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International - Page 230

  • La popularité du pape écornée pour la première fois...

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Au Chili, la popularité du Pape a été écornée pour la première fois

    La plupart des espaces de messes en plein air, où l'on attendait une déferlante des compatriotes du Pape ont été au mieux remplis aux deux tiers, parfois moins.

    Vus du Vatican, les voyages du Pape sont des entreprises missionnaires mais aussi des baromètres. Et, jusque-là, le pape François avait fait une sorte de carton plein. Il engrangeait à chaque descente d'avion - 22 voyages internationaux, 33 pays visités - des louanges et une popularité sans faille.

    Cette ferveur clouait sur place ses opposants - qui lui reprochent d'être trop progressiste - car, depuis les meilleures années de Jean-Paul II, c'est-à-dire depuis vingt ans, jamais l'image de l'Église catholique ne s'était aussi bien portée. ...

    La suite peut être lue ICI

  • RDC, ce dimanche: la police de Kabila tire une nouvelle fois à balles réelles sur les marcheurs pacifiques

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    kabila.jpgNouvelle répression, ce dimanche, des tentatives des chrétiens congolais d’organiser des marches pacifiques pour réclamer l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016, qui balise la marche vers des élections consensuelles. Celles-ci, qui auraient dû être organisées en 2016, ne l’ont pas été, ce qui a permis au président Joseph Kabila de se prolonger au pouvoir en dépit de la fin de son dernier mandat constitutionnel.

    A Kinshasa, la police et l’armée n’ont pas hésité à tirer à balles réelles sur les paroissiens pacifiques qui sortaient des églises avec rameaux, bibles et crucifix. C’est ainsi qu’une jeune fille de 16 ans a été tuée par un tir en rafale venu d’une “auto-mitrailleuse” passée “devant la paroisse de St-François-de-Salles, à Kitambo”, un quartier de la capitale, a déclaré à l’AFP le docteur Jean-Baptiste Sondji, 69 ans, ancien ministre de la Santé de Laurent Kabila, qui indique avoir été présent sur les lieux mais n’avoir pu  sauver la victime. Celle-ci se trouvait à la porte latérale de l’église, selon le médecin.

    Plusieurs corps à terre

    Tirs à balles réelles encore à la cathédrale Notre-Dame du Congo, d’où un demi-millier de fidèles sont sortis pour marcher derrière leurs prêtres, brandissant la croix, la bible et des rameaux. Après quelques centaines de  mètres, les marcheurs ont été  arrêtés par un barrage policier. Des tirs de gaz lacrymogènes et à balles réelles ont été entendus et  plusieurs corps à terre ont été vus par un témoin.

    Tirs à balles réelles également, qui ont fait au moins deux blessés lors d’une charge de la police, selon un centre médical près de l’église St-Joseph, quartier populaire central. Une cinquantaine de casques bleus de l’Onu se sont déployés entre l’église – où plusieurs centaines de personnes voulaient marcher – et la police,  appuyée par l’armée. Cela a suscité la plainte d’un responsable de la police, selon qui les casques bleus “empêchaient” ses hommes “de faire correctement (leur) travail”,a rapporté l’AFP.

    Selon Paul Nsapu, secrétaire général pour l’Afrique de la FIDH (Fédération internationale des ligues de défense des droits de l’homme), il y a eu en outre deux morts à Lemba, un autre quartier de Kinshasa. La paroisse St-Augustin y a été le théâtre d’une violente répression et un vicaire a été blessé, alors que ses paroissiens ont dû rester enfermés dans l’église pour se protéger des forces de sécurité.

    Entrés de force dans les maisons

    Nsapu évoque également de nombreux blessés et ajoute qu’à Bandalungwa – quartier animé de la capitale congolaise – des policiers et des militaires entraient de force dans les habitations pour y arrêter des jeunes gens. Il signale enfin qu’une “centaine” de personnes ont été arrêtées avec plusieurs prêtres à St-Christophe par la Garde Républicaine (garde prétorienne du président hors mandat Joseph Kabila) et que les vêtements des prêtres étaient “déchirés”.

    A Lubumbashi, la marche prévue a été annulée “au vu de la très forte présence de militaires armés – non pour encadrer les marcheurs mais prêts à tirer pour tuer”, a indiqué à La Libre Afrique.be Me Hubert Tshiswaka, un des membres du comité laïc de coordination, qui organise ces marches. “Nous ne voulions pas de deuil alors que l’on s’apprête à fêter, la semaine prochaine, les 25 ans  de l’évêque Jean-Pierre Tafunga” à ce poste.

    Ailleurs dans le pays, de fortes tensions ont été signalées dans plusieurs grandes villes.

    A Kinshasa – ainsi que dans d’autres grandes villes du pays, dont Mbuji Mayi – la police avait érigé dès samedi en début d’après-midi une multitude de barrages, créant ainsi de nombreux ralentissements, afin de vérifier papier et téléphones portables des passagers des véhicules.

    Les autorités avaient interdit cette nouvelle marche des chrétiens bien qu’elle soit pacifique. Dans un tweet remarqué, le directeur de cabinet du président hors mandat Joseph Kabila avait indiqué: “En RDC, une marche pacifique, ça veut dire mettre en oeuvre le schéma burkinabè. On n’est pas si bête” – allusion au renversement pas la rue, en 2014, du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui voulait que l’assemblée nationale l’autorise à briguer de nouveaux mandats, ce qui avait provoqué une explosion de colère populaire.

    Ref. RDC : La police tire à balles réelles sur les marcheurs pacifiques

    A noter que le gouvernement  belge a pris la décision  de cesser, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération bilatérale avec le gouvernement congolais sans suspendre pour autant son aide humanitaire afin de ne pas pénaliser la population congolaise. Concrètement, 25 millions d’euros qui auraient dû être alloués dans des secteurs gérés par les autorités congolaises seront reversés dans des programmes d’aide humanitaire ou de soutien à la société civile congolaise. Un précédent qui inquiète Kinshasa à l’heure où l’argent commence à se faire rare et où le régime congolais tente vainement d’ouvrir des négociations avec le FMI. Pire, les Etats-Unis pourraient dans les prochaines semaines renforcer leurs sanctions individuelles contre la famille et le premier cercle de Joseph Kabila.

    JPSC

  • Au Canada, il devient obligatoire d’approuver l’avortement illimité pour obtenir des subventions

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    D'Olivier Bault sur le site "réinformation TV" :

    Les subventions publiques au Canada réservées aux organisations qui déclarent soutenir les « droits reproductifs », c’est-à-dire l’avortement

    Peu importe que l’on soit le Planning familial ou une organisation catholique ou protestante dans le Canada de Justin Trudeau : pour avoir droit aux subventions publiques il faut désormais déclarer adhérer à la culture de mort promue par le Premier ministre. Cela avait déjà été annoncé en décembre aux parlementaires pour la campagne des jobs d’été d’ONG financés par le gouvernement fédéral canadien, et cela a encore été confirmé par la ministre du Travail malgré les critiques des organisations pro-vie et des conservateurs au parlement. L’argumentaire avancé par le gouvernement libéral de Trudeau, c’est que l’Etat n’a pas à financer les organisations qui ne respectent pas les droits inscrits dans la charte canadienne des droits et libertés, parmi lesquels les « droits reproductifs ». Apparemment, se dire opposé à l’avortement serait déjà une atteinte aux « droits reproductifs des femmes ». Et attention : au Canada, l’avortement sur simple demande (IVG) est possible jusqu’à… la naissance de l’enfant.

    « Droit reproductifs » contre liberté d’expression

    S’exprimant lors d’une réunion de travail du gouvernement de Justin Trudeau qui s’est tenue dans l’Ontario jeudi et vendredi dernier, le ministre du Travail Patty Hajdu a défendu les nouveaux formulaires de demande de subventions publiques pour financer les jobs d’été, avec une case par laquelle l’organisation requérante confirme que son « mandat de base » respecte les « droits reproductifs ». Impossible d’envoyer le formulaire si l’on ne coche pas cette case, mais pour le ministre cela n’empêche pas les organisations chrétiennes de demander des subventions… « du moment que leur mandat de base est conforme avec ces droits et libertés durement acquis que les Canadiens veulent que nous défendions ».

    Pour Mme Hajdu, la nuance est dans l’expression « mandat de base » (core mandate) : pas de subventions pour les organisations fondées explicitement pour lutter contre le droit à l’avortement, mais aucun problème si un groupe religieux a des convictions pro-vie. Néanmoins, même dans ce dernier cas, un tel groupe doit signer l’attestation selon laquelle il respecte le droit de mettre fin à la vie d’un enfant en phase prénatale.

    Au Canada, il devient obligatoire d’approuver l’avortement illimité pour obtenir des subventions

    Même son de cloche chez le Premier ministre Justin Trudeau quand un étudiant lui a demandé s’il respectait la liberté d’expression : « Il y a des organisations qui s’abritent derrière la liberté d’expression, la liberté de conscience, ce qui bien sûr permet d’avoir toutes les croyances que l’on veut… Mais quand ces croyances mènent à des actions visant à restreindre le droit d’une femme d’avoir la maîtrise de son propre corps, c’est là, je pense, que nous devons fixer la limite en tant que pays ». En bref : oui à la liberté d’expression tant que vous acceptez que l’avortement est un droit des femmes et que vous ne demandez pas une meilleure protection du droit à la vie des enfants.

    « Il n’y a pas de droit à l’avortement dans la Charte », lui ont rappelé ses opposants, « mais il y a bien un droit à la liberté d’expression, de conscience et de religion ». Pour le dirigeant de l’opposition conservatrice, Andrew Scheer, « imposer les vues personnelles de Justin Trudeau à un large éventail de groupes n’est pas la voie à suivre » et de nombreuses organisations qui offrent un large éventail de services à la société ne pourront plus le faire et ne pourront plus permettre aux jeunes de faire une première expérience professionnelle.

    S’il est des gens qui s’imaginent encore que le libéralisme libertaire est synonyme de liberté, l’évolution rapide du Canada de Justin Trudeau montre une fois de plus qu’il n’en est rien, bien au contraire !

  • Les chrétiens de plus en plus persécutés sur le globe

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    De Marie Malzac sur le site du quotidien La Croix :

    De plus en plus de chrétiens persécutés dans le monde

    Selon l’ONG évangélique « Portes ouvertes », plus de 3 000 chrétiens ont été tués en 2017 pour des raisons liées à leur croyance, et 215 millions de chrétiens seraient gravement persécutés dans le monde.

    Sur les 2,48 milliards de chrétiens – toutes confessions confondues – dans le monde, environ 215 millions souffriraient de graves persécutions, soit un chrétien sur douze. C’est ce que révèle l’index mondial 2018 de l’ONG évangélique « Portes ouvertes », publié mercredi 10 janvier.

    Fondée en 1955 par le Néerlandais André Van Der Bijl, l’ONG Portes Ouvertes appartient à la mouvance évangélique et se positionne de façon vigoureuse, avec une rhétorique combative, en faveur de la liberté religieuse pour les chrétiens. Son index, volontairement militant, est de plus en plus repris par les médias non confessionnels et par les institutions.

    À LIRE : La galaxie des associations qui viennent en aide aux chrétiens d’Orient

    En tête de classement, on trouve la Corée du Nord, pour la 17e année consécutive, suivie par l’Afghanistan et la Somalie.

    Selon les résultats diffusés par l’organisation, qui dit s’appuyer sur un important réseau sur le terrain, dont les relais sont chargés de remplir un questionnaire précis, plus de 3 000 chrétiens ont été tués entre novembre 2016 et octobre 2017 pour des motivations liées à leur foi, soit 154 % de plus que l’année précédente.

    À LIRE : Le Nigeria, le pays où les chrétiens meurent le plus pour leur foi

    Toutefois, si l’on compare avec l’index de 2016, on enregistre une baisse de plus de 55 %. Cette variation s’explique par la baisse des activités de Boko Haram au Nigeria en 2016, explique « Portes ouvertes » en accompagnement de l’index. Cependant, les assassinats ont repris dans le pays, notamment du fait des Peuls, dits aussi bergers fulani, majoritairement musulmans.

    « Chiffres sous-estimés »

    C’est au Nigeria, en Centrafrique et en République démocratique du Congo que le nombre de chrétiens tués est le plus important. L’Afrique reste donc le continent le plus violent.

    « Ces chiffres sont toutefois sous-estimés, car nous n’avons pris en compte que les morts dont nous sommes certains », a tenu à préciser à la presse Michel Varton, directeur de « Portes ouvertes France ».

    Par ailleurs, dans le monde, 793 églises ont été ciblées, contre 1329 pour l’index 2017.

    Les régions où les chrétiens sont le plus persécutés, indique encore « Portes ouvertes », sont d’abord l’Asie, y compris le Moyen-Orient (53 %), l’Afrique (38 %), l’Amérique Latine (9 %). Le reste du monde – Europe, Amérique du Nord, Océanie – n’est concerné que pour 0,01 %.

    Cette persécution se décline en deux formes principales, selon l’ONG : la persécution « marteau » (violente) et la persécution « étau » (l’oppression et les restrictions dans le quotidien).

    Pour la 5e année consécutive, on constate une augmentation des points de persécution. Ainsi, l’index 2018 fait état d’une progression d’1,13 %.

    À LIRE : Les persécutions chrétiennes progressent dans le monde, selon une ONG

    Parmi les principaux mécanismes de persécution, on trouve notamment l’islamisme, mais aussi le nationalisme religieux, qui se durcit, en particulier en Asie du Sud-Est.

    L’Inde, où les extrémistes hindous agissent en toute impunité, fait ainsi partie des pays qui connaissent la plus forte hausse de persécution. En 2016, ce pays se trouvait à la 17e place de l’index, à la 15e en 2017. En 2018, il rejoint la 11e place.

    Le Népal fait son entrée dans l’index, directement à la 25e place. Là encore, les hindouistes radicaux n’hésitent pas à s’en prendre aux chrétiens.

    Au Pakistan, une situation qui se détériore d’année en année

    Le Pakistan, 5e de l’index, reste le premier selon le critère de la violence, sachant que l’index 2018 ne prend pas en compte l’attaque d’une église peu avant Noël dans ce pays.

    Ces violences comprennent les attaques régulières d’églises, les enlèvements, les mariages forcés, les viols mais aussi les émeutes à la suite des rumeurs de blasphème.

    Lors de la présentation à la presse de l’index à la presse, Michael Nazir-Ali, ancien évêque de Raiwind, au Pakistan, et actuel évêque de Rochester, en Angleterre, a témoigné de la situation dans son pays d’origine, depuis l’islamisation advenue à la fin des années 1970 et au début des années 1980, avec l’influence croissante des théocrates musulmans.

    Les pressions sont allées en augmentant au cours des dernières années, l’obligeant à quitter le Pakistan en 1986. Cette même année, la loi interdisant le blasphème fut promulguée dans le pays, renforçant encore les difficultés des minorités.

    À LIRE : Une minorité chrétienne au Pakistan discriminée et violentée

    « Cette loi a favorisé une atmosphère de haine, a-t-il indiqué devant les journalistes, renforcée par le contenu de certains manuels scolaires, par exemple. »

    Interrogé sur le sort d’Asia Bibi, cette mère de famille condamnée à mort et emprisonnée depuis plus de huit ans pour blasphème, l’évêque pakistanais a indiqué qu’elle « allait bien » mais que rien de nouveau ne se profilait à son sujet, le pays étant en attente des élections générales au printemps.

    À LIRE : Au Pakistan, le procès en appel d’Asia Bibi renvoyé

     

  • Benoît XV et son engagement pour la paix lors de la Grande Guerre

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Benoît XV et la Grande Guerre 
    un pape pour la paix !

    Benoît XV et la Grande Guerre <br> un pape pour la paix !

    En cette nouvelle année 2018, nous allons commémorer le centenaire de la dernière année de combat de la Première Guerre mondiale. Le 11 novembre 1918, à 11h00, l’armistice entrait officiellement en vigueur. Dans le calendrier liturgique, c’était la fête de saint Martin, cet officier romain devenu apôtre du Christ et qui allait devenir l’une des grandes figures de la sainteté française. 

    Dès avant le déclenchement du conflit, la papauté avait appelé à la paix, en espérant jusqu’au bout que le dialogue remplacerait la voix des armes. Le pape saint Pie X d’abord, puis après sa mort, le 20 août 1914, son successeur, Giacomo della Chiesa, qui prit le nom de Benoît XV, lors de son élection, le 3 septembre 1914. Depuis fin juillet-début août de la même année, l’Europe s’était embrasée pour quatre longues et meurtrières années de guerre. 

    La papauté pour la paix

    Avant de mourir le 28 septembre 2016, l’historien de l’Église Paul Christophe, prêtre du diocèse de Cambrais, avait achevé un livre consacré au pape Benoît XV et à son rôle pendant la Grande Guerre. Publié peu après aux éditions du Cerf, cet ouvrage d’un peu plus de 250 pages entend offrir une synthèse de la manière dont l’activité déployée par le Pape en faveur de la paix a été perçue en France et comment Benoît XV a maintenu le cap pendant toute la durée du conflit. 

    L’auteur, dont trois précédents ouvrages étaient consacrés à la Première Guerre mondiale, notamment à travers la publication de lettres de catholiques engagés dans le conflit, est aussi celui qui avait mené à bien, entre 1994 et 2003, la publication des neuf volumes contenant les carnets du cardinal Alfred Baudrillart, lesquels s’étalaient entre 1914 et 1942, année de la mort de celui qui fut recteur de l’Institut catholique de Paris et membre de l’Académie française. C’est principalement à partir de la matière de ces carnets Baudrillart et de lettres de catholiques envoyés au front que Paul Christophe aborde le rôle de Benoît XV en faveur de la paix et, surtout, comment son action fut perçue en France. 

    Une guerre de civilisation ?

    Alors que l’Allemagne a envahi la Belgique, violant la neutralité de ce pays, une pression se fait jour qui demande au pape de condamner l’agression et de prendre partie. Pour les Alliés, la guerre menée contre l’Allemagne est une guerre de civilisation. Selon eux, ils luttent contre la barbarie germanique. Cette thèse est largement reprise et défendue, non seulement par la presse (soumise à la censure, ce que ne rappelle pas l’auteur), mais aussi la très grande majorité des élites. Les personnalités catholiques, membres du clergé ou laïcs influents, ne sont pas en reste. De là va naître l’incompréhension de la position de Benoit XV, incompréhension qui va se muer au fil du temps en refus de sa politique. Celui-ci trouve certainement son point d’acmé quand le lundi 10 décembre 1917, en l’église de la Madeleine, à Paris, le Père Sertillange prononce un discours sur la « Paix française », en, présence notamment du cardinal Amette, archevêque de Paris. Or, que déclare, ce jour-là, le célèbre dominicain ?

    « Très Saint Père, nous ne pouvons pas, pour l’instant, retenir vos appels de paix ». 

    Non seulement le cardinal Amette est présent ; non seulement, il ne proteste pas, mais plus encore, il a laissé donné l’imprimatur à la publication du discours du prédicateur. C’est évidemment trop pour Rome. Et, naturellement, le cardinal Gasparri, secrétaire d’État, exige des sanctions. 

    L’action du Saint-Siège

    Quelle aura été la position du Saint-Siège pendant toute cette guerre ? On a parlé de neutralité ? Ce n’est pas exact ! Benoît XV a pris constamment parti pour la paix. Il s’est opposé à la guerre, a milité pour la concorde entre les nations et « a condamné, écrit Paul Christophe, toutes les violations du droit et toutes les atrocités commises par qui que ce soit, en se voulant impartial. » De fait, le Souverain Pontife n’a pas voulu que la papauté fût entraînée d’un côté ou de l’autre, voulant rester le Père commun. 

    Pendant le conflit, Benoît XV a été décrié, en France, comme le « pape boche » ou comme « Pilate XV » pour reprendre les termes de Léon Bloy. Il subissait un sort à peu près similaire de l’autre côté du Rhin, ce que Paul Christophe ne rappelle pas assez. C’est d’ailleurs un manque de son livre : on aimerait voir comment était traité le pape dans la presse allemande ou parmi les politiques comme on aimerait savoir comment le pape était perçu par les pays alliés.

    La différence est que l’Allemagne n’avait pas coupé toutes relations officielles avec le Saint-Siège. Le 20 avril 1917, Mgr Eugenio Pacelli a été nommé nonce apostolique en Bavière, Munich étant alors l’unique représentation du Saint-Siège dans l’Empire allemand. Malgré ce fait, le nonce peut agir ou tenter d’agir. Ainsi, il rencontre le chancelier allemand Bethmann-Hollweg, le 26 juin de la même année, puis le Kaiser Guillaume II en personne, le 29 juin. Le lendemain, il s’entretient également avec un allié de l’Allemagne, l’empereur d’Autriche-Hongrie Charles Ier. 

    Toute la différence avec la France réside là : pour faire avancer les idées de paix, le cardinal Gasparri est obligé, par exemple, de s’en remettre, en 1915, à l’entremise de Mgr Baudrillart pour sonder le gouvernement français… Il ne peut agir directement ! Sans oublier que la France compte alors comme allié l’Italie, avec laquelle le Saint-Siège n’a pas encore réglé la Question romaine de 1870 et qui refuse obstinément, y compris pour la Conférence de la paix en 1919, de voir la papauté jouait un rôle ou simplement d’être reconnu comme partenaire international. 

    Un pape réhabilité

    Depuis quelques années, la figure de Benoit XV, et singulièrement son action pendant la Première Guerre mondiale, est réétudiée et réhabilitée. Parmi les ouvrages sur la questions, citons surtout celui de Nathalie Renoton-Beine, La colombe et les tranchées : Benoît XV et les tentatives de paix durant la Grande Guerre (Cerf), et les biographies de Marc Launay et d’Yves Chiron. Le livre de Paul Christophe s’inscrit dans cette veine, mais à travers un essai historique dont la thèse est de montrer que Benoît XV a œuvré en faveur de la paix sans céder aux pressions des gouvernants, des élites et de la « presse nationaliste », tout en rencontrant un accueil favorable parmi une grande partie des combattants. 

    Ce dernier aspect est, malgré tout, l’un des points faibles de l’ouvrage. Bien sûr, l’auteur cite plusieurs lettres de poilus montrant leur dégout de la guerre, de la barbarie des combats et, parfois, leur accord avec le pape. Mais il aurait fallu pouvoir établir dans quelle mesure ce sentiment était partagé parmi l’ensemble des combattants, avec, il est vrai, cette difficulté que les propos jugés défaitistes devaient passer au crible de la censure. 

    Par ailleurs, Paul Christophe s’en prend à la « presse nationaliste », opposée à l’action de Benoît XV. Malheureusement, le terme est équivoque. Et il n’est clairement défini par l’auteur. S’agit-il de la presse politiquement nationaliste, à l’instar de L’Action française, ou une fièvre nationaliste dans la presse en temps de guerre ? L’auteur ne cite qu’une fois L’Action française et, pour le reste, des titres et de noms de personnalités qui n’appartenaient pas politiquement au camp nationaliste. Par exemple, il évoque Fernand Laudet, le même Laudet qui avant guerre avait subi les foudres du nationaliste Péguy à propos de Jeanne d’Arc. 

    Une religion séculière

    Il est vrai pourtant qu’il y a eu chez les catholiques français – et ailleurs ! – une fièvre nationaliste pendant cette guerre, laquelle dépassait largement les mouvements et les partis nationalistes. Il y a eu, comme le montre Paul Christophe, une assimilation de la religion au patriotisme, laquelle a entraîné une confusion. Mais sur ce point, il est beaucoup moins clair que Jean de Viguerie dans son essai Les deux patries où l’historien n’oppose pas foi et patriotisme, mais la vertu de patriotisme, ordonnée elle-même à un ordre plus grand, au patriotisme révolutionnaire, idéologique et expansionniste par nature. 

    Au fond, la thèse de Paul Christophe, à travers cette étude intéressante sur Benoît XV, est que les réflexes nationalistes en temps de guerre ont sacralisé la patrie, en l’élevant au rang de religion de substitution, assimilant même la religion à son dessein. De ce point de vue, Les deux patries de Jean de Viguerie reste plus percutant. 

    De même, un certain nombre d’éléments de compréhension historique manquent ici, comme par exemple le fait que les catholiques ont répondu positivement à l’Union sacrée en espérant y retirer un bénéfice en faveur de leur retour dans la vie sociale (cf. à ce sujet 1914, l’Église face à la guerre, hors série n°16 de L’Homme Nouveau). À la place, il y eut certes le retour des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, mais dans le cadre d’une religion séculière qu’avait très bien vue l’abbé Mugnier, cité par Paul Christophe : 

    « 13 novembre 1923. On a allumé, dimanche, une flamme perpétuelle devant la tombe du soldat inconnu. Voilà un culte nouveau établi. On nous a pris la lampe du sanctuaire, la voilà laïcisée. »

     Il y eut également une autre conséquence, qu’avait parfaitement perçu dès 1914, Mgr Baudrillart, cité aussi par Paul Christophe : 

    « À force de ménager tout le monde, le Saint-Siège finira, par laisser, à la fin de la guerre, le rôle d’arbitre moral au président des États-Unis. » La raison n’est peut-être pas celle invoquée par le recteur de l’Institut catholique de Paris. Mais le résultat est bien là. 

    Nous y sommes encore !

    Paul Christophe, Benoît XV et la Grande Guerre, Cerf, 258 pages, 22 €

  • Le pape François et l'accueil des migrants

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    Du site du journal La Croix :

    Le pape François est-il pour un accueil inconditionnel des migrants  ?

    Samuel Lieven et Nicolas Senèze (à Rome) , le 10/01/2018 à 15h45

    EXPLICATION Dimanche 14 janvier, le pape François célébre la messe avec des réfugiés pour la Journée mondiale des migrants. Le pape a placé la question des migrants au cœur de son pontificat, au risque de ne pas toujours être compris des catholiques eux-mêmes.

    A l’instar de ses prédécesseurs, le pape François défend un accueil large, mais non inconditionnel, des migrants, reconnaissant qu’« un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre au gouvernant, c’est-à-dire la prudence ». Face à « la pire catastrophe humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale », il demande donc non seulement d’« accueillir » les réfugiés mais aussi de les « protéger », de les « intégrer » et de « promouvoir » le développement.

    Mais de quels migrants parle-t-il ? Dans la tradition de l’Église, François en a une acception plus large que la communauté internationale, définissant le réfugié comme « l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine » (1).

    À lire aussi L’Église catholique et les migrants

    D’autre part, s’il parle beaucoup des droits des réfugiés, le pape n’oublie pas non plus leurs devoirs. Celui qui arrive est tenu de s’adapter au pays d’accueil « en respectant avant tout ses lois ». Il rappelle, dans la lignée de Jean-Paul II, ce que doit être une intégration : ni une assimilation qui conduirait à « supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle » ni « un isolement réciproque, avec le risque de “ghettoïsations” » que cela comporte. Pour François, l’intégration consiste avant tout en un enrichissement mutuel de deux cultures.

    Samuel Lieven et Nicolas Senèze (à Rome)

    L'homélie intégrale du Pape pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié

     

  • Philippines : une cathédrale saccagée

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Philippines: Il découvre sa cathédrale saccagée

    Publié le 11 janvier 2018

    Marc Fromager, directeur de l’AED, est à Marawi, aux Philippines, ville assiégée par les djihadistes durant 5 mois. Premier étranger à pouvoir pénétrer ce 11 janvier dans la ville depuis sa libération, il découvre avec l’évêque de la ville, Mgr Edwin de la Peña, la cathédrale saccagée, la ville détruite…Témoignage.

    L’année dernière, la capitale musulmane de 400 000 habitants a été envahie par les djihadistes prétendant être la branche locale de l’État islamique. Ils ont attaqué la cathédrale le 23 mai et kidnappé le curé de la paroisse qui s’est finalement échappé quatre mois plus tard. La ville a été assiégée pendant près de cinq mois puis entièrement détruite. L’accès au centre-ville est toujours interdit, trois mois après la fin de la bataille.

    Agenouillé en silence

    Ce jeudi 11 janvier 2018, une délégation restreinte comprenant deux directeurs nationaux de l’AED (Philippines et France) a pu entrer dans le périmètre initialement nommé Ground zero et maintenant appelé MAA (zone la plus touchée). La délégation était composée de civils, les premiers à entrer dans la région depuis la guerre, avec une lourde escorte militaire. Parmi la délégation se trouvait l’évêque de Marawi, Mgr Edwin de la Peña, pour qui c’était la première visite à sa cathédrale depuis le 22 mai 2017.
    En s’approchant de l’église, son cœur s’est brisé. Il s’est agenouillé en silence devant l’autel dévasté. Tout a été endommagé, y compris les statues du Christ et de la Vierge Marie : impacts de balle, meubles liturgiques brûlés… (voir photos). La résidence de l’évêque, juste en face de la cathédrale et où il vivait depuis 16 ans, a été également totalement détruite.

    Réconciliation possible ?

    L’évêque de Marawi en prière dans sa cathédrale saccagée

    Nous pouvions évidemment sentir l’anéantissement total de l’évêque mais plus tard, il nous a confié que sa priorité, plutôt que de reconstruire la cathédrale, est de faire revenir la population chrétienne de la ville. L’une de ses principales raisons de ne pas perdre espoir – et qui nous a vraiment touchés- est de voir que, parmi les volontaires qui travaillent avec l’Église catholique pour rétablir la confiance, il y a beaucoup de jeunes musulmans. En réalité, la plupart des volontaires sont des musulmans qui participent activement aux différents programmes proposés par l’Église.

    Si tout ce cauchemar pouvait au moins faire apparaître une nouvelle génération de volontaires pour la construction de la paix, peut-être qu’un avenir semblerait possible.

    L’évêque, les fidèles (les catholiques étant une infime minorité, plus ou moins 3%) et même les bénévoles sont très reconnaissants envers l’AED pour son aide et sa visite. Nous leur avons dit qu’ils peuvent compter sur notre soutien et leur avons aussi confié qu’ils ont une grande responsabilité: s’ils peuvent se réconcilier, ils apparaîtront comme des modèles pour d’autres régions du monde vivant les mêmes tensions.

    Ce fut un voyage profondément émouvant, passant par une sorte de vision désespérée de l’enfer à la promesse d’une résurrection. Une intention de prière que nous gardons.

    Marc Fromager (directeur AED France)
    Philippines, île de Mindanao, ville islamique de Marawi, le 11 janvier 2018.

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation. Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

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    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

    JPSC

  • Comment le pape François a fait évoluer la diplomatie du Saint-Siège

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    Comment le pape François a fait évoluer la diplomatie du Saint-Siège (RCF)

    Présentée par Pauline de Torsiac

    A quoi ressemble la diplomatie du Saint-Siège ? Depuis le début du pontificat du pape François, ce dernier a voulu donner un nouveau souffle à l'action internationale du Vatican.

    Le pape François a fêté le 17 décembre dernier ses 81 ans. Il a pu déguster lors de son déjeuner dominical un gâteau à base de poires et de cannelle. Tout cela pourrait paraître bien anecdotique si ce gâteau, que l'on doit à l'artiste italien MauPal, n'avait pas représenté le pape, courbé, portant sur ses épaules le poids de la Terre, une terre divisée en deux mais recousue. Pour le pâtissier romain qui a confectionné ce gâteau, ce dessin illustre, symbolise la force unificatrice du pape. 

    Le pape François est le chef du gros milliard de catholiques répartis à travers le monde. Et de ce fait, le Vatican est un petit Etat de moins de 44 hectares qui entretient des relations diplomatiques avec 183 pays, dans lesquels se trouvent des nonces, les ambassadeurs du Saint-Siège.

    LE PAPE FRANÇOIS ATTENTIF AU TRAVAIL DES NONCES SUR LE TERRAIN

    Il est d'ailleurs membre de la plupart des organisations multilatérales notamment comme Etat observateur des Nations-Unies. On sait aussi que les grands principes qui guident la diplomatie du Saint-Siège sont la promotion de la paix, la défense des droits humains, et le désarmement nucléaire. Pour Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef adjoint chargé des questions religieuses au Figaro, c'est avant tout par la culture de la rencontre que le pape argentin incarne depuis bientôt cinq ans la diplomatie vaticane.

    Un pape qui cultive la rencontre mais qui est aussi très attentif à la manière dont les nonces qui le représentent sur le terrain se comportent. Et c’est le sens de la réforme qu’il a engagée dans les nonciatures apostoliques, ces ambassades du Vatican présentes dans la plupart des Etats du monde. François souhaite en effet que les prêtres qui y travaillent soient d’abord des prêtres, des hommes d’Eglise, avant d’être des diplomates.

    UNE DIPLOMATIE VATICANE QUI ÉVOLUE EN FONCTION DU CONTEXTE MONDIAL

    Mais cette incarnation de la diplomatie du Saint-Siège par un pape dépend du contexte dans lequel s’inscrit son pontificat. Mondialisation, crise des migrants, persécution des chrétiens d’Orient. Le contexte dans lequel s’exerce la diplomatie vaticane actuelle a changé. C'est ce qu'explique Jean-Baptiste Noé, historien et auteur du livre "Géopolitique du Vatican" (ed.Presses universitaires de France).

    Dans ce monde fissuré, le pape François proclame des convictions très fortes. Des convictions qu’il martèle et qui balisent en quelque sorte son pontificat. Le pape prône également la paix et le dialogue. Il l’a démontré récemment le jour de Noël à propos de la décision unilatérale de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

    LES DIPLOMATES DU SAINT-SIÈGE NE BAISSENT PAS LES BRAS

    Dans son dernier message Urbi et Orbi, le pape a appelé à une solution négociée entre Israéliens et Palestiniens. Si l’attention, les mots du pape vont droit au cœur des chrétiens de Terre Sainte, Mgr Marcuzzo vicaire du patriarcat latin de Jérusalem reste prudent sur la portée et l’impact diplomatique de ces déclarations. Du statut de Jérusalem aux réfugiés  en passant par le drame des Rohingyas, le pape est ferme mais se garde bien de souffler sur les braises. Il se veut rassurant, il veut entrevoir des signes positifs dans les situations dramatiques. 

    Enfin, cette diplomatie de l'Eglise porte des fruits. L’activité diplomatique menée par l’Église a contribué à obtenir des résultats concrets, comme le dégel des relations entre Cuba et les États-Unis, ou la signature d’un accord de paix en Colombie entre les FARC et le gouvernement. La médiation au Venezuela a certes échoué, mais le Pape et les services diplomatiques du Saint-Siège ne baissent pas les bras.

    Des services diplomatiques réunis lundi 8 janvier au Vatican, pour les voeux du Pape François. "Dans les relations avec les Autorités civiles, le Saint-Siège ne vise rien d’autre que de favoriser le bien-être spirituel et matériel de la personne humaine et la promotion du bien commun" a notamment déclaré le Saint-Père, à cette occasion.

  • La fin des Chrétiens d'Orient ?

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    La fin des chrétiens d’Orient ? (Arte)

    87 min.
    Disponible du 09/01/2018 au 10/03/2018
    Prochaine diffusion : vendredi 2 février à 09h25
     
    Ce programme est disponible en vidéo à la demande ou DVD.

    Minée par les persécutions, l'exil et le recul de ses droits, la communauté chrétienne va-t-elle disparaître du Moyen-Orient ? Un saisissant panorama de sa fragile condition dans cinq pays : l'Irak, la Syrie, la Turquie, l'Égypte et le Liban.

    Au début du XXe siècle, un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien. Aujourd'hui, ils sont largement minoritaires (11 millions parmi 320 millions de musulmans). Chaque année, des milliers d'entre eux sont massacrés, souvent parce qu'on les assimile à un Occident qui, pourtant, ne les soutient guère. Peu à peu, ils disparaissent de la région qui a vu naître leur religion. Ils descendent en effet des premiers chrétiens qui fondèrent des communautés religieuses au cours du Ier siècle, quand l'Europe était païenne. Au VIIe siècle, ils ont accompagné l'avènement de l'islam. Cet ample et passionnant documentaire explore leur fragile condition dans cinq pays : l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et l'Égypte. D'une région à l'autre, leur position minoritaire les conduit souvent à s'allier au pouvoir en place en échange d'une protection incertaine.

    "Pris en étau"
    Les chrétiens d'Orient "ont toujours été pris en étau entre l'Occident d'un côté et l'islam de l'autre", résume l'historien des religions Jean-François Colosimo. En Irak et en Syrie, ils ont fui en masse les persécutions de l'État islamique, qui cherche aussi à effacer les traces de leur culture. Le père Najeeb Michael raconte comment, de façon rocambolesque, il a sauvé des milliers de manuscrits et tableaux, en les embarquant dans des cartons lors de son exode. Décimée en Turquie par le génocide de 1915 puis par l'émigration, plus importante en Égypte mais endeuillée par de récents attentats, la communauté chrétienne n'obtient pas la reconnaissance officielle qu'elle attend des autorités des deux pays. Il n'y a qu'au Liban qu'elle est majoritaire et joue un rôle politique, même si elle a perdu une part de ses prérogatives après l'accord de Taëf de 1989. Au fil des interviews d'historiens, de politologues ou de dignitaire religieux, et des séquences émouvantes auprès des réfugiés ou des communautés religieuses, se dessine un monde éprouvé mais aussi baroque, chaleureux et multiple, réparti en six rites différents : syriaque, byzantin, arménien, chaldéen, copte et maronite. Le film permet de revisiter des pans d'histoire édifiants, du partage désastreux du Moyen-Orient entre l'Angleterre et la France, qui continue de peser sur la région, à l'échec du panarabisme en passant par la façon dont le clan El-Assad a instrumentalisé les religions. Il rappelle aussi que la présence des chrétiens ou d'autres minorités religieuses, comme les yézidis, garantit un reste de pluralité culturelle dans une région que les juifs ont dû quitter. Enfin, le documentaire met en exergue l'esprit de résistance des chrétiens d'Orient et leurs efforts pour préserver leur culture.
  • Mutations de l’Eglise orthodoxe russe

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    Lu sur le site du mensuel « La Nef » :

    «L’Église a clairement pris sa revanche sur l’anticléricalisme des Soviets, au point d’être aujourd’hui au cœur du pouvoir, mais elle traverse dans le même temps une crise profonde » (1), explique Serguey Chapnin, qui fut proche du patriarche de Moscou Cyrille.

    UN BILAN À METTRE EN PERSPECTIVE

    mutations de l'église orthodoxe russe.jpgL’Église en Russie a subi en 25 ans une extraordinaire mutation : le nombre d’Orthodoxes a été multiplié par quatre, de 17 % en 1990 à 60-70 % actuellement (essentiellement aux dépens des « incroyants » qui passent de 75 à 19 %, les musulmans passant de 1 à 7 %, les autres religions restant en dessous de 1 %) et le nombre de pratiquants a été multiplié par 72. Plus de 10 000 églises et 350 monastères ont été construits ou rénovés, 20 000 clercs ordonnés, 200 évêques consacrés…
    Élu en 2009, le patriarche Cyrille a réformé l’administration de l’Église, des paroisses et des monastères aux plus hautes autorités ; la « Conférence Interconciliaire », organe délibératif permanent original qui prépare les décisions du concile – organe de décision suprême dans une Église orthodoxe qui inclut 20 % de laïcs. La pratique religieuse a évolué avec, en particulier, la promotion de la communion fréquente (combattue par les conservateurs) ; la vénération de reliques apportées de l’étranger attire des millions de pèlerins (2) ; le renouveau théologique, très riche en Russie, renoue avec la Renaissance théologique du XIXe siècle et « l’École de Paris » (3).
    La rencontre à Cuba du patriarche avec le pape en 2016 démontre enfin son ouverture et entame une ère nouvelle dans les relations avec l’Église catholique (4).

    LE CHRISTIANISME SANS LE CHRIST ?

    L’Église a renforcé sa position dans la société : V. Poutine, fervent orthodoxe, rencontre régulièrement le patriarche Cyrille et la nouvelle idéologie nationale est inspirée de l’Orthodoxie (même s’il s’agit plutôt du vieux fond soviétique rhabillé avec la symbolique et la terminologie orthodoxes, écrit Chapnin). Des accords sont conclus avec la plupart des ministères, des aumôniers nommés dans les institutions de l’État, un cours sur les « fondements de la culture orthodoxe » a été introduit dans les programmes scolaires et plusieurs lois ont été inspirées par l’Église : ainsi des activistes utilisent la loi sur « l’offense des sentiments religieux des croyants » (2013) pour s’opposer à des événements jugés blasphématoires (interdiction d’un Tannhäuser d’avant-garde à Novosibirsk, campagne contre le film Mathilda sur une amourette de jeunesse du saint empereur Nicolas II). De même, les mesures « anti-prosélytes » de la loi antiterroriste (2016) sont appliquées contre les communautés protestantes (interdiction des Témoins de Jéhova).
    L’Église est perçue par les intellectuels et l’opposition libérale comme partenaire idéologique du pouvoir et non plus dissidente et persécutée comme en URSS. Chapnin va jusqu’à lui reprocher un manque de prédication, l’accusant de tomber dans un « christianisme sans le Christ ».

    DIFFICILE ÉQUILIBRE

    En réalité l’Église russe est une très grande institution multinationale : près de la moitié de ses paroisses sont hors de Russie, dans 56 pays, principalement de l’ex-URSS, mais aussi sur tous les autres continents (y compris 15 paroisses en France…). Son personnel total atteint près de 100 000 personnes, clercs, moines, laïcs, et il n’est pas surprenant qu’on y trouve les positions les plus diverses.
    Il y a en particulier deux ailes opposées fort remuantes : l’aile libérale, que représente Serguey Chapnin, reproche à la hiérarchie blocage et immobilisme, mais un courant conservateur, au contraire, refuse tout changement, considéré comme une trahison de la Tradition orthodoxe, et en particulier tout rapprochement œcuménique, accusé d’hérésie. Le patriarche Cyrille doit maintenir un difficile équilibre entre les deux partis sous peine de provoquer un schisme comme celui des Vieux-croyants au XVIIe siècle.

    Vladimir Golovanow

    (1) Le Monde du 3 août 2017.
    (2) Des reliques de saint Nicolas apportées de Bari à Moscou et Saint-Pétersbourg, du 21 mai au 28 juillet 2017, ont attiré plus de 3 millions de pèlerins de toute la Russie qui ont attendu dans des queues de plusieurs heures.
    (3) Pensée théologique orthodoxe développée à Paris par les émigrés russes dans les années 1930-1950.
    (4) Cf. notre article « Vers un rapprochement ? », La Nef n°272 de juillet-août 2015.

    Vladimir Golovanow, laïc orthodoxe, a travaillé comme expert de l’UE et de la BERD dans les pays russophones où il a souvent séjourné depuis 1964 ; il intervient dans l’enseignement supérieur sur les relations avec la Russie. Il intervient régulièrement sur le forum « Parlons Orthodoxie » : www.egliserusse. eu/blogdiscussion/

    © LA NEF n°295

    Ref. Mutations de l’Eglise orthodoxe russe

    « L’Église en Russie a subi en 25 ans une extraordinaire mutation : le nombre d’Orthodoxes a été multiplié par quatre, de 17 % en 1990 à 60-70 % actuellement (essentiellement aux dépens des  incroyants qui passent de 75 à 19 %) : comment faut-il lire ces chiffres ? du marxisme-léniniste à la 'sainte' Russie rediviva, une idéologie en a-t-elle remplacé une autre ou bien la dictature communiste masquait-elle simplement le fond immuable de l’âme russe ? Un peu des deux sans doute.Très différent de l’érosion, progressive mais implacable, du christianisme occidental depuis les « Lumières » aveuglant toujours plus la conscience européenne au cours des trois derniers siècles.

    JPSC

  • Le discours du pape au Corps diplomatique

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    De zenit.org :

    Discours au Corps diplomatique : le pape défend les Droits fondamentaux de l’homme (Texte intégral)

     
    Voeux au Corps diplomatique © Vatican MediaVoeux Au Corps Diplomatique © Vatican Media

    Le droit à la vie, à la liberté et à l’inviolabilité de chaque personne humaine, le droit de former une famille, la liberté de mouvement, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, le droit au travail… le pape François a défendu ces droits fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce 8 janvier 2018, devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège.

    Le pape a en effet consacré son traditionnel discours de vœux du Nouvel An à ce document, soixante ans après son adoption de la part de l’Assemblée Générale des Nations Unies (10 décembre 1948): « Après soixante ans, a-t-il déploré, il est regrettable de relever comment de nombreux droits fondamentaux sont aujourd’hui encore violés. »

    Au fil de son long discours, le pape a formulé des vœux pour les pays ravagés par les conflits, notamment l’Irak, la Syrie, l’Ukraine, et divers pays d’Afrique. Il a plaidé pour « le désarmement intégral » : « La prolifération des armes aggrave clairement les situations de conflit et comporte des coûts humains et matériels considérables qui minent le développement ainsi que la recherche d’une paix durable. »

    Anne Kurian

    Discours du pape François

    Excellences, Mesdames et Messieurs,Elle constitue une belle coutume, cette rencontre qui, en conservant encore vive dans les cœurs la joie de Noël, m’offre l’occasion de vous présenter personnellement les vœux pour l’année commencée depuis peu et de manifester ma proximité ainsi que mon affection aux peuples que vous représentez. Je remercie le Doyen du Corps Diplomatique, Son Excellence Monsieur Armindo Fernandes do Espiríto Santo Vieira, Ambassadeur de l’Angola, pour les paroles déférentes qu’il vient de m’adresser au nom de tout le Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège. J’adresse une spéciale bienvenue aux Ambassadeurs venus de l’extérieur de Rome pour l’occasion, dont le nombre s’est accru suite aux relations diplomatiques nouées avec la République de l’Union du Myanmar, en mai dernier. De même, je salue les Ambassadeurs résidents à Rome toujours plus nombreux, parmi lesquels se trouve, à présent, l’Ambassadeur de la République de l’Afrique du Sud, tandis je voudrais dédier une pensée particulière à feu l’Ambassadeur de la Colombie, Guillermo León Escobar-Herran, décédé quelques jours avant Noël. Je vous remercie pour les relations fructueuses et constantes que vous entretenez avec la Secrétairerie d’État et avec les autres Dicastères de la Curie Romaine, en témoignage de l’intérêt de la communauté internationale pour la mission du Saint-Siège et pour l’engagement de l’Église catholique dans vos pays respectifs. Dans cette perspective se situe aussi l’activité du Saint-Siège concernant les Conventions, qui l’an dernier a vu la signature, au mois de février, de l’Accord Cadre avec la République du Congo et, au mois d’août, de l’Accord entre la Secrétairerie d’État et le Gouvernement de la Fédération Russe sur les voyages sans visa des titulaires de passeports diplomatiques.

    Lire la suite