonnes de matériel électoral et a transmis, tel que requis, à la Commission électorale son plan d'appui logistique.

    Voir aussi : https://www.aed-france.org/congo-rdc-leglise-ultime-rebellion/

  • Les chrétiens syriens sont à nouveau plongés dans la tourmente

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    Du site "Journal chrétien" :

    Les chrétiens de Syrie de nouveau dans la tourmente

  • Réflexions sur l’avenir des communautés Ecclesia Dei

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    Lu dans le N° 294 du mensuel « La Nef » :

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    "Quel avenir pour la mouvance Ecclesia Dei ? L’un des facteurs qui invite à la réflexion est la possible réintégration de la Fraternité Saint-Pie X dans la pleine communion ecclesiale.

    On parle de « mouvance Ecclesia Dei » car il s’agit d’une réalité polymorphique : communautés religieuses, sociétés de vie apostolique de droit pontifical, prêtres diocésains isolés ou constitués en associations cléricales. Certaines de ces communautés sont des dissidences de la Fraternité Saint-Pie X (Fraternité Saint-Pierre, Institut du Bon Pasteur), d’autres étaient liées à la Fraternité Saint-Pie X jusqu’en 1988 (le Barroux), d’autres ont toujours été indépendantes de cette Fraternité (Fontgombault, Dominicaines du Saint-Esprit, Chanoines réguliers de la Mère de Dieu) tandis que d’autres encore viennent d’un horizon différent (Fraternité Saint-Vincent Ferrier) ou, fondées après 1988, développent une spiritualité propre (Institut du Christ Roi). L’insertion diocésaine peut être mise en valeur (Missionnaires de la Miséricorde divine, Association Totus tuus). N’oublions pas les laïcs présents dans ce créneau par leurs publications, éditions, écoles, etc.

    Ces réalités ecclésiales se réfèrent toutes au Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, qui demandait aux évêques d’appliquer de façon large et généreuse les concessions des traditions liturgiques antérieures accordées en 1984, concessions qui sont d’ailleurs devenues un véritable droit reconnu à partir du Motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007. Au plan canonique, certaines de ces communautés relèvent du Saint-Siège, via la Commission pontificale Ecclesia Dei ou via la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique ; d’autres sont de droit diocésain. Le ministère proprement dit s’exerce d’ailleurs toujours sous l’autorité de l’Ordinaire du lieu.

    Ces communautés, pour nous focaliser sur elles, ont maintenant leur histoire propre, valorisent leur charisme spécifique. Certains parmi leurs membres ont voulu accueillir positivement les enseignements conciliaires selon la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité de l’unique sujet-Église » ; d’autres donnent un assentiment minimal à Vatican II et préfèrent se référer à un moment donné de la théologie de l’Église. Certains excluent de célébrer la forme ordinaire du rite romain tandis que d’autres l’acceptent en pratique. La mosaïque – plus que la nébuleuse – Ecclesia Dei dans son ensemble manifeste une vitalité certaine au plan vocationnel, en comparaison notamment du nombre de séminaristes dans les diocèses. S’il est difficile de donner des chiffres, on peut estimer qu’en France, la couverture du terrain (prêtres, fidèles, églises, écoles) par la mouvance Ecclesia Dei est au moins aussi importante que celle de la Fraternité Saint-Pie X qui bénéficiait pourtant d’une avance de vingt ans. Ce qui signifie concrètement que la Fraternité Saint-Pie X, près de trente ans après les sacres de 1988, n’a plus le monopole pastoral dans ce créneau.

    Voici donc deux courants qui convergent apparemment dans la manière de célébrer le sacrifice eucharistique mais qui sont assez fondamentalement dissemblables dans leur rapport aux évêques et au Magistère actuel, dans la conception qu’ils se font de la mission de l’Église dans le monde de ce temps.

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