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C'est précisément l'Église réorganisée par le concile de Trente que le pape saint Pie V réussit à promouvoir au cours d'une activité sans faille au service de la foi. En effet Michel Ghislieri - jusque-là professeur, maître des novices et prieur, inquisiteur provincial à Côme et à Bergame -, entre dans la grande machine ecclésiastique romaine comme Commissaire général de l'Inquisition en 1551. Son protecteur, le cardinal Carafa devenu Paul IV, le nomme en 1556 évêque de Nepi et Sutri, puis de Mondovi, tout en le faisant Inquisiteur général de la chrétienté.
Il devient cardinal en 1557. Nicole Lemaître, sa récente biographe, montre qu'il commence à modifier l'image sociale du cardinalat. Jusqu'alors, dans un État temporel comme celui du Pape, les cardinaux restaient des princes. " Religieux mendiant, sans famille brillante [...] il pouvait se permettre de faire de sa vie un modèle. " Il limite ses dépenses à l'extrême, aux dépens peut-être du mécénat qui était alors attendu des gens de sa sorte.
Le cardinal Ghislieri connaît des années un peu plus difficiles sous le pontificat de Pie IV qui réussit à terminer le concile de Trente à la fin de 1563. Deux ans après, il lui succède après une élection unanime. Pie V va alors s'employer à mettre en oeuvre les décisions du concile de Trente qui, comme celles de Latran V l'ayant précédé un demi-siècle, auraient pu rester lettre morte. On lui doit la promulgation du Catéchisme tridentin et surtout une refonte de la liturgie par le bréviaire et le missel. (...)
Le pape Pie V est un des grands artisans de la Réforme catholique par la purification des moeurs, à la Curie, dans la ville de Rome et les États pontificaux. Il a voulu en donner l'exemple par une vie pieuse, sainte et désintéressée, ce qui l'a amené à renoncer à tous les avantages que sa famille pouvait attendre de son élévation. Pour sa famille religieuse, Pie V, tout en accordant une préséance aux prêcheurs sur les autres ordres, intervint pour les réformer en s'appuyant sur les maîtres de l'ordre.
Un des grands succès de la politique de saint Pie V fut la bataille navale de Lépante contre les Turcs, le 7 octobre 1571. Attribuant cette victoire à la protection de la Vierge Marie, le Pape engagea les prêcheurs à célébrer chaque année une fête de Notre-Dame de la Victoire qui devint ensuite Notre-Dame du Rosaire. Pie V mourut le 1er mai 1572 et fut béatifié exactement un siècle après. (...) Pie V, avec ses limites, ses échecs et son immense travail, a surtout rendu à l'Église le service, après les turpitudes des papes de la Renaissance, de présenter la figure d'un pontife irréprochable, modèle des princes-serviteurs. (Source : Quilici, Alain; Bedouelle, Guy. Les frères prêcheurs autrement dits Dominicains. Le Sarment/Fayard, 1997)
De Christophe Dickès sur le site "Storia Voce" (web radio) :
Quand un pape nettoyait les écuries d’Augias du Vatican
Pour les catholiques, le nom de saint Pie V est généralement associé à la messe en latin. Pour les autres, ce nom nous renvoie aux pires heures de l’Eglise : à la persécution des juifs, à l’inquisition bien évidemment mais aussi à la croisade. Or l’historien se doit avant tout de se replacer dans une époque. Il ne doit pas juger le passé avec des lunettes anachroniques, mais au contraire comprendre les faits à travers les mentalités et les conceptions du temps. Or si nous nous replaçons précisément dans cette époque du XVIe siècle, nous observons que l’Eglise est à une charnière de son histoire. Elle opère même une mutation majeure grâce à une réforme en profondeur. Pour l’Eglise, cette idée de réforme n’est pas anodine. Il y eut par le passé de nombreuses réformes : que l’on songe à Grégoire le Grand au VIe siècle, à la réforme grégorienne du XIe siècle ou encore à celle du Concile de Latran IV au XIIIe siècle. La réforme vise à retrouver la pureté des origines. Il s’agit de « re » former et de renouer les liens avec les valeurs évangéliques. Dans ce mouvement, le rôle de Pie V au XVIe siècle est essentiel et même historique puisque son empreinte va durer pas moins de quatre siècles… Pourtant, le pontificat n’a duré que six ans. Philippe Verdin o. p. lui consacre un essai historique. Il est interrogé par Christophe Dickès.
L’invité: Philippe Verdin est dominicain. Il est l’un des animateurs du site Internet Retraite dans la Ville. Il a publié une douzaine de romans, essais, livres d’entretiens. Il est l’auteur entre autres de Saint Pie V, le pape intempestif paru aux Editions du Cerf (226 pages, 18€)
Attention, la vidéo ci-dessous est une reprise de l’enregistrement audio. L’image est donc fixe.
Prière faite par sainte Catherine, après le terrible accident qu’elle éprouva dans la nuit du lundi de la Septuagésime (1378), lorsque sa famille la pleura comme morte.
1.- Dieu éternel, mon bon Maître, qui avez formé le vaisseau du corps de votre créature avec le limon de la terre ; ô très doux Amour, vous l’avez formé d’une chose si vile, et vous y avez mis un si grand trésor, l’âme faite à votre image et ressemblance, ô Dieu éternel! Oui, mon bon Maître, mon doux Amour, vous êtes le maître de faire et de refaire, de briser et de refondre ce vase fragile comme le voudra votre Bonté.
2.- O Père, moi votre misérable servante, je vous offre de nouveau ma vie pour votre douce Epouse. Vous pouvez, toutes les fois que le voudra votre Bonté, me séparer de mes sens et m’y ramener toujours d’une manière de plus en plus douloureuse, pourvu que je voie la réformation de votre douce Épouse, la sainte Église.
Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Eglise et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur.
Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades.
"Saint Louis-Marie Grignion de Montfort avait un caractère difficile qui irrita certains de ses contemporains, lesquels conçurent à son encontre une profonde inimitié et l'accablèrent d'opprobres sa vie durant. Bien au-delà de cette rigueur qui lui interdisait toute compromission, il ne respirait que dans les églises et croyait de toute son âme à l'amour de Dieu pour l'homme, ne pouvant pas de ce fait ne pas croire en l'homme. Ce programme nous conduit à marcher sur les pas d'un saint non conformiste qui choisit le chemin de la confiance en la Providence. Aussi inclassable après sa mort qu'il le fût de son vivant. Un intrépide missionnaire pour qui l'amour de Marie tenait lieu de passion dominante. L'apôtre infatigable de Jésus crucifié. Un film réalisé par Armand Isnard. Une coproduction CAT Productions et KTO - 2011. / Émission du 27/04/2011."
Un historien appelle à un examen attentif des archives concernant le pape Pie XII et l'Holocauste
24 avril 2025
Pape Pie XII. (Crédit : Vatican Media)
Ann Arbor, Michigan, 24 avril 2025
« Il y a eu un changement ces derniers temps concernant Pie XII », a déclaré l'historien William Doino à CNA. Le pontife en temps de guerre a souvent été vilipendé, a-t-il ajouté, ajoutant : « Il sera bientôt reconnu à sa juste valeur » pour ses efforts visant à sauver les Juifs et autres personnes persécutées par les nazis et les fascistes il y a plus de 80 ans.
Cette année, Yom HaShoah, également connue sous le nom de Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste , est célébrée le 24 avril aux États-Unis et en Israël, selon le calendrier lunaire juif. Ailleurs, la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste est célébrée le 27 janvier.
Doino a consacré des décennies à étudier l'héritage du pape Pie XII et les efforts déployés par le pontife pendant la guerre pour sauver les Juifs, les militaires alliés et d'autres personnes poursuivies par l'occupant nazi. Il a interrogé des membres du clergé et des diplomates qui connaissaient personnellement Pie XII et pouvaient témoigner de vive voix. Contrairement à d'autres chercheurs, Doino a enregistré ces entretiens, qui éclairent ses rapports sur le pontife.
Il est également co-auteur de « The Pius War: Responses to the Critics of Pius XII ». L'éditeur du livre est le rabbin David G. Dalin, qui a noté que des juifs éminents, dont Albert Einstein, Golda Meir et le grand rabbin Yitgzhak HaLevi Herzog, ont loué Pie XII pour avoir sauvé des milliers de juifs.
Doino a déclaré qu'une « montagne de preuves » fournies par la recherche moderne et des documents récemment révélés offrent un nouvel éclairage sur le pape Pie XII (ex-Eugenio Pacelli), et que ses efforts ont été ignorés par ses détracteurs. Cependant, Doino a également déclaré dans une interview que l'Église doit faire face aux « fléaux croissants de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme, qui représentent une grave menace pour la communauté juive du monde entier ».
D'éminentes figures catholiques, comme Pie XII, ont réagi en luttant contre « ces péchés dangereux » et en défendant les Juifs. « La dignité et les droits fondamentaux de chaque être humain, donnés par Dieu, doivent être respectés en tout temps ; notre foi catholique n'exige rien de moins », a-t-il déclaré.
William Doino (à droite) aux côtés de l'ancien président de l'Association du barreau catholique, Peter H. Wickersham (à gauche). À l'arrière-plan, un portrait du vénérable Pie XII. Crédit : Martin Barillas/CNA
Pie XII, comme ses prédécesseurs, cherchait à rester neutre et à œuvrer pour la paix. « Il n'était pas seulement un diplomate aux manières douces. Il était prêt à sortir des sentiers battus et à prendre des risques », a déclaré Doino. Il subissait une pression énorme, et les sauveteurs étaient menacés de mort. Nombre des efforts du pape et de l'Église étaient trop dangereux pour être consignés sur papier, a affirmé Doino, ce qui constituait un défi pour les historiens. Doino a ajouté que le clergé du Vatican recevait des instructions orales du pape pour secourir les Juifs.
Plusieurs auteurs , dont le journaliste catholique John Cornwell, ont lié le pape Pie XII à la destruction des Juifs d'Europe. Cornwell a soutenu qu'avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, Pie XII avait légitimé le régime d'extermination d'Adolf Hitler. Il l'a accusé d'antisémitisme et de vouloir magnifier la papauté. Cependant, de nombreuses informations remettent en question le récit de l'indifférence papale , voire de sa complicité, dans ces crimes.
Doino a déclaré que Pie XII avait usé de moyens diplomatiques et secrets pour réprimander les nazis pour leur eugénisme et leur racisme et pour éviter la guerre. Mais les fascistes et les nazis n'ont pas écouté, a déclaré Doino, « car, comme nous le savons, les psychopathes et les meurtriers n'écoutent pas les gens honorables. » Il a également souligné que Pie XI, prédécesseur de Pie XII, avait publié en 1937 Mit Brennender Sorge , une encyclique dénonçant l'antisémitisme et le fascisme, que Pie XII avait confirmée.
Les généralisations hâtives sur l'Église et la papauté, a déclaré Doino, doivent être écartées, même si des cas spécifiques de clergé et de laïcs européens antisémites ont soutenu l'Axe. Doino a également confirmé que le pape avait activement soutenu les résistants antinazis et cherché à renverser Adolf Hitler.
Doino a déclaré que les chercheurs doivent aller au-delà des archives du Vatican pour documenter les efforts de Pie XII. Il a déclaré que dans « Myron Taylor, l'homme que personne ne connaissait », l'auteur C. Evan Stewart a révélé en 2023 que Taylor – le représentant officiel des États-Unis auprès du Saint-Siège – avait appris que le pape, lors d'une célèbre rencontre en 1940 avec le diplomate nazi Joachim von Ribbentrop, avait exigé que deux représentants du Vatican soient autorisés à se rendre en Pologne pour documenter les atrocités nazies lorsqu'il avait appris que les Juifs étaient pris pour cible. L'Allemand a admis que les Juifs étaient exterminés, puis a refusé la demande papale. « Cela prouve que Pie XII a défendu les Juifs », a déclaré Doino, ce qui dément les affirmations contraires.
Les critiques de Pie XII peinent à prouver qu'il était antisémite ou indifférent au sort des Juifs d'Europe. « Ils tentent de le relier à d'autres responsables qui étaient, malheureusement, antisémites ou antijuifs. Mais même dans ces cas-là, Dieu a agi sur eux. Certains antisémites, confrontés aux horreurs nazies, ont changé ou ont laissé leurs sympathies humaines transcender leur intolérance afin de pouvoir sauver les Juifs », a-t-il déclaré.
L'archevêque Angelo Roncalli, futur pape Jean XXIII, est connu pour avoir sauvé des milliers de Juifs alors qu'il était diplomate pontifical en Turquie et en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale. L'archevêque Clemens August Graf von Galen de Münster, en Allemagne, a protesté contre l'euthanasie nazie en 1941.
« Cela ne serait pas arrivé si le pape Pie XII ne les avait pas autorisés. Tout a été fait sous ses ordres et son inspiration », a déclaré Doino. « Distinguer les actions de Roncalli de celles du pape est incorrect. »
Doino a déclaré que les critiques qui examinent les horreurs de l'Holocauste devraient « être humbles et ouverts à la vérité et suivre les faits où qu'ils mènent ». Il a noté que l'historien Père Hubert Wolf, critique acerbe de Pie XII, a depuis appelé à une réévaluation de l'héritage du pape sur la base de nouveaux documents.
Des documents du Vatican révélés par l'archiviste papal Johan Ickx ont révélé dans « Le Bureau — Les Juifs de Pie XII », publié en 2020 et basé sur une décennie de recherche, que le pape a constamment recherché la paix et a créé un bureau pour sauver les personnes en danger.
Ickx a déclaré : « Je pense qu'il y a 2 800 cas , il y a une liste équivalente à la liste de Schindler, une « liste de Pacelli » ; je me demande comment il se fait que le Saint-Siège ne l'ait jamais rendue publique. » Pendant l'occupation allemande de l'Italie, 81 % des 39 000 Juifs d'Italie ont été sauvés.
Parmi les sauveteurs, a-t-elle déclaré, figuraient ceux qui ont inspiré le Concile Vatican II, comme le pape Jean XXIII, qui l'a inauguré. Elle a ajouté que les laïcs, les paroisses, les séminaires, les ordres religieux et les institutions papales abritaient des Juifs, fabriquant de fausses identités et faisant entrer clandestinement des Juifs en Suisse sous peine de mort.
Nous fêtons avec joie et reconnaissance, en ce 25 avril, l’évangéliste Saint Marc, que Benoît XVI appelle « le collaborateur de Pierre». Le Père, avec énergie, nous a souvent rappelé que St Marc ne doit pas être confondu avec Jean-Marc, qui a accompagné Saint Paul et Saint Barnabé dans leur premier voyage apostolique. Pour la Bse Anne-Catherine Emmerich, il s’agit de deux hommes bien distincts.
La Tradition ne nous a pas transmis beaucoup d’éléments sur la vie de Saint Marc. ACE dit qu’il habitait dans le Nord de la Terre Sainte et qu’il a été un disciple de Jésus mais qu’il n’était pas toujours avec Jésus. Il fut l’un de ceux qui se scandalisèrent lorsque Jésus dit qu’il fallait manger sa chair et boire son sang. Il se scandalisa aussi de la folie de Marie Magdeleine oignant Jésus avec un parfum très cher ! Il abandonna les disciples après l’arrestation de Jésus et ne revint qu’au moment de l’apparition de Jésus sur la montagne.
Il accompagna souvent St Pierre ensuite puis mourut martyr à Alexandrie. Papias disait : Marc, qui avait été l'interprète de Pierre, écrivit exactement tout ce dont il se souvint, mais non dans l’ordre. Il ne se souciait que d'une chose : ne rien omettre de ce qu'il avait entendu, et ne rien rapporter que de véritable. Saint Irénée écrit qu'après la mort de Pierre et de Paul, Marc, disciple et interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce qui avait été prêché par Pierre (Contra haereses, Livre III, chapitre I, 1). Tertullien attribue à Pierre ce que Marc a écrit (Adversus Marcionem, Livre IV, chapitre V). St Clément d'Alexandrie et Origène soulignent le scrupule de St Marc d’écrire selon ce que Pierre lui avait enseigné. Le grand saint Jérôme parle de Marc, l’interprète de l'apôtre Pierre et le premier évêque d'Alexandrie. Le témoignage d’Eusèbe de Césarée est important : Pierre établit aussi les églises d'Egypte, avec celle d'Alexandrie, non pas en personne, mais par Marc, son disciple. Car lui-même pendant ce temps s'occupait de l'Italie et des nations environnantes ; il envoya don Marc, son disciple, destiné à devenir le docteur et le conquérant de l'Egypte.
Pourquoi l’évangile selon Saint Marc est-il symbolisé par le lion ? Parce que, d’une part, le lion fait partie des quatre bêtes de la vision d’Ezechiel (1,10), et de Saint Jean (Ap 4,7-8) et que, d’autre part, l’évangile selon Saint Marc commence par la prédication de Jean-Baptiste dans le désert dont le lion est l'animal.
En cette Fête de l’évangéliste Saint Marc, nous devons encore rappeler le primat du témoignage des évangélistes, qui est fondamental pour notre Foi. Comme nous l’Eglise le rappelle, en ce temps pascal, la Foi chrétienne ne se fonde pas sur une idéologie mais sur les faits réels de l’Histoire du Salut ! Le Père et Monsieur Gérard Soulages ont combattu les graves erreurs modernistes de notre temps, qui niaient l’historicité des évangiles. Benoît XVI a donné un enseignement lumineux dans son livre en trois tomes sur Jésus de Nazareth. L’historicité des évangiles ne devraient plus être remise en question, étant donné qu’un document dogmatique du Concile Vatican II, Dei Verbum, affirme avec autorité : « Notre sainte Mère l'Eglise a tenu et tient fermement et avec la plus grande constance, que ces quatre Evangiles, dont elle affirme sans hésiter l'historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel… Les évangélistes sont des apôtres ou des hommes évangéliques (DV 18). Ils sont donc témoins oculaires et serviteurs de la Parole. Saint Marc n’est pas un apôtre, mais il est le témoin fidèle de Pierre, le chef des apôtres. Il n’a transmis scrupuleusement que ce que Pierre enseignait avec l’autorité du grand témoin qu’il était, selon ce que Dei Verbum enseigne : Que ce soit à partir de leur propre mémoire et de leurs souvenirs, ou à partir du témoignage de ceux qui "furent dès le début ", ils composèrent leurs écrits dans le but de nous faire éprouver la "solidité" des enseignements que nous avons reçus (DV19). A la suite du Père, soyons fidèles et fermes pour transmettre cet autre enseignement du Concile qu’aucun exégète ou théologien n’a le droit de contester : « Toujours et partout l'Eglise a tenu et tient l'origine apostolique des quatre Evangiles. Ce que les apôtres, en effet, sur l'ordre du Christ, ont prêché, par la suite eux-mêmes et des hommes apostoliques nous l'ont, sous l'inspiration divine de l'Esprit, transmis dans des écrits qui sont le fondement de la foi, à savoir, l'Evangile quadriforme selon Matthieu, Marc, Luc et Jean (DV 18).
Concluons par la tradition conservée à Venise au sujet du corps de Saint Marc qui repose en cette ville : en 828, la ville de Venise en Italie se cherche un nouveau puissant protecteur céleste pour la protéger et pour remplacer saint Théodore afin de rivaliser avec Rome et son grand saint patron saint Pierre. Deux marchands vénitiens ravirent ses reliques sacrées dans la petite chapelle où elle se trouvait depuis sa mort. La basilique Saint-Marc de Venise a été spécialement construite pour les accueillir. Saint Marc devint ainsi le Saint Patron de Venise avec son lion comme symbole de la ville. Marc était venu évangéliser la région par bateau et avait fait naufrage dans la lagune qui allait donner naissance en 452 à Venise. Un ange lui était alors apparu et lui avait dit ces mots :" Paix sur toi Marc mon évangéliste, tu trouveras ici le repos." Remercions Saint Marc et, avec lui, soyons rigoureux pour ne transmettre dans notre prédication que ce que Jésus a réellement dit, réellement fait et ce qu’Il a réellement été : Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, le Sauveur.
L'humilité est la marque de fabrique de la vie et de l'héritage de Benoît XVI
COMMENTAIRE : Le 19 avril marque le 20e anniversaire de l’élection comme pape de l’une des figures ecclésiastiques les plus marquantes des 75 dernières années.
Le 19 avril marque le 20e anniversaire de l’élection de Benoît XVI.
Et si son élection comme pape après la mort de Jean-Paul II n'a surpris que peu de monde au sein de l'Église, je parie que personne n'imaginait que son pontificat se terminerait par la première démission papale depuis des siècles. Malheureusement, pour de nombreux observateurs non avertis, peu au courant de la carrière complète de Joseph Ratzinger, au-delà des mèmes médiatiques sur le « cardinal Panzer », sa démission de la papauté apparaît comme l'événement le plus mémorable le concernant.
Il incombe donc à ceux d'entre nous qui chérissent l'ensemble de son œuvre de tout mettre en œuvre pour que son héritage soit pleinement reconnu comme l'une des figures ecclésiastiques les plus marquantes des 75 dernières années. Et quand je dis « marquant », je l'entends dans un sens positif.
Permettez-moi de commencer par une simple affirmation concernant la vertu la plus profonde et la plus caractéristique de Ratzinger, qui servira de fil conducteur à ces réflexions. Cette vertu est son sens de l'obéissance au Seigneur dans un esprit de profonde humilité. Cet aspect essentiel de la compréhension de son héritage est souvent ignoré au profit d'analyses centrées sur ses constructions théologiques – comme si sa théologie pouvait être dissociée de sa vie de foi chrétienne, qui l'animait. Et ne nous y trompons pas : Joseph Ratzinger était avant tout, et de manière profondément marquante, un croyant : un croyant dans la centralité du Christ Seigneur et dans son Église comme médiatrice sacramentelle de son Seigneur dans le temps et l'espace.
Jeune prêtre, Ratzinger n'aspirait qu'à vivre la vie d'un universitaire mettant son intelligence au service du pasteur des âmes dont il avait la charge. Doté d'une intelligence douée et vaste, il souhaitait mettre ce don au service de l'Église en tant que théologien. Mais il fut bientôt appelé au Concile Vatican II comme peritus (conseiller théologique), puis nommé évêque, puis cardinal. Il ne rechercha aucune de ces responsabilités, mais les accepta avec une humilité obéissante.
Le pape Jean-Paul II lui demanda à plusieurs reprises de prendre la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), et Ratzinger déclina systématiquement, considérant son rôle d'évêque dans le bouillonnement théologique allemand comme la nécessité pastorale la plus urgente. Il doutait également d'être le meilleur choix pour une fonction administrative aussi complexe, au cœur du bourbier des intrigues curiales et des luttes intestines entre ecclésiastiques ambitieux. Mais Jean-Paul II persista – certains diraient même insista – et le cardinal Ratzinger mit une fois de plus de côté ses propres désirs par obéissance à l'Église. Et cette obéissance lui coûta cher, car dans ses nouvelles fonctions, il fut régulièrement attaqué – souvent de manière virulente et manifestement injuste – et fut dépeint par de nombreux universitaires comme un répresseur odieux de la liberté théologique dans l'Église.
Malgré l'apparence de calme stoïque de Ratzinger face à ces attaques, elles ont dû le blesser profondément, lui qui était lui-même un homme de lettres profondément engagé dans les processus de dialogue et de discours académiques. Mais il comprenait que l'Église n'est pas une université, ni une société de débats incessants où chaque vérité de son appareil doctrinal est sujette à une remise en question constante. Il comprenait la nature ecclésiale de la théologie catholique et, par conséquent, que la vocation d'un théologien catholique est celle de l'humilité et de l'obéissance aux vérités de la Révélation.
Son mandat à la tête de la CDF doit être rappelé dans ce contexte historique. À l'époque postconciliaire, nous assistons à une Église en proie à une profonde confusion et à une profonde agitation théologique. Cette agitation et cette confusion ne se caractérisaient pas seulement par les débats désuets entre jésuites, dominicains et franciscains sur diverses questions, comme aux époques précédentes. Il s'agissait plutôt d'une Église engagée dans une lutte acharnée pour sa propre identité profonde, nombre de ses dogmes fondamentaux – par exemple, la divinité du Christ et sa nécessité pour le salut – étant remis en question, voire niés.
Mais même ici, il est tout simplement inexact de décrire son mandat à la CDF comme marqué par la répression inquisitoriale. Comme nous pouvons le dire, au sein de la guilde théologique, il est absurde de prétendre que les théologiens catholiques de cette époque travaillaient dans des conditions proches d'un goulag ecclésial, les théologiens progressistes perdant leur carrière et étant contraints de cacher leurs opinions. La réalité est tout autre : l'académie théologique est restée le terrain de jeu des théologiens libéraux, les théologiens de la Communio (comme moi) ou les thomistes de la stricte observance étant considérés comme des réactionnaires de la pire espèce.
Néanmoins, Ratzinger poursuivit sa tâche avec une dignité effacée, réservant ses plus vives admonestations aux exemples les plus flagrants d'hétérodoxie. Et s'il formula quelques critiques modérées de la théologie de la libération, ces critiques visaient à purger ces théologies de leurs conceptions marxistes des relations sociales humaines fondées sur la lutte des classes, sans pour autant « museler » ni réprimer le mouvement dans son ensemble.
Le passage de Ratzinger à la tête de la CDF témoignait plutôt de son humilité obéissante. Comme il aurait été facile pour lui, et combien de chagrins il aurait pu s'éviter, s'il avait simplement adopté une attitude de tolérance infinie envers tous les points de vue de l'Église ! Si Ratzinger avait été un universitaire orgueilleux et soucieux de sa « réputation », il aurait choisi la voie des louanges profanes pour sa « noble ouverture d'esprit » aux dernières tendances théologiques. Mais en tant qu'« humble serviteur dans la vigne du Seigneur », comme il se décrivait après son élection, il savait quelle croix il allait porter pour la vérité. C'était celle d'être dépeint comme un homme d'Église ignominieux, « craintif » du changement et donc « réprimant » tout point de vue différent du sien.
Enfin, je ne pense pas que ce soit un grand secret que Ratzinger n'ait jamais souhaité devenir pape. Je suis sûr qu'à la mort du pape Jean-Paul II, alors déjà âgé, il ne souhaitait rien d'autre que de se retirer dans une petite maison bavaroise remplie de livres, de chats, de schnitzels et de pâtisseries, pour y écrire à nouveau sans interruption.
Mais l'Esprit Saint en avait décidé autrement, et Ratzinger, sous la forme de Benoît XVI, se soumit une fois de plus humblement au service de l'Église. Son héritage pontifical comprend la création des ordinariats pour les anciens anglicans et sa tentative de renouveau liturgique via Summorum Pontificum . Parmi ses œuvres, on compte de magnifiques encycliques sur la foi, l'espérance et la charité, ses réflexions sur les apôtres et son récit magistral de la vie du Christ dans ses ouvrages intitulés « Jésus de Nazareth » . Ces œuvres s'ajoutent aux innombrables essais et ouvrages théologiques qu'il avait écrits avant de devenir pape.
Et puis vint sa démission. Pour moi, ce fut un véritable bouleversement intérieur, que je ne comprenais pas. Mais rétrospectivement, c'est un parfait exemple de l'humilité qui a caractérisé toute sa vie. Ce n'était pas, comme certains l'ont trop hâtivement supposé, une façon de « fuir les loups » par peur. C'était plutôt un acte profond d'humilité charitable, où il reconnaissait que le bien de l'Église était mieux servi par son départ. Car il y avait, et il y a, des « loups » dans l'Église. Et Benoît XVI comprenait que pour les combattre, il fallait un pape plus jeune et plus vigoureux, au sommet de ses capacités et de ses dons.
Peut-être a-t-il eu tort de démissionner. Peut-être que, d'un point de vue stratégique et purement utilitaire, ce n'était pas la meilleure décision. Peut-être a-t-il créé un précédent fâcheux. Des personnes raisonnables peuvent être en désaccord sur ces points, je pense.
Mais ce que j’espère et ce pour quoi je prie, c’est que nous puissions au moins tous convenir que sa décision était le fruit de la même humble obéissance au Seigneur Jésus-Christ qui a marqué toute sa vie.
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Larry Chapp a obtenu son doctorat en théologie à l'Université Fordham en 1994, avec une spécialisation en théologie de Hans Urs von Balthasar. Il a enseigné la théologie pendant 20 ans à l'Université DeSales, près d'Allentown, en Pennsylvanie, avant de prendre une retraite anticipée pour fonder la ferme Dorothy Day Catholic Worker près de Wilkes Barre, en Pennsylvanie, avec son épouse Carmina et son ami et ancien élève, le père John Gribowich. Auteur de nombreux articles et ouvrages, il est également le fondateur et rédacteur principal du blog Gaudiumetspes22.com.
La Passion du Christ selon le Saint Suaire de Turin
LES PLAIES DU CHRIST
« PILATE PRIT JÉSUS ET LE FIT FLAGELLER. » (JN 19, 1)
Silhouette dorsale
La flagellation du Seigneur, personne ne l'avait imaginée dans toute son ignominie, telle que nous la voyons ici représentée. Peut-être le laconisme des Évangélistes s'explique-t-il par l'horreur que leur inspirait le souvenir de ce supplice infligé à Jésus (Mc 15, 15 ; Mt 27, 26 ; Jn 19, 1). Selon les témoignages littéraires, le condamné était entièrement dévêtu et attaché à une colonne. C'est pourquoi on parle traditionnellement de “ la colonne de la flagellation ”. Mais si Jésus avait eu ainsi les bras élevés, attachés au sommet d'un fût de colonne, il aurait eu au moins la poitrine à l'abri des coups. Ici nous voyons les coups pleuvoir sur les épaules, sur le dos, les reins, les cuisses, les mollets ; mais aussi par-devant : nous en comptons les traces sur la poitrine et sur la face antérieure des jambes.
Le flagrum, un manche avec deux ou trois lanières lestées de petites haltères en plomb, était manié par un bourreau qui tournait autour de sa victime, ou bien par deux bourreaux, dont l'un frappait à revers. Jésus a perdu beaucoup de Sang, pour une raison que saint Luc est le seul à mentionner, « avec une précision de clinicien tout à fait indépassable », écrit le docteur Barbet ; peut-être parce qu'il avait interrogé saint Jean, le disciple bien-aimé qui ne dormait pas au mont des Oliviers :
« Entré en agonie, il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. » (Lc 22, 44)
Barbet reconnaissait les symptômes de l'hématidrose, phénomène clinique rare, mais bien connu des médecins, causé par un profond ébranlement moral, précisément celui dans lequel nous voyons Notre-Seigneur plongé au cours de l'agonie de Gethsémani, lorsqu'Il prévoit d'avance, dans le détail, les souffrances qui L'attendent ; et surtout lorsqu'Il se remémore la masse effroyable de NOS péchés, et qu'Il s'en revêt en présence de son Père, les prenant sur Lui pour les expier. Une agonie morale, un combat mortel entraîne ce symptôme physiologique d'une hémorragie sous-cutanée : le sang se mêle à la sueur et forme avec elle des petites boules sortant par les pores de la peau et roulant littéralement sur l'ensemble du corps, « roulant jusque par terre », écrit saint Luc.
Il y a cinquante ans, le cauchemar des Khmers rouges commençait au Cambodge
Le 17 avril 1975, Phnom Penh, la capitale du Cambodge, tombe aux mains des Khmers rouges. Les communistes maoïstes intransigeants ont soumis la population à une gigantesque expérience sociale qui a entraîné deux millions de morts en trois ans.
17_04_2025
Le 17 avril, il y a 50 ans, Phnom Penh tombait. La capitale du Cambodge est tombée aux mains des Khmers rouges, le mouvement communiste maoïste le plus meurtrier de l'histoire. Au cours des trois années suivantes, le régime, dirigé d’une main de fer par Pol Pot, éliminera un tiers de sa propre population. Son objectif déclaré était de réaliser l’utopie communiste d’ici 1990, peu importe les méthodes utilisées ou le nombre de morts.
L'arrivée au pouvoir des Khmers rouges intervient après huit années de guerre civile . C'est surtout la guerre du Vietnam qui a détruit l'équilibre déjà précaire de cette région d'Asie du Sud-Est, indépendante de la France en 1953. Le prince Sihanouk, qui avait succédé pacifiquement à la France, était tiraillé entre le communisme (qui se répandait dans toute la région) et une alliance avec les États-Unis, protecteurs du Sud-Vietnam. Lorsque le Nord-Vietnam communiste a commencé à envahir le Sud-Vietnam (nationaliste) en 1959, en infiltrant son armée et ses guérilleros, Sihanouk n'a pas pu ou n'a pas voulu s'y opposer. En 1965, première année de l’intervention américaine au Vietnam, le Cambodge était déjà devenu le principal lieu de transit des Nord-Vietnamiens. Étant un pays neutre, ils ne pouvaient pas être touchés par les Américains et les Sud-Vietnamiens. Sihanouk a violemment réprimé le communisme dans son pays. Dans la seule révolte paysanne du district de Samlaut (qui a éclaté à la suite d'expropriations arbitraires), de 1967 à 1970, il a tué 12 000 personnes. Les militaires coupèrent les têtes des agriculteurs et les envoyèrent à Phnom Penh comme preuve du travail accompli. C'est durant cette période, en opposition au régime, que se développe le mouvement armé des Khmers rouges, inspiré par le maoïsme le plus intransigeant. Mais en politique étrangère, Sihanouk lui-même s'est rapproché de la Chine de Mao et de l'URSS de Brejnev et a rompu avec les Américains.
En 1970, alors que Sihanouk était à Moscou en visite d’État, l’armée prit le pouvoir. Lon Nol, l’un des pires bourreaux de la répression de Samlaut, devient président, dictateur de facto, de la nouvelle « République khmère ». Il a promis de lutter contre la corruption et d’expulser les Vietnamiens et a immédiatement demandé aux États-Unis d’intervenir pour l’aider. En un mois, Nixon autorisa une intervention terrestre secrète sur le territoire cambodgien. Sur le plan militaire, ce fut un succès : les Nord-Vietnamiens furent chassés des zones frontalières. Politiquement, ce fut un désastre : les communistes de Ho Chi Minh se dispersèrent à travers le pays et enseignèrent aux Khmers rouges comment se battre contre une armée régulière. Lon Nol s’est encore davantage aliéné la population, tout d’abord parce qu’il s’est montré encore plus corrompu que son prédécesseur. Puis, parce qu’il était encore plus violent, il persécuta tous les Vietnamiens du pays, les catholiques et les autres minorités religieuses et réprima dans le sang toute manifestation de dissidence. Les monarchistes et les communistes s'allièrent contre lui : Sihanouk et les Khmers rouges formèrent un Front d'unité nationale. En 1973, ils contrôlaient déjà la moitié du pays et Lon Nol demanda à nouveau l'aide américaine. Nixon autorisa une campagne de bombardements (également secrète) au cours de laquelle des dizaines de milliers de civils, en plus des guérilleros, périrent. Ce fut un succès éphémère : l'avancée des communistes ne fut que temporairement enrayée, mais en réaction aux bombardements les populations paysannes s'engagèrent en masse dans les rangs des Khmers rouges, même s'il était désormais clair, dans les zones qu'ils avaient occupées, que leur régime était bien plus meurtrier que le régime nationaliste de Lon Nol.
En avril 1975, alors que le Sud-Vietnam était sur le point d’être submergé par le Nord et que les Américains étaient partis depuis longtemps, les Khmers rouges remportèrent la guerre civile. Sihanouk est resté officiellement chef de l’État pendant une année supplémentaire, puis a été placé en résidence surveillée. Le Kampuchea démocratique est né, Khieu Samphan en est le président, mais le véritable homme aux commandes est le Premier ministre, chef du mouvement communiste armé, Saloth Sar, connu sous le nom de Pol Pot. Formé à Paris (il eut Jean Paul Sartre comme mentor), il voulut créer l'utopie communiste dès le premier jour de son règne. Toutes les villes, à commencer par Phnom Penh, ont été évacuées d’urgence. Même les malades et les blessés admis dans les hôpitaux étaient jetés dans la rue. Les nouvelles autorités ont indiqué aux évacués qu'il s'agissait d'une mesure temporaire et qu'il s'agissait d'apporter le strict minimum. En réalité, ils étaient destinés à participer à une expérience sociale gigantesque : transformer des citoyens en paysans. Les évacuations, menées selon des méthodes de déportation, ont coûté des dizaines de milliers de victimes. Et ce n’était que le début de la souffrance.
L’ensemble de la population cambodgienne a été réorganisée en communautés paysannes. Il n’y avait aucune liberté de mouvement possible : ils étaient en fait des prisonniers dans des camps de travail. Les quarts de travail variaient de 12 à 14 heures par jour, sans aucune pause, sauf pour subir un lavage de cerveau idéologique lors de séances de rééducation. Tous les membres de l’ancien régime et leurs familles ont été exterminés. Toutes les personnes religieuses, quelle que soit leur religion, ont été tuées. Pour le reste, chaque commandant et fonctionnaire local avait droit de vie et de mort sur ses paysans. Les plus sadiques et les plus méfiants tuaient même ceux qui portaient simplement des lunettes, symbole de la dégénérescence bourgeoise. Quiconque était considéré comme « paresseux » dans le travail des champs, qui n’avait pas suffisamment de callosités sur les mains, qui ne répondait pas de manière appropriée aux séances de rééducation, qui connaissait des langues étrangères ou qui exerçait des professions libérales avant l’an zéro de la nouvelle ère pouvait également être tué.
Parler à la première personne du singulier n'était pas autorisé : le je était banni. L'affection personnelle n'était pas autorisée : les mots doux et les gestes affectueux étaient interdits et punis. Seule la fête devait être aimée. À partir du début de 1977, les mariages étaient arrangés uniquement par des cadres du parti, entre des hommes et des femmes qui ne se connaissaient pas. Les enfants ont été séparés de leurs parents et éduqués par le parti. Tout était partagé, les récoltes étaient enregistrées, la nourriture était rationnée et consommée dans des cantines collectives. La mort par inanition devint la règle et les paysans qui tentaient de voler de la nourriture ou de la consommer pendant qu'ils la cultivaient étaient condamnés à mort.
Même les cadres et les dirigeants khmers n’étaient pas à l’abri de la peur. Il y a eu de nombreuses tentatives de coup d’État, au moins neuf en trois ans. Pol Pot a réagi en procédant à des purges périodiques. Les principales victimes furent les communistes de retour de l’étranger, encouragés par la propagande de Phnom Penh. Presque tous ont fini sous la hache de la répression. La prison de Tuol Sleng, destinée aux purgés, est devenue le symbole de l'extermination cambodgienne, le seul endroit où l'identité des victimes et la date de leur exécution étaient documentées en détail. Presque tous les détenus de Tuol Sleng ont été tués, soit par des pelotons d’exécution, soit dans des chambres de torture.
Le régime khmer était également profondément raciste. Malgré l'alliance avec Pékin, il extermina presque tous les Chinois vivant au Cambodge (environ 200 000 périrent dans ce génocide dans le génocide), la minorité musulmane Cham et des dizaines de milliers de Vietnamiens. Et c’est précisément pour sauver ce dernier de l’anéantissement que, fin 1978, le Vietnam envahit le Cambodge. En un peu plus d’un mois, il a balayé le régime infernal. Mais la liberté n'est pas revenue dans le pays, un autre régime communiste a été établi, dirigé par Samrin (un ancien Khmer rouge qui a fui au Vietnam) et seulement moins répressif et meurtrier que le précédent. C’est pourquoi il est si difficile, encore aujourd’hui, de faire la lumière sur l’immense crime des Khmers rouges et de punir les responsables. Faire table rase du passé n’efface cependant pas les deux millions de morts, assassinés en seulement trois ans, avec une intensité sans précédent. Tués au nom d’une utopie, d’un paradis sur terre qui garantissait l’enfer à tout un peuple.
Publié le 06 Avr 2023 Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :
« Si les trois cérémonies majeures du Triduum sacré – Messe vespérale du Jeudi Saint, Office de la Croix le Vendredi Saint et Vigile Pascale – sont familières à nombre de fidèles, les offices des Ténèbres sont plus méconnus. Est-ce dû à l’horaire auquel ils sont chantés, peu familial, ou à l’absence d’action liturgique qui les rend peu perméables au néophyte ? Coup de projecteur sur un office éminemment singulier.
Communauté Saint-Martin, Office des Ténèbres du Samedi-Saint
Héritage très ancien des temps où les Matines étaient chantées au cœur de la nuit, ce qui se pratique encore en certains monastères, les Ténèbres rassemblent les deux offices de Matines et Laudes pour chacun des trois jours saints. Cet office nous plonge dans la contemplation de l’abaissement inouï du Fils de Dieu, « qui se fit pour nous obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 8).
Alors que d’ordinaire l’office des Laudes s’achève au lever du soleil, symbole triomphant de la gloire de Dieu chantée par l’Église, le principe même des Ténèbres consiste à terminer l’office dans une obscurité profonde. Les rideaux d’un vaste drame en trois actes s’ouvrent sous les yeux de notre âme : les funérailles du Fils de Dieu.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » : laisser la liturgie nous plonger dans l’obscurité
Afin de baigner les cœurs dans la compassion aux souffrances du Sauveur, la liturgie se dépouille entièrement de ce qui pouvait rappeler la joie du Ciel ou même la Gloire de Dieu. Les traditionnelles formules telles que « Domine, labia mea aperies / Seigneur ouvrez mes lèvres », « Deus in adjutorium meum intende / Dieu venez à mon aide », « Tu autem Domine, miserere nobis /Vous aussi Seigneur ayez pitié de nous », et même le Gloria Patri ont disparu. Les hymnes de même.
Ne restent que les psaumes encadrés de sobres antiennes, les leçons des nocturnes et les répons qui donnent à eux seuls l’atmosphère spirituelle de ces Offices. Ils ne conservent plus que ce qui leur est essentiel dans la forme, et ils ont perdu toutes ces aspirations vives que les siècles y avaient ajoutées.
Au maître autel, les six cierges sont de cire jaune, comme les quinze cierges du chandelier mystérieux qui trône dans le chœur. C’est l’extinction progressive de ce chandelier qui marque la seule action liturgique de ces offices. Ces flammes soufflées au rythme des psaumes qui s’achèvent nous représentent ce mystère de la Gloire de Dieu qui peu à peu abandonne Notre-Seigneur…
Un seul, celui qui est placé à l’extrémité supérieure du chandelier à quinze branches, reste allumé. Pendant le Cantique du Benedictus, en conclusion de l’office de Laudes, les six cierges qui brûlaient sur l’autel sont pareillement éteints. Alors le cierge restant, solitaire, est posé quelques instants sur l’autel, luttant seul contre les ombres qui remplissent l’église : le Christ, abandonné de tous, est cloué à la Croix, mourant pour les hommes, alors que les ténèbres s’amoncellent dans le ciel. Puis le cierge est caché, figure de la sépulture du Christ.
Alors les clercs présents au chœur, ainsi que les fidèles à genoux dans les travées de la nef, sont invités « taper sur leur banc ». Ce bruit, volontairement confus, se fait entendre tandis que le dernier flambeau a plongé dans l’obscurité. Ce tumulte joint aux ténèbres, explique dom Guéranger, exprime les convulsions de la nature, au moment de la mort du Rédempteur. Mais tout à coup le cierge reparaît ; le bruit cesse. Pourquoi donc ? Car le Rédempteur a triomphé de la mort.
Les trois jours, ce sont exactement les mêmes cérémonies qui se répètent ; le seul changement est à l’autel : mercredi soir, les nappes sont encore présentes : Jésus n’est pas encore aux mains de ses bourreaux, nous assistons à son agonie au Mont des Oliviers (comme le chante le premier répons) ; jeudi soir, l’autel a été dépouillé : Jésus est entré pleinement dans sa passion, et nous assistons aux profondeurs de ses souffrances ; vendredi soir, la croix est dévoilée, montrant à tous le corps sans vie du Rédempteur : les Ténèbres sont alors le chant de deuil de l’Église qui pleure son Epoux.
Jérémie, prophète de la déréliction
La structure des Ténèbres est parfaitement symétrique sur les trois jours. Aux premiers nocturnes, les lamentations du prophète Jérémie, témoin impuissant du malheur et de la ruine de Jérusalem infidèle, font retentir chaque soir leurs accents déchirants sur une mélodie que l’on ne retrouve en aucune autre circonstance, culminant avec la déchirante Oraison de Jérémie du Samedi Saint ; à chaque fois, revient ce lancinant appel à la conversion, seule moyen de sauver la Cité Sainte, qui s’adresse à chacun de nos cœurs : « Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu. »
Les répons, reconstitution de la Passion
Les répons séparant les leçons sont les seules pièces grégoriennes véritablement développées de ces offices. Ils fondent, par les textes qui les composent, la progression des trois jours en reconstituant les trois étapes du drame de la Passion : trahison, crucifixion, sépulture. Les âmes n’ont qu’à se laisser porter par les différents sentiments que provoquent en elles ces mélodies tour à tour plaintives, graves, tristes ou violentes.
Le Jeudi Saint met en scène la trahison : nous assistons d’abord à l’agonie du Christ, nous invitant à regretter nos fautes qui font de lui l’Homme de douleur prophétisé par Isaïe. Puis advient la trahison de Judas : nous sommes alors confrontés à nos propres trahisons.
Les trois derniers répons représentent les douloureux reproches de Jésus : d’abord à tous ceux qui fomentent des complots contre Lui, figures des âmes tièdes qui ne se détournent pas assez du péché ; ensuite aux apôtres (et à nous à travers eux) qui n’ont pas pu veiller une heure avec Lui, malgré l’infinie abondance des grâces reçues ; enfin aux anciens du Peuple, tous ces hommes à l’âme flétrie, qui se sont détournés, de cet esprit d’enfance sans lequel nul n’entrera au Royaume des cieux…
Le Vendredi Saint nous fait assister à la Crucifixion : commençant par nous dévoiler les sentiments d’abandon et de trahison qui remplissent l’âme de Jésus, ils nous montrent le voile du Temple qui se déchire en même temps que Jésus promet le Paradis au bon larron.
Au deuxième nocturne, c’est le cœur de la détresse du Christ qui est illustré, avec les ténèbres qui couvrent la terre lorsqu’Il s’écrie vers son Père : « Pourquoi m’avez-Vous abandonné ? », rejoignant ainsi toutes les âmes qui font l’expérience de la nuit spirituelle, cet état où l’on se sent abandonné de Dieu. Le dernier nocturne n’est qu’une longue suite de plaintes exprimant toute la douleur de l’Homme-Dieu : douleur physique bien sûr, mais surtout douleur de nous voir si infidèles à l’amour qu’Il nous porte…
Le Samedi Saint est en quelque sorte une veillée funèbre autour du Tombeau du Christ. Les répons du premier nocturne se contentent de rappeler les évènements de la veille, suscitant dans les âmes le deuil et l’angoisse bien sûr, mais également une grande tendresse envers Jésus : c’est toute la fécondité surnaturelle de la componction, par laquelle le pécheur revient au Père, sauvé par les mérites que lui a acquis la mort du Fils. Les répons des deux derniers nocturnes invitent l’âme à contempler les effets de la Passion. On entre plus profondément dans le mystère de la Rédemption, source de grande paix.
Obéissant jusqu’à la mort…
À la fin de l’Office, du chœur plongé dans l’obscurité la plus complète monte une dernière mélodie qui chaque jour se prolonge un peu : « Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort / la mort de la Croix / et c’est pourquoi Dieu l’a exalté en lui donnant un Nom au-dessus de tout nom. » Très grave Jeudi et Vendredi, le verset du Samedi, dernier chant de ces Offices, revêt une grande légèreté, comme une clarté céleste : à l’image d’une Église voulant sécher les larmes de ses enfants en leur donnant enfin l’explications de toutes ces souffrances endurées par son Époux.
En définitive, c’est en se laissant porter par les impressions conjuguées de l’obscurité grandissante et de la profondeur des chants que nous pourrons réellement entrer dans l’esprit de ces Ténèbres. Ils nous porteront par une longue méditation de la Passion aux portes du Sépulcre, où nous pourrons attendre avec toute l’Eglise la lumière de la Résurrection. »
Benoît Labre est né le 26 mars 1748 à Amettes en France. Il est l'aîné de quinze enfants d'une famille de cultivateurs.
Très tôt, Benoît rêve d'une vie totalement donnée à Dieu. Il se sent de plus en plus attiré par la solitude et la prière. Il veut devenir moine. Après de nombreux essais sans succès, Benoît découvre que le Seigneur ne l'appelle pas à vivre dans un monastère. Dieu l'attend ailleurs.
Une fois de plus, Benoît se met en route, mais cette fois-ci pour un long pèlerinage. Dans les divers sanctuaires situés sur son chemin, il s'arrête pour de très longs moments de prière.
Petit à petit, Benoît découvre que sa vocation est celle d'être pèlerin. Assoiffé de Dieu, c'est sur la route qu'il le rencontre. Un bâton à la main et un chapelet au cou, dans une vie de pauvreté et de prière, Benoît parcourt les routes d'Europe.
Tourné vers Dieu, le coeur de Benoît l'est également vers les autres. Vivant au jour le jour, il trouve le tour de partager le peu qu'il a avec les pauvres de son entourage.
À Rome, où Benoît passe les dernières années de sa vie, il est surnommé "le pauvre des Quarante-Heures"; on le retrouve en adoration dans les églises où le Saint-Sacrement est exposé. L'Eucharistie est au coeur de sa vie et de sa prière.
Le 16 avril 1783, Benoît meurt à Rome à l'âge de 35 ans. La nouvelle se répand par la bouche des enfants : «Le saint est mort ! Le saint est mort !» Des miracles lui sont immédiatement attribués; ils contribueront même à la conversion de John Thayer, un ministre presbytérien.
Le 9 février 1873, en présence du Saint-Père et à sa demande, Mgr Dominique Bartolini, secrétaire de la congrégation des Rites, procède à la lecture du décret annonçant l'éventuelle canonisation du bienheureux Benoît Labre (Voir compte-rendu de cette cérémonie et le texte intégral du décret dans les Annales catholiques, N° 62, 22 février 1873, p. 218-224). Près de neuf ans plus tard, le 8 décembre 1881, Benoît est déclaré saint.