Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Spiritualité - Page 219

  • Martin Steffens, "grand témoin" sur Radio Notre-Dame

    IMPRIMER

    De Radio Notre-Dame :

    Le Grand Témoin 7h30

    14 octobre 2020 : Martin Steffens, professeur de philosophie en khâgne, conférencier et chroniqueur pour La Croix et La Vie. Auteur de « L’éternité reçue » (DDB)

    Martin Steffens livre

    Martin Steffens, professeur de philosophie en khâgne, conférencier et chroniqueur pour La Croix et La Vie. Auteur de « L’éternité reçue » (DDB)

     

  • KTO: saint Augustin, parcours d'un berbère romain

    IMPRIMER

    Eléonore  de Vulpillières a publié, sur ce thème un large commentaire à découvrir sur le site web « Aleteia » : Ref. Sur les traces de saint Augustin, le théologien berbère et romain

    JPSC

  • Toute vie pleinement vécue suppose un premier consentement à la mort

    IMPRIMER

    De Martin Steffens, philosophe, sur le site du journal la Croix :

    « Mort »

    «Mourons, et précipitons-nous au milieu des combats ! » Peut-être vais-je avoir l’honneur de vous apprendre un nouveau mot. Non pas le mot « mort », qui est l’objet de cette chronique et que, à défaut de ce qu’il désigne, tout le monde connaît. Mais le nom de la figure rhétorique du vers des Énéides de Virgile que je viens de citer. En quoi consiste-t-elle ? En ceci que le poète prend les choses à l’envers : mourir vient en premier, le combat arrive ensuite. C’est aussi étrange que cet autre vers, couché à la hâte dans un cahier tandis que son auteur, René Char, dirigeait une faction armée d’une dizaine d’hommes : « Agir en primitif et prévoir en stratège. »

    « Hystéron-protéron ». C’est ainsi que se nomme la chose. Littéralement : dernier-en-premier. Impossible à placer dans des mots croisés, difficile à glisser dans une conversation, ce mot semble toutefois utile pour exprimer ce qu’est l’engagement. Si René Char avait, pour être sûr de son choix, pris non le maquis, mais tout son temps, 1945 serait arrivé sans son secours – et ne serait peut-être pas arrivé si vite. De même concernant les ordres qu’il donnait à ses hommes : dans le feu de l’action, il ne s’agit pas tant de prendre la bonne décision, mais déjà d’en prendre une – de sortir d’une indécision mortifère… puis de travailler à faire que la première décision se révèle comme bonne. Il faut donc bien « agir en primitif » et, dans un second temps seulement, « prévoir en stratège ». La prudence n’a de sens qu’à l’intérieur de l’action qu’on ose, une fois qu’on l’a osée. Sinon, au nom de la prudence, on ne ferait plus rien. Les soldats de Virgile font de même, qui commencent par renoncer à leur vie (« Mourons… ») afin de mettre dans le combat l’ardeur qui permettra la victoire et, finalement, la survie de beaucoup. Qui craindrait de s’y lancer deviendrait une cible facile. Comme un marin coulera avec le navire si, par peur de se noyer, il refuse de se jeter à l’eau.

    Toute vie pleinement vécue, c’est-à-dire vraiment osée, tentée, suppose un premier consentement à la mort. Il meurt à un certain confort, l’enfant qui donne dans le secret de la chair maternelle l’impulsion de sa mise au monde. Qui d’entre nous n’a jamais fait ce saut à cause de quoi il perdra tout, peut-être, mais sans lequel toute croissance lui serait interdite ? « La bourse ou la vie ? » Ce n’est pas le bandit, au détour d’un chemin, c’est le Christ, à la croisée de tous les chemins, qui nous demande cette bourse où nous pensions pouvoir enfermer nos trésors en les y étouffant, et s’il nous la réclame, c’est pour nous donner la Vie.

    Quand on est chrétien, on oublie parfois ceci : morts, nous le sommes déjà. Les eaux du baptême ne sont pas de purification, comme celles du Gange. Mais de mortification. Plus exactement, pour entendre ce terme lavé de nos faux-sens, ces eaux racontent notre libération d’une vie captive d’elle-même – préoccupée seulement par sa conservation. Nous sommes morts, afin de pouvoir mieux la donner, cette vie, afin d’en être libres. Nul besoin, même, d’être tentés par le martyre puisque, vivant d’une vie déjà donnée, qui ne peut donc plus devenir l’objet d’un chantage, nous sommes prêts, non pas tant à préférer héroïquement la vérité à la vie (est-ce cela être martyr ?), mais à témoigner, dans tous les actes de notre vie, de ce que la vérité est Vie. Faisons donc mémoire que, un jour qui fut une grande fête, nous sommes morts – et jetons-nous joyeusement au milieu des grands et des petits combats de la vie.

  • Carlo Acutis : la figure d'un saint qui convainc et fascine

    IMPRIMER

    Du site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    RITE DE BÉATIFICATION

    Acutis, à travers le nouveau Bienheureux, une Eglise qui attire

    12-10-2020

    Un type simple, gentil et normal. Mais aussi : amoureux exceptionnel de l'Eucharistie et dévoué à la Vierge. Génie de l'Internet et partisan des principes chrétiens, sans compromis. Du profil que le cardinal Agostino Vallini a tracé du nouveau bienheureux Carlo Acutis, se dégage toute la beauté d'une Église ancienne et toujours nouvelle. Capable plus que jamais d'attirer, car gouvernée par le seul Seigneur de l'Histoire : Jésus-Christ.

    Nous reproduisons le texte de l'homélie que le cardinal Agostino Vallini a prononcée le samedi 10 octobre lors de la Sainte Messe de béatification de Carlo Acutis, dans la Basilique supérieure de Saint François à Assise. Des mots qui esquissent la figure d'un saint qui convainc et fascine, parce que tout entier tourné vers le Christ et en même temps parfaitement capable de dialoguer avec les gens de notre temps. Le nouveau bienheureux montre à l'Église que l'Évangile est vivant dans la chair de ses enfants et l'Église, par le nouveau bienheureux, montre à ses enfants que seul Dieu tient son destin ultime entre ses mains.

    *******

    "Celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire." (Jean 15:5)

    (...) Aujourd'hui, nous sommes particulièrement attirés et en admiration face à la vie et au témoignage de Carlo Acutis, que l'Église reconnaît comme un modèle et un exemple de vie chrétienne, en le proposant tout particulièrement aux jeunes. On se demande, bien sûr, ce que ce jeune homme de seulement quinze ans avait de si spécial ?

    En parcourant sa biographie, nous trouvons quelques repères qui le caractérisent déjà humainement.

    Lire la suite

  • "Beaucoup sont appelés mais peu sont élus"

    IMPRIMER

    De Mgr Aupetit (Texte de la Conférence de Carême du 16 mars 2014 à Notre-Dame de Paris : « Beaucoup sont appelés mais peu sont élus »; Conférences de Carême à Notre-Dame de Paris 2014 : “L’homme, un être appelé”)

    Beaucoup sont appelés et peu sont élus

    À Notre-Dame de Paris, par Mgr Michel Aupetit, évêque auxiliaire de Paris

    Si les paroles de Jésus ont fasciné son auditoire : « jamais homme n’a parlé comme cet homme » et continuent de bouleverser les cœurs, certaines phrases par lui prononcées sont dures à entendre car elles nous déroutent.

    « Beaucoup sont appelés et peu sont élus » appartient à ces expressions que nous aimerions occulter car elles semblent contradictoires avec l’infinie miséricorde qui émane de lui et qui nous rassure. Quel est donc cet appel si généreux qui semble s’exténuer dans une élection parcimonieuse ? Ne sommes-nous pas tentés de dire comme les disciples : « Qui donc peut-être sauvé ? »

    En vidéo

    « Beaucoup sont appelés, peu sont élus » (Mt 22, 14)

    Cette phrase du Christ prononcée au Temple de Jérusalem devant les grands prêtres et les pharisiens, en présence de la foule qui l’entourait et l’écoutait avidement, est déroutante.

    Elle provoque de nombreuses questions : existe-t-il une différence entre l’appel et l’élection ? Que recouvrent précisément ces deux termes ? Qui appelle et en vue de quoi ? Sur quel critère se fait le choix électif ? Si l’élection correspond au salut, ce qui paraît l’acception première, cela devient décourageant. Nous serions tentés de dire comme les disciples de Jésus : « qui donc peut-être sauvé ? » (Mt 19, 25).

    Or, nous nous sommes laissés bercer depuis quelque temps par cette chanson populaire et provocatrice de Michel Polnareff : « On ira tous au Paradis, même moi, qu’on croie en Dieu ou qu’on n’y croie pas, on ira ». Doit-on craindre à nouveau une sentence divine impitoyable ?

    Avant d’avancer plus avant dans notre recherche, il faut resituer le contexte de cette phrase de Jésus de Nazareth. Elle fait suite à une parabole également rapportée par Luc (Lc 14, 16-24). Le Christ compare le Royaume des Cieux à un festin de noces donné par un roi en l’honneur de son Fils. Il envoie ses serviteurs appeler les invités, mais chacun d’eux trouve une excuse pour refuser de venir. Alors le maître, qui de toute évidence représente Dieu le Père, envoie ses serviteurs par tous les chemins convier tous ceux qu’ils trouvent, les mauvais comme les bons, pour remplacer ceux qui ont décliné l’invitation.

    Lire la suite

  • Voici comment Benoît XVI s’imagine l’au-delà

    IMPRIMER

    « Yahvé, je n'ai pas le coeur fier, ni le regard hautain. Je n'ai pas pris un chemin de grandeurs ni de prodiges qui me dépassent. Non, je tiens mon âme en paix et silence, comme un petit enfant contre sa mère, comme un petit enfant, telle est mon âme en moi » : c’est à ce psaume 131, évoquant l’esprit d’enfance ouvert sur les cieux, que nous renvoie irrésistiblement le grand théologien Benoît XVI lorsqu’il évoque humblement le mystère de la mort et de l’au-delà.

    De Philippe de Saint-Germain sur le site web « aleteia » :

    WEB3-BENEDICT-XVI-GERMANY-PLANE-043_dpa-pa_200622-99-518809_dpai-SVEN-HOPPE-dpa-Pool-dpa-Picture-Alliance-via-AFP.jpg« Je prierai Dieu d’être indulgent avec ma misère », déclarait en 2016 le pape émérite dans “Dernières conversations”, un livre d’entretiens avec le journaliste allemand Peter Seewald. Il affirmait également se préparer à la mort.

    Le pape émérite Benoît XVI est-il vraiment en fin de vie ? Cette question revient régulièrement dans l’actualité, alors qu’il est apparu quelque peu affaibli sur des photos, notamment lors de la visite qu’il a fait en Allemagne au chevet de son frère. Une chose est sûre : il se prépare à mourir, comme il l’a lui-même affirmé dans le livre Dernières conversations, paru en 2016 (Fayard). Cet ouvrage est un condensé d’entretiens réalisés entre 2012 et 2016 avec son ami Peter Seewald, journaliste allemand. Dans le premier chapitre du livre – Jours tranquilles à Mater Ecclesiæ –, Peter Seewald interroge le pape émérite sur sa vie monastique « dans l’enclos de Pierre », et notamment sur ses activités quotidiennes. Il aborde notamment la passion de Benoît XVI pour l’écriture et la prédication. Puis, il l’interroge : « Est-ce que même un pape émérite a peur de la mort ? » Voici la réponse de Benoît XVI : 

    « Dans une certaine mesure, oui. Il y a d’abord la crainte d’être une charge pour autrui en raison d’une longue période d’invalidité. Pour moi cela serait très attristant. C’est une chose que mon père a toujours redoutée, mais cette épreuve lui a été épargnée. Ensuite, bien que je pense en toute confiance que Dieu ne me rejettera pas, plus on s’approche de Lui, plus on ressent avec force tout ce que l’on n’a pas bien fait. D’où le poids de la faute qui vous oppresse, même si la confiance de fond est  toujours présente, évidemment. »

    Quand Peter Seewald lui demande ce qu’il dira au Seigneur lorsqu’il sera face à face avec Lui, le pape émérite répond : « Je lui demanderai d’être indulgent à l’égard de ma misère. »

    Lire la suite

  • Carlo Acutis, "l'informaticien de l'Eucharistie" béatifié ce 10 octobre

    IMPRIMER

    Image

    D'Arnaud Dumouch :

    La vie du bienheureux Carlo Acutis, l’informaticien de l’eucharistie (1991-2006) (54 mn) (12 octobre)

    Thèmes abordés :

    • Pourquoi certains sont irrésistiblement attirés vers Dieu et d’autres non ? 
    • La grâce actuelle et la liberté ;
    • Comment expliquer l'étrange célébrité de certains saints dans le peuple de Dieu ? 
    • Y aura-t-il un jour une béatification générale ?  

    Cet adolescent est saisi par l’amour de Dieu dès son enfance. Il va créer pour l’eucharistie un site internet avant d’être emporté vers l’autre monde à l’âge de 15 ans. Il avait émis le souhait d’aller tout droit au Ciel, sans passer par un autre purgatoire que cette terre. Il a été béatifié par le pape François le 10 octobre 2020.

    SAINTS ET TÉMOINS DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE https://www.youtube.com/playlist?list...

    Par Arnaud Dumouch, 2012-2020.

  • "Fratelli tutti" : comment lire l'encyclique ?

    IMPRIMER

    De Thierry Boutet sur Smart Reading Press :

    COMMENT LIRE L’ENCYCLIQUE « FRATELLI TUTTI » ?

    Le pape serait, dit-on, un homme de gauche. Possible. Certaines de ses positions rejoignent en effet celles soutenues par la gauche, mais le Saint-Père est un peu plus subtil que cela, et sa fonction le met à l’abri des étiquettes un peu faciles. Beaucoup de points de l’encyclique relèvent aussi d’une doxa de droite, et même de droite conservatrice. Ce qu’il dénonce, c’est le libéralisme, spécialement dans sa forme actuelle, mais ni le droit de propriété, ni la liberté d’entreprendre, qu’il défend, et il ne fait nullement l’apologie de l’étatisme et du collectivisme, au contraire. Quant à son mondialisme, il est nettement tempéré par le principe de subsidiarité.

    SORTIR DE CETTE DIALECTIQUE DROITE/GAUCHE

    Lire l’encyclique comme un catalogue serait commettre un énorme contresens. Elle exige d’abord de sortir de cette dialectique droite/gauche. Le pape François ne casse pas, loin de là, les codes et toutes les références de la doctrine sociale de l’Église depuis Léon XIII. Il s’emploie même à les rappeler soigneusement les uns après les autres.


    Il est impossible d’entrer dans la perspective du pape avec des a priori politiques ou idéologiques.


    L’encyclique, qui est plus une longue méditation – trop longue et parfois répétitive, diront certains – qu’un texte doctrinal, demande aussi de la bienveillance et de la docilité intellectuelle. Celles-ci ne semblent pas toujours au rendez-vous chez certains commentateurs. Or il est impossible d’entrer dans la perspective du pape avec des a priori politiques ou idéologiques. Ce texte, qui jette dans sa première partie un regard très sombre sur le monde, est d’abord un cri de détresse fasse à l’injustice, à la violence, et plus encore à l’incommunicabilité des consciences individuelles et collectives des nations. Elle est aussi un appel presque déchirant à une fraternité humaine illuminée, pétrie, élargie par la Charité surnaturelle. C’est au point que certains passages peuvent apparaître comme un rêve naïf. Le pape le reconnaît lui-même : il l’écrit. Mais ce n’est que le commandement du Christ.

    Sans percevoir l’intention du pape, sans lui faire crédit de cette intention, il est inutile de lire ce texte finalement plus difficile à comprendre que ne peut le laisser penser une lecture superficielle.

    Car le pape mêle, ce qui est assez nouveau pour le Magistère pétrinien, les considérations qui relèvent de grands principes de la philosophie, de la théologie ou de la spiritualité chrétienne et des propositions morales ou politiques très concrètes, qui appartiennent au jugement prudent de chacun ou à des décisions politiques très contingentes. Par exemple, lorsqu’il déclare qu’il faut abolir les frontières, il le dit en référence au principe de la destination universelle des biens, qui vient tempérer le droit de propriété dans l’enseignement de l’Église sur les droits fondamentaux de la personne. Il ne dit pas qu’il faut pour autant abolir les accords de Schengen, ni même ne pas les renforcer. Il dit seulement que, pour une nation, les frontières ne sont pas une réalité absolue, pas plus que le droit de propriété.

    Lire la suite

  • Il y a 50 ans, Soljenitsyne recevait le prix Nobel de littérature

    IMPRIMER

    De Charles-Henri d'Andigné sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Soljenitsyne, prix Nobel en 1970 : la voix des sans-voix

    Nourrie de témoignages d’ex-prisonniers du Goulag en plus de sa propre expérience, l’œuvre de Soljenitsyne eut un impact décisif.

    « Une parole de vérité pèse plus que le monde entier. » Ainsi Soljenitsyne conclut-il son discours de réception du prix Nobel de littérature en 1970. C’est une phrase clé, qui éclaire toute son œuvre. Sa vie durant, l’écrivain russe aura été possédé par un sentiment d’urgence : dire toute la vérité sur le totalitarisme marxiste, sur le matérialisme historique, expliquer, raconter, décrire le drame qu’a connu son pays, et prévenir le reste du monde des dangers mortels que courent les sociétés occidentales devant les idéologies athées qui les minent, notamment le libéralisme sans Dieu.

    D’où une œuvre gigantesque (15 000 pages !), protéiforme, empruntant à tous les genres littéraires, de la nouvelle au roman, de l’essai à la fresque historique, du théâtre à la poésie.

    L’homme qui croit pouvoir se passer de Dieu, il était bien placé pour en parler. Jeune, il s’était laissé séduire intellectuellement par le matérialisme historique, qui a l’avantage de fournir une explication clé en main à tous les événements, à toutes les questions que se posent les hommes.

    Dans Le Premier Cercle (1968), le personnage de Lev Roubine incarne le jeune Soljenitsyne défendant la société « rationnelle », basée sur la science : « La loi historique ! Tout va là où tout doit aller. » Pas besoin de littérature, la science explique tout. Et l’art ? L’art, oui, mais réaliste, objectif… Son arrestation, en 1945, lui dessillera les yeux. Prisonnier pendant huit ans, il découvre la réalité concentrationnaire qu’il décrit de façon saisissante dans Une journée d’Ivan Denissovitch (1962), qui raconte la journée d’un zek (bagnard). Récit imaginaire, mais nourri de son expérience des camps. C’est l’œuvre qui le fera connaître comme écrivain. Il dira dans Le Chêne et le Veau (1975) comment Krouchtchev lui-même autorisa ce livre, croyant y voir une dénonciation du système de Staline, sans s’apercevoir de sa charge explosive.

    Ces années de prison sont fondatrices. Ce sont celles de son retour à la foi orthodoxe, si fondamentale pour lui. Ce sont celles aussi où il forge ses convictions profondes sur l’homme et la société. « L’écrivain que vous avez devant vous, c’est la prison qui l’a fait », dira-t-il à « Apostrophes » en 1975. En outre, La Journée incitera de nombreux ex-prisonniers à lui faire parvenir leur témoignage. Ce sera la matière première de L’Archipel du Goulag. « Mes sources sont des morceaux de fonte d’une très haute qualité, dira-t-il. Je les jette dans ma fournaise intérieure et ils prennent une forme nouvelle. » Il se fait ainsi la voix des sans-voix.

    Écrit clandestinement, L’Archipel paraît en russe en 1973, à Paris, avant d’être traduit dans le monde entier. C’est une véritable bombe, dont l’onde de choc provoque les premières fissures dans le bloc soviétique. Le livre montre de manière limpide que le totalitarisme soviétique n’est pas une déviation, mais qu’il est dans la nature même du communisme léniniste, système gouverné par le mensonge. Ce qui explique l’accueil assez mitigé que l’intelligentsia germanopratine fit à l’auteur…

    ▶︎ À LIRE AUSSI : Soljenitsyne, combattant de la vérité

    Restait à tenter de comprendre la genèse de ce totalitarisme. Ce sera La Roue rouge (1993), grand roman historique de la Révolution russe. Soljenitsyne y emploie la méthode des « nœuds ». Il l’expliquera lui-même à la télévision russe : « Ce sont des segments de temps de deux à trois semaines, là où se passent les événements les plus pittoresques, les causes les plus fondamentales de ces événements. Je décris ces nœuds avec force détails. Et c’est en reliant ces nœuds que je restitue la courbe sinueuse du mouvement révolutionnaire. »

    Comment expliquer l’impact extraordinaire de son œuvre ? D’abord par ses années d’exil : chassé de son pays en 1974, il s’installe en Suisse, voyage en Europe et s’installe aux États-Unis, dans le Vermont, jusqu’en 1994. Autant d’occasions de faire entendre sa voix. Ensuite, et surtout, par son génie d’écrivain. Soljenitsyne est un géant de la littérature, dont le style est l’expression d’une pensée charpentée, de convictions profondément ancrées dans le réel, d’un courage et d’une force d’âme exceptionnels. Héritier de Pouchkine, de Tolstoï, il est comparable à Dante, pour son côté spirituel, à Bernanos, pour son souffle prophétique, à Dostoïevski, pour sa puissance et sa capacité à aller à l’essentiel. Rien de poseur, chez lui, rien de précieux, souligne le romancier Antoine Rault : « Une écriture vive à la Hemingway, teintée d’humour et d’ironie, d’une précision qui s’interdit toute fioriture, toute préciosité, toute emphase, mais surtout d’un souffle qui vous emporte dès la première page, et que complète un sens parfait du dialogue. »

    Russe, Soljenitsyne ? Oui, ô combien. Mais universel.

    Charles-Henri d'Andigné

    (archive 2018)

  • Cette Église est-elle encore celle du Christ ?

    IMPRIMER

    De Martin Steffens sur "Le Verbe" :

    Une Église qui n’est plus celle du pauvre

    « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? […] J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie. »

    Is 5, 4-6

    Par deux fois en trois semaines, je me suis vu, faute de préinscription ou à cause d’une erreur de code, refuser l’entrée d’une église. Cette fois, j’en ai pleuré. Certes ce phénomène, parmi d’autres, raconte ce que devient une société quand elle a peur. Mais l’Église peut-elle se contenter de répéter la société ? Réfugié dans un café, plein de chaleur et d’humanité, j’ai, pour me consoler un peu, rédigé ces lignes.

    Cette Église est-elle encore celle du Christ ?

    Cette Église qui flèche le mouvement du corps alors qu’elle devait être le lieu où le corps fatigué, ployant sous le joug, peut se reposer, peut se déposer.

    Cette Église qui troque l’eau bénite contre du gel hydroalcoolique.

    Cette Église qui parle une langue qui n’est pas la sienne, une langue de pureté, de microbes, de contagion possible.

    Qui supprime ce qu’elle a introduit dans le monde : le baiser de paix.

    Et qui le supprime, si l’on est franc, non par amour des plus fragiles. Mais parce qu’il le faut, « sinon… ».

    Elle n’est pas celle du Christ.

    Un nouveau gnosticisme

    D’ailleurs elle se vide, comme on se vide de son sang, parce que son sang, c’est le sang des pauvres. Mais les pauvres ne vont pas dans les endroits compliqués, dans les lieux dont l’accès suppose un QR-Code (NB. contexte français). Les pauvres ont un sensus fidei qui les mène au Christ. Ils vont encore dans les cafés, tant que les cafés sont ouverts. Ils ne viennent pas dans des messes pour initiés.

    Car une messe à laquelle on se préinscrit est à l’usage des gens connectés et organisés. Elle est pour les initiés. Les initiés ? Nous vivons une forme de gnosticisme.

    De deux choses l’une.

    Ou bien l’Église consent à résister un peu aux consignes de l’État. Non pas frontalement, par provocation, par bravoure. Déjà en refusant tout zèle. En ignorant un peu ce prêche de la distance sociale. En l’ignorant beaucoup s’il s’agit d’accueillir un pauvre : vous et moi qui n’y sommes préinscrits, cet étranger qui ne savait pas et cette mère qui n’ose plus venir avec son grand fils handicapé qui ne supporte pas le masque. En l’ignorant passionnément, au sens de la Passion, s’il nous faut, parce que l’État surveille, payer cher son accueil.

    Les voûtes d’une église sont assez larges, ses fidèles assez disciplinés pour que nul n’attrape ce virus qui, c’est vrai, nous tue sûrement, et non pas à hauteur d’un dixième de pour cent comme la Covid-19, mais totalement, radicalement, parce qu’il a fait de nous des esclaves de la peur tandis que l’Esprit, nous dit saint Paul, nous rend capables, ayant peur, d’appeler Dieu « Abba-père » (Rm 8, 15).

    Ou bien…

    Ou bien Mais quel est l’autre « Ou bien… » ? On le sait, on le voit. Il n’y a actuellement plus rien, que des rites grommelant derrière des consignes sanitaires. Nous avons oublié que Jésus n’était pas moins qu’un homme parce qu’il était Dieu. Il était d’abord un homme au sens où une femme espère d’être protégée par le sien. Jésus connaissait la peur, mais lui refusait de s’installer. C’était là la condition, non seulement de son sacrifice, mais de sa prudence. Car la peur nous inspire, non la prudence, mais seulement la panique.

    Aussi, de nos jours, ne sommes-nous pas même prudents. Est prudent le médecin qui, ayant pris ses précautions, se risque au contact de ses malades – et non celui qui, pour ne pas tomber malade, ne vient plus travailler. En filtrant l’entrée de nos églises, en bariolant ces lieux symboliques de consignes sanitaires infantilisantes et de sens interdits, nous nous renonçons.

    Nos églises sont devenues des maisons témoins où s’expose notre bonne conduite. Au Québec comme en France, jamais on n’a si bien senti que l’État possède les églises. Ainsi l’Église se retrouve aujourd’hui comme au commencement, quand Joseph et Marie n’avaient nulle part où aller.

    Que les chrétiens sortent donc et distribuent leurs biens, leur pauvreté, leur sourire. Que les prêtres se rendent visibles et offrent Dieu en pleine rue. Exclue de chez elle, que l’Église aille à la périphérie d’elle-même. Non pour sauver une face qui ne lui appartient pas.

    Mais pour que Dieu, dans le cœur de nos contemporains, ne meure pas trop de désespoir.

  • 11 octobre : consécration de la Belgique au Cœur Sacré de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie

    IMPRIMER

    Nous sommes heureux de vous annoncer le renouvellement de la consécration de la Belgique au Cœur Sacré de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie dans les trois langues nationales au cours d'une eucharistie bilingue qui sera célébrée le dimanche 11 octobre prochain à 15 heures au sanctuaire Notre-Dame de Lourdes à Jette.

    Cette eucharistie sera précédée de la prière du chapelet en Français et en Néerlandais à 14h 15, et immédiatement suivie d'un temps d'adoration du Saint Sacrement (d'environ 20 min.).

    Nous vous invitons à participer à cet événement important de l'une des manières suivantes :

    • en participant à l'eucharistie, et, si vous le souhaitez, au chapelet et à l'adoration eucharistique;
    • en priant la prière de consécration chez vous au même moment, ou du moins au cours du weekend du 10-11 octobre, individuellement ou en groupe (le texte de la prière de consécration vous sera envoyé prochainement).
    Le nombre de places dans l'église du sanctuaire est limité. Si vous souhaitez participer à l'eucharistie, il convient de réserver votre place en nous envoyant un email à toewijding.consecration@gmail.com avant le 5 octobre en précisant le nombre de personnes qui seront présentes.

    L'eucharistie sera diffusée en livestream. Si vous désirez la suivre sur votre ordinateur, tablette ou smartphone, il vous suffira de cliquer le 11 octobre à partir de 14 h 15 sur le lien suivant : 

    Il n’est pas nécessaire d’avoir un compte Facebook pour y accéder !

    Si vous pensez faire la prière de consécration en groupe dans votre paroisse, groupe de prière ou communauté, nous vous serions reconnaissants de nous en informer en nous envoyant un mail (toewijding.consecration@gmail.com), afin que nous puissions nous savoir en communion de prière les uns avec les autres.

    Portons déjà dans la prière cet événement important pour notre pays et son avenir.

    N'hésitez pas à diffuser ce message le plus largement possible autour de vous afin que, dans toutes les parties de la Belgique, nous soyons très, très nombreux à nous tourner vers notre Seigneur et Marie, sa Sainte Mère et notre Mère, le 11 octobre prochain.

    En communion de prière et de louange,

    Au nom de l'équipe porteuse,

    Vincent Piessevaux

    Sanctuaire Notre-Dame de Lourde à Jette : Rue Léopold Ier, 296, 1090 Bruxelles  

    Accessible en transports en commun :
    • Métro ligne 6 - station Pannenhuis
    • Bus STIB : 53 et 88 (arrêt Loyauté);
    • Tram STIB : 51 (arrêt Woeste);
    • Train : gare de Jette + bus 51 ou 88 ou gare Bockstael + bus  53 et 88.