Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Histoire - Page 2

  • Comment le Canada s’est trompé du tout au tout sur les pensionnats autochtones

    IMPRIMER

    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Nouveau livre sur « Comment le Canada s’est trompé du tout au tout sur les pensionnats autochtones »

    Paru en novembre 2025 chez True North et Dorchester Books,  Dead Wrong : How Canada Got the Residential School Story So Wrong (littéralement, Mortellement faux, Comment le Canada s’est trompé du tout au tout sur les pensionnats) prolonge et approfondit le travail commencé par Grave Error (littéralement Erreur grave/erreur sur les tombes, 2023).  

    Co-dirigé par C.P. Champion et l’historien Tom Flanagan, ce recueil de quinze essais démonte ce qui pourrait être la plus grande erreur collective de l’histoire récente du Canada : la transformation, en quelques semaines de mai-juin 2021, d’une simple anomalie radar à Kamloops en certitude nationale de « 215 corps d’enfants » enterrés secrètement, puis en mythe de « milliers d’enfants disparus ».

    Les auteurs ne nient rien des souffrances réelles : sévices corporels avérés dans certains établissements, séparation brutale des familles, perte de langue et de culture. Mais ils montrent, documents à l’appui, que le récit dominant repose sur des exagérations, des confusions et des affirmations jamais vérifiées.

    Quelques exemples concrets développés dans l’ouvrage

    Kamloops, mai 2021 : l’anthropologue Sarah Beaulieu annonce « 215 anomalies » détectées par radar géophysique. Aucun corps n’est exhumé à ce jour (décembre 2025), mais le Premier ministre Trudeau met les drapeaux en berne pendant cinq mois et parle de « crimes contre l’humanité ». 

    Le livre publie les courriels internes de la bande Tk’emlúps : dès juillet 2021, les responsables savaient qu’il s’agissait probablement de l’ancien cimetière paroissial connu depuis les années 1950.

    Pine Creek, Manitoba: après des annonces tonitruantes de « 14 tombes anonymes », les fouilles de 2023 ne révèlent… rien. Le chef de la Première nation déclare alors que « l’important, c’est le ressenti ».

    Le Barreau de la Colombie-Britannique : Jonathan Kay publie les échanges internes montrant que des juristes avaient alerté la direction : les « tombes anonymes » sont une fable. Réponse de la direction : on garde le module de formation obligatoire quand même, « par respect pour les survivants ».

    Le documentaire Sugarcane (Oscar 2025 du meilleur documentaire) : Frances Widdowson pointe les erreurs factuelles sur l’école Saint-Joseph de Williams Lake (dates fausses, témoignages non recoupés, photos d’autres pensionnats utilisées à tort). Le film remporte l’Oscar malgré tout.

    Tentatives de censure :

    • Un enseignant de l’Ontario, Jim McMurtry, est suspendu pour avoir rappelé en classe que 80 % des décès étaient dus à la tuberculose et à la grippe espagnole.
    • À Quesnel (C.-B.), le conseil municipal vote une motion pour destituer le maire Ron Paull… uniquement parce qu’il avait offert Grave Error à la bibliothèque municipale.
    • La députée Leah Gazan dépose le projet de loi C-413 visant à criminaliser le « déni du génocide des pensionnats » — projet analysé et démonté par Tom Flanagan.

    Lire la suite

  • L'image étonnante de Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre)

    IMPRIMER

    C'est aujourd'hui la fête de Notre-Dame de Guadalupe. Une étude sur Notre-Dame de Guadalupe a été réalisée par le frère Bruno Bonnet-Eymard et publiée par la Contre-Réforme Catholique. Nous la relayons ici, saluant le travail scientifique réalisé par le frère, ce qui ne nous empêche pas d'être extrêmement réservés à l'égard des positions de la CRC sur d'autres questions.

    La Vierge au Mexique

    NOTRE-DAME DE GUADALUPE

    ET SON IMAGE MERVEILLEUSE
    DEVANT L'HISTOIRE ET LA SCIENCE

    par frère Bruno Bonnet-Eymard

    membre actif du Centro 
    de Estudios Guadalupanos

     

    Notre-Dame de la GuadalupeC'est le voyage du Pape au Mexique, en 1979, qui la fit paraître sur nos écrans pour la première fois. L'Image, brouillée par la distance, était médiocre et nul commentateur ne se soucia de nous en conter l'histoire. Sa beauté, son énigme constituaient un appel. Ainsi naquit le projet d'un pèlerinage jusqu'au pied de cette Image attirante, mystérieuse, mais aussi d'une enquête soigneuse, historique et polytechnique, enquête dont la méthode nous parut très tôt devoir être rigoureusement semblable à celle que, après et avec bien d'autres, nous avons menée sur le Saint Suaire de Turin pour aboutir enfin à une déclaration d'authenticité absolue.

    En effet, on ne peut pas apprendre son histoire sans désirer aussitôt la connaître, la voir, la vénérer. En 1531, dix ans après la conquête du Mexique par Cortés, un Indien chrétien du nom de Juan Diego, voit par trois fois la Vierge Marie lui apparaître pour lui demander de prier l'évêque élu de Mexico, Juan de Zumárraga, de lui construire une chapelle en ce lieu. Ce dernier demande un signe et la Vierge répond en imprimant miraculeusement, après une quatrième apparition, son propre portrait en pied sur la tilma de l'Indien. Depuis quatre cent cinquante ans cette Image d'une infinie délicatesse, empreinte sur un grossier textile de maguey, ne cesse d'attirer d'immenses pèlerinages. Tout Mexicain la tient pour miraculeuse.

    Lire la suite

  • Guadalupe : comment Marie bouleversa la vie de Juan Diego

    IMPRIMER

    Juan Diego_Joao Diego24433_14362.jpgLe chant du paradis, les roses et la Vierge métisse

    Comment Marie bouleversa la vie de Juan Diego (Zenit.org) Anita Bourdin

    Le saint Mexicain Juan Diego Cuauhtlatoatzin, veuf (1474-1548), de la tribu des Chichimeca a été béatifié en 1990 et canonisé en 2002. Il est rare qu'une cause soit relancée si longtemps après les événements. Mais le caractère exceptionnel du rôle de Juan Diego dans le développement du sanctuaire de Guadalupe justifiait la reprise de l'enquête.

    On sait qu'il a embrassé le christianisme et qu'il a été baptisé alors qu'il avait 50 ans, comme le rapporte l'un des premiers franciscains arrivés au Mexique. Un document écrit en langue nahuatl mais en caractères latins, et datant de 1556, rapporte les apparitions et raconte la vie de Juan Diego: El Nican Mopohua, d'Antonio Valeriano (1520-1605).

    Le chant de l'Immaculée

    En 1531, cela fait dix ans que Cortès a pris la ville de Mexico. Les Franciscains, arrivés en Nouvelle Espagne en 1524, ont commencé à annoncer l'Évangile. Au lendemain de la fête de l'Immaculée, le 9 décembre 1531, avant l'aube, vers quatre heures, un paysan Indien, pauvre, surnommé Diego, ayant reçu le nom de Juan à son baptême, se rend à Mexico. Depuis peu, il a perdu sa femme, Maria Lucia. Il marche seul, sur la route de 16 kilomètres qui mène de son village, Tolpetlac, à l'Église Saint-Jacques, tenue par les Franciscains. Au pied de la colline de Tepeyac, qui domine la plaine, non loin du lac de Texcoco, il entend soudain un chant très doux et mélodieux, comme le chant harmonieux d'une multitudes d'oiseaux. Il lève les yeux vers l'endroit d'où le chant semble venir et il aperçoit comme une nuée blanche et lumineuse entourée d'un arc-en-ciel. Une lumière émane du cœur de la nuée. Dans sa joie, Juan Diego en fait que répéter: "Qu'est-ce que je vois et qu'est-ce que j'entends? Où suis-je entraîné? Peut-être m'a-t-on conduit au paradis terrestre?"

    Lire la suite

  • Le laïcisme à la française n'est pas un hymne à la tolérance, mais un projet destructeur visant l'identité catholique de la France

    IMPRIMER

    D'Hélène de Lauzun sur The European Conservative :

    120 ans de laïcité française

    Expulsion de la communauté de la Grande Chartreuse par la force militaire le 29 avril 1903

    Expulsion de la communauté de la Grande Chartreuse par la force militaire le 29 avril 1903; Auteur inconnu — domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=63328902

    Le laïcisme à la française n'est pas un hymne à la tolérance, mais un projet destructeur visant l'identité catholique de la France.

    10 décembre 2025

    Il y a cent vingt ans, le 9 décembre 1905, l'Assemblée nationale française votait en faveur de la séparation de l'Église et de l'État, établissant le principe de « laïcité » qui est encore aujourd'hui considéré comme l'un des principes intangibles de l'État républicain français.

    La laïcité à la française , à laquelle nul ne saurait s'opposer, est devenue intouchable – défendue aujourd'hui même par ceux contre qui elle fut initialement utilisée comme une arme. Mais si elle est désormais présentée sous un jour idéalisé et pacifique, la « laïcité », telle qu'elle fut conçue en 1905, n'a jamais été cette merveilleuse ouverture républicaine à toutes les pratiques religieuses qu'on nous vend aujourd'hui. Conçue dans le cadre d'un projet militant et ouvertement anti-catholique, plutôt que comme un hymne à la tolérance, elle montre aujourd'hui ses limites face à la place grandissante de l'islam dans la société française. 

    La loi séparant l'Église et l'État n'est pas apparue comme par magie un beau matin de décembre 1905. Elle était plutôt l'aboutissement d'un long processus entamé 116 ans plus tôt avec la Révolution française et la Constitution civile du clergé. Promulguée en 1790, elle a radicalement transformé le rapport de la France au catholicisme, rapport qui, jusque-là, avait été direct et incontestable. Pour la première fois, l'institution religieuse se trouvait radicalement subordonnée à l'institution étatique, alors que cette dernière était conçue, en principe, comme la servante d'un ordre divin supérieur à lui, dont l'Église était la représentante suprême.

    Profondément enraciné en France, le catholicisme a résisté. Tout au long du XIXe siècle, la France a connu un lent mais inéluctable processus de sécularisation, visant à effacer l'Église d'une société et d'un peuple avec lesquels elle avait tissé des liens privilégiés au fil des siècles. Ce processus, non linéaire, s'est accompagné d'un profond renouveau religieux après les bouleversements de la Révolution. L'éducation fut le principal champ de bataille entre les partisans d'une Église catholique publique, soucieuse de maintenir son influence visible sur une société qu'elle avait façonnée, et ses opposants de tous bords, des plus farouches antireligieux aux plus modérés anticléricaux.

    La Troisième République se développa dans ses premières années avec une population majoritairement monarchiste. D'abord, sous l' Ordre Moral , les dirigeants tentèrent maladroitement de regagner le soutien populaire en promouvant la place de l'Église dans la vie publique. Mais ils échouèrent. Lorsque les républicains triomphèrent de l'Ordre Moral en 1879, l'anticléricalisme devint définitivement et durablement synonyme de l'idéal républicain. Le « nouveau » régime se fixa l'objectif quasi officiel d'éradiquer de la vie publique toute trace de l'influence de l'Église catholique en France. 

    Il était difficile pour les catholiques français de s'identifier à ce régime, et de ce fait, ils se retrouvèrent politiquement exclus dans leur propre pays. Au début des années 1890, l'Église tenta de combler ce fossé en prônant le Ralliement des catholiques, qui ne pouvaient être indéfiniment exclus de la vie politique, mais le profond désaccord persista.

    C’est dans ce contexte que fut adoptée la loi sur la liberté d’association en 1901. Cette mesure, que les dirigeants actuels aiment à célébrer comme une étape importante du « vivre-ensemble », puisqu’elle accorde le statut légal à toutes les associations sportives et culturelles de France, fut conçue dans un esprit résolument anticlérical. Le message était clair : toutes les associations étaient les bienvenues dans la vie publique, à l’exception des congrégations religieuses. 

    Ce fut un choix politique désastreux, étant donné que ces mêmes congrégations étaient alors responsables de la quasi-totalité du secteur social, y compris de la protection sociale et de la santé. Au nom de cette prétendue liberté d'association, tous ceux qui ne correspondaient pas aux cadres associatifs établis par la loi, à savoir les religieux et religieuses, délibérément privés de tout statut légal, furent condamnés à la dislocation et à l'expulsion.

    La population protesta et se révolta. Des figures religieuses furent traquées et exilées. Des officiers préférèrent comparaître devant la cour martiale et ruiner leur carrière plutôt que d'exécuter des ordres contraires à leurs convictions chrétiennes. Des images marquantes subsistent, comme l'expulsion des moines chartreux dans la neige : vingt vieillards, bienfaiteurs du département de l'Isère, furent emmenés par la police et l'armée.

    La loi de 1901 fut suivie d'une seconde salve : la loi de juillet 1904, qui prévoyait le retrait définitif de tout enseignement des congrégations religieuses. Pas moins de 14 000 écoles fermèrent leurs portes en deux ans. Le gouvernement mura les chapelles, fit démolir les calvaires et interdire au clergé de passer les examens d'enseignement. En termes contemporains, des citoyens furent attaqués et exclus, bafouant ainsi certains des droits humains les plus fondamentaux, à savoir la liberté de conscience et la liberté de culte. Cette loi créa des citoyens de seconde zone, privés de certains de leurs droits. La laïcité fut perçue comme une attaque contre la religion. Pourtant, aujourd'hui, alors que nous commémorons cette loi, nous restons curieusement silencieux face à ces attaques très graves, indignes d'une société prétendument démocratique.

    Lorsque la loi de 1905 est entrée en vigueur, les dégâts causés étaient déjà considérables.

    La loi affirmait la liberté de conscience et garantissait le libre exercice du culte. Elle précisait également que l'État ne reconnaissait ni ne subventionnait aucune religion. Une dernière disposition, essentielle, stipulait que les lieux de culte et les logements du clergé seraient déclarés propriété de l'État et mis à la disposition des associations religieuses. Il s'agissait d'une spoliation massive, venant s'ajouter à celle déjà perpétrée lors de la Révolution.

    La loi de 1905 ne reconnaissait donc plus l'Église comme une entité juridique, la soustrayant ainsi au champ d'application de la common law. Fidèle aux principes libéraux, elle consacrait la séparation entre sphère privée et sphère publique. Elle refusait de reconnaître le rôle social des croyances, les réduisant au statut d'opinions individuelles ne devant jamais interférer avec le monde politique au sens plein du terme. Bien qu'elle reconnaisse le fait collectif du « culte », qui conférait néanmoins une dimension sociale à la croyance religieuse, elle ne savait quel statut juridique lui attribuer : la messe demeura longtemps une émanation hybride du droit de réunion. La laïcité n'était pas la liberté d'expression, telle qu'on l'entend aujourd'hui. Elle fut prônée à une époque où prévalait le mythe de l'unité républicaine, mythe sapé par la religion catholique, en désaccord avec son idéal.

    Il ne faut pas oublier que l'Église de l'époque a fermement condamné cette loi. La papauté n'a pas été consultée lors de sa rédaction, ce qui a rompu le Concordat, accord bilatéral antérieur. Les tentatives de réconciliation ont échoué. Les encycliques condamnant la loi se sont multipliées, envenimant encore davantage les relations déjà tendues entre le Saint-Siège et l'État français : on ne pouvait rien attendre d'un gouvernement qui avait fait de l'Église son ennemi public numéro un.

    La Première Guerre mondiale a apaisé ces fortes tensions. Après le conflit, l'anticléricalisme du début du XXe siècle n'était plus une force politique majeure. Au début des années 1920, la situation se stabilisa progressivement, tant dans les faits que dans le droit. Les relations avec Rome furent rétablies et les associations diocésaines, conciliant contrôle étatique et hiérarchie ecclésiastique, permirent d'envisager une gestion plus sereine des biens de l'Église. Les Français vivent encore aujourd'hui selon le modus vivendi qui prévalait alors.

    Malheureusement, le retour au calme a eu pour effet d'endormir la confiance dans la nature du projet laïque, tel qu'il a été conçu à l'origine et tel qu'il existe encore aujourd'hui. Peu à peu, un mythe séduisant s'est développé autour de la laïcité. Sa définition est simple : il suffirait que chacun mette de côté son identité religieuse en société pour que nous vivions dans le meilleur des mondes. On entend de fortes voix réclamer un retour à un hypothétique « esprit de 1905 » qui n'a jamais existé (s'il a existé, il s'agirait plutôt d'une forme rare d'intolérance), sous l'illusion qu'un tel retour résoudra tous les problèmes épineux qui surgissent. Le voile à l'école et le voile dans la rue ? Retournons en 1905, et le voile disparaîtra. Comme si la laïcité de 1905 pouvait en quoi que ce soit s'accommoder de l'islamisme militant d'aujourd'hui.

    L'esprit de la loi de 1905 reposait sur l'idée, héritée de l'Évangile – rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu –, qu'il existe une distinction entre sphère publique et sphère privée. Or, cette idée s'est muée en un culte de la neutralité paralysant et destructeur. Au nom de la laïcité, toute possibilité de recourir à des principes moraux, quels qu'ils soient, est désormais rejetée, car soupçonnée d'être « religieuse ». Le débat sur l'avortement et l'euthanasie, par exemple, en subit cruellement les conséquences dans l'espace public.

    De plus, le paradoxe de la loi de 1905 réside dans le fait qu'elle a été conçue contre le catholicisme, mais dans une société catholique, pour une société catholique. En excluant l'Église de la société française, elle se révèle aujourd'hui inadaptée pour gérer la question de l'islam, qui ne reconnaît pas la séparation des sphères publique et privée. Le remède à l'islam n'est pas la laïcité, mais la reconnaissance de l'identité catholique de la France.

    Les catholiques français, qui devraient pourtant savoir que l'idée de laïcité dissimule de profondes atteintes à leur existence, ferment souvent les yeux sur cette illusion, qui sent l'hypocrisie historique. La laïcité ne défend pas leurs intérêts, loin de là. La générosité qui pousse nombre d'entre eux à défendre la loi de 1905 leur fait oublier que le monde politique auquel ils espèrent s'intégrer en affichant une neutralité de façade ne leur est pas favorable. Aujourd'hui, les catholiques sont les bienvenus, pourvu qu'on ne les écoute pas. Tandis que la République française poursuit son règlement de comptes avec l'Église du Christ – mais cela sera-t-il jamais terminé ? – en s'attaquant aux calvaires, aux clochers et aux crèches, l'islam continue de prospérer.

    Hélène de Lauzun est la correspondante parisienne du European Conservative . Elle a étudié à l'École normale supérieure de Paris, où elle a enseigné la littérature et la civilisation françaises à Harvard. Docteure en histoire de la Sorbonne, elle est l'auteure de * Histoire de l'Autriche*  (Perrin, 2021).

  • Paris, 13 décembre : béatification de 50 Français morts par haine de leur foi sous le régime nazi

    IMPRIMER

    Du site du diocèse de Paris :

    Rencontre avec le postulateur de la cause des 50 martyrs de l’apostolat

    À l’approche de la célébration, Mgr Bernard Ardura, postulateur de leur cause, revient sur l’histoire et le témoignage des futurs bienheureux Raymond Cayré, Gérard-Martin Cendrier, Roger Vallée, Jean Mestre et de leurs 46 compagnons. Le 20 juin 2025, le pape Léon XIV a signé un décret du dicastère des Causes des saints reconnaissant le martyre de 50 Français morts par haine de leur foi sous le régime nazi en 1944 et 1945.

    La messe de béatification aura lieu le samedi 13 décembre 2025 à Notre-Dame de Paris. À l’approche de la célébration, Mgr Bernard Ardura, postulateur de leur cause, revient sur leur histoire et leur témoignage.

     
  • 11 décembre 1925 : publication de l'encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ-Roi

    IMPRIMER

    QUAS PRIMAS

    LETTRE ENCYCLIQUE 
    DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XI 

    DE L'INSTITUTION D'UNE FÊTE DU CHRIST-ROI.
     

    Aux Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et autres ordinaires de lieu, en paix et communion avec le Siège apostolique.

    1. Dans (1) la première Encyclique qu'au début de Notre Pontificat Nous adressions aux évêques du monde entier (2), Nous recherchions la cause intime des calamités contre lesquelles, sous Nos yeux, se débat, accablé, le genre humain.

    Or, il Nous en souvient, Nous proclamions ouvertement deux choses: l'une, que ce débordement de maux sur l'univers provenait de ce que la plupart des hommes avaient écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique; l'autre, que jamais ne pourrait luire une ferme espérance de paix durable entre les peuples tant que les individus et les nations refuseraient de reconnaître et de proclamer la souveraineté de Notre Sauveur. C'est pourquoi, après avoir affirmé qu'il fallait chercher la paix du Christ par le règne du Christ, Nous avons déclaré Notre intention d'y travailler dans toute la mesure de Nos forces ; par le règne du Christ, disions-Nous, car, pour ramener et consolider la paix, Nous ne voyions pas de moyen plus efficace que de restaurer la souveraineté de Notre Seigneur.

    2. Depuis, Nous avons clairement pressenti l'approche de temps meilleurs en voyant l'empressement des peuples à se tourner - les uns pour la première fois, les autres avec une ardeur singulièrement accrue - vers le Christ et vers son Eglise, unique dispensatrice du salut: preuve évidente que beaucoup d'hommes, jusque-là exilés, peut-on dire, du royaume du Rédempteur pour avoir méprisé son autorité, préparent heureusement et mènent à son terme leur retour au devoir de l'obéissance.

    Tout ce qui est survenu, tout ce qui s'est fait au cours de l'Année sainte, digne vraiment d'une éternelle mémoire, n'a-t-il pas contribué puissamment à l'honneur et à la gloire du Fondateur de l'Eglise, de sa souveraineté et de sa royauté suprême?

    Voici d'abord l'Exposition des Missions, qui a produit sur l'esprit et sur le cœur des hommes une si profonde impression. On y a vu les travaux entrepris sans relâche par l'Eglise pour étendre le royaume de son Epoux chaque jour davantage sur tous les continents, dans toutes les îles, même celles qui sont perdues au milieu de l'océan; on y a vu les nombreux pays que de vaillants et invincibles missionnaires ont conquis au catholicisme au prix de leurs sueurs et de leur sang; on y a vu enfin les immenses territoires qui sont encore à soumettre à la douce et salutaire domination de notre Roi.

    Voici les pèlerins accourus, de partout, à Rome, durant l'Année sainte, conduits par leurs évêques ou par leurs prêtres. Quel motif les inspirait donc, sinon de purifier leurs âmes et de proclamer, au tombeau des Apôtres et devant Nous, qu'ils sont et qu'ils resteront sous l'autorité du Christ?

    Voici les canonisations, où Nous avons décerné, après la preuve éclatante de leurs admirables vertus, les honneurs réservés aux saints, à six confesseurs ou vierges. Le règne de notre Sauveur n'a-t-il pas, en ce jour, brillé d'un nouvel éclat? Ah! quelle joie, quelle consolation ce fut pour Notre âme, après avoir prononcé les décrets de canonisation, d'entendre, dans la majestueuse basilique de Saint Pierre, la foule immense des fidèles, au milieu du chant de l'action de grâces, acclamer d'une seule voix la royauté glorieuse du Christ: Tu Rex gloriae Christe!

    A l'heure où les hommes et les Etats sans Dieu, devenus la proie des guerres qu'allument la haine et des discordes intestines, se précipitent à la ruine et à la mort, l'Eglise de Dieu, continuant à donner au genre humain l'aliment de la vie spirituelle, engendre et élève pour le Christ des générations successives de saints et de saintes; le Christ, à son tour, ne cesse d'appeler à l'éternelle béatitude de son royaume céleste ceux en qui il a reconnu de très fidèles et obéissants sujets de son royaume terrestre.

    Lire la suite

  • Saint Damase

    IMPRIMER

    saint_10.jpgSaint Damase 1er, Pape (source)

    (voir également : http://hodiemecum)

    Né à Rome vers 305, Damase fut diacre du pape Libère (352-366) qu’il accompagna en exil (355) ; retourné assez vite à Rome, il prit du service auprès de l’antipape Félix II (355-365) mais se réconcilia avec le pape Libère quand celui-ci fut autorisé à rentrer à Rome. A la mort de Libère (24 septembre 366) éclatèrent de violents désordres : les fidèles du défunt pape, réunis dans la basilique Julienne, élisaient le diacre Ursin à sa succession et le faisaient sacrer ; les autres où l’on voyait beaucoup de partisans du défunt antipape, choisirent Damase et soudoyèrent un bande de voyous qui firent l’assaut de la basilique Julienne où, pendant trois jours, on massacra des ursiniens. Le 1° octobre 366, après que ses partisans se furent emparé de la basilique du Latran, Damase fut sacré et, avec l’appui du préfet de la ville, fit chasser Ursin et ses fidèles de Rome d’où les derniers disparurent dans la prise de la basilique libérienne (26 octobre 366).

    Lire la suite

  • Comment la Sainte Maison de Marie à Nazareth a-t-elle pu se retrouver à Lorette, en Italie ?

    IMPRIMER

    De Courtney Marres sur CNA :

    Comment la Sainte Maison de Marie à Nazareth a-t-elle pu se retrouver à Lorette, en Italie ?sharethis sharing button

    La Sainte Maison de Notre-Dame dans le sanctuaire de Lorette Crédit Tatiana Dyuvbanova Shutterstock CNALa Sainte Maison de Notre-Dame dans le sanctuaire de Lorette. | Crédit photo : Tatiana Dyuvbanova/Shutterstock

    Quel est le point commun entre Galilée, Mozart, Descartes, Cervantès et sainte Thérèse de Lisieux ? Ils ont tous parcouru des centaines de kilomètres pour pénétrer dans la maison de la Vierge Marie, conservée dans une basilique de la petite ville italienne de Lorette.

    Les pèlerins catholiques affluent vers la Sainte Maison de Lorette depuis le 14e siècle pour se tenir à l'intérieur des murs où, selon la tradition, la Vierge Marie est née, a grandi et a accueilli l'ange Gabriel.

    En d'autres termes, si la structure provient effectivement de l'ancienne maison de Nazareth, les murs de la maison sainte ont été témoins du moment où le « Verbe s'est fait chair » à l'Annonciation, un moment autour duquel l'histoire de l'humanité a tourné.

    Le pape François a élevé la fête de Notre-Dame de Lorette en 2019 en décrétant qu'elle soit incluse dans le calendrier romain actuel comme mémorial facultatif chaque année le 10 décembre.

    La tradition veut que la Sainte Maison soit arrivée à Lorette le 10 décembre 1294, après un sauvetage miraculeux de la Terre Sainte alors que les Croisés étaient chassés de Palestine à la fin du XIIIe siècle.

    On raconte souvent que des anges auraient transporté la Sainte Maison de Palestine en Italie. Si les lecteurs contemporains peuvent douter de la véracité de cette légende, des documents historiques ont confirmé les croyances de pieux pèlerins au fil des siècles, avec une touche d'ironie.

    En 1900, le médecin du pape, Joseph Lapponi, découvrit dans les archives du Vatican des documents attestant qu'au XIIIe siècle, une noble famille byzantine, la famille Angeli, avait sauvé des « matériaux » de la « Maison de Notre-Dame » des envahisseurs musulmans et les avait ensuite fait transporter en Italie pour la construction d'un sanctuaire.

    Le nom Angeli signifie « anges » en grec et en latin.

    D’autres correspondances diplomatiques historiques, publiées seulement en 1985, évoquent les « pierres sacrées emportées dans la Maison de Notre-Dame, Mère de Dieu ». À l’automne 1294, des « pierres sacrées » furent incluses dans la dot d’Ithamar Angeli pour son mariage avec Philippe II d’Anjou, fils du roi Charles II de Naples.

    Une pièce de monnaie frappée par un membre de la famille Angeli a également été retrouvée dans les fondations de la maison de Lorette. En Italie, les pièces de monnaie étaient souvent insérées dans les fondations d'un bâtiment pour indiquer qui était responsable de sa construction.

    Lire la suite

  • Saint-Sépulcre : les archéologues confirment les récits des Évangiles

    IMPRIMER

    De Rafael Llanes sur zenit.org :

    Jérusalem : Les archéologues confirment les récits des Évangiles

    En découvrant un jardin sous le Saint-Sépulcre

    9 décembre 2025

    Des fouilles archéologiques récentes indiquent que des oliviers et des vignes poussaient il y a 2 000 ans sur le terrain aujourd’hui occupé par l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, selon des études de pollen et de restes végétaux trouvés dans des couches sous le sol de la basilique actuelle. 

    Les recherches du professeur Francesca Romana Stasolla de l’université Sapienza de Rome montrent que cette zone ne faisait pas partie de la ville à l’époque de Jésus. C’est sous le règne d’Hadrien que les Romains l’ont intégrée à Aelia Capitolina, une ville construite sur les ruines de Jérusalem au IIe siècle. 

    L’histoire chrétienne situe la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus sur le site du Golgotha, un espace protégé par un édifice construit en 1810 à l’intérieur de l’église. Les fouilles, entamées en 2022 en vue de la rénovation du sol de ce bâtiment, ont été approuvées en 2019 par les trois communautés religieuses qui l’administrent. 

    Le chapitre 19 de l’Évangile de Jean contient des détails absents des autres Évangiles : « Or, au lieu où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un tombeau neuf où personne n’avait encore été déposé » (Jean 19,41). La description de Jean concorde avec les découvertes faites. 

    Des analyses archéobotaniques réalisées par des scientifiques sur les différentes couches du sol indiquent la présence d’une zone agricole datant de l’époque d’Hérode, avant que la ville ne soit fortifiée. Il s’agissait vraisemblablement de terres cultivées situées hors des murs.

    Les découvertes montrent en-dessous un muret contenant de la terre utilisée pour les cultures, comme décrit dans l’Évangile selon Jean. De nouvelles études réhabilitent l’historicité du quatrième Évangile, à l’instar du dernier ouvrage de Craig Blomberg, qui souligne la nécessité de recherches sur le Jésus historique à partir de l’Évangile de Jean, une source souvent négligée. De même, le chercheur BD Ehrman, de l’Université de Caroline du Nord, affirme que « certaines sources antérieures à l’Évangile de Jean remontent aux premières années du mouvement chrétien, à ses balbutiements, quelques décennies avant la rédaction de l’Évangile de Marc ». 

    La basilique constantinienne a été construite au IVe siècle. Les analyses suggèrent que les vestiges végétaux datent d’une époque préchrétienne, bien que des tests de datation au radiocarbone n’aient pas encore été effectués. 

    Cette restauration représente l’intervention la plus importante depuis l’incendie qui a touché la basilique en 1808. L’église du Saint-Sépulcre dispose d’un sol temporaire pour faciliter le passage : l’équipe dirigée par Francesca Romana Stasolla a divisé l’espace en sections distinctes et maintient le site ouvert au public. 

    Les strates cachées sous la basilique offrent un aperçu détaillé de ce à quoi ressemblait la région de Jérusalem depuis l’âge du fer. Les fouilles révèlent que l’édifice repose sur une ancienne carrière, ce qui correspond au sous-sol d’une grande partie de la vieille ville. Avant la construction de l’église et après l’abandon de la carrière, une partie du terrain était cultivée. 

    À l’époque de Jésus, l’ancienne carrière abritait des tombes creusées dans la roche à différents niveaux. Avec le déclin de son activité, le nombre de sépultures augmenta. Constantin choisit l’une de ces tombes, historiquement liée à la mort de Jésus, l’isola et fit creuser autour : c’est la zone qui correspond aujourd’hui à la rotonde centrale.

    Jérusalem : Les archéologues confirment les récits des Évangiles | ZENIT - Français

  • Pieter van der Moere, le franciscain gantois qui a baptisé saint Juan Diego

    IMPRIMER

    De Francesca Pollio Fenton sur CNA :

    Voici le frère franciscain qui a baptisé saint Juan Diego.sharethis sharing button

    Nombreux sont ceux qui connaissent l'histoire de saint Juan Diego, dont la fête est célébrée le 9 décembre dans l'Église universelle. Cependant, l'histoire du frère franciscain qui baptisa ce saint vénéré est moins connue.

    En 1521, le conquistador espagnol Hernán Cortés vainquit l'empire aztèque, détruisit les temples païens et y construisit des églises catholiques. Les Franciscains furent les premiers missionnaires à arriver dans la région et commencèrent leur œuvre d'évangélisation auprès des populations autochtones en 1524.

    L'un des trois premiers missionnaires franciscains arrivés au Mexique fut le frère Pedro de Gante, également connu sous le nom de Pieter van der Moere. Originaire de Gand, en Flandre (actuelle Belgique), Gante avait reçu une formation musicale chorale dans les pays du Benelux (Pays-Bas, Belgique et Luxembourg). Il apporta cette base musicale au Mexique où il forma les chanteurs indigènes qui officiaient à la cathédrale de Mexico.

    Gante était convaincu que l'éducation et la religion devaient faire partie intégrante de la vie quotidienne. Il étudia la langue des peuples autochtones et put leur enseigner aussi bien dans leur dialecte qu'en espagnol.

    Durant cette période, Juan Diego, membre de la tribu Chichimèque vivant dans une région faisant partie du vaste empire aztèque, et son épouse commencèrent à fréquenter l'église Saint-Diego. En 1525, à l'âge de 50 ans, ils furent baptisés par Gante et prirent les noms de Juan Diego et Maria Lucia. Ils sont considérés comme l'un des premiers couples autochtones baptisés au Mexique.

    En 1526, Gante fonda San José de los Naturales pour enseigner aux garçons indigènes la lecture, l'écriture, la musique et la foi catholique. L'école leur enseignait également les techniques artisanales espagnoles, ce qui permit à de nombreux peintres et sculpteurs de contribuer à la décoration des nombreuses églises construites à cette époque.

    Le frère publia « La doctrine chrétienne en langue mexicaine » en nahuatl, la langue aztèque, en 1528.

    Gante ne fut jamais ordonné prêtre et resta frère toute sa vie, mourant le 19 avril 1572 à Mexico. 

  • L'Immaculée Conception, la réponse de Pie IX aux idoles de la modernité

    IMPRIMER

    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    IMAGOECONOMICA - STEFANO CAROFEI

    L'Immaculée Conception, la réponse de Pie IX aux idoles de la modernité

    Le dogme proclamé en 1854 rappelle au monde que l'origine de tous les maux sociaux et politiques est le péché, dont seule Marie est immunisée. Une analyse approfondie de La Bussola Mensile de décembre.

    (archive du 7_12_2024)

    Nous publions de larges extraits de l'article L'Immacolata, la réponse de Pie IX à la modernité « sans tache » de Stefano Fontana dans le numéro de décembre de La Bussola Mensile. (Pour connaître et s'abonner à notre revue de formation apologétique : labussolamensile.it)

    Le 8 décembre est une grande solennité pour l'Église. Il célèbre l'immaculée conception de Marie la Très Sainte ; dans l'absence de péché de la Mère de Dieu, la Providence nous montre avec réalisme l'humanité rachetée. La proclamation du dogme de l'Immaculée Conception a été faite par Pie IX le 8 décembre 1854 par la bulle Ineffabilis Deus qui affirmait : « Nous déclarons, prononçons et définissons la doctrine révélée par Dieu, selon laquelle la Bienheureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa conception, par une grâce et un privilège singuliers de Dieu et en raison des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, a été préservée de toute tache du péché originel, ce qui doit donc être l'objet d'une foi certaine et immuable de la part de tous les fidèles. (...)

    La proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie a certes une importance considérable du point de vue de la foi catholique et une signification profondément religieuse, mais elle doit également être considérée du point de vue de ses effets sociaux et politiques. La Doctrine sociale de l'Église, qui a précisément reçu sa formulation moderne et a été relancée au cours de ces décennies, a un caractère véritablement « marial ». L'Ineffabilis Deus est aussi une réponse aux idéologies perverses de la modernité, une réponse comme seule l'Église sait et peut le faire, c'est-à-dire de manière dogmatique. En effet, dans l'histoire du mouvement catholique, le 8 décembre a été l'occasion pour les membres de l'Action catholique de prononcer solennellement devant l'autel leur serment d'engagement catholique dans la société et la politique.

    Si l'on se reporte à l'année 1854 et que l'on essaie de reconstituer les menaces qui pesaient alors sur la société humaine et sur l'Église, on peut comprendre cette signification particulière du dogme de l'Immaculée Conception. Comme Rousseau avait décrété que l'homme naît bon et libre et que c'est la société qui le pervertit et l'enchaîne, le péché fut effacé de toute considération politique et le salut de l'humanité fut confié à des réformes ou à des révolutions. La philosophie politique moderne, qui aboutira plus tard à la Révolution française et aux soulèvements révolutionnaires du XIXe siècle, abolit le péché originel et l'idée même de péché, et ne considère plus qu'il faille le Fils de Dieu incarné, mort et ressuscité pour obtenir le salut.

    En cette année 1854, les révoltes de 1848 venaient d'avoir lieu, Marx avait publié le Manifeste du Parti communiste, proposant un salut terrestre apporté par la classe prolétarienne, nouveau sauveur de l'humanité, Ernest Renan avait écrit L'Avenir de la science, c'est-à-dire le manifeste de la libération de tous les maux grâce au développement scientifique, Auguste Comte, qui mourra quelques années plus tard en 1857, avait préfiguré un progrès historique qui déboucherait sur une nouvelle religion de l'humanité fondée sur la connaissance scientifique qui éliminerait toutes les illusions religieuses et philosophiques antérieures parce que les hommes s'en tiendraient enfin aux seuls faits, l'anarchisme de Bakounine prêchait l'élimination de toute autorité familiale, politique ou religieuse. Toutes ces idéologies qui ont donné naissance à des mouvements historiques se sont efforcées d'éliminer Dieu de la place publique. (...)

    L'Église a réagi à de nombreux niveaux à une attaque aussi articulée et profonde. Mais le principal de ces plans reste celui du dogme. Face à un monde qui péchait par orgueil en croyant se sauver tout en se condamnant à une atroce perdition, l'Église a proclamé l'Immaculée Conception, rappelant que l'origine de tous les maux sociaux et politiques était le péché, que l'injustice sociale n'était pas la cause première des difficultés pas plus que la révolution politique n'était la solution, que les autorités devaient leur légitimité à Dieu et, face à l'abjuration de la société contemporaine, elle a proposé des solutions divines plutôt qu'humaines. En Marie Très Sainte, Dieu avait proclamé sa propre grandeur providentielle, avait désigné le péché comme l'origine de tout mal, avait déclaré que sans la religion catholique et sans l'Église, la communauté humaine ne pouvait que se condamner elle-même. La renaissance de la Doctrine Sociale de l'Eglise avec Léon XIII est la fille de la proclamation par Pie IX du dogme de l'Immaculée Conception. (...)

    Réaffirmant dogmatiquement l'inconciliabilité entre Dieu et le péché du monde, Pie IX a réitéré que le but principal du monde et de l'histoire n'est pas la célébration du progrès humain mais la gloire de Dieu. Cet enseignement est encore très pertinent aujourd'hui, alors que nous assistons à une sécularisation progressive de la doctrine sociale de l'Église. Pour prouver que tel était le message contenu dans le dogme proclamé en 1854, je rappelle que la proclamation de l'Immaculée Conception doit être historiquement liée à l'encyclique Quanta cura et au Sillabo, ainsi qu'à l'ouverture du premier Concile du Vatican. Tous les événements rappelés ont eu lieu le 8 décembre : en 1854 la proclamation du dogme, en 1864 la Quanta cura et le Sillabo, et en 1870 le Concile. Ensemble, ils expriment la réponse de Pie IX au péché moderne.

    La proclamation d'un dogme a toujours des effets énormes, non seulement spirituels mais aussi historiques, sociaux et politiques. (...) On pense souvent que l'Eglise participe à l'histoire par son activisme social ou ses improvisations pastorales, alors qu'elle a façonné la civilisation par ses dogmes, définis dans ses conciles œcuméniques et ses définitions magistérielles. A titre d'exemple, rappelons la condamnation de l'arianisme et la définition de la nature humaine et divine du Christ contre le gnosticisme. Par ce combat dogmatique, l'Église a préservé l'humanité des catastrophes du catharisme, non seulement au Moyen Âge mais de tout temps, à savoir le rejet du mariage et de la procréation : si le catharisme l'avait emporté, l'humanité aurait disparu. Aujourd'hui, l'idéologie du genre est toujours l'enfant du catharisme gnostique, pour lequel le corps est un outil, et l'homosexualisme célèbre une sexualité stérile, selon ces mêmes préceptes. On est très frappé par le fait qu'aujourd'hui l'Eglise, face aux nouveaux problèmes de l'humanité, pense à créer des commissions et à organiser des conférences, ou commence à planifier de nouveaux plans pastoraux, alors qu'autrefois elle proclamait des dogmes. (...)

    Lire aussi : 8 décembre 1854 : miracle à Saint-Pierre de Rome