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Histoire - Page 3

  • Aucun romancier ne voit la crise religieuse de l'Europe plus lucidement que Michel Houellebecq

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    De Rod Dreher sur The European Conservative :

    Houellebecq, prophète de l'Europe post-chrétienne

    Houellebecq est peut-être décadent dans sa vie personnelle, mais aucun romancier ne voit la crise religieuse de l'Europe avec des yeux plus clairs.

    14 janvier 2024

    Un clip vidéo accompagné de l'affirmation alarmante "Conquis : Les chrétiens français se rendent" a fait le tour de la toile ces derniers temps. On y voit un Arabe musulman chanter l'adhaan, l'appel islamique à la prière, à l'intérieur d'une église parisienne,

    Enfin, pas vraiment. Dans ce cas, l'appel à la prière faisait partie d'une représentation de "L'homme armé : A Mass For Peace", une œuvre de musique classique de 1999 du compositeur gallois Karl Jenkins, qui l'a composée à la suite de la guerre du Kosovo. Elle combine des éléments de la messe catholique avec l'appel à la prière de l'islam, un poème profane et un texte hindou.

    On peut débattre de la question de savoir s'il est juste ou non d'autoriser les prières de religions non chrétiennes dans une église chrétienne, quel que soit le contexte ; personnellement, je suis un puriste en la matière et je serais tout à fait favorable à ce qu'une mosquée ou une synagogue interdise l'exécution de prières chrétiennes à l'intérieur de ses murs, quelles que soient les circonstances. Mais pour être juste, il faut reconnaître que dans le cas célèbre de Paris, l'adhaan n'apparaît pas comme un culte, mais comme une partie d'une performance artistique.

    Voici la traduction anglaise de l'adhaan :

    Dieu est grand (4x)

    Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre digne d'adoration que Dieu (Allah). (2x)

    Je témoigne que Muhammad est le messager d'Allah (2x)

    Venez à la prière (2x)

    Il est facile de comprendre pourquoi certains chrétiens, en particulier en France, trouvent cela si alarmant. Il faudrait être idiot pour ignorer ou minimiser les vives tensions entre la population islamique de France et les non-musulmans, sans parler des "chrétiens", car la France est le pays le plus athée d'Europe. Il semble que ces Français non croyants préfèrent qu'il n'y ait pas de religion du tout, et se sont laissés aller à croire au mythe du progrès conduisant inévitablement à une place publique désacralisée.

    On ne combat pas quelque chose avec rien. Si les Français n'aiment pas l'islamisation de la vie publique française, ce n'est pas en redoublant de laïcisme qu'ils vont l'arrêter. Dans le roman controversé de Michel Houellebecq, Soumission, paru en 2015, le public français démoralisé et déchristianisé se tourne volontairement vers un gouvernement islamiste, dans ce qui équivaut à une vaste confession publique de l'inadéquation du matérialisme impie pour fournir une base solide à un mode de vie.

    Houellebecq est peut-être décadent dans sa vie personnelle - ses frasques sont parfois sordides et il a l'air de vivre sous un pont - mais aucun romancier ne voit la crise religieuse de l'Europe avec des yeux plus clairs.

    Louis Betty, universitaire américain spécialiste de la littérature française dont on a parlé récemment dans ces pages pour son travail de traduction et d'édition des essais de Rénaud Camus, a publié en 2016 une analyse pénétrante de la vision religieuse de Houellebecq, intitulée Without God : Michel Houellebecq et l'horreur matérialiste. Bien que Houellebecq ne soit pas personnellement religieux, Betty affirme qu'il est "un écrivain profondément et inévitablement religieux".

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  • Le patrimoine religieux de Nivelles se vend sur Marketplace !

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    Alors que les fabriciens de tout le pays sont invités par le CIPAR à encoder le patrimoine détaillé de leurs églises, on trouve ces éléments du patrimoine religieux de Nivelles proposés à la vente sur Marketplace. Certains éléments du mobilier de cette église désaffectée (notamment une chaire de vérité de style baroque) semblent avoir déjà trouvé acquéreurs. La grande braderie du patrimoine religieux consécutive au Concile Vatican II continue. Les historiens du futur devront ajouter à l'iconoclastie de la Réforme protestante et à celle de la Révolution celle qui est en cours depuis les années 60-70 du XXe siècle...

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  • Avec l'Iris blanc, Astérix retrouve un peu de mordant

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    De David Engels sur The European Conservative :

    Avec l'Iris blanc, Astérix retrouve un peu de mordant

    L'Iris Blanc

    En tant que décliniste réticent, j'ai acheté le nouveau livre d'Astérix avec la ferme intention d'en détester chaque page. J'avais déjà en tête une bonne phrase d'introduction : "Après Star Wars, Indiana Jones, Harry Potter et Tolkien, le déclin d'Astérix sous franchise se poursuit inexorablement, etc. etc. Malheureusement - ou heureusement - les choses ne sont pas aussi tranchées, car le nouveau volume d'Astérix n'est pas si mal, même si on ne peut pas vraiment le qualifier de "bon".

    En effet, il ne s'agit pas d'une véritable "aventure" qui emmène nos héros à travers le monde antique, mais plutôt des conséquences des sinistres machinations de Visusversus, un médecin romain visuellement inspiré de l'intellectuel vedette français Bernard-Henri Lévy. Visusversus est chargé par César de démoraliser les Gaulois récalcitrants et de motiver les légionnaires romains par toute une série de slogans sur la découverte de soi et la pleine conscience : le "petit village" doit être transporté dans la post-histoire, pour ainsi dire, par le biais de manipulations mentales, et ainsi rendu incapable de se battre - un thème étonnamment chargé idéologiquement, et que de nombreux lecteurs apprécieront.

    Cependant, l'impression qui se dégage de la lecture du livre est plutôt ambivalente. Le nouvel auteur, "Fabcaro", a réussi non seulement à incorporer dans le dialogue une quantité étonnante, voire presque baroque, de blagues diverses et réussies (même pour un volume d'Astérix), mais aussi à se moquer de nombreux problèmes actuels de l'homme "post-historique". L'individualisme, le développement personnel, le relativisme, l'évitement des conflits, l'inclusion, la pleine conscience, le changement climatique, etc. font tous partie du récit. À cela s'ajoute le sombre soupçon que ces éléments pourraient être délibérément utilisés par de sinistres détenteurs de pouvoir et des manipulateurs idéologiques pour contrôler les processus sociaux et politiques. En effet, une grande partie du sous-texte du nouvel Astérix aurait pu être de la dynamite politique, si l'auteur n'avait pas eu peur de son propre courage. Car l'album ne peut pas (ou ne veut pas) jouer le diagnostic civilisationnel posé au début et préfère prudemment quitter l'intrigue initiale au milieu du récit sans jamais vraiment y revenir.

    Ainsi, la première moitié de "L'iris blanc" montre de manière frappante comment l'effet féminisant de la culture moderne de la consommation et de la pleine conscience, individualiste et hostile aux conflits, sape rapidement le moral de combat du village gaulois, ainsi que sa cohésion familiale. Mais il ne présente pas (jusqu'à la fin de l'histoire) de véritable antidote à cette évolution. Cependant, l'hypothèse initiale selon laquelle un "entraînement mental" similaire redonnerait aux légionnaires leur force de frappe reste tout aussi peu développée que la suggestion selon laquelle la stratégie de décomposition romaine serait en mesure de neutraliser l'effet de la potion magique d'une manière ou d'une autre. Ces deux lacunes évidentes dans l'intrigue créent une certaine frustration au milieu de l'histoire quant à ce qu'elle est réellement censée raconter. C'est précisément à ce moment, lorsque l'histoire ne peut (ou refuse) de se développer, qu'elle se transforme soudain en une course-poursuite burlesque vers Lutèce. Il ne s'agit plus pour Visusversus d'inverser la disparité entre le village gaulois et les Romains, mais d'enlever la cheffe du village - déçue par son mari - afin de forcer le village à se rendre.

    À l'avant-dernière page de l'histoire, et bien que l'expérience de l'" iris blanc " de Visusversus ait été couronnée de succès, César décide d'abandonner tout le projet pour des raisons assez floues. Entre-temps, le village gaulois a "en quelque sorte" automatiquement retrouvé sa résilience culturelle d'origine après le retour de nos héros à la dernière page - des tentatives quelque peu forcées pour amener l'histoire à une fin plus ou moins satisfaisante à un moment où elle est impuissante et bloquée. Ainsi, malgré des débuts prometteurs, l'"Iris blanc" ne résiste pas à l'examen le plus superficiel de la cohérence et de la rigueur. Le scénariste s'est-il rendu compte que la question de l'homme "post-historique" était trop brûlante et que, développée seule, elle ne pouvait que s'opposer au caractère purement ludique d'Astérix sous franchise et à l'action politique de l'éditeur ?

    Certes, contrairement à d'autres "nouveaux" volumes d'Astérix qui ont été accusés - non sans raison - d'être trop politiquement corrects, l'"Iris Blanc" retrouve heureusement un peu du mordant original qui fait que les anciens volumes valent encore la peine d'être lus aujourd'hui. Mais ce mordant se limite à une description plutôt apolitique des "mœurs" de notre époque, qui sera probablement reconnue par la gauche et la droite sans trop d'offense. Cela donne l'impression d'un inoffensif exercice en chambre qui, pour paraphraser Siegfried Kracauer, est finalement plus favorable au régime que véritablement critique. Aujourd'hui, la France menace d'entraîner tôt ou tard l'ensemble de l'Europe dans l'abîme, en raison des montagnes de dettes, de la récession, de l'immigration de masse, de la criminalité, des scandales politiques et de l'hydrocéphalie de la bureaucratie parisienne. Et tandis que le monde observe cet état de fait, les lecteurs d'Astérix ont droit à des blagues innocentes et gratuites sur l'art abstrait, les trains express retardés, les bols chantants, le minimalisme de la Nouvelle Cuisine et les barbes des hipsters. En fin de compte, on n'invoque que des "conflits" qui n'ont aucun sens au regard des enjeux subliminaux qui s'y cachent. On ressort de la lecture de ce volume d'Astérix avec le sentiment d'avoir été exposé à une sorte d'opposition contrôlée qui évite d'étiqueter l'idéologie qui se cache derrière ces prétendus "problèmes de style de vie".

    Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à plus de la part d'une bande dessinée, et c'est une erreur de chercher une véritable déclaration politique dans un volume d'Astérix, quelle que soit la gravité de la situation actuelle en France. Même une certaine neutralité et un "audiatur et altera pars", tels qu'ils transparaissent parfois ici, représentent déjà un net progrès par rapport aux volumes récents. Le principe général s'applique ici comme ailleurs : si l'on veut vraiment changer les choses, il ne faut pas attendre d'espoir des institutions établies de longue date qui font partie intégrante du système, mais plutôt créer soi-même quelque chose de nouveau. Plutôt que de se plaindre du nouvel Astérix, les conservateurs devraient peut-être créer eux-mêmes une série qui ne soit pas une copie mais une création originale et qui pose toutes les questions qui nous manquent dans le courant dominant - et cela ne s'applique pas seulement à Astérix, mais à la culture médiatique moderne dans son ensemble. Le vrai problème est que de nombreux conservateurs se contentent de critiquer, de se plaindre et de râler. Ainsi, ils se définissent entièrement par un rejet stérile, sans prendre les rênes et produire ce qui leur manque ailleurs.

    David Engels a été titulaire de la chaire d'histoire romaine à l'Université Libre de Bruxelles et est actuellement analyste principal à l'Instytut Zachodni de Poznań. Son livre de 2013, Le déclin (Paris : L'artilleur), compare la crise de l'Union européenne au déclin de la République romaine. Il a également dirigé la collection Renovatio Europae (Berlin : MSC Verlagsbuchhandlung, 2019), un manifeste pour une réforme conservatrice de l'Union européenne. Son dernier ouvrage est Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe. Il collabore à la rédaction de The European Conservative.

  • De nouveaux articles sur "Res Novae"

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    Veuillez trouver ci-dessous les liens vers de nouveaux articles publiés sur le site de Res Novae.

    – L’impossible inculturation du message évangélique dans la modernité, par l'abbé Claude Barthe

    – « Vatican II et la nouvelle liturgie ont inventé un nouveau mode magistériel, la régression dogmatique »

    – Le P. Spadaro a-t-il quitté le premier cercle du gouvernement bergoglien ?, par l'abbé Claude Barthe

    – Un jésuite, des jésuites, par don Pio Pace

  • Bruxelles (Forum Saint-Michel), 16 janvier : Benoît XVI un an après

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    La Nouvelle revue théologique organise, en partenariat avec les éditions Chora, une soirée "Benoît XVI, un an après"

    avec, comme intervenants, 

    Alban Massie s.j., Directeur de la Nouvelle revue théologique
    et Clément Imbert, Traducteur de la biographie de Benoît XVI
     
    à l'occasion de l'anniversaire du décès du Benoît XVI et de la parution de ces ouvrages
     
    Benoît XVI, Une vie par Peter SEEWALD, éd. Chora, 2023
    L’héritage théologique de Benoît XVI. Coopérateur de la vérité par des enseignants du Collège des Bernardins, Cahier de la NRT, CLD, 2023
     
    Elle aura lieu le 16 janvier 2024 au Forum Saint-Michel (Bruxelles). 
  • Sainte Geneviève

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    sainte12.jpgAu début de l'année 451, Attila entraîne ses hordes en-deçà du Rhin, prend, pille et brûle Metz la veille de Pâques (7 avril), remonte la vallée de le Seine et vient assiéger Paris.

    Au milieu du désarroi général, sainte Geneviève garde son sang-froid puisant son courage dans la confiance qu'elle a en la Providence. Elle convoque les femmes de Paris et, après leur avoir rappelé les grand exemples de Judith et d'Esther, libératrices de leur peuple, elles les invite à s'unir à elle pour détourner le fléau par la prière, le jeûne et les saintes veilles au baptistère de Saint-Jean-le-Rond. Sûre de l'appui des femmes parisiennes, elle s'adresse aux hommes : Que parlez-vous de vous réfugier en d'autres cités ? Celles-ci seront-elles mieux que Paris abritées contre un coup de main des barbares ? Paris, grâce à la protection du Christ, échappera au carnage.

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  • Basile le Grand et Grégoire de Nazianze (2 janvier)

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    web-saint-january-02-basil-the-great-and-gregory-nazianzen-public-domain.jpgLes catéchèses hebdomadaires de Benoît XVI constituent une ressource remarquable pour aborder les pères et les docteurs de l'Eglise.

    Ainsi, aujourd'hui, pourra-t-on lire les deux enseignements consacrés par Benoît XVI à Basile le Grand, "lumière de l'Eglise", le 4 juillet 2007http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070704_fr.html 

    et le 1er août de la même année : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070801_fr.html.

    Quant à Grégoire de Nazianze, il a été évoqué le 22 août 2007 : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070822_fr.html

  • Saint Thomas Becket, champion de l'honneur de Dieu (29 décembre)

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    martyrdom.jpg(Source : Missel.free.fr) Thomas Becket ou Thomas de Londres comme on l'appelait alors, naquit probablement en 1118 dans une famille de la bourgeoisie londonienne qui connut des revers de fortune. Le soutien d’un de ses parents lui permit de faire de brillantes études à Paris. Il entra au service de l'archevêque Thibaud de Cantorbéry qui lui fit faire d'intéressants voyages à Rome (1151-1153) et aux écoles de Bologne et d’Auxerre où l’on formait des juristes. Finalement il se lia avec le futur Henri II Plantagenêt, qui, un an après son accession au trône d’Angleterre, le nomma chancelier d’Angleterre, après que l’archevêque l’eut nommé archidiacre de Cantorbéry.

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  • Thomas Becket : un témoin qui nous encourage à prendre position pour ce qui est juste

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    De K.V. Turley  sur le National Catholic Register :

    Saint Thomas Becket - Un saint pour cette saison ?

    L'archevêque martyr de Canterbury a beaucoup à nous apprendre sur les relations entre l'Église et l'État aujourd'hui.

    Thomas Becket forbids Robert de Beaumont, 2nd Earl of Leicester, and Reginald de Dunstanville, 1st Earl of Cornwall, to pass sentence on him.
    Thomas Becket interdit à Robert de Beaumont, 2e comte de Leicester, et à Reginald de Dunstanville, 1er comte de Cornouailles, de prononcer une sentence à son encontre. (photo : James William Edmund Doyle / Domaine public)

    Le 29 décembre 2021

    Le 29 décembre est la fête de saint Thomas Becket. Cet évêque martyr du 12e siècle est connu pour son opposition à l'excès de pouvoir de l'État en la personne du roi d'Angleterre Henri II. 

    Dans le monde d'aujourd'hui, on assiste à un nouvel affrontement entre l'Église et les autorités étatiques. Ce saint médiéval a-t-il donc quelque chose de pertinent à dire aux catholiques contemporains ? 

    Son biographe, le père John Hogan, le pense. Prêtre du diocèse de Meath (Irlande), il travaille dans le ministère paroissial et l'enseignement depuis son ordination. En outre, il a fondé la Fraternité Saint Genesius comme moyen de prière pour les personnes travaillant dans les arts et les médias, et a co-animé la série EWTN : Forgotten Heritage. Il a récemment publié Thomas Becket : Defender of the Church (Our Sunday Visitor) est un rappel opportun de ce que les catholiques en général et les évêques en particulier sont appelés à témoigner à toute époque. 

    Book cover OSV
    Couverture du livre "Thomas Becket : Defender of the Church".

    The Register s'est entretenu avec le Père Hogan le 17 décembre 2021. 

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  • L'Apôtre saint Jean est saint Jean l'Evangéliste

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    Du Forum Catholique (Jean-Paul Parfu) :

    L'Apôtre saint Jean est saint Jean l'Evangéliste

    St Jean l'Apôtre était originaire de Galilée. Il était, avec St Jacques le Majeur, l'un des Fils de Zébédée et de Marie Salomé. Comme St Paul un peu plus tard, qui était originaire de Tarse dans l'actuelle Turquie, le futur St Jean devait faire des études à Jérusalem et avait dû être repéré par le Grand-Prêtre, en raison de son intelligence et de sa spiritualité.

    Jean Ferrand a écrit un magnifique post sur le sujet, que je reproduis intégralement ci-dessous, et auquel je renvoie en bas de page. St Jean l'Apôtre et St Jean l'Evangéliste sont une seule et même personne, conformément à la Tradition. (...)

    "Le roman du prêtre Jean", par Jean Ferrand

    "Plus qu’une nouvelle biographie de Jésus, le livre de Petitfils est un roman, je n’ose pas dire un roman-feuilleton, qui entend montrer qu’en réalité l’apôtre Jean n’était pas l’apôtre Jean mais un disciple secret, un prêtre du Temple de Jérusalem, portant le même nom de Jean (puisque les écrits qu’il nous a laissés sont placés sous ce vocable).

    Ce prêtre se serait trouvé par hasard au Jourdain, au moment du baptême de Jésus. Ou plutôt, il aurait fait partie de la délégation « des prêtres et des lévites » (Jn 1,19), descendue de Jérusalem pour interroger Jean-Baptiste, et il se serait secrètement rallié à sa cause ainsi que, subséquemment, à celle de Jésus.

    Il devient disciple de Jésus dès le Jourdain et le suit à Cana, où il rencontre pour la première fois Marie. Il assiste au miracle, descend à Capharnaüm, puis remonte presque aussitôt à Jérusalem pour la première Pâque du ministère public. Il approuve l’action de Jésus qui purifie le Temple de ses marchands. Naturellement, il est sur place pour l’entretien de Jésus avec Nicodème. Mais il ne le suit plus dans le reste du ministère judéen puis galiléen. Il aura en permanence ses antennes auprès de lui pour le renseigner sur les faits et sur son enseignement. Quels furent ses informateurs, toujours placés aux premières loges ? Les apôtres sans doute.

    Quand Jésus monte à Jérusalem pour les fêtes juives, naturellement Jean, le prêtre de Jérusalem, redevient un témoin visuel.

    La dernière Cène se déroulera dans sa maison, à Jérusalem. Car, sans aucune preuve, l’auteur admet que le jeune homme portant une cruche, le soir de Pâque, et suivi par les apôtres Pierre et Jean, fut Jean, le futur évangéliste, et la maison où il les conduisit celle de son père. En tant qu’hôte, et disciple préféré, ce Jean aurait assisté au dernier repas à la droite de Jésus. Treizième apôtre, si l’on peut dire, au milieu des apôtres. Mais curieusement, le même évangéliste Jean ne reproduira pas le récit de l’institution de l’eucharistie.

    Enfin, il sera un témoin direct de la Passion, bénéficiant par son état d’entrées chez les grands prêtres. Avec les saintes femmes, il soutiendra Marie au pied de la croix, alors qu’aucun des Douze ne sera présent. Et de la bouche même de Jésus, il la recevra en héritage. Alors que Jean, fils de Zébédée, mourra peu après la persécution d’Agrippa, comme le veulent certaines traditions, Jean l’évangéliste, lui, s’expatriera à Ephèse, Eglise fondée par Paul, et y mourra très âgé du temps de Trajan, non sans nous avoir donné l’Apocalypse, l’Evangile et trois épîtres.

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  • Non, Noël n'est pas une fête païenne récupérée par les chrétiens

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    De La Sélection du Jour (Louis Daufresne) :

    Noël n'est pas une fête païenne récupérée par les chrétiens

    Qui n'a jamais entendu dire que Jésus n'est pas né un 25 décembre et que si l'Église avait pris cette date, c'était pour christianiser la fête païenne du solstice d'hiver ? Cette OPA symbolique du pape Libère en 354 fonctionna du feu de dieu. Le christianisme effaça le Soleil de l'horizon – et pour toujours. Les Romains ne croyaient-ils pas pourtant qu'il était invaincu ? À sa place, l'Église mit sur le trône de l'humanité le Soleil de justice. Intelligemment, elle s'appropria le meilleur du paganisme antique. L'Occident est l'héritier de cette épopée là.

    Le 25 décembre est-il un détail du calendrier ? Que Jésus soit né à cette date ou à une autre importe-t-il peu ? Pas sûr à l'heure où l'on s'échine à tout déconstruire. Un Michel Onfray affirme que Jésus n'a pas existé. Et il est très médiatisé.

    Or la vérité factuelle est l'assurance-vie du christianisme. Si le jour de l'incarnation devenait un mythe, Jésus ne serait plus qu'une figurine comparable à un bouddha posé sur une étagère. La Révélation deviendrait le passé d'une illusion, pour reprendre le titre d'un essai célèbre. Déjà atteintes par les abus, l'Église et la légitimité de sa parole s'en trouveraient anéanties. Noël ne serait plus une « marque déposée ». La débauche de consumérisme avait déjà dénaturé le sens de la Nativité, sans que l'institution n'y réagit avec virulence. Maintenant, la promotion d'un Noël dit « inclusif, diversitaire et féministe » s'emploie carrément à détourner l'événement, lequel ne ressemblera bientôt plus à rien.

    L'enjeu n'est pas mince. Normalien, agrégé de philosophie, Frédéric Guillaud se pose une question simple dans un essai intitulé Et si c'était vrai ? (Marie de Nazareth, 2023). Il pense que Jésus peut réellement être né le 25 décembre.

    Le calcul est le suivant : « Selon saint Luc, au moment de l'Annonce faite à Marie, date de la conception miraculeuse de Jésus, Élisabeth était enceinte de Jean-Baptiste depuis six mois. En outre, l'évangéliste nous apprend que la conception de Jean-Baptiste remontait au moment où son père, Zacharie, prêtre de la classe d'Abia, était en service au Temple. Or, des archéologues ont trouvé dans les manuscrits de Qumrân le calendrier des tours de service des différentes classes de prêtres. Il s'avère que, pour la classe d'Abia, c'était le mois de septembre. Voilà qui nous donne l'enchaînement suivant : conception de Jean-Baptiste fin septembre ; conception de Jésus six mois plus tard, c'est-à-dire fin mars ; donc, naissance de Jésus neuf mois plus tard… fin décembre ! CQFD. On rappellera au passage que, dans l'Église d'Orient, la conception de Jean-Baptiste est, comme par hasard, fêtée le 25 septembre, ce qui concorde avec la découverte des archéologues. »

    Mais l'histoire ne s'arrête pas à ce chapelet de concordances. Ce que l'on ignore le plus souvent, c'est que les Romains ont cherché à paganiser une fête chrétienne. Frédéric Guillaud explique : « Quand on évoque la fête romaine du Soleil, on s'imagine en effet qu'il s'agissait d'une fête immémoriale, fixée au 25 décembre depuis longtemps. Mais pas du tout. C'est une fête postchrétienne (…) créée de toutes pièces par l'empereur Aurélien en 274 – sous le nom de "jour natal du Soleil invaincu : Sol invictus" ». Dans quel but ? Il s'agissait, poursuit-il, « d'unifier l'Empire sous un culte unique, issu du culte oriental de Mithra, à une époque où le christianisme menaçait déjà sérieusement le paganisme. » Car les Romains, jusque-là, ne fêtaient rien le 25 décembre : « Les Saturnales se terminaient le 20 décembre », précise Guillaud.

    À cette époque, les chrétiens n'avaient pas encore officiellement fixé la date de Noël mais des communautés la célébraient déjà le 25 décembre. « En 204, Hippolyte de Rome en parlait déjà comme d'une date bien établie, dans son Commentaire de Daniel », rappelle Guillaud.

    Ainsi, selon cette version, s'effondre l'idée reçue que Noël récupère une fête païenne. C'est plutôt l'inverseSol Invictus étant une réaction romaine à l'aube croissante de la Nativité.

    Louis Daufresne

    Pour aller plus loin :

    Le 25 décembre, un coup marketing de l’Église ?

    >>> Ecouter Radio Notre Dame

  • Saint Jean de Kenty (23 décembre)

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    Saint Jean de Kenty (1390-1473) (source)

    Un professeur que les étudiants aimaient. Un professeur qui était une autorité pour ses collègues enseignants. Un professeur qui priait pour ses jeunes étudiants. Un professeur qui partageait son salaire avec les pauvres. Un professeur qui n’était jamais au-dessus de ceux avec lesquels il travaillait, vivait. Un prêtre- professeur, qui était tout simplement concerné. Tel était justement Saint Jean de Kenty.

    Il naquit le 24 juin 1390 dans la localité de Kęty (à 80 kilomètres de Cracovie). A l’âge de 23 ans, il fut accepté pour étudier dans le Département des Arts libéraux de l’Académie de Cracovie, où il acquit le titre de maître. Il reçut aussi l’ordination, et par la suite servit pendant quelques années en tant que recteur, enseignant et éducateur dans l’école monastique de l’Ordre du Saint-Sépulcre.

    Dans les années qui suivirent, il obtînt la chaire du département des Arts et en même temps il commença des études dans le Département de théologie. Il se distinguait par sa grande ambition dans l’acquisition du savoir. Il était très fiable quant à son travail. Après l’obtention du titre de bachelier en théologie, Jean de Kenty devint chanoine du chapitre de la collégiale de Saint Florian à Cracovie

    La vérité au-dessus de tout

    Saint Jean de Kenty devint célèbre pour son amour de la recherche de la vérité. Dans chacune de ses activités, le travail intellectuel, la transcription d’œuvres, l’éducation de la jeunesse, il voulait être fidèle à l’Evangile. Il éprouvait un grand respect pour chaque homme. Il ne tolérait pas qu’en sa présence quiconque soit calomnié. On peut ici également citer la légende de son agression par des brigands pendant un pèlerinage. Selon la tradition, les voleurs exigèrent tout l’argent qu’il avait sur lui. Lorsqu’ils l’obtinrent, ils s’éloignèrent de lui satisfaits. Le professeur se souvint cependant rapidement qu’il avait deux morceaux d’or cousus dans son vêtement et pensa : « Seigneur ! Que vais-je faire ? Il n’est pas digne de mentir, même à des bandits ! ». Il courut donc vers les voleurs et leur donna également cet or. Les brigands virent alors qu’ils avaient affaire à un saint, ils lui rendirent tout ce qu’ils lui avaient pris auparavant et, lui demandant pardon, l’invitèrent dans leur repaire.

    Prie et travaille

    Fréquenter Dieu était pour lui la chose la plus importante dans la vie. Il consacrait de nombreuses heures durant la journée à la prière et à l’adoration du Très Saint Sacrement dans l’église Sainte-Anne à Cracovie. Il ne séparait jamais la piété de ses occupations didactiques ou de ses réflexions intellectuelles. Saint Jean de Kenty manifestait également une grande dévotion pour la Passion du Seigneur. Son autel-confession qui se trouve dans l’église Sainte-Anne a été installé en face de l’autel représentant la scène de la descente du Seigneur Jésus de la Croix, ce qui souligne encore son amour pour la Passion du Seigneur. Saint Jean de Kenty adorait sans cesse le Corps de Jésus Christ. Le Saint professeur s’occupa toute sa vie de la transcription des livres, des grandes œuvres, entre autres celles de Saint Augustin. Durant toute sa vie il recopia environ 18 000 pages. En tant que théologien, il résolvait les problèmes liés à l’éthique conjugale, les addictions, les relations interpersonnelles. Il prêchait des pénitences très sévères envers les époux adultères, et se caractérisait par une position toute aussi décidée s’agissant de l’interruption de grossesse. 

    L’homme, la légende

    Il existe de nombreuses légendes montrant la grande bonté et la miséricorde qu’il manifestait envers toutes les personnes qu’il rencontrait. Il était célèbre pour l’aide qu’il apportait aux pauvres étudiants, aux misérables ou aux sans-logis. Une des légendes rapporte que lors d’un hiver sévère il fit don de son manteau et de ses souliers à un sans-logis. Une scène à la cantine des professeurs a également été rapportée : le professeur Jean, mis au courant de l’arrivée d’un mendiant, proclama : « le Christ est arrivé ! » et ordonna qu’on l’accueillît. C’est peut-être de là qu’est venue la tradition de laisser un couvert supplémentaire à la table de la Veillée de Noël ?

    Jean de Kenty vivait modestement dans une petite cellule au Collegium Maius. Il menait une vie d’ascète : il finissait chaque travail, chaque manuscrit par des remerciements à l’intention de Dieu un et trinitaire, de la Très Sainte Mère et de tous les Saints. En outre il signait tous ses manuscrits de la sorte : « par un certain Jean ».

    Il mourut en odeur de sainteté le 24 décembre 1473 à Cracovie. Jusqu’à la fin de sa vie il continua à travailler intellectuellement à l’Université de Cracovie. Il fut enterré dans l’église Sainte-Anne près de la chaire de laquelle il prononçait ses sermons de son vivant. Après la mort de Jean de Kenty on venait en pèlerinage sur sa tombe, on observait également de nombreux miracles par son intercession. Du fait du culte croissant du Saint on construisit à ce même emplacement une église plus grande,  qui pourrait contenir des foules de fidèles.

    Jean de Kenty fut canonisé le 16 juillet 1767 par le pape Clément XIII. Il est entre autres le patron de la jeunesse qui apprend et étudie, ainsi que des professeurs.