Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Théologie - Page 28

  • Mais qu'a donc dit le pape François sur les pécheurs, le baptême et la communion des saints ?

    IMPRIMER

    De Kevin J. Jones sur Catholic News Agency :

    Qu'a dit le pape François sur les pécheurs, le baptême et la communion des saints ?

    3 févr. 2022

    Toute discussion sur les apostats et les anciens catholiques qui persécutent l'Église attire forcément l'attention, et l'audience de mercredi du pape François a suscité des réactions de la part de certains qui se demandaient s'il avait intentionnellement inclus les damnés dans la communion des saints. Malgré toute cette controverse, les commentaires du pape semblent refléter l'accent qu'il met personnellement sur les liens des chrétiens catholiques non seulement avec les saints du ciel, mais aussi avec nos proches et ceux qui sont baptisés mais rejettent actuellement la foi.

    "Nous sommes des frères. C'est la communion des saints. La communion des saints tient ensemble la communauté des croyants sur terre et au ciel, et sur terre les saints, les pécheurs, tous", a déclaré le pape lors de son audience générale du 2 février. Au cours de sa catéchèse, il a souligné que le recours à l'intercession d'un saint "n'a de valeur que par rapport au Christ." "Le Christ est le lien qui nous unit à lui et les uns aux autres, et qui a un nom spécifique : ce lien qui nous unit tous, entre nous et nous avec le Christ, c'est la 'communion des saints'", a déclaré le pape.

    Il a cité le Catéchisme de l'Église catholique, qui définit la communion des saints comme "l'Église". "Qu'est-ce que cela signifie ? Que l'Église est réservée aux parfaits ? Non", a ajouté le pape. "Cela signifie qu'elle est la communauté des pécheurs sauvés". "Personne ne peut s'exclure de l'Église, nous sommes tous des pécheurs sauvés. Notre sainteté est le fruit de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ, qui nous sanctifie en nous aimant dans notre misère et en nous en sauvant. Grâce à lui, nous formons un seul corps, dit saint Paul, dont Jésus est la tête et nous les membres", a-t-il déclaré. L'image de l'Église comme Corps du Christ nous aide à comprendre ce que signifie être liés les uns aux autres dans la communion, a poursuivi le pontife. Ce corps peut souffrir ensemble, ou être glorifié ensemble. Résumant Saint Paul, le Pape François a dit : " nous sommes tous un seul corps, tous unis par la foi, par le baptême... Tous en communion : unis dans la communion avec Jésus-Christ. Et ceci est la communion des saints". La joie et la douleur de la vie de chaque chrétien affectent tous les autres chrétiens, a déclaré le pape, et cela a des conséquences sur la façon dont les chrétiens se répondent les uns aux autres. "Je ne peux pas être indifférent aux autres, car nous sommes tous dans un seul corps, en communion", a-t-il expliqué. "En ce sens, même le péché d'une personne individuelle affecte toujours tout le monde, et l'amour de chaque personne individuelle affecte tout le monde." En vertu de la communion des saints, chaque chrétien est lié à un autre d'"une manière profonde", a-t-il dit, ajoutant que "ce lien est si fort qu'il ne peut être brisé même par la mort." La communion des saints inclut les morts, a dit le pape. "Eux aussi sont en communion avec nous", a-t-il dit. "Considérons, chers frères et sœurs, que dans le Christ, personne ne peut jamais vraiment nous séparer de ceux que nous aimons, car le lien est un lien existentiel, un lien fort qui est dans notre nature même ; seule la manière d'être ensemble les uns avec les autres change alors, mais rien ni personne ne peut briser ce lien."

    Le pape François a ensuite soulevé une objection d'un interlocuteur hypothétique : "pensons à ceux qui ont renié la foi, qui sont des apostats, qui sont les persécuteurs de l'Église, qui ont renié leur baptême : Ceux-là sont-ils aussi chez eux ?" Le pape a répondu : "Oui, ceux-là aussi. Tous ceux-là. Les blasphémateurs, tous. Nous sommes des frères. C'est la communion des saints. La communion des saints tient ensemble la communauté des croyants sur terre et au ciel, et sur terre : les saints, les pécheurs, tous. " "Dans ce sens, la relation d'amitié que je peux établir avec un frère ou une sœur à côté de moi, je peux aussi l'établir avec un frère ou une sœur au ciel", a-t-il dit, poursuivant son explication de la dévotion aux saints.

    Les remarques du pape sur les apostats, les persécuteurs et ceux qui nient leur baptême ont suscité quelques réactions sur Internet. CNA a demandé un commentaire au Père Roch Kereszty, un moine cistercien et professeur de théologie retraité de l'Université de Dallas. Il a déclaré que les discours papaux sont du genre "exhortation paternelle, mais pas un document contraignant" et doivent toujours être interprétés dans un contexte catholique. 

    "La majeure partie du discours de mercredi est une belle méditation sur la communion des saints dans laquelle le pape François souligne avec tant d'enthousiasme la force du lien baptismal que certaines de ses déclarations peuvent facilement être mal comprises", a déclaré Kereszty le 3 février. "Conscient de ses nombreuses attestations selon lesquelles il est un fils de l'Église et n'enseigne que ce que l'Église enseigne, j'exclus une intention de contredire la foi de l'Église." "Le baptême imprime dans l'âme une marque indélébile, appelée caractère baptismal, et s'il n'y a pas d'opposition de l'âme, il en résulte aussi la grâce sanctifiante en vertu de laquelle le Christ vit dans l'âme et nous unit à lui-même et à tous les chrétiens tant sur la terre que dans le ciel", a-t-il poursuivi. "Par le péché grave, mortel, nous perdons la grâce sanctifiante et donc l'habitation du Christ dans l'âme et, bien sûr, le droit au ciel. Mais aucun pécheur, aussi obstiné soit-il, ne peut perdre la marque indélébile du caractère baptismal." "Chaque péché mortel brise le lien d'amour de la part du pécheur, mais il ne supprime pas le caractère", a déclaré Kereszty.

    "Le pape a cité le catéchisme : "La communion des saints est l'Église. Oui, mais les membres vivants de l'Église sont ceux qui sont en état de grâce sanctifiante", a ajouté le prêtre. "Les membres baptisés en état de péché mortel sont des membres morts, mais les prières de l'Église les entourent avec l'amour d'une mère en deuil. Ils ne seront sauvés que s'ils se repentent." "Il semble donc que lorsque le pape parle du lien baptismal, il ne fait pas la distinction entre le caractère du baptême que l'on ne peut pas perdre, mais qui ne sauve pas en soi, et le lien d'amour qui sauve parce qu'il assure la présence du Christ dans l'âme", explique Kereszty. "Mais ce lien d'amour est détruit par le péché mortel de la part du pécheur. L'Eglise, par ses prières, essaie cependant d'obtenir la grâce du repentir pour le pécheur. Et le caractère baptismal du pécheur peut agir dans son cœur pour obtenir sa conversion."

    Interrogé sur le baptême et l'enfer, Kereszty a répondu que "la communion des saints et le lien baptismal n'incluent pas ceux qui sont en enfer. On doit parler de l'enfer, mais pas nécessairement dans le même discours". Le pape François ne se concentre pas particulièrement sur l'enfer dans ses prédications, mais il a fait référence à l'enfer et au jugement de Dieu dans le passé. Le 22 novembre 2016, lors d'une méditation matinale dans sa résidence, la Maison Sainte Marthe, il a rappelé à son auditoire "(l') appel du Seigneur à penser sérieusement à la fin : à ma fin, au jugement, à mon jugement." Le pape a fait remarquer que les enfants apprennent traditionnellement les "quatre dernières choses" dans le catéchisme, à savoir "la mort, le jugement, l'enfer ou la gloire." Alors que certains pourraient dire "Père, cela nous effraie", le pape François a répondu : "C'est la vérité. Parce que si vous ne prenez pas soin de votre cœur... (et) que vous vivez toujours loin du Seigneur, peut-être y a-t-il le danger, le danger de continuer ainsi, loin du Seigneur pour l'éternité. C'est très mauvais !" "Aujourd'hui, il sera bon pour nous de réfléchir à ceci : comment sera ma fin ? Comment sera-t-elle lorsque je me retrouverai devant le Seigneur ?", a déclaré le pape. Il a relaté les paroles du Christ tirées du livre de l'Apocalypse : "Sois fidèle jusqu'à la mort... et je te donnerai la couronne de la vie". "La fidélité au Seigneur : cela ne déçoit pas", disait-il en 2016. "Si chacun de nous est fidèle au Seigneur, quand notre mort viendra, comme nous dirons ce que saint François a dit : 'Sœur mort, viens'. Elle ne nous effraiera pas."

  • "Les évêques allemands ne défendent pas la foi" (cardinal Müller)

    IMPRIMER

    De Karl Gustel Wärnberg sur le Catholic Herald :

    Les évêques allemands ne défendent pas la foi

    27 janvier 2022

    En arrivant à Ratisbonne en provenance de Stockholm, la pandémie était omniprésente. Même à St Wolfgang, le bâtiment du séminaire du XIXe siècle où j'ai rencontré le cardinal Gerhard Müller, on ne pouvait échapper à ce moment de l'histoire. Les couloirs étaient vides ; le cardinal, habituellement imposant, est entré dans le petit salon en portant un masque facial et une simple tenue cléricale.

    Nous parlions en plein milieu de la pandémie, et nous avons commencé par la réponse de l'Église à celle-ci. Beaucoup ont demandé comment l'abrogation de l'obligation de la messe dominicale a affecté la vie de l'Église. Le cardinal a été clair : les effets négatifs sont nombreux, a-t-il dit. "Les gens s'habituent à l'idée qu'il n'est pas si important d'être présent corporellement. Certains pensent qu'il suffit d'être présent virtuellement. " 

    Cette juxtaposition du virtuel et du réel a été un thème récurrent dans l'explication du cardinal. "Nous croyons en la présence réelle. Dieu s'est fait chair et a vécu parmi nous. Ce n'est pas un symbole, c'est un passage réel et absolu de la mort à la vie. Il est présent dans l'Église, qui est son corps. Avant tout, nous avons l'Eucharistie, la présence corporelle réelle du Christ parmi nous, et la nourriture de notre vie." C'est pourquoi nous avons l'obligation de participer corporellement à la messe, car il découle de notre nature humaine que la physicalité est essentielle à notre vie. Le cardinal a insisté sur ce point : assister à la messe "n'est pas une question de discipline, mais a trait à la substance de notre foi".

    En parlant de la nécessité d'assister à la messe, notre conversation s'est naturellement tournée vers le motu proprio récemment promulgué par le pape François, Traditionis custodes, qui restreint la célébration du rite dit tridentin, et son contraste avec le Summorum Pontificum du pape Benoît XVI qui était plus libéral en autorisant la célébration du rite extraordinaire. Assis dans une ville si fortement associée à Benoît XVI et dans le diocèse d'origine du cardinal, j'ai demandé si le pape émérite avait surmonté les divisions de l'Église ou, comme le prétend le nouveau motu proprio, s'il les avait accentuées. "Le pape Benoît", a-t-il répondu, "a surmonté les divisions de l'Église concernant la forme du rite en latin. Il y a plus de 20 rites légitimes dans l'Eglise et au sein du rite latin nous avons des subdivisions comme la liturgie ambrosienne. Le fond n'a pas changé au Concile, seulement la forme. Mais cela ne supprime pas les autres rites. Il était sage [du pape Benoît] de parler d'une forme extraordinaire et d'une forme ordinaire, car ce sont des versions de la même liturgie." 

    Pour le cardinal, le même argument que pour le pape Benoît tient : ce qui est considéré comme la forme ordinaire depuis plus de 500 ans ne peut être supprimé, et il n'est certainement pas dogmatiquement erroné. Après le Concile Vatican II, la forme a changé, mais la foi qui sous-tend les deux formes reste la même. 

    En ce qui concerne Traditionis custodes, le cardinal Müller estime qu'il ne s'agit pas d'une "décision profondément réfléchie et qu'il est faux de dire que la liturgie réformée est la seule "lex orandi"." Le cardinal, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi poursuit : "Il n'y a pas de théologie bonne et réfléchie derrière ces documents ; c'est de l'idéologie et cela ne respecte pas le Concile Vatican II. Nous ne pouvons pas gouverner l'Église par simple réaction. Nous avons besoin d'une argumentation précise."

    Notre discussion a eu lieu le jour même où de nouvelles clarifications sur la forme extraordinaire ont été publiées par le Vatican. Nous avons parlé de la manière dont le nouveau motu proprio a été mis en œuvre dans l'Église, selon l'expérience du cardinal Müller. 

    Lire la suite

  • Suite du Motu Proprio « Traditionis Custodes » du pape François: les réponses de la Curie pontificale aux dubia exprimés signent-elles la mort du monde traditionnel ?

    IMPRIMER

    Retrouvez ici le Club des Hommes en Noir pour sa troisième saison. Cette émission fondée en 2012, sur une radio bien connue, par Philippe Maxence, a un concept simple : l'actualité de l'Église décryptée par des prêtres et un laïc. Le Club reprend pour l'année 2022.

    Pour cette première émission les membres du Club se sont intéressés aux  « responsa ad dubia » données par la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements aux questions d'interprétation du motu proprio pontifical. Les échanges entre l'abbé Barthe, l'abbé Celier, l'abbé Guelfucci et Jean-Pierre Maugendre sont placés sous la direction de Philippe Maxence :

  • Ce qui est spécifique dans la conception chrétienne du salut

    IMPRIMER

    De Canal Académie :

    Où est la spécificité de la conception chrétienne du salut ?

    12 janvier 2022

    Accéder à l'émission

    Dans sa conception chrétienne, l'enjeu du salut est l'image de Dieu en l'homme, ou l'homme à l'image de Dieu, c'est-à-dire l'homme authentiquement humain. L'arrachement au péché est capital mais seulement à titre de moyen : la finalité est la restauration de l'image, de telle sorte que le Père puisse à nouveau s'adresser à l'homme en utilisant les mêmes paroles qu'il adresse au Christ : « Tu es mon fils, l'aimé, en toi je me plais ». Le Christ, tout en étant pleinement homme, est aussi de nature divine, et celui qui adhère au Christ par la foi est non seulement sauvé mais aussi divinisé. Comment le Christ nous sauve-t-il ? Le salut est octroyé gracieusement par Dieu à l'homme et son actualisation dans chaque individu résulte de l'adhésion personnelle au Christ sauveur. Cette altérité se trouve menacée par la culture séculière de notre monde contemporain et la tentative de mondanisation du salut.
  • "Notre Seigneur"

    IMPRIMER

    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn, sur son blog :

    Notre-Seigneur

    Jésus prenant conscience de sa  dignité de Fils unique, est appelé "Seigneur et Christ". "Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l'a  fait Seigneur et Christ" dit saint Pierre aux Juifs, dans les premières pages des Actes des apôtres (Ac. 2, 36). Dieu ! Il ne s'agit pas de je ne sais quelle hyperbole trop humaine. Il s'agit du plan divin.

    Nous savons ce que signifie Christ (voir la méditation qui porte ce titre), et pourquoi pour désigner le Mashiah (messie) les chrétiens ont très tôt préféré à l'original hébraïque le terme grec, christos, qui signifie l'oint de Dieu. Un titre royal certes, mais qui renvoie, en grec, à la royauté spirituelle telle que la décrit le prophète Daniel à propos du "Fils de l'homme" (Daniel 7, 13-14). Le mot grec permet aux chrétiens qui l'utilisent, de ne pas confondre la messianité du Christ avec celle que professaient les juifs du temps de Jésus et - ce qu'il y a de plus fort - parmi les juifs les apôtres eux-mêmes. "Seigneur c'est maintenant que tu vas rétablir la royauté pour Israël ?"(Ac. 1, 6) demandent-ils collectivement 40 jours après la résurrection. Etrange question qui montre bien que le Messie est attendu par tous les juifs comme un roi temporel. Ce que les princes des prêtres et les anciens du peuple n'ont pas supporté au point de condamner Jésus à mort chez Caïphe le grand prêtre, c'est qu'"il se soit fait l'égal de Dieu" tout en refusant la dimension politique et militaire attaché au titre de Meshiah. L'élite juive n'a pas supporté que Jésus refuse cette mission politique, que le peuple attendait face aux Romains et monte sur un âne pour entrer dans Jérusalem. Quant à l'élite chrétienne (les premiers apôtres), ils n'ont tout simplement pas compris que cette royauté du Christ ne puisse être que spirituelle, et que, spirituelle, elle soit plus vraie, plus attirante, plus universelle. Ils montrent anonymement leur incompréhension, parce que, tous réunis, alors que le Christ, ressuscité des morts, s'apprête à quitter la terre, ils posent cette question renversante sur le rétablissement de la royauté pour Israël, comme un vieux chouan, demanderait à Jésus revenu au monde "chez nous", comme dans la chanson de Botrel, s'il n'était pas le grand Monarque.

    Marie, elle, enferme le mystère spirituel du Christ dans son corps de vierge-mère. Elle avait reçu cette parole de l'ange Gabriel, qui fait ici écho au prophète Daniel : "Il règnera sur le trône de David son père et son règne n'aura pas de fin" (Lc 1, 30). Marie est la seule à comprendre l'identité surnaturelle de son fils : elle sait de la science certaine que donne la foi que son fils n'est pas roi de la même façon que les autres rois ; n'est pas le messie au sens où l'entendent ses proches, n'est pas un homme comme les autres hommes. C'est cette science surnaturelle à laquelle sa virginité la conduit tout simplement. On peut dire qu'elle en sait plus que les apôtres, qu'elle est la seule à savoir.

    Comment l'appeler ce Christ ? Quel titre lui donner ? Comment s'adresser à lui ? Question que se sont posée les apôtres dès le début.

    Lire la suite

  • "Le sacerdoce est uniquement masculin parce que le Christ lui-même l'a voulu ainsi" (Tawadros)

    IMPRIMER

    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/EGYPTE - Le patriarche copte Tawadros : le sacerdoce est uniquement masculin parce que le Christ lui-même l'a voulu ainsi

    10 janvier 2022

    Le Caire (Agence Fides) - Dans l'Église, le sacerdoce est réservé aux hommes, conformément à la volonté du Christ lui-même qui, au cours de sa vie publique, attestée par les Évangiles, a choisi ses apôtres parmi les hommes, alors que même la Vierge Marie n'a pas "choisi d'être prêtresse". Cela a été répété par le patriarche copte orthodoxe Tawadros II, indiquant la source de la doctrine sur le ministère sacerdotal que l'Église catholique partage avec toutes les Églises orthodoxes et les anciennes Églises d'Orient. En quelques phrases, lors d'une interview diffusée par une chaîne de télévision égyptienne le vendredi 7 janvier, à l'occasion du Noël copte, le patriarche de la plus grande communauté ecclésiale des pays arabes, a rappelé en termes simples les raisons persistantes pour lesquelles l'Église catholique et toutes les Églises d'Orient n'ont pas le droit d'ordonner des femmes prêtres. Dans son allocution télévisée, le pape Tawadros a également répété que l'attribution et l'exercice des différents rôles dans l'Église ne répondent pas à la logique et aux revendications des "droits" et des "devoirs" selon les modèles du monde.

    Les propos du patriarche Tawadros sur le ministère sacerdotal réservé aux hommes semblent être pleinement conformes à ce qui est reconnu à cet égard par le Magistère de l'Église catholique. En mai 2018, le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a également réaffirmé, dans un article long et argumenté publié dans L'Osservatore Romano, que le Christ lui-même a voulu conférer le sacrement de l'ordre "aux douze apôtres, tous des hommes, qui, à leur tour, l'ont communiqué à d'autres hommes". Le cardinal Ladaria a poursuivi en disant dans cet article que "l'Église a toujours reconnu qu'elle était liée par cette décision du Seigneur, qui exclut que le sacerdoce ministériel puisse être validement conféré aux femmes". À cet égard, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a également fait référence à la lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis publiée le 22 mai 1994 par le pape Jean-Paul II. Dans ce texte magistériel, avec l'intention déclarée de "lever tout doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine même de l'Église", il a été réaffirmé que l'Église elle-même "n'a en aucune façon la faculté de conférer l'ordination sacerdotale aux femmes et que cette décision doit être tenue pour définitive par tous les fidèles de l'Église" (n° 4).

    Dans son intéressante interview télévisée, le Pape Tawadros II a également voulu prendre ses distances avec les formules et les théories qui tendent à préfigurer l'existence d'une hypothétique "religion abrahamique", dans laquelle judaïsme, christianisme et islam se fondraient indistinctement. Cette idée - a déclaré le patriarche copte orthodoxe - est "catégoriquement inacceptable", constitue un déni des trois religions monothéistes et n'est théorisée et utilisée que dans une clé politique, pour effacer les caractéristiques du judaïsme, du christianisme et de l'islam. (GV) (Agenzia Fides 10/1/2022).

  • Consubstantiel : la fin d’une formule ambiguë

    IMPRIMER

    Nicaea_icon.jpgLe 28 novembre 2021, les fidèles du « novus ordo missae » (1970) ont pu enfin redécouvrir l’une des plus essentielles formules théologiques définies par l’Église au IVe siècle : la consubstantialité, mettant fin à la traduction erronée « de même nature que le Père  ». Une réflexion d’Annie Laurent lue sur le site web de la revue « France Catholique » :

    « Parmi les changements apportés à la nouvelle traduction du Missel romain, qui entre en vigueur le premier dimanche de l’Avent, il en est un qui revêt une signification d’une grande importance puisqu’il s’applique explicitement à l’expression de la foi catholique. C’est, en effet, rien de moins que la profession de foi en la divinité du Christ dont il s’agit. La formule « de même nature que le Père », contenue dans le Credo de la messe – forme ordinaire –, est remplacée par «  consubstantiel au Père  », qui est la traduction exacte en français du latin consubstantialem Patri.

    L’usage du français à la messe est un fruit de Vatican II. Dans sa Constitution Sacrosanctum concilium (1963), le concile préconisait l’emploi des langues locales (§ 36) afin de favoriser «  la participation pleine, consciente et active à la liturgie  » (§ 14, 21). Le latin perdait alors son exclusivité dans le rite romain.

    Traduction gallicane

    Mais, anticipant la promulgation du nouveau Missel par saint Paul VI (1969), une traduction «  gallicane  », mise à l’essai dans les paroisses, connut un trop rapide succès, ce qui entraîna de vives réactions d’intellectuels catholiques, justement à propos du Credo. Ainsi de «  Suis-je schismatique ?  » : cette tribune publiée sous ce titre par le philosophe Étienne Gilson dans La France Catholique du 2 juillet 1965 est particulièrement explicite. L’auteur se dit gêné par ce « de même nature que le Père  ». Comment la consubstantialité pouvait-elle être changée en une simple connaturalité, se demandait-il : « Deux êtres de même nature ne sont pas nécessairement de même substance. Deux hommes sont de même nature, mais chacun d’eux est une substance distincte, et c’est même pourquoi ils sont deux. »

    Admettant que l’Église agissait ainsi « pour faciliter aux fidèles l’accès des textes liturgiques », il commentait : « On le veut si ardemment qu’on va jusqu’à éliminer du français certains mots théologiquement précis, pour leur en substituer d’autres qui le sont moins, mais dont on pense, à tort ou à raison, qu’ils “diront quelque chose” aux simples fidèles. De même nature semble plus facile à comprendre que de même substance.  » Voulant à tout prix éviter de soupçonner l’Église d’intention hérétique, Gilson voyait néanmoins dans la nouvelle formule « une sorte d’avachissement de la pensée théologique ».

    Ref. Consubstantiel : la fin d’une formule ambiguë

    Restauration ? oui et non puisque le choix est donné entre le credo de Nicée-Constantinople et celui, plus elliptique, du symbole des apôtres et sous réserve de savoir par ailleurs si le choix réservé entre ces deux versions sera lui-même respecté dans le contexte de la permissivité liturgique en usage de fait au sein du nouvel ordo missae…

  • Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr !

    IMPRIMER

    Lu sur le site web « didoc » cet article de Jean de Saint-Chéron publié le 30 novembre 2021 :

    « Lors de la publication du rapport Sauvé, le célibat des prêtres a parfois été présenté comme une des causes des actes pédocriminels. Jean de Saint-Chéron (*) réfute avec force cette accusation et réaffirme le sens du célibat sacerdotal.

    sacerdotalis caelibatus PHO950685f2-1bd2-11e3-b9e3-4cc5ae861f70-805x453.jpg

    Le christianisme est une histoire de fou. Que voulez-vous. C’est la religion de tous les excès. On le sait depuis le début. « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes », comme disait saint Paul (1 Co 1, 23). Le célibat « pour le Royaume », selon la formule consacrée, c’est-à-dire pour l’amour de Dieu et des hommes, qu’il concerne les religieux, les laïcs consacrés ou encore les prêtres, manifeste un peu de cette folie. « Mais, ajoute Paul, pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24). Pour les chrétiens, la « folie » du christianisme est une image de la sagesse de Dieu. Or c’est toujours à cette dernière que se heurte notre bon sens bien terre à terre, quand nous essayons de comprendre la religion.

    S’agissant du célibat des prêtres dans l’Église catholique latine — où l’on n’ordonne prêtres que des hommes célibataires, tandis qu’en Orient, y compris dans l’Église catholique, il est possible d’ordonner des hommes mariés —, le débat n’est pas neuf, bien sûr. Au IVe siècle, saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, rappelait à l’occasion de débats sur les mœurs sacerdotales : « Tout le monde juge le prêtre, et on le juge comme s’il n’était plus dans sa chair, comme s’il n’était pas pétri du limon commun, comme s’il était un ange affranchi de toutes les faiblesses de l’homme ». Or nous savons bien que c’est plus compliqué que ça. Mais pourquoi alors l’Église s’obstine-t-elle à prendre ses prêtres parmi des célibataires qu’elle appelle à garder cet état ?

    En 1967, en ce temps où la continence sexuelle n’était pas franchement dans l’air du temps, le pape Paul VI s’était fendu d’une encyclique sobrement intitulée Sacerdotalis caelibatus. Il y présentait en détail la triple signification du célibat sacerdotal : correspondance au Christ célibataire ; don radical de soi-même au peuple de Dieu ; témoignage de la vie éternelle. Loin de tout angélisme, le texte était non seulement bien incarné — et n’éludait pas l’épreuve que constitue le célibat, même choisi librement et par amour, dans la vie d’un homme — mais faisait droit aux grandes objections du monde et du « pragmatisme ». La lettre ouvrait en effet sur un exposé de ces objections (complexité historique de la question du célibat ; pénurie de prêtres ; « violence faite à la nature » ; risque d’infidélité au célibat et donc de défroquage, etc.). Cette liste demeure tout à fait actuelle en 2021, et les détracteurs du célibat sacerdotal en manque d’idées seraient bien inspirés d’aller y puiser de nouveaux arguments pour leurs dîners en ville.

    Avant d’essayer d’éclairer, par un très parcellaire rappel de ce qu’est au fond le christianisme, le sens du célibat sacerdotal, il est une objection contemporaine que l’on entend, que l’on lit, et qui se fraie aujourd’hui un chemin dans les méandres de certaines consciences visiblement très éclairées : il y aurait une causalité entre le célibat sacerdotal et les crimes abominables révélés par le rapport Sauvé. Il m’est extrêmement pénible d’avoir à rappeler ici que l’immense majorité des crimes pédophiles sont commis par des hommes qui n’ont pas voué le célibat, et qui ont d’ores et déjà une, un, ou plusieurs partenaires sexuels appartenant à la catégorie des adultes consentants. Il est pénible de le rappeler, mais sans doute faut-il que quelqu’un s’en charge. Qu’on établisse un lien entre la discipline du célibat et les prêtres qui partent avec une paroissienne ou, plus tragique, qui mènent une double vie dans l’ombre, soit. Mais avec la pédocriminalité !... Une telle suspicion de causalité repose d’ailleurs sur une étrange conception des penchants naturels de l’homme. Et ce serait une bien piètre vision du mariage que d’y voir un remède aux pires turpitudes sexuelles.

    Passée la mention de cette absurdité, il faut rappeler que le sens du célibat ne saurait en aucun cas se limiter à une discipline ecclésiastique, comme un « fardeau obligé » imposé à tous ceux qui auraient le désir de devenir prêtres. Au contraire, il faut comprendre que l’Église catholique latine n’appelle ses prêtres que parmi ceux qui choisissent d’être célibataires. Et si l’on est un catholique romain de rite latin, le fait de ne pas se sentir « appelé » au célibat est un excellent indice que l’on n’est tout simplement pas appelé à être prêtre. (Encore une folie que seule la foi permet de reconnaître comme une sagesse).

    Une fois que l’on a dit cela, n’esquivons pas la question du combat qui reste à vivre pour ceux qui sont appelés au célibat. Il ne s’agit pas de faire l’innocent, le désincarné ou le naïf, comme si de rien n’était. Mais de reconnaître l’épreuve pour en découvrir le sens profond, la grandeur, la joie mystérieuse d’une vie donnée et prophétique, selon le témoignage de tant de prêtres à la vie belle et féconde, aujourd’hui et au cours de l’histoire. Cette joie échappe à qui refuse d’entendre que dans le christianisme, « ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes » (1 Co 1, 25). Mais comprenons au moins que la « folie de Dieu » est toujours ordonnée à l’amour, et nulle radicalité chrétienne ne saurait aboutir à un fanatisme violent — qui est bien plutôt la marque d’une absence de dieu.

    Le Père Albert Chapelle, grand théologien jésuite, écrivait en 1977 dans Sexualité et sainteté que « qui n’accepte pas de ressentir le célibat de manière douloureuse ne sait pas ce qu’est le célibat. Le célibat appauvrit au niveau pulsionnel ; le célibat est renoncement au complément d’humanité qu’un partenaire de vie peut apporter ». Or seul le mystère de l’Évangile, ainsi que le mystère d’une vocation propre, peuvent faire entrer dans l’intelligence d’un acte aussi élevé que celui du renoncement volontaire à la vocation naturelle de l’homme (le mariage), qui est chose bonne et archi-bonne. Écartons tout de suite que dans la spiritualité chrétienne le mariage ne serait pas vu comme un choix radical, un don de sa vie par amour. Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr ! Mais le Christ lui-même proclame au sujet de ceux qui renoncent à se marier « à cause du royaume des cieux », que peut seul le comprendre « celui qui peut le comprendre » (Mt 19, 12). Or ceux qui à la fois « peuvent comprendre » et sont appelés à embrasser cette vie ne forment qu’une infime partie de la population (sinon le taux de natalité en prendrait un coup).

    Nous autres laïcs, croyants ou non, que pouvons-nous comprendre ? Certains prêtres eux-mêmes confient n’avoir compris que bien tard le sens du célibat auquel ils s’étaient sentis appelés des années plus tôt, en discernant sans doute la grandeur amoureuse radicale, sans bien la saisir. Tel est le cas de Mgr Gobilliard, évêque auxiliaire du diocèse de Lyon, qui évoque la « croix » du célibat et la « souffrance » du renoncement à être père selon la chair, tout en disant la joie très haute de ce sacrifice : « Je me souviens très bien du jour où j’ai à la fois compris et accepté mon célibat, écrit-il. J’étais déjà prêtre. C’était à l’hôpital Spallanzani, hôpital de phase terminale des maladies infectieuses où j’étais aumônier. Mario, auprès de qui je me trouvais, était en train de mourir du S.I.D.A. Un jour, me regardant bien dans les yeux, il m’a dit : “Je crois avoir compris le célibat des prêtres !” Du tac au tac, je lui ai répondu : “Eh bien explique-moi parce que moi, je n’ai pas tout compris !” Il a réfléchi et paisiblement il m’a dit : “Quand tu es là, je me repose dans ton cœur ! […] Il n’y a personne dans ton cœur que tu dois aimer plus que moi lorsque tu es à côté de moi. Ton cœur est libre d’être pour moi tout seul, et c’est cela qui me repose. […] Si tu étais marié, alors je saurais qu’il y a dans ton cœur quelqu’un de plus important que moi et ce serait normal. Pareil si tu avais des enfants. […]” Il avait raison, le célibat que vit le prêtre diocésain, c’est le célibat même du Christ. Tout cela nous dépasse et, bien sûr nous ne sommes jamais à la hauteur de l’exigence que ce célibat implique ». C’est en découvrant qu’il avait choisi d’être un pauvre parmi les pauvres que celui qui était alors un prêtre mûr a compris le sens de ce qu’il vivait depuis quinze ans.

    La question surnaturelle, quand il s’agit de christianisme, ne peut être éludée. C’est toujours à ça qu’il faut revenir. Car rien n’est plus concret que le célibat d’un prêtre, ni plus mystérieux. C’est une réalité physique, visible, difficile, dont le sens redit par le pape Paul VI il y a plus de cinquante ans révèle la haute dignité de l’homme, capable d’aimer au-delà de ses forces, et ainsi de parler de l’invisible. Si la sagesse de ce monde est folie devant Dieu, le christianisme a l’audace d’enseigner que c’est parce que la sagesse du monde ne regarde pas assez loin. « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celle des hommes » (Mt 16, 23), dira le Christ à Pierre effrayé à l’idée de la croix.

    Le célibat consacré ne rabaisse ni la dignité de l’acte sexuel ni la splendeur du mariage. Il dit autrement, de façon plus surnaturelle, de façon incompréhensible peut-être à nos esprits trop inquiets de ne plus jouir, que l’amour est un don total de soi, et que les chrétiens vivent déjà d’une autre vie, éternellement joyeuse. Les prêtres qui vouent le célibat sont des témoins de l’invisible, comme des sentinelles de l’espérance. Ils témoignent que, selon le mot de Thérèse d’Avila, Dieu seul suffit à remplir une vie humaine. Ils nous disent que nous sommes faits pour nous donner entièrement et pour vivre éternellement.

    Devant une signification si haute, on perçoit mieux la blessure que fait à toute l’Église l’infidélité à ce célibat. On perçoit aussi combien — par-delà tous les arguments fallacieux calqués sur l’esprit du monde — l’Église catholique de rite latin perdrait de son prophétisme, même incompris ou mal compris, en revenant sur cette discipline qui veut qu’elle n’ordonne prêtres que des célibataires. Jamais on ne pourra comprendre le christianisme et son ahurissante folie si l’on cesse de considérer qu’un chrétien est quelqu’un qui croit vraiment à la résurrection du Christ, dans sa chair. Et qui affirme que la vie est éternelle.

    Ref. Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr !

     

    (*) Jean de Saint-Chéron est essayiste et a publié « Les bons chrétiens » en 2021 (Salvator), un essai sur le sens du christianisme dans le monde contemporain. Source : https://www.lefigaro.fr/vox/religion/les-pretres-qui-vouent-le-celibat-sont-des-temoins-de-l-invisible-des-sentinelles-de-l-esperance-20211124.

  • Du péché originel

    IMPRIMER

    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur MetaBlog :

    Le péché originel

     "Je ne fais pas le bien que j'aime et je fais le mal que je déteste" disait saint Paul aux Romains (7), pointant par là comme un déséquilibre fondamental dans la nature humaine. 

    "Le bien est ce que toutes choses désirent" disait de son côté, comme en contre-pied, Aristote : quel optimisme. 

    Mais il se trouve, pour donner raison à saint Paul, que le mal, c'est de suivre sa pente. Simplement. Et que cette facilité du mal, cette puissance du mal sur nos destinées, on aurait eu du... mal à dire que c'était couru d'avance. Comment un Dieu bon a-t-il pu créer un univers si fragile, si accessible au mal ? 

    En même temps, il y a en chacun d'entre nous un désir du bien, "la loi écrite sur les tablettes de notre coeur" disait aussi saint Paul (Rom. 2, 15). On ne comprend rien à l'homme si l'on écarte cet attrait gratuit pour le bien, qui est aussi en lui.

    En substance, le dilemme apparent entre intention de bien et réalisation du mal n'en est pas un : les deux branches du dilemme sont vrais dans l'homme : il est capable de choisir le bien en allant contre ses propres intérêts, parce que c'est profondément son désir. Il est capable par exemple de souffrir pour celle qu'il a décidé d'aimer. Et en même temps, il peut se rendre coupable, envers elle, de tous les laisser aller, des infidélités les plus crasses : le mal est tellement facile pour lui. 

    C'est dans ces termes que se pose la question du péché originel, c'est cette contradiction au sein de la nature que ce concept entend décrire. Pascal a très bien dit que c'était la question la plus difficile du monde et en même temps la plus essentielle d'une certaine façon, celle qui porte  sur la réalité de notre condition.  Voici, sur ce sujet, un fragment célèbre des Pensées : "Le péché originel est folie devant les hommes, mais on le donne pour tel. Vous ne me devez donc pas reprocher le défaut de raison en cette doctrine, puisque je la donne pour être sans raison ; Mais cette folie est plus sage que toute la sagesse des hommes. Car sans cela que dira-t-on qu'est l'homme ? Tout son état dépend de ce point imperceptible. Et comment s'en fut-il aperçu par sa raison puisque c'est une chose contre sa raison, et que la raison, bien loin de l'inventer par ses voies, s'en détourne quand on la lui présente ?"

    Point imperceptible ? dit Pascal, et il me semble en un double sens : le péché originel ne correspond à aucun savoir inné mais à une révélation divine. C'est dans les premiers chapitres de la Genèse (le troisième en particulier) que cette doctrine se découvre, et elle se découvre sous une forme symbolique. Il est clair qu'aucun témoin n'a assisté à cette scène qui est une recomposition imagée de ce que l'on pourrait appeler la scène primitive de l'humanité, celle que nous cache depuis toujours ce que les philosophes nomment le voile d'ignorance. La discussion entre Eve et le serpent est toute symbolique ; comme disait Cajétan au XVIème siècle dans son Commentaire de la Genèse : On n'a jamais vu un serpent parler. Attention : ce n'est pas parce que c'est symbolique que c'est enfantin. Il s'agit de rien moins que de l'origine du mal.

    Aussi ce "point imperceptible" dans l'histoire que constitue le péché originel, "tout l'état de l'homme en dépend". Il est facile à chacun d'identifier la difficulté de sa condition, facile de saisir que des contradictions le traversent. La doctrine du péché originelle est l'unique explication que l'on puisse donner à cette contradiction, sans la supprimer, sans rationaliser la contradiction, sans se saisir d'une partie de la vérité parce que l'on a voulu oublier l'autre. Cet oubli volontaire de la contradiction où s'établit la nature humaine peut nous mener loin, jusque dans l'horreur...

    On peut admettre par exemple que la nature est bonne et prendre totalement au sérieux la formule de Montaigne : "Nature est pour moi doux guide". A force de suivre ses impulsions, on en augmente la force. Ses désirs ne viennent-ils pas de la nature ? Alors tout est bon. C'est le marquis de Sade qui a poussé le plus loin le mépris pour la petite voix de sa conscience, en adoptant l'attitude perverse d'un désir en liberté comme "venant de la nature" et donc bon par hypothèse. Il est devenu ce grand seigneur méchant homme qui fait penser parfois à un Gilles de Rais (même si l'élite germanopratine trouve toujours très excitantes ses imaginations - voir l'exposition il y a quelques années au Musée d'Orsay).

    Lire la suite

  • Le cardinal Müller : réflexion sur les droits de l’homme

    IMPRIMER

    Lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

    "Le cardinal Gerhard Ludwig Müller intervient sur « La nature comme fondement de l’image de l’homme ». Interview de Lothar C. Rilinger sur kath.net traduit en français par Jean Bernard.

    Müller©Elke-Wetzig-Commons.wikimedia.org_-620x330.jpg

    Les évolutions sociales issues de la philosophie et de la théologie ont toujours façonné l’image que l’homme se fait de lui-même. Comment l’homme se considère-t-il ? Se voit-il comme faisant partie du monde ou bien – pour utiliser des termes chrétiens – comme faisant partie de la création ? Se regarde-t-il de manière inconditionnelle comme un détenteur de droits ou bien, au contraire, comme une chose appartenant à d’autres personnes ayant une capacité juridique ? Est-il considéré comme un égal parmi les égaux ou comme quelqu’un qui doit bénéficier des droits de l’homme dans la seule mesure où sa position dans la société l’impose ? Si ces questions sont discutées de manière superficielle dans le domaine des droits de l’homme, elles reposent sur l’image de l’homme telle qu’elle est véhiculée par la société et ses membres. Nous devons nous demander ce qu’est l’être humain. En tant qu’objet, est-il une chose ou un sujet de droit ? C’est une question qui touche aux fondements mêmes de l’humanité et qui est certainement aussi capable de les ébranler. Puisque la discussion a repris depuis la fin de l’esclavage, qui traitait les personnes comme des choses, et que les personnes sont divisées selon la dualité du corps et de l’esprit et donc, sur la base de la théorie de l’évolution, en choses animales et personnes spirituelles, nous avons souhaité consacrer plusieurs discussions à la question de l’image de l’homme, question dont découle la nature même des droits de l’homme. Dans le cadre de cette discussion qui porte sur les fondements du vivre-ensemble des êtres humains, notre interlocuteur est le cardinal Gerhard Ludwig Müller, théologien et philosophe, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (2012-2017).

    Rilinger : Avant d’aborder l’image de l’homme, nous devons discuter de ce que nous entendons par « nature ». Devons-nous imaginer la nature comme une creatio ex nihilo, comme quelque chose venant du néant, qui s’est développée sans aucune influence régulatrice et qui est donc exclusivement due au hasard, ou bien la terre s’est-elle formée sur la base d’une pensée venant de Dieu, sous la forme de principes et de règles insufflés dans le monde et à partir desquels le développement est possible ?

    Cardinal Gerhard Ludwig Müller : Il s’agit de la question fondamentale : Qu’est-ce que l’être humain ?

    Dans la tradition judéo-chrétienne, si la nature humaine a un caractère particulier, c’est parce que cette nature s’ancre dans le fait que l’être humain a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’être humain existe et vit orienté vers Dieu dans une relation qui transcende le monde et à l’égard de laquelle tout est relatif. Dieu est l’origine et le but de tous les êtres, lesquels parviennent à l’existence grâce à sa connaissance et à sa volonté, et sont maintenus en existence selon leur nature et leur causalité secondaire interne. Mais Dieu n’est en aucun cas le démiurge qui forme son œuvre, le monde et l’être humain, comme un constructeur humain à partir d’un matériau présent et transitoire – tel que nous le connaissons dans la philosophie classique gréco-romaine. Pour cette philosophie – qui partage une compréhension idéaliste et matérialiste de l’être du cosmos –, l’idée même d’un être divin personnel ou trinitaire, de même que celle d’un monde existant à partir de la création du néant sont complètement étrangères. Selon Platon et Aristote, pour ne citer ici que les plus grands penseurs, le cosmos est imprégné de la raison divine – le Logos. Ainsi, le sens du monde est révélé dans la causalité émanant du Logos. En ce qui concerne la chose individuelle en tant que telle, il s’agit d’une combinaison de la cause formelle et de la cause matérielle. Par contre, par rapport à l’ensemble de l’être, le Dieu-Logos, c’est-à-dire la raison qui se pense elle-même, se manifeste dans la cause active et finalisée, qui classe et assigne les choses individuelles dans le contexte de la signification de l’ensemble du cosmos (Dieu qui se déplace mais n’est pas déplacé ; Dieu qui est recherché mais qui, parce qu’il est sans recherche, ne recherche rien d’autre que lui-même). À l’opposé, il y a – pour faire simple – la vision atomiste du monde de Démocrite, Épicure et Lucrèce, vision qui explique tout en termes d’effets mécaniques. Selon ce point de vue, toutes les choses et tous les phénomènes du monde sont liés par un lien causal global. Mais l’ensemble de l’être ne débouche pas sur un Logos supérieur et omniprésent. Au lieu du Logos, c’est le destin aveugle ou le hasard qui règne sur elle. En ce sens, la science naturelle moderne, dont la méthodologie est limitée à la forme mathématique-géométrique de la pensée et au lien causal mécanique, demeure impuissante devant l’énigme impénetrable que constituent l’univers dans son ensemble, l’origine de la vie ou encore le caractère unique de la raison humaine qui s’élève vers l’être en tant que tel, comme l’a formulé Stephen Hawkins. Ou bien, en ce qui concerne l’émergence du substrat matériel de la raison humaine, c’est-à-dire dans le cadre de l’évolution de l’espèce biologique « homme », seule la catégorie interprétative du « hasard » peut être supposée. Ce que l’on entend ici, bien sûr, n’est pas le hasard absolu, c’est-à-dire que ce qui existe existe sans la raison de son existence. Il s’agit plutôt d’un hasard relatif, à savoir que ce qui existe est dépourvu de sens ou s’est produit en l’absence de toute planification. Ce qui existe par hasard n’a donc pas d’essence qui rassemble ses composants à partir d’un principe intérieur et les unit en un tout significatif. Philosophiquement, nous appelons cela le nihilisme, c’est-à-dire l’expérience négative et l’opinion désespérée que l’être est sans signification et sans but et que l’homme se ridiculise dans sa recherche du sens de l’être et de l’orientation de ses actions vers le bien. L’homme serait ainsi simplement jeté dans un abîme qui ne pourrait jamais constituer un soutien pour supporter nos titubations et nos chutes. Il serait condamné à attribuer de manière autonome un sens à son existence factuelle, car son existence serait par elle-même dépourvue de substance, comme l’a écrit Jean-Paul Sartre (1905-1980).

    Lire la suite

  • Saint Jean-Paul II (22 octobre)

    IMPRIMER

    D'"Evangile au Quotidien" :

    St Jean-Paul II

    Saint Jean-Paul II
    « Le Géant de Dieu »
    Pape (263e) de 1978 à 2005

     « Au vu de la dimension extraordinaire avec laquelle ces Souverains Pontifes ont offert au clergé et aux fidèles un modèle singulier de vertu et ont promu la vie dans le Christ, tenant compte des innombrables requêtes partout dans le monde, le Saint-Père François, faisant siens les désirs unanimes du peuple de Dieu, a disposé que les célébrations de saint Jean XXIII, Pape, et de saint Jean-Paul II, Pape, soient inscrites dans le Calendrier Romain général, la première le 11, la deuxième le 22 octobre, avec le degré de mémoire facultative. […] »

    De la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 29 mai 2014, solennité de l’Ascension du Seigneur.

    « Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! 

    Ces paroles mémorables, prononcées le 22 octobre 1978 dans l’homélie du début du pontificat (>>> Vidéo Extraits du discours du Pape) restent, désormais, sculptées dans les cœurs de tous les chrétiens et des hommes de bonne volonté du monde entier.

    Ce que le Pape demandait à tous, lui même l’a fait en premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant, avec la force d’un géant qui venait de Dieu, une tendance qui pouvait sembler irréversible.

    Karol Józef Wojtyła, devenu Jean-Paul II à son élection au Siège apostolique d'octobre 1978, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, petite ville située à 50 km de Cracovie. Il est le plus jeune des trois enfants de Karol Wojtyła et d'Émilie Kaczorowska. Sa mère mourut en 1929. Son frère aîné Edmund, qui fut médecin, est décédé en 1932 ; leur père, ancien sous-officier, en 1941. Leur sœur Olga était décédée avant la naissance de Karol.

    Il fut baptisé le 20 juin 1920, dans l'église paroissiale de Wadowice, par le prêtre François Żak, fit sa Première Communion à neuf ans et reçut la Confirmation à dix-huit ans. Ses études secondaires près l'École Marcin Wadowita de Wadowice achevées, il s'inscrit en 1938 à l'Université Jagellon de Cracovie et à un cours de théâtre. L'Université ayant été fermée en 1939 par l'occupant nazi, le jeune Karol dut travailler sur un chantier de l'usine chimique Solvay afin de gagner sa vie et d'échapper à la déportation en Allemagne.arol Józef Wojtyła, devenu Jean-Paul II à son élection au Siège apostolique d'octobre 1978, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, petite ville située à 50 km de Cracovie. Il est le plus jeune des trois enfants de Karol Wojtyła et d'Émilie Kaczorowska. Sa mère mourut en 1929. Son frère aîné Edmund, qui fut médecin, est décédé en 1932 ; leur père, ancien sous-officier, en 1941. Leur sœur Olga était décédée avant la naissance de Karol.

    À compter de 1942, ressentant l'appel au sacerdoce, il suivit les cours de formation du Séminaire clandestin de Cracovie. Il fut à la même époque l'un des promoteurs du Théâtre Rapsodique, lui aussi clandestin.

    Après la Seconde Guerre mondiale, il poursuivit ses études au Grand Séminaire de Cracovie à peine rouvert, et également à la Faculté de théologie de l'Université Jagellon, jusqu'à son ordination sacerdotale à Cracovie le 1er novembre 1946 des mains du cardinal Adam Stefan Sapieha. Il fut ensuite envoyé à Rome par le cardinal Sapieha et poursuivit ses études doctorales sous la direction du dominicain français, le P. Garrigou-Lagrange. Il soutint en 1948 sa thèse en théologie consacrée à la Foi dans l'œuvre de saint Jean-de-la-Croix (Doctrina de fide apud Sanctum Ioannem a Cruce). Durant ce séjour romain, il occupa son temps libre pour exercer son ministère pastoral auprès des émigrés polonais de France, de Belgique et des Pays-Bas.

    Il rentra en 1948 en Pologne pour être vicaire en diverses paroisses de Cracovie et aumônier des étudiants jusqu'en 1951 où il reprit ses études philosophiques et théologiques.

    En 1953, il soutint à l'Université catholique de Lublin une thèse intitulée « Mise en valeur de la possibilité de fonder une éthique catholique sur la base du système éthique de Max Scheler ». Il accéda ensuite à l'enseignement professoral de la théologie morale et d'éthique sociale au Grand Séminaire de Cracovie et à la Faculté de théologie de Lublin.

    Le 4 juillet 1958, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) le nomma Évêque titulaire d'Ombi et auxiliaire de Cracovie et, le 28 septembre suivant, il reçut la consécration épiscopale des mains de l'Archevêque Eugeniusz Baziak, en la cathédrale du Wawel (Cracovie).

    Le 13 janvier 1964, il fut nommé Archevêque de Cracovie par  saint Paul VI (Giovanni Battista Montini, 1963-1978) qui, le 26 juin 1967, l'éleva au cardinalat, du titre de S. Cesareo in Palatio, une diaconie élevée au rang presbytéral pro illa vice (pour l’occasion). Après avoir participé au Concile Vatican II (1962-1965), où il offrit notamment une importante contribution à l'élaboration de la constitution Gaudium et Spes, le Cardinal Wojtyła prit part à toutes les assemblées du Synode des Évêques.

    Au cours du second Conclave de 1978, il fut élu Pape par les Cardinaux le 16 octobre et prit le nom de Jean-Paul II. Le 22 octobre, Jour du Seigneur, il entamait solennellement son ministère de 263e successeur de l'Apôtre Pierre. Son pontificat de près de 27 années allait être l'un des plus longs de l'histoire de l'Église.

    Jean-Paul II a exercé son ministère pétrinien avec un inlassable esprit missionnaire, prodiguant toutes ses énergies, poussé par la sollicitude pastorale envers toutes les Églises et par la charité ouverte à l'humanité tout entière. En vingt-six années de pontificat, le pape Jean-Paul II a accompli 104 voyages apostoliques hors d'Italie et 146 visites dans ce pays. Comme Évêque de Rome, il a visité 317 des 333 paroisses de son diocèse.

    Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il a rencontré le Peuple de Dieu et les Responsables des nations : aux 1166 audiences générales du mercredi ont participé plus de 17 600 000 pèlerins, sans compter toutes les autres audiences spéciales et les cérémonies religieuses [plus de 8 millions de pèlerins seulement au cours du Grand Jubilé de l'An 2000] ; outre les millions de fidèles qu'il a rencontrés au cours de ses visites pastorales en Italie et dans le monde. Nombreuses sont les personnalités gouvernementales reçues en audience : il suffit de rappeler les 38 visites officielles et les 738 audiences ou rencontres de chefs d'État, ainsi que les 246 audiences et rencontres de premiers ministres.

    Son amour pour les jeunes l'a poussé à lancer en 1985 les Journées mondiales de la Jeunesse, et les dix-neuf JMJ de son pontificat ont rassemblé des millions de jeunes dans diverses parties du monde. D'autre part, son attention à la famille s'est exprimée par la tenue de Rencontres mondiales des Familles entreprises à son initiative en 1994.

    Il a promu avec succès le dialogue avec les juifs et avec les représentants des autres religions, les invitant parfois à des rencontres de prière pour la paix, en particulier à Assise.

    Sous sa direction l'Église s'est approchée du troisième millénaire et a célébré le grand Jubilé de l'An 2000, selon les orientations indiquées dans la Lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente. Celle-ci s'est ensuite ouverte à la nouvelle époque, en recevant ses indications dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, dans laquelle il montrait aux fidèles le chemin de l'avenir.

    Avec l'Année de la Rédemption, l'Année mariale et l'Année de l'Eucharistie il a promu le renouveau spirituel de l'Église.

    Il a donné une impulsion extraordinaire aux canonisations et aux béatifications, pour montrer d'innombrables exemples de la sainteté d'aujourd'hui, qui soient un encouragement pour les hommes de notre temps. Jean-Paul II a procédé à 147 cérémonies de béatification (1338 bienheureux) et à 51 de canonisation (482 saints). Il a proclamé Docteur de l'Église sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.

    Il a considérablement élargi le Collège des Cardinaux, en en créant 231 en neuf Consistoires, plus un in pectore, dont le nom n'a jamais été révélé. Il a également présidé six réunions plénières du Sacré Collège.

    Jean-Paul II a présidé quinze Synodes des Évêques : six Assemblées ordinaires (1980, 1983, 1987, 1990, 1994 et 2001), une générale extraordinaire (1985), huit spéciales (1980, 1991, 1994, 1995, 1997, 1998 [2] et 1999).

    Il a prononcé 20 351 discours pendant son seul pontificat dont 3438 hors d'Italie. Au nombre de ses documents majeurs, on compte quatorze encycliques, quinze exhortations apostoliques, onze constitutions apostoliques et quarante-cinq lettres apostoliques.

    À titre privé, en tant que Docteur, a également publié cinq livres : Entrer dans l'espérance (octobre 1994) ; Don et Mystère  en ce 50ème anniversaire de mon ordination sacerdotale (novembre 1996) ; Triptyque romain - Méditations poétiques (mars 2003) ; Levez-vous et allons ! (mai 2004) et Mémoire et Identité (février 2005).

    Les seuls écrits officiels représentent plus de 80 000 pages ; à cela il faut ajouter des publications à titre personnel et sans doute des milliers de lettres et documents privés divers.

    Il a promulgué le Catéchisme de l'Église catholique, à la lumière de la Tradition, interprétée avec autorité par le Concile Vatican II. Il a également réformé les Codes de droit canonique latin et oriental, a créé de nouvelles institutions et réorganisé la Curie romaine.

    Jean-Paul II est décédé au Vatican le 2 avril 2005 à 21 h 37, tandis qu'on entrait déjà dans le Jour du Seigneur, Octave de Pâques et Dimanche de la Divine Miséricorde.

    Les funérailles se sont déroulées le >>> 08/04/05 alors que, depuis son décès, plus de trois millions de fidèles étaient venus à Rome saluer sa dépouille, attendant jusqu'à 24 heures avant d'entrer dans la basilique Saint-Pierre.

    Le 28 avril, le nouveau pape Benoît XVI a accordé la dispense des cinq années après la mort pour l'ouverture de la Cause en béatification-canonisation de Jean-Paul II. La procédure canonique a été ouverte le 28 juin suivant par le card. Camillo Ruini, Vicaire général pour le diocèse de Rome.

    Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła) a été officiellement élevé aux honneurs des autels le dimanche 1er mai 2011au cours de la messe de béatification, sur la place Saint-Pierre de Rome, présidée par le pape Benoît XVI  (>>> Homélie).

    Le  27 avril 2014 sa Sainteté le pape Francesco a proclamé Saints ses prédécesseurs Jean XXIII et Jean-Paul II. Un moment de joie et de prière pour les 800 000 et plus fidèles qui, du monde entier, ont conflué dans la place Saint-Pierre, mais aussi le début d'un voyage éternel dans la gloire de l'Église catholique.

    Pour un approfondissement :
    >>> Canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II

  • Confession : Secret, vous avez dit secret ?

    IMPRIMER

    Lu sur le site web de l’abbé Philippe Laguérie (21/10/2021) :

    « Le cachet de Dieu »

    Non, il n’y a pas de secret de la confession ! Il y a bien plus que cela. Et pour vous en convaincre, j’ai réuni quelques textes du droit et de la théologie catholique.
    Et tout d’abord un peu de sémantique. Le soi-disant secret de la confession, dans tous les documents de l’Eglise Catholique (décrétales, droit canonique, théologiens, au premier rang desquels saint Thomas d’Aquin), n’est jamais dénommé un secret mais un sceau, en latin « Sigillum ». C’est peut-être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup.

    Sigillum, en latin ne veut absolument pas dire « secret ». Mais alors pas du tout, il y a maints autres mots pour cela. Le Gaffiot, qui fait référence en la matière, le traduit par « sceau », « cachet ». Vous savez : cette emprunte que vous gravez de vos armes dans la cire molle sur une lettre cachetée, cette signature de l’Autorité publique sur un cercueil que l’on vient de fermer pour garantir que c’est bien M. /Mme untel qui s’y trouve et non point un inconnu etc. Si vous m’avez bien compris, la traduction moderne de « Sigillum » est bien plus le mot « signature » qui authentifie, garantie, scelle (c’est le vrai mot) définitivement une réalité.

    Mais quel est ce signataire mystérieux qui efface, détruit, oublie à jamais, veut ignorer sans retour, ensevelit, bref scelle pour l’éternité nos misères et nos turpitudes. C’est Dieu Lui-Même, en personne, soi-même. Le ministre de ce sacrement sublime n’est qu’un vulgaire instrument de la miséricorde divine et rien de plus. Sauf que : écoutez comment saint Thomas établit et fonde ce fameux mal nommé « secret » de la confession : ( IIIa Qu. XI ar 1 corpus)

    « Dans les sacrements, ce qui se fait à l’extérieur est signe de ce qui se passe à l’intérieur, et ainsi la confession extérieure par laquelle on se soumet au prêtre est signe de la confession intérieure par laquelle on se soumet à Dieu. Or Dieu couvre (tegit : cache, dissimule) les péchés de celui qui se soumet à lui par la pénitence ; il faut donc que le sacrement de pénitence signifie en quelque manière cette conduite de Dieu. Donc la nature même de ce sacrement demande que le prêtre garde le secret (celet) ; et le révéler, ce serait violer le sacrement lui-même ».

    On le comprend aisément : pour saint Thomas les raisons morales (ne pas déshonorer son pénitent, rendre odieuse la confession, en faciliter l’exercice pour le bien commun de l’Eglise) sont des raisons vraies mais secondaires ! C’est l’admirable conduite de Dieu qui impose le sigillum, qui est le sceau de Dieu et non des hommes ! Dans le ad 1um, saint Thomas va encore plus loin :

    « On est censé ignorer ce que l’on sait par la confession puisque qu’on ne le sait nullement comme homme mais comme Dieu ». Ut Deus !

    Oui, vous avez bien lu ; et non pas comme dans les traductions libérales (Comme ministre de Dieu) mais bien comme dans l’original latin : comme, en tant que, Dieu (Ut Deus). La pensée de saint Thomas est donc claire : ce qu’un prêtre sait par le confessionnal, il le sait « comme Dieu » et le sigillum n’est pas celui d’un homme mais celui de Dieu.

    Même doctrine, et particulièrement d’actualité, dans le ad 2um où saint Thomas se demande ce qu’un prêtre devrait faire si dans un procès et sous serment il était sommé de dire ce qu’il a appris en confession : le supérieur, le juge, ne saurait l’obliger de parler « puisque qu’il (le prêtre) n’est dépendant de son supérieur qu’en sa qualité d’homme et qu’il ne sait rien comme homme mais seulement comme Dieu » (« Non scit ut homo sed ut Deus ») !

    Et saint Thomas d’enfoncer le clou en affirmant que le sigillum est même garanti par le droit naturel puisque le prêtre qui le violerait serait nécessairement un menteur : il affirmerait savoir des choses qu’il ignore (comme homme) puisqu’il les sait comme, en tant que, Dieu « ut Deus ».

    Lire la suite