Cher Professeur,
Soyez remercié d’avoir porté attention à l’interview de Famille Chrétienne et d’y avoir répondu par un texte intitulé : Construisons des ponts entre les personnes, pas entre les rites.
De fait la liturgie est le lieu par excellence pour édifier des ponts : pont avec le Christ afin de retrouver en lui tous les membres du peuple de Dieu.
Vous relevez à juste titre la difficulté à construire des ponts entre des fidèles qui participent à des formes différentes du rite romain et qu’il serait plus facile d’établir des ponts entre les personnes qui utiliseraient la même forme commune du rite romain. Je vous rejoins.
Jean-Paul II a promulgué après les sacres d’Ecône le motu proprio Ecclesia Dei, le 2 juillet 1988. Seuls les deux premiers mots du document ont été retenus en guise de titre, c’est dommage ! Le troisième mot est adflicta. La Commission du même nom n’est pas née dans les fastes d’une Église triomphante, mais plutôt sur la croix d’une division entre frères, une division qui dure.Faut-il souligner que les deux premiers numéros de ce texte mentionnent la tristesse : tristesse de l’Églisequi voit s’éloigner de la pleine communion quelques-uns de ses enfants, tristesse « particulièrement ressentie par le successeur de Pierre à qui revient en premier de veiller à l’unité de l’Église ».
Nous retrouvons cette tristesse chez François qu’il exprime à travers Traditionis Custodes.
Oui, vous l’avez compris, lassitude et tristesse sont mon pain quotidien autour de la question liturgique. Mon propos dans ces lignes est tout de réconciliation et de paix… de vérité aussi. En cela nous nous retrouvons. Comme vous le dites, j’ai essayé pour pacifier des chrétiens de tous bords de « trouver le ton le plus approprié pour donner du nouveau texte une vision qui ne soit pas source de division, intolérante, d’opposition frontale. »
Il faut bien reconnaître que beaucoup reçoivent TC comme un signe de rupture et ne comprennent pas. Certains ne se reconnaissent pas dans les fidèles décrits et se sentent agressés. Que dire à ces prêtres, ces fidèles, qui depuis des années travaillent souvent de façon cachée et peu reconnue à soigner des blessures, à ramener dans le troupeau. Ils sont découragés, accusés faussement de refuser Vatican II, de refuser la Messe 69, de parler de la “Vraie Messe”, de la “Vraie Église”.
TC gère des situations très différentes par une même norme, amalgame sans sembler reconnaître les grandes différences des fidèles assistant au VO, ignore surtout l’existence de fidèles ou de communautés qui ne sont pas opposés à un chemin de réflexion sur la liturgie et qui parfois l’ont même anticipé.
Comme Abbé, saint Benoît me demande de veiller à conserver toutes les brebis qui me sont confiées, à marcher à leur pas… celles qui courent et celles qui boitent aussi. C’est aussi la sollicitude que partage François pour l’ensemble du troupeau, lui qui demande au pasteur d’être à la fois à l’avant, au milieu et à l’arrière du troupeau.
Oui, nous sommes d’accord pour travailler autourde deux exigences centrales : construire des ponts entre les fidèles et mettre fin aux batailles liturgiques.
Voici donc quelques éléments que je vous partage :
a) Au sujet de Summorum Pontificum et l’introduction de deux formes dans l’unique rite romain.
Vous reprochez à Benoît XVI, l’usage des termes de “forme extraordinaire” du rite romain comme « quelque chose qui a été inventé en 2007, qui n’a aucun fondement dans le passé ecclésial », une « astuce », un « trucage systématique »… quelque chose qui a apporté la « bataille », non pas la « paix », créant des illusions, des distorsions de perspectives, des mirages et des cauchemars… Une sorte de « folie collective ».
Le constat me semble vraiment excessif car en bien des endroits, un vrai chemin de réconciliation s’est opéré. Les évêques français le soulignaient dans une synthèse controversée reprenant les résultats de l’enquête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la mise en œuvre de SP : « Dans la plupart des diocèses, la situation semble apaisée. » Par l’action persévérante et non sans mérite d’évêques, de prêtres, de vrais lieux de paix liturgique et d’enrichissement mutuel se sont peu à peu établis. Cela a demandé et demande beaucoup d’humilité de la part de tous… mais c’est ainsi que grandit l’Église.
Spiritualité - Page 187
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Dom Pateau répond à Andrea Grillo
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La dédicace de la Basilique Sainte Marie Majeure (5 août)
Depuis sa fondation, « Santa Maria Maggiore » est la principale basilique de Rome et de toute la Chrétienté consacrée au culte de la Vierge Marie. Si l'image de la Vierge qu'on y vénère et que la légende attribue au saint évangéliste Luc, est dite « Salus Populi Romani » (Salut du Peuple Romain), le pape Eugène III (1145-1153), dans une inscription qu'il fit mettre au-dessus du portail de l'église, invoquait Marie « comme via, vita, salus, totius gloria mundi » (voie, vie, salut, gloire du monde entier).
Une très belle légende médiévale raconte que le saint pape Libère (352-366) construisit une église au sommet de l'Esquilin, sur le lieu où la neige était tombée, dans la nuit du 4 au 5 Août, pour indiquer au patricien Giovanni, à son épouse et au Pontife lui-même l'emplacement sur lequel devait s'élever une basilique dédiée à la Vierge. La basilique actuelle fut, en réalité, construite au cinquième siècle par le pape Sixte III (432-440), au lendemain de la définition dogmatique de la maternité divine de Marie par le concile d'Ephèse (431) contre l'hérésie nestorienne qui admettait qu'on appelât Marie « Mère du Christ-homme », mais non pas « Mère de Dieu. »
Les pèlerins peuvent encore admirer les magnifiques mosaïques commandées par Sixte III pour illustrer la très haute dignité de Marie Mère de Dieu : celles qui se trouvent de chaque côté de la nef centrale, au-dessus des colonnes, représentent des scènes de l'Ancien Testament, tandis que celles de l'arc triomphal montrent certains épisodes de l'Enfance du Christ, représenté comme Dieu aux côtés de sa Mère ; au centre, on voit l'inscription apposée par Sixte III : « Xystus episcopus plebi Dei » (Sixte, évêque, au peuple de Dieu). Dès cette époque, l'église fut appelée basilique de Santa Maria et aussi dite, à partir du sixième siècle, ad Præsepe (de la Crèche), puis ad Nives (des Neiges) ou Liberiana, à partir du douzième siècle où l'on commença de l'intituler Santa Maria Maggiore, pour indiquer qu'il s'agit de la plus vénérable et de la plus précieuse des églises consacrées à la Sainte Vierge.
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Une lecture africaine du motu proprio « Traditionis Custodes »
De Mgr Pascal N’Koué, archevêque de Parakou au Bénin, dans son bulletin diocésain du mois d’août:
« Le Pape François, le 16 juillet 2021, a publié un motu proprio : ‘’ Traditionis custodes’’ sur la forme extraordinaire du rite latin. Je crois que ce texte est à lire à la lumière de l’encyclique ‘’Fratelli tutti’’. Un seul troupeau, un seul Pasteur. Les deux formes liturgiques doivent nous aider à cohabiter pacifiquement et nous enrichir mutuellement. Je célèbre les deux formes. Aucun problème. C’est le cœur de l’homme qui est malade et qu’il faut soigner. »
Ref. Lire Traditionis custodes à la lumière de Fratelli tutti…
JPSC
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La messe : un sacrifice sinon rien
De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur Metablog :
Un sacrifice sinon rien
La dernière prière du prêtre, au cours de la messe, est résolument sacrificielle, comme pour montrer que le sacrifice est l'essentiel de la liturgie. Cette prière se récite au moment où le prêtre baise l'autel une dernière fois, manifestant par ce geste combien ce rite qu'il vient de célébrer ne provient pas de lui, de sa foi personnelle ou de sa spiritualité propre, mais s'identifie à l'autel, qui porte, nous l'avons vu au début de ce travail, le sens divin du sacrifice. Voici une traduction de cette prière :Que vous plaise, ô sainte Trinité, l'hommage que je vous rends de mon service. Faites que ce sacrifice que j'ai porté aux yeux de votre majesté, malgré mon indignité, vous soit agréable (acceptabile) à vous et qu'à moi ainsi qu'à tous ceux pour lesquels j'ai porté cette offrande, elle soit propitiatoire (propitiabile) autant que vous êtes miséricordieux, par le Christ notre Seigneur
J'aurais aimé pouvoir faire rimer les traductions des deux adjectifs latins : acceptabile et propitiabile. Difficile de trouver, en français, deux adjectifs assonnants, en des sens si précis et si voisins ! Mais qui a dit que le latin liturgique est un latin de cuisine ? L'homéotéleute aide à articuler la pensée.
Nous avons vu que la messe comportait toutes les formes de sacrifices. La forme la plus durable est certainement le sacrifice de louange, puisqu'il occupera toute notre éternité, en manifestant notre joie d'être à Dieu. Mais la forme la plus immédiatement importante des quatre genres de sacrifice n'est ni le sacrifice de louange, ni le sacrifice d'action de grâce, ni le sacrifice de demande (appelé aussi impétratoire). C'est le sacrifice qui nous rend Dieu propice, qui nous permet d'être comme d'égal à égal face à son éternité, Il y a entre Dieu et nous le mur de la finitude et du péché. Dieu lui-même a voulu casser ce mur et nous permettre de vivre de plain pied avec son éternité en devenant ses fils et ses filles. La messe, pour qui la vit, réalise cette transformation. C'est en ce sens d' abord qu'elle est un sacrifice. Par la transformation de notre prière dans la prière du Christ, par la transmutation de notre inefficacité dans l'efficience du Fils de Dieu, elle est le signe décisif du changement de notre condition et de l'arrivée, à la fin des fins, du Royaume de Dieu, éternelle communion qui abolit toute finitude, parce qu'elle nous divinise.
C'est le cas de l'écrire : un sacrifice sinon rien, sinon le monde ne changera pas et restera toujours dans cet état d'inachèvement désespérant dans lequel nous le voyons tous les jours. La réponse au problème du mal n'est pas à chercher en arrière, dans le passé de l'humanité ou dans je ne sais quel état parfait de l'humanité adamique. Elle s'écrit, cette réponse, dans le sacrifice de la croix, où le Fils de Dieu affronte par le miracle de son incarnation la Puissance du mal et la fatalité de la mort, en y répondant par l'amour surnaturalisant. A chaque messe, cette réponse se rend tangible pour que le plus d'hommes et de femmes y participent, en s'incluant, par la médiation du rite sacré, dans la prière du Christ, dont ils sont, ces hommes et ces femmes, à la fois la matière première (si j'ose dire) et, encore aujourd'hui, l'enjeu ultime, mais aussi, dans la communion des saints, les agents communicateurs et les imitateurs indignes.
Ce Mystère ecclésiologique, le pape François, dans son Motu proprio Traditionis custodes, a décidé de le marquer du sceau d'infamie que reçoit, dans sa pensée, tout ce qui est préconciliaire A-t-il décidé de changer de religion, non pas de foi, je le précise : de religion c'est-à-dire de relation à Dieu ? A-t-il décrété que la messe sacrificielle avait fait son temps et qu'elle était le signe d'un autre visage de l'Eglise que le visage qui a triomphé à Vatican II ? Si cette interprétation radicale se révélait juste, ce que l'avenir proche nous dira, ce serait au mépris de ce que voulaient la grande majorité des Pères conciliaires, au mépris de l'Eglise et au mépris du plan divin.
Pourquoi au mépris du Plan divin ? Parce que le problème du mal dans cette perspective conciliaire n'aurait pas d'autre solution que les bricolages sans cesse recommencés de notre bonne volonté toujours balbutiante depuis que le monde est monde et qu'Eve a croqué dans la pomme. Le monde redeviendrait incompréhensible, livré à un progressisme, que l'on doit dire à bon droit "imbécile", parce que l'on voit bien que, du problème du mal, il n'a qu'un simulacre de réponse. N'en déplaise aux progressistes d'aujourd'hui, la réponse à donner au terrible problème du mal n'est pas le Parc humain avec contrôle obligatoire, crédit social à la chinoise, et passe sanitaire à la française, pour accéder aux vespasiennes et faire régner une morale publique dominatrice, imposée à force de traçabilité des personnes, par des caméras de surveillance et des logiciels de reconnaissance faciale. Ce monde du Panoptikon que Michel Foucault a seul vu venir, est un terrible simulacre de réponse, parce que, progrès technique aidant, ce monde du contrôle est pire que le problème du mal tel qu'il se donne à voir dans les sociétés ordinairement humaines. Terrible ironie de l'histoire ! Les membres du Club de Davos, Klaus Schwaab en tête, fascinés par les modalités nouvelles de la survie du communisme chinois, entendent solutionner par le contrôle le monde archipelisé qui est le nôtre. Mais leur remède, indéniablement progressiste pourtant par les techniques qu'il met en jeu, s'avèrera pire que le mal, anéantissant chez les hommes l'idée même de liberté.
Historiquement, la seule réponse au mal est spirituelle, c'est la mort de Jésus sur la Croix et le sacrifice de la messe qui nous permet de nous inclure dans ce mystère. La croix où meurt l'Innocent par excellence semblait pourtant participer du Mystère d'iniquité. Par un retournement sans exemple, elle devient le signe du Mystère de la piété, par lequel nous sommes tous prêtres (c'est-à-dire offrants), et nous devenons les rois de notre propre destinée, en en maîtrisant l'horizon éternel. "Il a fait de nous un royaume et des prêtres" comme dit l'Apocalypse (I, 9). C'est à cette réalité eschatologique que la messe traditionnelle nous permet d'assister et même de participer. Son interdiction par le Motu proprio du pape François a elle aussi un sens eschatologique.
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La rupture ?
De Pierre Nespoulos sur la Semaine de Castres et du Tarn :
La rupture ?
Le « motu proprio » (décret pris par le pape François) « Traditionis custodes » soit « Les gardiens de la tradition » (!) secoue ces temps derniers les milieux catholiques, voire au-delà. La possibilité ouverte par Jean-Paul II et libéralisée par Benoît XVI en 2007 de célébrer la messe communément appelée « messe en latin » est désormais abrogée, du moins soumise à de multiples autorisations, doublées de vexations. Le 7 juillet 2007 en effet, Benoît XVI avait ouvert un nouvel horizon à la liturgie traditionnelle et son « Introibo ad altare dei » (je m’approcherai de l’autel de Dieu). Dans un décret devenu célèbre, le motu proprio « Summorum pontificum », il accordait une place nouvelle à l’« ancienne messe » qui avait été marginalisée par le Concile Vatican II, avec l’argument : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous ». D’ailleurs, n’est-il pas paradoxal que ce qui était le rite millénaire soit désormais appelé « extraordinaire » ?
La stupéfaction, l’indignation et la colère ont envahi une partie de l’Eglise pour qui cette remise en cause est pour le moins déconcertante, outre le fait qu’elle est une insulte à la face du prélat en retraite. Elle semble ajouter du sel sur des plaies dont on avait l’impression qu’elles étaient cicatrisées. Le compromis de Benoît XVI visant à apaiser le débat entre les diverses sensibilités catholiques est remis en cause de manière absurde, bien plus menée par une volonté disciplinaire que doctrinale. Le message de François est inacceptable tel qu’il est formulé. L’unité de l’Eglise ne peut être visée par des oukases mais par le dialogue fraternel. Je pensais naïvement que l’épithète « conciliant » dérivait de « concile ». L’interprétation (jésuistique?) me semble ici éloignée. Les tenants du courant moderniste imposent leur ligne, pourtant dénoncée par les critiques comme responsable de l’effondrement de la pratique religieuse, car cela ne répond pas à leurs attentes de transcendance, de sacralité, de recueillement, de mystère…
Il faut que ce soit l’écrivain et philosophe Michel Onfray qui, bien que se revendiquant athée, explique pourquoi la décision du pape François de porter atteinte à la messe en latin dans le patrimoine liturgique le consterne : « La vie de l’Eglise catholique m’intéresse parce qu’elle donne le pouls de notre civilisation judéo-chrétienne bien mal en point. Le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre ». Avant lui, Georges Brassens avait donné son avis de manière plus triviale dans une chanson célèbre « Sans le latin, la messe nous em…, à la grande fête liturgique plus de pompes soudain, plus de mystère magique et les fidèles s’en f… »
Du passé faisons table rase. Offrons à l’avenir un monde banalisé à coup de cantiques débiles. Quand on pense au sublime héritage de la musique liturgique en latin, Mozart, Haydn, Haendel, Bach ! Est-il urgent de les remplacer par du moderne consensuel bâclé, voire du rap ? Est-ce l’Eglise de la synodalité, du décolonialisme et du paupérisme face à l’Eglise du sacré, de l’identité chrétienne assumée et de l’évangélisation ? La théologie de la Libération était une façon de comprendre le catholicisme fortement coloré de communisme : cela pouvait s’expliquer à défaut de se justifier au regard des régimes très durs d’Amérique latine dont Bergoglio eut à souffrir, mais on ne peut de notre côté ignorer les bases du christianisme qui ont façonné l’Europe. Peu concerné par le destin de l’Europe, le sud-américain François est très préoccupé par les questions sociales et peu par les questions liturgiques. Mais le pape n’est pas le président d’une ONG écolo-humanitaire !
Je me garderai bien de décerner des brevets de catholicité en fonction d’une pratique liturgique, vivant en outre dans un diocèse où il n’y a pas de guerre ni ouverte ni larvée entre les rites. Mais je trouve excessif d’imputer aux tenants d’une fidélité à l’Histoire du catholicisme des velléités séparatistes en filigrane, comme, récemment, l’évêque de Dijon ou le Conférence des évêques de France, dans son retour sur expérience du « Summorum pontificum ».
Si j’étais athée, il me semble qu’un appel vers le catholicisme ne viendrait certainement pas de son modernisme (pour cela j’ai Netflix!) mais par un besoin de sublime, de transcendance et de l’exemple de ceux qui s’agenouillent plus devant la croix que devant l’esprit du temps. Ce « motu proprio » liquidant l’héritage de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI (du vivant de celui-ci, dernier irrespect) réveille les consciences endormies, devant un fallacieux progressisme dont le cheminement suicidaire n’est plus à démontrer : les églises se vident. Dans ces conditions, pousser quelques brebis vers la sortie n’est guère ni habile ni miséricordieux. L’Eglise doit-elle être « dans le vent » de l’évolution sociétale ? Dans le vent, c’est le destin des feuilles mortes…
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Martin Mosebach : messe et mémoire
Lu et traduit cet article de Martin Moselbach (*) publié sur le site web américain « First Things » :
Traditionis Custodes : le Pape François a donné un ordre. Il le fait à un moment où l'autorité papale s'effiloche comme jamais auparavant. L'Église a depuis longtemps atteint un stade ingouvernable. Mais le pape continue de se battre. Il abandonne ses principes les plus chers — « écoute », « tendresse », « miséricorde » — qui refusent de juger ou de donner des ordres. Le pape François est réveillé par quelque chose qui le trouble : la tradition de l'Église.
La marge de manœuvre limitée que les prédécesseurs du pape accordaient à la tradition liturgique n'est plus occupée que par les nostalgiques séniles. La messe traditionnelle en latin attire également les jeunes, qui ont découvert et appris à aimer le « trésor enfoui dans le champ », comme le pape Benoît a appelé l'ancienne liturgie. Aux yeux du pape François, c'est tellement grave qu'il faut le supprimer.
La véhémence du langage du motu proprio suggère que cette directive est arrivée trop tard. Les cercles qui adhèrent à la tradition liturgique ont en effet radicalement changé au cours des dernières décennies. La messe tridentine n'est plus seulement fréquentée par ceux qui regrettent la liturgie de leur enfance, mais aussi par des personnes qui ont découvert la liturgie à nouveau et qui sont fascinées par elle, y compris de nombreux convertis, dont beaucoup sont éloignés de l'Église depuis longtemps. La liturgie est leur passion et ils en connaissent chaque détail. Il y a parmi eux de nombreuses vocations sacerdotales. Ces jeunes gens ne fréquentent pas seulement les séminaires tenus par les fraternités sacerdotales de tradition. Beaucoup d'entre eux suivent la formation habituelle au sacerdoce, et sont néanmoins convaincus que leur vocation est renforcée précisément par la connaissance du rite traditionnel. La curiosité au sujet de la tradition catholique supprimée s'est accrue, même si beaucoup avaient décrit cette tradition comme obsolète et mal fondée. Aldous Huxley a illustré ce genre d'étonnement dansBrave New World , dans lequel un jeune homme de l'élite moderne, sans le sens de l'histoire, découvre les richesses débordantes de la culture prémoderne et en est enchanté.
L'intervention du pape peut entraver la croissance du rétablissement liturgique de la tradition pendant un certain temps. Mais il ne pourra l'arrêter que pour le reste de son pontificat. Car ce mouvement traditionnel n'est pas une mode superficielle. Il a démontré dans les décennies de sa répression avant le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît qu'il persiste une dévotion sérieuse et enthousiaste à la plénitude complète du catholicisme. L'interdiction du pape François suscitera une résistance chez ceux qui ont encore la vie devant eux et ne permettra pas que leur avenir soit assombri par des idéologies obsolètes. Ce n'était pas bon, mais ce n'était pas non plus sage, de mettre l'autorité papale à cette épreuve.
Le pape François interdit les messes de rite ancien dans les églises paroissiales ; il demande aux prêtres d'obtenir la permission de célébrer l'ancienne messe ; il exige même des prêtres qui n'ont pas encore célébré dans l'ancien rite d'obtenir cette permission non de leur évêque, mais du Vatican ; et il exige un examen de conscience des participants à l'ancienne messe. Mais le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît raisonne à un tout autre niveau. Le pape Benoît n'a pas « autorisé » la « vieille messe », et il n'a accordé aucun privilège pour la célébrer. En un mot, il n'a pas pris de mesure disciplinaire qu'un successeur peut se rétracter. Ce qui était nouveau et surprenant à propos de Summorum Pontificum était qu'il déclare que la célébration de l'ancienne messe n'a besoin d'aucune permission. Cela n'avait jamais été interdit parce que cela ne pouvait jamais être interdit.
On pourrait conclure que nous trouvons ici une limite fixe et infranchissable à l'autorité d'un pape. La tradition est au-dessus du pape. L'ancienne messe, profondément enracinée dans le premier millénaire chrétien, est par principe au-delà de l'autorité du pape à interdire. De nombreuses dispositions du motu proprio du pape Benoît peuvent être écartées ou modifiées, mais cette décision magistrale ne peut pas être si facilement supprimée. Le pape François n'essaie pas de le faire, il l'ignore. Il existe toujours après le 16 juillet 2021, reconnaissant l'autorité de la tradition selon laquelle chaque prêtre a le droit moral de célébrer l'ancien rite jamais interdit.
La plupart des catholiques du monde ne s'intéresseront pas du tout à Traditionis Custodes . Compte tenu du petit nombre de communautés traditionalistes, la plupart comprendront difficilement ce qui se passe. En effet, nous devons nous demander si le pape n'avait pas de tâche plus urgente - au milieu de la crise des abus sexuels, des scandales financiers de l'Église, des mouvements schismatiques comme la voie synodale allemande et de la situation désespérée des catholiques chinois - que de supprimer cette petite communauté dévouée.
Mais les adeptes de la tradition doivent accorder au pape ceci : il prend la messe traditionnelle, qui remonte au moins à l'époque de Grégoire le Grand, aussi sérieusement qu'eux. Il la juge cependant dangereuse. Il écrit que les papes dans le passé ont créé à plusieurs reprises de nouvelles liturgies et ont aboli les anciennes. Mais le contraire est vrai. Au contraire, le Concile de Trente a prescrit l'ancien missel des papes romains - qui avait surgi dans l'Antiquité tardive - pour une utilisation générale, car c'était le seul qui n'avait pas été gâté par la Réforme.
Peut-être que la messe n'est pas ce qui préoccupe le plus le pape. François semble sympathiser avec « l'herméneutique de la rupture », cette école théologique qui affirme qu'avec le Concile Vatican II, l'Église a rompu avec sa tradition. Si cela est vrai, alors en effet toute célébration de la liturgie traditionnelle doit être empêchée. Tant que l'ancienne messe latine sera célébrée dans un garage, le souvenir des deux mille dernières années ne s'éteindra pas.
Cette mémoire, cependant, ne peut pas être extirpée par l'exercice brutal du positivisme juridique papal. Il reviendra encore et encore et sera le critère selon lequel l'Église du futur devra se mesurer.
Ref. messe et memoire
(*)Martin Mosebach, écrivain, scénariste, dramaturge, essayiste, romancier et juriste-poète, est né le 31 juillet 1951 à Francfort-sur-le-Main, Cet écrivain allemand est nanti de nombreuses distinctions : en 2007, il a gagné le Prix Georg-Büchner, l'un des prix littéraires les plus prestigieux du pays, étant également lauréat du prix Kleist, la médaille Goethe, le prix littéraire de la Fondation Konrad Adenauer, le prix Kranichsteiner et grand prix de littérature de l'Académie bavaroise des beaux-arts et de l’Académie des arts de Berlin. Il est catholique de sensibilité traditionaliste.
JPSC
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Unifier la liturgie ?
De Louis Manaranche sur Aleteia.org :
« Traditionis Custodes » : un appel à l’unification liturgique
Au fil des siècles, la liturgie s’est toujours fixée dans l’Église à l’aune de l’expérience et des usages du Peuple de Dieu. Pour l’historien Louis Manaranche, une intégration renouvelée des trésors de la tradition dans la liturgie ordinaire pourrait consolider la communion.
Depuis la publication du motu proprio Traditionis Custodes, l’Église de France revit des débats qui semblent tout droit venus des années 1970 et 1980. À l’exception des questions à proprement parler doctrinales, qui restent discrètes, recommence une discussion sans fin sur la manière de lire le concile Vatican II, entre « herméneutique de la continuité » et « Pentecôte nouvelle » ou « disruptive » comme on dirait aujourd’hui, à travers le prisme de la liturgie. Celle-ci, que l’on appelle dans la tradition occidentale la lex orandi (loi de la prière), qui exprime la lex credendi (loi de la foi) de l’Église, a été profondément réformée dans le contexte de ce grand événement.
On mentionne toujours la possibilité de célébrer en langue vernaculaire et face au peuple mais on devrait peut-être évoquer d’abord deux autres caractéristiques notables : la liturgie de la Parole plus déployée avec un nouveau lectionnaire profondément renouvelé et une variété considérable de prières eucharistiques (treize si on inclut des prières assez peu usitées), en lieu et place de l’ancien et unique canon romain devenu la prière eucharistique numéro I.
L’expérience liturgique du Peuple de Dieu
Force est de constater que cette messe dite de Paul VI nourrit depuis plus de cinquante ans la foi, l’espérance et la charité du Peuple de Dieu, qui en goûte tout particulièrement la plus grande intelligibilité et l’accès renouvelé à la Parole de Dieu. En outre, cette messe a progressivement pris une forme stabilisée avec trois prières eucharistiques largement privilégiées et une disparition progressive — et inégale — des tentatives de créativité malheureuses. Cette évolution nous rappelle combien, selon l’expression conciliaire, le Peuple de Dieu est l’acteur qui célèbre la liturgie.
C’est avec cette conviction qu’il faut aussi considérer la messe tridentine. Fixée par le pape Pie V dans le contexte d’un concile de Trente de réforme interne de l’Église catholique en réponse à la Réforme, cette messe entérinait et codifiait ce que contenait depuis au moins un siècle la messe romaine. Ainsi, ce missel s’appuyait déjà sur l’expérience liturgique du Peuple de Dieu et a été la norme de celle-ci pendant encore quatre siècles. Sans entrer dans le débat sur l’abrogation ou non de l’ancien missel après 1969, il convient de bien percevoir que sa pratique n’a en réalité jamais été interrompue, en premier lieu parce qu’elle répondait à l’attente de certains catholiques. Son sens du sacré, de la continuité exprimée par le latin et le chant grégorien, l’accent net mis sur la messe comme sacrifice ont, parmi d’autres éléments, été au cœur de la vie liturgique, sans interruption, de nombreux chrétiens.
Renouveau et tradition
Sans non plus entrer dans la controverse sur la pérennité de deux missels dans le même rite latin, nous pouvons lire l’appel du Saint Père vers une unification liturgique à l’aune de cet état de fait. Si tant d’éléments ont « survécu » à la réforme liturgique et surtout à une application parfois radicale de celle-ci, n’est-il pas envisageable que le missel jadis dit « ordinaire » puisse intégrer plus explicitement des modalités de célébration qui permettent de proposer à tous tant le renouveau vécu par la masse des chrétiens que les trésors de tradition que certains ont voulu maintenir intacts ?
On objectera que bien des éléments, du latin au canon romain en passant par le chant grégorien ou même l’orientation sont déjà possibles et c’est exact. Toutefois, en le formulant de manière renouvelée et le permettant dans des lieux plus nombreux, dans le plus grand respect de la sensibilité des fidèles et des prêtres, de vivre la messe ainsi, un chemin de paix et de communion plus profonde pourrait apparaître…
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Traditionis Custodes : pour l’historien Christophe Dickès, spécialiste du Vatican, « La diversité des rites fait la richesse de l’Église »
Pourquoi les remous suscités par le motu proprio du pape François dépassent-ils largement le monde des traditionalistes? voici un décryptage très complet paru sur le site web « Aleteia :
« Pour l'historien et spécialiste du Vatican Christophe Dickès, en mettant fin à la libéralisation de la messe dite de saint Pie V, le pape François exprime très clairement le souhait qu’à terme, la forme extraordinaire du rite romain disparaisse. Il ne croit pas que cela soit possible.
La publication du motu proprio Traditionis Custodes, le 16 juillet dernier, a provoqué de vives réactions au sein de l’Église de France. Si beaucoup d’évêques ont tenu à réitérer leur confiance aux communautés traditionnalistes de leurs diocèses, ces dernières se disent « profondément attristées » par le contenu du texte et de la lettre explicative du pape François. Pour le spécialiste du Vatican Christophe Dickès, il est « heureux » que « tous les conciles dans l’histoire, surtout ceux des premiers siècles, aient été aux centres de grands débats et de vastes discussions ». S’il se montre lui-même critique à propos de la décision du pape François, il rappelle l’importance « d’être constructif et respectueux dans sa critique ».
Aleteia : En quoi le motu proprio Traditionis Custodes est-il en rupture avec les précédentes règles édictées par Benoît XVI ?
Par son motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, le pape Benoît XVI libéralisait la messe dite de saint Pie V. Il permettait à des « groupes stables » de paroissiens de demander à leur curé ce qui serait désormais appelé la « forme extraordinaire du rite romain ». Dès les deux premiers mots de son texte, il justifiait son acte en faisant appel à l’ensemble de l’histoire de l’Église, de Grégoire le Grand à saint Pie V, en passant par Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X ou encore saint Jean XXIII. Écrire un texte en prenant à témoin l’ensemble des « Summorum pontificum » (en français, « Souverains pontifes ») nous dit toute l’importance de la liturgie pour ce pape théologien. Dans la lettre aux évêques qui accompagnait le texte, Benoît XVI ajoutait : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste ». De fait, la messe dite de saint Pie V n’a jamais été abrogée (Summorum Pontificum, art 1.)
Or, le texte du pape François met non seulement fin à cette libéralisation, mais exprime très clairement le souhait qu’à terme, la forme extraordinaire du rite romain disparaisse. On a beau le prendre dans tous les sens, il souhaite son abrogation dans le temps en restreignant drastiquement sa pratique dès aujourd’hui. Alors qu’elle est un droit inaliénable.
Pourquoi le pape François cherche-t-il à contrôler plus strictement les messes en rite préconciliaire ?
Le pape François justifie sa décision en évoquant un danger pour l’unité ecclésiale. Mais je souhaiterais tout d’abord rappeler qu’il existe de très nombreuses formes du rite romain : les rites anglican et zaïrois, les rites ambrosien et cartusien. Sans compter les rites spécifiques aux ordres religieux. Et je ne parle même pas des rites non latins : les rites byzantins, arméniens ou antiochiens qui eux-mêmes comportent des sous-ensembles. Bref, il existe une diversité de rites, ce qui fait la richesse de l’Église, de son histoire et de ses traditions liturgiques.
Lire aussi :L’histoire agitée de « Summorum Pontificum », le motu proprio qui a libéralisé la messe en latin
Par ailleurs, d’un point de vue plus terre à terre, le motu proprio Traditionis Custodes fait suite à une enquête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi auprès des diocèses du monde entier. Or, sur l’ensemble des évêques, il semble que seuls 15% aient montré des sentiments défavorables à l’ancienne messe, quand 15% se révélaient neutres ou favorables. Les 70% n’ayant pas répondu, nous pouvons estimer qu’ils sont sans avis, ni pour, ni contre. Voir donc un texte pontifical répondre aux inquiétudes de 15% des évêques me laisse songeur… L’Église peut-elle s’offrir le luxe d’une crise dans le contexte que l’on sait, alors que tant de choses sont à faire et que ces communautés, contrairement à ce qu’en dit le motu proprio, ont montré leur fidélité à Rome dans le cadre offert par le pape Jean-Paul II puis Benoît XVI ?
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Liège, 7 août : fête de sainte Julienne de Cornillon en union avec sainte Claire
Liège - Fête de Sainte Julienne en union avec sainte Claire
La communauté des soeurs clarisses, les membres de l’ASBL du sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon et les habitants du béguinage contemporain vous invitent cordialement à venir fêter ensemble nos deux saintes patronnes :
Eucharistie solennelle le samedi 7 août 2021 à 18h00
présidée par Monseigneur Aloys JOUSTEN, évêque émérite de Liège,
et animée par le choeur mixte St-Apollinaire de Bolland, sous la direction de Gilbert LesoinnePour cette fête publique du sanctuaire le 7 août, jour de la sainte Julienne, nous avons la joie d'associer nos deux saintes patronnes vu leurs multiples proximités. Notez qu'une messe solennelle pour sainte Claire sera aussi célébrée le mercredi 11 août à 8h00 du matin, sans réception.
Une collecte spéciale aura lieu pour soutenir le monastère et la fabrication des hosties durement impactés par la suspension des messes durant le confinement. Voyez aussi plus bas pour faire un don.
Après la messe du 7 août, verre de l'amitié sur l'esplanade Urbain IV, visites des derniers appartements du béguinage contemporain, et sur rendez-vous préalable, rencontre de soeurs clarisses au parloir. N'oubliez pas votre masque svp.Une réponse est souhaitée avant le 3 août s'il vous plaît: 04 343 64 54 ou cornillon@saintejulienne.org
Voici quelques informations sur la vie du sanctuaire avec quelques intéressantes activités à venir.La suspension des messes durant la crise du Covid-19 impacte fortement les ventes d'hosties, principale ressource du sanctuaire. Nous vous sollicitons afin de faire face à nos engagements:
IBAN BE07 0682 0174 4566
InformationsNous accueillons François qui a tout perdu avec les inondations. Visitez les derniers appartements disponibles (à partir de 600 EUR) en lien avec la charte de vie chrétienne du béguinage contemporain.
L’Eglise ou l’Etat ? Agir en chrétien ou en citoyen ? Ce choix est dépassé. Dialoguer, inclure, relever ensemble les enjeux de l'humanité, développer le bien commun. Avec le p. Francesco Brancaccio les 27 & 28 août 2021. Informations.
Découvrez les 15 activités proposées autour de sainte Julienne pour le thème "Femme et Patrimoine" des Journées du Patrimoine 2021. Réservez les samedi 11 et dimanche 12 septembre. Informations.
Avez-vous déjà vu le vieux puits redécouvert lors des travaux ? Témoin du 1er hôpital de Liège, l'eau fraîche y arrive encore.
Plus fort encore : "Jésus dit: celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif," Jean 4:14La chapelle est ouverte pour la prière. Vous pouvez venir allumer une bougie et pourquoi pas demander l'intercession de sainte Julienne (7 août) ou de sainte Claire (11 août).
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Les fresques de Giotto à Padoue sont inscrites au patrimoine mondial de l'humanité
D'Agnès Pinard Legry sur Aleteia.org :
Les splendides fresques de Giotto désormais au patrimoine mondial de l’humanité
Shutterstock | EQRoy
La chapelle Scrovegni, Padoue (Italie)
27/07/21
Les fresques réalisées par Giotto au XIVe siècle dans la chapelle des Scrovegni, à Padoue (Italie), ont été inscrites le 24 juillet au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Un des joyaux de l’art sacré vient d’entrer au patrimoine mondial de l’humanité. Les fresques réalisées par Giotto au XIVe siècle dans la chapelle des Scrovegni, à Padoue (Italie), ont été inscrites le 24 juillet sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Également appelée Église de l’Arena, cette chapelle ne compte qu’une nef unique. Mais quelle nef ! Pas un seul pan de mur n’est laissé au vide : les fresques commandées à Giotto par le banquier Enrico Scrovegni en l’honneur de son père Reginaldo occupent tout l’espace. Élève de Cimabue, Giotto aura mis moins de 900 jours pour couvrir de fresques les quelque 1.000 m² d’espace.
Les épisodes de la vie du Christ, de la Nativité à la Passion, sont environnés de scènes de la vie de la Vierge et de sainte Anne et saint Joachim, les parents de Marie. Le mur faisant face à l’autel offre quant à lui une saisissante représentation du Jugement dernier. Les dimensions modestes de l’espace permettent aux spectateurs d’avoir un contact assez intime et personnel avec les peintures.
L’œuvre majeure de Giotto
La décoration de la chapelle des Scrovegni par Giotto est considérée comme l’une des réalisations les plus magistrales de l’histoire de l’art occidental. Unanimement considérées comme l’œuvre majeure de Giotto et comme l’un des chefs-d’œuvre de la peinture italienne, ces fresques représentent un aboutissement de la technique et du style de l’artiste. Et une formidable invitation à la prière.
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Le pape ne parviendra pas à faire disparaître la messe traditionnelle car cette décision est “hors-sol”
Extraits d’un article publié dans le « Figaro » par Jean-Marie Guénois, lus sur le site du « Salon Beige » :
« Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois revient sur le motu proprio Traditionis Custodes. Il écrit notamment :
[…] Commençons par un point fondamental : François n’abroge pas le rite pré-conciliaire, il n’en a pas le droit, ni le pouvoir. Son objectif est d’éradiquer l’usage et l’idée que ce rite puisse subsister « à côté » ou « en parallèle », comme une « alternative » possible, voire une « option » ouverte en complément du rite conciliaire, dit « de Paul VI ». Cette pratique et cette conception se sont installées depuis 2009 dans certaines mentalités catholiques et en particulier au sein des jeunes générations. François veut combattre cette vision des choses jusqu’à la faire disparaître.
Il n’y parviendra pas parce que l’enquête mondiale qui a préparé cette décision et les conseillers liturgiques qui l’entourent n’ont pas d’expérience concrète des communautés réelles rassemblées par ce type de liturgie, dont la motivation a décuplé après ces mesures de restriction. C’est fut une décision « hors sol ». Une analyse logique, cohérente, rationnelle, mais prise en laboratoire, sur la base de dossiers, d’avis, loin des communautés concernées et des fidèles qui les animent.
[…]
François semble ne pas connaître la réalité de ces jeunes fidèles qu’il juge à l’aune de quelques jeunes prêtres et séminaristes qu’il accuse de « rigidité » : les super « cathos » qu’il vise et qu’il ne se prive pas de fustiger pour leur manque de souplesse, sont sans doute « rigides » pour certains. Mais… ce sont ses propres petits enfants spirituels ! Comme ils sont aussi les petits-enfants de Benoît XVI et arrière petits-enfants de Jean-Paul II.
Cette jeune génération – minoritaire –, plus ou moins « tradi » engagée sur le plan social comme sur le plan spirituel, ne se reconnaît plus dans les combats conciliaires et anti-conciliaires de leurs aînés. Ces jeunes forment le laboratoire de l’Église catholique de demain et se vivent comme tels : ils sont la génération François-Benoît ! Avec un trait d’union et non avec barreau d’exclusion qui sentirait la mise à l’écart, le cachot parce qu’ils penseraient mal…
À propos de cette génération mais aussi des fidèles réels qui peuplent ce type d’assemblée, un prêtre qui célèbre dans les deux rites me disait cette semaine : « François pose une question juste mais il y répond de façon injuste ». Oui, il y a de l’injustice dans l’air, en particulier quand on observe, factuellement, la façon dont François traite les tradis et la façon dont il accueille d’autres « communautés ». Ces jeunes « tradismatiques » resteront profondément blessés par cette décision de François.
[…]
Au fond, ce Motu Proprio François contre le Motu Proprio Benoît n’est pas un combat d’arrière-garde mais le dernier des combats de l’ère post-conciliaire. En cela il est spectaculaire et magistral.
Deux visions s’opposent. Je tiens à disposition des textes étonnants du cardinal Ratzinger et de Benoît XVI sur la liturgie qui aideront peut-être ceux qui pensent toujours qu’il y a continuité sur ce plan entre les deux pontificats…
Petite remarque : souvent les catholiques ont peur du débat, de la controverse, de la disputatio. Par manque de connaissance de leur propre histoire, ils pensent que ce ne serait pas catholique ou chrétien de ne pas être d’accord. Au passage, il suffit de lire ne serait-ce qu’une seule « question » sur les milliers posées par Thomas d’Aquin dans la Somme Théologique pour comprendre que la vie intellectuelle, la liberté d’esprit, la prise en compte des opinions contraires sont l’ADN même de l’Église catholique. Il ne faudrait pas que les cathos congèlent ce patrimoine comme l’a fait la majorité du monde musulman, ce qui conduit à la sclérose. […]
Oui, il y a deux visions qui s’opposent actuellement dans l’Église catholique sur l’interprétation du Concile Vatican II. Nous vivons avec les deux pontificats de Benoît XVI et de François – ils ont tous les deux le même « âge » cette année, huit années – le dénouement de ce conflit. Il a été rendu visible par cette affaire des Motu Proprio. […]
Quand je suis allé à Rome pour préparer ces sujets début juin, beaucoup se disaient que François attendrait que Benoît XVI ne soit plus là pour publier son Motu Proprio. Il ne l’a pas fait. Il est passé en force. Serait-ce aussi parce que François sent que le temps lui est aussi compté ? Ce n’est pas impossible depuis la lourde opération qu’il a subie – plus importante dans ses conséquences qu’on ne le dit. […] ».
Un chiffon rouge pour animer le prochain consistoire ?
JPSC
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Motu Proprio Traditionis Custodes : un évêque néerlandais dénonce un ukase
Lu sur le site web « Salon beige » :
« Mgr Robert Mutsaerts, évêque auxiliaire de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, a diffusé un long texte sur le motu proprio, dont voici quelques extraits :
Le pape François promeut la synodalité : tout le monde doit pouvoir parler, tout le monde doit être entendu. Ce n’est guère le cas avec son motu proprio Traditionis Custodes récemment publié, un ukase qui doit immédiatement mettre un terme à la messe latine traditionnelle. […] Le fait que François s’empare ici de la parole du pouvoir sans aucune consultation indique qu’il perd de l’autorité. Cela est devenu évident plus tôt lorsque la Conférence épiscopale allemande n’a pas tenu compte de l’avis du Pape concernant le processus de synodalité. La même chose s’est produite aux États-Unis, où le pape François a appelé la Conférence épiscopale à ne pas préparer un document sur la communion. […]
Le langage est très similaire à une déclaration de guerre. Chaque pape depuis Paul VI a toujours laissé des ouvertures pour l’ancienne messe. Si des changements ont été apportés, il s’agissait de révisions mineures, voir par exemple les indults de 1984 et 1988. Jean-Paul II croyait fermement que les évêques devaient être généreux en autorisant la messe tridentine. Benoît a même ouvert grand la porte avec Summorum Pontificum : « Ce qui était sacré alors, l’est encore aujourd’hui ».
François claque violemment la porte avec Traditionis Custodes. Cela ressemble à une trahison et est une gifle pour ses prédécesseurs. L’Église n’a jamais aboli les liturgies. Pas même le Concile de Trente. François rompt complètement avec cette tradition. Le motu proprio contient quelques instructions et commandes succinctes. Ceci est expliqué plus en détail au moyen d’une déclaration plus longue. Cette déclaration contient de nombreuses inexactitudes factuelles. L’une est l’affirmation que ce que Paul VI a fait après Vatican II serait la même chose que ce que Pie V a fait après Trente. C’est complètement loin de la vérité. N’oublions pas qu’avant cette époque divers manuscrits (transcrits) circulaient et que des liturgies locales avaient vu le jour ici et là. C’était le bordel.
Trente voulait restaurer les liturgies, éliminer les inexactitudes et vérifier l’orthodoxie. Le Concile de Trente n’a pas demandé de réécrire la liturgie, ni de nouveaux ajouts, de nouvelles prières eucharistiques, un nouveau lectionnaire ni un nouveau calendrier. Il s’agissait de garantir une continuité organique ininterrompue. Le missel de 1517 renvoie au missel de 1474 et ainsi de suite au IVe siècle. Il y avait une continuité à partir du 4ème siècle. Même après le XVe siècle, il y a quatre siècles de continuité. De temps en temps, seuls quelques changements mineurs ont été apportés ou l’ajout d’une célébration, d’un mémorial.
Vatican II, selon le document du concile Sacrosanctum Concilium, a demandé des réformes liturgiques. Tout bien considéré, il s’agit d’un document conservateur. Le latin est maintenu, les chants grégoriens conservent leur place légitime dans la liturgie. Cependant, les développements qui ont suivi Vatican II sont très éloignés des documents conciliaires. Le tristement célèbre « esprit du concile » ne se trouve nulle part dans les textes conciliaires eux-mêmes. Seulement 17% des prières de l’ancien Missel (Trente) se retrouvent dans le nouveau Missel (Paul VI). Il est alors difficile de parler de continuité d’un développement organique. Benoît l’a reconnu et, pour cette raison, a donné une large place à l’ancienne messe. Il a même dit que personne n’avait besoin de sa permission (« Ce qui était sacré à l’époque, l’est encore aujourd’hui »).
Le pape François prétend maintenant que son motu proprio se situe dans le développement organique de l’Église, ce qui contredit complètement la réalité. En rendant la messe latine pratiquement impossible, il rompt avec la tradition liturgique séculaire de l’Église catholique romaine. La liturgie n’est pas un jouet des papes, mais un héritage de l’Église. L’Ancienne Messe n’est pas une question de nostalgie ou de goût. Le Pape devrait être le gardien de la Tradition ; le Pape est le jardinier, pas le fabricant. Le droit canon n’est pas seulement une question de droit positif, il existe aussi une chose telle que la loi naturelle et la loi divine, et de plus il y a une chose telle que la Tradition qui ne peut pas être simplement écartée.
Ce que fait le pape François n’a rien à voir avec l’évangélisation et encore moins avec la miséricorde. C’est plutôt de l’idéologie. Rendez-vous dans une paroisse où est célébrée l’ancienne messe. Que rencontrez-vous là-bas : des gens qui veulent juste être catholiques. Ce ne sont généralement pas des gens qui s’engagent dans des disputes théologiques, ni contre Vatican II (mais contre sa mise en œuvre). Ils aiment la messe latine pour sa sainteté, sa transcendance, sa centralité pour le salut des âmes, la dignité de la liturgie. Vous croisez des familles nombreuses, les gens se sentent les bienvenus.[…]
Pourquoi le Pape veut-il refuser cela aux gens ? Je reviens à ce que j’ai dit tout à l’heure : c’est de l’idéologie. […] Le nombre relativement restreint de croyants (qui, d’ailleurs, augmente, tandis que le novus ordo s’effondre) qui se sentent chez eux à la messe traditionnelle doit et sera banni. C’est de l’idéologie et de la malveillance.
Si vous voulez vraiment évangéliser, vraiment faire preuve de miséricorde, soutenir les familles catholiques, alors honorez la messe tridentine. L’ancienne messe ne peut plus être célébrée dans les églises paroissiales à partir d’aujourd’hui, vous avez besoin d’une autorisation explicite de votre évêque, qui peut ne l’autoriser que certains jours, et pour ceux qui seront ordonnés à célébrer l’ancienne messe, l’évêque doit demander conseil à Rome. Dictatorial, antipastoral, impitoyable ! […] »
Ref. Traditionis Custodes : un évêque néerlandais dénonce un ukase
JPSC