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Politique - Page 68

  • Espagne : un suicide démographique ?

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    De zenit.org (Pablo Hertfelder Garcia-Conde:

    Espagne : les experts mettent en garde contre le suicide démographique

    Ils appellent à des engagements

    Barcelone, 27 septembre 2023  – La situation des Espagnols n’est pas seulement catastrophique sur le plan économique. Ces dernières années, un problème s’est développé qui, selon les experts, doit être résolu de toute urgence et avec une véritable attitude d’engagement. 

    Maria Menendez de Zubillaga, présidente de l’Association des familles nombreuses de Madrid (AFNM), a dénoncé auprès de ZENIT un très grand manque d’engagement de la part des partis politiques et de l’État. 

    De son côté, le président de l’Institut de politique familiale (IPF), Mariano Martinez-Aedo, dans des conversations avec ZENIT, a clairement exprimé la position de l’organisation qu’il préside : les familles sont de moins en moins prises en considération, et non seulement cela, mais elles sont constamment ignorées.

    Pour Menendez de Zubillaga, la situation est vraiment critique : « C’est inquiétant, nous assistons à un hiver démographique qui laisse dans son sillage des écoles vides, des maternités vides et des conséquences économiques dévastatrices ». Le président de Familias Numerosas à Madrid souligne que la situation est réversible si l’on fait de la famille une priorité politique une fois pour toutes et met en garde contre la mode de la coparentalité et de la gestation pour autrui, qui est non seulement aberrante, mais aussi à la limite de la perversité et de l’immoralité. 

    Le président de l’IPF, Martinez-Aedo, rappelle qu’en Espagne il y a un divorce toutes les cinq minutes et prévient qu’il faudrait plus de 270 000 naissances pour inverser le grave problème démographique et ajuster ainsi le taux de régénération de la population dont le pays a besoin.

    Les enfants, la meilleure chose pour soutenir la planète, selon les experts

    Menendez de Zubillaga est claire : avoir des enfants est la meilleure chose qui puisse arriver à une famille, qu’elle soit adoptive ou biologique. L’experte de la famille souligne :  » Un enfant n’est pas un fardeau, c’est ce qu’il y a de mieux et la planète n’est pas gâtée par la présence d’enfants, au contraire, les enfants prennent soin de la planète ». 

    Mariano Martínez-Aedo a également affirmé que la famille est le pilier de base de la société sur lequel celle-ci société est construite, rappelant que sans famille il n’y a pas d’avenir, et sans enfants il y aura peu d’espoir pour un pays condamné à la faillite de l’État providence.

    Des mesures urgentes et nécessaires : la famille comme priorité et non comme contrat de pacotille

    L’Instituto de Política Familiar (IPF) et l’Asociación de Familias Numerosas de Madrid (AFNM) s’accordent sur la nécessité d’une réelle volonté politique et expriment leur mécontentement face aux promesses non tenues du PP et du PSOE. Les dirigeants respectifs de ces entités ont exprimé leur mécontentement et ont souligné que sans un engagement réel qui ne reste pas lettre morte, ils ne feront pas confiance et ne voteront pas pour ceux qui légifèrent et consolident les pires lois pour les familles. 

    L’espoir d’un renversement est la dernière chose qu’ils perdent

    L’Institut de politique familiale (IPF), qui travaille sans relâche depuis plus de 22 ans à la défense et à la promotion de la famille, et l’Association des familles nombreuses de Madrid (AFNM) ont convenu que la situation peut être inversée si le rôle fondamental de la famille est mis en évidence et qu’une véritable politique dans une perspective familiale est mise en place.

    Maria Menendez de Zubillaga a conclu par une phrase sur le sujet : « Nous savons que cette bataille a été gagnée, que le Christ a vaincu le monde et que, par conséquent, le bien, la beauté et la vérité l’emportent toujours. Il y a de l’espoir, même s’il reste encore à la société à se réveiller complètement et à voir que la famille doit être la priorité politique et non la grande oubliée ».

  • Belgique : l'Eglise dans le collimateur des acteurs politiques du Nord et du Sud du pays

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    De sur cathobel :

    Accusations d’inaction, remise en question de son financement, commission d’enquête… l’Eglise dans le viseur des politiques

    Les acteurs politiques, du Nord comme du Sud du pays, se sont emparés du dossier des abus sexuels dans l’Eglise, suite au choc provoqué par la diffusion du documentaire Godvergeten – ‘Les oubliés de Dieu’ – en Flandre. Si l’idée d’instaurer une commission d’enquête parlementaire fait consensus, même auprès du clergé flamand, certains politiciens taclent -aujourd’hui encore- l’Eglise pour son manque d’actions concrètes ; quand d’autres vont jusqu’à réclamer une refonte en profondeur du financement des cultes.

    Invité de la radio La 1ère (RTBF) ce matin, Thomas Dermine, secrétaire d’Etat à la relance et aux investissements, est revenu sur l’onde de choc provoquée en Flandre par la diffusion de Godvergeten, cette série-documentaire sur les abus sexuels dans l’Eglise. L’élu socialiste s’est d’abord dit « extrêmement touché » et « ému », lui qui a effectué ses premières années secondaires dans une des écoles mentionnées dans le reportage – l’école abbatiale de Termonde, là où se sont produits plusieurs cas avérés de pédophilie. « Ces événements se sont produits juste après mon passage dans cette école, et j’ai eu la chance de ne pas en être victime » a confié Thomas Dermine.

    Assurant son plein soutien aux victimes, il dénonce un « système qui était absolument scandaleux de la part de l’Eglise » :

    Il y a encore des zones d’ombre. Il faut continuer à travailler et il y a des responsabilités qui doivent être établies.

    Thomas Dermine, la 1ère, 29 septembre 2023

    L’intervieweur de Matin Première, Thomas Gadisseux, avance que des « anciens prédateurs sont encore dans l’Eglise et reçoivent encore une pension de Rome » et demande à son invité « comment cela se fait-il qu’on en est encore là ? ». Thomas Dermine rétorque que des mesures ont été prises, comme dans le cas de son école secondaire qui a été fermée au lendemain des condamnations, et que des actions ont été intentées en justice. Néanmoins, il avance que « dans l’Eglise », bien qu’il y ait « un discours qui est plein de bon sens et de bonnes valeurs » – il cite en exemple le discours du pape à Marseille en faveur des migrants – « parfois il faut joindre les actes ! »

    Ainsi sur les enjeux de migration, le secrétaire d’état estime que les communautés religieuses « doivent se racheter vis-à-vis de l’ensemble de la population » notamment en mettant « les infrastructures qui existent au sein de l’Eglise » à disposition des demandeurs d’asile.

    Enfin, l’adjoint au ministre de l’Economie et du Travail s’est également dit ouvert à la mise sur pied d’une commission d’enquête par le Parlement belge, ainsi qu’à une discussion sur le financement des cultes : « Le financement public des cultes doit, le cas échéant, pouvoir être revu en fonction de dérives, comme ici ».

    Un large consensus en faveur d’une commission d’enquête parlementaire

    Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) ont reçu jeudi après-midi, rue de la Loi, le prêtre Rik Devillé et l’évêque d’Anvers Johan Bonny. Lors de la conversation, Mgr Bonny a promis de coopérer pleinement avec la justice et la police, a déclaré M. De Croo.

    La veille, l’évêque référendaire pour les questions relatives aux abus sexuels s’était dit partisan de la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles commises dans l’Église. « Nous sommes un État de droit et ce problème s’est posé au sein de l’Église. Nous avons tout à gagner de la transparence et de la participation démocratique » a déclaré l’évêque.

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  • Pétition : L’Azerbaïdjan n’a plus sa place au Conseil de l’Europe !

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    Pétition : L’Azerbaïdjan n’a plus sa place au Conseil de l’Europe !

    => Pétition à l’attention de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui devra se prononcer officiellement sur celle-ci, conformément à l’article 71 de son Règlement.

    L’Azerbaïdjan devrait être suspendu du Conseil de l’Europe pour sanctionner son agression du Haut-Karabakh, ne serait-ce que par cohérence avec l’exclusion de la Russie en mars 2022 suite à son agression de l’Ukraine. Mais la dépendance au gaz azéri et la puissance de la diplomatie du caviar empêchent toute rétorsion européenne.

    Aux termes d’une guerre éclair, l’Azerbaïdjan vient de mettre la main sur ce qui lui échappait encore du Haut-Karabakh. Le 20 septembre 2023, après une journée d’un combat perdu d’avance, 200 morts et 400 blessés, les forces de l’Artsakh rendent les armes, sans condition.

    L’agression n’était pas une surprise : déjà en novembre 2020, après deux mois de conflits, l’Azerbaïdjan s’était accaparé 75 % de ce territoire autonome peuplé majoritairement d’Arméniens, les contraignant tous et sans exception à l’exil et détruisant systématiquement chaque marque de leur présence millénaire.

    Puis, en décembre 2022, l’Azerbaïdjan avait imposé un siège à la portion qui restait, en bloquant le corridor de Latchine. Sans accès à la seule route qui relie la région à l’Arménie et donc au monde extérieur, sans soutien militaire de l’Arménie elle-même isolée sur la scène internationale, manquant de tout, les 120 000 Arméniens exsangues étaient laissés à leur sort tragique.

    Le Haut-Karabakh aujourd’hui, l’Arménie demain

    C’est la consécration pour Ilham Aliyev, le président azéri. Fils d’un ancien officier du KGB et dirigeant communiste à la tête du pays pendant plus de trente ans (1969-2003), Ilham Aliyev hérite du pouvoir de son père et de l’ambition de rattacher le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan.

    Connu pour ses crimes de guerre, il ne compte pas s’arrêter à l’épuration ethnique des Arméniens. En effet, il n’a jamais caché son intention d’annexer le sud de l’Arménie, pour aménager un continuum de la Turquie à la mer Caspienne correspondant au très ancien projet panturc.

    Le manque de crédibilité d’un Occident passif

    Passif, l’Occident se rend coupable de non-assistance à peuple en danger de mort. Il en va de sa crédibilité de réagir, surtout face au deux poids deux mesures réservé à la Russie. Rappelons qu’en mars 2022, le Conseil de l’Europe l’excluait, moins de trois semaines après le lancement de son offensive en Ukraine, prétextant que le choix de recourir à la force plutôt qu’au dialogue et à la diplomatie témoignait d’un « mépris à l’égard de l’essence même du Conseil de l’Europe ».

    L’agression du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan date du 27 septembre 2020, et il ne s’est absolument rien passé depuis. Certes, l’Union européenne, dans sa course aux sanctions contre la Russie, s’est rendue dépendante du gaz de l’Azerbaïdjan, partenaire « digne de confiance » selon sa commissaire Ursula Von der Leyen.

    La corruption azérie au cœur du Conseil de l’Europe

    Mais cela ne pèse rien comparé aux soutiens achetés par l’Azerbaïdjan via sa diplomatie du caviar, arrosant de cadeaux différents hommes politiques d’Europe : caviar bien sûr, mais aussi tapis de soie coûteux, objets en or et en argent, invitations au grand prix de Formule 1, etc. Afin de taire les critiques sur sa répression politique, Bakou a ainsi dépensé 2,5 milliards d’euros entre 2012 et 2014, d’après une enquête publiée en septembre 2017, intitulée « Laundromat » (Lessiveuse), que le Conseil de l’Europe a confirmée par la suite.

    La dictature azérie n’a pas sa place au Conseil de l’Europe

    Ilham Aliyev est cité dans le scandale financier des Panama Papers en 2016 et dans celui des Pandora Papers en 2021. Son régime dictatorial et nationaliste muselle l’opposition politique et les médias, bafoue les droits de l’homme dans un climat général de corruption et de népotisme.

    À l’instar de la Russie, un État comme l’Azerbaïdjan n’a pas sa place au Conseil de l’Europe et doit en être exclu, a minima suspendu. En effet, selon l’article 8 de son Statut, tout membre qui enfreint gravement les dispositions de l’article 3, à savoir « le principe de la prééminence du droit et le principe en vertu duquel toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales », peut être suspendu puis exclu en l’absence d’amélioration.

    Plusieurs États ont déjà été suspendus : la Grèce entre 1969 et 1974, suite à l’établissement de la dictature militaire des colonels en 1967 ; la Turquie entre 1980 et 1984, suite au coup d’État militaire de 1980 ; et la Russie entre 2000 et 2001 à cause de sa politique en Tchétchénie, avant d’être exclue en mars 2022.

    La douleur vivace du génocide arménien de 1915 et des pogroms des années 1980-1990 nous alerte sur le péril imminent des Arméniens du Haut-Karabakh. L’Europe et en particulier le Conseil de l’Europe doivent aller au-delà des déclarations de condamnation pour rester crédibles.

    signer la pétition

    voir la video : https://twitter.com/i/status/1707016991251271832

  • France : la natalité est au plus bas tandis que l'avortement est au plus haut

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    D' sur le site du Figaro :

    Baisse historique des naissances : pourquoi les Français font-ils moins d'enfants ?

    28 septembre 2023

    Le nombre de naissances en France est au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale

    Aux deux tiers de l'année 2023, les naissances ont baissé de 7% par rapport à 2022. Leur nombre est au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    2023, année du baby crack ? Chaque nouveau mois qui passe confirme la baisse de la natalité en France. En août, 1896 bébés sont nés en moyenne par jour. Une chute de 8 % par rapport à août 2022, selon les chiffres provisoires publiés par l'Insee jeudi. Aux deux tiers de l'année, on compte déjà « environ 35.000 naissances de moins en 2023 qu'en 2022 », soit « une baisse de 7,2 % ».

    « Si on part de l'hypothèse que cette tendance se poursuit, le nombre de naissances pourrait ne pas dépasser la barre des 700.000 en 2023, un seuil symbolique », projette Chloé Tavan, chef de la division enquêtes et études démographiques de l'Insee. « Pour la natalité française, cela s'annonce comme la pire année depuis 1945 », abonde Laurent Chalard, géographe à l'European Centre for International Affairs. L'année dernière, la chute était déjà sensible avec 726.000 nouveau-nés, soit 2,2 % de moins qu'en 2021.

    Le nombre de naissances est au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, confirme la nouvelle étude de l'Insee portant sur 2022 et le premier semestre 2023. La natalité connaît une baisse presque continue depuis 2011. Si l'on se place dans une perspective plus longue, par rapport « au pic des naissances de l'après-guerre, en 1971 », les naissances « sont en recul de 20,8 % », précise l'Insee. En prenant comme point de comparaison l'année 2010 - où la France vivait encore un « âge d'or » des berceaux - la baisse s'établit à 12,8 %.

    Comment analyser cette chute historique de la natalité ? L'Insee indique que « le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants est assez stable » et relie donc cette baisse à celle de la fécondité. Son indice, établi à 1,80 enfant par femme en 2022, pourrait encore se réduire en 2023. Il y a dix ans, il s'élevait à près de 2 enfants par femme, avoisinant le seuil de renouvellement des générations.

    En 2022, les femmes âgées de 25 à 34 ans, au pic de la fertilité, ont fait moins de bébés. Signe du recul constant de l'âge de la maternité, seules les mères de 40 ans ou plus en ont fait d'avantage« Cette tranche d'âge est la seule pour laquelle les naissances sont plus nombreuses en 2022 », relève l'Insee. L'an dernier, les mères étaient âgées en moyenne de 31,2 ans à l'accouchement. Contre 30 ans en 2012, et 26 ans au milieu des années 1970.

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  • L'Inde, la Chine et l'avenir

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    De George Weigel sur First Things :

    27 septembre 2023

    L'INDE, LA CHINE ET L'AVENIR

    Le numéro du 2 septembre de The Spectator présentait une caricature du Premier ministre indien Narendra Modi et du Premier ministre britannique Rishi Sunak à bord d'une fusée ascendante. L'article principal - un aperçu du sommet du G-20 à New Delhi - était intitulé "Le siècle de l'Inde". La plupart des commentateurs du monde entier ont ensuite qualifié le G-20 de "siècle de l'Inde" : Il s'agissait de l'entrée en scène de l'Inde en tant que superpuissance du XXIe siècle, susceptible de défier la Chine en tant que colosse asiatique de l'avenir.  

    Depuis des années, je dis à mes amis que, pour les paris à long terme, il vaut mieux miser sur l'Inde que sur la Chine. J'ai pris conscience du dynamisme économique du sous-continent pour la première fois il y a une vingtaine d'années, lorsque, en essayant de résoudre toutes sortes de problèmes, des erreurs dans les formulaires fiscaux que je recevais aux erreurs sur ma facture de carte de crédit, en passant par les pépins informatiques, je me suis retrouvé à parler à des gens en Inde, un pays qui semblait avoir compris que le monde, à des fins économiques, était devenu un seul et même fuseau horaire. Il y avait aussi l'héritage positif de la domination britannique en Inde : une armée qui ne se mêlait pas de politique, une fonction publique professionnelle, des institutions démocratiques et, surtout, l'État de droit, qui est essentiel à la croissance économique et à l'ordre social, en particulier dans une société aussi complexe, qui est aujourd'hui la plus peuplée du monde.

    En revanche, je pensais que le totalitarisme léniniste profondément ancré dans l'ADN du Parti communiste chinois (PCC) finirait par s'avérer trop fragile pour résoudre des problèmes sérieux (comme cela a été le cas avec l'épidémie de Covid, l'économie chinoise en perte de vitesse et le déclin démographique du pays, lui-même résultat direct de la politique draconienne de l'enfant unique que le PCC a brutalement appliquée pendant des décennies). L'état de sécurité nationale paranoïaque que le PCC est en train de construire, qui a conduit à tout, du génocide des Ouïghours musulmans à l'abrogation des libertés civiles à Hong Kong, en passant par des pressions toujours plus fortes sur l'Église catholique et d'autres communautés chrétiennes, m'a également semblé être l'indicateur d'un régime en déclin.

    C'est pourquoi je n'ai cessé de répéter : "Misez sur l'Inde plutôt que sur la Chine". Aujourd'hui, d'autres ont rejoint le mouvement. Mais à quelques exceptions près, mes collègues partisans du "pari sur l'Inde" semblent ignorer une réalité inquiétante de l'Inde du XXIe siècle, qui pourrait éventuellement affaiblir, voire menacer, la renaissance indienne. Il s'agit du fait que l'Inde devient de plus en plus intolérante, voire violemment intolérante, à l'égard des différences religieuses.

    Le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Modi promeut l'"Hindutva", une idéologie du nationalisme hindou qui, pour certains Indiens radicalisés, signifie la persécution des personnes d'autres confessions. Des centaines d'églises chrétiennes ont été incendiées ces derniers mois par des fanatiques qui votent vraisemblablement pour le BJP. Le parti ne promeut pas activement ces outrages, mais il semble les tolérer et ne fait certainement pas assez pour s'en distancier. Cela soulève de graves questions quant à la détermination de Modi à promouvoir un "modèle indien" de société du XXIe siècle.

    Dans un avenir prévisible, l'Inde restera un pays où les hindous constituent l'écrasante majorité. Mais une Inde qui ne peut vivre la tolérance religieuse ne peut être un modèle universel de stabilité sociale et de progrès. Une Inde où les chrétiens risquent leur vie et leurs biens n'est pas non plus un modèle pour les pays - y compris les États-Unis - dont l'Inde a besoin pour contrer l'agressivité de la Chine. Ceux qui projettent (et célèbrent) une Inde devançant la Chine dans la compétition pour le leadership asiatique devraient insister sur ces points auprès de Modi et du BJP, plutôt que de se contenter de célébrer ses réalisations et celles de son parti.

    Il serait utile que le Saint-Siège s'affirme plus publiquement dans sa défense des communautés catholiques en difficulté en Inde, bien que la courbette continue du Vatican devant la Chine n'incite pas à espérer une ligne plus ferme à l'égard de l'Inde. La récente exhortation du pape aux catholiques chinois à être "de bons chrétiens et de bons citoyens" était, dans l'absolu, tout à fait acceptable. Le problème est que, dans la réalité actuelle, être un "bon citoyen" en Chine signifie prêter serment d'allégeance à la pensée de Xi Jinping (y compris la "sinisation" de toute religion), ce qui est incompatible avec la fidélité à l'Évangile de Jésus-Christ.

    Puisque nous parlons de la Chine, permettez-moi de faire une pause et de rendre hommage à mon ami Jimmy Lai, le prisonnier de conscience catholique le plus connu au monde. À l'heure où vous lisez ces réflexions, Jimmy fête son millième jour d'isolement dans la prison Stanley de Hong Kong. Sa femme est autorisée à lui rendre visite deux fois par mois. Ses enfants ne l'ont pas vu depuis trois ans. Tous attendent une parole publique pour défendre ce martyr blanc de Rome.

    Et comme les réfugiés au début du grand film Casablanca, ils attendent. Et attendent. Et attendent. ...

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Arménie : c’est l’avenir du droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire qui se joue

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    D'Elisabeth Geffroy sur le site de la Nef :

    26 septembre 2023

    Arménie : l’abandon coupable d’une sœur de l’Occident

    Depuis l’attaque menée par l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabagh le 19 septembre, aucune sanction d’envergure n’a été prise contre l’agresseur, aucun soutien réel n’a été apporté à l’Arménie, la sœur de l’Occident. En quoi cet abandon est-il grave ? Quelle responsabilité abdiquons-nous ? Que dit-il de nous ?

    « Le peuple arménien ne nous était connu que par les coups qui le frappaient », écrivait en 1916 Anatole France. Le siècle qui nous sépare de cette phrase ne l’a hélas pas rendue caduque, et les coups continuent de pleuvoir. La rayure bleue qui traverse son drapeau symbolise la volonté qu’a l’Arménie de vivre sous un ciel paisible. Paisible, leur ciel l’est hélas bien peu depuis le 19 septembre dernier, depuis que des roquettes et des drones azerbaïdjanais sont venus le troubler, depuis que le hurlement des sirènes le déchire en continu… À l’heure où nous écrivons, des dizaines de milliers d’Arméniens du Haut-Karabagh sont sur les routes, fuyant l’invasion qui menace de n’être que la première étape d’une guerre bien plus totale. Depuis quelques mois, l’Azerbaïdjan les avait déjà affamés et affaiblis : aucune nourriture, aucun médicament, aucun gaz ne passaient plus la frontière du Haut-Karabagh. Mais le blocus n’a pas eu raison de la détermination arménienne ; les troupes de Bakou ont alors envahi ce territoire déjà exsangue par les privations.

    Le destin de l’Arménie… et bien plus encore

    L’Arménie joue une part de son destin sur ces plateaux. Dressé sur leurs hauteurs, le monastère d’Amaras, fondé au IVe siècle par le moine qui a aussi créé l’alphabet arménien, témoigne et crie au monde entier que cette terre est arménienne, qu’elle est le berceau civilisationnel de tout un peuple. Elle n’est que plus arménienne depuis l’invasion et son cortège de morts : arménienne par le sang versé. Et pourtant foulée par des semelles azéries. Mais il se joue davantage encore que le sort d’une nation : c’est « l’avenir du droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire »[1], qui se décide sur ce petit bout de terre. Un pays n’a pas le droit d’envahir son voisin dès lors qu’il le surpasse militairement. Un soldat conquérant n’a pas le droit de torturer des prisonniers, de mutiler des soldats, d’assassiner des civils. Le droit du plus fort ne prévaut pas. Ces principes simples structurent l’ordre international, sur eux repose la fragile paix du monde. Dès lors, quand un agresseur entreprend de rayer de la carte et de l’histoire son voisin et que la communauté internationale détourne les yeux, c’est cet ordre-là tout entier qu’elle laisse se défaire. Theodore Roosevelt avait tiré la leçon du génocide arménien : « le massacre des Arméniens fut le plus grand crime de la guerre [1914-1918], et ne pas agir contre la Turquie revient à le tolérer. Hésiter à prendre radicalement parti contre l’horreur turque signifie que toute parole garantissant la paix dans le monde à l’avenir n’est que baliverne », écrit-il en 1918.

    Les malheurs de l’Arménie auraient-ils lassé notre pitié ?

    Voulons-nous vraiment, à nouveau, « hésiter à prendre radicalement parti » contre le sombre plan d’Ilham Aliyev qui ressemble en tous points à une épuration ethnique ? Leur sang crie-t-il en vain à nos oreilles ? Les malheurs de l’Arménie auraient-ils lassé notre pitié ? L’Europe creuse le lit de son déshonneur quand elle annonce vouloir acheter plus de gaz à l’Azerbaïdjan. Quand un sursaut nous saisira-t-il enfin, quand allons-nous dénoncer le contrat pétrolier et gazier honteux qui nous lie les pieds et les mains ? Le silence de l’Occident est d’autant plus assourdissant que l’Arménie, premier peuple au monde à avoir adopté le christianisme comme religion d’État, est « unie à nous par les liens de famille », qu’elle « prolonge en Orient le génie latin ». Et Anatole France de continuer par ses mots qui devraient interpeler tous nos dirigeants : « nous comprîmes enfin que c’était notre sœur d’Orient qui mourait, et qui mourait parce qu’elle était notre sœur et pour le crime d’avoir partagé nos sentiments, d’avoir aimé ce que nous aimons, pensé ce que nous pensons, cru ce que nous croyons, goûté comme nous la sagesse, l’équité, la poésie, les arts. (…) Son histoire se résume dans un effort séculaire pour conserver l’héritage intellectuel et moral de la Grèce et de Rome. Puissante, l’Arménie le défendit par ses armes et ses lois ; vaincue, asservie, elle en garda le culte dans son cœur. »

    Mais comment pourrions-nous nous rendre compte que l’Arménie est notre sœur et que c’est un morceau de notre civilisation qu’elle incarne et défend ? Nous ne savons même plus que nous sommes l’Occident, et qu’ailleurs certains « gens sans importance »[2] ont, eux, gardé le sens de qui ils sont et de ce à quoi ils tiennent.

    Heureusement, le peuple arménien n’oublie pas ce que symbolise la rayure rouge de son drapeau : la lutte continue pour la survie, pour le maintien de la foi chrétienne, pour l’indépendance et la liberté de leur patrie. « Un peuple qui ne veut pas mourir ne meurt pas. »[3]

    Elisabeth Geffroy

    [1] François-Xavier Bellamy au Parlement européen le 20 septembre 2023.
    [2] William Saroyan, Mon nom est Aram (1940).
    [3] Anatole France, discours prononcé le 9 avril 1916 à la Sorbonne.

  • Non à l'épuration ethnique au Haut-Karabakh !

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    Editorial de Jeanne-Emmanuelle Hutin sur le site d'Ouest France :

    Haut-Karabakh : « Non à l’épuration ethnique ! »

    « Il est inacceptable d’abandonner les Arméniens du Haut-Karabakh dans ce huis clos. La Russie qui devait garantir la paix selon les accords a laissé faire l’Azerbaïdjan. » Par Jeanne Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale à Ouest-France.

    27/09/2023

    Dans un odieux silence, un peuple est livré aux mains de ses bourreaux : « S’ils ne partent pas, nous les chasserons comme des chiens, » déclarait le dictateur de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev en 2020 au sujet des Arméniens du Haut-Karabakh (1). Après avoir assiégé pendant dix mois ces 120 000 Arméniens dont 30 000 enfants, l’Azerbaïdjan a attaqué ceux qu’il appelle « terroristes » et « séparatistes ».

    Mais les terroristes ne sont-ils pas ceux qui affament et tirent sur les civils ? Et comment appeler « séparatistes » ces Arméniens vivant sur la terre de leurs ancêtres, le « berceau de l’Arménie » , une région autonome même sous le joug de l’Union Soviétique ? « Nous sommes tués parce que nous sommes Arméniens » , constate Hovhannès Guévorkian, le représentant du Haut-Karabakh en France (2).

    En effet, c’est un « nettoyage ethnique à visée génocidaire » , dénonçait Jean-Louis Bourlanges, le Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. « L’armée azerbaïdjanaise contrôle tous les axes stratégiques et rend toute communication impossible. Nous avons vent d’exactions intolérables, avérées » , explique le chercheur Tigrane Yegavian. Exode contraint. Blessés sans soins. Aucune protection contre les viols, torture, arrestations, pillages et destruction du patrimoine culturel chrétien, l’un des plus anciens du monde.

    Protection internationale

    L’urgence est humanitaire et politique (2). L’ambassadrice d’Arménie en France Mme Tolmajian demande une protection internationale immédiate.

    Mais la Communauté internationale qui n’a jamais reconnu l’indépendance du Haut-Karabakh regarde ailleurs. Elle feint de croire le dictateur Aliev quand il dit que les Arméniens deviendront des « citoyens égaux » alors qu’il réprime de manière sanguinaire toute opposition. Elle fait la sourde oreille aux nouvelles menaces de la Turquie et d’Aliev revendiquant le sud de l’Arménie.

    Il est inacceptable d’abandonner les Arméniens du Haut-Karabakh dans ce huis clos. La Russie qui devait garantir la paix selon les accords a laissé faire l’Azerbaïdjan. Aucune condamnation vigoureuse ne s’est fait entendre même pas de la part du Vatican. Aucune sanction n’est brandie contre le dictateur d’Azerbaïdjan et ses suppôts. Les Européens ont versé 15,6 milliards d’€ à l’Azerbaïdjan en 2022 en échange de son gaz et ils annoncent doubler ces importations d’ici 2027 ! Les intérêts l’emportent !

    Les députés européens protestent : « la faiblesse » et l’inaction des États membres « ont été comprises par Aliev comme un feu vert pour aller de l’avant […] Quelle autre catastrophe devons-nous attendre pour agir ? » , alerte l’eurodéputée Nathalie Loiseau. « S’il n’y a pas une action politique très forte, si on ne fait pas tout pour arrêter la destruction du peuple arménien, l’Arménie est en danger de mort », alerte Mme Tolmajian, ambassadrice d’Arménie en France.

    C’est « la responsabilité du monde d’arrêter ce qui se passe sous ses yeux : le génocide arménien de 2023 » , appelle Luis Moreno Ocampo, ex-Premier procureur de la Cour pénale Internationale (3). Il rappelle que la communauté internationale a l’obligation de prévenir les génocides.

    La passivité honteuse encourage les crimes d’aujourd’hui et prépare ceux de demain. C’est inacceptable. Il est grand temps que la France, membre du Conseil de Sécurité passe des paroles aux actes !

    (1) Haut-Karabakh, Le livre noir, éd. Ellipses

    (2) « Haut-Karabakh : Arméniens en danger », « Liberté & prospective », 25-9-23

    (3) Washington Post le 22-9-22.

  • Migrants : le pape serait-il complètement au sud ?

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    De Louis Daufresne sur "La sélection du jour" :

    Migrants : le pape est-il complètement au sud ?

     « L'Église n'est pas une douane » , s'exclama le pape François à Marseille. La phrase, sans figurer dans son discours, résonna dans sa bouche sur les murs du Pharo comme un cri du cœur lancé aux évêques de la Méditerranée mais aussi à Emmanuel Macron et à Gérald Darmanin. L'aphorisme remua-t-il une opinion ballottée entre la mâchoire d'Antoine Dupont et l'OM écrasée au Parc des Princes ? Pas sûr, d'autant que le président de la République s'empressa de clore le sujet migratoire dès le lendemain soir au JT en disant que  « nous faisons notre part » et qu' « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». .

    Cette séquence, et c'est un comble, permit au locataire de l'Élysée de passer pour un chef plus modéré que le monarque catholique. Le revirement de figures de gauche sur l'immigration, sujet bientôt débattu à l'Assemblée, accrut cette impression de sagesse retrouvée : sur le plateau de C ce soir, Jacques Attali fit un plaidoyer pour les frontières extérieures et Bernard Kouchner déclara sur Radio J qu' "on ne peut pas simplement ouvrir les portes". À neuf mois des élections européennes, alors que l'UE discute du pacte sur la migration et l'asile, un sondage réalisé par Confrontations Europe montre que 50 % des Français sont hostiles à l'immigration légale non européenne. On ne parle même pas des clandestins. C'est dire si le pape stupéfie quand il invite à  « élargir les frontières du cœur, en dépassant les barrières ethniques et culturelles ». Mais déranger, n'est-ce pas le lot des prophètes ?

    On ne peut lui reprocher de faire de la politique ou, plus exactement, d'humaniser la politique, comme ses prédécesseurs, et de monter au front de la dignité humaine. Si le pape ne mettait pas son doigt dans les plaies, nul ne l'écouterait et l'audience de l'Église, y compris dans les media, serait celle du dalaï-lama. François ne veut pas agir comme le prêtre et le lévite du bon Samaritain. Surtout ne pas détourner pas le regard.

    Reste que le discours de François contraste avec celui, plus équilibré, de Benoît XVI jugeant que "les immigrés ont le devoir de respecter les lois et l'identité du pays d'accueil ". S'il postule que  « nos frères et sœurs en difficulté (…) ont le droit tant d'émigrer que de ne pas émigrer », le pontife argentin déroule ensuite un programme à sens unique déjà connu :  « Les migrants doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. » Ces quatre mots disent ce qu'il attend d'une  « responsabilité européenne » devant  « assurer un grand nombre d'entrées légales, régulières et durables ». Point notable : il rejette la tradition républicaine de l'assimilation  « qui (…) reste rigide dans ses paradigmes » pour lui préférer l'intégration, c'est-à-dire venir comme on est.

    François corrige les vieux Européens égoïstes, livrés au  « gaspillage », tentés par les  « nationalismes archaïques et belliqueux » et habités par la peur :  « Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent l'hospitalité, ils cherchent la vie. »  Celle-ci, à ses yeux, s'épanouit dans le brassage : « Dès l'enfance, ''en se mélangeant'' avec les autres, on peut surmonter beaucoup de barrières et de préjugés en développant sa propre identité dans le contexte d'un enrichissement mutuel. »  Douter de ce modèle multikulti, qui montre ses limites comme au Liban, aboutit selon lui au « naufrage de la civilisation ». Ce mot n'est pas la marque déposée d'une Europe fière de son génie et nostalgique de sa puissance ou de ses vieilles pierres. Pour François, « nous ne sommes pas appelés à regretter les temps passés. (…) L'avenir ne sera pas dans la fermeture qui est (…) une inversion de marche sur le chemin de l'histoire. » 

    Chez lui, la migration n'est pas un problème mais la solution à nos problèmes « L'Église n'est pas une douane » sous-tend que toute frontière doit être franchie, alors que l'Église fait sien le principe de séparation, qu'il s'agisse des baptisés et des non baptisés, des clercs et des laïcs, du bien et du mal, du paradis et de l'enfer, etc. Le Vatican est cerné de remparts et de guérites, le chartreux et la carmélite vivent cloîtrés. L'accueil inconditionnel n'existe pas.

    Ce discours recèle trois impensés :

    - l'impensé de l'histoire : comme celle-ci divise, on se focalise sur la famille humaine à l'instant t, sans la vision dynamique faite de projections dans le passé et l'avenir ;

    - l''impensé des origines : celles-ci s'équivalant toutes, elles se fécondent mécaniquement quand elles entrent en contact l'une avec l'autre ;

    - l'impensé du nombre : il ne change pas la nature des problèmes, toute question se résumant à des trajectoires individuelles.

    Ici, le cœur et la raison s'opposent. L'humanitaire pointe les traitements inhumains infligés par la bureaucratie des États européens à des gens pris isolément, quand le politique jauge lucidement le phénomène dans son ensemble et ses répercussions sur la société. Aujourd'hui, ces deux visions ne se parlent ni ne se comprennent.

    Pour aller plus loin :

    Un pape sans concession sur l’immigration

    >>> Lire sur le JDD

  • "Mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants"

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    La tribune d'Inès Pélissié du Rausas publiée sur le site d'Aleteia.org montre que le débat autour de l'EVRAS n'est pas seulement belge et que l'on assiste à une offensive transnationale pour éduquer les enfants à la sexualité "en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement »."

    « L’éducation à la sexualité », un abus sur les enfants

    26/09/23

    Le projet d’«éducation à la sexualité" lancé par l’Éducation nationale (en France) vise moins à informer les élèves qu’à redéfinir le sens de la sexualité, en contournant la responsabilité des parents. Pour Inès Pélissié du Rausas, auteur de "Les parents, l'école et la sexualité - Qui dit quoi ?" (Cerf), mentir sur la sexualité humaine en la réduisant à des "pratiques" est une véritable violence faite aux enfants.

    Un projet de formation à « l’éducation à la sexualité » a été lancé par le ministère de l’Éducation nationale pour l’année scolaire 2023/2024, à destination du corps enseignant. Il s’agirait de systématiser, du cours préparatoire à la terminale, les trois séances annuelles déjà prévues en les orientant toujours plus vers l’éducation au plaisir, au choix de l’orientation sexuelle, du genre et même du sexe, sous couvert de santé sexuelle, de « lutte contre […] les discriminations liées à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, réelle ou supposée », et de promotion du « consentement ».

    Une nouvelle vision de la sexualité

    Comment en est-on arrivé là ? À ses débuts en France, en 1974, l’éducation sexuelle est surtout une information sur la biologie de la « reproduction ». Mais dans les années 1980, la lutte contre le sida conduit à la promotion du préservatif, présenté alors comme moyen de prévention. Cela devient l’occasion de montrer aux jeunes des mises en situation appelant l’usage de ce préservatif, et cela au mépris de l’interdiction de promouvoir des messages à caractère pornographique. 

    En 1996, la circulaire ministérielle « Prévention du sida en milieu scolaire : l’éducation à la sexualité » franchit un pas : il ne s’agit plus seulement d’informer les élèves mais de diffuser une nouvelle vision. Certes, la sexualité humaine est encore déclarée « inséparable de données biologiques », mais sa vision doit être « en ajustement constant », non pas aux réalités de la personne humaine et de son corps sexué, mais aux « situations vécues ». Cette vision intègre et banalise toutes les « pratiques sexuelles » possibles — que Freud appelait dans son Introduction à la psychanalyse des « perversions » — en perdant de vue les deux buts essentiels de la sexualité humaine : la dimension de l’amour et du cœur, l’expression, par l’union dans la chair, de l’amour total et exclusif qui unit les époux et la procréation.

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  • "Laudate Deum" : la prochaine exhortation apostolique

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    De Vatican News (Johan Pacheco) :

    Laudate Deum, titre de la prochaine exhortation apostolique

    Le titre de la prochaine exhortation apostolique de François sera "Laudate Deum". La Pape en a fait l’annonce en s'adressant aux participants à une réunion de recteurs d'universités latino-américaines, jeudi 21 septembre, avec lesquels il a abordé divers sujets tels que les migrations, le changement climatique et l'exclusion.

    Le Pape François a reçu en audience, jeudi 21 septembre, dans la Salle Clémentine, au Vatican, quelque 200 participants à la rencontre des recteurs des universités publiques et privées d'Amérique latine et des Caraïbes, promue par le Red de Universidades para el Cuidado de la Casa Común (Ruc) et la Commission pontificale pour l’Amérique latine, les 20 et 21 septembre, sur le thème "Organiser l'espérance", avec la participation de plusieurs préfets et secrétaires de dicastères du Saint-Siège.

    Réfléchissant sur les diverses questions soulevées par les éducateurs, y compris le changement climatique, la migration, la culture du déchet, le Saint-Père les a exhortés à être créatifs dans la formation des jeunes en partant des réalités et des défis d'aujourd'hui. Les recteurs ont posé au Pape des questions sur l'environnement et le climat, auxquelles il a répondu en mettant l'accent sur la déplorable «culture du déchet ou culture de l'abandon». Il a expliqué qu'il s'agit d'une «culture de mauvaise utilisation des ressources naturelles, qui n'accompagne pas la nature vers son plein développement et ne la laisse pas vivre. Cette culture de l'abandon, a-t-il affirmé, nous nuit à tous».

    Le bon usage de la nature

    «Il y a une culture du déchet qui est toujours en cours, un manque d'éducation pour utiliser les choses qui restent, pour les refaire, pour les remplacer dans l'ordre de l'usage commun des choses. Et cette culture du déchet a des répercussions sur la nature». Le Souverain pontife a insisté sur l'urgence de revenir à un usage correct de la nature: «Aujourd'hui, l'humanité est fatiguée de ce mauvais usage de la nature et doit retrouver le chemin d'un bon usage. Et comment utiliser la nature? je dirais un mot qui peut sembler étrange: en dialogue; en dialogue avec la nature».

    À cette fin, le Pape a exhorté les universités à créer des réseaux de sensibilisation: «À ce stade, vous utilisez un mot très beau, qui est “organiser l'espérance”. Récupérer et organiser l'espérance», a déclaré François, «j'aime cette phrase que vous m'avez dite et on ne peut que la considérer dans le contexte de l'écologie intégrale, dans cette dimension selon laquelle les jeunes d'aujourd'hui ont droit à un cosmos équilibré et ils ont droit à l'espérance, et nous devons les aider à organiser cette espérance, à prendre des décisions très sérieuses dès maintenant».

    La nature est pour tous

    Le Pape François a également fait allusion à une "culture régénératrice", l'identifiant comme le fruit «d'une crise économique qui n'est pas toujours au service du développement des plus nécessiteux. Je dirais que parfois, ou souvent, elle n'est pas au service du développement de tous et crée davantage de personnes dans le besoin. C'est une culture de l’expropriation, nous avons tous le droit d'utiliser la nature, de dominer la nature pour la faire grandir et l'utiliser au service du bien commun».

    François  a exprimé sa préoccupation concernant «certaines universités scientifiques abstraites» qui «n'utilisent pas la réalité mais la science, une science abstraite, pas réelle, et qui procèdent donc en fonction de théories économiques, de théories sociales, tout est théorie, mais elles n'arrivent jamais» à la réalité des plus nécessiteux. «Les laissés-pour-compte, les exclus, sont des hommes et des femmes, des peuples entiers que nous laissons dans la rue comme des déchets, n'est-ce pas? Nous devons prendre conscience que nous n'utilisons les richesses de la nature que pour de petits groupes, à travers des théories socio-économiques qui n'intègrent pas la nature, ni les laissés-pour-compte».

    "Laudate Deum", titre de la prochaine exhortation apostolique

    François a appelé à des alternatives pour aider à surmonter la crise environnementale et a cité en exemple l'utilisation de panneaux solaires pour fournir de l'électricité dans plusieurs bâtiments du Vatican dont la salle Paul VI. «Nous devons être très créatifs dans ces domaines pour protéger la nature», car l'électricité est évidemment produite à partir de charbon ou d'autres éléments, qui créent toujours des problèmes dans la nature elle-même, et «les jeunes que nous formons doivent devenir des chefs de file convaincus s sur ce point».

    Dans sa réflexion, le Pape a également annoncé le nom de sa prochaine exhortation apostolique: “Laudate Deum”, qui sera publiée le jour de la fête de saint François d'Assise, le 4 octobre: «un regard sur ce qu’il s'est passé et dire ce qu'il faut faire», a-t-il déclaré.

    La dégradation de l'homme et de l'environnement vont de pair

    Le Saint-Père a également dénoncé le processus de dégradation que subit l'humanité: «Il y a un processus de dégradation de l'environnement, nous pouvons le dire en général. Mais cela mène vers le bas, vers le fond du ravin. Dégradation des conditions de vie, dégradation des valeurs qui justifient ces conditions de vie, parce qu'elles vont ensemble». Et d’expliquer que «l'inégalité» est également «évidente dans le manque d'accès aux biens de première nécessité, et de là découlent toutes ces visions qui sociologiquement, en fait, sans les nommer, font des femmes, des peuples indigènes, des Africains, des personnes avec moins de capacités».

    L'une des formes de dégradation et d'inégalité dénoncées par le Pape François est «l'extractivisme», c'est-à-dire l'accaparement des ressources naturelles. «Lorsque ce modèle “extractiviste” progresse et pénètre dans les personnes», a-t-il souligné, «j'extrais la dignité des personnes, et cela se produit. Un modèle “extractiviste” géologique, pour ainsi dire, n’est jamais isolé, il est toujours accompagné du modèle “extractiviste” humain. La dignité de la personne est extraite, la réduisant en escalve»«Faites entrer cela dans la tête des enfants, dans l'éducation aux valeurs, afin qu'ils sachent comment évaluer ces situations et qu'ils puissent dire clairement que cela s'appelle de l'esclavage».

    La politique comme vocation la plus noble

    Face à cette situation, le Pape a appelé les recteurs d'université à promouvoir l'éducation aux valeurs humanistes et au dialogue fraternel, en aidant les étudiants à «entrer en politique» comme une «noble vocation». «N'oublions pas que la vocation la plus noble de la personne humaine est la politique. Formons nos jeunes à être des hommes politiques, au sens le plus large du terme. Pas seulement pour agir dans un parti politique, qui est un petit groupe, mais pour avoir une ouverture politique et être capable de dialoguer avec des groupes politiques avec maturité. La politique n'est pas une maladie. À mon avis, c'est la vocation la plus noble d'une société, parce que c'est elle qui fait avancer les processus de développement».

    Une réponse humaine et chrétienne à la crise migratoire

    Le Successeur de Pierre a également évoqué la crise migratoire actuelle: «Le drame migratoire que connaît l'Europe aujourd'hui est extrêmement grave. Et il ne peut pas être résolu par une société d'entraide. Il y a là une question humaniste et chrétienne; une question humaniste et une décision politique, il y a des décisions qui sont humaines et chrétiennes».

    «Je vous demande, a dit le Pape aux recteurs, par respect pour l'humanité qui souffre, d'affronter ce problème dans vos universités, mais avec sa densité humaine». «En résumé, je vous dis que les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si nous ne parvenons pas à intégrer le migrant, nous échouons», a-t-il ajouté. «Je veux dire tout cela à propos des migrants parce que le problème des migrants me tient très à cœur», a encore dit François affirmant ensuite que «ce qui se fait aujourd'hui, ici en Europe, en les renvoyant, est criminel. Et je ne veux pas utiliser d'euphémismes, je dis les choses telles qu'elles sont».

    Les trois langages humains: la tête, le cœur et les mains

    Après avoir passé en revue toutes ces situations, le Pape a rappelé que la tâche des universités ne devait pas se limiter à «enseigner des choses», mais à «former les garçons et les filles aux trois langages humains, celui de la tête, celui du cœur et celui des mains. Pour qu'ils apprennent à penser ce qu'ils ressentent et ce qu'ils font, à ressentir ce qu'ils font et ce qu'ils pensent, et à faire ce qu'ils ressentent et ce qu'ils pensent». En conclusion, en remerciant l’assistance, François a résumé son propos en invitant les universités à être «créatives face à la réalité et aux défis, éducatrices et pas seulement distributrices d'informations».

  • Quelle stratégie politique le Vatican poursuit-il avec la visite du pape à Marseille ?

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    Visite du pape à Marseille : quels enjeux géopolitiques ?

    Interview
    25 septembre 2023

    Le Pape François vient de réaliser une visite de deux jours à Marseille, les 22 et 23 septembre, dédiée au sort des migrants. Quelle stratégie politique le Vatican poursuit-il avec cette visite ? La prise de position du Pape s’inscrit-elle dans la tradition de la diplomatie humanitaire du Vatican ? Dans quelle mesure le Vatican est-il un acteur majeur des relations internationale ? Le point de vue de François Mabille, chercheur associé à l’IRIS, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux.

    Les Rencontres méditerranéennes auxquelles a participé le Pape François ont été l’occasion d’aborder quatre problématiques : économie et social, environnement, migrations et tensions géopolitico-religieuses. Quelle stratégie politique le Vatican poursuit-il en y ayant fait participer le Pape qui n’était pas venu en France depuis 10 ans ? Quels étaient les enjeux de ces rencontres ?

    Le pape a une stratégie pastorale précise, qui a des implications politiques et géopolitiques. D’une certaine manière, il dit « ma carte n’est pas ‘votre’ territoire ! », autrement dit, je substitue ma perception du monde à vos attentes et à votre carte. Notre carte, c’est celle de l’hexagone ; la sienne, c’est celle de la Méditerranée, symbole selon lui des enjeux de la mondialisation, avec son défi : le dialogue entre les cultures, et ses problèmes économiques et sociaux qui provoquent des replis identitaires. Dès lors, il vient à Marseille qui, par son histoire et sa situation géographique, reflète bien les enjeux du pourtour méditerranéen. Ce faisant, le pape évite des thèmes qui lui auraient été imposés par une visite en France, tant de la part de l’Église catholique en France que par les autorités publiques. On aurait alors évoqué la « fille aînée de l’Église », la laïcité, la crise morale du catholicisme français, etc. Et le pontife romain impose au contraire sa parole souveraine sur les migrants, la défense des plus vulnérables, et celle de la vie sous toutes ses formes, en choisissant de surcroît, à Marseille même, des lieux particuliers. C’est une leçon de géopolitique qui est donnée !

    Alors que l’Europe est divisée sur la question de la crise migratoire, le pape François a consacré une partie de sa visite au sort des migrants et a plus globalement placé la question migratoire au cœur de son pontificat. Avec quels effets ? Cette prise de position s’inscrit-elle dans la tradition de la diplomatie humanitaire du Vatican ?

    Contrairement à ce que l’extrême droite voudrait accréditer, cette thématique est ancienne, tant au niveau du Saint-Siège que de l’Église catholique en France. En 1954, par exemple, trois organisations catholiques, le mouvement Pax Christi, l’Action catholique et le Secours catholique avaient lancé une campagne nationale intitulée « mon frère l’Étranger », qui portait spécifiquement sur les migrants et leur accueil au sein de la société française. Le cas du Secours catholique mérite qu’on s’y attarde, car son responsable était à l’époque Mr Rodhain, son fondateur, qui fut maréchaliste et vichyssois pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui ne l’empêcha pas ultérieurement de travailler pour les migrants, allant même jusqu’à nommer l’une de ses cités d’accueil la cité Myriam par respect des convictions religieuses des personnes accueillies, majoritairement musulmanes. Ce pour rappeler l’une des matrices de l’extrême droite identitaire qui se dit catholique par ailleurs. En 1961, la création du comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) s’inscrit dans un travail des catholiques français qui lient accueil et aide au développement. On retrouverait dans de nombreux autres pays ce type de mobilisation catholique, qui fait de l’Église catholique un acteur important, au niveau international, travaillant sur les migrations. Le pape inscrit son action dans ce sillage, mais il est vrai que sa parole dérange davantage pour plusieurs raisons. D’une part, il projette son regard sur l’Europe – il est latino-américain-, et oblige ainsi les Européens à se décentrer. D’une certaine manière, son regard est celui d’un catholique décolonial, avec également ses propres biais intellectuels. Sa division entre pays opulents et pays pauvres ne rend pas suffisamment compte de la complexité de nos sociétés ; de même, la carte qu’il impose, juste à propos de la Méditerranée, l’est moins quand il s’adresse à l’Europe soumise à des migrations qui proviennent également d’autres régions du monde. Cela étant, pour comprendre l’approche de l’Église catholique, on ne peut s’en tenir à la seule approche pontificale et il faut y associer celle de la Secrétaire d’État et également des Églises locales, réunies à Marseille pour les Rencontres méditerranéennes pour faire droit à une pratique et une pensée catholique plurielle et plus complexe.

    Plus globalement, peut-on dire que le Vatican est devenu un acteur majeur des relations internationales ?

    Le Vatican est indéniablement un acteur des relations internationales, et ce de longue date, mais dont l’importance dépend du type de sujet, de configuration politique et historique. Le pape réussit une médiation entre Cuba et les États-Unis, car le conflit est devenu mineur en période d’après guerre froide et que les acteurs eux-mêmes cherchent une sortie de crise honorable. La parole du pape n’est pas entendue, et même contestée lorsqu’il s’adresse aux Russes et aux Ukrainiens. Concernant les migrants, le porte-parole de l’Office des migrations internationales déclarait il y a quelques mois que la parole du pape à Lampedusa avait été la bienvenue, mais qu’elle n’avait eu aucun effet sur les politiques publiques puisque depuis la dénonciation pontificale, plus de 30.000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée… Voilà qui aide à relativiser l’impact de la mobilisation du pape.

  • Tous les chemins mènent à Rome : deux évêques chinois "officiels" participeront au Synode catholique

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Tous les chemins mènent à Rome : Deux évêques chinois "officiels" participeront au Synode catholique

    25/09/2023

    C'est par un chemin tortueux que les évêques Yang Yongqiang, de Zhouchun, et Yao Shun, de Jining, ont été inclus dans la (deuxième) liste des membres du Synode.

    À partir du 4 octobre, l'Église catholique célébrera ce que beaucoup considèrent comme le plus important Synode des évêques de son histoire, au cours duquel des prélats du monde entier discuteront de la nature synodale de l'Église et des relations entre les Églises locales et le Vatican.

    Alors que deux délégués chinois avaient participé au précédent synode en 2018, aucun évêque de Chine continentale ne figurait sur la liste des participants publiée début juillet. Cependant, quelques jours avant l'ouverture du Synode, une deuxième liste a été publiée. Cette fois, elle inclut les évêques Yang Yongqiang de Zhouchun, Shandong, et Yao Shun de Jining, Mongolie intérieure.

    Tous deux sont des évêques "patriotiques" loyaux. Yao était le directeur spirituel du séminaire national de l'Église catholique patriotique contrôlée par le gouvernement lorsque celle-ci était clairement séparée du Vatican, dans les années 1990, et était alors largement considéré comme le membre clé de la commission liturgique de l'Église patriotique. En 2019, il est devenu le premier évêque ordonné après l'accord conclu entre le Vatican et la Chine en 2018. Au moment de la signature de cet accord, Mgr Yang était vice-président de l'Association catholique patriotique chinoise depuis 2016, après avoir occupé des postes de direction au sein de l'Église patriotique au niveau provincial.

    Par ailleurs, il faut reconnaître que le choix de Yang et Yao, émanant probablement du PCC, qui autorise de tels voyages, est quelque peu conciliant à l'égard du Vatican. Leurs nominations épiscopales avaient été parmi celles approuvées secrètement par Rome sous le pape Benoît XVI, en 2010. Bien qu'il ne s'agisse en aucun cas d'un dissident, M. Yao s'est vu refuser l'autorisation de visiter la Mongolie indépendante depuis la Mongolie intérieure chinoise lors du récent voyage du pape en République mongole.

    Pourquoi les évêques de Chine continentale ont-ils été inclus dans la deuxième liste des participants au synode en septembre, mais pas dans la première en juillet ? La réponse est que le PCC, en violation de l'accord conclu entre le Vatican et la Chine en 2018, avait installé Mgr Shen Bin, jusqu'alors évêque de Haimen, comme nouvel évêque de Shanghai sans l'approbation de Rome. Le Vatican avait protesté, ce qui a probablement conduit le PCC à refuser l'autorisation à tout évêque chinois de se rendre à Rome pour le synode. Ce n'est qu'après que le pape François a accepté la nomination de Shen Bin à Shanghai que le PCC a changé d'avis et a autorisé la participation de deux évêques au synode, en choisissant deux évêques qui ne devraient pas faire sourciller Rome - ou moins que d'autres.

    Comme d'habitude, c'est le jeu de la carotte et du bâton. Ceux qui apprécient la carotte devraient considérer que le bâton n'est jamais loin.