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Société - Page 569

  • Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

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    Sur le site de l’Eglise catholique de Paris :

    Vingt Trois et Hollande.jpg

    Mesdames et Messieurs,

    Frères et Sœurs,

    1. Seigneur, nous as-tu abandonnés ?

    « Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? »En ce moment terrible que nous vivons, comment ne ferions-nous pas nôtre ce cri vers Dieu du prophète Jérémie au milieu des attaques dont il était l’objet ? Comment ne pas nous tourner vers Dieu et comment ne pas Lui demander des comptes ? Ce n’est pas manquer à la foi que de crier vers Dieu. C’est, au contraire, continuer de lui parler et de l’invoquer au moment même où les événements semblent remettre en cause sa puissance et son amour. C’est continuer d’affirmer notre foi en Lui, notre confiance dans le visage d’amour et de miséricorde qu’il a manifesté en son Fils Jésus-Christ.

    Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un Dieu de la mort, un moloch qui se réjouirait de la mort de l’homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l’invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l’humanité cède à leur mirage. L’espérance inscrite par Dieu au cœur de l’homme a un nom, elle se nomme la vie. L’espérance a un visage, le visage du Christ livrant sa vie en sacrifice pour que les hommes aient la vie en abondance. L’espérance a un projet, le projet de rassembler l’humanité en un seul peuple, non par l’extermination mais par la conviction et l’appel à la liberté. C’est cette espérance au cœur de l’épreuve qui barre à jamais pour nous le chemin du désespoir, de la vengeance et de la mort.

    C’est cette espérance qui animait le ministère du P. Jacques Hamel quand il célébrait l’Eucharistie au cours de laquelle il a été sauvagement exécuté. C’est cette espérance qui soutient les chrétiens d’Orient quand ils doivent fuir devant la persécution et qu’ils choisissent de tout quitter plutôt que de renoncer à leur foi. C’est cette espérance qui habite le cœur des centaines de milliers de jeunes rassemblés autour du Pape François à Cracovie. C’est cette espérance qui nous permet de ne pas succomber à la haine quand nous sommes pris dans la tourmente. 

    Cette conviction que l’existence humaine n’est pas un simple aléa de l’évolution voué à la destruction inéluctable et à la mort habite le cœur des hommes quelles que soient leurs croyances et leurs religions. C’est cette conviction qui a été blessée sauvagement à Saint-Étienne du Rouvray et c’est grâce à cette conviction que nous pouvons résister à la tentation du nihilisme et au goût de la mort. C’est grâce à cette conviction que nous refusons d’entrer dans le délire du complotisme et de laisser gangrener notre société par le virus du soupçon.

    On ne construit pas l’union de l’humanité en chassant les boucs-émissaires. On ne contribue pas à la cohésion de la société et à la vitalité du lien social en développant un univers virtuel de polémiques et de violences verbales. Insensiblement, mais réellement cette violence virtuelle finit toujours par devenir une haine réelle et par promouvoir la destruction comme moyen de progrès. Le combat des mots finit trop souvent par la banalisation de l’agression comme mode de relation. Une société de confiance ne peut progresser que par le dialogue dans lequel les divergences s’écoutent et se respectent. 

    1. La peur de tout perdre

    La crise que traverse actuellement notre société nous confronte inexorablement à une évaluation renouvelée de ce que nous considérons comme les biens les plus précieux pour nous. On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman pour lequel nous devrions résister coûte que coûte. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs, et c’est bien dommage. Pour une bonne part, la défiance à l’égard de notre société, – et sa dégradation en haine et en violence – s’alimente du soupçon selon lequel les valeurs dont nous nous réclamons sont très discutables et peuvent être discutées. Pour reprendre les termes de l’évangile que nous venons d’entendre : quel trésor est caché dans le champ de notre histoire humaine, quelle perle de grande valeur nous a été léguée ? Pour quelles valeurs sommes-nous prêts à vendre tout ce que nous possédons pour les acquérir ou les garder ? Peut-être, finalement, nos agresseurs nous rendent-ils attentifs à identifier l’objet de notre résistance ?

    Quand une société est démunie d’un projet collectif, à la fois digne de mobiliser les énergies communes et capable de motiver des renoncements particuliers pour servir une cause et arracher chacun à ses intérêts propres, elle se réduit à un consortium d’intérêts dans lequel chaque faction vient faire prévaloir ses appétits et ses ambitions. Alors, malheur à ceux qui sont sans pouvoir, sans coterie, sans moyens de pression ! Faute de moyens de nuire, ils n’ont rien à gagner car ils ne peuvent jamais faire entendre leur misère. L’avidité et la peur se joignent pour défendre et accroître les privilèges et les sécurités, à quelque prix que ce soit. 

    Est-il bien nécessaire aujourd’hui d’évoquer la liste de nos peurs collectives ? Si nous ne pouvons pas nous en affranchir, en nommer quelques-unes nous donne du moins quelque lucidité sur le temps que nous vivons. Jamais sans doute au cours de l’histoire de l’humanité, nous n’avons connu globalement plus de prospérité, plus de commodités de vie, plus de sécurité, qu’aujourd’hui en France. Les plus anciens n’ont pas besoin de remonter loin en arrière pour évoquer le souvenir des misères de la vie, une génération suffit. Tant de biens produits et partagés, même si le partage n’est pas équitable, tant de facilités à vivre ne nous empêchent pas d’être rongés par l’angoisse. Est-ce parce que nous avons beaucoup à perdre que nous avons tant de peurs ?

    L’atome, la couche d’ozone, le réchauffement climatique, les aliments pollués, le cancer, le sida, l’incertitude sur les retraites à venir, l’accompagnement de nos anciens dans leurs dernières années, l’économie soumise aux jeux financiers, le risque du chômage, l’instabilité des familles, l’angoisse du bébé non-conforme, ou l’angoisse de l’enfant à naître tout court, l’anxiété de ne pas réussir à intégrer notre jeunesse, l’extension de l’usage des drogues, la montée de la violence sociale qui détruit, brûle, saccage et violente, les meurtriers aveugles de la conduite automobile… Je m’arrête car vous pouvez très bien compléter cet inventaire en y ajoutant vos peurs particulières. Comment des hommes et des femmes normalement constitués pourraient-ils résister sans faiblir à ce matraquage ? Matraquage de la réalité dont les faits divers nous donnent chaque jour notre dose. Matraquage médiatique qui relaie la réalité par de véritables campagnes à côté desquelles les peurs de l’enfer des prédicateurs des siècles passés font figure de contes pour enfants très anodins. 

    Comment s’étonner que notre temps ait vu se développer le syndrome de l’abri ? L’abri antiatomique pour les plus fortunés, abri de sa haie de thuyas pour le moins riche, abri de ses verrous, de ses assurances, appel à la sécurité publique à tout prix, chasse aux responsables des moindres dysfonctionnements, bref nous mettons en place tous les moyens de fermeture. Nous sommes persuadés que là où les villes fortifiées et les châteaux-forts ont échoué, nous réussirons. Nous empêcherons la convoitise et les vols, nous empêcherons les pauvres de prendre nos biens, nous empêcherons les peuples de la terre de venir chez nous. Protection des murs, protection des frontières, protection du silence. Surtout ne pas énerver les autres, ne pas déclencher de conflits, de l’agressivité, voire des violences, par des propos inconsidérés ou simplement l’expression d’une opinion qui ne suit pas l’image que l’on veut nous donner de la pensée unique.

    Silence des parents devant leurs enfants et panne de la transmission des valeurs communes. Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation des déviances. Silence des votes par l’abstention. Silence au travail, silence à la maison, silence dans la cité ! A quoi bon parler ? Les peurs multiples construisent la peur collective, et la peur enferme. Elle pousse à se cacher et à cacher. 

    C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces. Où trouverons-nous la force de faire face aux périls si nous ne pouvons pas nous appuyer sur l’espérance ? Et, pour nous qui croyons au Dieu de Jésus-Christ, l’espérance c’est la confiance en la parole de Dieu telle que le prophète l’a reçue et transmise : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants. »

    « Mon rempart, c’est Dieu, le Dieu de mon amour. »

    Amen !

    Cardinal André VINGT-TROIS

    Archevêque de Paris. »

    Ref.Homélie du cardinal André Vingt-Trois – Messe pour les victimes de Saint-Étienne du Rouvray

    JPSC

  • Journées mondiales de la jeunesse: à Cracovie, le pape Francois marche sur des œufs

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    C’est ce que croit pouvoir constater Christian Laporte dans la « Libre Belgique »  (extrait) :

    « Depuis une semaine et demie, des milliers de jeunes catholiques cheminent dans la prière mais aussi dans la joie et la bonne humeur vers la Pologne qui accueille pour la 2e fois depuis leur création en 1984 les Journées mondiales de la jeunesse. Après Czestochowa, haut lieu marial s’il en est, en août 1991, cap est mis cette fois sur la capitale culturelle, Cracovie, autre ville chère à Jean-Paul II.

    Né non loin de là, à Wadowice, il y fit ses études et y fut ordonné tout en menant une riche vie culturelle avant de s’envoler au propre et au figuré vers Rome. Déjà élevé à la dignité des autels, le pape polonais est devenu naturellement le saint patron des ou plutôt de "ses" JMJ. Et Dieu sait si le culte des saints reste fort dans un pays de tradition catholique à l’Est de l’Europe…

    Le fidèle secrétaire 

    On estime entre un million et demi et deux millions le nombre de jeunes pèlerins qui, issus de plus de 80 nationalités, participeront au programme proprement dit de ce grand "pow wow des jeunes cathos" qui a démarré mardi par une célébration solennelle présidée par l’actuel archevêque et ancien secrétaire du pape précité, le cardinal Stanislas Dziwisz. A ses côtés trônaient les symboles des JMJ : la grande croix de plus de trois mètres, instaurée lors de l’année sainte de la rédemption, en 1984, et l’icône de la Vierge Salus Populi Romani, signe de protection maternelle pour les jeunes qui portaient la marque de fabrique de Karol Wojtyla. C’est dire si en filigrane de la rencontre on a déjà évoqué et on évoquera beaucoup la personnalité du père des JMJ. 

    Le pardon et la miséricorde

    Et qu’on n’arrêtera pas de faire des comparaisons entre le pape d’hier et l’actuel qui, jusque sur les banderoles déployées devant les églises doit se contenter d’un portrait plus petit que son prédécesseur. Reste que sur le fond, les thématiques développées il y a un quart de siècle et ces prochains jours sont proches : Jean-Paul II insista sur le pardon là où l’actuel évêque de Rome a tout placé sous le thème de l’année de la miséricorde.

    N’empêche que François devra tenir compte de l’actuel contexte polonais. Jean-Paul II s’imposait dès qu’il apparaissait; grande conscience morale de la Pologne sous le joug, il incarnait son pays et ses valeurs et surtout il les sortit de l’enfer du communisme.

    De son côté, le pape argentin marche sur des œufs parce que l’Eglise locale y emprunte désormais souvent les voies gouvernementales les plus conservatrices. Et sur pas mal de dossiers, l’Eglise polonaise n’approuve que du bout des lèvres certaines audaces de Jorge Mario Bergoglio. Là où François plaide, actes à l’appui pour l’accueil des réfugiés - jusqu’à en ramener plusieurs au Vatican après sa visite sur l’île de Lesbos - l’Eglise polonaise demanda timidement de créer "un couloir humanitaire pour les migrants", sous-entendant avec le pouvoir politique qu’ils ne sont pas vraiment les bienvenus.

    Trop ouvert à l’islam et sur le plan moral

    Puis, on n’apprécia pas non plus dans les cénacles ecclésiaux locaux d’autres gestes d’ouverture tel le fait d’avoir choisi des musulmans pour le lavement des pieds du Jeudi saint. Enfin, même si le pape François reste "prudentissime" sur les concessions qu’il voudrait faire en matière morale - un plus grand respect pour les homosexuels mais aussi plus d’ouvertures vers les divorcés remariés et le recours à la contraception - on ne peut perdre de vue que les catholiques polonais se tiennent toujours à une certaine rigueur doctrinale en la matière.

    Pour toutes ces raisons, on n’est pas étonnés d’apprendre que François rencontrera la Conférence épiscopale polonaise… à huis clos et ne rendra en principe pas public le discours qu’il lui adressera. Ces débats échappent sans nul doute aux jeunes venus des quatre coins de la planète, venus surtout vivre leur foi sans complexes. 

    Selon une enquête du magazine "La Vie", ils ont en moyenne 20 ans et ne craignent plus de dire qu’ils sont engagés. En allant au moins une fois par semaine à la messe mais aussi en concrétisant leur foi sur le terrain par des engagements divers. Simplement mais fermement et sans être des "grenouilles de bénitier"… Là, ils croiseront sans nul doute le pape François avant la messe finale de dimanche prochain… »

    Ref. Journées mondiales de la jeunesse: à Cracovie, le pape Francois marche sur des œufs

    JPSC

  • Journées Mondiales de la Jeunesse 2016 : le cardinal-archevêque de Cracovie a célébré la messe d’ouverture

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    JMJ : d’où venons-nous ? Puis, où en sommes-nous, en ce moment de notre vie ? Enfin, où allons-nous et qu’allons-nous emporter avec nous après ces JMJ ?  Extrait de l’homélie du Cardinal Dziwisz, lu sur le site « L’évangile de la vie » :

    -D’où venons-nous ? Nous venons de « toutes les nations sous le ciel » (Act. ap. 2, 5), comme ceux qui se sont rassemblés le jour de la Pentecôte à Jérusalem. Nous sommes cependant bien plus nombreux qu’il y a deux mille ans, car nous avons derrière nous deux millénaires de transmission de l’Évangile aux quatre coins du monde. Nous apportons avec nous la richesse de nos cultures, de nos traditions et de nos langues. Nous apportons avec nous les expériences de nos Églises locales. Nous apportons avec nous les témoignages de foi et de sainteté des générations passées et de la génération actuelle de nos frères et sœurs, des disciples du Seigneur ressuscité.

    Nous venons des régions du monde, où les hommes vivent en paix, où les familles sont des communautés d’amour et de vie et où les jeunes peuvent réaliser leurs rêves. Il y a parmi nous des jeunes, qui vivent dans des pays, où les gens souffrent des conflits et des guerres, où les enfants meurent de faim, où les chrétiens sont terriblement persécutés. Il y a des jeunes parmi nous, qui viennent de pays où règne la violence, le terrorisme aveugle, où le gouvernement abuse de son pouvoir sur l’homme et le peuple, animé par une folle idéologie.

         Nous venons avec nos propres expériences de l’Évangile vécue au quotidien dans ce monde difficile. Nous venons avec nos peurs et nos déceptions, mais aussi nos nostalgies et nos espoirs, nos désirs de vivre dans un monde plus humain, plus fraternel et solidaire. Nous nous rendons compte de nos faiblesses, mais nous croyons, que « l’on peut tout en celui qui nous donne la force » (Phil. 4, 13). Nous pouvons faire face aux défis du monde actuel, où l’homme doit choisir entre la foi et l’incroyance, entre le Bien et le Mal, entre l’amour et sa négation.

    - Où sommes-nous aujourd’hui, à quel endroit, à quel moment de notre vie ? Nous sommes venus de près et de loin. Bon nombre d’entre nous ont parcouru des milliers de kilomètres et ont investi beaucoup dans ce voyage pour pouvoir être ici aujourd’hui. Nous sommes à Cracovie, ancienne capitale de Pologne, où la lumière de la foi est arrivée il y a mille cinquante ans. L’histoire de la Pologne n’était pas facile, mais nous avons toujours essayé de rester fidèles à Dieu et à l’Évangile.

    Nous sommes ici, car Jésus nous y a réunis. Il est la lumière du monde. Celui qui Le suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. À qui d’autre irions-nous ?  Il n’y a que Jésus Christ qui est capable de satisfaire les désirs les plus profonds du cœur humain. C’est lui qui nous a guidés jusqu’ici. Il est présent parmi nous. Il nous accompagne comme ses disciples qui marchaient vers Emmaüs. Remettons-lui toutes nos affaires, nos peurs et nos espoirs. Il nous questionnera sur notre amour pour Lui, comme il a questionné Simon Pierre. Ne fuyons pas devant la réponse à cette question.

    En rencontrant Jésus, nous découvrons que nous formons une grande communauté, l’Église, qui dépasse les frontières humaines et qui divisent les hommes construites par l’homme divisant les hommes.  Nous sommes tous des enfants de Dieu rachetés par le sang de Son Fils Jésus Christ. Vivre l’universalité de l’Église est une expérience incroyable des Journées Mondiales de la Jeunesse. C’est de nous, de notre foi et de notre sainteté que dépend l’image de l’Église. C’est notre rôle d’apporter l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, ou ne le connaissent pas encore assez.

    Demain nous accueillerons le successeur de St Pierre, le pape François. Après demain nous lui souhaiterons la bienvenue sur ce même lieu. Les jours suivants nous pourrons l’écouter et prier avec lui. La présence du Pape aux Journées Mondiales de la Jeunesse est une très belle caractéristique de cette fête de la foi.

      -Enfin troisième et dernière question : où allons-nous et qu’allons-nous emporter avec nous ? Notre rencontre va durer seulement quelques jours, durant lesquels nous vivrons une expérience spirituelle très intense, qui ne va pas sans peine. Puis nous rentrerons dans nos foyers, auprès de nos proches, dans nos écoles, universités et lieux de travail. Peut-être prendrons-nous des décisions importantes ? Peut-être choisirons-nous un nouveau but dans nos vies ? Peut-être entendrons-nous la voix du Christ qui nous demandera de tout laisser et de le suivre ?

          Qu’emporterons-nous ? Mieux vaut ne pas répondre trop vite, mais relevons néanmoins le défi. Partageons ce que nous avons de plus précieux. Partageons notre foi, nos expériences, nos espoirs. Chers jeunes amis, formez vos esprits et vos cœurs. Ecoutez les catéchèses prêchées par les évêques, écoutez attentivement le pape François. Participez de tout votre cœur à la sainte liturgie. Expérimentez l’amour miséricordieux du Seigneur dans le sacrement de la réconciliation. Découvrez aussi les sanctuaires de Cracovie, les richesses de la culture de cette ville, ainsi que l’hospitalité de ses habitants et des villages environnants, où vous trouverez le repos après une rude journée.

    Cracovie vit des mystères de la Miséricorde Divine, entres autres grâce à Ste Faustine et à St Jean-Paul II, qui ont sensibilisé l’Église et le monde à cette face de l’amour de Dieu. En rentrant dans vos pays, vos maisons et vos communautés, emportez avec vous l’étincelle de la miséricorde en rappelant à tous, qu’« heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Apportez aux autres la flamme de votre foi et allumez de nouvelles flammes, afin que les cœurs des hommes battent en rythme avec le cœur du Christ, qui est un « foyer ardent de l’amour ». Que la flamme de l’amour embrase notre monde, afin qu’il n’y ait plus d’égoïsme, de violence et d’injustice, que notre monde soit affermi par la civilisation de la bonté, de la réconciliation, de l’amour et de la paix.

          Le prophète Isaïe nous parle aujourd’hui « qu’ils sont beaux les pas du messager qui porte la bonne nouvelle » (Isaïe 52, 7). Apportez au monde la Bonne Nouvelle. Donnez le témoignage que ça vaut la peine de lui remettre notre destin. Ouvrez grand au Christ les portes de vos cœurs. Annoncez avec conviction, comme l’Apôtre  Paul, que « ni la mort ni la vie, […] ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rom. 8, 38-39).

    Amen. »

    Ref JMJ : homélie du Cad Dziwisz, lors de la Messe d'ouverture

    « C’est de nous, de notre foi et de notre sainteté que dépend l’image de l’Église. C’est notre rôle d’apporter l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, ou ne le connaissent pas encore assez. » (Cardinal Dziwisz)

    JPSC

  • Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : le Cardinal-Archevêque de Paris s’exprime

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    De Jean-Marie Guénois dans le « Figaro » :

    « INTERVIEW - Après l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, dit avoir «le cœur soulevé de voir tant de haine et de violence s'exprimer dans notre société». Il revient, pour Le Figaro, sur ce drame.

    Le FIGARO. - Que peut signifier, selon vous, le fait que ce soit des catholiques qui aient été visés?

    Mgr VINGT-TROIS. - Cela correspond malheureusement à des appels répétés des fanatiques de Daech pour attaquer de toutes les façons possibles ceux qu'ils considèrent comme des impies, voire des mécréants. Il est clair que la référence chrétienne, la foi au Christ et la vie de l'Église sont désignées comme une cible légitime. D'ailleurs, l'expression universelle d'effroi qui a saisi notre pays montre bien que tous, croyants ou non, ressentent que cette attaque touche au cœur de notre culture commune.

    Est-ce un drame isolé, une provocation ou un piège?

    Le piège auquel nous sommes exposés est justement de nous dresser les uns contre les autres.

    Tout cela n'est pas contradictoire. La stratégie du terrorisme diffus consiste justement à susciter des actes isolés et imprévisibles pour développer une psychose de peur et encourager les chocs entre les différentes composantes de notre société. Le piège auquel nous sommes exposés est justement de nous dresser les uns contre les autres et de nous tromper d'adversaire. Ces actes de violence ont justement pour but de faire prospérer la haine et de banaliser la violence. Les récents attentats, en France et en Allemagne, ont hélas montré combien des personnalités fragiles pouvaient être séduites par le vedettariat de l'horreur.

    Que dites-vous aux catholiques?

    N'oubliez pas les paroles du Christ: «Si mon Royaume était de ce monde, mes gardes auraient combattu pour que je ne sois pas livré.» Nous savons que notre foi en Dieu peut susciter l'incompréhension, le mépris, la haine et même la violence. Mais nous savons aussi que nous sommes disciples de celui qui a renoncé à exercer la puissance pour convaincre. Ne laissons pas la haine empoisonner nos cœurs.

    Que dites-vous aux musulmans?

    Ne laissez pas les extrémistes du califat pervertir le Dieu auquel vous voulez croire. Vous avez le droit d'être français et musulmans. Vous avez le droit de croire que Dieu n'est pas un monstre qui se repaît du sang des infidèles.

    Nous avons pu surmonter les périls par notre capacité et notre volonté de ­vivre une certaine solidarité nationale.

    Que dites-vous aux Français?

    Dans toutes les épreuves que notre pays a traversées, nous avons pu surmonter les périls par notre capacité et notre volonté de vivre une certaine solidarité nationale. Mais nous avons aussi montré notre capacité à transformer les désaccords en débats d'idées. Quand nous sommes menacés par un risque de fragmentation, nous devons être d'autant plus attentifs à exercer notre liberté démocratique dans le respect mutuel. La médiatisation de la haine par l'exhibition des polémiques gangrène notre pratique de la démocratie.

    Allez-vous demander au gouvernement des mesures de protection des églises?

    Nous sommes très reconnaissants aux pouvoirs publics et aux forces de sécurité d'y affecter des moyens. Mais il ne faut pas être dupe. C'est un mauvais procès de reprocher aux forces de sécurité de ne pas prévoir l'imprévisible. Ce serait leurrer nos concitoyens de leur laisser croire qu'il y a une protection sans faille devant le genre d'attaques que nous voyons se développer.

    Cet acte marque-t-il un tournant?

    Oui, je le pense. Nos références historiques de conflits armés sont des références classiques où des pays sont opposés les uns aux autres, où des armées se font face. Ce serait une grave erreur stratégique de croire que l'élément militaire de Daech joue un rôle comparable et constitue la seule cause des violences que nous connaissons. À supposer que Daech soit définitivement vaincu, il nous restera à faire face aux causes du terrorisme qui sont chez nous et pas seulement outre-mer. Depuis dix-huit mois, on a beaucoup fait référence aux valeurs républicaines, mais il faudrait encore que nous développions ce que nous voulons dire et quel prix nous sommes prêts à payer pour les défendre.

    Certains parlent de guerre de religions, les suivez-vous?

    L'Europe a malheureusement une expérience historique des guerres de religions. Les meilleurs historiens ont depuis longtemps montré que la thématique religieuse de ces guerres relayait opportunément des intérêts qui n'avaient rien de religieux. Il en est de même aujourd'hui. Je ne vois pas à quelle guerre de religions correspondrait l'extermination par les fanatiques de Daech de milliers de musulmans. S'il y a un enjeu religieux dans cette guerre, c'est de savoir si le Dieu auquel on se réfère veut la mort de l'homme ou sa vie. »

    Ref. Mgr Vingt-Trois: «Croyants ou non, nous ressentons que cette attaque touche au cœur de notre culture commune»

     JPSC

  • Le sacrifice du Matin

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    L’Etat islamique a revendiqué hier un nouvel acte de terrorisme en France : le P. Jacques Hamel, 86 ans,  a été égorgé dans l’église de Saint-Etienne du Rouvray (Seine maritime), au pied de l’autel où il terminait la célébration de sa messe matinale. Commentaire de l’abbé Guillaume de Tanoüarn sur son « metablog » :

    "Le Père Jacques Hamel était un prêtre sans histoire, mais prêtre de toutes ses fibres. Ainsi la victime a-t-elle été choisie. C'est le prêtre qui était visé par les deux terroristes et le prêtre célébrant le saint Sacrifice de la messe, disant, matinal, sa messe quotidienne. Il ne s'agissait pas de tuer du chrétien : la messe dominicale aurait été le moment approprié pour cela. Il s'agissait d'atteindre, de toucher le sacerdoce catholique, en faisant du prêtre la victime. Il y a eu, d'après Soeur Danielle, celle qui a prévenu les secours, une sorte d'antiliturgie monstrueuse. Après une sorte de prêche en arabe, les deux hommes ont fait mettre le prêtre à genoux avant de l'égorger. Au couteau. Soeur Danielle n'a pas pu regarder, elle s'est échappée.

    Qu'aurait-elle vu? L'un des deux jeunes avait dix neuf ans. Il habitait la commune. Ni son nom ni celui de son complice n'ont encore été donnés ce 26 juillet au soir. Nous n'avons que son prénom Adel et une initiale: K. Et pourtant les policiers locaux le connaissaient. Peut-être le Père Jacques aussi le connaissait-il... Et c'est parce qu'il le connaissait, dans une sorte de quête de l'intimité dans le crime, que ce terroriste sans nom l'a égorgé. Cette affaire en tout cas est avant tout une affaire locale. Syrie ou pas, cette petite messe du matin sent le terrorisme de proximité.

    Qu'est-ce que cet égorgement signifiait pour Adel K?

    Au bout de 2000 ans de christianisme, nous Occidentaux, nous ne comprenons pas ce geste parce que pour nous la Victime est toujours plus sainte que le bourreau. Lorsque Joseph de Maistre a écrit son Eloge du bourreau (après ses Eclaircissements sur les sacrifices) il avait conscience d'aller à l'encontre de l'idée reçue en christianisme qui est celle de la sainteté des victimes. Pourquoi les victimes sont-elles saintes ? Elles sont toutes, elles sont toujours des images du Christ crucifié. Mais le terroriste sans nom n'est pas un chrétien, il n'a pas reçu l'évangile, la bonne nouvelle de l'innocence des victimes.

    Adel K vient d'un monde a-chrétien, d'un monde encore moralement archaïque, où les victimes sont toujours coupables, ne serait-ce que parce qu'elles sont des victimes. Il a voulu montrer au Père Jacques sa culpabilité et la Puissance d'Allah. Allah ouakbar s'est-il écrié. Allah est le plus grand, il est vainqueur. Dans ce sacrifice de mécréant, qu'il a commandé (voyez la sourate 9 du Coran) et donc en quelque sorte commandité, dans ce sacrifice réalisé en son honneur, Allah désigne le vaincu, celui dont le sang coule sous le couteau. Ce crime, pour les musulmans radicaux, est une sorte d'ordalie. Un jugement de Dieu, qui déclare la non-violence chrétienne périmée et sonne l'heure de la violence sacrée, au nom de l'islam.

    L'islam (d'après les musulmans) est la dernière des religions, celle qui contient tout le message divin. Message simple : il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et la terre est donnée aux soumis à Allah. Message efficace, qui produit immanquablement une dialectique par rapport à tout ce sur quoi il se surimpose, que ce soit les cultes non Bibliques, ceux du temps de l'ignorance, que ce soit le culte juif, que ce soit aussi le culte chrétien, qui ose faire de Dieu une victime en Jésus Christ... Pour le Coran, Jésus n'a pas été victime, il n'a pas été crucifié, Allah ne l'a pas permis. Il est le plus fort. D'ailleurs, les chrétiens ont tort de se victimiser. N'ont-ils pas donné le terrain (en 2000) sur lequel a été bâtie la mosquée salafiste de Saint Etienne du Rouvray? Bien fait pour eux! Ce sont des loosers! Des perdeurs professionnels, avec leur Dieu victime. Leur messe, sacrifice de la victime divine, est redevenue, grâce au jeune Adel K et au rituel qu'il a improvisé autour d'un couteau (il n'avait pas d'autre arme sur lui), un sacrifice "normal", le sacrifice des perdants.

    Je suis sûr que dans notre monde déchristianisé beaucoup sont justement de l'avis d'Adel K. Oui, les chrétiens nous emm. avec leur sacrifice. Comment peuvent-ils mettre Dieu du côté des victimes ?

    Eh bien ! Il me semble que le martyre du Père Jacques est une extraordinaire parabole sur l'histoire qui nous reste à vivre, sur la victoire programmée de ceux qui hurlent "Allah est le plus grand" et sur leur défaite finale. Ces gens confondent les martyrs et les tueurs. Mais leur "réalisme" est inhumain, il est monstrueux. L'Evangile apparaîtra plus que jamais comme la seule alternative à ce Pouvoir absolu des plus violents. "Heureux les doux car ils posséderont la terre". Le Père Jacques est mort sans un mot, mais il prophétise la victoire du Bien, par la médiation de la souffrance acceptée, le vrai sacrifice, le sacrifice du matin, celui qui annonce un jour nouveau pour l'humanité, enfin prête à reconnaître son incurable violence, et prête à s'en remettre au Christ qui la sauve d'elle-même."

    Ref. Le sacrifice du Matin

    Dans le « Notre Père », nous demandons que le Nom de Dieu soit sanctifié. Qu’il ne soit pas confondu avec les idéologies qui pervertissent la nature religieuse de l’homme. L’histoire nous montre à quel point aucune religion n’est à l’abri du risque de nourrir la fabrication des idoles. A fortiori lorsqu'elle n’a pas de lien direct avec le corpus de la Révélation.

    JPSC

  • Belgique : une proposition pour prolonger le délai légal pour pratiquer l'avortement jusqu'à 20 semaines

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    BELGIQUE : DEUX DÉPUTÉS PROPOSENT D'ÉTENDRE LE DÉLAI LÉGAL POUR PRATIQUER L'AVORTEMENT

     de genethique.org

    Chaque année, entre 500 et 600 femmes belges traversent la frontière néerlandaise pour avorter. Enceintes de plus de douze semaines, elles n’ont plus le droit à l'avortement dans leur pays, qui n’est plus autorisé qu’en cas complications de la grossesse.

    « Une situation hypocrite », selon la députée sp.a Karin Jiroflée, qui a introduit une résolution à ce sujet avec Monica De Coninck. Les deux députées proposent d’étendre le délai légal pour avorter de douze à vingt semaines, comme c'est le cas aux Pays-Bas.

    Sources: La libre.be (26/07/2016)

  • Gestation pour autrui : un arrêt consternant de la Cour européenne des droits de l'homme

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    GPA : la CEDH valide l’achat d’enfants pour tous (via le Salon Beige)

    De Gregor Puppinck :

    "Le 21 juillet 2016, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu public un arrêt consternant dans les affaires Foulon et Bouvet contre France (nos 9063/14 et 10410/14) mettant en cause le refus par les autorités françaises de transcrire la filiation établie en Inde d’enfants nés de GPA commerciale. Appliquant sa jurisprudence établie dans les affaires Mennesson et Labassée de 2014, la Cour a conclu à la violation par la France du droit au respect de la vie privée des enfants, tout en rejetant l’allégation d’une violation de la vie familiale des adultes commanditaires.

    Dans l’affaire Foulon, une fille est née le 31 juillet 2009 à la clinique Hiranandani spécialisée en GPA, à Mumbaï, en Inde. Son acte de naissance indique qu’elle a pour mère Minakshi Shirodkar, une indienne sans profession née en 1980, et pour père Didier Foulon, un architecte français né en 1971, vivant aux Etats-Unis. Le certificat médical de la clinique précise que cette fille est née par césarienne, ce qui est fréquent s’agissant d’enfants nés par GPA. En effet, les cliniques indiennes imposent souvent une césarienne sans raison médicale trois semaines avant terme, afin que le bébé ne soit pas marqué par la naissance, qu’il ait une tête bien ronde. Cela réduit aussi les frais d’entretien de la mère et permet à l’acquéreur de prendre à l’avance son billet d’avion à date fixe. Les mères ne reçoivent pas les soins adéquats après la naissance, entrainant un taux élevé de mortalité maternelle.

    Un mois après la naissance, par un document écrit, Didier Foulon a déclaré « sur l’honneur prendre en charge les coûts financiers de la grossesse, des frais d’hôpitaux, du logement… De plus, avoir remis la somme de 100.000 roupies pour le meilleur confort de la mère et d’une bonne alimentation et qu’elle puisse engager des frais durant[son] absence ». 100.000 roupies (environ 1.300 €) correspondent à trois ans de salaire d’une ouvrière. De même, quelques jours après la naissance, il a versé 60.000 roupies à la clinique.

    Par un acte notarié, Mme Shirodkar, la mère, a ensuite renoncé à sa fille en autorisant M. Foulon à « emmener ma fille en France ». Interrogée par les services consulaires français, Minakshi Shirodkar a indiqué qu’elle ne savait ni l’âge, ni l’adresse de M. Foulon, ni même s’il était marié ou célibataire, et qu’elle n’avait pas le projet de garder des contacts avec lui. L’adresse des parents indiquée sur l’acte de naissance était celle de la clinique.

    Dans l’affaire Bouvet, deux enfants sont nés le 26 avril 2010 dans la même clinique que la fille Foulon, à Mumbaï. Leurs actes de naissance indiquent qu’ils ont pour mère Pushpa Kharat, une indienne sans profession née en 1982, et pour père Philippe Bouvet, un Français, âgé alors de 45 ans. Les faits sont ainsi identiques à l’affaire Foulon, à la différence que M. Bouvet vivait en couple avec un autre homme ayant déjà employé la filière indienne pour obtenir des jumeaux.

    MM. Foulon et Bouvet sont probablement les pères des enfants, et tout indique que Minakshi Shirodkar et Pushpa Kharat en sont aussi les mères génétiques, et pas seulement les mères porteuses. La clinique Hiranandani précise sur son site internet qu’elle pratique la GPA par insémination artificielle de sperme dans la mère porteuse et par implantation d’embryon après fécondation in vitro. Dans le premier cas, beaucoup moins onéreux, la mère « porteuse » est la véritable mère génétique de l’enfant : c’est vraiment son propre enfant qu’elle vend pour vivre. Les termes des renonciations des mères indiquent d’ailleurs qu’elles considèrent les enfants comme les leurs. Dans l’affaire Foulon, la Cour d’appel a d’ailleurs noté que « il ne s'agit pas seulement en l'espèce d'un contrat de mère porteuse prohibé par la loi française, mais encore d'un achat d'enfant, évidemment contraire à l'ordre public ».

    Ce nouvel arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme marque une étape supplémentaire de la libéralisation de la GPA et de « l’achat d'enfant ». Alors que par les affaires Mennesson et Labassée, la Cour avait donné droit à des couples hétérosexuels mariés ayant obtenu des enfants aux Etats-Unis, par l’arrêt Foulon et Bouvet elle donne à présent raison à des hommes célibataires ou homosexuels, ayant « loué une femme » pour obtenir des enfants en Inde.

    Certes, il est de l’intérêt de ces enfants de voir établie leur filiation avec leurs parents biologiques, et donc a fortiori avec leur père, mais à aucun moment la Cour ne met en cause la moralité de la pratique de la GPA qui est pourtant contraire aux droits fondamentaux des enfants et des femmes. La Cour ne daigne pas davantage accorder la moindre attention aux circonstances de la naissance des enfants, à la honteuse et inhumaine exploitation de leurs mères.

    Ce faisant, la Cour européenne, avec toute son autorité, entérine la « GPA low-cost » et la « GPA GAY » ; elle encourage de fait le recours aux mères porteuses pour toutes les personnes en mal d’enfant, et ouvre, qu’elle le veuille ou non, un « droit à l’enfant pour tous ».

    Le plus triste est qu’à aucun moment la Cour ne s’interroge sur les faits en cause, sur la situation des mères porteuses, sur leur exploitation, et ce qu’il faut bien appeler le commerce des enfants. Elle ne s’interroge pas davantage sur les conséquences pour ces enfants d’avoir été commandés, payés, abandonnés par leurs mères, élevés par un homme seul ou en couple avec un autre homme. A moitié indiens, ils ne pourront pas oublier leur origine. Un jour, ces enfants  se révolteront, et ils auront raison.

    L’aveuglement moral de la Cour, prisonnière de son idéologie libertaire, est pathétique.

    La France est condamnée à payer 45.000 euros de dommages, frais et dépens."

  • Retour sur l’attentat de Nice : l’opinion de Rémi Brague, Prix 2012 de la Fondation Joseph Ratzinger

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    Revendiqué par l’État islamique, l’attentat de Nice nous oblige à désigner notre ennemi pour mieux le combattre. Sans haine. Le point de Samuel Pruvot avec le philosophe Rémi Brague, sur le site « Famille chrétienne » :

    « L’attentat de Nice nous rappelle que la France est en guerre. Pourquoi est-ce si difficile à admettre ?

    Depuis l’issue de la guerre dans laquelle Churchill faisait ainsi entrer son pays, l’Europe a connu soixante-dix ans de paix intérieure et de prospérité. Nous en avons pris l’habitude, nous considérons cela comme une chose qui nous est due, comme une évidence qui va de soi. La guerre, la famine, etc. : tout cela, c’est bon pour les autres. « Les gens heureux n’ont pas d’histoire », dit le proverbe. Mais ce n’est pas en s’imaginant sortis de l’Histoire qu’on va se rendre heureux.

    On nous a dit que nous étions en guerre. Mais personne n’a eu le courage de faire comme Churchill et de nous annoncer qu’il n’avait rien d’autre à nous offrir que du sang, de la sueur et des larmes.

    D’où vient cet effet de sidération qui s’est emparé des Français ?

    La sidération est justement ce que cherchent à produire les attentats, et les médias qui les passent en boucle les y aident, bien malgré eux. N’oublions pas que la violence est avant tout un moyen, et il faut se demander quelle fin elle poursuit. Cette fin est la mise en place, dans le monde entier, d’une législation qui serait une forme ou une autre de la charia et qui régirait la morale individuelle, les comportements dans la famille et l’économie, éventuellement le système politique.

    Nous sommes fascinés par les aspects spectaculaires des attentats, des décapitations que l’État islamique met en scène avec beaucoup de soin et de savoir-faire. Mais tout ceci nous détourne de la vraie question, qui est celle du but recherché. Ce but peut être atteint par d’autres moyens, plus discrets, mais au moins tout aussi efficaces, comme la culpabilisation de l’adversaire, la pression sociale, la propagande par répétition inlassable, toutes les formes de ruse.

    Que vous inspire le fait que nos dirigeants politiques peinent à désigner notre ennemi ?

    La peur de nommer l’ennemi est ancienne. Qui, avant la chute du mur, osait nommer le marxisme-léninisme, l’Union soviétique ? On préférait dire de façon vague « les idéologies ». Et les hommes d’Église n’étaient pas en reste dans cette stratégie d’évitement.

    Ce pluriel est un fumigène commode. Il sert encore aujourd’hui, quand on dit : « les religions ». De même, on préfère utiliser l’acronyme Daech, que ne comprennent que les arabisants, plutôt que « l’État islamique », pour éviter de nommer l’islam.

    Est-il vrai qu’il ne faut pas faire d’« amalgame » entre islam et islamisme ?

    La vraie ligne de séparation ne passe pas entre islam et islamisme. Il n’y a entre les deux qu’une différence de degré, non de nature. Ce qu’il faut vraiment et fermement distinguer, c’est d’une part l’islam, avec toutes ses nuances et ses intensités, et d’autre part les musulmans de chair et d’os. Le sens légitime du refus du fameux « amalgame », c’est de ne pas réduire ces personnes concrètes au système religieux qui domine leurs pays d’origine.

    Pour les chrétiens, le pardon des ennemis n’est-il pas devenu impossible ?

    Beaucoup de gens s’imaginent que le pardon des offenses, et même cette demande fantastiquement paradoxale du Christ qu’est l’amour des ennemis, signifierait le refus de voir que nous avons des ennemis.

    Hors de cette perspective chrétienne du pardon et de l’amour de l’ennemi, l’adversaire peut vite devenir l’équivalent du mal absolu : ce sont successivement les aristocrates (Robespierre), une classe qui s’oppose au progrès (Marx), des « insectes » (Lénine), une « race inférieure » (Hitler), ou, face au « parti de Dieu » (Coran V, 56), « les pires des animaux » (Coran VIII, 22).

    Un proverbe allemand dit : « L’homme le plus pieux ne peut pas vivre en paix si cela ne plaît pas à son méchant voisin. » Le pardon des ennemis n’est jamais contre-productif. Ce qu’il produit à coup sûr, c’est la conversion de notre propre cœur, le refus de se laisser entraîner dans la spirale de la vengeance, dans la montée aux extrêmes de la violence. Celui qui est prêt à pardonner se demandera d’abord si celui qui se dit et se veut son ennemi n’a pas, aussi, quelque raison de l’être. Il s’efforcera de se corriger, sans culpabilité. Et il combattra, car il faut combattre, et il le fera avec courage. Mais sans haine.

    Le pardon des ennemis n’est jamais contre-productif. Ce qu’il produit à coup sûr, c’est la conversion de notre propre cœur, le refus de se laisser entraîner dans la spirale de la vengeance, dans la montée aux extrêmes de la violence.

    La violence extrême des terroristes n’est-elle pas de nature à provoquer chez nous un sursaut citoyen ?

    La violence est pour eux un moyen. Les terroristes ne passent pas nécessairement à l’acte. Dans leur optique, il suffit d’une menace qui fera que l’adversaire se couchera sans combattre.

    Toutefois, utiliser la violence physique est peut-être une maladresse contre-productive, dans la mesure où elle peut en effet provoquer le sursaut de l’adversaire. Il serait plus habile de l’endormir par de belles paroles, ou de montrer sa force sans avoir à l’utiliser.

    Dans votre essai « L’Europe, la voie romaine », vous montrez que notre continent a des racines grecques et juives…

    J’ai essayé de montrer, plus exactement, que l’Europe avait suivi l’exemple des Romains, qui avaient eu le courage de se reconnaître, en matière de civilisation, inférieurs aux Grecs qu’ils venaient pourtant de battre et d’envahir, et de se mettre à leur école. D’où cette « voie romaine », au sens de « méthode », qu’évoque mon titre.

    L’Europe est secondaire par rapport aux deux sources de sa culture, la source grecque avec la philosophie (et la science qu’elle rend possible) et la source israélite, l’Ancien Testament avec ses commandements, et avec cette liaison entre le bien moral et Dieu.

    Les chrétiens sont secondaires par rapport aux juifs, un peu comme les Romains sont secondaires par rapport aux Grecs. Ce rapport à l’autre a permis à l’Europe de ne pas hésiter à aller chercher son bien en dehors d’elle-même : chez les Arabes, chez les Byzantins, chez les Chinois, etc.

    Chaque fois, on ne se demandait pas d’où venaient les inventions, mais si elles étaient utiles ; d’où venaient les idées, mais si elles étaient vraies ; d’où venaient les œuvres, mais si elles étaient belles.

    En quoi est-il nécessaire pour l’Europe de réactiver aujourd’hui son patrimoine génétique intellectuel pour résister durablement à la menace islamiste ?

    On peut effectivement souhaiter que l’Europe, comme vous le dites joliment, « réactive son patrimoine génétique », et travailler à cet effet. J’essaie de le faire dans la mesure de mes capacités.

    Et, de toute façon, il vaut mieux penser en termes de réactivation que de réaction. 

    Samuel Pruvot »

    Ref. Attentat de Nice – Rémi Brague :  « Il faut combattre, sans haine »

    JPSC

    A Lire également : brague-l-erreur-de-l-europe-est-de-penser-l-islam-sur-le-modele-du-christianisme

     

  • Foi et indifférence religieuse. Comment croire dans une société sécularisée ?

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    Du Père Emmanuel Perrier, dominicain, cette conférence donnée il y a quelques années mais qui reste d'une parfaite actualité... (source)

    Foi et indifférence religieuse. Comment croire dans une société sécularisée ?

    Conférence donnée par le frère Emmanuel Perrier, o.p. de la Province de Toulouse

    L’atmosphère religieuse de notre époque peut aisément se ramener à deux mots : crise de la foi et sécularisation, qui sont comme les deux faces, religieuse et sociale, d’un même phénomène. Nous faisons en effet tous l’expérience, en tant que parents, catéchistes, prêcheurs, mais aussi par les discussions que nous pouvons avoir avec notre entourage de ce que parler de la foi, transmettre la foi est en notre temps une tâche ingrate. La réceptivité n’est pas là. On aimerait, et l’on pourrait attendre de la foi, qu’elle soit plus aisée à communiquer. Mais elle se heurte à un mur à la fois mou et apparemment inébranlable : l’indifférence. Ce qui devrait être important, ce qui est objectivement le plus essentiel à la vie humaine, n’est pas considéré comme tel. Ainsi de Pâques : s’il est vrai comme nous l’affirment des témoins, que Jésus-Christ est apparu vivant à ses disciples pendant quarante jours après avoir été supplicié jusqu’à la mort, s’il est vrai qu’ils ont touché et vu ce même corps qu’ils avaient déposé dans un tombeau, alors la simple annonce de cette résurrection devrait suffire à faire dresser l’oreille. Que des questions surgissent, que des doutes s’élèvent, que des demandes d’explication et de vérification s’expriment, rien de plus normal. Mais précisément, ce n’est pas là la réponse dominante aujourd’hui car la réponse dominante, c’est l’indifférence. L’annonce d’un remède à la mortalité humaine, qu’y a-t-il de plus important pour l’homme ? Elle ne suscite pourtant ni l’intérêt ni même la curiosité.

    S’interroger sur la foi dans un monde sécularisé revient donc principalement à s’interroger sur le phénomène de l’indifférence à la foi, de l’indifférence individuelle autant que collective. Il importe d’en comprendre mieux les raisons si l’on souhaite y apporter la bonne réponse. Qu’est-ce qui cloche dans notre vieille Europe pour qu’elle ait ainsi développé une attitude aussi massive et généralisée ?

    Cela dit, deux autres points sont directement liés à cette première question : en premier lieu, s’il y a certainement des causes à aller chercher du côté de nos sociétés, il ne faut pas oublier que l’indifférence à la foi est d’abord une maladie de la foi elle-même. À quel niveau la foi est-elle affectée ? Est-ce grave docteur ? De ce point de vue, l’indifférence actuelle nous conduit à réfléchir sur ce qu’est la foi et sur ce qui la contrarie.

    En second lieu, et cela se prête particulièrement à une réflexion de Carême, l’indifférence à la foi, croire dans un monde sécularisé, ce n’est pas seulement le problème des autres. Nous appartenons à ce monde sécularisé, nous en respirons l’air chaque jour, et nous serions bien inconscients si nous prétendions être immunisés contre le mal de notre époque. Lorsque survient à l’orée de l’hiver le virus de la grippe, chacun se protège avec tous les moyens à disposition. Par quels moyens pouvons-nous nous prémunir contre le virus de l’indifférence ?

    Trois parties dans cet exposé, donc. Nous commencerons par rappeler quelques éléments essentiels de la vie de la foi en tout homme (I). Puis nous verrons comment on peut caractériser l’indifférence de nos sociétés à la foi (II). Enfin, nous en tirerons quelques enseignements pour notre vie chrétienne (III).

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  • La Turquie a-t-elle sa place en Europe ?

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    Le contre-coup d’Etat en cours dans ce pays ramène la question sur le devant de la scène. Retour corrélatif sur le point  de vue de Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, exprimé en 2004, quelques mois avant son accession à la papauté :

    “L'Europe est un continent culturel et non pas géographique. C'est sa culture qui lui donne une identité commune. Les racines qui ont formé et permis la formation de ce continent sont celles du christianisme. [...] Dans ce sens, la Turquie a toujours représenté un autre continent au cours de l'histoire, en contraste permanent avec l'Europe. Il y a eu les guerres avec l'Empire byzantin, pensez aussi à la chute de Constantinople, aux guerres balkaniques et à la menace pour Vienne et l'Autriche... Je pense donc ceci:  identifier les deux continents serait une erreur. Il s'agirait d'une perte de richesse, de la disparition du culturel au profit de l'économie. La Turquie, qui se considère comme un État laïc, mais sur le fondement de l'islam, pourrait tenter de mettre en place un continent culturel avec des pays arabes voisins et devenir ainsi le protagoniste d'une culture possédant sa propre identité, mais en communion avec les grandes valeurs humanistes que nous tous devrions reconnaître. Cette idée ne s'oppose pas à des formes d'associations et de collaboration étroite et amicale avec l'Europe et permettrait l'émergence d'une force unie s'opposant à toute forme de fondamentalisme".  (interviewé par Sophie de Ravinel pour le Figaro Magazine, 13 août 2004).

    Et encore :    

    “Historiquement et culturellement, la Turquie partage très peu avec l’Europe et l’englober dans l'Union européenne serait donc une grande erreur. Il vaudrait mieux que la Turquie serve de pont entre l’Europe et le monde arabe ou forme avec ce dernier son propre continent culturel. L'Europe n’est pas un concept géographique mais culturel, qui s’est formé au cours de l’histoire, parfois conflictuelle, fondé sur la foi chrétienne. C’est un fait que l’Empire ottoman a toujours été en opposition à l’Europe. Bien que Kemal Atatürk ait bâti une Turquie laïque dans les années 20, elle reste le noyau de l’ancien Empire ottoman. Elle est donc très différente de l’Europe, qui est aussi un ensemble d’États laïcs, mais avec des bases chrétiennes, même si l’on tente injustement de le nier. Par conséquent, l’entrée de la Turquie dans l’UE serait antihistorique”. (Joseph Ratzinger dans un discours prononcé le 18 septembre 2004 devant les opérateurs pastoraux du diocèse de Velletri (près de Rome, en Italie), repris par le quotidien suisse catholique de Lugano “Il Giornale del Popolo”).

    JPSC

  • Voici ce que j'ai envie de dire quand je referme "La Libre"

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    « J’ai trop envie de dire certaines choses . En voici trois ».  Une chronique du P. Charles Delhez, dans « La Libre » d’hier, à propos de la canonisation du football, des Belges et de la religion et de l’idolâtre des Lumières : 

    «  [...]

    1. Les médias nous aident à célébrer la canonisation du football ! Mais a-t-on réfléchi à ce qu’est devenu ce sport ? J’énumère sans nuance : lieu d’un brassage financier gigantesque et pas toujours très transparent, jeu du cirque où les plus riches du pays se donnent en spectacle. Du pays ? En effet, Flamands et Wallons, pour des motifs différents, s’identifient aux Diables rouges. Mais ils ne sont en fait qu’une entreprise ultralibérale qui fait de l’argent, après un temps de grève contre un gouvernement libéral. Un lieu où il n’y a aucune mixité de genre (du moins sur le terrain), le lieu de l’hyperconsommation, de la violence, de l’hystérie collective et de la compétition. Quant à l’empreinte écologique de l’événement, il vaut mieux la passer sous silence. J’exagère peut-être. En ces temps de morosité, l’Euro est sans doute un temps de convivialité devant les écrans - et je m’en réjouis -, mais aussi une vitrine des dérapages de notre société que l’on ne veut pas voir. J’ai donc décidé, cette année, de ne pas le suivre (même si j’ai écouté les résultats) !
    1. La religion revient, révèle une étude récente de l’ULB. L’être humain ne se résout donc pas si facilement à abandonner le sacré. Chacun garde un vague espoir que tout ne soit pas insensé et absurde, qu’un Dieu existe et qu’il y a bien quelque chose après la mort. Si la dernière enquête sur les valeurs européennes de 2008 parlait de 50 % de Belges se déclarant catholiques dans notre pays, on en dénombrerait maintenant 63 %. Une réaction identitaire face à l’islam radical, sans doute. Le 21e siècle sera furieusement religieux, a prédit l’américain Peter Berger. Ce n’est donc pas de sécularisation qu’il s’agit dans notre pays, mais de déchristianisation. En effet, même si on se déclare catholique, c’est la référence au Christ, à sa manière si originale de parler de Dieu et si exigeante d’inviter à l’amour qui disparaît. Aujourd’hui, il règne un vague déisme. Or, le Christ a une conception bien particulière du sacré. Je peux en faire l’expérience dans la rencontre de cet ennemi qu’il faut aimer, du pauvre qu’il faut secourir, dans l’intériorité à cultiver, dans la communauté à bâtir avec d’autres. Sans doute notre société s’est-elle en partie approprié les "valeurs chrétiennes" - et c’est heureux -, mais en les lénifiant. Or, quand on lit l’Evangile, c’est toujours "un peu plus qu’il n’en faut". Le christianisme se reconnaît à ce surplus. Faut-il pardonner jusqu’à 7 fois ?, demande Pierre à Jésus. Et lui de répondre : jusqu’à 70 fois 7 fois.
    1. Et enfin, parlons du siècle des Lumières. "Va-t-on retourner dans les siècles noirs d’avant les Lumières ?", se demande Patrick Dewael, comme si depuis lors, on était vraiment entré dans la lumière totale. Rappelons-nous l’obscur 20e siècle : deux guerres mondiales et la bombe atomique, la Shoah, la spoliation des colonies, le découpage du Moyen-Orient, l’industrialisation/consommation/pollution à outrance sans esprit prospectif à long terme. Aucune époque n’a été parfaite, ni avant ni après les Lumières. Chacune a cherché son équilibre comme elle a pu, avec sa hiérarchie de valeurs (qui n’est plus la nôtre sans doute, mais qui la vaut peut-être bien). Cela lui a permis de vivre, malgré l’ivraie qui poussait aussi. Ne jugeons pas les époques précédentes à l’aune de la nôtre, car elles ne sont plus là pour nous juger. Ne soyons pas ingrats non plus, car nous en sommes les héritiers. Quand le texte biblique dit que Dieu vit que cela était très bon, il se projette à la fin des temps, quand Dieu pourra dire : "Je ne regrette pas, l’aventure en valait la peine." En attendant, nous sommes dans une période de gestation. Que chacun fasse ce qu’il peut pour transmettre à ses enfants un monde meilleur que celui qu’il a reçu. »

    Ref. Voici ce que j'ai envie de dire quand je referme "La Libre"

    JPSC

  • Pas de Vatican II pour l’Orthodoxie

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    Des commentateurs religieux du monde catholique ont annoncé abusivement le Concile orthodoxe réuni en Crète de 19 au 27 juin 2016 comme celui de l’aggiornamento de l’Orthodoxie. C’était aller un peu vite en besogne  pour deux raisons. La première est que les Eglises orientales n’éprouvent pas nécessairement, comme l’Eglise latine, la double fascination du Protestantisme et des Lumières de la modernité. La seconde tient à l’ecclésiologie même des chrétiens d’Orient marqués par le caractère autocéphale de leurs communautés religieuses : à commencer par la plus puissante d’entre elles, l’Eglise russe qui  en refusant (pour des motifs  peut-être aussi liés à la première raison) de prendre part à ce concile lui a ôté tout caractère « panorthodoxe ». Lu sur le site Orthodoxie cette confirmation officielle de l’échec (JPSC) :

    église russe.jpg

    « Au titre du protocole N°48 de sa session du 15 juillet 2016, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe a pris la décision suivante au sujet du Concile de Crète :

    « Il a été décidé de :

    1. Reconnaître que le Concile qui a eu lieu en Crète et auquel ont participé les Primats et les évêques de dix des quinze Églises orthodoxes autocéphales, a constitué un événement important dans l’histoire du processus conciliaire dans l’Église orthodoxe, initié par la Première conférence panorthodoxe de Rhodes en 1961.
    2. Souligner que le fondement de la coopération panorthodoxe au cours de tout le processus conciliaire était constitué par le principe du consensus.
    3. Constater que l’accomplissement du Concile en l’absence d’accord de la part de plusieurs Églises orthodoxes autocéphales transgresse ledit principe, en conséquence de quoi le Concile qui a eu lieu en Crète ne peut être considéré comme panorthodoxe, et les documents qui y ont été adoptés [ne peuvent être considérés] comme exprimant le consensus panorthodoxe.
    4. Prendre note à ce sujet de la position du Saint-Synode du Patriarcat d’Antioche.
    5. Après réception des copies officiellement certifiées des documents approuvés par le Concile de Crète, confier à la Commission biblico-théologique, leur publication et leur étude, prenant également en compte de possibles réactions et remarques de Leurs Excellences les évêques, des institutions ecclésiastiques d’enseignement, des théologiens, clercs, moines et laïcs. À l’issue de leur étude sous tous les aspects, présenter les conclusions au Saint-Synode. »

    Ref. Décision du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe au sujet du Concile de Crète