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Religions - Page 71

  • Discours du pape au Conseil oecuménique des Eglises à Genève

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    Document : le discours du pape François au Conseil oecuménique des Églises (source)

    Durant son voyage en Suisse, le 21 juin 2018, le souverain pontife a prononcé un discours au siège Conseil oecuménique des Églises. Une nouvelle fois, il a insisté sur l'importance de l'unité entre les chrétiens. Découvrez l'intégralité du discours.

    Après un temps de repos à Bossey, le Pape est retourné une seconde fois au siège du Conseil œcuménique des Églises, au Grand-Saconnex, dans l’après-midi. Il a prononcé un second discours, insistant à nouveau sur l’importance de l’engagement de l’Église catholique dans la cause œcuménique.

    Chers frères et sœurs,

    Je suis heureux de vous rencontrer et je vous remercie de votre chaleureux accueil. Je suis reconnaissant, en particulier, au Secrétaire général, le Révérend Olav Fykse Tveit, et à la modératrice,Madame Agnes Abuom, pour leurs paroles et pour m‘avoir invité à l’occasion du 70e anniversaire de l’institution du Conseil œcuménique des Églises.

    Bibliquement, soixante-dix années évoquent une période de temps accompli, signe de bénédiction divine. Mais soixante-dix est aussi un nombre qui fait affleurer à l’esprit deux célèbres passages évangéliques. Dans le premier, le Seigneur nous a commandé de nous pardonner non jusqu’à sept, mais « jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22). Le nombre n’indique certainement pas un terme quantitatif mais ouvre un horizon qualitatif : il ne mesure pas la justice, mais il ouvre tout grand le critère d’une charité démesurée, capable de pardonner sans limites. C’est cette charité qui, après des siècles d’oppositions, nous permet d’être ensemble, comme des frères et des sœurs réconciliés et reconnaissants envers Dieu notre Père.

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  • «Au Vatican, Macron fera vite oublier Hollande !»

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    Macron Lebrun 83918_emmanuel-macron-mgr-dominique-lebrun-hommage-pere-jacques-hamel.jpgLe président de la République Française sera reçu en audience à Rome par le pape François mardi prochain 26 juin. Il prendra aussi possession de son titre de chanoine honoraire de la Basilique Saint-Jean de Latran, selon une tradition qui remonte au roi Henri IV. Mais quels peuvent être l’intérêt et l’enjeu réels de cette visite ? Un jeune homme aussi pressé qu’Emmanuel Macron ne se déplace pas pour accorder du temps à un simple rite protocolaire.

    Dans la tribune qu’il publie sur le site web « Figarovox », Samuel Pruvot, rédacteur en chef du magazine « Famille Chrétienne » disserte  sur les profils comparés de M. Macron et de son prédécesseur sans nous en apprendre plus que ce que l’on sait déjà depuis la rencontre organisée par l’épiscopat français au Collège des Bernardins.

    Mais le président Macron,  qui est un communicateur de talent, nous réservera peut être une surprise en poussant un peu plus loin à Rome les pistes qu’il a déjà tracées à Paris pour rafraîchir le concept de la laïcité de l’Etat  à la française ? A suivre. JPSC.

    « S'il est un domaine où Emmanuel Macron veut se distinguer de son prédécesseur, c'est bien la religion. En particulier en ce qui concerne son rapport au catholicisme. Le contraste est si saisissant qu'il devrait se vérifier au Vatican le 26 juin prochain.

    Entre Emmanuel Macron et François Hollande, c'est un peu le jour et la nuit. En privé, le Président n'hésite pas à marquer sa différence avec «l'ancien monde», c'est-à-dire le temps de l'enfouissement où les catholiques avaient peur - même de leur ombre. «Mes parents sont de la même génération que François Hollande, me confiait-il. Ils partagent un peu les mêmes réflexes vis-à-vis du religieux… Je dirais les mêmes traumatismes.» Tel n'est pas son cas à lui. En apparence. Il appartient en effet à une génération qui n'a pas de temps à perdre avec un anticléricalisme d'un autre âge. Non par vertu mais par réalisme: le poids social de l'institution a fondu au soleil. Autrement dit, il n'a pas de comptes à régler avec l'Église.

    Contrairement à François Hollande. Souvenons-nous: quand ce dernier rencontre le pape François, il traîne derrière lui le boulet du mariage pour tous. Nommé Président, il n'avait pas voulu venir chercher son titre de chanoine du Latran - histoire de ne pas froisser son électorat. C'était évident qu'il allait suivre l'exemple de Mitterrand et non celui de Sarkozy (dont le discours au Latran résonnait encore aux chastes oreilles des instituteurs). En plus, il est de notoriété publique que la chose religieuse n'intéresse guère Hollande. C'est pour lui un archaïsme, une curiosité obsolète, une sorte d'objet muséographique destiné à disparaître. Hollande est un savant mélange de Voltaire et de Comte. Autrement dit, le catholicisme est à la France ce que les hiéroglyphes sont à l'Égypte. Des signes trop anciens et incompréhensibles qui ne peuvent se traduire en langage LGBT.

    Si le Président est plus à l'aise dans la posture du chercheur que du fidèle, son agnosticisme semble ouvert à tous les possibles.

    Si la rencontre entre les deux François a fait flop c'est peut-être aussi que le Président en voulait non au pape mais à son propre père... Un paternel plutôt autoritaire chez qui les valeurs réactionnaires embrigadaient le catholicisme à la manière de Maurras. Plus tard, seuls les cathos de gauche avaient trouvé grâce à ses yeux. Il faut dire qu'ils formaient les gros bataillons de son réseau, les «transcourants» au sein du PS. Encore n'étaient-ils pour lui qu'un simple marchepied vers la direction du PS et le pouvoir.

    Emmanuel Macron, lui, ne doit pas se faire pardonner son éducation catholique. S'il est allé chez les jésuites à Amiens, c'est uniquement pour des raisons de standing. Et non de foi. Son esprit indépendant lui a d'ailleurs fait demander le baptême à 12 ans… quitte à fâcher un père peu enclin à admirer la Compagnie de Jésus. Emmanuel Macron a un intérêt naturel (surnaturel?) pour la religion. Un attrait réactivé par sa fréquentation du protestant Paul Ricœur qui lui a fait découvrir les merveilles de l'herméneutique. Si le Président est plus à l'aise dans la posture du chercheur que du fidèle, son agnosticisme semble ouvert à tous les possibles. Fils de l'Église et «en même temps» fils des Lumières.

    Macron et Hollande, c'est donc le jour et la nuit. La vérité veut que nous rappelions qu'il y a quand même un péché originel entre l'actuel Président et le pape. C'était pendant l'entre-deux tours de la présidentielle. Dans un avion qui le ramenait d'Égypte, François avait répondu à un journaliste qu'il ne connaissait pas «l'autre» candidat face à Marine Le Pen. On imagine l'humiliation, la déception et l'incompréhension pour le candidat Macron. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts du Tibre. Et «l'autre» est devenu Président. Sans doute que la rencontre se passera au mieux entre ces hommes rompus à la haute diplomatie à l'école de la spiritualité jésuite. Il y aura peut-être des sujets qui fâchent, comme les migrants, la PMA et la GPA. Mais pas de colère inutile.

    Ref. Au Vatican, Macron fera vite oublier Hollande

     

  • "Retour du religieux" : plutôt un retournement qu'un retour

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Religion — retour ou retournement ?

    Rémi Brague est interrogé dans La Revue des deux mondes sur le retour du religieux. Extrait. Rémi Brague est membre de l’Académie des sciences morales et politiques, il a enseigné la philosophie à la Sorbonne et à l’université de Munich.

    Revue des Deux Mondes – Il y a trente ans, écrivez-vous au début de votre récent livre, Sur la religion, dans les dîners, on parlait politique ; si quelqu’un parlait religion, cela faisait sourire. Aujourd’hui, c’est le contraire : la religion est redevenue un sujet préoccupant ; on enregistre une certaine lassitude quand on parle politique ou économie. Comment expliquez-vous ce retournement ?

    Rémi Brague – Cette remarque n’est pas vraiment de moi, mais de Michel Serres. J’ai dû l’entendre sur une chaîne de radio. Lorsque, il y a trente ans, racontait-il, il voulait faire rigoler ses étudiants, il parlait de religion ; en revanche, lorsqu’on parlait politique, les fronts se plissaient, les bouches se contractaient et on hochait la tête doctement. Maintenant, c’est le contraire. Quand on parle de religion, fini de rire.

    Pourquoi ce retournement ? Votre mot est juste, c’est plutôt un retournement qu’un retour. On parle du retour du 
religieux, or il n’est jamais parti ! Ce qui s’est 
passé, c’est un retour sur soi de la conscience de 
l’intelligentsia occidentale.

    Comme l’a expliqué 
le sociologue autrichien devenu américain Peter Berger, les intellectuels occidentaux, pendant des années et des années, ont voyagé de campus sécularisé en campus sécularisé en empruntant des tuyaux étanches qui les ont empêchés de voir la montée fulgurante du protestantisme évangélique ou le réveil de l’hindouisme ultra-nationaliste et responsable de pogroms antichrétiens et antimusulmans en Inde.

    Ils n’avaient pas vu non plus un phénomène tout récent : les aspects fort déplaisants que prend le bouddhisme dans la Birmanie actuelle. En réalité, il l’avait déjà pris pendant la guerre du Pacifique et avant, en Chine : des généraux japonais adeptes du zen se sont rendus coupables de certaines espiègleries de fort mauvais goût (bombardement de Chang-haï, prostitution obligée des Coréennes…).

    Ces intellectuels n’ont pas vu non plus le réveil de l’islam, ce qu’on appelle l’islamismepour éviter d’incriminer la totalité de la religion. Ce prétendu retour du religieux n’est donc pas vraiment un retour, mais plutôt un retour sur soi des intellectuels, qui comprennent enfin de manière douloureuse qu’ils se sont trompés sur toute la ligne.

    Revue des Deux Mondes – En prenant le problème de haut, de façon presque planétaire, vous avez évidemment raison, mais si nous nous concentrons sur l’Europe et particulièrement sur la France, le diagnostic est-il le même ? Je suis frappé par le grand nombre d’ouvrages, dus aussi bien à des sociologues qu’à des théologiens, qui depuis trente ans paraissent toujours plus ou moins sous le titre : « Comment l’Europe a-t-elle cessé d’être chrétienne ? ». D’un côté le religieux n’est jamais parti, il ne cesse même de prendre de l’importance, et de l’autre les églises se vident. À en croire certaines enquêtes, la pratique religieuse en France serait tombée à 5 %. Comment les deux tendances s’articulent-elles ?

    Rémi Brague – Ce sont des faits indéniables. Il est clair que le christianisme recule en Occident, peut-être également dans le reste du monde. J’ai entendu récemment quelqu’un dire qu’en Afrique, continent que bien des chrétiens considèrent comme l’eldorado de la foi, les choses n’allaient pas aussi bien qu’on le dit.

    Il y a en effet ce livre récent de Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien1. L’auteur a repris et inversé le titre de Paul Veyne,  Quand notre monde est devenu chrétien, et celui de Marie-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien, deux études qui expliquaient comment l’Occident était devenu chrétien à la fin de l’Empire romain.

    Revue des Deux Mondes — Paul Veyne se concentre sur une trentaine d’années au IVe siècle et Guillaume Cuchet sur une trentaine d’années à la fin du XXe siècle. L’un étudie le début et l’autre la fin…

    Rémi Brague — Exactement. Je crois que chez Guillaume Cuchet, la volonté de retourner le titre était parfaitement claire et peut-être s’en tient-il volontairement aussi aux mêmes limites chronologiques : trente ans, soit une génération.

    On ne sait pas trop ce qui se passera à la génération suivante, peut-être que le mouvement va s’accélérer encore. Ce n’est pas impossible. Ce qui recule, c’est le christianisme. En revanche, il semble que certains bouddhismes ont fait une percée ; par ailleurs, la persistance de l’islam chez les jeunes immigrés est réelle, de même que la montée en puissance des haredim (les juifs ultra-orthodoxes) en Israël. Si celle-ci continue, ils sont appelés à former la majorité et à pousser à la marge les Achkénazes, quelque peu sécularisés ou seulement vaguement religieux.

    Ces phénomènes sont difficiles à chiffrer, car il s’agit de religions encore minoritaires et leurs adhérents ne répondent pas toujours aux questions des sondeurs… à la différence des ex-chrétiens qui, eux, n’ont pas peur d’avouer leur incroyance.

    [...] 

    1. Voir à ce sujet Religion — baisse de la fréquentation de la messe sous le pape François, stabilité chez les protestants et Vatican II, « déclencheur » de l’effondrement de la pratique catholique ? (M-à-j vidéos) 

  • Uniatisme : quand François épouse les thèses du patriarcat de Moscou

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    Un article de Sandro Magister traduit sur le site diakonos.be :

    En Ukraine, entre orthodoxes et catholiques, François se rallie à Moscou

    Les déclarations du Pape François à la délégation du patriarcat de Moscou qu’il recevait en audience mercredi 30 mai étaient censées rester privées.

    Pourtant, le 2 juin, la salle de presse du Saint-Siège publiait la transcription intégrale de son discours. Il est vrai qu’à ce stade, il ne pouvait plus rester secret puisque le site Rome Reports avait presque immédiatement diffusé une vidéo contenant les passages-clés et que, surtout, le site officiel du patriarcat de Moscou avait largement relayé l’information, visiblement satisfait des déclarations du Pape.

    Une satisfaction bien compréhensible vu la manière dont François a épousé les thèses du patriarcat de Moscou, condamnant en revanche avec des mots très durs les positions de l’Église grecque-catholique ukrainienne.

    Voici ce que François a en fait déclaré à la délégation du patriarcat de Moscou, emmenée par son puissant « ministre des affaires étrangères », le métropolite Hilarion de Volokolamsk :

    « Devant vous, je voudrais répéter – et de façon particulière devant toi, cher frère, et devant vous tous – que l’Église catholique ne permettra jamais que naisse une attitude de division. Nous ne nous permettrons jamais de faire ça, je ne le veux pas.  À Moscou, en Russie, il y a un seul Patriarcat : le vôtre. Nous n’en aurons pas un autre.  Et quand un fidèle catholique, qu’il soit laïc, prêtre ou évêque, prend la bannière de l’uniatisme qui ne fonctionne plus, qui est finie, pour moi c’est aussi une douleur. Il faut respecter les Églises qui sont unies à Rome, mais l’uniatisme comme chemin d’unité, aujourd’hui, ne va pas.

    Et plus loin :

    « Les Églises catholiques ne doivent pas s’immiscer dans les choses internes de l’Église orthodoxe russe, pas même dans les choses politiques. C’est ma position et la position du Saint-Siège aujourd’hui. Ceux qui s’immiscent n’obéissent pas au Saint-Siège ».

    Ces mots de François peuvent sembler obscurs pour un non-initié mais ils deviennent très clairs quand on connaît l’historique.

     

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  • La radicalité religieuse liée à l'islam est bien plus un phénomène culturel et idéologique qu'un phénomène socioéconomique

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    D'Alexandre Devecchio sur Figaro Vox (LeFigaro.fr) :

    «La radicalisation religieuse n'est pas le fruit de facteurs sociaux ou économiques»

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Face aux théories de la «victimisation», le sociologue Olivier Galland démontre dans ses travaux que la radicalisation religieuse chez les lycéens est d'abord produite par le rapport à la violence et l'exposition aux théories du complot

    Olivier Galland est sociologue et directeur de recherche au CNRS. Il a codirigé une grande enquête sur la radicalité des lycéens, lancée à la suite des attentats de 2015.

    FIGAROVOX.- Les résultats de votre enquête sur la tentation radicale de la jeunesse ont fait couler beaucoup d'encre. Beaucoup d'observateurs ont salué votre travail, d'autres l'ont vivement critiqué. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d'avoir construit «un dossier à charge contre l'islam»?

    Olivier GALLAND.- Les résultats de notre enquête sont en décalage avec beaucoup de travaux qui ont été menés en France sur les jeunes d'origine immigrée ou les jeunes musulmans. Ces travaux ont essentiellement analysé cette jeunesse sous l'angle des discriminations qu'elle subit (qui sont réelles). Sous ce seul angle, soit ils ignorent la question de la radicalité, soit ils l'analysent comme le simple résultat de la victimisation. Or notre enquête montre que les choses sont beaucoup plus compliquées et que la radicalité religieuse ne semble pas avoir sa racine, dans la population lycéenne sur laquelle nous avons enquêté, dans un sentiment aigu de victimisation. C'est évidemment très dérangeant. Quant à l'accusation d'avoir construit un dossier à charge contre l'islam, elle ne repose sur aucun élément tangible, c'est un pur procès d'intention. Nous avons pris grand soin au contraire de construire un protocole méthodologique aussi objectif et neutre que possible. Cette exigence était d'ailleurs contenue dans l'idée que nous avons eue dès le départ de conduire une enquête comparative, en interrogeant des jeunes de différentes croyances et de différentes origines. De ce fait nous étions tenus de construire des questions religieusement «neutres», c'est-à-dire qui puisse être adressées à des jeunes de toutes croyances.

    On vous reproche notamment d'avoir privilégié dans votre échantillonnage les lycées à fortes populations musulmanes… Pourquoi ce choix?

    Il faut se rappeler le contexte dans lequel a été engagée cette recherche. Elle a fait suite à un appel à propositions du président du CNRS de l'époque, Alain Fuchs, après les attentats de 2015, pour engager des travaux sur ces questions de la radicalité. Il est indéniable qu'en France et dans le monde un extrémisme religieux, parfois sanglant, s'est développé au nom de l'islam. Ça ne veut pas dire évidemment que l'ensemble des musulmans ou même qu'une grande partie d'entre eux y adhère, mais il serait absurde de nier qu'il y a un lien entre une certaine conception de l'islam, fondamentaliste, et des formes de radicalité et de violence. Pour autant, on n'a pas d'idée précise du degré auquel la population musulmane partage ces idées. C'était précisément l'objet de cette recherche d'essayer d'y voir plus clair en menant une enquête de grande ampleur (près de 7 000 jeunes interrogés).

    La radicalité religieuse ne semble pas avoir sa racine dans un sentiment aigu de victimisation.

    Pour mener à bien ce projet, il fallait donc bien interroger des jeunes de confession musulmane! Sinon, il fallait renoncer à conduire cette recherche! Est-ce ce que proposent nos détracteurs? Par ailleurs, comme je l'ai déjà dit, nous n'avons pas interrogé que des musulmans: notre échantillon comprend 1 753 musulmans, mais également 1 609 catholiques ou protestants, 2 814 lycéens qui se déclarent sans religion et 163 qui déclarent une autre religion. Notre échantillon est donc religieusement diversifié et permet, encore une fois, de comparer les opinions des jeunes qui affichent ces différentes orientations religieuses.

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  • Attentat terroriste à Liège : des funérailles sous le signe de la Croix

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    L’évêque de Liège, Mgr Delville communique : « Les funérailles de Lucile Garcia et Soraya Belkacemi, les deux policières de la ville de Liège, tuées mardi 29 mai 2018, auront lieu au Centre funéraire de Robermont, mardi 5 juin à 10 h. en présence du Représentant du Roi et des autorités civiles. Elles seront présidées par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, assisté de l’abbé Jean-Pierre Pire, doyen de Liège, et de M. Jean-Pierre Huyts, membre de l’aumônerie catholique du Centre funéraire.

    L’accès sera réservé aux membres de la famille et aux membres des services de police. Le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, M. Jan Jambon, remettra aux deux policière la Croix civique de 1e classe à titre posthume. Le chef de corps de la Police de Liège, M. Christian Beaupère, prendra la parole pour rendre hommage aux défuntes. La cérémonie religieuse sera celle du Dernier Adieu et se composera d’abord d’hommages des familles. Ensuite interviendra le rite de la lumière, par l’entrée du cierge pascal ; il sera suivi d’un rite de la Tenue de Service, soulignant le sens du service des policières défuntes ; il sera illustré par deux lectures choisies par les familles : la première lettre de Jean sur le thème de l’amour (1 Jean 3,14-20) et l’évangile sur la tenue de service (Luc 12,35-38). L’homélie sera assurée par Mgr Delville. Elle sera suivie de la bénédiction des corps et du défilé d’hommage des autorités et des participants.

    Il est demandé à chacun de s’associer à distance par la prière et le recueillement à cette célébration de funérailles, conçue dans un esprit de dignité, de gratitude et d’espérance. »

    Par ailleurs, selon « La Libre Belgique », les obsèques du tueur Benjamin Herman se dérouleront dans une église chrétienne :

    « L'église de On, à Marche-En-Famenne : c'est là que se dérouleront les funérailles de Benjamin Herman, le tueur de l'attaque de Liège qui a fait trois morts, selon L'Avenir.

    Le corps de l'assaillant, tué par la police peu de temps après avoir perpétré ces crimes, sera inhumé dans le cimetière de la commune.

    L'abbé du village de On, François Barbieux, s'est exprimé sur la démarche de la famille de celui qui se serait radicalisé en prison : "La famille a tout à fait conscience de l’inacceptable, mais elle doit faire le deuil d’un fils, d’un tonton, d’un petit-fils, qui est décédé de manière tragique, de par les actes qu’il a posés avant son décès et de par la manière dont il est décédé."

    La police sera présente en masse pour sécuriser ces funérailles. »

    Ref. Attaque de Liège : Les obsèques du tueur Benjamin Herman se dérouleront dans une église chrétienne

    Qu’est-ce qu’un rite funéraire de la tenue de service? le communiqué de l’évêché nous explique le sens chrétien susceptible de lui être appliqué.

    JPSC

  • Les uniates sacrifiés sur l'autel du rapprochement avec le patriarcat orthodoxe de Moscou ?

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Le pape François rejette fermement l’uniatisme et rassure Moscou

    Recevant mercredi 30 mai une délégation du Patriarcat de Moscou, le pape François a fermement rejeté l’uniatisme comme « chemin d’unité aujourd’hui » et rejeté les demandes de l’Église gréco-catholique d’Ukraine d’être érigée en patriarcat.

    Qu’est-ce que l’uniatisme ?

    Après la séparation entre catholiques et orthodoxes, au début du Ier millénaire, différentes tentatives d’union ont eu lieu, menant des éléments des Églises orthodoxes à s’unir à Rome – de façon plus ou moins volontaire – tout en conservant leur liturgie et leur discipline.

    Qualifiées péjorativement d’« uniates » par les orthodoxes, qui leur reprochent d’être des « loups déguisés en agneaux », ces Églises catholiques orientales ont subi la persécution à l’époque communiste, étant souvent réintégrées de force dans leurs Églises orthodoxes d’origine. Après la chute du Mur, elles sont demeurées des pierres d’achoppement entre catholiques et orthodoxes, ceux-ci leur reprochant leur prosélytisme en terre orthodoxe.

    Quelle est la position catholique sur l’uniatisme ?

    Réunie à Balamand (Liban) en 1993, la commission de dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes avait convenu que « ce qui a été appelé uniatisme ne peut plus être accepté ni comme une méthode à suivre, ni comme un modèle de l’unité que nos Églises cherchent ».

    Cette « déclaration de Balamand » avait fait grand bruit, même si l’Église catholique ne l’a jamais officiellement ratifiée. Au contraire, en 2000, la lettre du cardinal Ratzinger aux évêques sur l’expression « Églises sœurs » semblait même remettre en question le fondement théologique de cette déclaration.

    Parallèlement, les velléités de l’Église gréco-catholique d’Ukraine d’être érigée en patriarcat de plein droit suscitent l’inquiétude de Moscou qui avait néanmoins obtenu que la déclaration signée le 12 février 2016 à La Havane par le pape François et le patriarche Kirill souligne que « la méthode de l’“uniatisme” du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre, en la détachant de son Église, n’est pas un moyen pour recouvrir l’unité ».

    Qu’a dit le pape François ?

    Mercredi 30 mai, en recevant une délégation du Patriarcat de Moscou, le pape François a tenu à rassurer les orthodoxes russes, prenant plusieurs fois soin de rappeler combien son interlocuteur, le métropolite Hilarion, responsable des relations extérieures de l’Église russe, était son « frère ».« À Moscou, en Russie, il n’y a qu’un seul patriarcat : le vôtre. Nous n’en aurons pas un autre. Et quand quelques fidèles catholiques, qu’ils soient laïcs, prêtres ou évêques, prennent la bannière de l’uniatisme qui ne fonctionne plus, qui est terminé, c’est aussi pour moi une douleur », a-t-il affirmé, dans un salut diffusé seulement samedi 2 juin par le Vatican. « Les Églises unies à Rome doivent être respectées, mais l’uniatisme comme chemin d’unité aujourd’hui ne va pas », a-t-il ajouté.

    Une fin de non-recevoir aux demandes répétées de l’Église gréco-catholique d’Ukraine propre à rassurer le Patriarcat de Moscou, alors que le pape François a invité notamment les Églises orthodoxes à une journée de prière et de réflexion sur la situation au Moyen-Orient, le 7 juillet à Bari. La présence du patriarche Kirill de Moscou, très influent chez les orthodoxes du Moyen-Orient, y est espérée.

    Dans son discours, le pape a aussi fait un geste supplémentaire vis-à-vis de Moscou, soulignant que « les Églises catholiques ne doivent pas s’immiscer dans les choses internes de l’Église orthodoxe russe, ni dans les questions politiques. Ceci est ma position et la position du Saint-Siège ». Façon de dire que l’Église catholique ne se prononcera pas sur le projet du président ukrainien d’obtenir une Église orthodoxe indépendante de la Russie, véritable casus belli pour Moscou.

  • Quand Eric de Beukelaer tacle le philosophe (UCL) Jean Leclercq

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    On le savait déjà, l'UCL n'est plus catholique que de nom. Une de ses éminences, interrogée sur les ondes de la RTBF trop heureuse de lui offrir une tribune médiatique, s'est faite l'apôtre d'un libre-examinisme rejetant toute croyance religieuse. A un Stéphane Mercier qui a été exclu en raison de la claire affirmation de ses positions éthiques strictement catholiques, la dite université "catholique" préfère très certainement un Jean Leclercq qui prêche le rejet de toute conviction religieuse. Bravement, le chanoine de Beukelaer monte au créneau.

    Lu sur le blog du chanoine Eric de Beukelaer :

    Pas de libre-examen pour les croyants…

    Qu’un professeur en philosophie de l’UCL (Université Catholique de Louvain) déclare ce jour sur les ondes de la radio publique RTBF Première, dans l’émission « Et Dieu dans tout ça », que le libre-examen (dans le sens du bon usage de la raison qui « fait advenir la vérité ») n’est pas à proprement parler accessible aux croyants, voilà qui a le mérité de la franchise et de la clarté.  Je le cite: « On ne peut pas faire coexister le libre-examen et la croyance religieuse, parce que le deux termes relèvent de la pure contradiction (…) Le libre-examen c’est un affranchissement, c’est une libération, c’est une élucidation. Et je crois donc qu’il demande de se libérer des modes de la croyance religieuse ». 
    Evidemment, étant croyant, je ne suis pas pleinement légitime pour lui répondre, vu que qu’il jugera que mon esprit est voilé par un certain a-priori dogmatique. 
    Et que moi, de mon côté, je pense que son esprit est voilé par un certain parcours de vie.
     
    Je me contente donc de tirer ici trois conclusions d’une prise au sérieux de ce qu’il énonce : 
    1. Cela signifie que son université de tradition catholique, a longtemps été une forme d’imposture, du moins à chaque fois que la croyance chrétienne irriguait le savoir qu’elle prodiguait. 
    2. Cela signifie que Gandhi, Martin Luther King, Mandela et l’abbé Pierre, tous croyants, n’usaient pas totalement lucidement de leur raison.
    3. Cela signifie qu’un croyant est potentiellement moins bon démocrate qu’un non-croyant, la démocratie se fondant sur l’usage de la raison. Et qu’il est donc dans l’intérêt de la démocratie d’empêcher la croyance de s’étendre, au nom du bien commun. Le libre-examinisme non-religieux est, dès lors, appelé à devenir la nouvelle fondation philosophique du contrat social. Bref,… la nouvelle religion d’état.
     
    Qu’il existe un libre-examinisme propre aux personnes qui ne sont pas croyantes, je serai le dernier à le contester. 
    Déclarer, cependant, que seul celui qui n’est pas croyant, est capable d’un libre examen de la réalité, me semble une affirmation fort peu… libre-exaministe.   
  • A propos de l'enquête d'opinion de l'Institut PEW concernant les chrétiens d'Europe

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    De Mireille Vallette sur dreuz.info :

    L’Institut Pew dévoile les résultats d’une enquête d’opinion à propos des chrétiens d’Europe, en lien avec leur degré de pratique. Un seul résultat est spectaculaire… que les rédacteurs dissimulent.

    Petit quiz :

    • Si une religion est sans cesse persécutée par une autre dans le monde, ses adeptes auront-ils une image très positive de ce culte?
    • Seront-ils ouverts à l’immigration dans leur pays lorsque celle-ci comprend une immense part des croyants de la religion persécutrice?
    • Les pratiquants fervents d’une religion seront-ils plus ouverts sur le plan des mœurs que les adeptes mous ou les athées?

    Les réponses sont évidentes, même sans étude sociologique. L’intitulé des questions que pose l’institut Piew dans une vaste enquête est différent, il oublie ces dures réalités. Au fil de 24 000 entretiens téléphoniques dans 15 pays, l’enquête nous explique ce que signifie «Etre chrétien en Europe de l’Ouest». Les découvertes spectaculaires sont rares et les truismes nombreux. L’avalanche de sujets et de chiffres fera surtout le miel des chercheurs.

    L’étude ne dit pas un mot de la persécution ni de l’éradication des chrétiens. Le même institut observe pourtant en 2016 que l’Irak comptait environ un million de chrétiens avant 2003, contre 300 000 en 2016 ; la Syrie environ 2 millions en 2011, et 500 000 cinq ans plus tard ; en Turquie, un quart de la population il y a un siècle, 0,1% aujourd’hui.

    Seuls les mauvais esprits feront un lien entre opinions des sondés et pratiques de sauvages. La conclusion, implicite et limpide, c’est que, notamment en ce qui concerne les musulmans et l’invasion migratoire, les chrétiens sont bien intolérants. Et c’est ce que les médias reprennent en bons chiens de Pavlov.

    La Radio suisse par exemple, paraphrase le communiquée de Piew: «Enfin, tous pays confondus, l’enquête montre un lien clair entre l’appartenance déclarée à une confession chrétienne d’une part, et une attitude plus nationaliste et moins ouverte à l’encontre des religions juive et musulmane que chez les personnes sans religion, d’autre part.» Notons que le rejet de la religion juive, réel, est nettement moindre que celui d l’islam.

    D’autres vérités encore découvrent ce que chacun sait: les chrétiens pratiquants sont plus nombreux que les observants lointains ou les athées à être hostiles aux symboles vestimentaires de l’islam, à s’opposer au droit à l’avortement et au mariage pour tous, à considérer que l’islam est incompatible avec les valeurs de leur pays. Et à estimer, mais qui oserait le contester, que leur culture est supérieure aux autres.

    Les chercheurs le confirment: « …l’identité chrétienne en Europe de l’Ouest est associée à des niveaux plus élevés de sentiment négatif à l’égard des immigrés et des minorités religieuses.»

    Ils ont pourtant obtenu à ce propos, un score que vous ne trouverez ni dans le communiqué de Pew, ni dans les 52 pages de résumé en français, mais qui n’a pas échappé à Fdesouche. Chrétiens ou non, 84% de l’ensemble des interviewés souhaitent soit que l’immigration soit stoppée («que le nombre d’immigrants dans le pays reste à son niveau actuel») (46%), soit qu’elle soit inversée («que le nombre d’immigrants dans le pays soit diminué») (38%).

    Suisse : 58% favorables au statu quo, 31% à la diminution (89% au total).

    France : 53% et 30% (83%). Mais il existe encore 10% d’extraterrestres qui voudraient la voir augmenter. Et 17% au Portugal, 16% en Suède, 8% en Suisse.

    Le risque était grand que si Piew mettait en évidence ces chiffres, les médias les reprennent en titre.

    Le «Huffington post» développe dans un article un autre résultat: une majorité d’Européens ne savent pas grand-chose sur l’islam, sous-entendu ils ne savent pas de quoi ils parlent quand ils le critiquent. Faut-il donc avoir lu le Coran pour constater les gigantesques dégâts que l’Europe doit à cette religion?

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    © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

  • Une approche des religions et de la société en Europe réalisée grâce à une enquête du PEW

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    Nous vous conseillons vivement de consulter cette étude de PEW dont un ami nous livre quelques données :

    http://assets.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/11/2018/05/24143010/Being-Christian-in-Western-Europe-FOR-WEB1.pdf

    C’est très sérieux et les marges d’erreur sont faibles (Pour la Belgique : 1500 répondants, +/- 3,1% de marge d’erreur). Elle permet en outre une comparaison entre 15 pays européens.

    La première partie parle du nationalisme, du sentiment anti-immigration et du ressenti par rapport aux minorités. 

    La seconde parle plus spécifiquement des chrétiens.

    Quelques chiffres : 

    - 55% des Belges s’identifient comme chrétiens, 38% ne s’identifient à aucune religion

    - 11% sont pratiquants (chaque semaine / une fois par mois) + 20% quelques fois par an

    - 11% prient quotidiennement, 15% occasionnellement ; 19% parfois ; 55% jamais

    - 42% de la population croient en Dieu (13% en sont certains, 20%  plutôt, 9% pas très certains) mais parmi le groupe qui s’identifie comme chrétien, c'est 63% ( 37% de chrétiens ne croient pas en Dieu ! "chrétiens sociologiques" ?) 

    - le sentiment d’engagement est faible pour 68%, modéré pour 22%, élevé pour 10% élevé (chez les chrétiens : 54, 32 et 14)

    - 23% des Belges pensent que les politiques gouvernementales devraient soutenir les valeurs et les croyances religieuses (un des taux les plus bas d’Europe), et seulement 45% des chrétiens très engagés

    - 10% sont nettement opposés au mariage homosexuel (extrêmes : 7 en Suède, 38 en Italie); parmi les chréteiens très engagés, 53% approuvent

    - 13% sont nettement opposés à l’avortement ; 68% parmi les chrétiens très engagés approuvent le "droit à l'avortement"

    Et une petite dernière pour la route :

    - 51% des Belges décèlent un certain soutien à l'extrémisme parmi les musulmans à l'intérieur de leurs communautés; 37% se sentent aliénés en raison du nombre de musulmans en Belgique

  • Irlande : la hiérarchie catholique ne s’est pas impliquée ouvertement dans la campagne du referendum sur la libéralisation de l’avortement. Le résultat sera connu lundi.

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    irlande_avortement_vote_sipa.jpgEn Irlande le 8e amendement de la Constitution, qui reconnaît un droit égal à la vie entre la mère et l’enfant à naître, est remis en question et fait l’objet d’un référendum ce vendredi 25 mai. Alors que les mobilisations du projet « Love both, vote no » s’intensifient dans un pays où près de 80% des habitants se déclarent catholiques, 53% de la population se dit favorable à une réforme . De l’avocate Gabrielle de Loynes sur le site « aleteia » :

    « La reconnaissance constitutionnelle du droit à la vie d’un enfant à naître en Irlande empêche toute législation élargissant le droit à l’avortement. L’objet du référendum du 25 mai est précisément d’abroger le 8e amendement de la Constitution et, par conséquent, de légaliser l’avortement, sans condition, dans les douze premières semaines de grossesse, comme c’est le cas en France. Ce référendum était une promesse de campagne du Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, arrivé au pouvoir en juin 2017, selon lequel la Constitution n’a pas vocation à « établir des affirmations définitives sur des sujets médicaux, moraux et légaux ».

    La possibilité d’avorter n’est jamais acquise

    La législation sur l’avortement en Irlande est l’une des plus restrictives en Europe et dans le monde puisqu’elle ne l’autorise que si la grossesse fait courir à la mère un « risque réel et substantiel », qui doit être justifié par deux médecins. En Europe, seul Malte, où le catholicisme est religion d’État, interdit totalement l’interruption volontaire de grossesse, tandis que dans le monde, c’est encore le cas de nombreux pays dont la Corée du Sud, les Philippines, le Sénégal ou encore Madagascar. 

    De nombreux pays d’Afrique ont fait le choix de restreindre l’accès à l’avortement à condition de mettre en danger la vie de la mère, parmi lesquels la Côte d’Ivoire. Cette même restriction se retrouve au Liban, au Guatemala, au Paraguay et au Venezuela. Plus élargi, le droit à l’avortement au Brésil, au Chili, et en Pologne est également autorisé si la grossesse résulte d’un acte criminel et si le fœtus présente de graves malformations. Ainsi, à l’exception de Malte, de la Pologne et de l’Irlande, ce sont les femmes d’Europe et d’Amérique du Nord qui disposent des législations les plus libérales. Depuis le 30 mars 2018, Chypre a rejoint la liste de ces pays libéraux.

    Lire aussi : Avortement en Irlande : le référendum est-il seulement une affaire de religion ?

    Mais, la possibilité d’avorter n’est jamais acquise et le sujet demeure sensible dans de nombreux pays. À titre d’exemple, dès le quatrième jour de son mandat, Donald Trump, Président des États-Unis, a signé un décret interdisant le financement fédéral d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement. À l’ombre de la loi, la pratique a aussi son importance. En Italie, où l’IVG est légale, 70% des médecins se disent « objecteurs de conscience » et refusent de la pratiquer, ce qui en rend l’avortement relativement difficile. À l’échelle de l’Union européenne, le délai pendant lequel l’avortement peut être pratiqué varie de 10 semaines (24,3% des États membres), à 12 (56%), 14 (10%), 16 semaines en Suède ou 24 au Royaume-Uni. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qu’il soit largement autorisé, restreint ou interdit, chaque année environ 56 millions d’avortements ont lieu dans le monde.

    En Irlande, la particularité d’un droit égal à la vie

    Le 8e amendement de la Constitution irlandaise garantit « le droit à la vie » de l’embryon, en instaurant cette spécificité du « droit égal à la vie de la mère». À l’exception du risque mortel pour la mère, ajouté en 2013, l’avortement est prohibé même en cas de viol, d’inceste ou de malformation du fœtus, au risque d’encourir une peine de 14 ans d’emprisonnement. Malgré cette interdiction, plusieurs milliers d’irlandaises (3.679 en 2013) se rendent chaque année à l’étranger, principalement au Royaume-Uni, pour avorter. Cette réalité, les pro-life irlandais, défenseurs du 8e amendement, ne l’ignorent pas, mais ils craignent les dérives d’un avortement « à la demande » qui concerne les enfants « handicapés comme valides » et dénoncent « l’industrie de l’avortement ».

    Lire aussi : Le pape François critique vertement les avortements thérapeutiques

    Selon Paul Staunton, militant pro-life depuis cinq mois, « avec la légalisation, on pourra choisir qui a le droit de vivre et qui ne l’a pas ». Patrick Finegan, autre militant pour la vie, déplore que les pro-avortement font valoir le droit au choix, « mais ils n’évoquent que celui de l’avortement ». Pour Radko Vykukal, 22 ans, « il y a plein d’autres façons d’aider les femmes qui ne veulent pas de leur enfant, pensez à l’adoption. Depuis la légalisation du mariage gay [en 2015], la demande d’enfants est d’autant plus grande ». Le bébé à naître, lui n’a jamais le choix. C’est cette voix que porte le « Love Both project », celle de l’enfant à naître que l’on n’entend pas. Celle d’un être vivant qui, sans intervention de l’homme, est amené à vivre et faire ses propres choix. Une voix ni inférieure, ni supérieure mais seulement égale à celle de sa mère et de son père. Leur ambition est de défendre « la beauté de la vie » et « les plus vulnérables » en protégeant la vie à naître et en soutenant les femmes qui vivent des grossesses non désirées.

    L’Église irlandaise adopte une position nuancée

    Dans un pays où la population est majoritairement catholique, il est surprenant de constater que l’Église irlandaise soit restée relativement discrète durant la campagne sur le référendum. Pour Linda Hogan, professeur de religion au Trinity College de Dublin, il s’agit d’une « décision stratégique ». Selon elle, l’Église ne renonce pas à défendre la dignité humaine, mais ses messages se diffusent plutôt « au niveau de la paroisse que des ondes nationales ». L’association des prêtres catholiques (ACP) s’est d’ailleurs inquiétée de l’utilisation de la chaire d’une église comme tribune de l’opposition à la révision du droit à l’avortement, jugeant ce type d’intervention « inapproprié ».

    Lire aussi : L’Irlande du Nord bientôt majoritairement catholique ?

    Si la position de l’Église est constante, reconnaissant un droit à la dignité identique pour l’enfant à naître, dès l’instant de sa conception, à celui de toutes les personnes humaines, son message semble évoluer de la sanction à la compassion. Sans transiger, son discours s’oriente progressivement vers une reconnaissance globale et plus marquée des opinions variées de la société. Soucieux de ne pas rigidifier ce « principe non négociable » qu’est l’opposition à l’avortement au détriment de la miséricorde, le pape François, pour qui « cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains » (Evangelii Gaudium), se veut toutefois à l’écoute des personnes en souffrance. Depuis 2016, à son initiative, tous les prêtres ont la faculté d’absoudre le péché d’avortement. Il n’en demeure pas moins qu’en parfaite adéquation avec l’actuelle Constitution irlandaise, l’Église admet seulement l’avortement thérapeutique, pour sauver la vie de la mère ou pour éviter un dommage grave et irréversible sur sa santé. »

    Ref : Love both vote no » : l’avortement en question en Irlande

    JPSC

  • Mariages mixtes : l’archevêque de Philadelphie s’oppose, comme son confrère le Cardinal de Cologne, à l’accès des conjoints protestants à la communion catholique

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    Chaput-with-Pope-a.jpgMettre la pagaille est-il devenu une méthode de gouvernement dans l' Eglise? Notre confrère « Diakonos.be » relaie à ce sujet la traduction française d'une réflexion de Sandro Magister sur son site « Settimo cielo » :

    « Si on réécoute et qu’on regarde à nouveau aujourd’hui la réponse tortueuse – oui, non, je ne sais pas, faites comme vous voulez – donnée par le Pape François le 15 novembre 2015 dans l’église luthérienne de Rome à la femme protestante qui lui demandait si elle pouvait communier à la messe avec son mari catholique, on se dit qu’il s’agissait d’un portrait fidèle de la réalité :

    > « Mi chiamo… »

    Les oui, non, je ne sais pas, faites comme vous voulez que François a prononcés à cette occasion n’étaient pas les tâtonnements à l’aveugle de quelqu’un qui ne savait pas quoi répondre mais précisément le contraire.  Ils disaient bien ce que le pape voulait qu’il se passe et qui est en effet en train d’arriver aujourd’hui dans l’Église.

    Le déclencheur a été cette décision prise à la majorité des évêques par l’Allemagne en février dernier d’admettre les conjoints protestants à la communion eucharistique. Une décision qui a provoqué une levée de boucliers de la part des évêques dissidents, dont sept d’entre eux – y compris le cardinal de Cologne Rainer Woelki – ont fait appel à Rome, à la Congrégation pour la doctrine de la foi :

    > Un cardinal, sept évêques et quatre nouveaux « dubia ». Cette fois sur l’intercommunion

    Le Pape François a alors convoqué un sommet à Rome pour mettre autour de la table les autorités du Vatican compétentes en matière de doctrine et d’œcuménisme avec les représentants allemands des deux parties en désaccord. Mais ce sommet, qui s’est tenu le 3 mai, s’est dans les faits terminé sur un match nul par la volonté du Pape.  Ou plus précisément, par l’ordre donné par François aux évêques allemands de « trouver, dans un esprit de communion ecclésiale, un résultat si possible unanime ».  En pratique, un tel accord étant impensable, il s’agit d’un feu vert pour toutes les positions diverses et variées.

    Et c’est bien ce qui est en train de se produire. Avec en plus la division qui, étant donné la gravité extrême de la matière en jeu, puisqu’elle touche à la conception même de l’eucharistie et donc du sacrement qui est « la source et le sommet de la vie de l’Église », dépasse les frontières de l’Allemagne et est en train de secouer l’Église catholique toute entière, avec des interventions opposées de cardinaux et d’évêques de premier ordre, tel que par exemple – en défense de la « bonne doctrine » mise en danger par le refus du Pape de « faire la clarté » – le cardinal hollandais Willem Jacobus Eijk :

    > Alerte générale dans l’Eglise. Mais François la laisse retentir dans le vide

    Il était donc prévisible que l’une ou l’autre voix s’élève des Etats-Unis, un autre pays dans lequel le grand nombre de mariages mixtes rend cette controverse particulièrement vive.

    Et c’est bien ce qui s’est passé le 23 mai avec cette intervention dans « First Things » de l’archevêque de Philadelphie, Charles J. Chaput (photo), qui critique lui aussi sévèrement la « protestantisation » de l’Eglise catholique, autrement dit cette dérive généralisée que beaucoup considèrent comme caractéristique du pontificat actuel et qui se manifeste notamment par l’ « atrophie » des sacrements tels que le mariage, la confession et, précisément, l’eucharistie.

    > What Happens in Germany

    Voici le passage central de son article qu’il est toutefois bon de lire dans son intégralité :

    *

    Une façon polie de dissimuler la vérité

    par Charles J. Chaput

    La question de savoir qui peut recevoir l’Eucharistie, quand et comment, ne concerne pas que l’Allemagne. Si, comme l’affirme Vatican II, l’Eucharistie est la source et le sommet de notre vie chrétienne et le sceau de notre unité catholique, alors les réponses à ces questions ont des implications pour l’Église toute entière.  Elles nous concernent tous.  Dans cette optique, voici quelques points de réflexion et de discussion que je propose, en tant que simple évêque diocésain parmi tant d’autres :

    1. Si l’Eucharistie est vraiment le signe et l’instrument de l’unité de ecclésiale, alors en changeant les conditions de la communion, ne redéfinit-on pas aussi ce qu’est l’Église ?
    2. Que ce soit intentionnel ou pas, c’est pourtant exactement ce que va faire la proposition allemande. Il s’agit de la première étape pour ouvrir la communion à tous les Protestants ou à tous les baptisés puisqu’en définitive le mariage ne constitue pas en lui-même une raison pour autoriser la communion aux non-catholiques.
    3. La communion présuppose une foi et un credo commun, y compris une foi surnaturelle en la présence réelle de Jésus Christ dans l’Eucharistie, ainsi que dans les sept sacrements reconnus par la tradition permanente de l’Église catholique. En remettant cela en cause, la proposition Allemande adopte dans les faits une notion protestante de l’identité ecclésiale. Être baptisé et croire au Christ semble suffire, sans qu’il soit nécessaire de croire au mystère de la foi telle que la tradition catholique et ses conciles la comprennent. Le conjoint protestant devra-t-il croire aux ordres sacrés tel que l’Église catholique les comprend, puisque ceux-ci sont logiquement en lien avec la croyance que le pain et le vin sont le corps et le sang du Christ ? Ou bien les évêques allemands suggèrent-ils que le sacrement de l’Ordre pourrait ne pas dépendre de la succession apostolique ? En ce cas, nous serions face à une erreur bien plus grave.
    4. La proposition allemande brise le lien vital entre la communion et la confession sacramentelle. On suppose que cela n’implique pas que le conjoint protestant doive confesser ses péchés graves avant de communier. Ce qui entre pourtant en contradiction avec la pratique permanente et l’enseignement dogmatique de l’Église catholique, le concile de Trente, le catéchisme de l’Église catholique actuel ainsi qu’avec le Magistère ordinaire. Ce qui aurait pour effet d’entraîner une protestantisation de la théologie catholique des sacrements.
    5. Si l’enseignement de l’Église peut être ignoré ou renégocié, y compris un enseignement ayant reçu une définition conciliaire (dans le cas présent, à Trente), est-ce que tous les conciles peuvent être historiquement relativisés et renégociés ? Aujourd’hui, de nombreux protestants libéraux rejettent l’enseignement sur la divinité du Christ du Concile de Nicée ou le considèrent comme un simple bagage historique. Le conjoint protestant devra-t-il croire à la divinité du Christ ? S’ils doivent croire à la présence réelle du Christ dans le sacrement, pourquoi ne devraient-ils pas partager la croyance catholique dans les ordres sacrés et dans le sacrement de réconciliation ? Et s’ils croient à tout cela, pourquoi ne sont-ils pas invités à devenir catholique afin d’entrer en communion visible et entière ?
    6. Si les Protestants sont invités à la communion catholique, les catholiques seront-ils toujours empêchés de communier chez les protestants ? Si c’est le cas, pourquoi en seraient-ils empêchés ? Si on ne les en empêche pas, est-ce que cela n’implique pas que la vision catholique des ordres sacrés et de la consécration eucharistique valide serait en fait fausse et, si elle est fausse, que les croyances protestantes seraient vraies ? Si l’intercommunion n’est pas censée entraîner une équivalence entre les conceptions catholiques et protestantes de l’Eucharistie, alors la pratique de l’intercommunion induit le croyant en erreur. N’est-ce pas là un cas d’école de « cause de scandale » ? Et cela ne sera-t-il pas considéré par beaucoup comme une forme polie de tromperie ou comme une tentative de cacher des enseignements plus difficiles dans le contexte de la discussion œcuménique ? On ne peut construire l’Unité sur un processus qui dissimule systématiquement la vérité de nos différences.

    L’essence de la proposition allemande sur l’intercommunion c’est qu’on pourrait partager la sainte communion même sans qu’il y ait véritablement d’unité dans l’Église. Cela frappe au cœur la véritable nature du sacrement de l’Eucharistie parce que, par sa nature même, l’Eucharistie c’est le corps du Christ.  Et le « corps du Christ », c’est la présence réelle et substantielle du Christ sous les apparences du pain et du vin ainsi que l’Église elle-même, la communion des croyants unis au Christ, à la tête.  Recevoir l’eucharistie, c’est proclamer d’une façon publique et solennelle, devant Dieu et dans l’Église, qu’on est en communion à la fois avec Jésus et avec la communauté visible qui célèbre l’eucharistie. »

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Communion aux protestants. La bombe a explosé en Allemagne mais toute l’Église est sous le choc

    JPSC