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BELGICATHO - Page 1258

  • L'euthanasie des malades psychiatriques est-t-elle contraire à l'éthique ?

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    De Willem Lemmens, Professeur à l'Université d'Anvers (Centre d'éthique) (Traduction libre de la Tribune libre de Willem Lemmens le 20 Décembre 2016 sur Knack.be, sur Euthanasie Stop)

    L'euthanasie des malades psychiatriques est-t-elle non éthique ?

    « La négligence du législateur apparait 15 ans plus tard comme une erreur tragique. », écrit le professeur d'éthique Willem Lemmens, réagissant à la critique américaine de la loi belge sur l'euthanasie.

    Le comité d'éthique de l' American Psychiatric Association (APA) questionne la pratique de l'euthanasie de patients psychiatriques en Belgique et aux Pays-Bas. L'APA a l'intention de proposer à la WPA (World Psychiatric Association) qu'une demande d'éclaircissements soit faite aux collègues belges et néerlandais. L'organisation professionnelle américaine considère qu'on ne peut pas pratiquer d'euthanasie sur des patients psychiatriques. Ces patients ne sont pas en phase terminale de maladie, leur désir de mourir est inextricablement lié à leur pathologie complexe.

    Ceci rend impossible une appréciation objective de leur désir de mourir et du caractère sans issue de leurs souffrances, par ailleurs plus que réelles. De plus, la motion de l'APA met le doigt sur la problématique éthique fondamentale ; pour eux, il n'est pas possible d'administrer ou de fournir des moyens de donner la mort à des patients qui ne sont pas en phase terminale dans le contexte de la fourniture de soins psychiatriques. Pour l'APA, le serment d'Hippocrate n'est clairement pas un chiffon de papier.

    « L'euthanasie des malades psychiatriques est-t-elle non éthique ? »

    La ministre Maggie de Block n'est pas impressionnée : elle se rappelle les discussions approfondies tenues en 2002 au sujet de la loi sur l'euthanasie. Il faudrait peut-être d'abord rectifier la perception erronée de Madame la ministre. Dans ce pays et au début du siècle, les discussions préalables à la loi ont été importantes. Pour qui a suivi les débats, il est clair que, dès le début, l'euthanasie des malades psychiatriques a été pour quelques-uns un sujet de préoccupation. Mais, toute opposition a été rapidement tuée dans l'œuf par l'audace d'un lobby résolument favorable à l'euthanasie. Les arguments des partisans de la libre disposition absolue de soi-même étaient simples: on ne peut pas discriminer les malades psychiatriques ! il faut faire en sorte que la loi prévoie une consultation de plus d'un psychiatre ou d'un spécialiste pour les patients qui ne sont pas en phase terminale et laisser un intervalle d'un mois entre la demande et la pratique de l'euthanasie, et voilà, tout est réglé.

    La négligence du législateur apparait 15 ans plus tard comme une erreur tragique. Après quelques temps, des voix inquiètes se sont élevées en provenance du secteur psychiatrique.

    Lors d'une conférence rétrospective il y a quelques années ( nota bene, à l'Université Catholique de Louvain), je me rappelle qu'une soignante du secteur psychiatrique s'est levée et, hésitante, a dit que pour elle, ce sentiment de ''feel good' qui dominait la conférence ne cadrait pas : la loi sur l'euthanasie constituait peut-être un pas en avant pour les patients en phase terminale atteint de maladies physiques graves et incurables mais, dans son secteur, les soins psychiatriques, elle voyait plutôt de gros problèmes quand les patients demandaient l'euthanasie avec un insistant désir de mourir. Son intervention a été ignorée et m'a laissé avec de graves interrogations.

    « Depuis, un ou deux ans, apparaissent dans ce pays des histoires de personnes qui restent avec des traumatismes après qu'a été pratiquée l'euthanasie sur un membre de leur famille qui souffrait d'une maladie psychiatrique incurable et irréversible. »

    Ces êtres chers n'étaient pas en phase terminale. Des articles scientifiques d'experts belges ont présenté des dizaines de cas d'euthanasie en raison d'affections psychiatriques comme les balises d'un progrès éthique et médical. Les plaintes sporadiques de membres de la famille étaient considérées avec dédain comme un signe de 'troubles structurels' dans les familles concernées. Le récent rapport de la FCEE (la commission d'évaluation de l'euthanasie) reconnait pour la première fois le fait que les malades psychiatriques constituent pour l'euthanasie une catégorie à part.

    Mais, la commission souligne aussi que ce groupe est restreint : le docteur Wim Distelmans a commenté les chiffres en soulignant qu'il y a chaque année bien plus de morts d'accidents de la route. Pour information, de 2012 à 2015 les chiffres officiels d'euthanasie sont de 7 autistes, 8 schizophrènes, 17 bipolaires, 30 hommes et femmes avec un trouble de la personnalité et 82 personnes souffrant de dépression.

    Tout le monde ne trouve pas rassurante la réalité derrière ces chiffres. Quelle que soit la façon dont on la considère, l'euthanasie des malades psychiatriques est la fourniture d'une substance létale par un médecin à des personnes dont les souffrances sont plus que réelles, mais qui en principe peuvent encore vivre des années. Tous les psychiatres ne sont pas d'accord sur la signification d'une souffrance sans espoir ou incurable « du fait d'avoir tout essayé ». Pour ne pas parler du concept délicat de la libre disposition de la personne et de sa libre décision.

    Bien sûr, la souffrance psychique peut être une réalité irrémédiable avec laquelle, donc, il faut vivre le restant de ses jours. C'est précisément pour cette raison que l'aide inconditionnelle et active du psychiatre ou du psychologue est essentielle. Par ailleurs, les psychiatres savent d'expérience que la guérison ou un soulagement soudain est possible. Mais, au-delà de ces considérations médicales, il y a une considération éthique sur laquelle l'APA attire notre attention : l'introduction de l'euthanasie dans la psychiatrie signifie de facto la légalisation du suicide assisté. Là, le médecin est placé dans un tout nouveau rôle d'expert de la fin de vie. Un rôle qui dépasse radicalement ses compétences médicales et la finalité de la médecine Hippocratique.

    Eviter la tragédie du suicide classique ?

    Une minorité de psychiatres belges continue d'affirmer que l'euthanasie permet d'éviter la tragédie d'un suicide classique. Ne faut-il pas considérer le fait que les patients ont été euthanasiés (ou assistés dans leur suicide) par des médecins bien déterminés, alors qu'ils auraient pu rester en vie dans les mains d'autres docteurs ?

    Pour les psychiatres américains, ce qui se passe en Belgique est une question de déontologie médicale et d'éthique fondamentale ».

    Dans un article écrit par des partisans de l'euthanasie de malades psychiatriques, il est dit franchement que, en cas de souffrance purement psychique, il y a un facteur subjectif très important aussi bien pour le patient que pour le médecin. Des recherches complémentaires sont donc souhaitables. Mais, dans l'intervalle, des dizaines de patients sont morts.

    En Belgique et aux Pays-Bas, des constatations de ce type ne déclenchent pas des tempêtes de protestations. Mais à l'étranger, les psychiatres américains froncent les sourcils. A raison. Si l'on extrapole les chiffres cités aux Etats-Unis et leur grosso modo 300 millions d'habitants, cela signifierait pour une période de quatre ans l'implication active des psychiatres américains dans 6000 euthanasies à la demande de patients souffrant de maladies psychiques ou de troubles du comportement, mais n'étant aucunement en fin de vie.

    C'est pour cette raison que les psychiatres américains tirent la sonnette d'alarme. Ne vous y trompez pas ! Ils ont bien étudié ce qui se passe en Belgique. C'est ce que j'ai pu constater en Octobre de cette année au congrès annuel de la ASBH (American Society for Bioethics and the Humanities). Pour eux, ce qui se passe en Belgique est une question de déontologie médicale et d'éthique fondamentale. Cela transcende la simple idéologie politique et la législation d'un pays.

    Il s'agit de l'intégrité de la psychiatrie elle-même et du maintien des principes fondamentaux sur lesquels un bon soin médical doit être fondé. Les politiques et le monde médical belge ont tout intérêt à ne pas éviter le dialogue avec ces experts.

  • Rouvrir le débat sur ce qu’est la mort dans la dignité

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    Mourir dans la dignité : quel est le rôle du droit et de la politique lorsqu'il s'agit de construire une culture valorisant la vie à chaque instant? Le 28 novembre, le bureau bruxellois d'ADF International a lancé la campagne « Affirmer la dignité » ou #AffirmingDignity. Plusieurs vidéos de court métrage traitent de cette question de société et demandent un nouveau débat sur ce qu’est la mort dans la dignité.

     
  • Jean-Baptiste, heureux de montrer Dieu (homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire)

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    Prédication (archive du 19 janvier 2014) par le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (Jn 1, 29-34) pour le 2e dimanche du temps ordinaire.

    http://www.delamoureneclats.fr

    Références bibliques : http://aelf.org/

    Évangile :

    « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1, 29-34) Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint.’ Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

  • Le christianisme survivra, n'en déplaise à Michel Onfray

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    De Vincent Morch en Tribune sur le site du Figaro (Vox) :

    «N'en déplaise à Michel Onfray, le christianisme survivra !»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Dans Décadence, Michel Onfray annonce la fin de la civilisation judéo-chrétienne. Pour Vincent Morch, le sort de celle-ci n'est pas joué, même s'il est vrai que le christianisme, fondé sur la faiblesse et la liberté de l'homme, est intrinsèquement fragile.


    Diplômé de philosophie, Vincent Morch a enseigné en Afrique avant de travailler dans l'édition.


    Le christianisme est une religion fondée sur la foi en la résurrection et en la divinité de Jésus de Nazareth. Cette foi née au seuil d'un sépulcre et bâtie sur des idées qui se situent aux limites de ce qu'il est possible d'admettre n'aura, pour de multiples raisons, jamais cessé d'être agonisante. Que ce soit à cause de ses ennemis déclarés, comme dans le cas des persécutions perpétrées par les empereurs romains ou par les républicains fanatiques de 1793, ou sous le poids de ses propres errances (songeons à la corruption de la Rome des Borgia), il n'est pas un siècle où elle n'aura été confrontée à des périls mortels - il n'a jamais existé, il ne pourra jamais exister, de «chrétienté triomphante». La réelle nouveauté de la période qui s'ouvre avec la Révolution française est la prolifération des déclarations de morts imminentes: le christianisme doit être prochainement aboli par une nouvelle religion (Robespierre, Hugo), par la science (Comte, Marx) ou par un nouveau type humain (Nietzsche). Lorsque Michel Onfray, dans son nouvel ouvrage Décadence, prétend faire le constat de la mort du christianisme, il se situe donc dans une tradition déjà longue. Or, en dépit de son incontestable déclin en Occident, il existe encore à ce jour des chrétiens. Il en existe même suffisamment pour remplir massivement, au grand étonnement de ceux qui les croyaient déjà six pieds sous terre, les rues des grandes villes françaises. Sont-ce là les derniers spasmes d'un cadavre? Ou les prémisses d'une résurrection?

    Le christianisme est né au seuil d'un tombeau. Et il y demeurera à jamais. Depuis deux mille ans il ne cesse d'osciller entre le Royaume des morts et le Royaume des cieux, entre la nuit du néant et la joie du Salut. Annonçant un Messie crucifié, il ne joue pas le jeu habituel qui régit la vie des humains, celui de la réussite et du pouvoir. Il ne flatte pas les instincts. Il ne surfe pas sur les appétits. Il place la révélation ultime du Dieu tout-puissant entre la faiblesse d'un nouveau-né et l'effroyable spectacle d'un innocent sacrifié. Il est une religion de la faiblesse. Il est donc, en lui-même, intrinsèquement fragile. Et fragile, il l'est d'autant plus qu'il proclame que les êtres humains sont fondamentalement libres, et que c'est librement qu'ils doivent se positionner par rapport à lui. Lors de son face-à-face avec Ponce Pilate, le Christ, le Fils de Dieu, n'a pas daigné faire ployer devant lui celui qui le jugeait en lui révélant toute sa gloire. Il a laissé se détourner de lui celui qui se demandait ce qu'était la vérité alors qu'il était la vérité même. Il l'a laissé face à sa conscience, son intelligence et son cœur, au risque de la croix, au risque de sa mort.

    Parce que, selon les chrétiens, c'est en se livrant pleinement à la liberté humaine que le Christ a opéré le salut du monde - une liberté réelle, effective, matérialisée par la croix, mais transfigurée, par-delà ses propres intentions et sa propre compréhension d'elle-même, par la grâce du matin de Pâques - leur religion constitue une avancée inédite et décisive dans l'histoire de l'humanité, et un leg infiniment précieux pour l'ensemble de celle-ci. En effet, il faut se souvenir qu'il est apparu dans un monde où la culture gréco-romaine dominante imaginait que les hommes comme les dieux étaient soumis au pouvoir inflexible de la fatalité. C'est cette intuition religieuse fondatrice qui a donné naissance au théâtre tragique où les spectateurs voyaient se nouer des intrigues dont ils connaissaient déjà le terme. Œdipe, quoi qu'il puisse faire, finira toujours par tuer son père et épouser sa mère. C'est aussi cette intuition qui, alliée au génie intellectuel grec, a donné naissance à la science. La raison, le logos, est en effet une conceptualisation de la fatalité: une chaîne de nécessités à laquelle il est impossible de contrevenir. Si l'on a dessiné un triangle sur le sable, alors il est nécessaire que la somme de ses angles soit égale à deux angles droits. Anodin appliqué aux mathématiques, ce principe s'avère hautement problématique à mesure que l'exigence de scientificité s'élargit à des domaines qui touchent à l'existence concrète des hommes - et, en premier lieu, à la politique et l'histoire.

    De fait, la conséquence la plus remarquable de la mise en retrait du christianisme dans la vie des idées est la prolifération concomitante de discours fatalistes. De toutes parts, on cherche à nous convaincre que tout est déjà écrit: le milieu de notre naissance conditionne notre vie ; la mondialisation est inévitable ; le capitalisme est voué à l'échec ; la Grande-Bretagne restera dans l'UE. Et si l'Islam correspond à un certain «air du temps», c'est précisément en ce sens qu'il est une religion fataliste. Il se révèle ainsi comme le surprenant pendant religieux d'une rationalité qui prétend enchaîner toute la destinée humaine dans des préceptes intangibles. Or, devant toutes ses injonctions aussi impérieuses que contradictoires, les derniers événements témoignent que les consciences se révoltent, et cette révolte - aussi absurdes et dangereuses que ses manifestations puissent revêtir - manifestent une immense aspiration à la liberté. Et cette liberté pratique objective n'est compréhensible qu'à partir d'une philosophie de la liberté, qui elle-même n'a pu naître que dans un environnement judéo-chrétien. Notre civilisation est judéo-chrétienne en ce qu'elle croit que l'être humain est un être libre, jusques et y compris dans les critiques et les reniements qu'elle a pu formuler envers ses racines.

    Non, n'en déplaise à Michel Onfray, le sort de notre civilisation n'est pas joué. Et tant que des hommes voudront être libres, ils puiseront, consciemment ou pas, à ses racines judéo-chrétiennes. Aux chrétiens, quant à eux, de se montrer dignes de l'héritage qu'ils ont reçu, en témoignant de la capacité de la foi à déplacer des montagnes, à faire advenir la Nouveauté qui libère et qui sauve.

  • Ce que le catholicisme a apporté à la civilisation mondiale

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    De Bevil Bramwell, OMI, sur The Catholic Thing traduit sur le site de France Catholique :

    Ce que la civilisation doit au catholicisme

    Au lieu d’accepter l’image dévalorisée du catholicisme si répandue, prenons des mesures vigoureuses pour apprendre, voire savourer les importantes contributions que le catholicisme a apportées à la civilisation mondiale pendant des millénaires. Nous pourrions même partager cette expérience avec nos enfants.

    Imaginez-vous en train de parcourir un musée exposant quelques-unes des grandes réalisations du catholicisme dans l’histoire mondiale. Ce serait beaucoup plus honnête que de céder aux efforts de propagande massive déployés par les héritiers des Lumières pour supprimer cette remarquable histoire.

    L’ouvrage de Thomas E. Woods How the Catholic Church Built Western Civilization offre un tableau impressionnant de quelques-unes des milliers d’apports révolutionnaires que les catholiques ont faits au fil des siècles.

    Commençons par l’astronomie. Selon Woods : « L’Eglise catholique a accordé à l’étude de l’astronomie pendant six siècles (de l’époque de la redécouverte des sciences anciennes vers la fin du Moyen Âge jusqu’à l’époque des Lumières) une aide financière et un appui social plus importants que toutes les autres institutions ». Cette affirmation s’appuie sur les conclusions d’un chercheur de l’Université de Californie à Berkeley.

    En ce qui concerne l’édification de la culture européenne, il qualifie saint Benoît de « père de l’Europe » à cause de toute la gamme d’institutions et d’établissements charitables créés par les monastères bénédictins au cours des âges. Institutions qui comprennent aussi bien des centres d’élevage et d’agriculture que des écoles et des bibliothèques. Sans oublier les lieux de culte.

    Bien sûr, il y a eu aussi d’innombrables contributions dans le domaine culturel. Un prêtre dominicain, Francisco de Vitoria (né en 1483), est souvent appelé le père du droit international à cause ses arguments sur le statut juridique des peuples du Nouveau Monde. Il a soutenu que le droit naturel « existait non seulement chez les chrétiens, mais aussi chez tous les peuples ».

    Woods traite l’un des apports les plus considérables et les moins appréciés du catholicisme dans le vaste chapitre intitulé « Comment la charité catholique a changé le monde ». Woods commence par l’histoire d’un soldat romain païen, Pachomius, au IVe siècle. Lors d’une épidémie de peste dans l’armée de l’empereur Constantin, Pachomius fut étonné de voir certains de ses camarades soldats apporter de la nourriture et de l’aide aux gens atteints par la maladie. A sa question ils répondirent qu’ils étaient chrétiens.

    Woods retrace l’histoire des établissements charitables au fil des siècles, en mentionnant notamment le grand hôpital de Jérusalem qui était au départ un poste de secours pour les pèlerins, mais était devenu au XIIe siècle un hôpital moderne dispensant des soins aux malades – y compris les patients musulmans et juifs - et effectuant des opérations simples. Selon un prêtre de passage à l’époque : « nous n’avions aucun moyen d’évaluer le nombre de personnes alitées, mais nous avons vu un bon millier de lits ». Les très importantes institutions charitables catholiques actuelles ont des précurseurs vraiment héroïques.

    Passons aux universités : « C’est au Moyen Âge que nous devons l’une des plus grandes et uniques contributions intellectuelles du catholicisme à la société : le système universitaire ». Pure vérité, mais ce patrimoine aussi est menacé, même dans les institutions catholiques d’enseignement supérieur. Le pape Jean-Paul II s’est senti obligé de publier Ex Corde Ecclesiae (1990) pour soustraire les universités catholiques à leur désir obstiné de calquer leur mode de pensée sur la philosophie des Lumières. Les partisans de cette philosophie pensaient et pensent encore que les universités ont commencé avec eux et qu’ils sont les seuls à comprendre le fondement de la raison.

    Jean-Paul II fut obligé de publier Fides et ratio quelques années plus tard pour rappeler ce que l’Eglise avait toujours su à propos du bon usage de la raison, qu’il décrit comme ayant « une portée authentiquement métaphysique ».

    Quand on s’émancipe du programme de désinformation de la philosophie des Lumières et de ses nombreux adhérents modernes, la véritable image de l’Eglise catholique se détache dans toute sa gloire. Ce qui ne devrait pas l’amener à adopter une attitude arrogante reflétant celle des Lumières, mais au contraire à cesser de quasiment s’excuser de sa présence dans l’espace public en Amérique.

    Le manque d’articles substantiels dans les bulletins diocésains, la quasi-invisibilité de nos évêques qui devraient « enseigner la nation », notre clergé pratiquement muet et l’ignorance de la plupart des laïcs ont pour conséquence une inertie massive dans le domaine de l’éducation. Un aspect particulièrement négligé est la médiocre formation théologique au niveau universitaire d’un grand nombre de religieuses. Ce qui est étrange, vu l’importance des fonds consacrés à la préparation du clergé.

    Un bon moyen d’évaluer la situation serait de demander pourquoi tant de catholiques en savent si peu sur la prestigieuse institution dont ils sont membres. Les catholiques doivent s’efforcer consciemment et quotidiennement de participer à la culture catholique qui est partie intégrante de la vie des fidèles. Cette démarche est à double sens. Par exemple, la foi s’enrichit quand on écoute régulièrement de la belle musique liturgique. Et l’écoute de cette musique sacrée fait barrage à l’intrusion de la musique profane dans l’espace public. Les beaux-arts sont un autre exemple. La simple étude des vitraux de Moira Forsyth (1905-1991), l’ancienne présidente anglaise de la Société des artistes catholiques pourrait être très enrichissante à cet égard.

    L’insertion dans la culture catholique est un processus complexe. Qui comprend les sacrements et l’appartenance à une communauté, les activités charitables, aussi bien que ce que nous entendons en général par culture (romans, pièces de théâtre, musique, architecture, beaux-arts et sciences).

    Ces domaines ne demandent qu’à se laisser découvrir. Et plus vous les comprenez et vous les appropriez, plus vous pouvez les faire connaître au monde.

    C’est ce que le Christ nous a apporté et ce que nous devons apporter aux autres.

    Dimanche 8 janvier 2017


    Source : https://www.thecatholicthing.org/20...

    Bevil Bramwell , OMI, docteur ès lettres, est l’ancien Doyen des étudiants du premier cycle de la Catholic Distance University. Ses ouvrages sont les suivants : Laity : Beautiful, Good and True ; The World of the Sacraments et, plus récemment, Catholics Read the Scriptures : Commentary on Benedict XVI’s Verbum Domini.

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme confirme l'absence de droit au divorce

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    De Gregor Puppinck sur le site de l'European Centre for Law & Justice :

  • La crise identitaire des catholiques français

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    Lu sur le site de RTL.be :

    Les catholiques français en pleine crise d'identité

    Les catholiques français vivent-ils une crise identitaire, face à l'islam et à la question migratoire? Le débat fait rage au sein de la première religion de France, alors qu'une enquête dresse jeudi un portrait complexe de l'opinion "catho".

    "Au secours, Jésus revient" (Libération), "le réveil des catholiques" (L'Express), "le pouvoir des catholiques" (L'Obs)... Ces dernières semaines, la presse généraliste s'est penchée de manière inattendue sur la place du catholicisme dans un pays largement sécularisé.

    Ces marques d'intérêt ne sont pas sans rapport avec la nette victoire à la primaire de la droite de François Fillon, catholique déclaré qui n'hésite plus à invoquer sa foi chrétienne pour défendre son projet présidentiel.

    Mais peut-on assimiler l'opinion catholique à la droite? Une étude sociologique relayée jeudi dans deux titres du groupe de presse Bayard - le quotidien La Croix et l'hebdomadaire Pèlerin - tente d'y voir plus clair.

    Cette étude Ipsos présente des chiffres qui étayent un ancrage à droite et "confirment que même si les catholiques sont plus réticents au vote FN que le reste des Français, ce parti tend quand même à se banaliser parmi eux", relèvent ses auteurs.

    Cependant, l'enquête identifie six familles de "catholiques engagés" - estimés à près de 12 millions en France parmi les 18 ans et plus, bien au-delà des seuls pratiquants - qui esquissent un portrait relativement divers.

    La première sous-catégorie (45%) est celle des "festifs identitaires", voyant l'Eglise comme une partie de l'identité française, défiants à l'égard du pape François et hostiles aux migrants.

    Derrière arrivent les "saisonniers fraternels" (26%), qui mettent en avant des valeurs d'hospitalité à l'égard des exilés.

    On trouve aussi des "conciliaires" (14%), attachés à une Eglise ouverte après Vatican II, et des "observants" (7%), très sensibles aux combats de la Manif pour tous sur le mariage et la filiation.

    Mais, étonnamment, même les "émancipés" (4%), les plus à gauche, sont décrits comme perplexes voire frileux à l'égard de l'accueil des migrants.

    - "Racines" chrétiennes -

    "La question migratoire est extrêmement clivante, à droite mais aussi à gauche", explique à l'AFP le sociologue du catholicisme Yann Raison du Cleuziou, l'un des auteurs de l'enquête, tout en invitant à la prudence sur l'interprétation de cette étude portant sur 1.007 "catholiques engagés".

    "A gauche, la défiance me semble s'exercer non à l'égard du migrant en soi, mais du musulman: mon hypothèse est que ces catholiques voient dans l'islam un facteur de régression et de conservatisme, notamment par rapport à la condition de la femme ou la laïcité", poursuit-il.

    La question identitaire agite en tout cas les commentateurs catholiques. Journaliste à l'hebdomadaire de droite "décomplexée" Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu publie jeudi un épais pamphlet intitulé "Eglise et immigration: le grand malaise" (Presses de la Renaissance). Sa thèse: le pape François a grand tort de marteler "l'unique impératif de l'accueil" de l'étranger, alors que "beaucoup de catholiques ressentent un malaise croissant sur ce sujet".

    "Cette inquiétude dont je me fais le porte-parole, on essaye de la minimiser en disant qu'elle est très droitière. L'étude menée par Bayard me donne raison, on s'aperçoit que cette inquiétude dépasse les clivages politiques", explique à l'AFP Laurent Dandrieu.

    Erwan Le Morhedec, blogueur très actif sous le nom de "Koz", n'est pas de cet avis. Dans un livre à paraître vendredi, "Identitaire - le mauvais génie du christianisme" (Editions du Cerf), ce catholique évoluant dans une droite plus modérée s'inquiète d'une peur "mortifère" exploitée selon lui par une extrême droite aux connexions néo-païennes. Une manipulation qui, juge-t-il, "agresse l'Eglise et subvertit" le message de fraternité évangélique.

    "Si l'identité est une revendication légitime, elle n'est pas la seule qui nous permettra de fonder quelque chose pour plus tard", dit-il à l'AFP. "Notre attention doit être orientée sur notre capacité à produire des fruits plutôt que de revendiquer des racines" chrétiennes, fait-il valoir.

  • Bruxelles : Yvan Mayeur enverra-t-il "une onde positive" au pape ?

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    Du site de LaCapitale.be :

    Bruxelles: Le courrier qu'Yvan Mayeur a reçu du pape

    Ce n’est pas tous les jours qu’un Bruxellois reçoit un courrier du pape François. Cela vient pourtant d’arriver au bourgmestre de la Ville de Bruxelles Yvan Mayeur (PS) qui n’a pas manqué d’en faire état sur sa page Facebook.

    « Il arrive que certains courriers nous interpellent, comme celui-ci par exemple », écrit le maïeur bruxellois sur sa page Facebook.

    Monsieur le Bourgmestre,

    Je vous remercie pour votre participation au colloque organisé à mon initiative à l’Académie Pontificale des Sciences. Pendant ces deux journées, j’en ai suivi de près les travaux et ai eu connaissance des importantes conclusions qui en ont été tirées. J’ai souhaité respecter la liberté de tous et chacun. J’apprécie beaucoup la proposition qui a été formulée de créer un réseau de maires. Je sais vos initiatives, vos batailles personnelles et les obstacles que vous devez surmonter. C’est pourquoi  je souhaite vous exprimer mon admiration et ma gratitude pour votre action avisée et votre persévérance en faveur de nos frères et sœurs réfugiés. Ma porte vous sera toujours ouverte, à vous-même et à ce nouveau réseau.

    En même temps que je demande au Seigneur de ne jamais vous abandonner, particulièrement en ces temps difficiles, je vous accompagne de ma reconnaissance et de mon affection. Je vous prie de bien vouloir prier pour moi ou de penser à moi en bien et de m’envoyer une « onde positive ».

    Sincèrement,

    François

    « Sans partager les croyances on peut partager des convictions, comme celle de se battre ensemble pour que le monde soit plus juste, pour tout le monde, précisément », ajoute Yvan Mayeur, qui précise. «  Le Pape François et les Villes s'engagent ensemble en faveur des réfugiés. »

  • NIGERIA : 800 morts et 16 églises détruites en trois mois

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse :

    NIGERIA : 800 morts et 16 églises détruites en trois mois

    « En Occident, ce groupe est presque inconnu, souligne Mgr Bagobiri, mais il est responsable, depuis septembre de l’incendie de 53 villages, de la mort de 808 personnes, de 57 blessés et de la destruction de 1.422 maisons et 16 églises. »

    12.000 chrétiens tués
    L’Evêque rappelle que, de 2006 à 2014, plus de 12.000 chrétiens ont été tués et 2.000 églises détruites par le terrorisme au Nigeria. Le principal responsable de ces crimes est le groupe fondamentaliste islamique Boko Haram. Mgr Bagobiri remarque cependant que Boko Haram ne constitue pas le seul groupe à répandre la terreur dans le pays, soulignant le rôle des pasteurs Fulanis en la matière au cours de ces dernières années.

    Les Fulanis constituent un groupe ethnique nomade protagoniste depuis longtemps de conflits récurrents avec les agriculteurs de la zone. Toutefois, ces derniers temps, les attaques ont été d’un type complètement différent par rapport aux anciens affrontements entre paysans et bergers en ce que ces derniers utilisent « des armes sophistiquées qui n’existaient pas auparavant, telles que des AK-47, dont l’origine est inconnue » souligne Mgr Bagobiri.

    (source Fides)

  • L'Occident est devenu la tombe de Dieu

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    De Matteo Matzuzzi sur le site de Il Foglio :

    «L'Occident est devenu le tombeau de Dieu."

    Telles sont les accusations portées par le cardinal Sarah
    "La culture occidentale a été organisée comme si Dieu n'existait pas. C'est nous qui l'avons tué. L'homme ne sait ni qui il est ni où il va." 

    Le Cardinal Robert Sarah est préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements
    "La vraie crise que connaît notre monde maintenant n'est pas principalement économique ou politique, mais c'est une crise de Dieu et en même temps une crise anthropologique», écrit le cardinal Robert Sarah préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, dans une réflexion publiée dans le dernier numéro de la revue Vita e Pensiero, publié aujourd'hui. "Bien sûr, aujourd'hui, on ne parle que de la crise économique qui affecte le développement de la puissance européenne - et après seulement de ses orientations religieuses et éthiques plus spécifiques; l'intérêt économique est devenu prédominant d'une façon toujours plus exclusive".

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    Felix Nussbaum, “Trionfo della morte”, 1944

    Le silence de Dieu : l'homme postmoderne ne comprend plus l'éternité divine mystérieuse. Sans bruit, il tombe dans une agitation sourde et lancinante. Le nouveau livre du cardinal Robert Sarah. 

    "La culture occidentale - écrit Sarah - s'est peu à peu organisée comme si Dieu n'existait pas, beaucoup aujourd'hui ont décidé de faire sans Dieu. Comme le dit Nietzsche, pour beaucoup en Occident, Dieu est mort. Et c'est nous qui l'avons tué, nous sommes ses assassins et nos églises sont les cryptes et les tombeaux de Dieu. Un bon nombre de fidèles ne fréquentent plus, ne vont plus à l'église, pour éviter de sentir la putréfaction de Dieu; mais, ce faisant, l'homme ne sait plus qui il est ni où il va: il y a une sorte de retour au paganisme et à l'idolâtrie. La science, la technologie, l'argent, le pouvoir, le succès, la liberté jusqu'à la fin amère, les plaisirs sans limites, voilà aujourd'hui quels sont nos dieux. "

    La prière est silence; trop de bruit éloigne l'homme de Dieu "On ne peut qu'être frappé par le silence de Jésus devant le Sanhédrin, le gouverneur romain Pilate et le roi Hérode. Le vrai et bon silence appartient toujours à celui qui veut quitter sa place pour la laisser aux autres, et surtout au totalement autre, à Dieu ". Le Cardinal Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin réfléchit sur la valeur de l'ascétisme chrétien.

    Il est donc nécessaire de changer de perspective, explique le cardinal guinéen: «Nous devons rappeler qu'en Dieu nous avons la vie, le mouvement et l'être» (Actes 17:28) En Lui, tout existe, il est le commencement, le siège de toute plénitude, nous dit saint Paul; sans lui, rien n'a de subsitance : chaque chose trouve en Dieu son être véritable et sa vérité; ou il y a Dieu ou il n'y a rien. Certes il y a d'énormes problèmes, des situations souvent douloureuses, une existence humaine difficile et angoissante, mais nous devons reconnaître que c'est Dieu qui donne un sens à tout. Nos préoccupations, nos problèmes, nos souffrances existent et nous préoccupent, mais nous savons que tout se résout en lui, nous savons qu'il y a Dieu ou rien. Nous le percevons non comme une évidence qui s'imposerait à nous du dehors mais qui vient de l'intérieur de l'âme, parce que l'amour ne s'impose pas par la force, mais en séduisant le cœur par une lumière intérieure. "

  • Ne pas abandonner la spiritualité

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    Lu sur le site du Parisien.fr :

    Pour Scorsese, "nous ne devrions pas abandonner la spiritualité"

    Pour le réalisateur américain Martin Scorsese, venu à Paris présenter son film "Silence" sur des Jésuites au Japon au XVIIe siècle, nous "ne devrions pas abandonner la spiritualité", malgré les "terribles événements" dans le monde liés à la religion.

    "De nos jours, à cause de tous les changements qui interviennent dans le monde, des progrès de la technologie et des événements terribles que nous vivons, d'une certaine façon l'ordre établi que représente une spiritualité superficielle n'est plus accepté par la société, ou remis en question", a déclaré le cinéaste de culture catholique, lors d'une conférence de presse.

    "J'ai pensé que cette histoire pourrait ouvrir un dialogue" sur "la spiritualité", la "nature spirituelle de l'être humain", a ajouté le cinéaste de "La Dernière tentation du Christ". "Je pense que c'est quelque chose que nous ne devrions pas abandonner, et dont ne devrions pas être si certains qu'elle n'existe pas".

    Longue fresque dépouillée, en salles en France le 8 février, adaptée du livre éponyme de Shusaku Endo, "Silence" suit deux Jésuites portugais au XVIIe siècle (Andrew Garfield et Adam Driver) partis au Japon sur les traces de leur mentor, le père Ferreira (Liam Neeson), à une époque où les chrétiens sont victimes de persécutions dans ce pays.

    Le cinéaste oscarisé de "Taxi Driver" dit se sentir "très proche de cette histoire". 

    "Je n'ai rien à cacher. Ce film, c'est ce que je suis aujourd'hui. Je ne suis pas à la mode", a ajouté le réalisateur de 74 ans. 

    Martin Scorsese a eu ce projet en tête pendant "plusieurs décennies", et plusieurs acteurs y ont été successivement impliqués avant qu'il puisse finalement le réaliser. 

    Le réalisateur a précisé que "trois ou quatre acteurs" avaient aussi refusé de faire le film, parce qu'ils "ne croyaient pas au sujet, à un personnage associé à la religion", car elle "ne faisait pas partie de leur vie".

    Le réalisateur, qui a rencontré le pape François en novembre à Rome, où il est venu présenter son film, a indiqué que le film "l'habitait encore" et qu'il n'avait "pas l'impression qu'il était fini".

    "En un sens, ce film est celui qui a eu le plus de connexions avec ma vie personnelle", a-t-il dit. "J'ai l'impression que ce n'est pas comme les autres films que j'ai faits (...) Je vis toujours avec."

    Lire aussi, sur zenit.org : « Je suis stupéfait d’avoir reçu la grâce d’être capable de faire ce film maintenant »

  • Chrétiens d'Orient : la fin du tunnel ?

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    Le chroniqueur religieux de La Libre, Christian Laporte, a rencontré Mgr Gollnisch*, directeur de l'Oeuvre d'Orient** de passage à Bruxelles et a recueilli ses propos :

    "Les chrétiens d'Orient voient pointer la fin du tunnel"

    Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, était jeudi soir à Notre-Dame de Stockel afin d’expliquer aux paroissiens comment ils peuvent soutenir les chrétiens d’Orient. Auparavant, il a analysé les enjeux de leur avenir pour "La Libre".

    2017 est une année charnière pour les chrétiens d’Orient…

    Oui, ils sortent d’une période très dure. Leur sort n’a jamais été facile, mais ici on voit pointer la sortie du tunnel après une période de montée de l’islamisme très focalisée sur leur éradication, même si d’autres groupes restent aussi dans leur collimateur. Lors de toutes les guerres civiles récentes, en Egypte, en Syrie ou en Irak, ils ont subi encore de plus grandes discriminations alors qu’ils sont des citoyens de ces pays. S’y sont ajoutés les attentats à la cathédrale de Bagdad en octobre 2010, à Alexandrie en 2011 et plus près de nous au Caire. Et puis ils ont affronté la volonté génocidaire de Daech; le terme n’est pas exagéré pour un système de persécution globale organisé. Il y a cependant un espoir avec le recul de Daech. Il est important qu’on en prenne conscience en Occident et que cela bouge car la situation des chrétiens d’Orient est à l’évidence liée à la géopolitique…

    Avec des effets sur le mouvement d’exil vers nos pays ?

    Oui, l’éloignement de la menace directe qu’est Daech peut aussi inverser ce mouvement. Beaucoup de réfugiés aspirent à revenir, mais pour pouvoir les accueillir, il faut leur envoyer des signaux forts dans un premier temps et annoncer des projets concrets à plus long terme.

    Cela vous amène à plaider pour qu’on reconnaisse pleinement leur citoyenneté…

    Il est temps de s’unir là-bas et sur le plan international afin d’éliminer les discriminations qu’ils subissent toujours dans un grand nombre de pays. Il y a ceux qui connaissent l’instabilité, mais aussi d’autres avec lesquels nos Etats font du commerce et s’imposent un assourdissant silence sur des situations totalement inadmissibles. En Arabie saoudite, 2,5 millions de chrétiens n’ont pas le moindre lieu de culte, sans parler du sort réservé aux femmes ou à ceux qui ont l’audace de blasphémer. Trop de monde ici semble s’accommoder de cela. Il faut plus que jamais combattre les discriminations qui concernent la liberté religieuse - comme l’interdiction de se convertir à une autre religion que l’islam - mais aussi toutes les injustices administratives; et rectifier la façon dont les religions non musulmanes y sont abordées. Ce serait un retour aux sources. On feint de ne pas le voir, mais les chrétiens sont là depuis la Pentecôte !

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