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Politique - Page 147

  • A l'ONU, si vous n'êtes pas pro-avortement, vous n'avez qu'à vous taire

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    D'Ermes Dovico sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Réunion de l'ONU, si vous n'êtes pas pro-avortement, vous ne pouvez pas parler.

    17-03-2022

    Quatre cents groupes pro-vie du monde entier dénoncent l'exclusion de la Commission de la condition de la femme, qui s'est concentrée sur l'avortement et les questions LGBT depuis le projet préparatoire. Où il y a amplement de place pour la combinaison de l'avortement et de l'idéologie écologiste.

    S'il s'agit de femmes, mais que vous êtes pro-vie, vous ne pouvez pas participer. C'est l'essentiel de ce qui se passe avec la Commission annuelle des Nations unies sur le statut des femmes (14-25 mars), à laquelle les organisations pro-vie et familiales du monde entier sont interdites de participation. Ils ne sont tout simplement pas les bienvenus. Une étrange façon de comprendre l'"inclusivité", qui serait l'une des valeurs déclarées de ceux qui gèrent les demandes de participation. A sens unique, évidemment.

    Ce n'est pas la première fois que cela se produit, mais la tendance est de plus en plus inquiétante. Cette décision a été dénoncée par quelque 400 groupes qui défendent la vie dès la conception, de l'Australie aux États-Unis, de l'Italie à l'Argentine. "Ces dernières années, lit-on dans une lettre datée du 25 février 2022, nombre de nos organisations se sont vu refuser des demandes d'organisation d'événements parallèles par les ONG/CSW, l'organe semi-officiel du secrétariat de la Commission de la condition de la femme (CSW, dirigée par Un Women), qui a pour mission d'associer les groupes représentant la société civile aux travaux de ladite commission (intergouvernementale). Et dans la société civile, il se trouve qu'il y a une multitude de personnes - hommes et femmes, jeunes et adultes - qui ont un point de vue différent de celui des avorteurs.

    Après quelques décennies au cours desquelles ils ont pu organiser avec succès leurs propres événements, les groupes pro-vie voient depuis quelques années leurs demandes rejetées au motif qu'un de leurs événements "ne correspond pas aux valeurs" des organisateurs (l'ONG/CSW). Des groupes progressistes ont ouvertement demandé que les associations pro-vie soient purement et simplement bannies des débats de la CSW, les qualifiant d'"anti-droits". Les "droits" sous-entendus ici sont les "droits sexuels et reproductifs", qui comprennent à la fois l'avortement et le large éventail de revendications formulées par les organisations LGBT.

    Mais à côté de cela, dans le "projet zéro" de la Commission de la condition de la femme - qui constitue la base de travail du document final, non contraignant mais destiné à l'Assemblée générale des Nations unies et, en tout état de cause, utile pour maintenir la pression internationale -, l'idéologie environnementaliste et le catastrophisme climatique ont toute leur place. Ce sont des thèmes que les groupes d'avorteurs incluent de plus en plus dans leur propagande (de la série : avorter pour 'sauver' la planète...), en partie à cause de la vision commune contre l'homme, et en partie pour s'emparer d'au moins une partie des fonds ostensibles en faveur des idées vertes.

    Le langage est noble : "La Commission reconnaît que l'inégalité entre les sexes, combinée aux crises et aux catastrophes climatiques et environnementales, constitue le plus grand défi de notre époque pour le développement durable, affectant la planète entière et tous les peuples, avec des impacts disproportionnés sur les femmes et les filles, en particulier celles qui se trouvent dans des situations vulnérables et marginalisées et dans des contextes de guerre", peut-on lire au point 5 du "projet zéro". Un point dont Citizen Go, ainsi que les paragraphes 3 et 15, demande la suppression à travers une pétition qui compte déjà plus de 120 000 signatures ; mais c'est tout le document préparatoire qui est vicié par des concepts qui vont à l'encontre de la morale naturelle et dont les femmes, loin de s'émanciper, sont les premières victimes.

    L'exclusion des groupes pro-vie a également fait l'objet d'une lettre signée par une vingtaine de parlementaires américains, menée par Lauren Boebert, et adressée à Sima Bahous, directrice exécutive d'ONU Femmes, l'organisme des Nations unies chargé de l'égalité des sexes. Les signataires dénoncent le fait que la discrimination à l'encontre des pro-vie donne l'impression que l'ONU Femmes et ses États membres ne sont plus intéressés par le "dialogue" sur les questions relatives aux femmes et qu'ils "veulent plutôt imposer une sorte d'orthodoxie féministe mondiale, en se rangeant du côté des gouvernements puissants et des intérêts particuliers qui veulent réduire au silence les organisations pro-vie et pro-famille".

    La lettre rappelle que ce n'est pas avec ces prémisses que l'ONU a été fondée et qu'en effet la protection du droit à la vie et les valeurs familiales sont pertinentes avec la Charte de l'ONU, la Déclaration universelle des droits de l'homme et d'autres documents internationaux (papier brouillon, quand il ne convient pas). Mais le mauvais précédent du sommet de Nairobi de 2019, où l'Unfpa a exclu plusieurs organisations pro-vie, a changé le cours des choses. Les signataires rappellent également qu'à Nairobi, le gouvernement américain a coparrainé une déclaration commune avec dix autres nations pour demander à la communauté internationale de se concentrer sur les problèmes communs et non sur des questions telles que l'avortement ou les mœurs sexuelles.

    Or, à l'époque, c'est Donald Trump, qui avait également coupé les fonds à l'UNFPA (et pas seulement), qui endiguait la vague d'avortement mondial.

    En attendant, les paradoxes de l'avortement se multiplient, pour lequel les défenseurs invoquent la "liberté de choix" mais ne se soucient pas du droit naturel des autres à venir au monde ; ils parlent de choix éclairé, mais ne veulent pas entendre d'autres raisons que les leurs ; ils prétendent protéger la "biodiversité" mais n'ont aucun problème à rayer de la carte des êtres humains innocents.

  • Comment la Russie raconte son "opération spéciale"

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    De Vatican News :

    Analyse : comment la Russie raconte son "opération spéciale"

    Entretien avec Carole Grimaud-Potter, professeure de la géopolitique de la Russie à l’université de Montpellier, et fondatrice du centre de réflexion CREER.

    Entretien réalisé par Claire Riobé - Cité du Vatican

    Si l’Ukraine est assiégée, la société russe est verrouillée. C’est une autre forme de guerre, celle de l'information, à laquelle se livre le Kremlin depuis quelques semaines, au sein de son territoire. Le pouvoir russe, qui a patiemment élaboré une version alternative du conflit en cours, présente ce dernier comme une «opération militaire spéciale» menée pour rétablir la sécurité nationale. Autre discours véhiculé par Moscou : la supposée présence de néofascistes au sein du régime ukrainien, qui auraient effectué un génocide contre les russophones du pays.

    La censure mise en place par le Kremlin étouffe les médias libres de Russie et limite l'accès de la population aux réseaux sociaux occidentaux, tels que Facebook, Twitter, Instagram ou encore What’s App. Le début du conflit a également sonné le glas de deux piliers de l'intégrité journalistique russe, la radio Ekho Moskvy (l'Echo de Moscou) et la chaîne de télévision Dojd (La pluie) qui ont fermé leurs portes une semaine après le blocage de leur site Internet.

    Comment le pouvoir russe construit-t-il son narratif de la guerre en Ukraine ? Quelles conséquences ce nouveau récit véhiculé par les médias d'Etat a-t-il sur la population ? Carole Grimaud-Potter est professeure de la géopolitique de la Russie à l’université de Montpellier et fondatrice du centre de réflexion CREER sur la Russie post-soviétique. Elle analyse la version du conflit en Ukraine livrée par le pouvoir russe, et les moyens mis en œuvre par le Kremlin pour la diffuser.

    Entretien avec Carole Grimaud-Potter

  • Ukraine : le pape en a-t-il dit assez ?

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Le pape François et l'Ukraine : En a-t-il dit assez ?

    16/03/2022

    Dimanche dernier, le pape a enfin utilisé le mot "agression", mais toujours sans nommer la Russie. Pour certains, c'est trop peu, trop tard. Pourquoi est-il si prudent ?

    *Traduction d'un éditorial publié dans le quotidien italien Il Mattino le 15 mars 2022.

    Dimanche dernier, le 13 mars, le pape François est allé au-delà de ses précédentes déclarations sur l'Ukraine, qui se contentaient d'appeler à la paix et de condamner la guerre. Il a mentionné explicitement une "agression armée inacceptable" et la "barbarie" des bombardements qui visent "les enfants, les innocents et les civils sans défense." Il a également condamné ceux qui "profanent le nom de Dieu" pour justifier la guerre.

    Andrea Tornielli, qui n'est pas seulement un observateur de longue date du Vatican mais qui occupe une position officielle en tant que directeur éditorial du Dicastère de la Communication du Saint-Siège, a expliqué que la référence, non explicite mais claire, était précisément au patriarche de l'Église orthodoxe russe, Kirill, qui, le 6 mars, avait béni l'invasion en la présentant comme une "guerre métaphysique" contre l'Occident corrompu qui autorise les défilés des Gay Pride.

    Ce n'est peut-être pas un hasard si, dimanche, le Saint-Siège a rompu le silence qu'il gardait depuis plusieurs jours sur la mesure très grave prise par un fidèle allié de Moscou, le Nicaragua. Le président Ortega avait expulsé le nonce apostolique Sommertag après que les escadrons du régime l'eurent menacé et même battu. M. Sommertag a longtemps critiqué la situation des droits de l'homme au Nicaragua, mais les tensions internationales ont certainement joué un rôle dans son expulsion, condamnée comme "sans précédent" et "incompréhensible" par le Vatican. Le président Ortega est tellement pro-Poutine que son visage orne même les pièces de monnaie d'une unité de l'Ossétie du Sud, l'une des pseudo-républiques créées par les Russes en territoire géorgien, parallèlement à celles qu'ils ont établies en Ukraine.

    Dimanche également, le Saint-Siège a laissé filtrer la nouvelle selon laquelle une nouvelle rencontre entre le pape et Kirill, que les médias russes ne cessent de donner comme prévue pour cet été, sera probablement annulée.

    Un certain nombre d'observateurs italiens ont noté et célébré ces développements comme un tournant dans la position du pape François sur la guerre en Ukraine. Peut-être le pape lui-même, en observant les réactions vingt-quatre heures plus tard, a-t-il été surpris de constater qu'en Ukraine même, dans une grande partie de l'Europe de l'Est et aux États-Unis, la perception était différente de celle de l'Italie et que sa position était encore classée dans la plupart des cas dans la catégorie "trop peu, trop tard". Que manque-t-il dans les propos du pape François ?

    Il n'y a pas de condamnation explicite de la Russie et de Poutine. La vieille règle catholique "on mentionne le péché mais jamais le pécheur" est très bien pour les confessions mais moins appropriée lorsqu'un État attaque et bombarde un autre État. C'est bien de condamner l'agression et les bombes, objectent les critiques, mais si vous ne nommez pas l'agresseur et ne mentionnez pas qui lance les bombes, le discours reste quelque peu suspendu au milieu.

    Pour sa part, le cardinal secrétaire d'État Parolin a rappelé que la "résistance armée face à l'agression" est légitime selon la morale catholique, se distançant du pacifisme absolu répandu dans certains milieux catholiques. Mais il a également affirmé qu'"après la chute du mur de Berlin, nous n'avons pas été capables de construire un nouveau système de coexistence entre les nations qui aille au-delà des alliances militaires ou des convenances économiques." Il a peut-être raison, mais il le fait au mauvais moment, car ses propos semblent en quelque sorte critiquer l'OTAN et l'Union européenne et ouvrir une brèche par laquelle peuvent passer les prétextes d'agression russes.

    Des voix se sont fait entendre parmi les évêques catholiques qui semblent soutenir davantage ceux qui brandissent les drapeaux de la paix, en évitant soigneusement de nommer et de condamner les agresseurs, que ceux qui brandissent les drapeaux des agressés qui résistent, c'est-à-dire les drapeaux de l'Ukraine.

    Pourquoi le Pape et le Saint-Siège se comportent-ils de la sorte ? Certes, parmi les évêques, et parmi les prêtres, religieuses et laïcs catholiques, il y a les nostalgiques d'un vieux gauchisme anti-américain et les admirateurs de la "revolución" à la sauce cubaine, vénézuélienne ou nicaraguayenne, qui se range aujourd'hui du côté de Poutine.

    Cependant, dans les hautes sphères du Vatican, la motivation est différente. Après un moment de plus grande distance dans les années où le pape à Rome était polonais - les catholiques polonais et les orthodoxes russes n'ont jamais été les meilleurs amis -, un professeur allemand comme Benoît XVI et un jésuite argentin comme François ont beaucoup investi dans la reconstruction d'une relation, d'abord diplomatique, puis même amicale, avec le patriarche Kirill et son Église. Rome a même mis à profit, en impliquant Poutine lui-même, des causes communes : la défense des communautés chrétiennes du Moyen-Orient menacées de disparition, la protestation contre l'idéologie du genre et une hostilité commune au mariage homosexuel.

    Il est vrai que François est moins sensible à ces questions que ne l'était Ratzinger, et que Kirill en a offert une version de plus en plus caricaturale, justifiant comme une prétendue défense des chrétiens menacés par l'État islamique tous les bombardements de Poutine et les méfaits d'Assad en Syrie, et plus récemment utilisant la critique de la Gay Pride pour justifier l'agression contre l'Ukraine comme une guerre sainte contre la corruption occidentale. Mais François, qui a hérité de son passé péroniste argentin une critique des États-Unis de type tiers-mondiste, est à d'autres égards plus enclin à comprendre l'anti-américanisme de Poutine et Kirill que ne l'était le pro-américain Ratzinger.

    De Benoît XVI à François, les efforts du Vatican pour renouer avec l'Église orthodoxe de Moscou ont été immenses. Kirill, pour sa part, a accompagné ces efforts au prix de la perte des orthodoxes conservateurs radicaux pour qui les papes de Rome sont des hérétiques à qui il ne faut pas parler. On peut comprendre que le Saint-Siège hésite à abandonner cet énorme investissement avant même qu'il ait porté ses fruits, condamnant Kirill et Poutine, qui ressemblent de plus en plus à une seule et même personne, non seulement implicitement mais en les appelant par leur nom.

    Il y a un parallèle ici avec l'investissement de François sur la Chine, Xi Jinping, et l'Église catholique "patriotique" fidèle au régime de Pékin, autrefois considérée comme schismatique et excommuniée et maintenant accueillie de nouveau, avec l'accord que le Vatican a signé en 2018. Même cet accord n'a pas rapporté de dividendes jusqu'à présent. Le Saint-Siège est patient, mais il s'est également retrouvé bâillonné lorsque le reste du monde libre a condamné la Chine pour sa répression à Hong Kong et le génocide des Ouïghours au Xinjiang.

    Il y a, bien sûr, des points de rupture. Un bombardement ou une attaque sur Kiev faisant des milliers de victimes civiles obligerait probablement Francis à citer des noms. Mais jusqu'à présent, la réticence à abandonner un investissement de plus de dix ans dans Kirill continue d'agir comme un frein.

    Depuis la parution de cet article, le mercredi 16 mars, il y a eu un entretien en video-conférence entre le pape et le patriarche Kirill dont on trouvera le compte-rendu ICI. Durant cet entretien, le patriarche russe s'est abstenu de prononcer une seule fois le mot "guerre".

  • La prière de l'archevêque de Naples pour arrêter la guerre en Ukraine

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    Cette prière a été reprise par le pape lors de l'audience de ce mercredi 16 mars :

    Ukraine. La prière de Don Mimmo Battaglia : "Pardonne-nous la guerre, Seigneur".

    15 mars 2022

    "Seigneur, mets un terme à la violence. Arrêtez-nous". La prière de l'archevêque de Naples
        
    Pardonne-nous la guerre, Seigneur
    Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs !

    Seigneur Jésus, né sous les bombes de Kiev, aie pitié de nous !

    Seigneur Jésus, qui est mort dans les bras de sa mère dans un bunker de Kharkiv, aie pitié de nous !

    Seigneur Jésus, envoyé de vingt ans au front, aie pitié de nous !

    Seigneur Jésus, qui voit encore des mains armées à l'ombre de ta croix, aie pitié de nous !

    Pardonnez-nous, Seigneur,

    si, non contents des clous avec lesquels nous avons percé ta main, nous continuons à boire le sang des morts déchirés par les armes.

    Pardonne-nous, Seigneur, si ces mains, que tu as créées pour garder, sont devenues des instruments de mort.

    Pardonne-nous, Seigneur, si nous continuons à tuer notre frère, si nous continuons comme Caïn à enlever des pierres de notre champ pour tuer Abel. Pardonne-nous, Seigneur, si nous continuons à justifier la cruauté par notre fatigue, si par notre douleur nous légitimons la cruauté de nos actes.

    Pardonnez-nous la guerre, Seigneur.

    Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, nous t'implorons ! Arrêtez la main de Caïn !

    Éclairez notre conscience,

    que notre volonté ne soit pas faite,

    ne nous abandonnez pas à nos propres actions !

    Arrêtez-nous, Seigneur, arrêtez-nous !

    Et quand tu auras arrêté la main de Caïn, occupe-toi de lui aussi. C'est notre frère.

    O Seigneur, arrêtez la violence !

    Arrêtez-nous, Seigneur !

     

    † Don Mimmo

  • "Rien ne justifie la décision de l'autocrate Poutine d'engager l'Ukraine dans une troisième guerre" (cardinal Müller)

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    Du cardinal Müller sur kath.net/news :

    Guerre contre le peuple ukrainien : "Une seule personne qui prend une mauvaise décision peut détruire de nombreuses valeurs".

    15 mars 2022

    "Rien ne justifie la décision de l'autocrate Poutine d'engager l'Ukraine dans une troisième guerre visant à l'asservissement total de ce peuple quel qu'en soit le prix" - Éloge de la Pologne ! - Commentaire invité du cardinal Gerhard Müller

    Vatican (kath.net/pl) "Un seul homme qui prend une mauvaise décision peut détruire beaucoup de valeurs" (Koh 9,16.18). Cette parole du livre de l'Ecclésiaste vient à l'esprit lorsque l'on pense à l'absence de scrupules de dictateurs qui, en tant que personne unique et par décision solitaire, ont déclenché des catastrophes, comme par exemple Hitler avec son invasion de la Pologne lors de la IIe Guerre mondiale. Guerre mondiale. Et rien de ce qui peut être dit sur les tensions de la Russie avec l'OTAN, les Etats-Unis ou l'"Occident" ne justifie la décision de l'autocrate du Kremlin de lancer une troisième guerre contre l'Ukraine, qui vise à soumettre totalement ce peuple, quel qu'en soit le prix en termes de destruction de vies humaines et de dévastation des valeurs culturelles et des infrastructures.

    C'est précisément parce que les "Grands Russes" moscovites, les "Petits Russes" ukrainiens et les "Biélorusses" de Minsk sont liés par leurs racines historiques, qu'il est interdit de prendre Caïn comme modèle pour tuer son frère Abel. Les juifs et les chrétiens savent que Dieu est le créateur et le père de tous les hommes. En conséquence, tous les hommes, s'ils croient vraiment en Dieu, se respectent en tant que frères et sœurs.

    La grande majorité des Russes et des Ukrainiens professent le christianisme de type orthodoxe depuis plus de 1000 ans. Ils se réfèrent à l'événement historique du baptême de la Rus' de Kiev le 28 juillet 988 et cela signifie que ceux qui croient au Christ, le fils de Dieu, sont devenus des enfants et des amis de Dieu. C'est pourquoi l'apôtre dit aux baptisés : "Mettez vos membres au service de Dieu comme des armes de justice". (Rm 6, 13). Aucun responsable qui reconnaît la loi morale naturelle que Dieu a inscrite dans notre conscience et qui confesse publiquement son attachement à Jésus-Christ, le Sauveur du monde, ne pourra donc remettre en question le refus de la guerre comme moyen légitime de la politique. "Ce qui s'oppose à la vie, comme toute forme de meurtre, de génocide, tout ce qui porte atteinte à l'inviolabilité de la personne humaine... et d'autres actes honteux sont une décomposition de la culture humaine, avilissent bien plus ceux qui commettent l'injustice que ceux qui la subissent. En même temps, ils sont au plus haut point contraires à l'honneur du Créateur". (Vatican II, Constitution pastorale "L'Église dans le monde de ce temps" Gaudium et spes 27).

    Face à la différence éthique entre l'agresseur et la victime de l'agression, les évêques allemands ont souligné le principe de la "juste défense", justifiant ainsi explicitement la livraison d'armes occidentales à l'Ukraine envahie. Mais il est également du devoir des évêques, en tant que serviteurs de la parole du Christ, de ne pas laisser le défi s'arrêter au niveau militaire et politique.

    Il a toujours été faux de "bénir" les armes, même si elles servent à la défense, car elles provoquent la mort et la souffrance, ce qui est contraire à la volonté de salut de Dieu. En effet, les armes de défense ne sont qu'un mal inévitable qui peut certes repousser des attaques injustes, mais qui ne peut pas produire le bien supérieur de la paix et de la réconciliation des hommes et des peuples. Seul Dieu peut le faire, c'est pourquoi nous l'implorons avec ferveur dans nos prières. Les évêques n'appartiennent pas à l'entourage de certains hommes politiques, pour qui un accompagnement moral et religieux de leurs décisions est trop bienvenu à des fins de propagande. En cette heure, il est du devoir de tous les évêques et prêtres d'appeler les croyants à prier pour la paix, afin que Dieu éveille le cœur des puissants au discernement et la conscience des profiteurs de guerre au repentir et à la conversion. L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et d'amour, ne combat pas avec des armes militaires qui tuent et blessent, "contre des hommes de chair et de sang". Les croyants en Christ combattent avec les "armes spirituelles", à savoir "la justice, l'Évangile de paix, le bouclier de la foi, le casque du salut, l'épée de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu contre les puissances et les autorités, contre les dirigeants mondiaux de ces ténèbres et de cette méchanceté" (cf. Éphésiens 6, 10-20).

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  • La « heartbeat bill » adoptée par la Chambre des représentants de l'Idaho

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Avortement : l’Idaho dans les pas du Texas

    15 mars 2022
     

    Lundi 14 mars, l’Idaho a adopté une loi comparable à un texte voté par le Texas qui introduit la possibilité pour les citoyens de faire respecter l’interdiction d’avorter après six semaines de grossesse [1]. L’objectif est de se prémunir contre les contestations judiciaires de sa constitutionnalité (cf. Avortement au Texas : une loi restrictive entre en vigueur).

    Vendredi dernier, la Cour suprême du Texas avait refusé de suspendre la loi entrée en vigueur en septembre. « La loi interdit explicitement aux fonctionnaires de l’Etat de la faire appliquer », a-t-elle précisé pour motiver sa décision. Depuis l’entrée en vigueur de la loi texane, les avortements ont diminué de 60% dans l’Etat.

    La « heartbeat bill » de l’Idaho a été adoptée par la Chambre des représentants par 51 voix contre 14. Le gouverneur Brad Little doit encore signer le texte. L’année dernière il avait signé une autre loi visant à restreindre les avortements (cf. Arizona et Idaho : aux USA, deux gouverneurs signent des projets de loi en faveur de la vie à naître). Le Planned Parenthood a déclaré qu’il « ferait pression » sur le gouverneur pour qu’il ne signe pas le texte.

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    [1] Contrairement au Texas où tout citoyen peut introduire un recours en justice, le projet de loi de l’Idaho ne laisse cette possibilité qu’aux membres de la famille de l’enfant à naître.

    Source : New York Times, Kate Zernike (14/03/2022)

  • La conversion de la Russie

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    Du Père Simon Noêl osb sur son blog :

    La Conversion de la Russie

    L'actualité nous incite à reparler de Fatima. Rappelons d'abord ces paroles de notre Mère du Ciel le 13 juillet 1917 : Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira et un temps de paix sera donné au monde. Saint Jean-Paul II a fait en 1984 une consécration du monde à la Sainte Vierge et celle-ci a été faite aussi dans l'univers entier par les évêques. Une question demeure discutée : a-t-il fait une mention implicite de la Russie dans sa manière de s'exprimer ? En tout cas, en 1989, le mur de Berlin cesse d'exister, et deux ans plus tard l'URSS s'effondre. Est-ce là une première réponse du ciel ? Il me semble que oui.

    Mais avec seulement ses 2% de pratique religieuse mensuelle, avec son taux d'avortements plus élevé qu'en occident, avec maintenant son attitude belliqueuse et sa guerre fratricide, on peut affirmer que la Russie ne s'est pas encore convertie. Il faut donc continuer à prier pour la conversion de la Russie et la paix universelle, promises par Notre-Dame.

    Une prophétie privée doit avoir les mêmes caractéristiques qu'une prophétie biblique. Elle peut avoir plusieurs sens et elle peut de même se réactualiser à plusieurs reprises dans l'histoire. Nous avons tant prié, dans ma jeunesse, pour la conversion de la Russie communiste athée. Mais, notons-le, ce que la Sainte Vierge a demandé, ce n'est pas la conversion d'un système idéologique abstrait, mais la conversion d'un pays. Et de ce fait sa demande redevient actuelle.

    Les évêques catholiques latins ukrainiens ont récemment demandé au pape de consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. C'est un signe providentiel. Ce n'est pas l'OTAN qui sauvera l'Ukraine, mais une intervention céleste. Qui sait ? Certes cette guerre fratricide entre chrétiens est horrible et on ne peut que la désapprouver et soutenir tous les efforts diplomatiques pour y mettre fin. Mais la Providence permet le mal pour qu'en sorte du bien. La situation peut devenir tellement apocalyptique et insoutenable, car le danger d'un recours aux armes nucléaires et une extension du conflit sont possibles. Dans ce cas il n'y aura plus que la solution surnaturelle : une consécration de la Russie faite dans toute l’Église au Cœur Immaculé de Notre-Dame. La Russie redeviendra alors un pays vraiment chrétien et le miracle de la paix mondiale et un nouveau départ pour l'évangélisation seront possibles. Telle est notre espérance, ouverte par le message de Fatima.

    Mais pourquoi une consécration de la Russie et de l'Ukraine ? Tout simplement parce que Kiev est le berceau de la Russie chrétienne, avec le baptême de Saint Vladimir. L’État dont il était le monarque s'appelait la Rus, et son baptême concernera aussi bien l'histoire de l'Ukraine que celle de la Grande Russie. Russes et Ukrainiens sont frères et sont appelés à l'amour des ennemis et au pardon et la réalisation de cette « utopie » sera un miracle applaudi par toutes les nations du monde. Relisons ce que Soljénitsine a écrit sur les relations entre Russes et Ukrainiens.

    Et l'avenir de l’œcuménisme dans tout cela ? C'est le secret de Dieu. Pourquoi ne pas espérer aussi comme fruit de notre prière, l'unité rétablie entre tous les chrétiens, unité comme Dieu la voudra et quand Dieu la voudra, selon les propos pleins d'espérance et de foi de l'abbé Couturier ? Dans la ligne du dernier concile, pourquoi ne pas envisager un rétablissement formel de l'unité et de la communion sacramentelle entre Rome et Moscou, l’Église russe gardant sa liturgie et ses traditions spirituelles propres, qui sont un trésor indéniable que nous pouvons nous aussi découvrir.

    Un dernier point. Fatima est une révélation privée, devant laquelle tous sont libres d'adhérer ou non. On ne peut avoir de certitude absolue en ce qui concerne les apparitions. Mais quand on sait la prudence consommée de l’Église face à ces phénomènes, le fait que ceux de Fatima aient été, après des années d'examen minutieux, reconnus comme d'origine surnaturelle, le fait que quatre papes successifs se soient rendus en pèlerinage à la Cova da Iria, nous donne une certitude morale très haute en ce qui concerne la véracité de la prophétie reçue alors par les trois petits bergers.

    Quoi qu'il en soit la parole de Notre-Seigneur quant à elle demeure infaillible : Demandez et vous recevrez.

    Note : Nous avions écrit cet article le 14 mars. La nouvelle est tombée ce 15 mars. Le Saint-Père consacrera l'Ukraine et la Russie le 25 mars prochain. Deo gratias et Mariae.

  • Etats-Unis : la voix de ces femmes qui regrettent leur avortement se fait entendre

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    D'Alexis Buisson sur le site du journal La Croix :

    Dans le mouvement « pro-vie » américain, ces femmes qui regrettent leur avortement

    Reportage

    Elles ont mis un terme à leur grossesse par le passé et le regrettent aujourd’hui. Dans le mouvement anti-avortement américain, leur voix porte, alors que la Floride a adopté jeudi 3 mars une loi réduisant le délai pour recourir à l’IVG.

    14/03/2022

    Les États conservateurs continuent leur charge contre l’avortement. Le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, doit ratifier prochainement une loi, adoptée le jeudi 3 mars par le Parlement de cet État, réduisant à quinze semaines le délai pour recourir à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Un texte similaire issu du Mississippi fait l’objet d’une plainte très suivie devant le Cour suprême des États-Unis qui pourrait déterminer l’avenir du droit à l’avortement dans le pays.

    Des piliers de la cause

    Mais pour la militante « pro-vie » Janet Morana, ces remises en cause judiciaires et législatives ne sont qu’une simple étape. Encore faut-il changer l’opinion publique américaine. Selon l’institut Gallup, seuls 19 % des Américains veulent rendre la pratique illégale en toutes circonstances. « On n’aura pas gagné la bataille tant que l’avortement n’aura pas été rendu impensable », juge-t-elle.

    → REPORTAGE. À Washington, les militants anti-avortement crient presque « victoire »

    Cette catholique est la cofondatrice de la campagne de sensibilisation Silent No More (« Fini le silence »). Lancée en 2003, elle met en avant les témoignages de femmes (et de leurs conjoints) qui ont connu une IVG et le regrettent. De telles voix sont désormais incontournables dans le mouvement pro-vie américain, où elles sont utilisées pour dissuader les candidates à l’avortement et, plus largement, marquer « les esprits et les cœurs », comme le dit Janet Morana.

    Certaines de ces femmes sont devenues des piliers du mouvement : Alveda King, la nièce de Martin Luther King Jr, ou encore l’Afro-Américaine Toni McFadden, conférencière influente dans le domaine de l’éducation sexuelle.

    « J’ai souffert d’un deuil profond »

    « À l’occasion d’une manifestation il y a plusieurs années, je m’étais présentée à des militants pro-IVG avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire “Je regrette mon avortement”. Au lieu de m’écouter, ils m’ont insultée. En colère, je me suis alors demandé comment je pouvais promouvoir la perspective de femmes dans ma situation », explique l’anglicane Georgette Forney, l’autre fondatrice de la campagne.

    À lire aussi Les évêques américains dans le combat contre l’avortement

    Le camp pro-vie ne l’a pas accueillie à bras ouverts non plus. « Quand j’ai rejoint le combat contre l’avortement en 1998, je me suis sentie jugée. Mais nous sommes parvenus à convaincre les militants qu’il ne fallait pas seulement se concentrer sur le sort de l’enfant. Il faut aussi reconnaître que la femme est affectée aussi. Ils l’ont compris », poursuit-elle.

    → PORTRAIT. États-Unis : Bryan Hughes, le sénateur champion des « pro-vie »

    Certains membres de Silent No More ont fait entendre leur voix lors de la Marche pour la vie, le grand rassemblement des « pro-vie » à Washington, fin janvier. Au bord des larmes, ces femmes de tous horizons ont parlé des problèmes physiques, de la détresse psychologique et de la solitude rencontrés après avoir mis fin à leur grossesse. « J’ai souffert d’un deuil profond, de colère, de rage, de dépression, d’épisodes de panique et de pulsions suicidaires », a énuméré Deb, sur une estrade dressée devant la Cour suprême devant des dizaines de personnes.

    Un vécu transformé en engagement politique

    Pour sa part, Della a décrit « la haine que j’ai ressentie envers moi-même » et les problèmes conjugaux qui ont suivi l’intervention. « Je ne pensais pas que cette décision, prise il y a quarante-deux ans, laisserait des traces pour le restant de ma vie. »

    → ANALYSEAux États-Unis, le droit à l’avortement comme marqueur idéologique

    Les liens entre santé mentale et avortement sont sujets à débat. L’association des psychologues américains APA note ainsi sur son site que le recours à l’IVG « n’accroît pas le risque de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique ». Des conclusions réfutées par le camp pro-vie.

    Ethel Maharg, elle, a transformé son vécu en engagement politique. Directrice d’une association pro-vie au Nouveau-Mexique, elle se présente à la primaire du Parti républicain pour le poste de gouverneur. « Les femmes qui ont connu un avortement se battent plus férocement que les autres pour la défense de la vie, car leur existence a été bouleversée par leur expérience, dit-elle. Face à moi, personne ne peut remporter un débat sur l’IVG ! »

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    Une vingtaine d’États américains attendent le feu vert de la Cour suprême

    Si la Cour suprême américaine devait invalider l’arrêt « Roe vs Wade », chaque État serait libre d’interdire ou d’autoriser les avortements.

    36 millions de femmes dans 26 États, soit près de la moitié des Américaines en âge de procréer, perdraient probablement le droit d’avorter, selon un rapport de Planned Parenthood publié le 1er octobre.

    Une douzaine d’États ont déjà adopté des lois fixant le seuil à six, huit ou douze semaines, et n’attendent que le feu vert de la Haute Cour pour les faire entrer en vigueur. Une douzaine d’autres sont prêts à leur emboîter le pas.

  • Arménie-Haut-Karabakh : un peuple chrétien-martyr abandonné par ses coreligionnaires occidentaux…

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    D'Alexandre Del Valle sur Atlantico.fr :

    Arménie-Haut-Karabakh : la destinée douloureuse d’un peuple chrétien-martyr abandonné par ses coreligionnaires occidentaux…

    Cette semaine, Alexandre del Valle s’est entretenu avec Tigrane Yégavian, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), membre du comité de rédaction de la revue Conflits, spécialiste du Caucase, qui vient de faire paraître un ouvrage passionnant et très instructif sur la Géopolitique de l’Arménie*, particulièrement marqué par un réalisme et une grande lucidité sur les liens entre politique interne, géopolitique et diplomatie. 

    14 mars 2022

    Tigrane Yégavian nous a donné des clefs de décryptage du conflit du Haut-Karabakh, qui a sévi un an avant la guerre ukrainienne et qui s’est conclu par la victoire des agresseurs turco-azéris en novembre 2020. Il nous explique aussi les liens qui peuvent établis entre les dossiers russo-ukrainien et azéro-turco-arménien, deux conflits de l’espace post-soviétique où le rôle de la Russie demeure souvent imprévisible, comme celui de la Turquie d’Erdogan et de la dictature pétro-gazière azérie, entre lesquelles les Arméniens du Caucase sont pris en tenailles, avec comme seul protecteur relatif mais récurrent, la Russie.

    Avant d’aborder le thème du terrible conflit arménien qui a fait souvent couler du sang depuis les années 1990, sans même parler du terrible génocide des années 1896-2015, et sachant que vous établissez à plusieurs reprises des liens entre les deux théâtres dans votre livre, expliquez-nous en quoi la guerre en Ukraine va avoir un impact sur l’Arménie ?

    Ayant scellé son destin à celui de la Russie, l’Arménie va se retrouver davantage fragilisée car elle ne dispose d’aucun levier, ni de moyens de diversifier ses alliances. La diplomatie arménienne a opté jusqu’à présent pour une attitude de prudence, affichant une neutralité totale afin de privilégier un règlement diplomatique. Le jour du déclenchement de la guerre (24 février 2022), on apprenait la démission du chef d’état- major de l’armée arménienne et la convocation à Moscou du ministère de la Défense. Cette guerre en Ukraine donne l’occasion à l’Azerbaïdjan de bomber le torse et de négocier des livraisons de gaz aux Européens en alternative à celui que la Russie ne livrera pas. L’Ukraine a choisi son camp, celui de l’OTAN et de la Turquie, mais aussi celui de l’Azerbaïdjan. Les Arméniens de leur côté, n’oublient pas que pendant la guerre de l’automne 2020, ce sont des bombes au phosphore made in Ukraine qui avaient causés des ravages auprès des soldats et des forêts de l’Artsakh…

    Lire la suite sur Atlantico ou ICI

    *Tigrane Yégavian, Géopolitique de l’Arménie, Editions Biblimonde, Préface de Gérard Challiand, Paris, 2022.

  • "La Belgique est devenue le village Potemkine de l’euthanasie"

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    De Gènéthique magazine :

    Euthanasie : « Une nouvelle morale s’instaure : celle de l’abnégation sociale, de ma mort au profit du collectif »

    14 mars 2022

    A la veille des élections présidentielles en France, la dépénalisation de l’euthanasie semble être l’« avancée sociétale » promise par le prochain quinquennat. Samedi dernier a d’ailleurs démarré une 15e « semaine de mobilisation “pour le droit de mourir dans la dignité” ». Le sujet d’actualité a fait l’objet de trois ouvrages parus récemment, dont celui de Damien Le Guay : Quand l’euthanasie sera là…, publié aux éditions Salvator. Entretien avec l’auteur.

    Gènéthique : L’euthanasie est au programme de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Le vote d’une loi autorisant euthanasie et/ou suicide assisté vous semble-t-il inéluctable lors du prochain quinquennat ?

    Damien Le Guay : Inéluctable ? Dieu seul le sait. Hautement probable, voilà qui est sûr. Quand on regarde les programmes, comment ne pas constater une sorte de nonchalance coupable vis-à-vis de ces sujets ? Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont tout à fait pour. Et on est en droit de penser qu’Emmanuel Macron, quand il descendra de son Olympe, sera pour lui aussi – même si sous la forme d’invitation à remettre une décision entre les mains d’un « comité citoyen ». Valérie Pécresse est contre sur le principe, mais ne le dit pas avec une force de conviction suffisante pour ne pas avoir des doutes. Et puis ses convictions pour les sujets dits de « société » sont fluctuantes – comme nous l’avons vu sur le mariage pour tous. Quand à Eric Zemmour et Marine Le Pen, ils sont contre. Ils le disent. Et si Madame Le Pen chiffre ses ambitions dans un grand plan pour l’hôpital, Eric Zemmour, lui, en reste à une pétition de principe.

    Ceci dit, n’oublions pas que le « parti euthanasique » fait son travail de sape depuis des années, et qu’il a déjà conquis les médias et une grande partie des députés. N’oublions pas que le 8 avril 2021, l’Assemblée nationale a adopté le premier article d’une loi (heureusement non votée dans son intégralité, et donc non valide) qui autorisait et l’euthanasie et le suicide assisté (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie).

    G : Les partisans de l’euthanasie se réclament de la liberté – l’« ultime » liberté – de l’individu, et invoquent l’« autonomie » de la personne comme valeur essentielle. Finalement, quels sont les enjeux anthropologiques liés à l’euthanasie ? La liberté, l’autonomie, peuvent-elles s’exercer indépendamment de la société ?

    DLG : L’euthanasie est le stade terminal de l’autonomie. Elle parachève cette longue histoire, l’accomplit et en est comme le Requiem. Désormais l’autonomie humaine ne reconnaît plus d’extériorité au moment de la mort. Je tiens ma vie, je tiens ma mort. Mais le parti euthanasique ne comprend pas les enjeux anthropologiques de son combat. Il croit lutter contre les souffrances humaines mais fait tout pour en renforcer d’autres – celle d’un individu, seul à seul avec lui-même, qui doit décider de tout y compris de l’heure de sa mort. N’être pas maître de sa mort est confortable – dans l’inconfort de la mort. La vie s’en charge. Dieu s’en charge. La maladie s’en charge. Je la remets à plus fort que moi. Elle m’est dérobée par un maître. Je le reconnais comme tel et m’en remets à lui. Et avant de me remettre, je remets ma vie à ceux que j’aime. Cette double remise, qui est dans l’ordre des civilisations depuis toujours, va s’arrêter. Elle s’est déjà arrêtée en Belgique et aux Pays-Bas, depuis longtemps, et maintenant, depuis peu, en Espagne et pour tout bientôt au Portugal. Et bientôt, en France. Elle s’arrête dans des pays fatigués, dans un continent fatigué, dans des terres chrétiennes qui le sont de moins en moins. Elle s’installe dans des pays qui sont de plus en plus gestionnaires, aplatis, soumis à une horizontalité dominatrice et de moins en moins traversés aussi par ce souci des « lois non écrites », celles d’Antigone qui nous dominent et avec lesquelles il faut composer. Créon, lui qui n’entend pas Antigone, domine les esprits. Il est le modèle des gestionnaires de la « chose publique ».

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  • Nicaragua : Le Vatican proteste contre l'expulsion "incompréhensible" du nonce apostolique

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Nicaragua : Le Vatican proteste contre l'expulsion "incompréhensible" du nonce apostolique

    14/03/2022

    Cette mesure rare, prise après que le diplomate ait été calomnié et même battu, est un signe que le régime d'Ortega ne veut plus prétendre que la liberté religieuse existe dans le pays.
    par Massimo Introvigne

    Parmi les quelques amis que la Russie de Poutine entretient dans le monde, les médias internationaux mentionnent généralement le Nicaragua. Toutefois, la diplomatie n'est pas le point fort du régime dirigé par le président Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo. La Russie a fait d'Ortega un membre de son Ordre de l'amitié, et les pseudo-républiques géorgiennes pro-Poutine dissidentes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, respectivement, lui ont décerné l'Ordre de l'honneur et de la gloire et l'Ordre d'Uatsamonga. Le Nicaragua a officiellement reconnu ces pseudo-États ; les seuls autres pays à l'avoir fait sont la Russie, le Venezuela, la Syrie et Nauru.

    La semaine dernière, le Nicaragua a expulsé le nonce du Vatican, l'archevêque polonais Waldemar Stanislaw Sommertag. Le 12 mars, le Saint-Siège a réagi en exprimant "sa grande surprise et sa tristesse" pour cette expulsion "incompréhensible" et peu diplomatique. Il est possible qu'en plus des raisons intérieures, la situation internationale tendue ait motivé Ortega.

    En expulsant le nonce, un geste rare, Ortega a signalé qu'il n'est pas intéressé à maintenir ne serait-ce qu'un semblant de liberté religieuse au Nicaragua, ce que Sommertag avait mis en doute. Et pour de bonnes raisons. Toute critique du régime par les évêques catholiques et Sommertag lui-même a été accueillie avec violence.

    Ce qui est encore plus rare qu'une expulsion, en 2018 des milices liées au parti au pouvoir d'Ortega sont entrées dans la basilique de San Sebastián à Diriamba et ont attaqué physiquement le nonce ainsi que le cardinal Leopoldo Brenes, qui est le chef de l'Église catholique au Nicaragua, et l'évêque auxiliaire de Managua José Silvio Báez. Ce dernier a été blessé à l'aide d'un couteau, puis a dû fuir le pays après avoir reçu des menaces de mort répétées.

    Ortega est un vieux marxiste qui, en pleine guerre froide, a créé en 1979 un régime pro-soviétique qui comptait parmi ses principaux opposants la hiérarchie catholique nicaraguayenne, dirigée par le cardinal Miguel Obando y Bravo. J'ai interviewé Obando en 1986, et il était à l'époque un critique virulent d'Ortega.

    Après avoir perdu le pouvoir en 1990, Ortega est revenu en 2007 et est resté président du Nicaragua depuis lors, périodiquement reconfirmé par des élections de plus en plus jugées irrégulières et peu fiables par les observateurs internationaux, la dernière datant du 7 novembre 2021.

    Dans le cadre de ses efforts de reconquête du pouvoir au cours de la décennie 2000, Ortega a cherché à se réconcilier avec l'Église catholique. En 2004, il a rencontré son ancien ennemi juré Obando et aurait conclu un accord. S'il regagnait la présidence, Ortega s'engageait à étendre l'interdiction nicaraguayenne de l'avortement à tous les cas (ce qu'il a finalement fait) et à promouvoir d'autres points du programme catholique. Ortega a également atténué sa rhétorique marxiste et s'est finalement déclaré non-marxiste.

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  • La 'guerre sainte' du patriarche Kirill, ancien espion du KGB

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    Un entretien avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe sur le "Journal Chrétien" (Anne-Sylvie Sprenger) :

    Ukraine: la guerre sainte du patriarche Kirill, ancien espion du KGB

    Entre un passé d’espion pour le KGB à Genève, de la contrebande de cigarettes avec l’Irak et son chalet en Suisse, qui est Kirill de Moscou, le patriarche de l’Église orthodoxe russe, qui soutient Poutine dans sa guerre en Ukraine?

    Alors que le monde entier tournait ses regards vers le patriarche Kirill de Moscou, l’invoquant de faire entendre raison au président Poutine, le chef de l’Église orthodoxe russe a délivré, dimanche dernier, un sermon glaçant, ne laissant plus aucun doute quant à sa position personnelle. Mais que sait-on de ce personnage aussi influent que mystérieux, dont les propos bellicistes ont choqué jusque dans ses rangs? Entretien avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe.

    Comment décryptez-vous l’attitude du patriarche Kirill depuis le début de l’invasion russe en Ukraine?

    Celle-ci est dans la lignée d’une longue tradition du patriarcat de Moscou, qui manifeste des liens étroits avec les autorités, autrefois de l’Union soviétique et aujourd’hui du régime du président Poutine. Malgré les affirmations qu’il s’agit d’une Russie nouvelle, le patriarche Kirill est resté dans le prolongement de l’URSS et de ses services secrets, dont il est lui-même issu.

    Tout comme Poutine, le chef de l’Église orthodoxe russe vient du KGB?

    Tout à fait. Quand les archives du KGB ont été brièvement accessibles à une commission d’enquête parlementaire de la Douma au début des années 1990, celui qui n’était alors que l’archevêque Kirill (Goundiaev) y apparaissait sous le nom de code «Mikhailov» en tant qu’agent recruté par le KGB au sein du clergé du patriarcat de Moscou. Et cela notamment en raison de ses fonctions comme représentant du patriarcat auprès du Conseil œcuménique des Églises (COE) à Genève. Cela avait été publié dans la presse russe de l’époque.

    On serait donc toujours dans une forme d’union sacrée entre l’État et l’Église?

    On est dans une double union. Premièrement, il y a cette tradition de soumission de la hiérarchie de l’Église orthodoxe au pouvoir politique, qui remonte jusqu’au Moyen Âge, mais qui a été renforcé à l’époque soviétique par un contrôle absolu et une utilisation de l’Église au profit des intérêts politiques de l’URSS, notamment sur la scène internationale à partir de la Seconde Guerre mondiale.

    Mais il y a une deuxième tradition, presque millénaire, qui est celle d’un nationalisme centré sur l’orthodoxie. Poutine a beaucoup joué là-dessus. Après la disparition de l’idéologie marxiste de l’époque soviétique, il fallait remplacer ce vide, ce vacuum, et la religion a été rapidement perçue comme un élément d’identification national fort qui permettait de se distinguer de l’Occident.

    « Kyrill a été recruté comme espion du KGB, notamment en raison de son rôle au COE à Genève »

    ANTOINE NIVIÈRE, SPÉCIALISTE DE L’HISTOIRE CULTURELLE ET RELIGIEUSE RUSSE

    C’est donc ainsi qu’il faut comprendre l’ homélie du 6 mars, où le patriarche évoquait la notion de guerre sainte?

    Absolument. À l’instar de Poutine, le patriarche Kirill a fait sienne la théorie du choc des civilisations. Cela fait plusieurs années qu’il se fait le propagateur de ce qu’il appelle le «monde russe», soit un monde orthodoxe et nationaliste, mettant en avant les valeurs traditionnelles et s’opposant à l’Occident, perçu comme perverti, décadent et moralement dégénéré. D’où notamment sa grande diatribe sur les gay prides, qui relèveraient d’un plan des Occidentaux pour détruire la société russe. Pour lui, la responsabilité de ce conflit incombe aux Occidentaux, qui souhaitent imposer ce genre de comportements.

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